Quelle est la signification du sexe?

(Image: Courtoisie de Unsplash)

À bien des égards, on pourrait dire que notre société est « obsédée » par le sexe. Mais la question suivante est rarement posée : quel est le véritable rôle et le but du sexe dans nos vies?

Le sexe en dehors d’une relation amoureuse avec une autre personne n’a pas de sens. En dehors du contexte de l’amour, le sexe ne peut nous combler, quels que soient nos efforts. En effet, c’est l’amour qui comble nos cœurs. Le sexe est une expression de l’amour, pas son substitut.

Aujourd’hui, le sexe est souvent considéré comme le point de départ d’une relation, comme un rite de passage, comme une étincelle pour allumer une flamme ou comme la satisfaction d’une attente sociale. Mais rien de tout cela n’exprime ce qu’est réellement le sexe. 

Nous pouvons considérer le sexe comme le fondement d’une relation amoureuse. Mais même ici, nous n’avons pas encore trouvé sa véritable signification. En réalité, le sexe est le sceau d’une relation d’amour. Et pas n’importe quel type de sceau! Ce n’est pas un sceau temporaire pour montrer que « je tiens à toi » ce soir, cette semaine, ce mois ou même cette année. C’est un sceau qui dure pour toujours. C’est ainsi que notre cœur voit le sexe, même si notre esprit peut penser autrement. 

Le sexe n’est certainement pas la garantie qu’une relation durera effectivement pour toujours. Nous pouvons en prendre conscience douloureusement. Les relations amoureuses reposent sur des bases solides: s’engager envers l’autre, donner de soi et construire une vie ensemble, jour après jour et brique après brique.  Le sexe est une belle expression de l’amour qu’un couple partage au niveau plus profond, renforçant cet amour et le scellant à travers le corps. Mais le sexe ne peut pas renforcer un amour qui n’est pas déjà là. Sinon, le sexe est une contrefaçon superficielle: ce serait dire avec le corps ce que je ne peux pas dire par ma vie. 

C’est pourquoi l’« habitat naturel » du sexe est le mariage. Le mariage est le lieu où les bases ont été posées pour que le sexe vienne renforcer le lien qui s’est créé entre le couple. Voir le sexe comme la base d’une relation, c’est voir le mortier du diplômé comme une qualification à travailler. Nous pouvons porter le mortier autant que nous le voulons, mais sa signification est vide si nous n’avons pas développé les connaissances et les compétences qu’il est censé représenter et signifier. De même, le sexe est vide de sens s’il n’est pas le signe d’un amour profond qui est partagé et renforcé par l’union sexuelle de l’un avec l’autre. Comment nos corps peuvent-ils être unis si nos vies ne le sont pas? 

Dieu est la source d’un amour suffisamment fort pour être scellé par notre sexualité. Dieu vient habiter notre engagement et notre don de soi à l’autre. Il nous donne la sexualité comme un don pour exprimer cette fidélité aimante dans nos corps, apportant l’unité de vie dans le corps et l’âme. 

Demandons à Dieu d’apporter la guérison là où nous en avons besoin, de réchauffer et d’éclairer nos cœurs par le feu de son amour, et de laisser cet amour nous unir profondément les uns aux autres.

Saint Paul VI, prophète

(Image : courtoisie de Wikimedia)

C’est aujourd’hui la fête de saint Paul VI, pape de l’Église catholique romaine entre 1963 et 1978. Élu pour succéder à son vénéré prédécesseur le pape saint Jean XXIII, les premières années de son pontificat ont été marquées par la poursuite et la conclusion des travaux du Concile Vatican II, sans doute l’un des événements les plus importants du XXe siècle. 

Une figure majeure de l’Église de son temps

Artisan de la diplomatie vaticane et membre influent de la curie romaine durant les premières années de sa vie, Giovanni Battista Montini choisit d’être connu sous le nom de Paul dans l’exercice de la charge pontificale. En un sens, ce nom en dit beaucoup sur le charisme particulier de ce pape qui a plus voyagé qu’aucun de ses prédécesseurs.

En plus de ses voyages, qui ont contribué à faire connaître au monde le visage de l’Église, le pape Paul VI a également contribué à renouveler la vie chrétienne par une réforme liturgique majeure, qui visait la purification et la simplification de la messe et de la liturgie des heures notamment. 

Si la réforme liturgique s’est inscrite dans le contexte des délibérations conciliaires, un autre aspect majeur des développements de l’Église à cette époque réside dans les considérations relatives à la morale sexuelle et l’enseignement catholique sur la nature du mariage, de la famille et de leur relation avec la vie humaine.

Le pape d’une époque troublée

Nous ne sommes pas étrangers aux contextes intellectuel, social et culturel spécifiques des années 1960. Le monde est en ébullition et les diverses sociétés occidentales traversent des transformations majeures. C’est notamment l’époque de la révolution sexuelle, qui remet en cause de manière parfois radicale la conception traditionnelle du mariage, les représentations traditionnelles de la différence sexuelle et la dignité de la vie humaine dans toute sa portée. 

Ces remises en cause, lancées notamment par l’invention et la popularisation de la pilule contraceptive, sont radicalisées à mesure que passe la décennie. Durant la période 1967-1968 éclatent en Occident, et en particulier aux États-Unis et en France, des vagues de contestation de l’ordre social sans précédent. 

À l’époque, nombreux sont ceux qui croient, même dans l’Église elle-même, à une mise à jour de l’enseignement chrétien pour répondre à la nouveauté représentée par la pilule contraceptive. Certains théologiens de renom, comme Charles de Koninck, considèrent sérieusement la licéité de la contraception chimique dans le contexte du mariage. 

Une encyclique lourde de conséquences

C’est dans ce contexte que le pape Paul VI affronte la question de la régulation des naissances. Il prend en considération les conclusions d’une commission d’experts mandatée pour étudier le sujet, étudie lui-même la question et arrive à des conclusions différentes. Le 25 juillet 1968 est promulguée l’encyclique Humanae Vitae, qui clarifie l’enseignement de l’Église sur le sacrement de mariage et la régulation des naissances. 

Évidemment, on s’en souvient largement pour sa réaffirmation de l’opposition de l’Église à la contraception artificielle et son insistance sur les deux dimensions constitutives et inséparables de l’acte sexuel – c’est-à-dire l’union et la procréation. Or, l’encyclique du pape Paul VI est également un texte d’une grande profondeur et d’une clarté exceptionnelle, et continue d’être utilisée dans la préparation au mariage de nombreux fiancés de par le monde. 

Cette encyclique contient également des passages que l’on pourrait qualifier de prophétiques sur le devenir et de la sexualité humaine lorsque transformée par la contraception artificielle. En effet, il écrivait alors : 

« Il n’est pas besoin de beaucoup d’expérience pour connaître la faiblesse humaine et pour comprendre que les hommes – les jeunes, en particulier, si vulnérables sur ce point – ont besoin d’encouragement à être fidèles à la loi morale, et qu’il ne faut pas leur offrir quelque moyen facile pour en éluder l’observance. On peut craindre aussi que l’homme en s’habituant à l’usage des pratiques anticonceptionnelles, ne finisse par perdre le respect de la femme et, sans plus se soucier de l’équilibre physique et psychologique de celle-ci, n’en vienne à la considérer comme un simple instrument de jouissance égoïste, et non plus comme sa compagne respectée et aimée. »

Un enseignement prophétique

À l’époque de sa publication, Humanae Vitae suscite la controverse et fait l’objet de critiques parfois vitrioliques. Plusieurs sont consternés devant la continuation d’un enseignement jugé parfois rétrograde. On sait que cette époque est marquée par une vague de déconfessionnalisation, alors que la perspective catholique sur le mariage et la famille est parfois taxée de patriarcat par une partie du mouvement féministe en émergence.

Or, la clarté de vue du pape Paul VI est plus évidente que jamais. Dans un contexte marqué par l’hypersexualisation, l’exposition à la pornographie et la banalisation de la contraception comme de l’avortement, les violences sexuelles faites aux femmes font plus que jamais l’objet d’inquiétudes justifiées, bien en dehors des seuls milieux chrétiens. Il semble que le temps ait donné raison à Paul VI et que les intenses remises en cause qui s’en sont suivies aient eu le caractère d’une persécution peut-être inévitable.

On sait que le pape Paul VI a beaucoup souffert des conséquences de cette décision guidée par sa conscience. Or, l’actualité de son enseignement, enrichi par la catéchèse de Jean-Paul II sur la théologie du corps, continue de soutenir dans la vertu les familles chrétiennes à travers le monde. Dans le contexte d’une Église dont l’avenir, surtout en Occident, dépend beaucoup de la force des familles – comme l’ont souvent dit les papes – il est plus urgent que jamais de lire cette encyclique et de rendre grâce pour le courage de son auteur. 

Au moment de sa canonisation en 2018, Paul VI a fait l’objet d’un vibrant hommage par son successeur le pape François, qui parle de lui en ces termes : « Paul VI, y compris dans la difficulté et au milieu des incompréhensions, a témoigné de manière passionnée de la beauté et de la joie de suivre Jésus totalement ». Tâchons de suivre son exemple à travers les joies et les peines qui sont les nôtres. 

Intentions de prière du pape François pour le mois d’avril 2017: Les jeunes

Je sais que vous, les jeunes, vous ne voulez pas vivre dans l’illusion d’une liberté soumise à la mode actuelle, que vous voulez viser plus haut. Ai-je tort ou raison ?

Une Église au service de la jeunesse

CNS/Reuters

Depuis quelques semaines déjà, nous avons amorcé une lecture approfondie du document préparatoire au Synode des évêques sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel». Je vous propose de parcourir, aujourd’hui, l’aspect vocationnel du document en soulignant, non seulement, les raisons du souci de l’Église pour la cause des jeunes mais également les intuitions qui la portent à aller à leur rencontre et à les accompagner dans leur cheminement.

Une préoccupation humaine et divine

Il est évident que la première préoccupation de l’Église soit celle de Dieu Lui-même désirant une communion nouvelle avec l’humanité ! En effet, en nous donnant son Fils unique, « pierre angulaire » et « Époux de l’Église », Dieu a voulu que l’humanité renoue avec sa vocation originelle à l’Amour et au don de soi. L’Église ne peut donc pas seulement « attendre que jeunesse se passe ». Elle doit y être plongée et se faire jeune avec les jeunes.

Cette préoccupation de la jeunesse, l’Église la vit également du point de vue humain. Comment ne pas être à l’écoute des difficultés que traversent les jeunes d’aujourd’hui ? Comment rester insensible à leur réalité c’est-à-dire à « leurs joies et leurs espoirs, leurs tristesses et leurs angoisses » ! À l’image du cœur de Jésus, l’Église cherche les différentes voies qui l’aideront à être solidaire de la jeunesse.

Un potentiel surprenant à découvrir

Pour aller à la rencontre des jeunes, le Peuple de Dieu dans son ensemble, doit avoir la conviction de l’action invisible de l’Esprit qui prépare les cœurs. Nous ne devons pas trop nous conforter dans nos propres plans et stratégies qui mettent souvent des obstacles à ce Dieu « qui surprend ». Enfin, nous devons prendre garde à ni sous-estimer la force des vérités révélées ni sous-estimer l’intelligence des jeunes qui nous sont confiés. ; ce que nous faisons souvent lorsque nous essayons, par souci d’adaptation immodéré, de diluer le message pour le rendre accessible.

Au contraire, suivant une pédagogie similaire à celle de Dieu dans l’Ancien Testament, l’Église doit aider les jeunes à découvrir les dons mais également la flamme qui demeure en eux qu’ils doivent allumer et alimenter tout au long de leur vie. Cette flamme, c’est la vie divine qui ne demande qu’à grandir et, ce, à une vitesse souvent encore plus rapide que la croissance physique !

Accompagner pour mieux aimer

Pour ce faire, tous les membres de l’Église doivent se mettre à la tâche en acceptant que cet accompagnement qui est dû aux jeunes soit un apprentissage d’une « liberté humaine authentique ». Nous devons donc manifester l’urgence des choix qui doivent être faits durant cette étape de la vie, sans toutefois choisir à leur place. Cette logique de l’accompagnement, le document nous la présente dans une perspective magnifique :

« L’Esprit parle et agit à travers les événements de la vie de chacun, mais les événements par eux-mêmes sont muets ou ambigus, dans la mesure où on peut leur donner des interprétations diverses. Éclairer leur signification en vue d’une décision requiert un itinéraire de discernement. Les trois verbes qui le décrivent dans Evangelii gaudium, 51 – reconnaître, interpréter et choisir – peuvent nous aider à définir un itinéraire adapté tant aux individus qu’aux groupes et communautés, en sachant que, dans la pratique, les frontières entre les diverses phases ne sont jamais aussi nettes. »

Ce chemin vers le synode d’octobre prochain ne fera qu’intensifier les discussions sur ce thème de la jeunesse et du discernement vocationnel. Cette réflexion préparatoire peut être perçue comme un chemin personnel de conversion aux besoins de plus en plus urgents d’une jeunesse qui parfois souffre de la pauvreté la plus grave qui soit, le vide existentiel. Ainsi, parce qu’aimer implique le désir que chaque personne accomplisse son plein potentiel et sa vocation au don total d’elle-même, nous devons, avec le pape François, nous mettre à l’écoute de cette jeunesse qui, bien qu’elle refuse souvent de l’admettre, désire ardemment que l’on s’occupe d’elle.

Vidéo-promotionnelle: Rencontre Mondiale des Familles 2018 à Dublin, Irlande

Tous les trois ans, l’Eglise convoque la plus grande rencontre internationale des familles. En 2018, elle se tiendra à Dublin, en Irlande. Suivez Sel et Lumière pour les plus récentes nouvelles sur cet événement incontournable de la vie de l’Église aujourd’hui.

La famille, lieu de diffusion de l’amour de Dieu: la lettre du Pape pour Dublin 2018″, un article de Radio Vatican:

(RV) La Lettre du Pape pour la Rencontre mondiale des familles, qui se tiendra à Dublin, en Irlande du 21 au 26 août 2018, a été présentée ce jeudi matin en Salle de presse du Saint-Siège.

Dans la lignée des Synodes sur le famille, de son exhortation apostolique Amoris Laetitia et de la Rencontre mondiale des familles de 2015 à Philadelphie, le Pape réaffirme son attachement à une vie familiale ancrée dans une dynamique de pardon et d’amour.

«L’Évangile continue-t-il d’être une joie pour le monde ? Est-ce que la famille continue d’être une Bonne Nouvelle pour le monde d’aujourd’hui ?». À ces deux questions qui ouvrent cette lettre adressée au cardinal Kevin Farrell, préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, le Pape invite chacun à répondre par un « »oui » fermement basé sur le plan de Dieu».

L’amour de Dieu s’exprime à travers «l’union entre l’homme et la femme, dans l’ouverture et le service de la vie dans toutes ses phases», et Son engagement pour «une humanité qui est souvent blessé, maltraitée et dominée par un manque d’amour». Alors ce n’est qu’en partant de l’amour que «la famille manifeste, diffuse et régénère l’amour de Dieu dans le monde».

Le Pape rappelle une nouvelle fois l’importance du pardon et de la patience, face à la fragilité et à la faiblesse de chacun des membres de la famille. Dans ce sens, le Pape rappelle que «beaucoup de familles chrétiennes sont un lieu de miséricorde», que les parents, les frères et sœurs sont «des témoins de la miséricorde», et il espère que le rassemblement de Dublin en donnera des signes concrets, deux ans après le Jubilé.

Le Pape conclut sa lettre en remerciant la nation irlandaise et l’archidiocèse de Dublin pour leur «généreux accueil», et place l’organisation de cette rencontre sous la protection de la Sainte Famille de Nazareth.

(CV)

(Tratto dall’archivio della Radio Vaticana)

L’Église et les jeunes: un discernement à double sens

CNS photo/Max Rossi, Reuters

Il y a quelques semaines, le Secrétariat de la 15e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques publiait un document préparatoire ainsi qu’un questionnaire sur le thème « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » pour les diocèses du monde entier. Suivant la même méthodologie que les précédents synodes sur la famille, ce document a pour but d’amorcer la réflexion en vue des discussions qui auront lieu à Rome en octobre prochain. Ce texte subdivisé en trois parties manifeste non seulement la richesse doctrinale, humaine et pastorale qui fait de l’Église, selon les mots du bienheureux Paul VI, une « experte en humanité » (no 13) mais également sa volonté d’inclure les jeunes dans cette démarche de réflexion qui vise à mieux les accompagner dans leur processus de discernement vocationnel. Ainsi donc, la conversion demandée à toute l’Église est déjà mise en pratique dans le processus même du synode !

À chacun sa vocation

Tout être humain a une vocation, c’est-à-dire un appel à l’amour qui prend « une forme concrète dans la vie quotidienne à travers une série de choix, qui allie état de vie (mariage, ministère ordonné, vie consacrée, etc.), profession, modalité d’engagement social et politique, style de vie, gestion du temps et de l’argent, etc. » (Intro). L’Homme étant un être social, il ne pourra découvrir le sens de sa vie que par l’entremise d’autres personnes qui l’aideront à déployer son plein potentiel tout au long de sa vie. La qualité de ce « parcours “ réflexif ” » (no3) dépendra donc énormément du milieu dans lequel les jeunes évoluent, d’où l’importance d’une approche adaptée à notre monde et à leur destinée intemporelle.

Un double discernement

Pour être en mesure d’aider les jeunes à grandir, à gagner en maturité et à faire les choix qui s’imposent dans tout discernement vocationnel, l’Église doit se mettre à leur portée dans un processus d’accompagnement qui tient compte du monde dans lequel ces jeunes vivent. Pour ce faire, une réflexion profonde sur les grandes dynamiques actuelles qui sont également opportunités et défis doit avoir lieu.

L’une des constatations du document est que la jeunesse ne représente pas un bloc monolithique. Nous avons affaire à « une pluralité de mondes des jeunes (no 1), ce qui demande une attention particulière aux subtilités culturelles, économiques, sociales, politiques, artistiques et j’en passe. Loin de vouloir faire une analyse exhaustive de ces différences, le document cherche à souligner quelques grands courants qui influencent les jeunes de toute société.

Par exemple, on souligne cette énergie de la jeunesse à vouloir s’impliquer, « sa disponibilité à participer et à se mobiliser pour des actions concrètes, où l’apport personnel de chacun peut être une occasion de reconnaissance identitaire ». Elle pourra trouver en l’Église le catalyseur de cette volonté d’engagement total tout en la préservant des différentes dérives de notre temps, qu’elles soient consuméristes ou idéologiques.

Cependant, l’Église doit se départir des attitudes qui pourraient infantiliser les jeunes et les porter à cette « insatisfaction envers des milieux où les jeunes ressentent, à tort ou à raison, qu’ils ne trouvent pas leur place ou dont ils ne reçoivent pas de stimuli ». Ainsi, une transformation missionnaire « d’une Église qui accompagne » (Evangelii Gaudium, no 24) les jeunes dans leur discernement lui permettra également d’exercer un examen de conscience sur ses propres pratiques. En ce sens, lorsque le Pape affirme : « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. », cela signifie aussi donner des responsabilités aux jeunes sachant que, comme tout le monde, ils feront des erreurs mais qu’au bout du compte, ils seront à la hauteur des responsabilités que nous leur confierons.

La semaine prochaine, nous continuerons l’analyse de ce document important sur le processus de transformation missionnaire de l’Église tel que voulu par le pape François.

 

Église en sortie 9 décembre 2016

Cette semaine à Église en sortie, on s’entretient avec Suzanne Desrochers, adjointe au directeur de l’Office de catéchèse du Québec. On vous présente les moments forts de la cérémonie de fermeture de la Porte de la miséricorde de l’archidiocèse de Montréal à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit Francine Beaulieu-Roy qui nous parle de son livre intitulé « Projet de mariage, projet de vie ».

Église en sortie 7 octobre 2016

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit l’abbé Thierry Sol, prêtre de l’Opus Dei et professeur à l’Université Pontificale de la Sainte-Croix sur le thème du Droit canonique. Nous vous présentons un reportage sur l’Assemblée des évêques catholiques du Québec à Notre-Dame du Cap. Dans la troisième partie de l’émission, le professeur Ernest Caparros nous parle des procédures en nullité de mariage.

Christ, le cœur de la famille : Troisième Chapitre d’Amoris Laetitia

Family cross cropped

Jésus Christ est le cœur de la famille. Seule la lumière de son amour peut vraiment manifester l’ardeur de l’amour à laquelle la famille est appelée. Voilà le message du Pape François dans le troisième chapitre d’Amoris Laetitia puisqu’il consiste en « une synthèse de l’enseignement de l’Église sur le mariage et la famille. » Se plaçant dans la perspective du « regard de Jésus », le Pape François appelle toute l’Église à regarder et à suivre le chemin du Seigneur, qui « a regardé avec amour et tendresse les femmes et les hommes qu’il a rencontrés, en accompagnant leurs pas avec vérité, patience et miséricorde, tout en annonçant les exigences du Royaume de Dieu » (Amoris Laetitia, no. 60).

Jésus dans le mariage et dans la famille

Jésus est la clé pour comprendre la profondeur de la vie familiale puisque « le mystère de la famille chrétienne ne peut pas non plus se comprendre pleinement si ce n’est à la lumière de l’amour infini du Père manifesté dans le Christ qui s’est donné jusqu’au bout et qui est vivant parmi nous » (no. 59). De cette perspective christocentrique, le Pape examine la beauté de la vie maritale et de la famille comme fruit de la propre fécondité du Christ. En effet, en Jésus Christ, Dieu est entré dans l’histoire et le drame humains. En la personne de Jésus, l’amour humain et l’amour divin se sont embrassés comme jamais auparavant. Dieu est descendu afin de transformer l’amour humain et le rendre capable d’atteindre les hauteurs de l’amour divin. Dieu s’est fait chair, l’Amour même s’est incarné. Nous réalisons donc que, « de la grâce du sacrement…jaillit du mystère de l’Incarnation et de la Pâque, où Dieu a exprimé tout son amour pour l’humanité et s’est uni intimement à elle. Ils ne seront jamais seuls, réduits à leurs propres forces pour affronter les défis qui se présentent » (no. 74). En d’autres termes, au milieu du mariage chrétien, Dieu est toujours présent, fortifiant l’amour de chacun des époux par la puissance de Son amour pour chacun d’entre eux.

Puisque la grâce de Dieu œuvre dans le sacrement de mariage, l’union sexuelle de l’homme et de la femme devient un chemin de sainteté pour les mariés (no. 74). C’est ainsi car à travers le sacrement, le Christ sanctifie l’union amoureuse de la femme et de l’homme. « Ce n’est qu’en fixant le regard sur le Christ que l’on connaît à fond la vérité sur les rapports humains. En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné… ». Le mariage chrétien est alors « l’aide mutuelle sur le chemin vers une amitié plus pleine avec le Seigneur » (no. 77).

L’approche du Pasteur

Avec cette vision merveilleusement christocentrique, le Pape François demeure toujours conscient des réalités « imparfaites » des familles et des mariages d’aujourd’hui, tant chrétiens que non chrétiens. Puisque la lumière du Christ « éclaire tout homme », le Pape souligne que « le regard du Christ » doit inspirer la pastorale de l’Église non seulement aux familles saines et heureuses, mais également, et surtout, aux « fidèles qui vivent en concubinage ou qui ont simplement contracté un mariage civil ou encore qui sont des divorcés remariés » (no. 78). Dans leur ministère pastoral « face aux situations difficiles et aux familles blessées », le Pape François exhorte les prêtres et les évêques à « éviter des jugements qui ne tiendraient pas compte de la complexité des diverses situations », « tout en exprimant clairement la doctrine » (no. 79). De plus, pour les pasteurs « il est également nécessaire d’être attentifs à la façon dont les personnes vivent et souffrent à cause de leur condition » (no. 79).

Il ne faut pas que les pasteurs soient rebutés par l’odeur de leurs brebis ! Au contraire, ils sont appelés à prendre soin de leurs brebis, en cherchant surtout celles qui sont les plus éloignées et en danger. En ce sens, le Pape François réaffirme le principe que Saint Jean Paul II a décrit dans son exhortation apostolique Familiaris Consortio : « Les pasteurs doivent savoir que, par l’amour de la vérité, ils ont l’obligation de bien discerner les diverses situations » (no. 79 ; FC 84). Le principe typiquement ignacien de discernement émerge ainsi en tant qu’élément clé de l’approche pastorale du Pape François face à la famille.

L’Unité de la Vie et de l’Amour

Le Saint Père se prononce également sur les questions liées à la vie émergeant du mystère de l’amour familial, en particulier celui de la contraception et des moyens artificiels de procréation. En effet, il affirme que « la sexualité est ordonnée à l’amour conjugal de l’homme et de la femme, ». Ainsi, le Pape souligne le fait que la réalité même de cette union conjugale est ordonnée « par sa nature même » à la procréation. « L’enfant ne vient pas de l’extérieur s’ajouter à l’amour mutuel des époux ; il surgit au cœur même de ce don mutuel, dont il est un fruit et un accomplissement ». Ici le Pape exprime la vérité que, « Dès le départ, l’amour rejette toute tendance à s’enfermer sur lui-même, et s’ouvre à une fécondité qui le prolonge au-delà de sa propre existence ». Le Pape François conclut que l’embrassement sexuel des époux doit toujours rester ouvert à la possibilité de la vie, « même si pour diverses raisons il ne peut pas toujours de fait engendrer une nouvelle vie » (no. 80).

En ce sens, la nouvelle vie trouve, dans le contexte de l’amour entre l’homme et la femme, le lieu le plus approprié pour son apparition. « L’enfant demande à naître de cet amour, et non de n’importe quelle manière, puisqu’il n’est pas un dû, mais un don, qui est le fruit de l’acte spécifique de l’amour conjugal de ses parents » par lequel « l’homme et la femme participent à l’œuvre de [la] création » de Dieu (no. 81). Ainsi, la fermeture à la vie enlève à l’union sexuelle son sens le plus profond. Enlever à l’origine de la vie le berceau de l’amour humain l’éloigne de sa vraie identité. L’amour de l’homme et de la femme est destiné à manifester l’amour de Dieu qui n’est jamais fermé sur lui-même. Au contraire, il est appelé à faire jaillir de son cœur même la beauté d’une vie nouvelle.

Ainsi, l’amour – surtout l’amour entre un homme et une femme – peut être comparé à l’eau qui déborde d’une coupe. Il est de la nature même de l’amour que de déborder. Si l’amour cesse de se répandre, peu importe la quantité d’eau à l’intérieur de la coupe, elle deviendra stagnante et s’évaporera éventuellement jusqu’à s’assécher. En ce sens, l’amour doit toujours être branché la source de vie, qui coule naturellement au-delà d’elle-même.

Dieu a destiné le couple marié à être la fontaine de laquelle l’amour est appelé à déborder en donnant la vie. Dieu lui-même est la Source de cet amour qui donne la vie éternelle. Avec Jésus Christ, l’Amour incarné, en son cœur, la famille peut devenir ce lieu d’où, malgré toutes les difficultés, l’amour et la vie jaillissent en abondance.

Une pastorale positive : réflexion sur le deuxième chapitre d’Amoris Laetitia

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« Pendant longtemps, nous avons cru qu’en insistant seulement sur des questions doctrinales, bioéthiques et morales, sans encourager l’ouverture à la grâce, nous soutenions déjà suffisamment les familles, consolidions le lien des époux et donnions un sens à leur vie commune. Nous avons du mal à présenter le mariage davantage comme un parcours dynamique de développement et d’épanouissement, que comme un poids à supporter toute la vie… Nous sommes appelés à former les consciences, mais non à prétendre nous substituer à elles… Cependant, nous avons souvent été sur la défensive, et nous dépensons les énergies pastorales en multipliant les attaques contre le monde décadent, avec peu de capacité dynamique pour montrer des chemins de bonheur. » (Amoris Laetitia, nos. 37-38)

Par ces phrases puissantes, le Pape François propose une approche envers les familles modernes qui est à la fois positive et pastorale. Dans le deuxième chapitre d’Amoris Laetitia intitulé « La réalité et les défis de la famille », le Pape commence son propos en notant que : « Le bien de la famille est déterminant pour l’avenir du monde et de l’Église » (no. 31). Ainsi, il considère d’abord la réalité concrète et les problèmes contemporains auxquels les familles d’aujourd’hui font face pour ensuite exhorter l’Église à contribuer de manière constructive aux solutions plutôt que de rappeler uniquement leurs lacunes.

Le Pape François avoue courageusement que : « Beaucoup ne sentent pas que le message de l’Église sur le mariage et la famille est un reflet clair de la prédication et des attitudes de Jésus, qui, en même temps qu’il proposait un idéal exigeant, ne renonçait jamais à une proximité compatissante avec les personnes fragiles, comme la Samaritaine ou la femme adultère » (no. 38). La réflexion du Pape se fonde sur le constat suivant : notre époque moderne, très influencée par les technologies, augmente les défis de la formation des familles puisqu’elle propose une « culture du provisoire ». Une culture où nous passons rapidement d’une relation à l’autre, en nous connectant et en nous déconnectant, en nous « bloquant », nous « jetant ». Une culture qui finit par « utiliser » les autres comme s’ils étaient des objets, rendant « les personnes incapables de regarder au-delà d’elles-mêmes » (no. 39). La solitude est un autre obstacle à la vie familiale, « fruit de l’absence de Dieu dans la vie des personnes et de la fragilité des relations » (no. 43). Cela exacerbe une culture de la promiscuité qui prive les gens du véritable sens de la rencontre et empêche de mener à terme des relations significatives. Dans un tel milieu culturel, « nous devons trouver les mots, les motivations et les témoins qui nous aident à toucher les fibres les plus profondes des jeunes, là où ils sont le plus capables de générosité, d’engagement, d’amour et même d’héroïsme, pour les inviter à accepter avec enthousiasme et courage le défi du mariage » (no. 40).

Le Pape n’est pas aveugle aux vrais problèmes auxquels les familles font face à travers le monde. Le chômage et l’obsession du travail, la pauvreté et le manque de logements abordables, la polygamie et l’abus des femmes, les dépendances et l’abus de substance, la migration causée par les conflits politiques et l’instabilité économique – tout cela menace l’épanouissement de la famille et peut même mener ces dernières à se briser par le divorce ou la séparation. « Dans les situations difficiles que vivent les personnes qui sont le plus dans le besoin, l’Église doit surtout avoir à cœur de les comprendre, de les consoler, de les intégrer, en évitant de leur imposer une série de normes, comme si celles-ci étaient un roc, avec pour effet qu’elles se sentent jugées et abandonnées précisément par cette Mère qui est appelée à les entourer de la miséricorde de Dieu. Ainsi, au lieu de leur offrir la force régénératrice de la grâce et la lumière de l’Évangile, certains veulent en faire une doctrine, le transformer en « pierres mortes à lancer contre les autres » » (no. 49).

Ainsi, le pape François manifeste son désir d’une Église à l’image « d’un hôpital de campagne au milieu d’un champ de bataille » par opposition à une enclave élitiste de personnes pieuses et parfaites. Au contraire, l’Église doit guérir les blessures et prescrire ce médicament qu’est la miséricorde. Elle doit rencontrer les personnes là où elles sont et ne pas simplement leur montrer où « il faut » qu’elles soient. Elle doit mener les personnes à Dieu au lieu de se lamenter d’une présumée impiété. Ainsi, le Pape François propose l’approche que Jésus nous offre en nous donnant les Béatitudes : transcender les commandements de la négation (« Tu ne … pas ») afin de lancer un appel positif à la sainteté et au bonheur qui bénit sans jugement. Avec le Pape réveillons « une créativité missionnaire » et disons « une parole de vérité et d’espérance » (no. 57). Ainsi, avec la charité du Christ et la grâce de l’Évangile nous transformerons ce monde en crise.

(CNS Photo/Paul Haring)

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