L’Évangile de la famille pour une Église en crise

CNS/Paul Haring

Du 22 au 26 août avait lieu la 9e Rencontre des Familles à Dublin en Irlande. Durant trois jours, se sont succédés conférences, panels et prières centrés sur le thème « L’Évangile de la famille : joie pour le monde ». Le clou de cette rencontre internationale fut la visite du pape François en Irlande et où il a pu participer au Festival des Familles et célébrer une Messe à Phoenix Park comme l’avait fait avant lui le saint pape Jean-Paul II en 1979. Même si les circonstances n’étaient pas favorables à la diffusion médiatique de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, je crois que cette Rencontre mondiale des familles de Dublin a su tout de même montrer au monde la fierté des catholiques du monde entier envers le Pape et le trésor de la foi qu’ils portent en leur cœur. Cependant, j’aimerais commencer mon analyse de cette 9e édition de la RMF par une réflexion sur le choix d’angle de couverture que nous avons choisi en tant que média catholique.

Un contexte très complexe

L’environnement médiatique entourant cet événement d’envergure a bien entendu été gravement obscurci par les scandales d’abus sexuels survenus aux États-Unis, en Irlande ainsi qu’en de nombreux pays. En effet, les révélations entourant l’ancien cardinal McCarrick, celles du Pensilvania Grand Jury Report et la plaie ouverte que représente l’histoire récente en Irlande prédestinaient cette Rencontre Mondiale des Famille à un flop monumental. Ce ne fut cependant pas le cas puisque quelque 37 000 personnes ont participé au Congrès tandis que la visite du Pape a, elle, permis de franchir une nouvelle étape dans les relations entre le peuple irlandais et l’Église dans un horizon de réconciliation.

Combattre le cléricalisme

De notre côté à Sel et Lumière, nous avons choisi d’offrir une couverture en accord avec l’objectif de la Rencontre Mondiale des familles telle que la voulait son saint fondateur c’est-à-dire de « renforcer les liens entre les familles, et témoigner de l’importance cruciale du mariage et de la famille pour la société entière ». Selon la Constitution dogmatique du Concile Vatican II Lumen Gentium, « Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, qui ont entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre : l’un et l’autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. » (No 10). En ce sens, concentrer le traitement médiatique de l’Église sur les abus sexuels d’une minorité du clergé revient à encourager le cléricalisme puisqu’elle met de côté la vaste majorité du peuple de Dieu. Au contraire, offrir une couverture médiatique centrée sur la beauté de la vie familiale aujourd’hui signifie aussi refuser le prisme réducteur hérité du cléricalisme.

Une couverture au service du Peuple de Dieu

Comme le disait le pape François dans une lettre adressée au Cardinal Marc Ouellet : « Le cléricalisme conduit à une homologation du laïcat ; en le traitant comme un « mandataire », il limite les différentes initiatives et efforts et, si j’ose dire, les audaces nécessaires pour pouvoir apporter la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans tous les domaines de l’activité sociale et surtout politique ». En ce sens, bien que ce contexte de crise ait, sans contredit, éclipsé l’annonce de la beauté de la vie familiale aujourd’hui, le père Thomas Rosica, Matteo Cioffi, moi-même et l’ensemble de l’équipe de Sel et Lumière avons travaillé intensément à vous transmettre et manifester la réalité telle qu’elle s’est vécue sur le terrain, au-delà du prisme réducteur de la crise institutionnelle de l’Église. Que ce soit par les dizaines d’entrevues avec des couples et des responsables de l’Église, nos blogues ou la diffusion des différentes étapes du voyage du pape François, nous avons tenté de vous présenter une perspective centrée sur les défis propres et le rôle de la foi dans des familles catholiques aujourd’hui. Dans les prochaines semaines, nous aurons l’occasion de revisiter ensemble les différents gestes et discours du pape François en Irlande. D’ici-là, je vous invite à revoir et consulter l’ensemble de notre couverture de la Rencontre Mondiale des Familles 2018 de Dublin.

Pape François en Irlande: homélie lors de la Messe de clôture à Dublin

Le dimanche 26 août 2018, le Saint Père a célébré la Messe de clôture pour la Rencontre mondiale des familles à Dublin, en Irlande. Près de 500 000 personnes étaient rassemblées au Phoenix Park. Voici le texte complet de l’homélie qu’il a prononcé cet après-midi:

«Tu as les paroles de la vie éternelle» (Jn 6, 68).

Au terme de cette Rencontre Mondiale des Familles, nous sommes rassemblés comme une famille autour de la table du Seigneur. Nous remercions le Seigneur pour toutes les bénédictions reçues dans nos familles. Nous voulons nous engager à vivre pleinement notre vocation pour être, selon les paroles touchantes de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « l’amour dans le cœur de l’Église ». Dans ce précieux moment de communion les uns avec les autres et avec le Seigneur, il est bon de faire une halte et de considérer la source de toutes les bonnes choses que nous avons reçues. Jésus révèle l’origine de ces bénédictions dans l’Évangile d’aujourd’hui, quand il parle à ses disciples. Beaucoup d’entre eux étaient bouleversés, désorientés et aussi en colère, discutant pour savoir s’il fallait accepter ses « paroles dures », tellement contraires à la sagesse de ce monde. En réponse, le Seigneur leur dit directement : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (Jn 6,63).

Ces paroles, avec leur promesse du don de l’Esprit Saint, sont débordantes de vie pour nous qui les accueillons dans la foi. Elles montrent la source ultime de tout le bien que nous avons expérimenté et célébré ici en ces jours : l’Esprit de Dieu, qui souffle constamment une vie nouvelle sur le monde, dans les cœurs, dans les familles, dans les maisons et dans les paroisses. Chaque nouveau jour dans la vie de nos familles, et chaque nouvelle génération, porte avec soi la promesse d’une nouvelle Pentecôte, une Pentecôte domestique, une nouvelle effusion de l’Esprit, le Paraclet, que Jésus nous envoie comme notre Avocat, notre Consolateur et Celui qui vraiment nous donne du courage.

Combien le monde a besoin de cet encouragement qui est don et promesse de Dieu ! Comme un des fruits de cette célébration de la vie familiale, puissiez-vous revenir chez vous et devenir une source d’encouragement pour les autres, pour partager avec eux « les paroles de la vie éternelle » de Jésus. Vos familles en effet sont à la fois un lieu privilégié et un moyen important pour transmettre ces paroles comme de « bonnes nouvelles » pour chacun, et en particulier pour ceux qui désirent quitter le désert et la « maison d’esclavage » (Cf. Jos 24,17), pour aller vers la terre promise de l’espérance et de la liberté.

Dans la deuxième lecture de ce jour, Saint Paul nous dit que le mariage est une participation au mystère de la fidélité permanente du Christ à son épouse, l’Église (Cf. Ep 5,32). Cependant cet enseignement, quoique magnifique, peut apparaître à certains comme une « parole dure ». Parce que vivre dans l’amour, comme le Christ nous a aimés (Cf. Ep 5,2), comporte l’imitation de son propre sacrifice, comporte de mourir à nous-mêmes pour renaître à un amour plus grand et plus durable. Cet amour qui seul peut sauver le monde de l’esclavage du péché, de l’égoïsme, de l’avidité et de l’indifférence envers les besoins de ceux qui ont moins de chance. C’est cet amour que nous avons connu en Jésus-Christ. Il s’est incarné dans notre monde grâce à une famille, et par le témoignage des familles chrétiennes à chaque génération, il a le pouvoir de briser toutes les barrières pour réconcilier le monde avec Dieu et pour faire de nous ce que depuis toujours nous sommes destinés à être : une unique famille humaine vivant ensemble dans la justice, dans la sainteté et la paix.

La mission de témoigner de cette Bonne Nouvelle n’est pas facile. Cependant les défis auxquels les chrétiens aujourd’hui sont confrontés, sont, à leur manière, non moins difficiles que ceux qu’ont dû affronter les premiers missionnaires irlandais. Je pense à saint Colomban, qui avec son petit groupe de compagnons a porté la lumière de l’Évangile sur les terres européennes à une époque d’obscurité et de décadence culturelle. Leur extraordinaire succès missionnaire n’était pas basé sur des méthodes tactiques ou sur des plans stratégiques, mais sur une docilité humble et libératrice aux suggestions de l’Esprit Saint. Ce fut leur témoignage quotidien de fidélité au Christ et entre eux qui a conquis les cœurs qui désiraient ardemment une parole de grâce et qui a contribué à faire naître la culture européenne. Ce témoignage reste une source permanente de renouvellement spirituel et missionnaire pour le peuple saint et fidèle de Dieu.

Naturellement, il y aura toujours des personnes qui s’opposeront à la Bonne Nouvelle, qui « murmureront » contre ses « paroles dures ». Cependant, comme saint Colomban et ses compagnons qui affrontèrent des eaux glacées et des flots déchaînés pour suivre Jésus, ne nous laissons jamais influencer ou décourager par le regard glacial de l’indifférence ou par les vents tempétueux de l’hostilité.

Toutefois, reconnaissons humblement que, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous pouvons nous aussi trouver durs les enseignements de Jésus. Combien il est toujours difficile de pardonner à ceux qui nous blessent ! Quel défi est toujours celui d’accueillir le migrant et l’étranger ! Comme il est douloureux de supporter la déception, le refus ou la trahison ! Combien il est gênant de protéger les droits des plus fragiles, de ceux qui ne sont pas encore nés ou des plus anciens, qui semblent déranger notre sens de la liberté.

Pourtant, c’est justement dans ces circonstances que le Seigneur nous demande :  » Voulez- vous partir, vous aussi ? » (Jn 6, 67). Avec la force de l’Esprit qui nous encourage et avec le Seigneur toujours à nos côtés, nous pouvons répondre : « Quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu » ( v. 69). Avec le peuple d’Israël, nous pouvons redire : « Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu » (Jos 24,18).

Avec les sacrements du Baptême et de la Confirmation, tout chrétien est envoyé pour être missionnaire, un « disciple missionnaire » (Cf. Evangelii gaudium, n. 120). L’Église dans son ensemble est appelée à « sortir » pour porter les paroles de la vie éternelle aux périphéries du monde. Puisse notre célébration d’aujourd’hui confirmer chacun de vous, parents et grand- parents, enfants et jeunes, hommes et femmes, frères et sœurs, contemplatifs et missionnaires, diacres et prêtres, à partager la joie de l’Évangile ! Puissiez-vous partager l’Évangile de la famille comme une joie pour le monde !

En nous préparant à reprendre chacun notre propre route, renouvelons notre fidélité au Seigneur et à la vocation à laquelle il a appelé chacun de nous. En faisant nôtre la prière de Saint Patrick, redisons chacun avec joie : « Christ en moi, Christ derrière moi, Christ avec moi, Christ sous moi, Christ sur moi ». Avec la joie et la force données par l’Esprit Saint, disons-lui avec confiance : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6,68).

Pape François en Irlande: Angélus au sanctuaire de Knock

Après avoir quitté la nonciature apostolique ce matin, dimanche 26 août 2018, le pape François a pris l’avion de Dublin pour se rendre au sanctuaire de Knock, un lieu populaire pour les pèlerinages mariales en Irlande.

Une fois sa tournée en papa mobile terminée, le pape François a été accueilli par l’archevêque de Tuam, Mgr Michael Neary ainsi que les quatre évêques de la province ecclésiastique. Quelques enfants étaient  aussi présents. 

Le Pape s’est rendu à la Chapelle des apparitions où il a été accueilli par le recteur du sanctuaire, le père Richard Gibbons. Près de 200 personnes étaient rassemblées à l’intérieur. Après avoir prié en silence devant l’image de la Vierge, le Saint Père a offert en cadeau un chapelet en or. Il s’est ensuite rendu sur l’esplanade du sanctuaire pour la récitation de la prière de l’Angélus. 

À 11 h15 (12 h15 à Rome), le Saint Père a quitté Knock en avion pour retourner à Dublin pour le dîner avec la suite papale à la nonciature. Vous trouverez, ci-dessous, la réflexion du Pape lors de la prière mariale avec les mots qu’il a improvisé.

Chers frères et sœurs,

Je suis heureux d’être ici avec vous. Je suis heureux d’être ici dans la maison de Marie. Je rends grâce à Dieu pour l’opportunité de visiter, dans le contexte de la Rencontre mondiale des Familles, ce Sanctuaire si cher au peuple irlandais. Je remercie l’Archevêque Neary et le Recteur, Père Gibbons, pour leur cordial accueil. Dans la Chapelle de l’Apparition j’ai confié à l’intercession très aimante de la Vierge toutes les familles du monde et, spécialement, vos familles, les familles irlandaises. Marie notre Mère connaît les joies et les difficultés que l’on éprouve dans chaque maison. Les tenant dans son Cœur immaculé, elle les présente avec amour au trône de son Fils.

En souvenir de ma visite, j’ai apporté en cadeau un Rosaire d’or. Je sais combien est importante dans ce pays la tradition du Rosaire familial. Que de cœurs de pères, de mères et d’enfants ont puisé consolation et force au cours des années en méditant sur la participation de la Vierge aux mystères joyeux, lumineux, douloureux et glorieux de la vie du Christ !

Marie notre Mère est aussi la Mère de l’Eglise, et c’est à elle que nous confions aujourd’hui le cheminement du peuple fidèle de Dieu en cette « Île d’émeraude ». Nous demandons que les familles soient soutenues dans leur engagement à répandre le Règne du Christ et à prendre soin des derniers de nos frères et de nos sœurs. Au milieu des vents et des tempêtes qui sévissent sur notre temps, qu’elles soient des remparts de foi et de bonté qui, selon les meilleures traditions de la nation, résistent à tout ce qui voudrait amoindrir la dignité de l’homme et de la femme créés à l’image de Dieu et appelés au sublime destin de la vie éternelle.

Que la Vierge regarde avec miséricorde tous les membres souffrants de la famille de son Fils. Priant devant sa statue, je les ai présentés, en particulier, toutes les victimes d’abus de la part de membres de l’Eglise en Irlande. Aucun de nous ne peut se dispenser de se sentir ému par les histoires de mineurs qui ont souffert d’abus, à qui on a volé l’innocence et qui ont été abandonnés à la blessure de douloureux souvenirs. Cette plaie ouverte nous défie d’être fermes et décidés dans la recherche de la vérité et de la justice. J’implore le pardon du Seigneur pour ces péchés, pour le scandale et la trahison ressentis par tant de personnes dans la famille de Dieu. Je demande à notre Bienheureuse Mère d’intercéder pour la guérison de toutes les personnes qui ont subi des abus de n’importe quel type et de confirmer chaque membre de la famille chrétienne dans la ferme intention de ne plus jamais permettre que ces situations arrivent, et d’intercéder pour nous tous, pour que nous puissions avancer dans la justice et réparer, le plus possible, tant de violence. 

Mon pèlerinage à Knock me permet aussi d’adresser un cordial salut aux habitants bien-aimés d’Irlande du Nord. Bien que mon voyage pour la Rencontre mondiale des Familles n’inclut pas une visite du Nord, je vous assure de mon affection et de ma proximité dans la prière. Je demande à la Vierge de soutenir tous les membres de la famille irlandaise pour qu’ils persévèrent, comme des frères et des sœurs, dans l’œuvre de réconciliation. Avec gratitude pour les progrès œcuméniques et pour la croissance significative d’amitié et de collaboration entre les communautés chrétiennes, musulmanes, juives et autres confessions: les fils (et les filles) d’Irlande. je prie pour que tous les disciples du Christ poursuivent avec constance les efforts pour faire progresser le processus de paix et construire une société harmonieuse et juste pour les enfants d’aujourd’hui.

Et maintenant, avec ces intentions et avec toutes celles que nous portons dans le cœur, adressons-nous à la Bienheureuse Vierge Marie par la prière de l’Angelus.

Pape François en Irlande: Discours préparé lors du Festival des familles au Croke Park

Le samedi 25 août 2018, le pape François a participé au Festival des familles au Croke Park à Dublin, en Irlande, dans le cadre de la Rencontre mondiale des familles. Des milliers de personnes ont rempli le stade. Après avoir entendu le témoignage de plusieurs familles, le Saint Père leur a adressé la parole. Vous trouverez, ci-dessous, le texte complet du discours qu’il avait préparé:

Cher frères et sœurs, bonsoir!

Je vous remercie de votre accueil chaleureux. C’est bon d’être ici! C’est bon de célébrer, parce que cela nous rend plus humains et plus chrétiens. Cela nous aide aussi à partager la joie de savoir que Jésus nous aime, nous accompagne dans le voyage de la vie et nous attire chaque jour plus près de lui.

Dans chaque célébration familiale, nous sentons la présence de tous: pères, mères, grands- parents, neveux, oncles et tantes, cousins, de ceux qui n’ont pas pu venir et qui vivent trop loin. Aujourd’hui, à Dublin nous sommes rassemblés pour une célébration familiale d’action de grâce à Dieu pour ce que nous sommes : une seule famille en Christ, répandue sur toute la terre. L’Église est la famille des enfants de Dieu. Une famille dans laquelle on se réjouit avec ceux qui sont dans la joie et dans laquelle on pleure avec ceux qui sont dans la souffrance ou qui se sentent jetés à terre par la vie. Une famille dans laquelle on prend soin de chacun, parce que Dieu notre Père a fait de nous tous ses enfants dans le Baptême. C’est pourquoi je continue à encourager les parents à faire baptiser les enfants dès que possible, pour qu’ils fassent partie de la grande famille de Dieu. Il est nécessaire d’inviter chacun à la fête !

Vous, chères familles, vous êtes la grande majorité du Peuple de Dieu. A quoi ressemblerait l’Église sans vous ? C’est pour nous aider à reconnaître la beauté et l’importance de la famille, avec ses lumières et ses ombres, que j’ai écrit l’Exhortation Amoris laetitia sur la joie de l’amour, et que j’ai voulu que le thème de cette Rencontre Mondiale des Familles soit l’Évangile de la famille, joie pour le monde ». Dieu désire que chaque famille soit un phare qui rayonne la joie de son amour dans le monde. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie qu’après avoir rencontré l’amour de Dieu qui sauve, nous essayons, avec ou sans parole, de le manifester à travers des petits gestes de bonté dans la routine du quotidien et dans les moments plus simples de la journée.

Cela veut dire sainteté. J’aime parler des saints « de la porte d’à côté », de toutes ces personnes ordinaires qui reflètent la présence de Dieu dans la vie et dans le monde (Cf. Ex. Ap. Gaudete et exsultate, nn.6-7). La vocation à l’amour et à la sainteté n’est pas quelque chose de réservé à quelques privilégiés. Même maintenant, si nous avons des yeux pour voir, nous pouvons l’apercevoir autour de nous. Elle est silencieusement présente dans les cœurs de toutes ces familles qui offrent l’amour, le pardon et la miséricorde quand elles voient qu’il y en a besoin, et qui le font tranquillement, sans sonneries de trompettes. L’Évangile de la famille est vraiment joie pour le monde, du moment que là, dans nos familles, Jésus peut toujours être trouvé ; là il demeure dans la simplicité et la pauvreté, comme il l’a fait dans la maison de la Sainte Famille de Nazareth.

Le mariage chrétien et la vie familiale sont compris dans toute leur beauté et leur attrait, s’ils sont ancrés à l’amour de Dieu qui nous a créés à son image, pour que nous puissions lui rendre gloire comme icônes de son amour et de sa sainteté dans le monde. Papas et mamans, grands-pères et grands- mères, enfants et petits-enfants : tous appelés à trouver, dans la famille, l’accomplissement de l’amour. La grâce de Dieu aide chaque jour à vivre avec un seul cœur et une seule âme. Même les belles-mères et les belles-filles ! Personne ne dit que ce soit facile. C’est comme pour préparer un thé : c’est facile de faire bouillir l’eau, mais une bonne tasse de thé demande du temps et de la patience ; il faut laisser infuser ! Ainsi jour après jour, Jésus nous réchauffe avec son amour en faisant en sorte qu’il pénètre tout notre être. Du trésor de son Sacré Cœur, il répand sur nous la grâce dont nous avons besoin pour guérir nos infirmités et ouvrir notre esprit et notre cœur pour nous écouter, nous comprendre et nous pardonner les uns aux autres.

Nous avons écouté à l’instant les témoignages de Félicité, d’Isaac et de Ghislain qui viennent du Burkina Faso. Ils nous ont raconté une histoire émouvante de pardon en famille. Le poète disait que « se tromper est humain, pardonner est divin ». Et c’est vrai : le pardon est un don spécial de Dieu qui guérit nos blessures et nous rapproche des autres et de lui. Des petits et simples gestes de pardon, renouvelés chaque jour, sont le fondement sur lequel se construit une solide vie familiale chrétienne. Ils nous obligent à dépasser l’orgueil, la distance et la gêne et à faire la paix. C’est vrai, j’aime dire que dans les familles nous avons besoin d’apprendre trois paroles : « pardon », « s’il te plaît » et « merci ». Quand tu te disputes à la maison, assure-toi, avant d’aller au lit, d’avoir demandé pardon et d’avoir dit que tu es désolé. Même si tu es tenté d’aller dormir dans une autre chambre, seul et à l’écart, simplement frappe à la porte et dis : »s’il te plaît, puis-je entrer? ». Ce qu’il faut, c’est un regard, un baiser, une parole douce… Et tout revient comme avant! Je dis cela parce que, quand les familles le font, elles résistent. Il n’existe pas une famille parfaite ; sans l’habitude du pardon, la famille grandit malade et s’écroule graduellement.

Pardonner signifie donner quelque chose de soi. Jésus nous pardonne toujours. Avec la force de son pardon, nous aussi nous pouvons pardonner aux autres, si nous le voulons vraiment. N’est-ce pas ce pour quoi nous prions, quand nous disons le Notre Père? Les enfants apprennent à pardonner quand ils voient que les parents se pardonnent entre eux. Si nous comprenons cela, nous pouvons apprécier la grandeur de l’enseignement de Jésus à propos de la fidélité dans le mariage. Loin d’être une obligation juridique froide, il s’agit surtout d’une promesse puissante de la fidélité de Dieu lui- même à sa parole et à sa grâce sans limites. Le Christ est mort pour nous, pour que nous puissions, à notre tour, nous pardonner et nous réconcilier les uns les autres. De cette façon, comme personnes et comme familles, nous apprenons à comprendre la vérité de ces paroles de Saint Paul : alors que tout passe, « l’amour ne passera jamais » (1 Co 13,8).

Merci Nisha et Ted pour votre témoignage venu de l’Inde, où vous enseignez à vos enfants à être une vraie famille. Vous nous avez aidés aussi à comprendre que les médias sociaux ne sont pas nécessairement un problème pour les familles, mais qu’ils peuvent contribuer à construire un « réseau » d’amitié, de solidarité et de soutien mutuel. Les familles peuvent se connecter par internet et en tirer avantage. Les médias sociaux peuvent être bénéfiques s’ils sont utilisés avec modération et prudence. Par exemple, vous qui participez à cette Rencontre Mondiale des Familles, vous formez un « réseau » spirituel et d’amitié, et les médias sociaux peuvent vous aider à maintenir ce lien et à l’élargir à d’autres familles dans de nombreuses parties du monde. Il est important, toutefois, que ces moyens ne deviennent jamais une menace pour les vrais réseaux de relations de chair et de sang, en nous emprisonnant dans une réalité virtuelle et en nous isolant des relations authentiques qui nous stimulent à donner le meilleur de nous-mêmes en communion avec les autres. Peut-être que l’histoire de Ted et Nisha peut aider toutes les familles à s’interroger sur la nécessité de réduire le temps qu’elles dépensent pour ces moyens technologiques, et de dépenser plus de temps de qualité entre elles et avec Dieu.

Nous avons entendu de la part d’Enass et de Sarmaad comment l’amour et la foi dans la famille peuvent être sources de force et de paix, même au milieu de la violence et de la destruction, causées par la guerre et la persécution. Leur histoire nous ramène aux situations tragiques que subissent quotidiennement tant de familles obligées d’abandonner leurs maisons, à la recherche de sécurité et de paix. Mais Enass et Sarmaad nous ont montré comment, à partir de la famille et grâce à la solidarité manifestée par beaucoup d’autres familles, la vie peut être reconstruite et l’espérance renaître. Nous avons vu ce soutien dans la vidéo de Rammy et de son frère Meelad, dans laquelle Rammy a exprimé sa profonde reconnaissance pour l’encouragement et pour l’aide que leur famille a reçue de la part de tant d’autres familles chrétiennes du monde entier, qui leur ont rendu possible de retourner dans leurs villages. Dans chaque société, les familles engendrent la paix, parce qu’elles enseignent l’amour, l’accueil et le pardon, les meilleurs antidotes contre la haine, le préjugé et la vengeance qui empoisonnent la vie des personnes et des communautés.

Comme un bon prêtre irlandais l’a enseigné, « la famille qui prie ensemble reste ensemble », et irradie la paix. Une telle famille peut être un soutien particulier pour d’autres familles qui ne vivent pas en paix. Après la mort du Père Ganni, Enass, Sarmaad et leur famille ont choisi le pardon et la réconciliation plutôt que la haine et la rancune. Ils ont vu, à la lumière de la Croix, que l’on peut combattre le mal seulement par le bien et surmonter la haine seulement par le pardon. De manière presqu’incroyable, ils ont été capables de trouver la paix dans l’amour du Christ, un amour qui fait toutes choses nouvelles. Ce soir, ils ont partagé cette paix avec nous.

L’amour du Christ qui renouvelle toute chose est ce qui rend possible le mariage et un amour conjugal caractérisé par la fidélité, l’indissolubilité, l’unité et l’ouverture à la vie. C’est ce que j’ai voulu faire ressortir dans le quatrième chapitre d’Amoris laetitia. Nous avons vu cet amour chez Mary et Damian et dans leur famille avec dix enfants. Merci pour vos paroles et pour votre témoignage d’amour et de foi ! Vous avez fait l’expérience de la capacité de l’amour de Dieu à transformer complètement votre vie et à vous bénir avec la joie d’une belle famille. Vous nous avez dit que la clef de votre vie familiale est la sincérité. Nous comprenons de votre récit combien il est important de continuer à aller à cette source de la vérité et de l’amour qui peut transformer notre vie : Jésus, qui a inauguré son ministère public à une fête de noces. Là, à Cana, il a changé l’eau en un vin nouveau et doux qui a permis de poursuivre merveilleusement la joyeuse célébration. Il en est ainsi avec l’amour conjugal. Le vin nouveau commence à fermenter durant le temps des fiançailles, nécessaire mais passager, et il mûrit tout au long de la vie matrimoniale dans un mutuel don de soi, qui rend les époux capables de devenir, de deux, « une seule chair ». Et d’ouvrir à leur tour leurs cœurs à celui qui a besoin d’amour, en particulier à celui qui est seul, abandonné, faible et, en tant que vulnérable, souvent mis de côté par la culture du déchet.

Les familles sont partout appelées à continuer à grandir et à aller de l’avant, même au milieu des difficultés et des limites, tout comme l’ont fait les générations passées. Nous faisons tous partie d’une grande chaîne de familles, qui remonte au commencement des temps. Nos familles sont des trésors vivants de mémoire, avec les enfants qui, à leur tour, deviennent parents, puis grands-parents. D’eux nous recevons l’identité, les valeurs et la foi. Nous l’avons vu chez Aldo et Marissa, mariés depuis plus de cinquante ans. Leur mariage est un mémorial à l’amour et à la fidélité ! Leurs petits- enfants les maintiennent jeunes ; leur maison est pleine de gaieté, de bonheur et de danse. Leur amour mutuel est un don de Dieu, un don qu’ils transmettent avec joie à leurs enfants et petits-enfants.

Une société qui ne met pas en valeur les grands-parents est une société sans avenir. Une Église qui n’a pas à cœur l’alliance entre les générations finira par manquer de ce qui compte vraiment, l’amour. Nos grands-parents nous enseignent le sens de l’amour conjugal et parental. Eux-mêmes ils ont grandi dans une famille et ils ont connu l’affection de fils et de filles, de frères et de sœurs. Pour cela ils constituent un trésor d’expérience et de sagesse pour les nouvelles générations. C’est une grave erreur de ne pas demander aux anciens leur expérience ou de penser que parler avec eux est une perte de temps. A cet égard, je voudrais remercier Missy pour son témoignage. Elle nous a dit que, parmi les nomades, la famille a toujours été une source de force et de solidarité. Son témoignage nous rappelle que, dans la maison de Dieu, il y a une place à table pour tous. Personne ne doit être exclus ; notre amour et notre attention doivent s’étendre à tous.

Il est tard et vous êtes fatigués ! Mais laissez-moi vous dire une dernière chose. Vous, familles, vous êtes l’espérance de l’Église et du monde ! Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, a créé l’humanité à son image pour la faire participer à son amour, pour qu’elle soit une famille des familles et jouisse de cette paix que lui seul peut donner. Avec votre témoignage de l’Évangile, vous pouvez aider Dieu à réaliser son rêve. Vous pouvez contribuer à faire se rapprocher tous les enfants de Dieu, pour qu’ils grandissent dans l’unité et apprennent ce que signifie pour le monde entier vivre en paix comme une grande famille. Pour cette raison, j’ai désiré remettre à chacun de vous un exemplaire d’Amoris laetitia, que j’ai écrite pour qu’elle soit une sorte de guide pour vivre avec joie l’Évangile de la famille. Que Marie notre Mère, Reine de la famille et de la paix, vous soutienne tous dans le voyage de la vie, de l’amour et du bonheur !

Et maintenant, en conclusion de notre soirée, nous allons réciter la prière de cette Rencontre des Familles.

Prière et bénédiction,

Bonne nuit, dormez bien! A demain!

Pape François en Irlande: discours aux autorités civiles

Ce matin, samedi 25 août 2018, le Saint Père a débuté sa visite apostolique en Irlande. Comme à l’habitude il a rencontré les autorités civiles du pays au château de Dublin. Voici le texte complet de son allocution:

Taoiseach (Monsieur le Premier Ministre), Membres du Gouvernement et du Corps diplomatique, Mesdames et Messieurs,

Au début de ma visite en Irlande, je suis reconnaissant pour l’invitation à m’adresser à cette éminente Assemblée, qui représente la vie civile, culturelle et religieuse du Pays, avec le Corps diplomatique et les invités. Je remercie pour l’accueil amical que j’ai reçu de la part du Président de l’Irlande et qui reflète la tradition d’hospitalité cordiale pour laquelle les Irlandais sont connus dans le monde entier. Je me réjouis également de la présence d’une délégation d’Irlande du Nord.

Comme vous le savez, la raison de ma visite est ma participation à la Rencontre Mondiale des Familles, qui a lieu cette année à Dublin. L’Église est, en effet, une famille de familles, et elle ressent la nécessité de soutenir les familles dans leurs efforts pour répondre fidèlement et joyeusement à la vocation que Dieu leur a donnée dans la société. Pour les familles, cette rencontre est une opportunité, non seulement pour réaffirmer leur engagement à la fidélité affectueuse, à l’aide mutuelle et au respect sacré du don divin de la vie sous toutes ses formes, mais aussi pour témoigner du rôle unique exercé par la famille dans l’éducation de ses membres et dans le développement d’un tissu social sain et florissant.

Il me plaît de voir la Rencontre Mondiale des Familles comme un témoignage prophétique du riche patrimoine des valeurs éthiques et spirituelles, qu’il appartient à chaque génération de garder et de protéger. Il ne faut pas être prophètes pour s’apercevoir des difficultés que les familles affrontent dans la société actuelle en rapide évolution ou pour se préoccuper des effets que l’instabilité du mariage et de la vie famille entraîneront inévitablement, à tous les niveaux, pour l’avenir de nos communautés. La famille est le ciment de la société ; son bien ne peut pas être tenu pour acquis, mais doit être promu et protégé par tous les moyens appropriés.

C’est au sein de la famille que chacun de nous a fait les premiers pas dans la vie. Là nous avons appris à vivre ensemble de manière harmonieuse, à contrôler nos instincts égoïstes, à concilier les différences et surtout à discerner et à rechercher ces valeurs qui donnent un sens authentique et une plénitude à la vie. Si nous parlons du monde entier comme d’une famille unique, c’est parce que justement nous reconnaissons les liens de notre humanité commune et que nous percevons l’appel à l’unité et à la solidarité, spécialement à l’égard des frères et des sœurs les plus vulnérables. Trop souvent, cependant, nous nous sentons impuissants face aux maux persistants de la haine raciale et ethnique, aux conflits et aux violences inextricables, au mépris de la dignité humaine et des droits humains fondamentaux et au renforcement des disparités entre riches et pauvres. Comme nous avons besoin de retrouver, dans tous les milieux de la vie politique et sociale, le sens d’être une vraie famille de peuples ! Et de ne jamais perdre l’espérance et le courage de persévérer dans l’impératif moral d’être des acteurs de paix, des réconciliateurs et des gardiens les uns des autres.

Ici en Irlande, ce défi a une résonance particulière, considérant le long conflit qui a séparé des frères et des sœurs d’une unique famille. Il y a vingt ans, la Communauté internationale a suivi attentivement les évènements en Irlande du Nord, qui conduisirent à la signature de l’Accord du Vendredi Saint. Le Gouvernement irlandais, en union avec les Responsables politiques, religieux et civils d’Irlande du Nord et du Gouvernement britannique et avec le soutien d’autres leaders mondiaux, a donné vie à un contexte dynamique visant au règlement pacifique d’un conflit qui avait causé d’énormes souffrances des deux côtés. Nous pouvons rendre grâce pour les deux décennies de paix qui ont suivi cet Accord historique, alors que nous exprimons la ferme espérance que le processus de paix dépasse tous les obstacles restant et favorise la naissance d’un avenir de concorde, de réconciliation et de confiance mutuelle.

L’Évangile nous rappelle que la véritable paix est en définitive un don de Dieu ; elle jaillit de cœurs guéris et réconciliés et elle s’étend jusqu’à englober le monde entier. Mais elle demande aussi, de notre part, une constante conversion, origine de ces ressources spirituelles nécessaires pour construire une société vraiment solidaire, juste et au service du bien commun. Sans ce fondement spirituel, l’idéal d’une famille mondiale des nations risque de n’être rien d’autre qu’un lieu commun vide. Pouvons-nous dire que l’objectif de générer la prospérité économique conduit de soi à un ordre social plus juste et plus équitable ? Ne se pourrait-il pas au contraire que la croissance d’une « culture du déchet » matérialiste, nous ait rendu de fait plus indifférents aux pauvres et aux membres plus vulnérables de la famille humaine, y compris les enfants non nés, privés du droit même à la vie? Peut-être que le défi qui provoque le plus nos consciences en ces temps est la crise migratoire massive, qui n’est pas destinée à disparaître et dont la solution exige sagesse, largeur d’esprit et une préoccupation humanitaire qui va bien au-delà de décisions politiques à court terme.

Je suis bien conscient de la condition de nos frères et sœurs plus vulnérables – je pense spécialement aux femmes qui dans le passé ont subi des situations particulièrement difficiles. Considérant la réalité des plus vulnérables, je ne peux que reconnaître le grave scandale causé en Irlande par les abus sur les mineurs de la part des membres de l’Église chargés de les protéger et de les éduquer. L’échec des autorités ecclésiastiques – évêques, supérieurs religieux, prêtres et autres – pour affronter de manière adéquate ces crimes ignobles a justement suscité l’indignation et reste une cause de souffrance et de honte pour la communauté catholique. Moi-même je partage ces sentiments. Mon prédécesseur, le Pape Benoît, n’a pas épargné les mots pour reconnaître la gravité de la situation et demander que soient prises des mesures «vraiment évangéliques, justes et efficaces» en réponse à cette trahison de la confiance (Cf. Lettre pastorale aux Catholiques d’Irlande, n. 10). Son intervention franche et résolue continue à servir d’encouragement aux efforts des autorités ecclésiales pour remédier aux erreurs passées et adopter des règles rigoureuses visant à assurer que cela ne se reproduise pas de nouveau.

Chaque enfant est en effet un don précieux de Dieu à préserver, à encourager pour qu’il développe ses dons et à conduire à la maturité spirituelle et à la plénitude humaine. L’Église en Irlande a joué, dans le passé et le présent, un rôle de promotion du bien des enfants qui ne peut pas être occulté. Je souhaite que la gravité des scandales des abus, qui ont fait émerger les défaillances de beaucoup, serve à souligner l’importance de la protection des mineurs et des adultes vulnérables de la part de toute la société. En ce sens, nous sommes tous conscients de l’urgente nécessité d’offrir aux jeunes un sage accompagnement et des valeurs saines pour leur parcours de croissance.

Chers amis,

Il y a presque quatre-vingt-dix ans, le Saint-Siège fut parmi les premières institutions internationales à reconnaître l’État libre d’Irlande. Cette initiative a marqué le début de plusieurs années de concorde et de collaboration dynamique, avec un seul nuage passager à l’horizon. Récemment, des efforts intenses et une bonne volonté des deux côtés ont contribué de manière significative à un rétablissement prometteur de ces relations amicales à l’avantage réciproque de tous.

Les fils de cette histoire remontent à plus de mille cinq cents, quand le message chrétien, prêché par Palladius et Patrick, a trouvé place en Irlande et est devenu partie intégrante de la vie et de la culture irlandaise. De nombreux « saints et érudits » se sont senti inspirés à quitter ces rivages et à porter la foi nouvelle sur d’autres terres. Encore aujourd’hui, les noms de Colomba, Colomban, Brigitte, Gaël, Killian, Brendan et beaucoup d’autres sont honorés en Europe et pas seulement en Europe. Sur cette île, le monachisme, source de civilisation et de création artistique, a écrit une belle page de l’histoire de l’Irlande et du monde.

Aujourd’hui comme par le passé, des hommes et des femmes qui habitent ce Pays s’efforcent d’enrichir la vie de la nation avec la sagesse née de la foi. Aussi dans les heures les plus sombres de l’Irlande, ils ont trouvé dans la foi la source de ce courage et de cet engagement qui sont indispensables pour forger un avenir de liberté et de dignité, de justice et de solidarité. Le message chrétien a fait partie intégrante de cette expérience et il a donné forme au langage, à la pensée et à la culture du peuple de cette île.

Je prie afin que l’Irlande, tandis qu’elle écoute la polyphonie du débat politico-social contemporain, n’oublie pas les vibrantes mélodies du message chrétien, qui l’ont soutenue dans le passé et peuvent continuer à le faire dans l’avenir.

Avec ces pensées, j’invoque cordialement sur vous et sur tout le cher peuple irlandais les bénédictions divines de sagesse, de joie et de paix. Merci.

Couverture spéciale S+L: Rencontre Mondiale des Familles -Dublin 2018-

CNS photo/Paul Haring

Du 21 au 26 août prochains, se tiendra à Dublin la 9e édition de la Rencontre Mondiale des familles. Mise sur pied par le saint pape Jean-Paul II en 1994, l’événement a pour but de « contribuer à renforcer les liens entre les familles, et témoigner de l’importance cruciale du mariage et de la famille pour la société entière ». C’est donc par la prière, des catéchèses et des célébrations que les participants provenant des quatre coins de la planète pourront se rassembler auprès du saint Père pour, à la fois remercier Dieu du don de la famille et  réfléchir sur les différents défis auxquels font face les familles constituant le Peuple de Dieu de ce début de XXIe siècle. Le thème de la rencontre de cette année, « L’Évangile de la famille : joie pour le monde », se déploiera en deux grandes parties. Dans un premier temps, se tiendra un congrès de trois jours où se succéderont catéchèses, conférences et tables rondes de spécialiste et hauts responsables de l’Église sur différents sujets liés à la famille et la foi catholique. Le point d’orgue de la semaine sera certainement la visite du pape François en Irlande.

Un congrès aux couleurs d’Amoris Laetitia

La théologie de la famille du pape François telle qu’exprimée dans l’exhortation apostolique Amoris Laetitia est d’une extraordinaire richesse. Long d’environ 120 pages,  ce document a évidemment besoin d’être approfondi et discuté. C’est pourquoi des spécialistes des questions reliées à la famille s’exprimeront sur les différentes dimensions de cette entité que l’on appelle « l’église domestique ».  Par exemple, le cardinal Christoph Schönborn offrira une catéchèse sur la question du comment « célébrer la famille dans la tradition judéo-chrétienne ». Des personnalités de chez-nous seront également présentes. C’est le cas de l’archevêque de Québec, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix qui présentera une conférence intitulée « Regard sur Jésus : présenter l’engagement du mariage comme chemin de joie pour notre temps ».

Sur trois jours, j’ose croire que l’ensemble des participants auront donc tous les éléments nécessaires pour faire la promotion de la famille et de la joie de porter ces profonds enseignements dans la vie quotidienne, une fois de retour à la maison. Toutefois, les personnes qui, pour une raison ou pour un autre, ne peuvent se rendre à Dublin, pourront suivre l’événement de l’intérieur puisque Sel et Lumière sera sur place afin de vous faire vivre la RMF 2018 dans le confort de votre foyer. Vous pourrez, par l’entremise de mes reportages quotidiens, approfondir votre connaissance de la réalité des familles catholiques aujourd’hui. Ainsi, les 22, 23 et 24 août prochains, restez l’écoute de S+L pour tout savoir sur cet événement incontournable de la vie de l’Église universelle.

Une visite très attendue

Il est clair que l’annonce de la venue du pape François à la Rencontre Mondiale des Familles fut accueillie avec grand enthousiasme par les organisateurs et le peuple catholique d’Irlande. Pour bien comprendre l’importance de cette visite apostolique nous devons tenir compte du contexte actuel en Irlande.

En effet, depuis la crise des abus sexuels du clergé qui ont gravement touché l’île gaélique, l’Église ne tient plus le rôle central qu’elle a pu jouer à travers son histoire. Son attractivité et sa crédibilité étant grandement affaiblies, il sera intéressant de voir à quel point la visite du pape François aura un impact positif de réconciliation entre l’Église et la société irlandaise dans son ensemble. Un deuxième élément à surveiller est lié à la récente légalisation de l’avortement suite à un référendum. Ayant mis sur pied ce référendum et étant ouvertement en faveur de cette légalisation, le gouvernement actuel d’Irlande a donc, à l’heure actuelle, sur la famille et les questions dites « sociétales » des points de vue en opposition directe avec l’Église. Il sera donc intéressant de suivre les échanges du pape avec les autorités civiles et politiques irlandaises.

La visite du pape François ne sera toutefois pas que diplomatique. De fait, la raison principale de sa présence est sa participation à la Rencontre Mondiale des Familles 2018. Comme ce fut le cas à Philadelphie, lors de la précédente édition de l’événement, le pape participera au « Festival des familles » le samedi soir. On se souvient encore de la magnifique prise de parole qu’il avait eu devant des milliers de personnes réunies pour entendre une allocution presque humoristique ! Suivant une visite au Sanctuaire de Knock le dimanche matin, le Saint-Père présidera la Messe de clôture de la Rencontre Mondiale des Familles « qui regroupera des personnes et des familles venues du monde entier, en action de grâce et en communion. La Messe marquera la conclusion de la Rencontre Mondiale des Familles 2018 à Dublin, et le prochain diocèse hôte de l’événement, en collaboration avec le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, sera alors annoncé ». Vous pourrez évidemment visionner l’intégralité des moments forts de cette visite du pape François en Irlande sur nos ondes.

La famille un enjeu pour l’Église et pour le monde

Que ce soit par la qualité des intervenants du congrès, la richesse des témoignages ou la profondeur spirituelle qui s’en dégagera pour le monde entier, cette édition de la Rencontre Mondiale des familles s’inscrira très certainement comme une édition incontournable de l’histoire de cet événement mondial. Comme c’est notre habitude depuis notre création, il y a maintenant quinze ans, Sel et Lumière sera de la partie. Pour tout savoir sur notre couverture consultez notre site web ou notre page Facebook et Twitter. À très bientôt !

Vidéo-promotionnelle: Rencontre Mondiale des Familles 2018 à Dublin, Irlande

Tous les trois ans, l’Eglise convoque la plus grande rencontre internationale des familles. En 2018, elle se tiendra à Dublin, en Irlande. Suivez Sel et Lumière pour les plus récentes nouvelles sur cet événement incontournable de la vie de l’Église aujourd’hui.

La famille, lieu de diffusion de l’amour de Dieu: la lettre du Pape pour Dublin 2018″, un article de Radio Vatican:

(RV) La Lettre du Pape pour la Rencontre mondiale des familles, qui se tiendra à Dublin, en Irlande du 21 au 26 août 2018, a été présentée ce jeudi matin en Salle de presse du Saint-Siège.

Dans la lignée des Synodes sur le famille, de son exhortation apostolique Amoris Laetitia et de la Rencontre mondiale des familles de 2015 à Philadelphie, le Pape réaffirme son attachement à une vie familiale ancrée dans une dynamique de pardon et d’amour.

«L’Évangile continue-t-il d’être une joie pour le monde ? Est-ce que la famille continue d’être une Bonne Nouvelle pour le monde d’aujourd’hui ?». À ces deux questions qui ouvrent cette lettre adressée au cardinal Kevin Farrell, préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, le Pape invite chacun à répondre par un « »oui » fermement basé sur le plan de Dieu».

L’amour de Dieu s’exprime à travers «l’union entre l’homme et la femme, dans l’ouverture et le service de la vie dans toutes ses phases», et Son engagement pour «une humanité qui est souvent blessé, maltraitée et dominée par un manque d’amour». Alors ce n’est qu’en partant de l’amour que «la famille manifeste, diffuse et régénère l’amour de Dieu dans le monde».

Le Pape rappelle une nouvelle fois l’importance du pardon et de la patience, face à la fragilité et à la faiblesse de chacun des membres de la famille. Dans ce sens, le Pape rappelle que «beaucoup de familles chrétiennes sont un lieu de miséricorde», que les parents, les frères et sœurs sont «des témoins de la miséricorde», et il espère que le rassemblement de Dublin en donnera des signes concrets, deux ans après le Jubilé.

Le Pape conclut sa lettre en remerciant la nation irlandaise et l’archidiocèse de Dublin pour leur «généreux accueil», et place l’organisation de cette rencontre sous la protection de la Sainte Famille de Nazareth.

(CV)

(Tratto dall’archivio della Radio Vaticana)

Vers une encyclique sur l’écologie

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Image: Courtoisie de CNS

Le 5 mars 2015, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil Pontifical Justice et Paix, prononçait un discours au Trócaire 2015 (l’Agence irlandaise catholique d’aide pour le développement international) à l’Université pontificale Saint-Patrick à Maynooth en Irlande. Ce discours était d’une importance capitale puisqu’il est considéré par plusieurs comme étant un prélude à la prochaine encyclique du pape François qui portera sur l’écologie. Dans ce discours prononcé en langue anglaise, le cardinal Turkson explique ce que l’Église entend lorsqu’elle parle d’écologie. La formule à retenir est celle « d’écologie globale ». En fait, cette expression vise à mettre sous un même toit certaines problématiques qui sont parfois considérées séparément, ce qui nuit à leur résolution. En effet, l’originalité de l’Église est qu’elle voit la racine commune des problèmes liés au soin de l’environnement, au développement des pays et à « l’écologie humaine ». Pour le cardinal Turkson, le pape François cherche avant tout à apporter la « chaleur de l’espoir ». Sa prochaine encyclique montrera donc le rôle bénéfique de la foi catholique dans la résolution de problèmes dont « les régulations, les politiques et les orientations sont nécessaires pour faire face à la pauvreté et aux changements climatiques mais peuvent rester sans effet si elles ne sont pas accompagnées d’une conversion morale et d’un changement du cœur »[2]. Tout cela en plus d’apporter des principes clairs qui peuvent orienter les décideurs politiques et ceux du monde des affaires. Pour ce faire, le Cardinal guinéen a voulu expliciter 4 principes fondamentaux à prendre en compte et à respecter pour un juste
souci de la création.

Un appel universel

Reprenant les grandes orientations formulé par Benoît XVI, c’est-à-dire de celui que l’on a appelé le « pape vert », le cardinal Turkson a mentionné que le souci pour l’environnement n’est pas réservé à une catégorie de personnes ou de pays mais nous concerne tous. Ce qui implique qu’aucun organisme et aucune personnalité ne peut monopoliser le discours et le souci de l’environnement. Prendre soin de la création est une responsabilité qui incombe à tous. De plus, s’il veut prendre soin de la nature qui est hors de lui, il doit prendre soin de sa propre nature. En d’autres termes, protéger la nature implique de protéger la nature humaine contre ce qui la rend malade. Comme le disait Benoît XVI :

« L’Église ne peut pas et ne doit pas se limiter à transmettre à ses fidèles uniquement le message du salut. Elle a une responsabilité à l’égard de la création et doit faire valoir cette responsabilité également en public. Et en le faisant, elle ne doit pas seulement défendre la terre, l’eau et l’air comme des dons de la création appartenant à tous. Elle doit également protéger l’homme contre la destruction de lui-même. Il est nécessaire qu’il existe quelque chose comme une écologie de l’homme, entendue d’une juste manière. »[4].

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