Que signifie être un homme aujourd’hui ? À la recherche de la masculinité à la lumière de l’Évangile

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Dans de nombreuses sociétés à travers le monde, le siècle dernier a marqué le début d’une nouvelle ère dans les relations entre les hommes et les femmes. Il est incroyable de penser qu’il y a un peu plus d’un siècle, les femmes au Canada n’avaient même pas le droit de vote. Cette quête cruciale de l’égalité entre les sexes, qui à bien des égards est toujours d’actualité, est aujourd’hui remise en question. Nous observons une sorte de retour vers des expressions de la masculinité qui tentent de justifier la violence, l’agressivité, l’anarchie et le recours à la force brute. Sur le plan politique, des hommes avides de pouvoir mènent des guerres qui dévastent des populations civiles. Parallèlement, le sentiment erroné que les « hommes blancs » sont injustement victimes de discrimination alimente des discours et des sentiments racistes et misogynes qui résultent en des actes violents et des explosions de colère. 

Si le XXe siècle s’est interrogé à juste titre sur le rôle que les femmes devraient jouer dans la société, le XXIe siècle semble chercher des réponses à la question du rôle des hommes dans la société. Dans cette quête de la signification de la masculinité, le risque est de se précipiter vers des réponses hâtives qui portent la société vers la mauvaise direction. Si la quête légitime de l’égalité des sexes visait à créer une société plus juste et plus humaine, la recherche d’une masculinité erronée risque de rendre la société moins juste et moins humaine.

Alors, où devons-nous chercher pour trouver ce que signifie être un homme dans le monde d’aujourd’hui ? Quel est le chemin vers une société plus humaine ?

C’est en Jésus que se trouve la plénitude de ce que signifie être humain. Jésus révèle également la plénitude de ce que signifie être un homme. Ce que nous sommes appelés à devenir se révèle à la lumière de sa manière d’être et de sa manière d’entrer en relation avec les autres. Dans la vie de chaque homme, il est possible de mettre en pratique les attitudes fondamentales de Jésus, de vivre selon son cœur. Jésus n’est ni violent ni vengeur. Il ne recourt pas à l’égocentrisme ou à la domination. Le cœur de Jésus déborde de dévouement envers les autres, qui se traduit par la miséricorde, la compassion et une attention sincère pour ceux et celles qui sont dans le besoin. Ces vertus, pleinement mises en évidence dans les pages de l’Évangile, peuvent sembler clichées, comme quelque chose que l’on enseigne aux enfants au catéchisme. Pourtant, nous constatons trop souvent à quel point elles font cruellement défaut dans les scènes dramatiques qui se déroulent sous nos yeux dans le monde d’aujourd’hui. 

En fin de compte, être un homme, est-ce faire la guerre ou construire la paix ? Est-ce user de son pouvoir ou se mettre au service des autres ?  

La vision que nous avons de la masculinité en tant qu’hommes a un impact sur le type de société dans lequel nous vivons, tout comme la manière dont les femmes vivent leur féminité affecte la nature de la société. Être un homme, est-ce plutôt être un guerrier ou un artisan de paix, un tyran ou un bâtisseur de ponts ? Être un homme, est-ce vaincre ses ennemis ou prendre soin de ceux et celles que l’on peut aider ? Une vision combative de la masculinité fait évoluer la société dans la mauvaise direction. Être un homme, ce n’est pas dominer les autres par la force brute ou l’intimidation. En réalité, la violence nous éloigne de ce que nous sommes vraiment. 

Le sens de la masculinité ne peut être compris dans le vide. « Aucun homme n’est une île », comme l’a écrit Thomas Merton. L’expérience d’être une « île » – de se sentir isolé ou de s’isoler – peut facilement engendrer de l’animosité, ce qui conduit à jeter des pierres plutôt qu’à tendre la main aux autres. Le sens de la masculinité – tout comme le sens de la vie de chacun et chacune – prend forme dans des relations significatives. Être un homme ne se mesure pas à la force que nous pouvons déployer dans notre coin de la salle de sport. Il s’agit plutôt de la manière dont nous nous investissons dans des relations profondes, basées sur l’attention aux autres et la responsabilité mutuelle. C’est dans ces relations que nous apprenons à aimer, à vivre ensemble et à donner notre vie les uns aux autres. En ce sens, notre identité s’éclaire dans la mesure où elle est centrée sur les autres. Il ne s’agit pas de se replier sur soi-même, mais plutôt de s’ouvrir aux autres. 

Dans le film Sans plus attendre, sorti en 2007, le personnage incarné par Morgan Freeman pose deux questions existentielles à son ami riche qui est atteint d’une maladie en phase terminale, joué par Jack Nicholson. Premièrement : « Avez-vous trouvé la joie dans votre vie ? » Deuxièmement : « Votre vie a-t-elle apporté de la joie aux autres ? » 

Nous pouvons nous demander : notre façon d’être en tant qu’hommes et en tant qu’êtres humains, est-elle finalement orientée vers la joie et le bonheur des autres ? Si ce n’est pas le cas, nous devons peut-être changer de cap. 

Jésus, en toi, Dieu s’est fait homme afin que l’humanité puisse partager la plénitude de l’amour. Rends nos cœurs semblables au tien et conduis-nous ensemble vers la paix et la joie de ton Royaume. Amen.

Plonger dans les profondeurs avec Dieu – Dive Deep

Il y a des livres qui nous surprennent et qui nous invitent à prendre une vraie respiration intérieure. Dive Deep: 40 Days with God at Sea, « Dans les profondeurs » en fait partie.

Ce qui est marquant, c’est l’histoire de son auteure, Sœur Orianne Pietra René, f.s.p. Née à Winnipeg, élevée dans la vallée de l’Outaouais, elle a découvert la foi catholique à seulement 12 ans. Malgré une allergie… aux poissons, elle aime passionnément la mer. Elle raconte d’ailleurs un souvenir qu’il l’a marqué : un jour, au large du Pérou, elle a vu des otaries apprendre à leurs petits à nager. Ce mélange d’émerveillement et de simplicité transparaît dans son livre. Aujourd’hui, elle travaille dans le ministère des médias sociaux et Dive Deep est son tout premier ouvrage publié.

Et puis, il y a les illustrations. Elles sont signées Romi Caron, une artiste de la région d’Ottawa-Gatineau. Son parcours est impressionnant : plus de 90 livres illustrés ! Mais ce qui me fascine, c’est plutôt son histoire personnelle. Née en Tchécoslovaquie sous le régime communiste, elle a grandi dans un monde où Dieu « n’existait pas », et que porter une croix pouvait vous coûter vos études ou votre avenir. Romi a dû « plonger très profondément » pour trouver la foi et, depuis, elle en témoigne avec courage et beauté.

Le livre lui-même est une véritable traversée spirituelle : 40 jours avec Dieu en mer. On y trouve des passages bibliques, des petites histoires de vie, des prières toutes simples et des invitations concrètes pour vivre sa foi au quotidien. C’est un peu comme si Sœur Orianne nous embarquait avec elle sur un bateau, pour découvrir Dieu dans le vent, dans les vagues, et même dans les tempêtes.

Et ce voyage continue à l’écran !

Le premier ouvrage publié de Sr Orianne Pietra René, f.s.p, garni des illustrations de l’artiste Romi Caron, toutes deux canadiennes, nous montre une traversée spirituelle de 40 jours avec Dieu en mer. Les trois épisodes, inspirés de Dive Deep seront diffusés sur Sel + Lumière Média, révèle la promesse que Dieu marche avec nous, même dans les vagues :

  • L’Arche de Noé : un retour aux origines bibliques où l’eau devient à la fois signe de destruction et de salut. Avec Sœur Orianne, ce récit prend une nouvelle dimension : comment, dans nos propres tempêtes, Dieu nous offre aussi une arche, un lieu sûr pour traverser.
  • Après la mort de Jean-Baptiste : un moment de deuil et de fragilité où Jésus lui-même cherche le silence et la prière au bord de l’eau. Sœur Orianne nous aide à voir comment, dans nos pertes et nos blessures, nous pouvons aussi trouver consolation auprès du Christ.
  • Après la Résurrection – Rappelez-vous : ici, c’est la joie pascale au bord du lac de Galilée. Les disciples retrouvent Jésus sur le rivage, autour d’un simple repas de poisson. C’est une invitation à reconnaître la présence de Dieu dans la simplicité de nos vies quotidiennes et à nous laisser renouveler par sa victoire.

À partir du 1er septembre, Journée mondiale de prière pour la création, vous pourrez découvrir les épisodes chaque lundi matin sur Sel + Lumière Plus, sur la chaîne YouTube de  Sel + Lumière Média et sur nos réseaux sociaux pendant les deux semaines suivantes. Regardez la bande-annonce ici :

Vous pouvez découvrir et acquérir son livre ici : paulinestore.com

« Dans les profondeurs » et ces épisodes sous forme de vidéos, l’ensemble ressemble à un souffle d’air marin : rafraîchissant, vivifiant, et rempli de la promesse que Dieu marche avec nous, même dans les vagues. Je vous invite à les regarder avec vos proches et vos enfants.

 

Où se trouve le bon Samaritain à Gaza ? La situation à la lumière de l’Évangile

Crédit photo : IStock

La parabole du bon Samaritain est racontée par Jésus en réponse à une question posée par un docteur de la Loi : « Qui est mon prochain ? » Jésus termine ce récit émouvant en posant une question à son tour : « Lequel de ces trois, à ton avis – le prêtre, le lévite ou le Samaritain –, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Dévoilant la morale de l’histoire, le docteur de la Loi répond : « Celui qui a fait preuve de miséricorde envers lui ». Jésus répondit : « Va, et toi aussi, fais de même » (Luc 10, 25-37).

Cette parabole est une boussole pour nos relations avec tous nos frères et sœurs dans la grande famille humaine, et en particulier ceux et celles qui souffrent. En voyant l’homme qui a été roué de coups et laissé à moitié mort dans le fossé, le prêtre et le lévite, des membres respectés de la société, tenus en haute estime, passent de l’autre côté de la route, détournant le regard comme s’ils ne l’avaient pas remarqué. Au contraire, le Samaritain, méprisé à l’époque comme un idolâtre, s’arrête, et, pris de compassion pour l’homme, l’emmène à l’auberge pour prendre soin de lui.

Jésus souhaite que cette parabole soit une leçon très forte, non seulement pour le docteur de la Loi qui l’interroge, mais également aujourd’hui, pour nous. 

Dans sa lettre encyclique sur la fraternité humaine et l’amitié sociale, intitulée Fratelli tutti (‘Tous frères et sœurs’), le Pape François a souligné l’importance de la parabole du bon Samaritain dans le monde aujourd’hui :

« Cette parabole est une icône éclairante, capable de mettre en évidence l’option de base que nous devons faire pour reconstruire ce monde qui nous fait mal. Face à tant de douleur, face à tant de blessures, la seule issue, c’est d’être comme le bon Samaritain. Toute autre option conduit soit aux côtés des brigands, soit aux côtés de ceux qui passent outre sans compatir avec la souffrance du blessé gisant sur le chemin. La parabole nous montre par quelles initiatives une communauté peut être reconstruite grâce à des hommes et des femmes qui s’approprient la fragilité des autres, qui ne permettent pas qu’émerge une société d’exclusion mais qui se font proches et relèvent puis réhabilitent celui qui est à terre, pour que le bien soit commun. En même temps, la parabole nous met en garde contre certaines attitudes de ceux qui ne se soucient que d’eux-mêmes et ne prennent pas en charge les exigences incontournables de la réalité humaine » (Fratelli tutti, no. 67).

Laissons ces paroles pénétrer notre esprit et notre cœur alors que nous sommes témoins des guerres, des atrocités et des tragédies qui se déroulent dans le monde entier. Demandons-nous : où est le bon Samaritain à Gaza ? Et en Ukraine, au Yémen, au Soudan, en Éthiopie, au Myanmar, en République démocratique du Congo ? Il y a tant d’endroits qui ont besoin de la miséricorde dont fait preuve le bon Samaritain.

Puis, demandons-nous aussi : où est Jésus, le véritable bon Samaritain ? S’identifiant aux plus petits de ses frères et sœurs, Jésus pleure avec ceux et celles qui pleurent la perte tragique de leurs proches, en particulier de leurs enfants. De même, Jésus souffre de la faim avec ceux et celles qui n’ont rien à manger. Jésus agonise avec ceux et celles dont les maisons et les moyens de subsistance ont été détruits. Jésus cherche la paix et espère qu’elle finira par arriver. 

Jésus nous appelle tous à suivre l’exemple du bon Samaritain, chacun et chacune à sa manière, sans fermer les yeux ni passer à côté, mais en se laissant travailler par la miséricorde et en faisant tout notre possible pour aider les autres. Nous pouvons nous demander : quelle est ma réponse face aux souffrances à Gaza, en Ukraine et dans le monde entier ? Que puis-je faire pour rendre concrète ma compassion et ma solidarité envers les victimes de la guerre, de la violence et de la famine ?

Jésus, Prince de la Paix, montre ton amour et ta tendresse à nos frères et sœurs qui souffrent, et apprends-nous à faire de même. Amen.

Passer le flambeau de l’espérance d’une génération à l’autre

Photo par RDNE Stock

Une réflexion pour la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées – dimanche 27 juillet 2025

Par Julian Paparella

Au moment de notre mariage il y a cinq ans, l’un des commentaires les plus percutants que nous avons reçus était que le fait de se marier est un acte d’espérance en l’avenir. Cette idée ne m’a plus quitté depuis. Maintenant que nous avons eu notre premier enfant, cela semble encore plus vrai. Au milieu des incertitudes du monde, avoir des enfants est en effet un acte d’espérance dans l’avenir. C’est le signe que la vie vaut encore la peine d’être vécue et que l’avenir est prometteur malgré les défis qu’il comporte. Mettre quelqu’un au monde, c’est croire que, malgré les hauts et les bas, l’avenir lui réserve quelque chose de beau et de bien. 

Les guerres, l’instabilité économique et la crise climatique sont autant de réalités qui peuvent nous faire perdre espoir. Pourtant, les raisons d’espérer restent nombreuses. Les générations précédentes ont certainement eu leur lot de raisons de désespérer. Elles ont néanmoins choisi de persévérer, de mettre un pied après l’autre et de marcher de l’avant avec espérance. C’est grâce à elles que nous sommes ici. Si nous sommes là, c’est parce qu’ils n’ont pas jeté l’éponge sur la vie. Malgré les épreuves qu’ils ont traversées, ils ont continué à accueillir de nouvelles générations dans la grande famille de l’humanité.

L’espérance peut être trouvée en regardant les visages d’autres générations que la nôtre, qu’elles soient plus jeunes ou plus âgées. En regardant les visages de nos enfants, nous voyons la clarté dans leurs yeux, qui n’est pas altérée par les crises auxquelles le monde est confronté. Sur les visages des personnes âgées parmi nous, nous voyons la persistance et la persévérance qui leur ont permis de ne pas abandonner sur le chemin de la vie.   

À cet égard, les familles sont de véritables berceaux d’espérance. Il est beau de voir sur les réseaux sociaux des vidéos de grands-parents et d’arrière-grands-parents qui rencontrent pour la première fois un nouveau membre de leur famille. Leurs visages s’illuminent devant le nouveau-né. Souvent, ils fondent en larmes. Une telle expérience révèle non seulement la joie d’accueillir une nouvelle vie, mais aussi la promesse que la vie a un avenir. Cela fait chaud au cœur. Comme c’est émouvant de tenir dans ses bras une génération naissante. Les familles constituent la chaîne de vie qui relie une génération à l’autre par des liens d’amour, d’attention et d’affection. Elles sont le lieu où l’on apprend du passé et où l’on regarde vers l’avenir. 

Il est donc important de saisir les occasions de passer du temps ensemble, et de se retrouver toutes générations confondues. Avec le rythme de vie effréné d’aujourd’hui, le risque est que les jeunes générations soient accaparées par tout ce qu’elles ont à faire, tandis que les générations plus âgées sont perdues de vue et d’esprit, abandonnées dans la souffrance de la solitude.

La Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, instituée par le Pape François en 2021, est un rappel annuel à prendre le temps de tendre la main à nos aînés. L’occasion est célébrée le dimanche le plus proche du 26 juillet, fête des saints Anne et Joachim, les grands-parents de Jésus. Le thème de cette année, dans le cadre de l’année jubilaire consacrée à l’espérance, est « Heureux celui qui n’a pas perdu l’espoir » (Sir 14, 2). 

Les actes d’amour et d’attention exprimés de génération en génération sont une source d’espérance qui donne la vie. En rendant visite aux personnes âgées – que ce soient nos grands-parents, nos parents, amis et voisins âgés – nous allumons un flambeau d’espérance qui apporte de la lumière et de la chaleur. En même temps, ces précieuses rencontres font beaucoup de bien à ceux et celles qui sont relativement jeunes, en nous permettant de prendre du recul par rapport à notre propre rythme de vie et en nous rappelant le sens de ce qui compte vraiment en fin de compte.

En cette Année sainte, le Vatican offre une indulgence jubilaire à ceux et celles qui « rendent visite aux personnes âgées qui sont seules… accomplissant ainsi un pèlerinage auprès du Christ présent en elles ». De fait, le Christ est présent dans les personnes âgées auxquelles nous rendons visite. Comme l’a affirmé le Pape Léon XIV dans son Message pour la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées de cette année : « Rendre visite à une personne âgée est une manière de rencontrer Jésus qui nous libère de l’indifférence et de la solitude ». C’est une grâce que nous pouvons demander : avoir un cœur qui voit le Christ dans les personnes âgées, souffrantes, seules ou malades.

Chacun et chacune d’entre nous peut répondre à l’invitation de rendre visite à un proche ou à un voisin âgé, surtout s’il est seul. C’est une façon de partager le flambeau de l’espérance qui éclaire le chemin d’une génération à l’autre.

Seigneur Jésus, toi qui es proche de ceux et celles qui sont seuls et affligés, ouvre nos cœurs pour leur tendre la main et nos yeux pour te voir en eux. Amen.

Homélie du pape Léon XIV pour le dimanche de la Pentecôte 2025

Photo Crédit : Vatican Media

Le dimanche 8 juin 2025, le pape Léon XIV a célébré la messe du jubilé des mouvements, associations et communautés nouvelles et a évoqué la manière dont l’Esprit Saint aide les apôtres à surmonter « leur peur, brise leurs chaînes intérieures, guérit leurs blessures, les oint de force et leur donne le courage d’aller vers tous et d’annoncer les œuvres puissantes de Dieu ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV jeudi soir à 19h00 HE, 16h00 HP.

Frères et sœurs,

« Le jour où […] le Seigneur Jésus-Christ, glorifié par son ascension au ciel après sa résurrection, a envoyé le Saint-Esprit, nous apparaît comme un jour heureux » (St Augustin, Discours 271, 1). Et aujourd’hui encore, ce qui s’est passé au Cénacle revit : le don de l’Esprit Saint descend sur nous comme un vent impétueux qui nous secoue, comme un bruit qui nous réveille, comme un feu qui nous éclaire (cf. Ac 2, 1-11).

Comme nous l’avons entendu dans la première Lecture, l’Esprit accomplit quelque chose d’extraordinaire dans la vie des Apôtres. Après la mort de Jésus, ils s’étaient enfermés dans la peur et la tristesse, mais maintenant ils reçoivent enfin un regard nouveau et une intelligence du cœur qui les aident à interpréter les événements qui se sont produits et à faire l’expérience intime de la présence du Ressuscité : l’Esprit Saint vainc leur peur, brise leurs chaînes intérieures, apaise leurs blessures, les oint de force et leur donne le courage d’aller à la rencontre de chacun pour annoncer les œuvres de Dieu.

Le passage des Actes des Apôtres nous dit qu’à Jérusalem, à ce moment-là, il y avait une multitude de personnes de diverses origines, et pourtant « chacun d’eux les entendait dans son propre dialecte » (v. 6). C’est alors qu’à la Pentecôte, les portes du Cénacle s’ouvrent parce que l’Esprit ouvre les frontières. Comme l’affirme Benoît XVI : « L’Esprit Saint leur donne de comprendre. En surmontant la rupture initiale de Babel – la confusion des cœurs, qui nous élève les uns contre les autres – l’Esprit ouvre les frontières. […] L’Église doit toujours redevenir ce qu’elle est déjà:  elle doit ouvrir les frontières entre les peuples et abattre les barrières entre les classes et les races. En son sein, il ne peut y avoir de personnes oubliées ou méprisées. Dans l’Eglise, il n’y a que des frères et des sœurs de Jésus Christ libres » (Homélie de Pentecôte, 15 mai 2005).

Voici une image éloquente de la Pentecôte sur laquelle j’aimerais m’arrêter avec vous pour méditer.

L’Esprit ouvre les frontières avant tout en nous. C’est le Don qui ouvre notre vie à l’amour. Et cette présence du Seigneur dissout nos duretés, nos fermetures, nos égoïsmes, les peurs qui nous bloquent, les narcissismes qui nous font tourner uniquement autour de nous-mêmes. Le Saint-Esprit vient défier en nous le risque d’une vie qui s’atrophie, aspirée par l’individualisme. Il est triste de constater que dans un monde où les occasions de socialiser se multiplient, nous risquons paradoxalement d’être davantage seuls, toujours connectés mais incapables de “créer des réseaux”, toujours immergés dans la foule mais restant des voyageurs désorientés et solitaires.

Au contraire, l’Esprit de Dieu nous fait découvrir une nouvelle façon de voir et de vivre la vie : il nous ouvre à la rencontre avec nous-mêmes au-delà des masques que nous portons ; il nous conduit à la rencontre avec le Seigneur en nous éduquant à faire l’expérience de sa joie ; il nous convainc – selon les paroles mêmes de Jésus que nous venons de proclamer – que ce n’est qu’en restant dans l’amour que nous recevons aussi la force d’observer sa Parole et donc d’en être transformés. Il ouvre les frontières en nous, afin que notre vie devienne un espace accueillant.

L’Esprit ouvre également les frontières dans nos relations. En effet, Jésus dit que ce Don c’est l’amour entre Lui et le Père qui vient habiter en nous. Et lorsque l’amour de Dieu habite en nous, nous devenons capables de nous ouvrir à nos frères, de vaincre nos rigidités, de surmonter la peur de ceux qui sont différents, d’éduquer les passions qui s’agitent en nous. Mais l’Esprit transforme aussi les dangers les plus cachés qui polluent nos relations, comme les malentendus, les préjugés, les instrumentalisations. Je pense aussi – avec beaucoup de douleur – lorsqu’une relation est infestée par la volonté de dominer l’autre, une attitude qui débouche souvent sur la violence, comme le montrent malheureusement les nombreux cas récents de féminicide.

Le Saint-Esprit, quant à lui, fait mûrir en nous les fruits qui nous aident à vivre des relations authentiques et bonnes : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23). De cette manière, l’Esprit élargit les frontières de nos relations avec les autres et nous ouvre à la joie de la fraternité. Et cela est également un critère décisif pour l’Église : nous ne sommes vraiment l’Église du Ressuscité et les disciples de la Pentecôte que s’il n’y a ni frontières ni divisions entre nous, si, dans l’Église, nous savons dialoguer et nous accueillir mutuellement en intégrant nos différences ; si, en tant qu’Église, nous devenons un espace accueillant et hospitalier pour tous.

Enfin, l’Esprit ouvre également les frontières entre les peuples. À la Pentecôte, les Apôtres parlent la langue de ceux qu’ils rencontrent et le chaos de Babel est enfin apaisé par l’harmonie produite par l’Esprit. Lorsque le Souffle divin unit nos cœurs et nous fait voir dans l’autre le visage d’un frère, les différences ne deviennent plus une occasion de division et de conflit, mais un patrimoine commun dont nous pouvons tous tirer parti et qui nous met tous en chemin, ensemble, dans la fraternité.

L’Esprit brise les frontières et abat les murs de l’indifférence et de la haine, car “il nous enseigne tout” et “nous rappelle les paroles de Jésus” (cf. Jn 14,26) ; et, par conséquent, il enseigne, rappelle et grave avant tout dans nos cœurs le commandement de l’amour, que le Seigneur a placé au centre et au sommet de tout. Et là où il y a l’amour, il n’y a pas de place pour les préjugés, pour les distances de sécurité qui nous éloignent de notre prochain, pour la logique d’exclusion que nous voyons malheureusement émerger aussi dans les nationalismes politiques.

C’est précisément en célébrant la Pentecôte que le Pape François a fait remarquer qu’« aujourd’hui dans le monde, il y a beaucoup de discorde, beaucoup de divisions. Nous sommes tous reliés et pourtant nous nous trouvons déconnectés les uns des autres, anesthésiés par l’indifférence et opprimés par la solitude » (Homélie, 28 mai 2023). Les guerres qui agitent notre planète sont un signe tragique de tout cela. Invoquons l’Esprit d’amour et de paix, afin qu’il ouvre les frontières, abatte les murs, dissolve la haine et nous aide à vivre comme des enfants du seul Père qui est aux cieux.

Frères et sœurs, c’est la Pentecôte qui renouvelle l’Église et le monde ! Que le vent puissant de l’Esprit vienne sur nous et en nous, ouvre les frontières de notre cœur, nous donne la grâce de la rencontre avec Dieu, élargisse les horizons de l’amour et soutienne nos efforts pour construire un monde où règne la paix.

Que Marie Très Sainte, Femme de la Pentecôte, Vierge visitée par l’Esprit, Mère pleine de grâce, nous accompagne et intercède pour nous.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Consultez tous nos articles et la couverture du pape Léon XIV sur notre page :  slmedia.org/fr/pape-leon-xiv

Le cheminement fécond de la grossesse : Soyons des sentinelles de l’aurore

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Selon mon épouse, la grossesse dure 9 mois, afin que le couple ait suffisamment de temps pour se préparer à ce qui va lui arriver. C’est d’autant plus vrai quand on attend son premier enfant. Au cours des premiers mois, souvent accompagnés de nausées, il peut être difficile de comprendre qu’une nouvelle vie est en route. Puis la grossesse commence à se manifester et l’idée devient plus concrète. Voir son enfant pendant une échographie peut faire naître le sentiment indescriptible qu’une nouvelle personne est là, si petite et pourtant si réelle. Sereinement niché dans le ventre de sa mère, le bébé fait ses premiers pas dans notre cœur. C’est une période où l’on se prépare, où l’on observe et où l’on attend.

Au début de ce siècle marqué par un affolement général pour le passage à l’an 2000, le Pape Jean-Paul II a appelé les jeunes à être « les sentinelles d’une nouvelle d’espérance » à l’aube du troisième millénaire.

Une sentinelle est quelqu’un qui veille, comme les veilleurs du matin dans le livre du prophète Isaïe (21,11-12). Être une sentinelle de l’aube exige de la patience. La nuit est longue et l’obscurité peut sembler sans fin. Mais pour ceux qui guettent la lumière, la nuit apporte aussi un immense sentiment d’émerveillement et d’attente. Lorsque la lueur du nouveau jour apparaît à l’horizon, la promesse du matin fait éveiller la joie, progressivement.   

Dans les évangiles, Jésus parle de « veiller » comme d’une leçon clé pour ses disciples : guetter la venue de Dieu afin d’être prêts à l’accueillir dans nos vies. Cette même attitude spirituelle qui consiste à guetter la présence de Dieu s’applique également aux dons de Dieu dans nos vies. Quel plus beau cadeau Dieu pourrait-il faire à un homme et à une femme qu’un enfant ? 

Veiller sur l’enfant en chemin est un voyage du cœur pour les parents du bébé. Bien sûr, il y a beaucoup à préparer pour son arrivée – entre la poussette, le siège auto, le berceau et les vêtements. Mais il y a aussi une préparation plus profonde qui se déploie : se préparer à accueillir ce don de Dieu non seulement dans notre maison, mais aussi dans notre cœur. Il ne s’agit pas d’être « parfaitement prêt ». Après tout, qui pourrait l’être ? Mais nous pouvons demander à Dieu de préparer nos cœurs, de semer en nous la grâce d’aimer le nouvel enfant comme lui, avec tendresse et joie. 

À travers les hauts et les bas de la grossesse, il peut être utile de se rappeler ce dont il s’agit : accueillir l’enfant comme un cadeau précieux. Un enfant apporte une nouvelle espérance à un couple, à une famille, et même au monde : une nouvelle personne qui ouvre un nouvel horizon, un nouveau commencement pour l’humanité. Car chaque enfant est une étincelle d’espérance pour la grande famille humaine. 

Tant de couleurs remplissent le ciel du matin avant que les rayons du soleil ne s’élèvent au-dessus de l’horizon. Voir enfin le bébé face à face, le tenir dans ses bras, c’est le lever du soleil qu’il faut guetter. C’est l’aube d’une nouvelle vie. 

Christ, notre Aube, viens à nous dans les lueurs d’espérance que tu nous envoies, ces joies de la vie qui éclairent notre monde. Aide nous à garder nos yeux fixés sur l’horizon, jusqu’à ce que l’étoile du matin se lève dans nos cœurs. Amen.

Les intentions du Pape en janvier 2024

Rejoignez-nous en prière avec les intentions que nous confie le Pape François.

Pour le mois de janvier, nous prions avec le Pape pour le don de la diversité au sein de l’Église :

Prions pour que l’Esprit nous aide à reconnaître les divers charismes dans la communauté chrétienne et à découvrir la richesse des différentes traditions rituelles au sein de l’Église catholique.

Écoutez également la Video du Pape sur les intentions de janvier.

Nous ne devons pas craindre la diversité des charismes au sein de l’Église. Au contraire, nous devrions nous réjouir de vivre cette diversité.

Au sein des premières communautés chrétiennes, la diversité et l’unité étaient déjà très présentes et dans une tension qui devait être résolue à un niveau supérieur.

Plus encore. Pour avancer sur le chemin de la foi, nous avons également besoin du dialogue œcuménique avec nos frères et sœurs des autres confessions et communautés chrétiennes.  

Non pas comme quelque chose qui nous déroute ou nous dérange, mais comme un don que Dieu fait à la communauté chrétienne afin qu’elle puisse grandir comme un seul corps, le corps du Christ.

Pensons, par exemple, aux Églises orientales. Elles ont leurs propres traditions, leurs propres rites liturgiques qui les caractérisent, mais elles maintiennent l’unité de la foi, la renforcent et ne la divisent pas.

Si nous sommes guidés par l’Esprit Saint, la richesse, la variété et la diversité ne mènent jamais au conflit. 

L’Esprit nous rappelle que nous sommes avant tout les enfants bien-aimés de Dieu. Tous égaux dans l’amour de Dieu et tous différents.

Prions pour que l’Esprit nous aide à reconnaître les divers charismes dans la communauté chrétienne et à découvrir la richesse des différentes traditions rituelles au sein de l’Église catholique.

 

Prière quotidienne

Vous pouvez accompagner l’intention de prière du Pape par cette prière d’offrande quotidienne:

Dieu, notre Père, je t’offre toute ma journée.

Je t’offre mes prières, pensées,
paroles, actions, joies
et souffrances en union avec
ton Fils Jésus-Christ
qui continue à s’offrir à toi
dans l’Eucharistie pour le salut du monde.

Que l’Esprit Saint
qui a guidé Jésus,
soit mon guide et ma force
aujourd’hui pour que je puisse témoigner de ton amour.

Avec Marie,
la mère du Seigneur et de l’Église,
je prie spécialement aux intentions
que le Saint-Père recommande
à la prière de tous les fidèles pour ce mois.

Pour en apprendre plus sur l’Apostolat de la Priere, visitez le site du Réseau Mondial de la Prière.

 

Cliquez ici pour lire d’autres billets de blogues concernant les intentions du Pape.

Les intentions du Pape pour le mois de décembre 2023

Rejoignez-nous en prière avec les intentions que nous confie le Pape François.

Pour le mois de décembre, nous prions avec le Pape pour les personnes en situation de handicap :

Prions afin que les personnes en situation de handicap bénéficient de l’attention de la société et que les institutions promeuvent des programmes d’inclusion pour leur participation active.

Écoutez également la Video du Pape sur les intentions de décembre.

Parmi les plus vulnérables d’entre nous, figurent les personnes en situation de handicap.
Certaines d’entre elles souffrent rejet fondé sur l’ignorance o sur des préjugés, ce qui les conduit à être marginalisées.
Les institutions civiles doivent soutenir leurs projets en leur donnant accès à l’éducation, à un emploi et à des espaces où exprimer leur créativité.
Il faut des programmes et des initiatives qui favorisent l’inclusion.
Nous avons surtout besoin de grands cœurs qui aient la volonté de les accompagner.
Nous devons changer un peu notre mentalité pour nous ouvrir aux contributions et aux talents de ces personnes aux capacités différentes, aussi bien dans la société que dans la vie de l’Église.
Ainsi, créer une paroisse pleinement accessible ne signifie pas seulement supprimer les barrières physiques, mais également assumer le fait que nous devons cesser de parler d’ « eux » et commencer à parler de « nous ».
Prions afin que les personnes en situation de handicap bénéficient de l’attention de la société et que les institutions promeuvent des programmes d’inclusion pour leur participation active.

 

Prière quotidienne

Vous pouvez accompagner l’intention de prière du Pape par cette prière d’offrande quotidienne:

Dieu, notre Père, je t’offre toute ma journée.

Je t’offre mes prières, pensées,
paroles, actions, joies
et souffrances en union avec
ton Fils Jésus-Christ
qui continue à s’offrir à toi
dans l’Eucharistie pour le salut du monde.

Que l’Esprit Saint
qui a guidé Jésus,
soit mon guide et ma force
aujourd’hui pour que je puisse témoigner de ton amour.

Avec Marie,
la mère du Seigneur et de l’Église,
je prie spécialement aux intentions
que le Saint-Père recommande
à la prière de tous les fidèles pour ce mois.

Pour en apprendre plus sur l’Apostolat de la Priere, visitez le site du Réseau Mondial de la Prière.

 

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Les intentions du Pape en août 2023

Rejoignez-nous en prière avec les intentions que nous confie le Pape François.

Pour le mois de août, nous prions avec le Pape pour les Journées Mondiales de la Jeunesse. :

Prions afin que les Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne aident les jeunes à se mettre en chemin, en témoignant de l’Évangile par leur vie.

Écoutez également la Video du Pape sur les intentions de août.

Quand je vais à l’église, dans mon quartier, je ne vois que des personnes âgées. Est-ce que maintenant l’Église n’est faite que pour les personnes âgées ? 

L’Église n’est pas un club pour le troisième âge, pas plus qu’un club de jeunes. Si elle devient un club de personnes âgées, elle mourra. Saint Jean-Paul II a déclaré que si l’on vit avec des jeunes, on devient jeune, et l’Église a besoin de jeunes pour ne pas vieillir.

Cher Pape François, pourquoi avez-vous choisi comme devise de ces JMJ « Marie se leva, et s’en alla en hâte » ?

Parce que Marie, dès qu’elle sait qu’elle va être la mère de Dieu, ne reste pas là à se faire un selfie ou à se vanter. La première chose qu’elle fait, c’est de s’élancer, en toute hâte, pour servir et pour aider. Vous aussi vous devez apprendre, comme elle l’a fait, à vous mettre en chemin pour aider les autres.

Qu’attendez-vous des JMJ de Lisbonne ?

J’aimerais voir à Lisbonne un germe du monde de demain. Un monde où l’amour est au centre, où nous pouvons nous sentir frères et sœurs. Nous sommes en guerre et nous avons tous besoin d’autre chose. D’un monde qui ne craint pas de témoigner de l’Évangile. Un monde où il y a de la joie, parce que si nous, chrétiens, n’avons pas de joie, nous ne sommes pas crédibles et personne ne nous croit.

Prions afin que les Journées Mondiales de la Jeunesse de Lisbonne nous aident, nous les jeunes, à nous mettre en chemin, en témoignant de l’Évangile par notre propre vie.

 

Prière quotidienne

Vous pouvez accompagner l’intention de prière du Pape par cette prière d’offrande quotidienne:

Dieu, notre Père, je t’offre toute ma journée.

Je t’offre mes prières, pensées,
paroles, actions, joies
et souffrances en union avec
ton Fils Jésus-Christ
qui continue à s’offrir à toi
dans l’Eucharistie pour le salut du monde.

Que l’Esprit Saint
qui a guidé Jésus,
soit mon guide et ma force
aujourd’hui pour que je puisse témoigner de ton amour.

Avec Marie,
la mère du Seigneur et de l’Église,
je prie spécialement aux intentions
que le Saint-Père recommande
à la prière de tous les fidèles pour ce mois.

Pour en apprendre plus sur l’Apostolat de la Priere, visitez le site du Réseau Mondial de la Prière.

 

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Homélie du pape François lors de la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées

 

Le dimanche 23 juillet 2023, 16e dimanche du temps ordinaire, le pape François a prononcé l’homélie de la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées en la basilique Saint-Pierre.

Voici le texte intégral de l’homélie :

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées
16e dimanche du temps ordinaire
Dimanche, 23 juillet 2023

Pour nous parler du royaume de Dieu, Jésus utilise des paraboles. Il raconte des histoires simples qui touchent le cœur de celui qui écoute. Ce langage rempli d’images ressemble à celui que les grands-parents utilisent souvent avec leurs petits-enfants, peut-être en les prenant sur leurs genoux : ils transmettent de cette manière une sagesse importante pour la vie. En pensant aux grands-parents et aux personnes âgées, racines dont les plus jeunes ont besoin pour devenir adultes, je voudrais relire les trois récits de l’Évangile d’aujourd’hui en partant d’un aspect qu’ils ont en commun : grandir ensemble.

Dans la première parabole, ce sont le bon grain et l’ivraie qui poussent ensemble, dans le même champ (cf. Mt 13, 24-30). C’est une image qui nous aide à faire une lecture réaliste : Dans l’histoire de l’humanité, comme dans la vie de chacun, coexistent ombres et lumières, amour et égoïsme. Le bien et le mal s’entremêlent au point d’apparaître inséparables. Cette approche réaliste nous aide à regarder l’histoire sans idéologies, sans optimismes stériles ni pessimismes néfastes. Le chrétien habité par l’espérance de Dieu n’est pas un pessimiste, mais il n’est pas non plus un naïf qui vit dans un monde de fables, qui fait semblant de ne pas voir le mal et qui dit que « tout va bien ». Non, le chrétien est réaliste : il sait qu’il y a du bon grain et de l’ivraie dans le monde, et il regarde en lui-même, reconnaissant que le mal ne vient pas seulement « de l’extérieur », que ce n’est pas toujours la faute des autres, qu’il n’y a pas besoin de « s’inventer » des ennemis à combattre pour éviter de faire la lumière en soi-même. Il se rend compte que le mal vient de l’intérieur, de la lutte intérieure que nous menons tous.

Mais la parabole nous pose une question : lorsque nous voyons le bon grain et l’ivraie coexister dans le monde, que devons-nous faire ? Comment devons-nous nous comporter ? Dans le récit, les serviteurs voudraient arracher l’ivraie immédiatement (cf. v. 28). Cette attitude est bien intentionnée, mais impulsive voire agressive. On s’illusionne sur le fait que l’on pourrait arracher le mal par ses propres forces pour faire la pureté. C’est une tentation qui revient souvent : une « société pure », une « Église pure » mais, pour atteindre cette pureté, l’on risque d’être impatient, intransigeant, voire violent à l’égard de ceux qui sont tombés dans l’erreur. Alors, avec l’ivraie, on arracherait aussi le bon grain et on empêcherait les gens de se frayer un chemin, de grandir, de changer. Écoutons plutôt ce que dit Jésus : « Laissez pousser ensemble le bon grain et l’ivraie jusqu’au moment de la moisson » (cf. Mt 13, 30). Qu’il est beau ce regard de Dieu, cette pédagogie miséricordieuse qui nous invite à être patient avec les autres, à accueillir – dans la famille, dans l’Église et dans la société – les fragilités, les retards et les limites : non pas pour s’y habituer avec résignation ni pour les justifier, mais pour apprendre à intervenir avec respect, en continuant à prendre soin du bon grain avec douceur et patience. En se rappelant toujours une chose : la purification du cœur et la victoire définitive sur le mal sont essentiellement l’œuvre de Dieu. Et nous, surmontant la tentation de séparer le bon grain de l’ivraie, nous sommes appelés à comprendre quels sont les manières et les moments les meilleurs pour agir.

Je pense aux personnes âgées et aux grands-parents, qui ont déjà parcouru un long chemin dans la vie et qui, s’ils regardent en arrière, voient beaucoup de belles choses qu’ils ont réussies à accomplir, mais aussi des défaites, des erreurs, des choses pour lesquelles – comme on dit –  « si c’était à refaire, je ne le referais pas ». Mais aujourd’hui, le Seigneur nous rejoint de sa douce parole qui nous invite à accueillir le mystère de la vie avec sérénité et patience, à Lui laisser le jugement, à ne pas vivre de regrets et de remords. Comme s’Il voulait nous dire : « Regardez le bon grain qui a germé sur le chemin de votre vie et faites-le grandir encore, en me confiant tout, à moi qui pardonne toujours : à la fin, le bien sera plus fort que le mal ». La vieillesse est un temps béni aussi pour cette raison: elle est la saison pour se réconcilier, pour regarder avec tendresse la lumière qui a progressé malgré les ombres, dans l’espérance confiante que le bon grain semé par Dieu l’emportera sur les mauvaises herbes avec lesquelles le démon a voulu infester notre cœur.

Voyons maintenant la deuxième parabole. Le Royaume des cieux, dit Jésus, est l’œuvre de Dieu qui agit silencieusement dans les trames de l’histoire, au point de paraître une chose petite et invisible, comme une minuscule graine de moutarde. Mais « quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches » (Mt 13, 32). Il en est ainsi également de notre vie, frères et sœurs : nous venons au monde petits, nous devenons adultes, puis âgés ; nous sommes au début une petite graine, puis nous nous nourrissons d’espérances, nous réalisons des projets et des rêves dont le plus beau est de devenir comme cet arbre qui ne vit pas pour lui-même mais pour faire de l’ombre à ceux qui le désirent et pour offrir un lieu à ceux qui veulent y construire leur nid. C’est ainsi que, dans cette parabole, le vieil arbre et les oiseaux grandissent ensemble.

Je pense aux grands-parents : qu’ils sont beaux ces arbres luxuriants sous lesquels les enfants et les petits-enfants font leur propre « nid », apprennent l’ambiance d’un foyer et connaissent la tendresse d’une étreinte. Il s’agit de grandir ensemble : l’arbre verdoyant et les petits qui ont besoin du nid, les grands-parents avec leurs enfants et leurs petits-enfants, les personnes âgées avec les plus jeunes. Frères et sœurs, nous avons besoin d’une nouvelle alliance entre les jeunes et les anciens, pour que la sève de ceux qui ont une longue expérience de la vie derrière eux irrigue les pousses d’espérance de ceux qui grandissent. Dans cet échange fécond, nous apprenons la beauté de la vie, nous créons une société fraternelle et, dans l’Église, nous permettons la rencontre et le dialogue entre la tradition et la nouveauté de l’Esprit.

Enfin, la troisième parabole, où le levain et la farine croissent ensemble (cf. Mt 13, 33). Ce mélange fait croître toute la pâte. Jésus utilise précisément le verbe « mélanger », qui rappelle cet art qui est « la mystique de vivre ensemble, de se mélanger, de se rencontrer, de se prendre dans les bras », et de « sortir de soi-même pour s’unir aux autres » (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 87). Cela permet de vaincre les individualismes et les égoïsmes, et aide à générer un monde plus humain et plus fraternel. Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous invite à veiller à ce que, dans nos vies et dans nos familles, nous ne marginalisions pas les personnes âgées. Veillons à ce que nos villes surpeuplées ne deviennent pas des  « concentrations de solitude » ; que la politique, appelée à pourvoir aux besoins des plus fragiles, n’oublie pas les personnes âgées, laissant le marché les reléguer au rang de « déchets improductifs ». Qu’à force de poursuivre à toute vitesse les mythes de l’efficacité et de la performance, nous ne devenions pas incapables de ralentir pour accompagner ceux qui peinent à suivre. De grâce, mélangeons-nous, grandissons ensemble.

Frères et sœurs, la Parole divine nous invite à ne pas nous séparer, à ne pas nous renfermer, à ne pas penser que nous pouvons y arriver seuls, mais à grandir ensemble. Écoutons-nous les uns les autres, dialoguons, soutenons-nous réciproquement. N’oublions pas les grands-parents et les personnes âgées : par une caresse de leur part, nous avons été relevés à maintes reprises, nous avons repris la route, nous nous sommes sentis aimés, nous avons été guéris intérieurement. Ils se sont sacrifiés pour nous et nous ne pouvons pas les retirer de l’agenda de nos priorités. Grandissons ensemble, avançons ensemble : que le Seigneur bénisse notre voyage.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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