Audience générale du pape François – mercredi 13 mars 2024

Saints Cyrille, Catherine de Sienne, Méthode, Brigitte de Suède, Benoît de Nursie et Thérèse-Bénédicte de la Croix. Wikimedia Commons

Aujourd’hui, lors de l’audience générale, le pape François a réfléchi à la vertu et au fait qu’elle est un « habitus de liberté ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Après ce tour d’horizon des vices, il est temps de se tourner vers l’image symétrique, qui est à l’opposé de l’expérience du mal. Le cœur humain peut se laisser aller à des passions mauvaises, il peut céder à des tentations néfastes déguisées sous des atours persuasifs, mais il peut aussi s’opposer à tout cela. Aussi laborieux que cela puisse être, l’être humain est fait pour le bien, qui le comble vraiment, et il peut aussi pratiquer cet art, en faisant en sorte que certaines dispositions deviennent permanentes en lui. La réflexion sur cette merveilleuse possibilité qui est la nôtre constitue un chapitre classique de la philosophie morale : le chapitre des vertus.

Les philosophes romains l’appelaient virtus, les grecs aretè. Le terme latin souligne avant tout que la personne vertueuse est forte, courageuse, capable de discipline et d’ascèse ; l’exercice de la vertu est donc le fruit d’une longue germination, qui exige des efforts et même des souffrances. Le mot grec aretè, quant à lui, indique quelque chose qui excelle, qui se distingue, qui suscite admiration. La personne vertueuse est donc celle qui ne se dénature pas en se déformant, mais qui est fidèle à sa vocation, qui se réalise pleinement elle-même.

Nous ferions fausse route si nous pensions que les saints sont des exceptions de l’humanité : une sorte de cercle étroit de champions qui vivent au-delà des limites de notre espèce. Les saints, dans cette perspective que nous venons d’introduire sur les vertus, sont au contraire ceux qui deviennent pleinement eux-mêmes, qui réalisent la vocation propre à tout homme. Quel monde heureux ce serait si la justice, le respect, la bienveillance réciproque, la largeur d’esprit et l’espérance étaient la normalité partagée, et non pas une rare anomalie ! C’est pourquoi le chapitre sur la conduite vertueuse, en ces temps dramatiques où nous sommes souvent confrontés au pire de l’humain, devrait être redécouvert et pratiqué par tous. Dans un monde déformé, nous devons nous souvenir de la forme dans laquelle nous avons été façonnés, de l’image de Dieu qui est imprimée en nous pour toujours.

Mais comment définir le concept de vertu ? Le Catéchisme de l’Église Catholique nous offre une définition précise et concise : « La vertu est une disposition habituelle et ferme à faire le bien » (n° 1803). Il ne s’agit donc pas d’un bien improvisé et quelque peu aléatoire qui tomberait du ciel de manière épisodique. L’histoire nous apprend que même des criminels, dans un moment de lucidité, ont accompli des actes bons ; certainement, ces actes sont inscrits dans le « livre de Dieu », mais la vertu est une autre chose. C’est un bien qui provient d’une lente maturation de la personne, jusqu’à en constituer une caractéristique intérieure. La vertu est un habitus de liberté. Si nous sommes libres dans chaque acte, et chaque fois que nous sommes appelés à choisir entre le bien et le mal, la vertu est ce qui nous permet d’avoir un habitus vers le bon choix.

Si la vertu est un si beau cadeau, une question se pose immédiatement : comment est-il possible de l’acquérir ? La réponse à cette question n’est pas simple, elle est complexe.

Pour le chrétien, le premier secours est la grâce de Dieu. En effet, l’Esprit Saint agit en nous qui avons été baptisés, en travaillant dans notre âme pour la conduire à une vie vertueuse. Combien de chrétiens sont arrivés à la sainteté à travers les larmes, en réalisant qu’ils n’arrivaient pas à surmonter certaines faiblesses ! Mais ils ont fait l’expérience que Dieu a achevé cette bonne œuvre qui n’était pour eux qu’une esquisse. La grâce précède toujours notre engagement moral.

En outre, nous ne devons jamais oublier la très riche leçon de la sagesse des anciens, qui nous dit que la vertu grandit et peut être cultivée. Et pour cela, le premier don de l’Esprit à demander est précisément la sagesse. L’être humain n’est pas un territoire libre pour la conquête des plaisirs, des émotions, des instincts, des passions, sans pouvoir rien faire contre ces forces parfois chaotiques qui l’habitent. Un don inestimable que nous possédons est l’ouverture d’esprit, c’est la sagesse qui sait apprendre de ses erreurs pour bien diriger sa vie. Il faut ensuite la bonne volonté : la capacité de choisir le bien, de nous modeler nous-même par l’exercice ascétique, en évitant les excès.

Chers frères et sœurs, commençons donc notre voyage à travers les vertus, dans cet univers serein qui est un défi, mais qui est décisif pour notre bonheur.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Qu’est-ce qu’un Jubilé ?

Le pape François ouvre la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre pour inaugurer l’Année jubilaire extraordinaire de la miséricorde 2016.

Dans le dernier épisode de béatitude, nous nous sommes demandés : qu’est-ce qu’un jubilé ?

En préparation de l’année jubilaire de 2025, le pape François a fait de 2024 une année de prière. 

Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un jubilé ? 

Le Jubilé trouve ses racines dans l’Ancien Testament. La Torah stipule que tous les 50 ans, une année jubilaire devait être célébrée, au cours de laquelle les captifs sont libéréses, les dettes remises et la terre laissée en jachère. 

Dans la tradition juive, ces années jubilaires permettaient d’éviter la concentration des richesses et l’asservissement des personnes à cause des dettes. Elles symbolisaient également une période de renouveau, de liberté et d’égalité au sein de la communauté, soulignant les principes de justice, de compassion et de sauvegarde de la terre. C’était comme un sabbat qui durait un an entier, un temps béni par le Seigneur.

Dans l’Église catholique, un jubilé ou une « année sainte » est un temps de grâce. A travers l’histoire, ces années spéciales ont été déclarées pour aider les fidèles à se concentrer davantage sur le pardon, la réconciliation et le salut.

Le premier jubilé a été déclaré par le pape Boniface VIII en l’an treize-cent, pour marquer le début de ce siècle-là. Il a ensuite déclaré qu’un jubilé serait célébré tous les 100 ans.  Deux siècles plus tard, le pape Paul II a porté la fréquence des années jubilaires à 50 ans, puis le pape Sixte IV les a rendues encore plus fréquentes, tous les 25 ans. 

Des jubilés peuvent aussi être déclarés pour des occasions dites « extraordinaires », comme le dernier jubilé, l’Année de la miséricorde, proclamée par le pape François en 2015-2016, 50 ans après la conclusion du concile Vatican II.

On peut se souvenir également du grand jubilé proclamé en l’an 2000 par saint Jean-Paul II pour marquer le début du troisième millénaire. 

Le thème du Jubilé de 2025 est « Pèlerins d’espérance » : une année pour marcher ensemble dans la confiance au milieu d’un monde qui souffre de la guerre, des conséquences de la pandémie du COVID-19 et de la crise climatique qui menace la terre, notre maison commune. 

Pour marquer le début d’une année sainte, le pape ouvrira la porte sainte de la basilique Saint-Pierre la veille de Noël 2024. Les portes saintes resteront ouvertes jusqu’à la fin du Jubilé, offrant aux fidèles la possibilité de s’y rendre en pèlerinage et d’obtenir des grâces spéciales, à Rome et dans divers endroits à travers le monde, dont la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec.

Pour préparer nos cœurs à ce Jubilé, le Pape François nous invite à prier. 2024 est un temps pour redécouvrir la prière comme une rencontre privilégiée avec le Christ, qui donne un nouvel horizon à notre vie. C’est aussi un temps pour encourager la prière quotidienne, en lisant la Bible, en priant le chapelet, en parlant à Dieu comme à un ami. On peut également prier ensemble, en recevant les sacrements, en nous ressourçant à la messe et en créant des petits groupes de partage. 

Selon Mgr Rino Fisichella, du Dicastère pour l’évangélisation du Vatican, cette Année de la prière est une occasion pour les croyants de renforcer leur relation avec Dieu, « offrant des moments de véritable repos spirituel », « comme une oasis à l’abri du stress quotidien où la prière devient une nourriture pour la vie chrétienne de foi, d’espérance et de charité ».

Pour plus d’informations, visitez le site du Jubilé : www.giubileo-2025.it/fr  

Unissons-nous dans la prière pour cheminer ensemble dans l’espérance.

 

Témoignages de Lourdes : entre le voyage familial et le pèlerinage

Statue de la Vierge couronnée de Lourdes. © Sel + Lumière Média, 2023

Chaque fois que je visite ma famille en France, je consacre une journée pour aller visiter Notre-Dame de Lourdes dans la région de Pau. C’est un pèlerinage que je trouve essentiel et qui m’aide à me ressourcer spirituellement. En fait, ça me permet de porter une réflexion sur ma vie chrétienne et me remplir de paix intérieure.

Lourdes est une petite ville nichée au pied des majestueuses montagnes des Pyrénées et comprend le site miraculeux où la sainte Vierge est apparue dix-huit fois à Bernadette Soubirous en 1858 (devenue sainte et canonisée le  8 décembre 1933 à la place Saint-Pierre au Vatican, par le pape Pie XI). Précisément dans la grotte de Massabielle qui est devenue un lieu de pèlerinage des fidèles de partout dans le monde. Cette destination est bien plus qu’une simple visite. Dans cette cité des souvenirs profonds sont gardés à l’intérieur de moi et m’accompagnent jusqu’à la visite suivante. En fait, j’ai visité Notre-Dame de Lourdes quatre fois.Chaque fois, je pensais que ma visite va être ordinaire puisque l’endroit est déjà vu ; je me surprends à savoir que c’est le contraire qui se passe. Je ressentais comme si j’étais à ma première visite, toujours éblouie, émerveillée et envahie par les mêmes sentiments.

Lourdes est un lieu de refuge pour les malades du monde entier. Chaque jour, des milliers de personnes affligées par des maux physiques et spirituels convergent vers la ville, espérant trouver réconfort et guérison. Les sanctuaires dédiés à la Vierge Marie offrent un espace de prière et de méditation où l’espérance transcende la douleur, créant une atmosphère de solidarité et de compassion. Je trouvais cela impressionnant quand, par hasard, ma visite coïncida avec les cérémonies de bénédictions des quelques dizaines de milliers de malades qui occupèrent toutes les places du site, tous en même temps. Nous citons : des célébrations liturgiques, des processions et des moments de recueillement, qui prennent place,  avec autant de monde dans le respect et le silence.

Je me sens bénie et privilégiée d’avoir eu la chance de visiter cet endroit que beaucoup de personnes rêvent d’y aller au moins une fois dans leur vie. Lourdes est un des cinq sites religieux les plus visités au monde par les catholiques.

Pour les touristes religieux, Lourdes offre un espace propice à la méditation et à la contemplation. La ville devient ainsi un lieu de ressourcement où l’âme se régénère. Un lieu où les personnes malades cherchent à vivre un miracle de guérison. 

La visite en été ressemble à une grande manifestation de milliers de malades arrivant en transport adapté pour assister aux prières soit à l’extérieur dans la grande place devant l’église, soit à l’intérieur de l’église ou devant la grotte. Les lieux se remplissent et chacun sent qu’il est interpellé. L’image se répète tous les jours avec les visites des pèlerins qui viennent de partout.

Le passage devant la grotte où la Vierge Marie apparaissait à sainte Bernadette est une station très importante. Il faut respecter la file d’entrée dans ce lieu sacré. Tout le monde est silencieux et se voit attiré par la splendeur et le côté mystique des lieux.. 

Après la visite de la grotte, chaque pèlerin choisit un cierge de deux mètres de longueur, qui pourrait parfois être porté par deux personnes. Il ne faut pas oublier l’eau bénite de Lourdes, une eau de source, considérée comme miraculeuse, et beaucoup croient en ses pouvoirs de guérison. Souvent les pèlerins en prennent plusieurs bouteilles pour les distribuer à leurs familles et amis, à leur retour du pèlerinage pour recevoir une bénédiction.

Lors de leur visite, les touristes se dirigent vers la grotte de Lourdes et doivent se rappeler que le site contient l’église de la Basilique du Rosaire, un chef-d’œuvre architectural qui témoigne de la dévotion des fidèles. L’atmosphère à l’intérieur évoque la sérénité, incitant les visiteurs à la contemplation et à la réflexion. 

La splendeur de Lourdes ne se limite pas à ses lieux sacrés. Les paysages des montagnes majestueuses qui encadrent la ville. Ainsi que les centaines de boutiques de souvenirs qui bordent les rues avoisinantes où le choix d’articles religieux est illimité. Souvent je pense aux personnes pour lesquelles mon petit souvenir de Lourdes va faire plaisir. Je sors toujours de là, avec une dizaine de chapelets et de petits articles à distribuer à plus de monde possible, comme une missionnaire.

Quoique je n’ai jamais été dans un hôtel de Lourdes, mais il y en a plusieurs qui s’offrent, pour ceux qui veulent passer quelques jours, pour une retraite spirituelle. Oups ! C’est une très bonne idée pour ma prochaine visite. Pourquoi ne pas essayer une telle expérience ?

Chaque visite à Lourdes est pour moi une nouvelle découverte. Un lieu unique où la foi, le lien familial et la beauté naturelle convergent pour créer une expérience inoubliable, marquée par la paix intérieure, la joie et la guérison.

Je souhaite à toute personne, qui veut faire un pèlerinage pour renouveler sa foi et pour vivre une expérience spirituelle profonde et exceptionnelle, de visiter Notre-Dame de Lourdes en France.

De nombreux pèlerins prient le Chapelet ensemble à Lourdes ! À partir du 11 février, Sel et Lumière diffuse la prière du chapelet de Lourdes tous les jours. Priez avec nous le chapelet du lundi au dimanche à 16 h 30 (heure de l’Est) / 22 h 30 (heure de Paris) sur Sel + Lumière TV.

Du Liban au monde : les maronites au-delà des frontières

Saint Maroun et ses disciples. Le tableau se trouve dans l’église paroissale Saint Maroun de Jazzine au Liban. Commons Wikipedia.

Découvrez l’héritage culturel et spirituel des Maronites, voyageant de leurs racines au Liban vers les horizons du monde, façonnant ainsi une histoire riche et diversifiée.

Qui sont les maronites?

Les Maronites ont une histoire riche et ancienne, enracinée dans les montagnes du Liban, au Moyen-Orient. Leur origine remonte aux premiers siècles du christianisme, et leur nom est dérivé du moine Saint Maron ou « Maroun », un ermite qui a fondé un monastère sur la montagne de Naboau Vème siècle, qui est devenu le « Père des Maronites » et qu’on fête aujourd’hui le 9 février. 

Au fil du temps, les adeptes de la foi de saint Maron se sont organisés en une communauté distincte, les Maronites, adoptant une forme particulière du christianisme oriental, fortement influencée par les traditions syriaques et antiochiennes mais en communion avec l’Église Romaine. Les Maronites ont traversé des périodes tumultueuses, souvent confrontés à des défis politiques et religieux dans la région du Levant. Malgré ces difficultés, leur attachement à leur foi et à leurs racines culturelles a perduré, façonnant l’identité maronite au fil des siècles et s’étendant aujourd’hui bien au-delà des frontières du Moyen-Orient, avec une expansion significative en Amérique du Nord et surtout au Canada. 

La communauté maronite à travers le monde

Quoi que l’église mère des maronites est au Liban représentée par le Patriarcat Maronite, des maronites vivent aussi en Syrie, en Égypte et d’autres pays du Moyen-Orient.

Les Maronites ont établi des communautés dynamiques partout dans le monde, en Amérique, en Australie, en Europe et en Afrique avec une présence significative qui continue de se développer au fil des ans. 

Au Canada, en particulier, la communauté maronite a connu une croissance remarquable, reflétant le phénomène de l’expansion qui a vu de nombreux membres de cette tradition religieuse s’installer dans ce vaste pays. Les premières vagues d’immigration maronite au Canada remontent aux XIXe et XXe siècles, lorsque des familles ont fui les troubles politiques et religieux au Moyen-Orient. Au fil du temps, ces communautés ont prospéré, érigeant des églises et des centres communautaires qui sont devenus des piliers de la vie maronite au Canada. Les Maronites canadiens ont maintenu avec dévotion leur identité culturelle et religieuse, organisant des célébrations annuelles, des événements culturels et des activités caritatives qui renforcent les liens communautaires.

Les Maronites canadiens

Les nouvelles générations de Maronites canadiens sont de plus en plus impliquées dans la vie sociale et économique du pays, tout en conservant un lien fort avec leur pays d’origine. Les églises maronites, disséminées à travers les provinces canadiennes, sont des points de rassemblement essentiels, offrant un lieu de culte et des espaces pour maintenir les traditions. De plus, des initiatives éducatives et culturelles ont émergé pour transmettre l’héritage maronite aux jeunes générations, garantissant ainsi la continuité et la vitalité de cette communauté dans le tissu multiculturel du Canada. 

Les jeunes maronites se réunissent une fois par an lors d’une convention qui les rassemble d’un océan à l’autre. Cette année cette convention aura lieu à Ottawa du 17 au 20 mai sous le thème : « Enracinés dans le Christ et dans nos traditions »

Ainsi, les Maronites en Amérique du Nord, et tout particulièrement au Canada, continuent de prospérer en édifiant un pont entre leur passé ancien et les opportunités offertes par leur nouvelle patrie.

Pour en savoir plus sur les Maronites au Canada visitez leur site :  maronitescanda.ca. Et pour voir les célébrations de la fête de saint Maron et les activités de cette communauté, cliquez ici.

Le miracle de la naissance face à l’infertilité

Voici le témoignage de notre réalisateur Khoi qui après 11 ans de mariage et d’attente a reçu la grâce d’accueillir son premier enfant peu après Noël 2022. Bonne écoute !

Qu’est-ce que la conversation dans l’Esprit ? Une méthode porteuse pour une Église synodale

Photo iStock par VictoriaBar

Depuis le début de ce processus synodal en 2021, les « conversations spirituelles », également connues sous le nom de « conversations dans l’Esprit », sont apparues comme une méthode à suivre sur le chemin de la synodalité.

Qu’entend-on exactement par « conversations spirituelles » ou « conversations dans l’Esprit » ?

Les conversations dans l’Esprit ne sont pas simplement un « échange générique d’idées, mais une dynamique dans laquelle la parole prononcée et entendue génère une familiarité, permettant aux participants de se rapprocher les uns des autres » (Instrumentum laboris, no. 33). Le fait qu’elles soient « dans l’Esprit » signifie que nous voulons que le véritable protagoniste soit l’Esprit Saint : c’est lui qui nous unit dans la communion, qui nous envoie en mission et qui nous guide ensemble vers la plénitude du Christ. En ayant des conversations dans l’Esprit, nous cherchons à écouter la voix de Dieu qui nous parle à travers l’Esprit Saint, alors qu’il ouvre progressivement nos cœurs et nos esprits à ce qu’il a à nous dire. Nous pouvons penser aux disciples sur la route d’Emmaüs, qui allaient de l’avant en parlant les uns avec les autres. Puis Jésus est venu les rejoindre, leur demandant de quoi ils parlaient. Plus tard dans la nuit, une fois qu’ils ont réalisé que c’était Jésus qui marchait avec eux sur le chemin, ils se rendent compte que leurs cœurs étaient brûlants pendant qu’il leur parlait sur la route. Les conversations dans l’Esprit font brûler nos cœurs et nous donnent envie de partager le feu de l’Esprit Saint avec tous nos frères et sœurs !

Cette méthode des « conversations dans l’Esprit » a été proposée à tous les catholiques du monde il y a deux ans, dans les premières phases de ce Synode. Peut-être avez-vous vous-même participé aux sessions d’écoute qui se sont tenues dans les paroisses et les diocèses du monde entier. Tout au long de ces deux années, d’innombrables hommes et femmes ont goûté à la riche expérience de la parole et du partage spirituel, guidés par l’Esprit Saint. Les « conversations dans l’Esprit » sont également l’approche adoptée par l’Assemblée synodale de Rome, qui a rassemblé plus de 450 participants de tous les continents pour s’écouter les uns les autres et entendre ce que l’Esprit Saint a à leur dire au cours d’un mois entier passé ensemble dans la prière, la réflexion et le partage. 

À maintes reprises, le pape François nous a rappelé qu’un synode n’est pas un parlement. Il ne s’agit pas de prendre parti, d’être partisan ou de se diviser en factions politiques. Les synodes sont des espaces privilégiés de discernement, où l’Esprit Saint est présent et à l’œuvre tandis que nous nous réunissons et nous écoutons les uns les autres. En ce sens, un synode ressemble au Cénacle où Jésus a réuni ses disciples et où il a envoyé l’Esprit Saint sur eux à la Pentecôte. Les apôtres n’étaient pas des politiciens. Ils étaient des personnes qui essayaient de suivre Jésus, tombant souvent à cause de leur fragilité humaine, mais aussi guidées et soutenues par la puissance constante de l’Esprit Saint, dont la force est rendue parfaite dans notre faiblesse.

Dans notre propre vie, nous pouvons inviter l’Esprit Saint à venir et à être le protagoniste principal de nos propres conversations. Les réunions dans nos paroisses ou sur nos lieux de travail, ou les discussions entre conjoints, peuvent devenir des lieux où nous demandons à l’Esprit Saint de venir nous rejoindre, de nous conduire plus profondément dans l’amour et l’unité, de nous inspirer de la sagesse et de nous aider à dépasser les faiblesses et les blessures qui menacent de nous diviser. N’ayez pas peur d’en faire l’expérience ! Invitez l’Esprit Saint dans vos conversations ; enracinez vos conversations en Dieu. Avoir des conversations dans l’Esprit nous ouvre un espace, une atmosphère spirituelle à respirer profondément, où le vrai discernement peut se déployer afin que nous puissions avancer ensemble. Mais les conversations dans l’Esprit ne se terminent pas une fois que nous avons fini de parler les uns avec les autres. Au contraire, elles nous indiquent souvent « une direction précise, souvent inattendue », à prendre (Instrumentum laboris, no. 33). Dieu ne cesse de nous surprendre lorsque nous ouvrons les oreilles de notre cœur pour l’écouter ! La conversation entre nous dans l’Esprit porte du fruit lorsque nous mettons en œuvre ce que nous avons entendu le Seigneur nous dire. 

Viens, Esprit Saint, habite nos conversations. Sois sur nos lèvres, dans nos esprits et dans nos cœurs. Conduis-nous vers l’harmonie les uns avec les autres et ouvre-nous à ta sagesse lorsque nous te rencontrons dans nos échanges.

 

Comment s’y prendre pour une conversation dans l’Esprit ? Des étapes vers une Église synodale

Tout au long de l’Assemblée synodale ici à Rome, une nouvelle méthode est utilisée pour la première fois. Il s’agit des conversations dans l’Esprit, dont vous avez peut-être déjà entendu parler.

Il s’agit d’inviter l’Esprit Saint dans nos conversations, afin qu’il puisse nous unir au milieu de nos différences et de notre diversité, en nous aidant à passer du « je » au « nous » – non pas pour effacer notre singularité, mais pour nous rassembler dans l’harmonie d’être des frères et des sœurs dans le Christ au service des autres.

Notre espoir est qu’en faisant l’expérience personnelle des conversations dans l’Esprit, les participants à ce Synode pourront réfléchir ensemble à la manière dont Dieu appelle l’Église dans le monde d’aujourd’hui à être une Église plus capable d’écouter, de discerner les besoins de notre temps et d’agir en conséquence à la lumière de l’Évangile.

Tout le monde peut utiliser cette méthode de conversation dans l’Esprit, non seulement ici à Rome, mais dans le monde entier, dans nos paroisses, nos diocèses, nos communautés, et même dans nos familles. La méthode peut être adaptée en fonction des circonstances et de la situation. Elle peut être particulièrement utile lorsqu’il y a une décision à prendre, pour laquelle nous avons besoin de l’aide de Dieu. Les conversations dans l’Esprit peuvent également s’avérer extrêmement utiles lorsque nous sommes confrontés à un conflit ou à un désaccord. Dieu peut nous aider à sortir de l’impasse, en ouvrant une nouvelle voie là où nous pensions qu’elle n’était pas possible. Alors comment s’y prendre ?

Les conversations dans l’Esprit commencent par une question spécifique sur laquelle nous aimerions discerner. Par exemple, comment notre paroisse peut-elle être plus missionnaire ? Ou, en tant que diocèse, comment créer plus d’unité entre nos diverses communautés ? Ou encore, en tant que famille, où devrions-nous envoyer nos enfants à l’école ? Une fois que nous avons notre question de discernement, voici quelques étapes de base pour avoir une conversation dans l’Esprit.

Tout d’abord, il peut être utile de se préparer personnellement. Confie la conversation à Dieu et réfléchis dans la prière à la question de discernement, en lisant également la Parole de Dieu pour y puiser de l’inspiration. Parle à Jésus de la question qui te préoccupe. Demande à Dieu de te guider, toi et tout le groupe, pour suivre sa volonté.

Deuxièmement, écoutez la Parole de Dieu en groupe. Choisissez un passage de l’Écriture qui correspond à la question posée. Priez ensemble, chantez ensemble. Soyez unis en Dieu.

Troisièmement, à une table ou assis en cercle, chaque personne a l’occasion de prendre la parole et partager ce que Dieu lui a dit au sujet de la question. Si le groupe est trop grand pour que chacun ait le temps de partager, vous pouvez vous diviser en petits groupes. Au cours de ce premier tour de table, chaque personne peut s’exprimer à son tour sans être interrompue par un autre membre du groupe. L’une après l’autre, chaque personne partage jusqu’à ce que tout le monde ait eu l’occasion de s’exprimer. Il y a ensuite un moment de silence pour que ce que les autres ont dit puisse résonner en nous.

Quatrièmement, nous faisons à nouveau le tour du cercle et chaque personne a la possibilité de répondre brièvement à ce qui l’a frappée dans ce que les autres ont partagé au cours du premier tour. Ensuite, nous observons à nouveau un temps de silence pour écouter dans nos cœurs ce qui a été partagé lors de ce deuxième tour.

Cinquièmement, la dernière étape de la conversation dans l’Esprit est un échange libre entre les participants, qui dialoguent entre eux sur la base de ce qui a émergé afin de discerner et de recueillir ensemble les fruits de l’entretien dans l’Esprit qui vient d’avoir lieu. Nous reconnaissons les points communs entre nous, ainsi que les différences. Nous essayons d’entendre ce que l’Esprit Saint nous dit en tant que groupe afin que nous puissions avancer dans une direction commune. Nous nous demandons : « Quels sont les pas que l’Esprit Saint nous appelle à faire ensemble ? » Enfin, nous concluons par une prière ou un chant d’action de grâce à Dieu.

Pour plus de détails et de ressources sur la manière d’avoir des conversations dans l’Esprit, consultez le document de travail pour l’Assemblée synodale actuelle, appelé « Instrumentum Laboris » en latin. Il est disponible en ligne à l’adresse www.synod.va, où vous trouverez également de nombreuses autres ressources synodales.

Esprit Saint, viens ancrer nos conversations en toi afin que nous puissions discerner le chemin à suivre et avancer en tant qu’Église synodale dans nos paroisses, nos diocèses et nos familles. Amen.

 

On est arrivé à un moment clé du Synode sur la Synodalité, de quoi s’agit-il ?

Ce mois-ci, plus de 450 participants se réunissent à Rome pour la première session de l’Assemblée du Synode des évêques sur le thème « Pour une Église synodale : Communion, participation et mission ». Qu’est-ce donc le synode sur la synodalité ?

Tout d’abord, commençons en se demandant : qu’est-ce qu’un synode exactement ?

Un synode est un rassemblement – traditionnellement d’évêques – qui aide l’Église à avancer dans une même direction. Le mot « synode » vient du grec syn-hodos, qui signifie « le même chemin » ou « la même voie ». Les synodes étaient courants dans les premiers siècles du christianisme, donnant aux évêques l’occasion de se rencontrer et de discuter de questions importantes pour la vie de l’Église. En 1965, le pape Paul VI a institué le Synode des évêques au niveau universel de l’Église. Il voulait un moyen de poursuivre l’échange fraternel et collégial qui avait été expérimenté lors du Concile Vatican II, où les évêques du monde entier s’étaient réunis entre 1962 et 1965. Depuis lors, des synodes sont organisés tous les deux ou trois ans, réunissant des évêques, des experts et divers délégués pour discuter de sujets tels que l’Eucharistie, la parole de Dieu, le Moyen-Orient, la nouvelle évangélisation, la famille, les jeunes et l’Amazonie. Dans chaque cas, les évêques votent sur un document final, puis le pape rédige son propre texte – appelé « exhortation apostolique » – afin d’ouvrir de nouvelles voies et d’éclairer d’un jour nouveau ce dont il a été question, pour que cela puisse rayonner dans toute l’Église.

Quelle est la particularité de ce synode sur la synodalité ?

Contrairement aux synodes précédents, celui-ci n’a pas pour but d’aborder une question particulière, mais de nous permettre de devenir ce que Dieu nous appelle à être en tant qu’Église, tous ensemble, dans la réalité du monde d’aujourd’hui ! Ce Synode qui se déroule de 2021 à 2024 est totalement inédit, pour au moins trois raisons.

D’abord, il ne s’agit plus seulement d’un Synode des évêques d’un mois, mais d’un processus synodal de trois ans pour tout le peuple de Dieu, tous les baptisés ! Tous sont invités et personne ne doit être laissé de côté ou exclu ! Les laïcs ont été impliqué dès le début du Synode, dans les phases diocésaines et continentales. Et maintenant, pour la première fois dans l’histoire, des laïcs ont également le droit de vote à l’Assemblée du Synode des Évêques à Rome.

Ensuite, c’est un synode qui vise à donner à toute l’Église une expérience vécue de la synodalité. Il ne s’agit pas seulement de remplir un questionnaire, mais de recueillir les fruits de ce que l’Esprit Saint nous dit ici et maintenant pour devenir une Église plus synodale dans le monde aujourd’hui.

Finalement, le but du Synode n’est pas seulement de parler de la synodalité, mais de la mettre en pratique dès maintenant, dans chaque diocèse, paroisse et pays du monde entier. Cela nous appelle tous, à tous les niveaux de l’Église, à renouveler notre façon d’être et de travailler ensemble pour aller de l’avant.

Mais qu’est-ce que la synodalité ?

Fondamentalement, la synodalité consiste en un cheminement commun. Cela se fait par l’écoute mutuelle qui permet d’entendre ce que Dieu nous dit. C’est réaliser que le Saint-Esprit peut s’exprimer à travers n’importe qui pour nous aider à avancer ensemble sur notre chemin comme peuple de Dieu.

Il ne s’agit pas de prendre trois ans pour comprendre un nouveau mot à la mode qui va bientôt disparaître. La synodalité n’est pas une phase passagère ! Au contraire, « marcher ensemble » est au cœur de ce qu’est l’Église, comme peuple de Dieu en pèlerinage au milieu du monde. À l’époque de l’Église primitive, saint Jean Chrysostome disait que pour lui, « Église » et « synode » étaient synonymes, puisque l’Église consiste en ce cheminement commun. En ce sens, la synodalité est une manière de renouveler l’Église à partir de ses racines les plus profondes, afin d’être plus unis les uns aux autres et de mieux accomplir notre mission dans le monde. Concrètement, la synodalité est une façon d’être et de travailler selon une approche plus proche de la base et plus collaborative, en prenant le temps de discerner le chemin à suivre ensemble. Elle met en évidence le fait que nous avons tous quelque chose de précieux à apporter au Corps du Christ. De cette manière, une « Église synodale »  est une Église qui écoute : « C’est une écoute réciproque dans laquelle chacun a quelque chose à apprendre. Le peuple fidèle, le Collège épiscopal, l’Évêque de Rome, chacun à l’écoute des autres ; et tous à l’écoute de l’Esprit Saint, l’« Esprit de Vérité » (Jn 14, 17), pour savoir ce qu’il dit aux Églises (Ap 2, 7). » (Pape François, Commémoration du 50e anniversaire de l’institution du Synode des évêques, 17 octobre 2015).

Cela nous appellera naturellement à changer nos façons de faire, afin que nous devenions de plus en plus ce que nous sommes véritablement en tant qu’Église, et que nous cheminions ensemble au milieu de toute la famille humaine, guidés par l’Esprit Saint.

Esprit Saint, conduis l’Église sur son chemin de pèlerinage alors que nous T’écoutons parler à travers chacun. Fais brûler le feu de Ton amour dans nos cœurs pour que nous avancions ensemble comme Église, accompagnant toute l’humanité sur un chemin commun vers Toi.

 

La coresponsabilité synodale dans la mission évangélisatrice

LA CORESPONSABILITÉ SYNODALE  

DANS LA MISSION ÉVANGÉLISATRICE. 

Comment partager les dons et les tâches au service de l’Évangile ? 

Carlos María Galli 

Doyen de la Faculté de théologie de l’Université catholique d’Argentine 

Membre de la Commission théologique internationale – Coordinateur de l’équipe théologique et pastorale du CELAM 

 

L’Instrumentum Laboris place le thème de la coresponsabilité dans la mission au centre du  discernement (B.2). Il fait référence à l’échange entre les Églises sur les sujets de la communion  (IL 35) et de la mission (IL 22, 41). Il suggère une question préalable aux cinq questions qui  suivent : Comment partager les dons et les missions au service de l’Évangile ? Cette réflexion  théologique examine le lien intrinsèque entre synodalité et mission (1) ; la coresponsabilité des  baptisés (2) ; le partage au service de l’Evangile (3).

 

1. L’Église synodale est missionnaire. L’Église missionnaire est synodale.

1. La Constitution Episcopalis Communio souligne la finalité évangélisatrice du Synode. Aujourd’hui, à un moment historique où l’Église se dirige vers « une nouvelle étape  d’évangélisation » [EG 1], qui lui demande de se constituer « dans toutes les régions de la terre  en « état permanent de mission » [EG 25], le Synode des évêques est appelé, comme toute autre  institution ecclésiastique, à se convertir toujours d’avantage en « un canal approprié pour  l’évangélisation du monde d’aujourd’hui plutôt que pour l’auto-préservation » [EG 27]).

2. L’Église, comme la Trinité et l’Eucharistie, est un mystère de communion missionnaire. Le  Synode consacré aux jeunes a développé l’expression intégratrice de la synodalité missionnaire.  Il a fait une réception créative du document de la Commission théologique internationale sur  la synodalité, qui affirme :

« Dans l’Église, la synodalité est vécue au service de la mission. « L’Église pèlerine est  missionnaire par sa nature même (Ecclesia peregrinans natura sua missionaria est) (AG 2),  « elle existe pour évangéliser » (EN 14). Tout le peuple de Dieu est le sujet de l’annonce de  l’Évangile. En lui, chaque baptisé est appelé à être un protagoniste de la mission parce que nous  sommes tous des disciples missionnaires » (SIN 53).  

Le texte cite le décret conciliaire Ad gentes : « L’Église pèlerine est missionnaire par nature »  (AG 2) et l’exhortation de Paul VI Evangelii nuntiandi : « L’Église existe pour évangéliser » (EN  14).

3. En ouvrant ce processus synodal, l’évêque de Rome a condensé ces grandes lignes du  Concile. Le Document préparatoire à cette Assemblée identifie l’Église synodale et l’Église en  marche (DP 15). La Constitution Praedicate Evangelium souligne le lien entre synodalité et mission (EP 4). Le document pour l’étape continentale affirme que la synodalité conduit au  renouveau missionnaire. Le texte de l’Assemblée ecclésiale d’Amérique latine et des Caraïbes  affirme que « l’Église en chemin, en pèlerinage vers la plénitude du Royaume, est missionnaire  parce qu’elle est synodale et est synodale parce qu’elle est missionnaire ». L’Instrumentum  Laboris affirme : « La mission constitue l’horizon dynamique à partir duquel penser l’Église  synodale, à laquelle elle imprime un élan vers « l’extase », qui consiste à sortir de soi-même » (IL  51).

4. Le Concile Vatican II a développé l’expression nature missionnaire pour dire que la mission  est essentielle. Elle découle « de la mission du Fils et du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu  le Père » (AG 2). Une ecclésiologie dynamique affirme non seulement que l’Église a une  mission, mais que la mission du Dieu trinitaire a une Église. L’Église pélerine est historique et  eschatologique. Nous sommes en chemin, nous sommes des synodes missionnaires, nous  allons ensemble proclamer l’Évangile du Royaume de Dieu. La synodalité est missionnaire, la  mission est synodale. L’expression Église synodale missionnaire (IL 54) renforce l’ecclésialité  et le dynamisme de la mission : « Allez et faites de toutes les nations des disciples » (Mt 28,19).

 

2. La coresponsabilité de tous les baptisés dans la mission. 

Jésus a promis aux apôtres : « Vous recevrez une force, celle de l’Esprit Saint qui viendra sur  vous, et vous serez mes témoins… jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). L’Esprit est le  principal acteur de l’évangélisation (EN 75). La rencontre de Jérusalem est le modèle de la vie  synodale au service de la mission (cf. Ac 15, 1-35). Le discernement effectué sous la conduite  de l’Esprit a confirmé la vocation universelle du Peuple que Dieu forme dans et à partir des  peuples de la terre (Ac 15, 14).

2. L’Esprit « distribue ses dons à chacun comme il veut » (1 Co 12,11). « À chacun est donnée la  manifestation de l’Esprit pour le bien commun » (1 Co 12,7). Les hommes et les femmes  baptisés sont appelés à partager les dons et les missions dans chaque Église locale – diocèse ou  éparchie -, dans les groupements d’Églises particulières aux niveaux régional, national et  continental, et dans l’Église tout entière.

À la suite de Vatican II et de Paul VI, le pape François enseigne que c’est tout le peuple de Dieu  qui proclame l’Évangile (EG 111-134 ; cf. AG 35, EN 59). Ce qui appartient à l’ensemble du  peuple de Dieu appartient à tous les membres du peuple de Dieu. Le mouvement va du « nous »  au « je » : l’Église est le sujet communautaire de la mission et en elle chacun est appelé à  évangéliser. Chaque chrétien peut dire « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile » (1 Cor  9,16) et « Je suis une mission » (EG 273). Nous sommes une mission, « nous sommes tous  toujours des disciples missionnaires » (EG 119-121) et c’est pourquoi nous réfléchissons  aujourd’hui sur la mission (B.2.1).

4. Le baptême et la foi sont les fondements de la vocation universelle à la sainteté et à la  mission. Chaque chrétien est appelé à la plénitude de l’amour et à l’annonce de l’Évangile. Le  renforcement de la coresponsabilité devrait nous aider à voir comment les charismes laïcs  enrichissent les communautés chrétiennes et améliorent la vie des pauvres ; comment recréer  des liens de mutualité, de réciprocité et de complémentarité entre hommes et femmes ;  comment reconnaître et promouvoir la dignité des femmes dans l’Église (B.2.2-3).

5. Nous aurons à discuter sur les échanges entre individus, communautés, institutions et  mouvements dans l’Église locale ; et sur les difficultés d’articulation entre laïcs, vie consacrée  et ministère ordonné dans une Église ministérielle (B.2.2). Il existe plusieurs types de ministères et de ministres qui tiennent leur ministère du baptême. Stables : les mères et les  pères ; spontanés : ceux qui animent des prières populaires ; reconnus : les bénévoles de Caritas  ou les chantres liturgiques ; institués : les catéchistes laïcs. Il y en a de nouveaux : mon père était ministre de l’écoute dans sa paroisse. Les ministères ordonnés seront également analysés  dans une optique missionnaire (B.2.4 ; B.2.5). Nous pouvons tous progresser dans la  conversion pastorale.

 

3. Le partage des dons et des missions au service de l’Évangile. 

1. En traitant de la catholicité, la Constitution Lumen Gentium fait référence aux richesses  culturelles et aux diversités ecclésiales. Dans ce contexte, elle considère l’échange entre les  Églises. 

« De là découlent des liens de communion intime (vincula intimae communionis) entre les  diverses parties de l’Église en ce qui concerne les richesses spirituelles, les travailleurs  apostoliques et les aides temporelles. Les membres du Peuple de Dieu sont appelés à partager  les biens (ad communicandum enim bona), et ces paroles de l’Apôtre peuvent s’appliquer à  chaque Église: ‘En bons intendants des multiples grâces de Dieu, que chacun, ayant reçu le don  qu’il a reçu, se mette au service des autres’ (1 P 4, 10) » (LG 13c). 

2. La grâce fait que les évangélisés deviennent des évangélisateurs et les disciples des  missionnaires. Les anciennes Églises transmettent la foi et forment de nouvelles églises qui, en  grandissant, donnent de leur pauvreté et deviennent des églises sœurs. De nombreux  immigrants deviennent des missionnaires spontanés et contribuent à dynamiser la foi. Ils  apportent avec eux non seulement leur pauvreté, leurs besoins et leurs péchés, mais aussi leurs  richesses, leurs valeurs et leurs vertus, en particulier leur foi, qui peut constituer une précieuse  contribution à l’évangélisation.

3. La mise en commun des biens fait partie du mode de vie illustré dans les résumés des Actes  des Apôtres :

« Tous se réunissaient régulièrement pour écouter l’enseignement des apôtres et participer à la  vie commune (koinonia), à la fraction du pain et aux prières… Tous les croyants étaient unis et  mettaient leurs biens en commun : ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et distribuaient  l’argent entre eux selon les besoins de chacun… » (Ac 2, 42-47).  

Le Concile appelle les choses partagées dona et bona. Lumen gentium 13 mentionne trois types  de biens : les richesses spirituelles (divitias espirituales), les travailleurs apostoliques (operarios  apostolicos), les ressources matérielles (temporalia subsidia). Ensemble, ils représentent les  grâces multiples de Dieu. 

 4. Parmi les richesses spirituelles, il y a l’autocommunication de Dieu, le Corps du Christ, la  vie de l’Esprit, la Parole, la grâce, l’Église. Ces biens sont le fondement de la communio  sanctorum. Cette formule du Credo a deux significations interdépendantes : la communion  entre les personnes saintes (sancti) et celle entre les choses saintes (sancta). L’Eucharistie est  communion et partage. « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, nous sommes tous un seul corps, même  si nous sommes nombreux, parce que nous participons à un seul pain » (1 Co 10,17). Les  richesses spirituelles comprennent les trésors du peuple de Dieu : révélation, charité, sainteté, sagesse, liturgie, spiritualité, culture, art, kérygme, théologie, etc.

 5. Le travailleur apostolique est l’évangélisateur évangélisé. Le premier bien qu’il partage est  sa personne, car l’amour est don de soi. Saint Paul dit : « Nous avons eu pour vous un tel amour  que nous avons voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais aussi notre propre  vie : vous nous êtes devenus si chers » (1 Th 2,8). Les talents sont des dons à mûrir pour le  bénéfice des autres (Mt 23,14-30). Le temps, c’est la vie que nous donnons comme ouvriers de la première heure ou de la dernière (Mt 20,1-16).

 6. « La multitude de ceux qui avaient cru n’avait qu’un seul cœur et qu’une seule âme. Personne  ne considérait comme sien ce qu’il possédait, mais tout leur était commun » (Actes 4:32). Si nous partageons des dons spirituels, comment ne pas partager des biens matériels ? « Ils  résolurent de faire une collecte (koinonia) pour les saints de Jérusalem… Ils le firent  spontanément, bien qu’ils fussent redevables envers eux. En effet, si les païens participaient à  leurs biens spirituels, ils devaient à leur tour leur rendre la pareille avec des biens matériels » (Rm 15, 26-27). Lors de la Conférence d’Aparecida, les directeurs d’Adveniat et de Misereor,  qui aident beaucoup nos Églises, nous ont remerciés pour la vitalité de la foi et de l’amour des pauvres. 

 7. Comment partager les dons et les missions ? « Donnez gratuitement ce que vous avez reçu  gratuitement » (Mt 10,8). La mission sert le don de la rencontre avec le Christ par débordement,  témoignage, annonce, attraction. 

L’amour de Dieu est beaucoup plus (pollô mallon) que le péché : « Car si la défaillance d’un  seul homme a causé la mort de tous, la grâce de Dieu et le don accordé par la grâce d’un seul  homme, Jésus-Christ, ont été déversés bien plus abondamment sur tous » (Rm 5,15). Paul a  modifié le verbe abonder (perisseuo), ajouté le préfixe « sur » (hyper), créant ainsi le verbe  surabonder. « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,17). La logique du  « beaucoup plus » engendre l’espérance.  

C’est dans cette espérance que, par l’action de l’Esprit, je souhaite que là où la communion  abonde, la synodalité surabonde et là où la synodalité abonde, la mission surabonde.

La communion : les noces de l’Agneau

Le retable de Gand : L’adoration de l’agneau (Source : Wikimedia Commons)

La communion : les noces de l’Agneau 

Contribution théologique – 9 octobre 2023 

Anna Rowlands 

Professeur St Hilda de pensée et de pratique sociales catholiques Département de théologie et de religion et Centre d’études catholiques,  Université de Durham, Royaume-Uni 

Cher Saint-Père, frères et sœurs, 

 

Pouvons-nous trouver le courage de faire face à la réalité telle qu’elle est vraiment ? C’est la  question merveilleusement stimulante que nous a posé le père Timothy. Il nous a présenté le  paradoxe de notre appel à ressembler au Christ : entendre, voir et ressentir la condition de notre  monde, tout en étant aussi honnêtes que possible avec nous-mêmes, car nous ne trouvons pas  facile de supporter la réalité. La section B1 de l’Instrumentum Laboris nous conduit au cœur  de ce paradoxe chrétien fondamental : l’espérance et la difficulté, la beauté et la liberté de  l’appel de Dieu ainsi que les défis posés par la croissance dans la sainteté. L’Instrumentum  Laboris – utilisant le langage de Lumen Gentium § 1 – nous invite à réfléchir sur la mission de  l’Église d’être dans le Christ le signe et l’instrument de l’unité avec Dieu et de toute l’humanité.  La vie de communion nous est offerte comme le don gratuit de vivre ensemble dans le Christ,  en apprenant à « supporter » la réalité, avec douceur, générosité, amour et courage, pour la paix  et le salut du monde entier. 

La première chose à dire sur la communion est donc qu’elle est la réalité de la vie même de  Dieu, l’être de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. En ce sens, elle est la chose la plus réelle qui  soit : le fondement de la réalité et la source de l’être de l’Église.  

Notre première action vis-à-vis de cette réalité est une réception joyeuse, pas anxieuse ni  compétitive. Participer à la vie de communion est l’honneur et la dignité de notre vie. La  communion est la manière dont nous comprenons le but ultime de Dieu pour toute l’humanité  : attirer la création qu’il a aimée à naître toujours plus complètement dans sa propre vie, dans  l’étreinte, et, ce faisant, nous envoyer renouveler la face de la terre. L’appel à être une Église  au service du Royaume est décrit dans Lumen Gentium § 9 : « afin qu’elle soit pour tous et pour  chacun le sacrement visible de cette unité salvatrice ». L’Église montre et donne accès à la  communion avec Dieu, qui est communion pour toute la création. La communion devient alors  notre être et notre agir. 

Un ami me racontait que Raymond Brown, bibliste américain, aimait enseigner à ses étudiants  que le langage de la koinonia apparaissait pour la première fois dans le Nouveau Testament en  relation avec la pratique de l’échange d’argent, exprimant l’idée d’un pot commun de l’Église.  L’argent – la monnaie de l’Église n’est pas l’argent liquide – notre pot commun est plutôt la  richesse des dons, des charismes et des grâces que Dieu répand dans l’Église, qu’il « distribue  […] avec sa propre autorité » (Bas., fid. 3), et que nous sommes appelés à discerner. En tant que  chrétiens baptisés, nous mettons tous la main à la pâte. 

Nous pensons la communion comme le premier et le dernier mot d’une démarche synodale :  l’origine et l’horizon de notre chemin. Avec le Christ et son Esprit au centre, la communion  constitue la force centrale dans cette salle.

On dit souvent en plaisantant que Dieu s’est fait chair et que les théologiens ont remis Dieu en  mots… Comme je n’ai pas beaucoup de temps, je choisirai trois dimensions différentes de la  pensée sur la communion pour les évoquer très brièvement. 

Tout d’abord, la communion, c’est la beauté l’unité dans de la diversité. Dans un monde  moderne qui tend à la fois à l’homogénéité et à la fracture, la communion est un langage de  beauté, une harmonie d’unité et de pluralité. Cette beauté réside dans la célébration de la  richesse et de la diversité d’une création qui rend gloire à Dieu, une pluralité qui ne s’achève  que lorsque chaque chose créée a épuisé sa création et que tout est ramené à Dieu par le Christ  dans l’Esprit.  

Saint Bonaventure, le grand théologien franciscain, a magnifiquement écrit sur la façon dont  la pluralité de la création permet à l’ensemble des différentes couleurs de la lumière divine de  briller. La lumière divine est perçue à travers une communion qui rayonne dans une glorieuse  diversité – de personnes, de créatures, de cultures, de langues, de liturgies, de dons et de  charismes. Henri de Lubac a souligné que l’Église n’est jamais en compétition avec la culture.  C’est dans les cultures qu’elle habite, qu’elle confesse et reçoit le Christ. Une communion qui  rayonne est d’une diversité authentique, non compétitive, et dont le seul point d’unité est en  Dieu Trinité. 

Face à une mondanité qui vénère si souvent la force compétitive et assertive ainsi qu’une  logique de possession plutôt que de relation, Dieu nous attire dans une communion d’humilité  et de service. Jean-Marie Tillard a écrit que, contrairement à toute autre entité dans le monde,  c’est en embrassant la faiblesse, la souffrance et la pauvreté que l’Église « réussit » à devenir le  signe de la grâce de Dieu. Notre beauté n’est pas celle du monde. La section B1 nous invite à  grandir dans la communion en réfléchissant avec humilité avec ceux qui sont vulnérables,  souffrants ou faibles ainsi que sur les vulnérabilités et les faiblesses de l’Église. Dans la Section  B1, nous nous demandons avec courage comment être plus proches des plus pauvres, plus  capables d’accompagner tous les baptisés dans la diversité des situations humaines, en nous  libérant des faux pouvoirs, en étant plus proches de nos frères chrétiens et plus engagés dans  nos cultures particulières.  

Dès sa naissance, l’Église est inséparable du drame humain : dans un abri précaire, sur la croix,  à la Pentecôte. Notre catholicité continue d’être vécue au milieu du drame humain. Nous  parlons de communion, non pas en raison d’une perfection tranquille qui se trouverait juste hors  de notre portée, mais en raison de la lutte nécessaire dans chaque culture et dans chaque  contexte pour la vérité, la beauté et la bonté. La section B1 nous invite à réfléchir positivement  au sens que nous trouvons dans ces lieux de rencontre et de lutte, à entendre les échos et les  différences qui s’expriment. 

Deuxièmement, la communion existe dans des réalités concrètes et tangibles. C’est la vie  qui offre du pain aux affamés, la guérison à ceux qui souffrent, le repos à ceux qui sont troublés.  L’image la plus concrète et la plus vivante de la communion est peut-être celle du festin, le  repas de noces de l’Agneau. Dieu fait appel à nos sens : goûter et voir, prendre et manger.  

C’est dans l’Eucharistie que les différentes dimensions de la communion se rencontrent : c’est  le lieu où la communion des fidèles se manifeste, où nous recevons les dons de Dieu pour le  peuple de Dieu. L’ordre sacramentel nous enseigne, en nous nourrissant, la communion. 

La représentation scripturale de la fête est également une image qui perturbe l’ordre naturel des  choses. Dans le festin qui est préparé, les faibles, les méprisés et les souffrants seront les  premiers. Il en est ainsi en raison de la proximité de Dieu avec ceux qui souffrent et de la  proximité de beaucoup de ceux qui souffrent avec le mystère de Dieu. Un survivant d’agression  commise par clerc m’a écrit lorsqu’il a su que je participerais au Synode. Il m’a dit : « Soyez  audacieux quant au besoin de guérison. C’est un chemin pascal que nous devons parcourir  ensemble. Et dites-leur que l’Eucharistie est salvatrice ». Tous les survivants d’agressions ne  sont pas de cet avis, mais je partage ce message parce qu’il a le caractère d’une prophétie de  communion ; il appelle à la repentance et proclame la vérité centrale de notre foi. 

Les amitiés scandaleuses de Jésus qui ont rassemblé une communauté de disciples étaient  souvent des amitiés de table. Et les amitiés de table sont importantes. Lorsque je travaillais avec une association catholique d’aide aux réfugiés à Londres, je demandais aux réfugiés qui  venaient chercher de l’aide pourquoi ils choisissaient ce service en particulier. Je n’oublierai  jamais leur réponse : parce qu’ici, je suis accueilli à la porte par mon nom et que le personnel  s’assoit et mange avec nous à la même table. Cela me donne de la dignité, cela me rend mon  humanité. Dans les autres centres, le personnel ne mange pas avec nous. La fiche B1.1  concentre nos discussions sur ces questions d’une communion digne où l’Église rencontre le  Christ qui est déjà à table avec les plus pauvres.  

Troisièmement, la communion est une participation qui nous lie aux autres à travers le  temps et l’espace. Le terme koininia des Écritures est instructif ; il implique : une participation  à une réalité partagée dont personne n’est, en principe, exclu. C’est une réalité qui devient de  plus en plus elle-même au fur et à mesure qu’elle se répand, dispersée aux quatre coins du  monde et partagée de manière plus intime et plus complète entre les Églises. Accepter la vérité  signifie qu’il y a toujours plus de vérité à découvrir. 

Nous agissons toujours à la lumière de ce qui a été. Nous agissons maintenant et nous agissons  vers ce qui nous appelle – vers l’unité au service du royaume. Chacune de ces actions – déjà  commencées mais toujours en devenir – nous lie aux réalités du passé – actions joyeuses qui  doivent être poursuivies, actions néfastes dont on doit se repentir et guérir – Elle nous lie à la  louange de Dieu et à l’appel de notre prochain dans le présent, et vers l’avenir où nous aspirons  à être reçus. Si le langage de la communion est un langage pascal et donc porteur d’espérance,  c’est en grande partie parce qu’il relie le passé, le présent et l’avenir comme par un fil d’or. À  une époque où l’on cherche souvent à rompre ces liens, notre foi s’y accroche. C’est l’un des  repères qui nous est donné pour nous orienter. 

Cette réalité d’une communion qui rayonne, mystérieuse mais tout à fait concrète, déjà là mais  encore en devenir, offerte comme le pain de vie qui sauve le monde et la parole qui sauve des  vies, devant être exprimée dans chaque contexte – local, régional, mondial – habité par l’Église ;  c’est la réalité de cet horizon paradoxal de l’espérance, que, si nous en avons le courage, le  Seigneur nous invite à rejoindre.

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