Première bénédiction URBI et ORBI du Saint-Père Léon XIV

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Le 8 mai 2025, depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, le pape Léon XIV a prononcé sa première bénédiction « Urbi et Orbi ». Dans ce message empreint de paix et d’humilité, il a appelé à l’unité, au dialogue et à la solidarité, en s’inspirant de l’héritage de saint Augustin et en rendant hommage à son prédécesseur, le pape François. Il a également adressé une salutation particulière à son ancien diocèse de Chiclayo, au Pérou.

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Lire le texte intégral de la bénédiction du Saint-Père ci-dessous. :

PREMIÈRE BÉNÉDICTION URBI ET ORBI
DU SAINT-PÈRE LÉON XIV

Loggia des bénédictions de la basilique Saint-Pierre
Jeudi 8 mai 2025

Que la paix soit avec vous tous !

Très chers frères et sœurs, telle est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. Moi aussi, je voudrais que ce salut de paix entre dans votre cœur, atteigne vos familles, toutes les personnes, où qu’elles se trouvent, tous les peuples, toute la terre. Que la paix soit avec vous !

C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous inconditionnellement.

Nous avons encore dans nos oreilles cette voix faible mais toujours courageuse du Pape François qui bénissait Rome ! Le Pape qui bénissait Rome donnait sa bénédiction au monde, au monde entier, en ce matin de Pâques. Permettez-moi de reprendre cette même bénédiction : Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas ! Nous sommes tous entre les mains de Dieu. Alors, sans crainte, unis main dans la main avec Dieu et entre nous, allons de l’avant. Nous sommes disciples du Christ. Le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière. L’humanité a besoin de Lui comme pont pour être rejoint par Dieu et par son amour. Aidez-nous vous aussi, puis aidez-vous les uns les autres à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix. Merci au Pape François !

Je tiens également à remercier tous mes frères Cardinaux qui m’ont choisi pour être le Successeur de Pierre et marcher avec vous, en tant qu’Église unie, toujours à la recherche de la paix, de la justice, toujours en essayant de travailler comme des hommes et des femmes fidèles à Jésus-Christ, sans crainte, pour proclamer l’Évangile, pour être missionnaires.

Je suis un fils de saint Augustin, augustinien, qui a dit : « Avec vous, je suis chrétien, et pour vous, je suis évêque ». En ce sens, nous pouvons tous marcher ensemble vers la patrie que Dieu nous a préparée.

À l’Église de Rome, un salut particulier! [applaudissements] Nous devons chercher ensemble comment être une Église missionnaire, une Église qui construit les ponts, le dialogue, toujours prête à accueillir comme cette place avec les bras ouverts. Tous, tous ceux qui ont besoin de notre charité, de notre présence, de dialogue et d’amour.

Et si vous me permettez un mot, je salue tout le monde, en particulier mon cher diocèse de Chiclayo, au Pérou, où un peuple fidèle a accompagné son évêque, a partagé sa foi et a donné beaucoup, beaucoup pour continuer à être une Église fidèle à Jésus-Christ.

À vous tous, frères et sœurs de Rome, d’Italie, du monde entier, nous voulons être une Église synodale, une Église qui marche, une Église qui recherche toujours la paix, qui recherche toujours la charité, qui cherche toujours à être proche, en particulier de ceux qui souffrent.

Aujourd’hui, c’est le jour de la Supplique à Notre-Dame de Pompéi. Notre Mère Marie veut toujours marcher avec nous, être proche de nous, nous aider par son intercession et son amour.

Je voudrais donc prier avec vous. Prions ensemble pour cette nouvelle mission, pour toute l’Église, pour la paix dans le monde et demandons cette grâce spéciale à Marie, notre Mère.

Ave Maria…

 

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Homélie du pape Léon XIV – Messe avec les cardinaux électeurs

Crédit Photo : Vatican Media

 

Le 9 mai 2025, le pape Léon XIV a célébré une messe pro Ecclesia avec les cardinaux électeurs dans la chapelle Sixtine. Dans son homélie, il a invité les fidèles à reconnaître les merveilles accomplies par le Seigneur et à s’engager dans l’annonce de l’Évangile. S’appuyant sur la profession de foi de Pierre, il a souligné l’importance de la mission apostolique confiée à l’Église. Le pape a également évoqué les défis du monde contemporain, appelant à une Église rayonnante par la sainteté de ses membres.

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Lisez le texte intégral de l’homélie du pape Léon XIV ci-dessous :

HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

Chapelle Sixtine
Vendredi 9 mai 2025

Je commencerai par quelques mots en anglais, puis je poursuivrai en italien.

Mais je voudrais répéter les paroles du psaume responsorial : « Je chanterai un cantique nouveau au Seigneur, car il a fait des merveilles  ».

Et en effet, pas seulement pour moi, mais pour nous tous. Mes frères cardinaux, alors que nous célébrons ce matin, je vous invite à reconnaître les merveilles que le Seigneur a accomplies, les bénédictions que le Seigneur continue de répandre sur nous tous à travers le ministère de Pierre.

Vous m’avez appelé à porter cette croix et à être béni par cette mission, et je sais que je peux compter sur chacun d’entre vous pour marcher à mes côtés, alors que nous continuons à être une Église, une communauté d’amis de Jésus, des croyants qui annoncent la Bonne Nouvelle, qui annoncent l’Évangile.

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Par ces paroles, Pierre, interrogé avec les autres disciples par le Maître sur la foi qu’il a en Lui, exprime en synthèse le patrimoine que l’Église, à travers la succession apostolique, garde, approfondit et transmet depuis deux mille ans.

Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c’est-à-dire l’unique Sauveur et le révélateur du visage du Père.

En Lui, Dieu, pour se faire proche et accessible aux hommes, s’est révélé à nous dans les yeux confiants d’un enfant, dans l’esprit éveillé d’un adolescent, dans les traits mûrs d’un homme (cf. Conc. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 22), jusqu’à apparaître aux siens, après sa résurrection, dans son corps glorieux. Il nous a ainsi montré un modèle d’humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d’une destinée éternelle qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités.

Dans sa réponse, Pierre saisit ces deux aspects : le don de Dieu et le chemin à parcourir pour se laisser transformer, dimensions indissociables du salut, confiées à l’Église afin qu’elle les annonce pour le bien du genre humain. Confiés à nous, choisis par Lui avant même que nous ayons été formés dans le sein de notre mère (cf. Jr 1, 5), régénérés dans l’eau du Baptême et, au-delà de nos limites et sans aucun mérite de notre part, conduits ici et envoyés d’ici, afin que l’Évangile soit annoncé à toute créature (cf. Mc 16, 15).

En particulier, Dieu, en m’appelant par votre vote à succéder au Premier des Apôtres, me confie ce trésor afin que, avec son aide, j’en sois le fidèle administrateur (cf. 1 Co 4, 2) au profit de tout le Corps mystique de l’Église, de sorte qu’elle soit toujours plus la ville placée sur la montagne (cf. Ap 21, 10), l’arche du salut qui navigue sur les flots de l’histoire, phare qui éclaire les nuits du monde. Et cela, non pas tant grâce à la magnificence de ses structures ou à la grandeur de ses constructions – comme les édifices dans lesquels nous nous trouvons –, mais à travers la sainteté de ses membres, de ce « peuple que Dieu s’est acquis pour proclamer les œuvres admirables de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2, 9).

Cependant, en amont de la conversation où Pierre fait sa profession de foi, il y a aussi une autre question : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13). Ce n’est pas une question anodine, elle touche en effet à un aspect important de notre ministère : la réalité dans laquelle nous vivons, avec ses limites et ses potentialités, ses questions et ses convictions.

« Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ?» (Mt 16, 13). En pensant à la scène sur laquelle nous réfléchissons, nous pourrions trouver deux réponses possibles à cette question qui dessinent deux attitudes différentes.

Il y a tout d’abord la réponse du monde. Matthieu souligne que la conversation entre Jésus et ses disciples sur son identité se déroule dans la belle ville de Césarée de Philippe, riche en palais luxueux, nichée dans un cadre naturel enchanteur, au pied de l’Hermon, mais aussi siège de cercles de pouvoir cruels et théâtre de trahisons et d’infidélités. Cette image nous parle d’un monde qui considère Jésus comme une personne totalement insignifiante, tout au plus un personnage curieux, qui peut susciter l’émerveillement par sa manière inhabituelle de parler et d’agir. Ainsi, lorsque sa présence deviendra gênante en raison de son exigence d’honnêteté et de moralité, ce « monde » n’hésitera pas à le rejeter et à l’éliminer.

Il y a ensuite une autre réponse possible à la question de Jésus : celle du peuple. Pour lui, le Nazaréen n’est pas un « charlatan » : c’est un homme droit, courageux, qui parle bien et dit des choses justes, comme d’autres grands prophètes de l’histoire d’Israël. C’est pourquoi il le suit, du moins tant qu’il peut le faire sans trop de risques ni d’inconvénients. Mais ce n’est qu’un homme, et donc, au moment du danger, lors de la Passion, il l’abandonne et s’en va, déçu.

Ce qui frappe dans ces deux attitudes, c’est leur actualité. Elles incarnent en effet des idées que l’on pourrait facilement retrouver – peut-être exprimées dans un langage différent, mais identiques dans leur substance – dans la bouche de nombreux hommes et femmes de notre temps.

Aujourd’hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.

Il s’agit d’environnements où il n’est pas facile de témoigner et d’annoncer l’Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés, persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et pourtant, c’est précisément pour cette raison que la mission est urgente en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre considérablement.

Aujourd’hui encore, il existe des contextes où Jésus, bien qu’apprécié en tant qu’homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de super-homme, et cela non seulement chez les non-croyants, mais aussi chez nombre de baptisés qui finissent ainsi par vivre, à ce niveau, dans un athéisme de fait.

Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l’a enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Christ Sauveur. C’est pourquoi, pour nous aussi, il est essentiel de répéter : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16).

Il est essentiel de le faire avant tout dans notre relation personnelle avec Lui, dans l’engagement d’un chemin quotidien de conversion. Mais aussi, en tant qu’Église, en vivant ensemble notre appartenance au Seigneur et en apportant à tous la Bonne Nouvelle (cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1).

Je le dis tout d’abord pour moi-même, en tant que Successeur de Pierre, alors que je commence cette mission d’Évêque de l’Église qui est à Rome, appelée à présider dans la charité l’Église universelle, selon la célèbre expression de S. Ignace d’Antioche (cf. Lettre aux Romains, Prologue). Conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son sacrifice imminent, il écrivait aux chrétiens qui s’y trouvaient : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps » (Lettre aux Romains, IV, 1). Il faisait référence au fait d’être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c’est ce qui arriva –, mais ses paroles renvoient de manière plus générale à un engagement inconditionnel pour quiconque exerce un ministère d’autorité dans l’Église : disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer.

Que Dieu m’accorde cette grâce, aujourd’hui et toujours, avec l’aide de la très tendre intercession de Marie, Mère de l’Église.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Habemus Papam! Bienvenue le pape Léon XIV!

Crédit Photo : Vatican Media

Habemus Papam !
Nous avons un Pape !

Nous accueillons avec joie notre nouveau Saint-Père, le pape Léon XIV, 267e Pontife et successeur de saint Pierre, évêque de Rome et serviteur des serviteurs de Dieu.

Voici sa biographie, publiée en Anglais par la Libreria Editrice Vaticana :

Le pape Léon XIV est né Robert Francis Prevost le 14 septembre 1955 à Chicago en IL, É.U.  En 1977, il entre au noviciat de l’Ordre de Saint Augustin (O.S.A.) dans la province de Notre-Dame du Bon Conseil, à Saint Louis. Le 29 août 1981, il prononça ses vœux solennels. Il étudie à la Catholic Theological Union de Chicago, où il obtient un diplôme en théologie.

À l’âge de 27 ans, il a été envoyé par l’Ordre à Rome pour étudier le droit canon à l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin (Angelicum). Il reçoit l’ordination sacerdotale le 19 juin 1982. Il obtient sa licence en 1984, puis est envoyé oeuvrer dans la mission de Chulucanas, à Piura, au Pérou (1985-1986).

En 1987, il obtient un doctorat avec la thèse : « Le rôle du prieur local dans l’Ordre de Saint Augustin ». La même année, il est élu directeur des vocations et directeur des missions de la province augustinienne Notre-Dame du Bon Conseil d’Olympia Fields, Illinois, aux États-Unis d’Amérique.

En 1988, il a été envoyé dans la mission de Trujillo en tant que directeur du projet commun de formation des aspirants augustiniens dans les vicariats de Chulucanas, Iquitos et Apurímac. Il y a exercé les fonctions de prieur de communauté (1988-1992), de directeur de la formation (1988-1998) et d’enseignant des profès (1992-1998). À l’archidiocèse de Trujillo, il a été vicaire judiciaire (1989-1998) et professeur de droit canonique, patristique et moral au grand séminaire San Carlos y San Marcelo.

En 1999, il est élu préfet provincial de la province Notre-Dame du Bon Conseil de Chicago. Après deux ans et demi, le chapitre général ordinaire l’a élu Prieur général, ministère qui lui a de nouveau été confié lors du chapitre général ordinaire de 2007. 

En octobre 2013, il retourne dans sa province, Chicago, pour y exercer les fonctions d’enseignant des profès, et de vicaire provincial ; des rôles qu’il occupa depuis le 3 novembre 2014, lorsque le pape François le nomme administrateur apostolique du diocèse de Chiclayo, au Pérou, l’élevant à la dignité d’évêque et lui attribuant le diocèse titulaire de Sufar.

Le 7 novembre, il a pris possession canonique du diocèse en présence du nonce apostolique James Patrick Green ; il a été ordonné évêque le 12 décembre, en la fête de Notre-Dame de Guadalupe, en la Cathédrale de son diocèse. Il a été évêque de Chiclayo à partir du 26 novembre 2015. En mars 2018, il est devenu deuxième vice-président de la Conférence épiscopale péruvienne. Le pape François l’a nommé membre de la Congrégation pour le clergé en 2019, et membre de la Congrégation pour les évêques en 2020.

Le 15 avril 2020, le Pape le nomme administrateur apostolique du diocèse de Callao.

Le 30 janvier 2023, le pape François nomme Mgr Prevost préfet du Dicastère pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine. Il a été créé cardinal lors du Consistoire du 30 septembre 2023.

Nous félicitons chaleureusement le pape Léon, et prions pour que son ministère de pasteur, à la tête de l’Église, soit rempli de courage, de sagesse et de l’espérance de l’Évangile.

Le prochain conclave expliqué : Traditions ancestrales, questions modernes

Pérugin, « La remise des clés ». Wikimedia Commons.

Vous êtes-vous déjà interrogé sur les règles d’un conclave ? Pourquoi seuls les cardinaux peuvent-ils voter ? Et que signifie le mot « conclave » ? Nous avons préparé une série de questions-réponses pour vous éclairer sur le processus d’élection du prochain pape. Nous avons également établi une chronologie de l’interrègne et du conclave à l’adresse suivante: slmedia.org/fr/blogue/conclave-chronologie.

1- Pourquoi seuls les cardinaux peuvent-ils voter lors d’un conclave et pourquoi doivent-ils avoir moins de 80 ans ?

Tous les cardinaux en règle âgés de moins de 80 ans sont éligibles et tenus de voter. S’ils ne sont pas en mesure de venir à Rome, ils doivent en expliquer la raison et obtenir l’autorisation du reste du Collège de rester chez eux (Universi Dominici Gregis # 38). Même dans ce cas, il est prévu qu’un cardinal électeur aille chercher les votes des cardinaux qui ont pu venir à Rome mais qui ne peuvent quitter la Casa Santa Marta pour cause de maladie ou de blessure (n° 67).

La limite d’âge de 80 ans est similaire à l’âge de la retraite obligatoire pour les évêques, qui est de 75 ans. Jean-Paul II a expliqué qu’elle découlait du « désir de ne pas ajouter au poids d’un âge aussi vénérable la charge supplémentaire de la responsabilité de choisir celui qui devra conduire le troupeau du Christ d’une manière adaptée aux besoins de l’époque » (préambule).

La limite d’âge signifie que ni le doyen du Collège, le cardinal Re, ni le sous-doyen, le cardinal Leonardo Sandri, ne sont autorisés à participer aux sessions de vote elles-mêmes, bien qu’ils puissent certainement prendre part aux Congrégations générales et à d’autres préparatifs. Par ailleurs, le cardinal Re a présidé avec émotion les funérailles du pape François, il y a prononcé l’homélie, et il présidera la messe Pro Eligendo Romano Pontifice. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du pape François, présidera les séances de vote du conclave.

La raison pour laquelle seuls les cardinaux peuvent voter est un peu plus obscure. Elle remonte à d’anciennes traditions selon lesquelles l’évêque de Rome était élu par un synode représentatif des principaux clercs et laïcs de la ville. Ces synodes électoraux peuvent être désordonnés, voire très politiques. Les empereurs, les rois et d’autres dirigeants civils exerçaient une influence considérable sur l’élection afin d’obtenir le candidat le plus favorable à leurs intérêts. Au Moyen Âge, la papauté était peut-être devenue la plus grande puissance de la politique européenne, de sorte que l’élection du candidat préféré d’un souverain faisait de la papauté un véritable enjeu politique.

Pour protéger le caractère sacré de la fonction, des réformes ont été entreprises au fil du temps. En 1059, le pape Nicolas II a décrété que seuls les cardinaux pouvaient élire le Pape – à l’origine, seuls les cardinaux-évêques. En 1179, le pape Alexandre III a étendu le vote à tous les cardinaux et exigé une majorité des deux tiers. Cette règle s’applique encore aujourd’hui.

Malgré toutes ces réformes, un conclave reste un type de synode représentatif. Le mot « cardinal » vient du latin cardo, qui signifie charnière d’une porte ou d’une armoire. Ainsi, le diocèse de Rome « tourne » grâce à ce clergé, ainsi qu’à l’apport des évêques des diocèses environnants. C’est pourquoi tous les cardinaux du monde, en plus de leur ministère d’évêque diocésain, de préfet de dicastère ou autre, sont soit des « cardinaux-diacres » ou des « cardinaux-prêtres » honoraires d’une paroisse de Rome, soit des « cardinaux-évêques » d’un diocèse voisin. Par exemple, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix est archevêque de Québec et cardinal prêtre de San Giuseppe, une paroisse du quartier de Aurelio à Rome. La communauté paroissiale elle-même est dirigée par un curé et un clergé assistant incardiné dans le diocèse de Rome. Tout cela signifie que le Collège des cardinaux continue d’être, au moins nominalement, le principal clergé de la ville ! La papauté étant un ministère mondial, il est important que les cardinaux élus soient aussi représentatifs que possible de l’Église mondiale. Pour ce conclave, les électeurs viennent de 72 pays du monde entier, représentant tous les continents et toutes les régions.

Pour plus d’informations sur le Collège des cardinaux, y compris une brève biographie de chaque membre du Collège, consultez cette page du site web du Vatican.

 

2 – Seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent-ils être élus, Pape ?

En fait, la seule condition est qu’ils puissent être consacrés en tant qu’évêque. Autrement dit, tout homme catholique non marié âgé de 35 ans et plus peut être élu Pape ! Bien entendu, l’élection d’un autre cardinal élu est une convention si solide qu’elle n’a jamais été rompue depuis près de 650 ans. Le dernier non cardinal à avoir été élu est l’archevêque Bartolomeo Prignano de Bari en 1378, qui est devenu le pape Urbain VI. Le dernier non-évêque à avoir été élu est le diplomate papal et prêtre camaldule, le cardinal Bartolomeo Alberto Cappellari. (À son époque, les membres du clergé de la Curie et du corps diplomatique n’étaient pas toujours ordonnés évêques, même s’ils étaient élevés au rang de cardinal). Il fut ordonné évêque et devint le pape Grégoire XVI en 1831.

 

3- Pourquoi parle-t-on de « Conclave » ?

Le mot vient du latin cum clave, qui signifie « avec une clé ». Il fait référence au fait que les cardinaux sont littéralement enfermés à l’intérieur de la chapelle Sixtine pour voter. 

À l’origine, c’était un moyen d’encourager les électeurs à prendre une décision plus rapide, comme pour leur dire : « Vous ne pouvez pas sortir avant d’avoir choisi quelqu’un ! ». Le pape Grégoire X a instauré cette règle en 1274 : les cardinaux avaient mis trois ans à l’élire en 1271, et il voulait s’assurer que cela ne se reproduise plus jamais ! En outre, le verrouillage des portes a permis de limiter – mais pas d’exclure totalement – l’influence des rois et autres dirigeants civils sur l’élection, à une époque où la papauté était le plus grand pouvoir de la politique européenne.

C’est 850 ans plus tard, que la règle est plus conceptuelle que littérale, bien que la porte soit effectivement verrouillée pendant les sessions de vote et qu’il soit « expressément interdit aux cardinaux électeurs, pendant toute la durée de l’élection, de recevoir des journaux ou des périodiques de quelque nature que ce soit, d’écouter la radio ou de regarder la télévision » (n° 57). En 2025, cela inclut aussi clairement les smartphones et l’accès à l’internet. À mon avis, cum clave signifie également le secret que les cardinaux élus sont tenus, par serment, de respecter pendant et après le Conclave, et la liberté de l’Église de discerner la volonté de Dieu, à l’écart du gain personnel et des intérêts politiques séculiers.

Je parlerai de la politique d’un Conclave dans un autre article. Pour l’instant, abordons une question complémentaire :

 

4- Pourquoi tous ces secrets ?

Nous aimons les bons drames politiques, même si le processus de vote d’un conclave est en fait assez répétitif. Hélas, les cardinaux  et les assistants (cuisiniers, agents d’entretien et personnel médical) sont tenus, sous peine d’excommunication, de ne pas divulguer les détails concernant les totaux des votes, les blocs de vote, les discussions et les débats pendant le conclave. 

Il est vrai que les journalistes sont souvent en mesure de reconstituer les événements en émettant des hypothèses fondées sur les opinions exprimées publiquement par les cardinaux, sur les informations générales fournies par le Bureau de presse du Saint-Siège, comme les thèmes des Congrégations générales, et avec l’aide de quelques sources anonymes. Cependant, une fois le Conclave terminé et le nouveau Pape présenté à l’Église, le Collège s’engage à présenter une démonstration unie de soutien au nouveau Pape. Plus important encore, il s’engage à tenir compte de l’avertissement de Saint Paul de « s’efforcer de maintenir l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Ephésiens 4:3). Les commentaires et les descriptions de divisions au sein du Conclave, aussi exacts soient-ils, risquent de saper ce soutien.  

 

5- Comment puis-je me tenir au courant de toutes les nouvelles et de tous les événements de l’Interrègne et du Conclave ?

Rendez-vous sur slmedia.org/fr/papaute pour tous nos reportages à Rome, y compris les messes novendiales en mémoire du pape François, les préparatifs du conclave et la messe d’inauguration du nouveau Pape. Découvrez également le prochain épisode de notre série spéciale « Entre deux pontificats : un pèlerinage d’espérance » dès maintenant !

Le conclave papal : Chronologie

Alors que nous continuons à recommander notre cher pape François dans les bras de Dieu, les catholiques du monde entier ont une autre responsabilité à assumer à partir du 7 mai : l’élection d’un nouveau souverain pontife.

Oui, vous avez bien lu. Vous aussi avez un rôle essentiel à jouer dans le prochain conclave : Prier. Vous êtes appelé.es à vous réunir avec votre famille, vos ami.es et vos paroissiens, paroissiennes et à consacrer du temps à vos prières personnelles pour exprimer à Dieu votre espérance, vos rêves, vos inquiétudes et vos préoccupations concernant l’avenir du peuple de Dieu. 

Vous êtes appelé.es à demander à l’Esprit Saint de donner au Collège des cardinaux une nouvelle dose de courage, de sagesse et de joie afin de choisir notre prochain Pape.

Cependant, vous vous demandez peut-être ce que font les cardinaux. Voici une chronologie pour vous aider à le découvrir !

 

Quel est le processus du conclave ?

Les conclaves des Papes sont régis par la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis de 1996 de saint Jean-Paul II, que le pape Benoît XVI a révisée en 2007 et en 2013. Elle établit des règles très précises et exactes (comme l’aspect des cartes de vote ! Voir n° 65) pour s’assurer que le résultat est clair et universellement reconnu.

Voici ce qui se passe à Rome, selon ces règles et le calendrier général :

  • 21 avril : le pape François meurt ; l’ensemble du Collège des cardinaux est convoqué à Rome et tous s’installent à la Casa Santa Marta.
  • 22 avril : les cardinaux prêtent serment de discrétion et commencent à se réunir quotidiennement pour prier, apprendre à se connaître, discuter et superviser les affaires de l’Église, ce qu’on appelle les « Congrégations générales ». Les cardinaux âgés de plus de 80 ans participent à ces réunions.
  • Du 23 avril au 6 mai : Deuil du pape François : mise en bière, funérailles, inhumation et messes de Novendiali. Les Congrégations générales se poursuivent.
  • Le conclave débute le 7 mai.

 

Le Conclave

Le 7 mai : 

  • Le matin, le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, préside la messe votive Pro Eligendo Romano Pontifice « pour l’élection du Pontife romain » à la basilique Saint-Pierre.
  • En après-midi, les cardinaux électeurs – tous les cardinaux présents et en règle âgés de moins de 80 ans – passent de la chapelle Pauline à la chapelle Sixtine pendant que le chœur chante la litanie des saints.
  • Les électeurs prêtent à nouveau le serment de discrétion et s’assoient à la place qui leur a été assignée. Mgr Diego Ravelli, le maître des célébrations liturgiques papales, déclare Extra omnes (littéralement « tout le monde dehors ! ») et verrouille la porte de la chapelle Sixtine pour la première session de vote. Le cardinal Raniero Cantalamessa, 90 ans, prédicateur émérite de la Maison pontificale, désigné au préalable prononce une méditation « sur le grave devoir qui leur incombe et donc sur la nécessité d’agir avec une intention droite pour le bien de l’Église universelle » (n° 52). Le cardinal Cantalamessa et l’archevêque Ravelli sont les seuls non-électeurs autorisés à rester dans la chapelle Sixtine. 

Séances de vote :

  • Les électeurs inscrivent le nom de leur choix sur leur bulletin de vote en papier.
  • Un à un, ils présentent leur bulletin aux scrutateurs (tirés au sort parmi les membres du collège).
  • Les votes sont lus et comptés un par un.
  • Les réviseurs (également tirés au sort) vérifient les bulletins et confirment les votes.

« Pour que l’élection du Pontife romain soit valide, il faut au moins deux tiers des voix, calculées sur la base du nombre total d’électeurs présents et votants » (n° 62).

À l’heure où nous écrivons ces lignes, cela signifie que 89 voix sont nécessaires pour une élection. Tout homme catholique célibataire âgé de 35 ans ou plus est éligible. Toutefois, les seuls Papes qui ont été élus au cours des 650 dernières années étaient eux-mêmes des cardinaux-électeurs.

S’il n’y a pas d’élection valide, les bulletins de vote sont brûlés à l’aide de produits chimiques : 

  • Les bulletins de vote sont brûlés avec des produits chimiques pour produire une fumée noire dans la cheminée de la chapelle Sixtine : la foule de la place Saint-Pierre soupire.
  • Les électeurs procèdent immédiatement à un second tour de scrutin, en répétant le processus ci-dessus.
  • Il y a jusqu’à quatre sessions de vote par jour, avec une pause pour le déjeuner après la deuxième session et une pause pour le soir après la quatrième session.
  • Cela dure trois jours, suivis d’une pause d’un jour, puis de sept autres séances de vote, d’une pause et d’un nouveau vote.

S’il y a une élection valide :

  • Le cardinal électeur le plus ancien (voir la question n° 3 ci-dessous) « demande le consentement de l’élu dans les termes suivants : Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife ? Et, dès qu’il a reçu le consentement, il lui demande : Sous quel nom veux-tu être appelé ? ». (Universi Dominici Gregis # 87).
  • Le nouveau Pape répond ! Le conclave est officiellement terminé, la chapelle Sixtine est ouverte et d’autres officiels sont invités à entrer.
  • Les cardinaux et d’autres personnes accueillent le nouveau Pape.
  • Les bulletins de vote sont brûlés avec des produits chimiques pour produire de la fumée blanche dans la cheminée de la chapelle Sixtine : la foule sur la place Saint-Pierre applaudit !
  • Le cardinal diacre le plus ancien annonce : « Habemus Papam » depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre.
  • Le nouveau Pape salue la foule et donne la bénédiction Urbi et Orbi.

Quelques jours plus tard :

  • Messe d’installation sur la place Saint-Pierre
  • Prise de possession de la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale du diocèse de Rome

 

Homélie lors la messe de funérailles du pape François

La messe de funérailles du pape François présidée par Son Éminence le cardinal Giovanni Battista Re, Doyen du Collège des cardinaux, sur la place Saint-Pierre. Crédit photo : Vatican Media

Le texte ci-dessous est publié tel qu’il a été communiqué par le Service de presse du Saint-Siège, sans modification, y compris l’homélie prononcée lors de la messe des funérailles du pape François.

Messe de funérailles du Pape François
Homélie de Son Éminence le Card. Giovanni Battista Re
Samedi, 26 avril 2025

Sur cette majestueuse place Saint-Pierre, où le pape François a célébré tant de fois l’Eucharistie et présidé de grandes rencontres au cours de ces 12 années, nous sommes rassemblés en prière autour de sa dépouille mortelle, le cœur triste, mais soutenus par les certitudes de la foi, qui nous assure que l’existence humaine ne s’achève pas dans la tombe, mais dans la maison du Père, dans une vie de bonheur qui ne connaîtra pas de crépuscule. 

Au nom du Collège des Cardinaux, je remercie cordialement chacun d’entre vous pour votre présence. Avec une profonde émotion, j’adresse un salut respectueux et mes vifs remerciements aux chefs d’État, aux chefs de gouvernement et aux délégations officielles venus de nombreux pays pour exprimer leur affection, leur vénération et leur estime envers le Pape qui nous a quittés. 

Le plébiscite des manifestations d’affection et de participation, que nous avons vu ces derniers jours après son passage de cette terre vers l’éternité, nous montre à quel point le pontificat intense du pape François a touché les esprits et les cœurs. 

Sa dernière image, qui restera gravée dans nos yeux et dans nos cœurs, est celle de dimanche dernier, jour de la solennité de Pâques, lorsque le pape François, malgré ses graves problèmes de santé, a voulu nous donner la bénédiction depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, puis est descendu sur cette place pour saluer depuis la papamobile découverte toute la foule venue assister à la messe de Pâques. 

Par notre prière, nous voulons maintenant confier l’âme du bien-aimé Pontife à Dieu, afin qu’Il lui accorde la félicité éternelle dans l’horizon lumineux et glorieux de son immense amour. La page de l’Évangile, où résonne la voix même du Christ interpellant le premier des Apôtres, nous éclaire et nous guide : “Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ?”. Et la réponse de Pierre fut immédiate et sincère : “Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime”. Et Jésus lui confia la grande mission : “Pais mes brebis”.  Ce sera là la tâche constante de Pierre et de ses successeurs, un service d’amour à la suite du Maître et Seigneur Jésus-Christ qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45). 

Malgré sa fragilité dernière et sa souffrance, le pape François a choisi de suivre cette voie du don jusqu’au dernier jour de sa vie terrestre. Il a suivi les traces de son Seigneur, le bon Pasteur, qui a aimé ses brebis jusqu’à donner sa vie pour elles. Et il l’a fait avec force et sérénité, proche de son troupeau, l’Église de Dieu, en se souvenant de la phrase de Jésus citée par l’apôtre Paul : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35). 

Lorsque le Cardinal Bergoglio a été élu le 13 mars 2013 par le Conclave pour succéder au pape Benoît XVI, il avait derrière lui des années de vie religieuse dans la Compagnie de Jésus et surtout il était enrichi par l’expérience de 21 ans de ministère pastoral dans l’archidiocèse de Buenos Aires, d’abord comme auxiliaire, puis comme coadjuteur et enfin, surtout, comme archevêque. 

La décision de prendre le nom de François est immédiatement apparue comme le choix d’un programme et d’un style sur lesquels il souhaitait fonder son pontificat, en cherchant à s’inspirer de l’esprit de saint François d’Assise. 

 Il a conservé son tempérament et sa manière de guider son troupeau, et a immédiatement imprimé sa forte personnalité dans la gouvernance de l’Église, en établissant un contact direct avec les individus et les populations, désireux d’être proche de tous, avec une attention particulière pour les personnes en difficulté, se dépensant sans compter, en particulier pour les plus démunis, les exclus. 

Il a été un pape parmi les gens, avec un cœur ouvert à tous. Il a également été un pape attentif à ce qui émergeait de nouveau dans la société et à ce que l’Esprit Saint suscitait dans l’Église. Avec son vocabulaire caractéristique et son langage riche en images et en métaphores, il a toujours cherché à éclairer les problèmes de notre temps par la sagesse de l’Évangile, en offrant une réponse à la lumière de la foi et en encourageant à vivre en chrétiens les défis et les contradictions de ces années de changements, qu’il aimait qualifier de “changement d’époque”. Il avait une grande spontanéité et une manière informelle de s’adresser à chacun, même aux personnes éloignées de l’Église. 

Riche de chaleur humaine et profondément sensible aux drames actuels, le pape François a véritablement partagé les angoisses, les souffrances et les espoirs de notre époque de mondialisation, et s’est dépensé pour réconforter et encourager chacun par un message capable de toucher le cœur des gens de manière directe et immédiate. 

Son charisme de l’accueil et de l’écoute, unis à une manière d’être en phase avec la sensibilité d’aujourd’hui, a touché les cœurs, cherchant à réveiller les énergies morales et spirituelles. 

Le primat de l’évangélisation a été le guide de son pontificat, diffusant, avec une empreinte missionnaire évidente, la joie de l’Évangile, qui a été le titre de sa première exhortation apostolique Evangelii gaudium. Une joie qui remplit de confiance et d’espérance le cœur de tous ceux qui se confient à Dieu. 

Le fil conducteur de sa mission a également été la conviction que l’Église est une maison pour tous, une maison dont les portes sont toujours ouvertes. Il a souvent utilisé l’image de l’Église comme “hôpital de campagne” après une bataille qui a fait de nombreux blessés ; une Église désireuse de prendre en charge avec détermination les problèmes des personnes et les grandes souffrances qui déchirent le monde contemporain ; une Église capable de se pencher sur chaque homme, au-delà de toute croyance ou condition, pour soigner ses blessures. 

Ses gestes et ses exhortations en faveur des réfugiés et des personnes déplacées sont innombrables. Son insistance à œuvrer en faveur des pauvres a également été constante. Il est significatif que le premier voyage du pape François ait été celui à Lampedusa, île symbole du drame de l’émigration avec des milliers de personnes noyées en mer. Dans la même ligne, il y a eu également le voyage à Lesbos, avec le patriarche œcuménique et l’archevêque d’Athènes, ainsi que la célébration d’une messe à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, à l’occasion de son voyage au Mexique. 

Parmi ses 47 voyages apostoliques intenses, celui qu’il a effectué en Irak en 2021, au péril de sa vie, restera particulièrement gravé dans les mémoires. Cette difficile visite apostolique a été un baume sur les plaies ouvertes du peuple irakien, qui a tant souffert des actes inhumains de Daech. 

Ce voyage a également été important pour le dialogue interreligieux, autre dimension importante de son œuvre pastorale. Avec sa visite apostolique de 2024 dans quatre pays d’Asie-Océanie, le pape a atteint “la périphérie la plus périphérique du monde”. 

Le pape François a toujours mis au centre l’Évangile de la miséricorde, soulignant à plusieurs reprises que Dieu ne se lasse pas de nous pardonner : Il pardonne toujours, quelle que soit la situation de celui qui demande pardon et revient sur le droit chemin. 

Il a voulu le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, afin de mettre en évidence que la miséricorde est “le cœur de l’Évangile”. 

Miséricorde et joie de l’Évangile sont deux mots clés du pape François. 

En opposition à ce qu’il a défini comme “la culture du déchet”, il a parlé de la culture de la rencontre et de la solidarité. Le thème de la fraternité a traversé tout son pontificat avec des accents vibrants. Dans la lettre encyclique Fratelli tutti, il a voulu faire renaître une aspiration mondiale à la fraternité, car nous sommes tous enfants du même Père qui est aux cieux. Il a souvent rappelé avec force que nous appartenons tous à la même famille humaine. 

En 2019, lors de son voyage aux Émirats arabes unis, le pape François a signé un document sur la “Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune”, rappelant la paternité commune de Dieu. 

S’adressant aux hommes et aux femmes du monde entier, la lettre encyclique Laudato si’ a attiré l’attention sur les devoirs et la coresponsabilité envers notre maison commune. “Personne ne peut se sauver seul”. 

Face à la fureur des nombreuses guerres de ces dernières années, avec leurs horreurs inhumaines, leurs innombrables morts et destructions, le pape François n’a cessé d’élever la voix pour implorer la paix et appeler à la raison, à des négociations honnêtes afin de trouver les solutions possibles, car la guerre, disait-il, n’est que mort d’êtres humains, destruction de maisons, d’hôpitaux et d’écoles. La guerre laisse toujours le monde pire qu’il n’était auparavant : elle est toujours une défaite douloureuse et tragique pour tous. 

“Construire des ponts et non des murs” est une exhortation qu’il a répétée à plusieurs reprises et son service de foi en tant que Successeur de l’Apôtre Pierre a toujours été lié au service de l’homme dans toutes ses dimensions. 

En union spirituelle avec toute la Chrétienté, nous sommes nombreux ici à prier pour le pape François afin que Dieu l’accueille dans l’immensité de son amour. 

Le pape François avait l’habitude de conclure ses discours et ses rencontres en disant : “N’oubliez pas de prier pour moi”. 

Cher Pape François, nous te demandons maintenant de prier pour nous et que, du ciel, tu bénisses l’Église, bénisses Rome, bénisses le monde entier, comme tu l’as fait dimanche dernier depuis le balcon de cette basilique, dans une dernière étreinte avec tout le peuple de Dieu, mais aussi, idéalement, avec l’humanité qui cherche la vérité avec un cœur sincère et qui tient haut le flambeau de l’espérance. 

Pour une couverture complète du pontificat du pape François, y compris des documentaires originaux, des événements au Vatican, des visites apostoliques, des discours et d’autres articles, visitez https://slmedia.org/fr/pape-françois.

Pour suivre aussi notre couverture du conclave et l’interrègne papal visitez notre page https://slmedia.org/fr/papaute

 

Le pape François : Nécrologie

Le pape François : Nécrologie

« C’est ainsi que le nom est venu dans mon cœur : François d’Assise. Pour moi, il est l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime et protège la création. »

(Discours aux représentants des médias, 16 mars 2013)

Nous sommes profondément attristés par le décès de notre bien-aimé pape François, survenu le 21 avril 2025. Il était le 266e successeur au siège de Pierre, un berger diligent de l’Église catholique dans le monde entier et un fidèle serviteur des serviteurs de Dieu.

Il a été un pape de la pauvreté. Des réfugiés de la Méditerranée à Lampedusa aux migrants qui traversent la frontière entre les États-Unis et le Mexique, en passant par les habitants du Sud-Soudan qui construisent leur nouveau pays, il a rencontré les marginaux avec l’amour tendre du Christ.

Il a été un pape de la paix. Il a appelé les autorités civiles et les personnes de bonne volonté du monde entier à s’embrasser dans la fraternité et la concorde.

C’était un pape qui aimait et protégeait la création. Il nous a tous invités à adorer Dieu à travers une rencontre transformatrice avec notre maison commune, une rencontre qui nous amène à dépasser les échanges commerciaux pour approfondir le sens de la responsabilité mutuelle et de l’interdépendance.

Il a été un pape de la réconciliation. Il est venu sur le sol canadien et autochtone pour présenter ses excuses et chercher à guérir les profondes blessures infligées dans les pensionnats.

Il a été un pape de l’espoir et du pèlerinage. Il a mis l’Église sur la voie d’une écoute plus profonde et d’une croissance continue, en nous donnant les moyens de marcher sur le chemin de la synodalité.

 

Miserando atque eligendo

Jorge Mario Bergoglio est né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, en Argentine, et a grandi dans un foyer de migrants italiens. Il a étudié la technologie chimique et a exercé divers emplois avant d’entrer au noviciat jésuite en 1958. Il a prononcé ses vœux perpétuels en 1960 et a été ordonné prêtre en 1969. Il a été nommé provincial de la province argentine des Jésuites de 1973 à 1979, puis a occupé une série de postes universitaires jusqu’en 1992, date à laquelle le pape Jean-Paul II l’a nommé évêque auxiliaire, puis coadjuteur, de Buenos Aires. Il a succédé au cardinal Antonio Quarracino en tant qu’ archevêque de Buenos Aires en 1998 et a été lui-même nommé cardinal en 2001.

Tout au long de son ministère épiscopal et papal, il a porté la devise Miserando atque eligendo : « ayant miséricorde et choisissant », en référence à l’appel de Jésus à saint Matthieu à le suivre (voir Matthieu 9:9). Le service du cardinal Bergoglio à l’Église d’Argentine a été marqué par une présence pastorale proche des marginaux, illustrée par ses visites régulières dans les barrios de Buenos Aires. Cet engagement envers les pauvres et les oubliés s’est prolongé dans son service en tant qu’évêque de Rome et pape de l’Église universelle. Son encyclique environnementale Laudato Si’ (2015) et son exhortation de suivi Laudate Deum (2023) nous ont exhortés à renouveler notre attention pour la planète, à inverser le changement climatique et à passer d’une production et d’une utilisation d’énergie à partir de combustibles fossiles à des ressources renouvelables. Son encyclique sociale Fratelli Tutti (2020) nous appelle, ainsi que les dirigeants du monde, à tendre la main dans la paix à toute la famille humaine, au milieu des divisions d’une pandémie mondiale et de la menace d’un conflit permanent.

Les 47 visites apostoliques du pape François à l’étranger lui ont permis de continuer à « sentir l’odeur des brebis », en rencontrant les fidèles du monde entier et en s’adressant directement à leur situation particulière. Depuis son acte poignant de repentance à Lampedusa jusqu’à ses appels à une hospitalité généreuse en Hongrie et à Marseille, il nous a rappelé à tous le courage et la souffrance des réfugiés et des migrants. Ses voyages en Irak, à Abu Dhabi (EAU), au Bahreïn, aux Nations unies et au Canada ont préparé le terrain pour son message durable de paix, de réconciliation et de dialogue fraternel. Il a été le premier pape à se rendre en Mongolie et le premier depuis des décennies à se rendre en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Timor-Leste, nous rappelant que ceux que nous pourrions considérer comme les plus éloignés sont au centre du cœur de Dieu. Au cours des deux jubilés de son pontificat, en 2025 et lors du jubilé extraordinaire de 2016, il nous a appelés à renouveler notre espérance dans le Christ et à manifester la miséricorde inébranlable de Dieu envers le monde. Ses quatre participations aux Journées mondiales de la jeunesse, y compris une visite apostolique complète au Portugal pour Lisbonne 2023, nous ont inspiré l’espérance et la confiance dans les plans de Dieu pour l’Église et pour nos vies.

Tout son pontificat a été marqué par un désir ardent de transformer les luttes internes de l’Église en opportunités audacieuses de mission et de renouveau. Il s’est immédiatement mis au travail, promulguant sa profonde exhortation Evangelli Gaudium, sur la joie de l’Évangile, neuf mois seulement après son élection à la chaire de saint Pierre. Il a réformé avec diligence la Curie romaine, la mettant sur la voie d’une plus grande responsabilité, d’une plus grande intégrité et d’une orientation vers l’extérieur dans la joie de l’Évangile. Son Synode sur la synodalité, qui a fait date, a revigoré l’esprit et la pratique du dialogue entre le vaste éventail de personnes et de perspectives, de rôles et d’expériences, d’espérance et de préoccupations de l’Église. Sa Commission sur la protection des mineurs, le Conseil des cardinaux et une série complète de réformes fiscales ont tous contribué à améliorer la responsabilité, la gouvernance collégiale et la fiabilité de la direction de l’Église.

Alors que nous pleurons sa mort et prions pour le repos de son âme, nous sommes également émus d’exprimer notre gratitude à Dieu pour nous avoir envoyé un berger aussi ardent, fidèle, surprenant et rempli de joie, qui a refusé de laisser les limites de notre temps entraver le rêve de ce que nous pourrions être un jour. L’impact indélébile du pape François sur l’Église et le monde se répercutera sur les générations à venir.

Pour une couverture complète du pontificat du pape François, y compris des documentaires originaux, des événements au Vatican, des visites apostoliques, des discours et d’autres articles, visitez https://slmedia.org/fr/pape-françois.

 

Catéchèse du pape François – mercredi 16 avril 2025

Rembrandt Harmensz van Rijn, « Retour du fils prodigue ». Google Art Project. Wikimedia Commons.

Le pape François a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », dans le cadre du Jubilé 2025. Il s’est penché sur les paraboles de Jésus dans les Évangiles. Cette semaine, il a exploré la parabole du père et des deux fils, également connue sous le nom de parabole du fils prodigue. Il a écrit que « l’Évangile est destiné à nous donner un message d’espérance, car il nous dit que, où que nous soyons perdus, et quelle que soit la manière dont nous nous sommes perdus, Dieu vient toujours nous chercher ! »

Lisez ci-dessous le texte préparé de sa catéchèse.

Chers frères et sœurs,

Après avoir médité sur les rencontres de Jésus avec certains personnages de l’Évangile, je voudrais m’arrêter, à partir de cette catéchèse, sur quelques paraboles. Comme nous le savons, ce sont des histoires qui reprennent des images et des situations de la réalité quotidienne. C’est pourquoi elles touchent aussi notre vie. Elles nous provoquent. Et elles nous demandent de prendre position : où est-ce que je me situe dans ce récit ?

Commençons par la parabole la plus célèbre, celle dont tous nous nous souvenons peut-être depuis que nous étions tout petits : la parabole du père et des deux fils (Lc 15, 1-3.11-32). Nous y trouvons le cœur de l’Évangile de Jésus, à savoir la miséricorde de Dieu.

L’évangéliste Luc dit que Jésus raconte cette parabole pour les pharisiens et les scribes, qui murmuraient du fait que Lui mangeait avec les pécheurs. C’est pourquoi on pourrait dire qu’il s’agit d’une parabole adressée à ceux qui sont perdus mais qui ne le savent pas et qui jugent les autres.

L’Évangile veut nous donner un message d’espérance, car il nous dit que, où que nous soyons perdus, quelle que soit la manière dont nous nous sommes perdus, Dieu vient toujours nous chercher ! Peut-être nous sommes-nous perdus comme une brebis qui s’est éloignée du chemin pour brouter l’herbe, ou qui est restée derrière à cause de la fatigue (cf. Lc 15, 4-7). Ou bien nous sommes perdus comme une pièce de monnaie, qui est peut-être tombée par terre et ne peut plus être retrouvée, ou bien quelqu’un l’a mise quelque part et ne se souvient plus de l’endroit. Ou bien nous nous sommes perdus comme les deux fils de ce père : le plus jeune parce qu’il s’est lassé d’une relation qu’il jugeait trop exigeante ; mais l’aîné aussi s’est perdu, parce qu’il ne suffit pas de rester à la maison s’il y a de l’orgueil et de la rancœur dans le cœur.

L’amour est toujours un engagement, il y a toujours quelque chose que nous devons accepter de perdre pour rencontrer l’autre. Mais le fils cadet de la parabole ne pense qu’à lui-même, comme cela arrive à certaines étapes de l’enfance et de l’adolescence. En réalité, autour de nous, nous voyons aussi beaucoup d’adultes qui sont ainsi, qui ne parviennent pas à poursuivre une relation parce qu’ils sont égoïstes. Ils s’imaginent qu’ils vont se trouver et, au contraire, ils se perdent, car ce n’est que lorsqu’on vit pour quelqu’un que nous vivons vraiment.

Ce fils cadet, comme nous tous, a faim d’affection, il veut être aimé. Mais l’amour est un don précieux, il doit être traité avec soin. Au lieu de cela, il le gaspille, il se dévalorise, il ne se respecte pas. Il s’en rend compte dans les moments de famine, quand personne ne s’occupe de lui. Le risque est que, dans ces moments-là, nous nous mettions à mendier l’affection et nous nous attachions au premier maître venu.

Ce sont ces expériences qui font naître en nous la fausse conviction de pouvoir vivre une relation seulement de manière servile, comme si nous devions expier une faute ou comme si l’amour véritable ne pouvait pas exister. Le fils cadet, en effet, lorsqu’il a touché le fond, pense retourner dans la maison de son père pour ramasser par terre quelques miettes d’affection.

Seul celui qui nous aime vraiment peut nous libérer de cette fausse vision de l’amour. Dans notre relation avec Dieu, nous faisons précisément cette expérience. Le grand peintre Rembrandt, dans un tableau célèbre, a magnifiquement représenté le retour du fils prodigue. Deux détails me frappent particulièrement : la tête du jeune homme est rasée, comme celle d’un pénitent, mais elle ressemble aussi à la tête d’un enfant, car ce fils est en train de renaître. Et puis les mains du père : l’une masculine et l’autre féminine, pour exprimer la force et la tendresse dans l’étreinte du pardon.

Mais c’est le fils aîné qui représente ceux pour qui la parabole est racontée : c’est le fils qui est toujours resté à la maison avec son père, mais qui était distant de lui, distant de cœur. Ce fils aurait peut-être voulu partir lui aussi, mais par peur ou par devoir, il est resté là, dans cette relation. Or, quand on s’adapte contre son gré, on commence à nourrir en soi une colère qui, tôt ou tard, explose. Paradoxalement, c’est le fils aîné qui risque finalement de rester hors de la maison, parce qu’il ne partage pas la joie de son père.

Le père sort également à sa rencontre. Il ne le gronde pas et ne le rappelle pas à l’ordre. Il veut simplement qu’il ressente son amour. Il l’invite à entrer et laisse la porte ouverte. Cette porte reste également ouverte pour nous. C’est en effet la raison de l’espérance : nous pouvons espérer parce que nous savons que le Père nous attend, qu’il nous voit de loin et qu’il laisse toujours la porte ouverte.

Chers frères et sœurs, demandons-nous donc où nous nous situons dans ce merveilleux récit. Et demandons à Dieu le Père la grâce de retrouver nous aussi le chemin vers la maison.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Pour consulter le répertoire complet des audiences générales du pape François, visitez notre blogue.

 

Catéchèse du pape François – mercredi 9 avril 2025

« Le Sacré-Cœur de Jésus. Photo prise par Ulises Vargas Loreto sur Cathopic.

Dans le cadre du Jubilé 2025, le Pape François a poursuivi le deuxième volet de son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », consacré aux rencontres avec le Christ dans les Évangiles. Cette semaine, il a réfléchi à la rencontre de Jésus avec un homme riche dans l’Évangile de Marc, au chapitre 10. Le Saint-Père a écrit que « c’est précisément parce que Jésus regarde à l’intérieur de chacun de nous qu’il nous aime tels que nous sommes vraiment…. ».

Que voit Jésus lorsqu’il regarde en chacun de nous et qu’il nous aime, malgré nos distractions et nos péchés ? Il voit notre fragilité, mais aussi notre désir d’être aimés tels que nous sommes.

Lisez ci-dessous le texte préparé de sa catéchèse.

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, nous nous penchons sur une autre rencontre de Jésus relatée dans les Évangiles. Cette fois-ci, la personne rencontrée n’a pas de nom. L’évangéliste Marc la présente simplement comme « un homme » (10,17). Il s’agit d’un homme qui depuis sa jeunesse a respecté les commandements, mais qui, malgré cela, n’a pas encore trouvé le sens de sa vie. Il le cherche. C’est peut-être quelqu’un qui n’a pas pris de décision jusqu’au bout, malgré l’apparence de personne engagée. Au-delà des choses que nous faisons, des sacrifices ou des succès, ce qui compte vraiment pour être heureux, c’est ce que nous portons dans notre cœur. Si un navire doit prendre la mer et quitter le port pour naviguer en haute mer, il a beau être merveilleux, avec un équipage exceptionnel, s’il ne tire pas sur le lest et les ancres qui le retiennent, il n’avancera jamais. Cet homme s’est construit un navire de luxe, mais il est resté au port !

Alors que Jésus poursuit son chemin, cet homme court vers lui, s’agenouille devant lui et lui demande : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ?» (v. 17). Remarquez les verbes : « que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ». Puisque l’observation de la Loi ne lui a pas donné le bonheur et la sécurité d’être sauvé, il se tourne vers le Maître Jésus. Ce qui est frappant, c’est que cet homme ne connaît pas le vocabulaire de la gratuité ! Tout lui semble dû. Tout est un devoir. La vie éternelle est pour lui un héritage, quelque chose qui s’obtient de droit, par le respect méticuleux des engagements. Mais dans une vie vécue ainsi, même si c’est certainement pour le bien, quelle place peut avoir l’amour ?

Comme toujours, Jésus va au-delà de l’apparence. Alors que cet homme met en avant son bel curriculum, Jésus va plus loin et regarde à l’intérieur. Le verbe utilisé par Marc est très significatif : « posant son regard sur lui » (v. 21). C’est précisément parce que Jésus regarde à l’intérieur de chacun de nous qu’il nous aime tels que nous sommes vraiment. Qu’est-ce qu’il aura vu à l’intérieur de cette personne ? Que voit Jésus lorsqu’il regarde en nous et qu’il nous aime, malgré nos distractions et nos péchés ? Il voit notre fragilité, mais aussi notre désir d’être aimés tels que nous sommes.

En posant son regard sur lui – dit l’Évangile – « il l’aima » (v. 21). Jésus aime cet homme avant même de l’inviter à le suivre. Il l’aime tel qu’il est. L’amour de Jésus est gratuit, à l’opposé de la logique du mérite qui assaillait cette personne. Nous sommes vraiment heureux lorsque nous réalisons que nous sommes aimés de cette manière, gratuitement, par grâce. Et cela vaut également dans les relations entre nous : tant que nous essayons d’acheter l’amour ou de mendier l’affection, ces relations ne nous rendront jamais heureux.

La proposition que Jésus fait à cet homme est de changer sa manière de vivre et d’être en relation avec Dieu. En effet, Jésus reconnaît qu’en lui, comme en chacun de nous, il y a un manque. C’est le désir que nous portons dans notre cœur d’être aimés. Il y a une blessure qui nous appartient en tant qu’êtres humains, la blessure par laquelle l’amour peut passer.

Pour combler ce manque, il ne faut pas « acheter » de la reconnaissance, de l’affection, de la considération, mais en revanche « vendre » tout ce qui nous alourdit, pour rendre notre cœur plus libre. On n’a pas besoin de continuer à prendre pour soi, mais plutôt de donner aux pauvres, de mettre à disposition, de partager.

Enfin, Jésus invite cet homme à ne pas rester seul. Il l’invite à le suivre, à rester dans un lien, à vivre une relation. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de sortir de l’anonymat. Nous ne pouvons entendre notre nom que dans une relation, dans laquelle quelqu’un nous appelle. Si nous restons seuls, nous n’entendrons jamais notre nom appelé et nous continuerons à rester des « untel », anonymes. Peut-être qu’aujourd’hui, précisément parce que nous vivons dans une culture de l’autosuffisance et de l’individualisme, nous nous trouvons plus malheureux parce que nous n’entendons plus notre nom prononcé par quelqu’un qui nous aime gratuitement.

Cet homme n’accepte pas l’invitation de Jésus et reste seul, parce que les ballasts de sa vie le maintiennent au port. La tristesse est le signe qu’il n’a pas pu partir. Parfois, nous pensons qu’il s’agit de richesses et ce ne sont que des fardeaux qui nous retiennent. L’espoir est que cette personne, comme chacun de nous, changera tôt ou tard et décidera de prendre le large.

Sœurs et frères, confions au Cœur de Jésus tous ceux qui sont tristes et indécis, afin qu’ils puissent sentir le regard aimant du Seigneur, qui s’émeut en nous regardant tendrement de l’intérieur.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Catéchèse du pape François – mercredi 2 avril 2025

Appel de Zachée, qui est assis dans un figuier. Pays-Bas, Rijksmuseum. Wikimedia Commons.

Le pape François a poursuivi la deuxième partie de son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », dans le cadre du Jubilé 2025, sur les rencontres avec le Christ dans les Évangiles. Cette semaine, il s’est penché sur les efforts concrets de Zachée pour rencontrer Jésus, en écrivant : « Quand tu as un désir fort, tu ne te décourages pas. On trouve une solution. Mais il faut être courageux et sans honte ; il faut avoir un peu de la simplicité des enfants et ne pas se soucier de sa propre image. Zachée, comme un enfant, grimpe à un arbre. »

Lisez ci-dessous le texte préparé de sa catéchèse.

Chers frères et sœurs,

Nous continuons à contempler les rencontres de Jésus avec certains personnages de l’Évangile. Cette fois-ci, je voudrais m’arrêter sur la figure de Zachée : un épisode qui me tient particulièrement à cœur, parce qu’il occupe une place spéciale dans mon cheminement spirituel.

L’Évangile de Luc nous présente Zachée comme quelqu’un qui semble irrémédiablement perdu. Peut-être nous arrive-t-il à nous aussi de nous sentir ainsi : sans espérance. Zachée, en revanche, a découvert que le Seigneur le cherchait déjà.

Jésus est en effet descendu à Jéricho, une ville située sous le niveau de la mer, considérée comme une image du monde souterrain, où Jésus veut aller chercher ceux qui se sentent perdus. Et en effet, le Seigneur ressuscité continue à descendre dans les enfers d’aujourd’hui, dans les lieux de guerre, dans la douleur des innocents, dans le cœur des mères qui voient mourir leurs enfants, dans la faim des pauvres.

Zachée en un certain sens est perdu, peut-être a-t-il fait de mauvais choix ou peut-être la vie l’a-t-elle placé dans des situations dont il a du mal à se sortir. Luc insiste d’ailleurs sur les caractéristiques de cet homme : non seulement il est publicain, c’est-à-dire qu’il perçoit les impôts de ses concitoyens pour les envahisseurs romains, en plus il est même le chef des publicains, comme pour dire que son péché est démultiplié.

Luc ajoute ensuite que Zachée est riche, ce qui suggère qu’il s’est enrichi sur le dos des autres, abusant de sa position. Mais tout cela a des conséquences : Zachée se sent probablement exclu, méprisé de tous.

Lorsqu’il apprend que Jésus passe en ville, Zachée a envie de le voir. Il n’ose pas imaginer une rencontre, il lui suffirait de le regarder de loin. Mais nos désirs rencontrent aussi des obstacles et ne se réalisent pas automatiquement : Zachée est petit de taille ! C’est notre réalité, nous avons des limites avec lesquelles nous devons composer. Et puis il y a les autres, qui parfois ne nous aident pas : la foule empêche Zachée de voir Jésus. C’est peut-être aussi un peu leur revanche.

Mais quand tu as un désir fort, tu ne te décourages pas. Tu trouves une solution. Il faut du courage et ne pas avoir honte, il faut un peu de la simplicité des enfants et ne pas trop se préoccuper de sa propre image. Zachée, comme un enfant, grimpe à un arbre. Ce devait être un bon poste d’observation, surtout pour regarder sans être vu, caché derrière les branches.

Mais avec le Seigneur, l’inattendu se produit toujours : Jésus lève les yeux, quand il parvient là tout proche. Zachée se sent exposé et s’attend probablement à une réprimande publique. Les gens l’espéraient peut-être, mais ils sont déçus : Jésus demande à Zachée de descendre immédiatement, presque surpris de le voir dans l’arbre, et lui dit : « Aujourd’hui, je dois m’arrêter chez toi ! » (Lc 19,5). Dieu ne peut pas passer sans chercher qui est perdu.

Luc souligne la joie du cœur de Zachée. C’est la joie de celui qui se sent regardé, reconnu et surtout pardonné. Le regard de Jésus n’est pas un regard de reproche, mais de miséricorde. C’est cette miséricorde que nous avons parfois du mal à accepter, surtout lorsque Dieu pardonne à ceux qui, selon nous, ne le méritent pas. Nous murmurons parce que nous voudrions mettre des limites à l’amour de Dieu.

Dans la scène dans sa maison, Zachée, après avoir écouté les paroles de pardon de Jésus, se lève, comme s’il ressuscitait de sa condition de mort. Et il se lève pour prendre un engagement : rendre quatre fois ce qu’il a volé. Il ne s’agit pas d’un prix à payer, car le pardon de Dieu est gratuit, il s’agit plutôt d’un désir d’imiter Celui dont il s’est senti aimé. Zachée prend un engagement auquel il n’était pas tenu, mais il le fait parce qu’il réalise que c’est sa façon d’aimer. Et il le fait unissant à la fois la législation romaine sur le vol et la législation rabbinique sur la pénitence. Zachée n’est donc pas seulement l’homme du désir, c’est aussi quelqu’un qui sait poser des gestes concrets. Son propos n’est ni générique ni abstrait, mais part précisément de son histoire : il a regardé sa vie et identifié le point à partir duquel commencer son changement.

Chers frères et sœurs, apprenons de Zachée à ne pas perdre l’espérance, même lorsque nous nous sentons mis de côté ou incapables de changer. Cultivons notre désir de voir Jésus, et surtout laissons-nous trouver par la miséricorde de Dieu qui toujours vient nous chercher, quelle que soit la situation dans laquelle nous sommes perdus.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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