Homélie Du Cardinal Giovanni Battista Re – Messe pour l’élection du Pontife romain

La messe pour l’eléction du Pontife Romain de la Basilique Saint-Pierre au Vatican. Droits réservés à Sel + Lumière Médias

Ce mercredi 7 mai 2025, alors que le conclave s’apprête à élire le 267ᵉ successeur de saint Pierre, le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, a présidé la messe solennelle « Pro Eligendo Romano Pontifice » en la basilique Saint-Pierre. Dans son homélie, il a appelé les cardinaux électeurs à invoquer l’Esprit Saint avec ferveur, soulignant que « prier, en invoquant l’Esprit Saint, est la seule attitude juste qui convienne » face à cette responsabilité exceptionnelle.

Pour suivre aussi notre couverture du conclave et l’interrègne papal visitez notre page : https://slmedia.org/fr/papaute

Lisez le texte intégral de l’homélie du cardinal Battista Re ci-dessous :

HOMÉLIE DU CARDINAL GIOVANNI BATTISTA RE
DOYEN DU COLLÈGE CARDINALICE

Basilique Saint-Pierre
Mercredi 7 mai 2025

 

On lit dans les Actes des Apôtres qu’après l’Ascension du Christ au ciel, et dans l’attente de la Pentecôte, tous étaient assidus à la prière avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 14).

C’est exactement ce que nous faisons nous aussi, peu avant le début du Conclave, sous le regard de la Vierge Marie placée à côté de l’autel, en cette Basilique qui s’élève sur la tombe de l’Apôtre Pierre.

Nous sentons que tout le peuple de Dieu est uni à nous, avec sa foi, son amour pour le Pape et son attente confiante.

Nous sommes ici pour invoquer l’aide de l’Esprit Saint, pour implorer sa lumière et sa force afin que soit élu le Pape dont l’Église et l’humanité ont besoin en ce tournant si difficile et si complexe de l’histoire.

Prier, en invoquant l’Esprit Saint, est la seule attitude juste qui convienne, alors que les Cardinaux électeurs se préparent à un acte de la plus haute responsabilité humaine et ecclésiale, et à un choix d’une importance exceptionnelle ; un acte humain pour lequel toute considération personnelle doit être abandonnée, en n’ayant que le Dieu de Jésus-Christ et le bien de l’Église et de l’humanité dans l’esprit et dans le cœur.

Dans l’Évangile qui a été proclamé, résonnent des paroles qui nous conduisent au cœur du message suprême, le testament de Jésus, remis à ses apôtres le soir de la Cèn au Cénacle : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Afin de préciser ce « comme je vous ai aimés » et indiquer jusqu’où doit aller notre amour, Jésus ajoute : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13).

C’est le message d’amour que Jésus définit comme un “nouveau” commandement. Nouveau parce qu’il transforme en positif et élargit considérablement l’avertissement de l’Ancien Testament qui disait : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».

L’amour que Jésus révèle ne connaît pas de limites et doit caractériser les pensées et l’action de tous ses disciples qui doivent toujours, dans leur comportement, manifester un amour authentique et s’engager à construire une nouvelle civilisation, celle que Paul VI a appelée “civilisation de l’amour”. L’amour est la seule force capable de changer le monde.

Jésus nous a donné l’exemple de cet amour au début de la dernière Cène par un geste surprenant : Il s’est abaissé au service des autres, lavant les pieds des apôtres, sans discrimination, n’excluant pas Judas qui allait le trahir.

Ce message de Jésus fait écho à ce que nous avons entendu dans la première lecture de la messe, où le Prophète Isaïe nous a rappelé que la qualité fondamentale des pasteurs est l’amour jusqu’au don total de soi.

Les textes liturgiques de cette célébration eucharistique nous invitent donc à l’amour fraternel, à l’aide mutuelle et à l’engagement en faveur de la communion ecclésiale et de la fraternité humaine universelle. Parmi les tâches de chaque successeur de Pierre, il y a celle de faire grandir la communion : communion de tous les chrétiens avec le Christ ; communion des évêques avec le Pape ; communion des évêques entre eux. Il ne s’agit pas d’une communion autoréférentielle mais tendue vers la communion entre les personnes, les peuples et les cultures, soucieuse que l’Église soit toujours “maison et école de communion”.

L’appel est fort à maintenir l’unité de l’Église dans la voie tracée par le Christ aux Apôtres. L’unité de l’Église est voulue par le Christ ; une unité qui ne signifie pas uniformité, mais une communion solide et profonde dans la diversité, à condition de rester dans la pleine fidélité à l’Évangile.

Chaque Pape continue d’incarner Pierre et sa mission et représente ainsi le Christ sur terre ; il est le roc sur lequel l’Église est édifiée (cf. Mt 16, 18).

L’élection du nouveau Pape n’est pas une simple succession de personnes, mais c’est toujours l’Apôtre Pierre qui revient.

Les Cardinaux électeurs exprimeront leur vote dans la Chapelle Sixtine où, comme le dit la Constitution apostolique Universi dominici gregis, « tout concourt à nourrir la conscience de la présence de Dieu, devant lequel chacun devra un jour se présenter pour être jugé ».

Dans le Triptyque romain, le Pape Jean-Paul II souhaitait que, au moment de la grande décision à travers le vote, l’image imposante de Jésus Juge rappelle à chacun la grandeur de la responsabilité de remettre les “clés suprêmes” (Dante) entre de bonnes mains.

Prions pour que l’Esprit Saint, qui nous a donné au cours des cent dernières années une série de Pontifes vraiment saints et grands, nous donne un nouveau Pape selon le cœur de Dieu, pour le bien de l’Église et de l’humanité.

Prions pour que Dieu accorde à l’Église le Pape qui saura le mieux réveiller les consciences de tous ainsi que les énergies morales et spirituelles dans la société actuelle, caractérisée par de grands progrès technologiques mais qui tend à oublier Dieu.

Le monde d’aujourd’hui attend beaucoup de l’Église pour la sauvegarde de ces valeurs fondamentales, humaines et spirituelles, sans lesquelles la coexistence humaine ne pourra s’améliorer ni porter du bien aux générations futures.

Que la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église, intervienne par sa maternelle intercession, afin que l’Esprit Saint éclaire l’esprit des Cardinaux électeurs et les rende unanimes dans l’élection du Pape dont notre temps a besoin.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Le prochain conclave expliqué : Traditions ancestrales, questions modernes

Pérugin, « La remise des clés ». Wikimedia Commons.

Vous êtes-vous déjà interrogé sur les règles d’un conclave ? Pourquoi seuls les cardinaux peuvent-ils voter ? Et que signifie le mot « conclave » ? Nous avons préparé une série de questions-réponses pour vous éclairer sur le processus d’élection du prochain pape. Nous avons également établi une chronologie de l’interrègne et du conclave à l’adresse suivante: slmedia.org/fr/blogue/conclave-chronologie.

1- Pourquoi seuls les cardinaux peuvent-ils voter lors d’un conclave et pourquoi doivent-ils avoir moins de 80 ans ?

Tous les cardinaux en règle âgés de moins de 80 ans sont éligibles et tenus de voter. S’ils ne sont pas en mesure de venir à Rome, ils doivent en expliquer la raison et obtenir l’autorisation du reste du Collège de rester chez eux (Universi Dominici Gregis # 38). Même dans ce cas, il est prévu qu’un cardinal électeur aille chercher les votes des cardinaux qui ont pu venir à Rome mais qui ne peuvent quitter la Casa Santa Marta pour cause de maladie ou de blessure (n° 67).

La limite d’âge de 80 ans est similaire à l’âge de la retraite obligatoire pour les évêques, qui est de 75 ans. Jean-Paul II a expliqué qu’elle découlait du « désir de ne pas ajouter au poids d’un âge aussi vénérable la charge supplémentaire de la responsabilité de choisir celui qui devra conduire le troupeau du Christ d’une manière adaptée aux besoins de l’époque » (préambule).

La limite d’âge signifie que ni le doyen du Collège, le cardinal Re, ni le sous-doyen, le cardinal Leonardo Sandri, ne sont autorisés à participer aux sessions de vote elles-mêmes, bien qu’ils puissent certainement prendre part aux Congrégations générales et à d’autres préparatifs. Par ailleurs, le cardinal Re a présidé avec émotion les funérailles du pape François, il y a prononcé l’homélie, et il présidera la messe Pro Eligendo Romano Pontifice. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du pape François, présidera les séances de vote du conclave.

La raison pour laquelle seuls les cardinaux peuvent voter est un peu plus obscure. Elle remonte à d’anciennes traditions selon lesquelles l’évêque de Rome était élu par un synode représentatif des principaux clercs et laïcs de la ville. Ces synodes électoraux peuvent être désordonnés, voire très politiques. Les empereurs, les rois et d’autres dirigeants civils exerçaient une influence considérable sur l’élection afin d’obtenir le candidat le plus favorable à leurs intérêts. Au Moyen Âge, la papauté était peut-être devenue la plus grande puissance de la politique européenne, de sorte que l’élection du candidat préféré d’un souverain faisait de la papauté un véritable enjeu politique.

Pour protéger le caractère sacré de la fonction, des réformes ont été entreprises au fil du temps. En 1059, le pape Nicolas II a décrété que seuls les cardinaux pouvaient élire le Pape – à l’origine, seuls les cardinaux-évêques. En 1179, le pape Alexandre III a étendu le vote à tous les cardinaux et exigé une majorité des deux tiers. Cette règle s’applique encore aujourd’hui.

Malgré toutes ces réformes, un conclave reste un type de synode représentatif. Le mot « cardinal » vient du latin cardo, qui signifie charnière d’une porte ou d’une armoire. Ainsi, le diocèse de Rome « tourne » grâce à ce clergé, ainsi qu’à l’apport des évêques des diocèses environnants. C’est pourquoi tous les cardinaux du monde, en plus de leur ministère d’évêque diocésain, de préfet de dicastère ou autre, sont soit des « cardinaux-diacres » ou des « cardinaux-prêtres » honoraires d’une paroisse de Rome, soit des « cardinaux-évêques » d’un diocèse voisin. Par exemple, le cardinal Gérald Cyprien Lacroix est archevêque de Québec et cardinal prêtre de San Giuseppe, une paroisse du quartier de Aurelio à Rome. La communauté paroissiale elle-même est dirigée par un curé et un clergé assistant incardiné dans le diocèse de Rome. Tout cela signifie que le Collège des cardinaux continue d’être, au moins nominalement, le principal clergé de la ville ! La papauté étant un ministère mondial, il est important que les cardinaux élus soient aussi représentatifs que possible de l’Église mondiale. Pour ce conclave, les électeurs viennent de 72 pays du monde entier, représentant tous les continents et toutes les régions.

Pour plus d’informations sur le Collège des cardinaux, y compris une brève biographie de chaque membre du Collège, consultez cette page du site web du Vatican.

 

2 – Seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent-ils être élus, Pape ?

En fait, la seule condition est qu’ils puissent être consacrés en tant qu’évêque. Autrement dit, tout homme catholique non marié âgé de 35 ans et plus peut être élu Pape ! Bien entendu, l’élection d’un autre cardinal élu est une convention si solide qu’elle n’a jamais été rompue depuis près de 650 ans. Le dernier non cardinal à avoir été élu est l’archevêque Bartolomeo Prignano de Bari en 1378, qui est devenu le pape Urbain VI. Le dernier non-évêque à avoir été élu est le diplomate papal et prêtre camaldule, le cardinal Bartolomeo Alberto Cappellari. (À son époque, les membres du clergé de la Curie et du corps diplomatique n’étaient pas toujours ordonnés évêques, même s’ils étaient élevés au rang de cardinal). Il fut ordonné évêque et devint le pape Grégoire XVI en 1831.

 

3- Pourquoi parle-t-on de « Conclave » ?

Le mot vient du latin cum clave, qui signifie « avec une clé ». Il fait référence au fait que les cardinaux sont littéralement enfermés à l’intérieur de la chapelle Sixtine pour voter. 

À l’origine, c’était un moyen d’encourager les électeurs à prendre une décision plus rapide, comme pour leur dire : « Vous ne pouvez pas sortir avant d’avoir choisi quelqu’un ! ». Le pape Grégoire X a instauré cette règle en 1274 : les cardinaux avaient mis trois ans à l’élire en 1271, et il voulait s’assurer que cela ne se reproduise plus jamais ! En outre, le verrouillage des portes a permis de limiter – mais pas d’exclure totalement – l’influence des rois et autres dirigeants civils sur l’élection, à une époque où la papauté était le plus grand pouvoir de la politique européenne.

C’est 850 ans plus tard, que la règle est plus conceptuelle que littérale, bien que la porte soit effectivement verrouillée pendant les sessions de vote et qu’il soit « expressément interdit aux cardinaux électeurs, pendant toute la durée de l’élection, de recevoir des journaux ou des périodiques de quelque nature que ce soit, d’écouter la radio ou de regarder la télévision » (n° 57). En 2025, cela inclut aussi clairement les smartphones et l’accès à l’internet. À mon avis, cum clave signifie également le secret que les cardinaux élus sont tenus, par serment, de respecter pendant et après le Conclave, et la liberté de l’Église de discerner la volonté de Dieu, à l’écart du gain personnel et des intérêts politiques séculiers.

Je parlerai de la politique d’un Conclave dans un autre article. Pour l’instant, abordons une question complémentaire :

 

4- Pourquoi tous ces secrets ?

Nous aimons les bons drames politiques, même si le processus de vote d’un conclave est en fait assez répétitif. Hélas, les cardinaux  et les assistants (cuisiniers, agents d’entretien et personnel médical) sont tenus, sous peine d’excommunication, de ne pas divulguer les détails concernant les totaux des votes, les blocs de vote, les discussions et les débats pendant le conclave. 

Il est vrai que les journalistes sont souvent en mesure de reconstituer les événements en émettant des hypothèses fondées sur les opinions exprimées publiquement par les cardinaux, sur les informations générales fournies par le Bureau de presse du Saint-Siège, comme les thèmes des Congrégations générales, et avec l’aide de quelques sources anonymes. Cependant, une fois le Conclave terminé et le nouveau Pape présenté à l’Église, le Collège s’engage à présenter une démonstration unie de soutien au nouveau Pape. Plus important encore, il s’engage à tenir compte de l’avertissement de Saint Paul de « s’efforcer de maintenir l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Ephésiens 4:3). Les commentaires et les descriptions de divisions au sein du Conclave, aussi exacts soient-ils, risquent de saper ce soutien.  

 

5- Comment puis-je me tenir au courant de toutes les nouvelles et de tous les événements de l’Interrègne et du Conclave ?

Rendez-vous sur slmedia.org/fr/papaute pour tous nos reportages à Rome, y compris les messes novendiales en mémoire du pape François, les préparatifs du conclave et la messe d’inauguration du nouveau Pape. Découvrez également le prochain épisode de notre série spéciale « Entre deux pontificats : un pèlerinage d’espérance » dès maintenant !

Le conclave papal : Chronologie

Alors que nous continuons à recommander notre cher pape François dans les bras de Dieu, les catholiques du monde entier ont une autre responsabilité à assumer à partir du 7 mai : l’élection d’un nouveau souverain pontife.

Oui, vous avez bien lu. Vous aussi avez un rôle essentiel à jouer dans le prochain conclave : Prier. Vous êtes appelé.es à vous réunir avec votre famille, vos ami.es et vos paroissiens, paroissiennes et à consacrer du temps à vos prières personnelles pour exprimer à Dieu votre espérance, vos rêves, vos inquiétudes et vos préoccupations concernant l’avenir du peuple de Dieu. 

Vous êtes appelé.es à demander à l’Esprit Saint de donner au Collège des cardinaux une nouvelle dose de courage, de sagesse et de joie afin de choisir notre prochain Pape.

Cependant, vous vous demandez peut-être ce que font les cardinaux. Voici une chronologie pour vous aider à le découvrir !

 

Quel est le processus du conclave ?

Les conclaves des Papes sont régis par la Constitution apostolique Universi Dominici Gregis de 1996 de saint Jean-Paul II, que le pape Benoît XVI a révisée en 2007 et en 2013. Elle établit des règles très précises et exactes (comme l’aspect des cartes de vote ! Voir n° 65) pour s’assurer que le résultat est clair et universellement reconnu.

Voici ce qui se passe à Rome, selon ces règles et le calendrier général :

  • 21 avril : le pape François meurt ; l’ensemble du Collège des cardinaux est convoqué à Rome et tous s’installent à la Casa Santa Marta.
  • 22 avril : les cardinaux prêtent serment de discrétion et commencent à se réunir quotidiennement pour prier, apprendre à se connaître, discuter et superviser les affaires de l’Église, ce qu’on appelle les « Congrégations générales ». Les cardinaux âgés de plus de 80 ans participent à ces réunions.
  • Du 23 avril au 6 mai : Deuil du pape François : mise en bière, funérailles, inhumation et messes de Novendiali. Les Congrégations générales se poursuivent.
  • Le conclave débute le 7 mai.

 

Le Conclave

Le 7 mai : 

  • Le matin, le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, préside la messe votive Pro Eligendo Romano Pontifice « pour l’élection du Pontife romain » à la basilique Saint-Pierre.
  • En après-midi, les cardinaux électeurs – tous les cardinaux présents et en règle âgés de moins de 80 ans – passent de la chapelle Pauline à la chapelle Sixtine pendant que le chœur chante la litanie des saints.
  • Les électeurs prêtent à nouveau le serment de discrétion et s’assoient à la place qui leur a été assignée. Mgr Diego Ravelli, le maître des célébrations liturgiques papales, déclare Extra omnes (littéralement « tout le monde dehors ! ») et verrouille la porte de la chapelle Sixtine pour la première session de vote. Le cardinal Raniero Cantalamessa, 90 ans, prédicateur émérite de la Maison pontificale, désigné au préalable prononce une méditation « sur le grave devoir qui leur incombe et donc sur la nécessité d’agir avec une intention droite pour le bien de l’Église universelle » (n° 52). Le cardinal Cantalamessa et l’archevêque Ravelli sont les seuls non-électeurs autorisés à rester dans la chapelle Sixtine. 

Séances de vote :

  • Les électeurs inscrivent le nom de leur choix sur leur bulletin de vote en papier.
  • Un à un, ils présentent leur bulletin aux scrutateurs (tirés au sort parmi les membres du collège).
  • Les votes sont lus et comptés un par un.
  • Les réviseurs (également tirés au sort) vérifient les bulletins et confirment les votes.

« Pour que l’élection du Pontife romain soit valide, il faut au moins deux tiers des voix, calculées sur la base du nombre total d’électeurs présents et votants » (n° 62).

À l’heure où nous écrivons ces lignes, cela signifie que 89 voix sont nécessaires pour une élection. Tout homme catholique célibataire âgé de 35 ans ou plus est éligible. Toutefois, les seuls Papes qui ont été élus au cours des 650 dernières années étaient eux-mêmes des cardinaux-électeurs.

S’il n’y a pas d’élection valide, les bulletins de vote sont brûlés à l’aide de produits chimiques : 

  • Les bulletins de vote sont brûlés avec des produits chimiques pour produire une fumée noire dans la cheminée de la chapelle Sixtine : la foule de la place Saint-Pierre soupire.
  • Les électeurs procèdent immédiatement à un second tour de scrutin, en répétant le processus ci-dessus.
  • Il y a jusqu’à quatre sessions de vote par jour, avec une pause pour le déjeuner après la deuxième session et une pause pour le soir après la quatrième session.
  • Cela dure trois jours, suivis d’une pause d’un jour, puis de sept autres séances de vote, d’une pause et d’un nouveau vote.

S’il y a une élection valide :

  • Le cardinal électeur le plus ancien (voir la question n° 3 ci-dessous) « demande le consentement de l’élu dans les termes suivants : Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife ? Et, dès qu’il a reçu le consentement, il lui demande : Sous quel nom veux-tu être appelé ? ». (Universi Dominici Gregis # 87).
  • Le nouveau Pape répond ! Le conclave est officiellement terminé, la chapelle Sixtine est ouverte et d’autres officiels sont invités à entrer.
  • Les cardinaux et d’autres personnes accueillent le nouveau Pape.
  • Les bulletins de vote sont brûlés avec des produits chimiques pour produire de la fumée blanche dans la cheminée de la chapelle Sixtine : la foule sur la place Saint-Pierre applaudit !
  • Le cardinal diacre le plus ancien annonce : « Habemus Papam » depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre.
  • Le nouveau Pape salue la foule et donne la bénédiction Urbi et Orbi.

Quelques jours plus tard :

  • Messe d’installation sur la place Saint-Pierre
  • Prise de possession de la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale du diocèse de Rome

 

Homélie du cardinal Parolin pour le deuxième jour du Novendiali

Crédit photo : Vatican Media

Le dimanche de la Divine Miséricorde, 27 avril 2025, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du pape François, a présidé la messe et prononcé l’homélie pour le deuxième jour des Novendiali et le Jubilé des adolescents. Il a déclaré que le pape François « nous a rappelé que la “miséricorde” est le nom même de Dieu et que, par conséquent, personne ne peut mettre une limite à son amour miséricordieux avec lequel il veut nous élever et faire de nous des personnes nouvelles ».

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Lisez le texte intégral de l’homélie du cardinal Parolin ci-dessous :

Homélie de Son Éminence le Card. Pietro Parolin
Dimance de la Divine Miséricorde, 27 avril 2025

Chers frères et sœurs,

Jésus ressuscité apparaît à ses disciples, alors qu’ils se trouvent dans le cénacle où ils se sont enfermés par peur, les portes verrouillées (Cf. Jn 20, 19). Leur état d’esprit est troublé et leur cœur est triste, car le Maître et le Pasteur qu’ils avaient suivi en abandonnant tout a été cloué sur la croix. Ils ont vécu des choses terribles et se sentent orphelins, seuls, perdus, menacés et sans défense.

L’image initiale que l’Évangile nous offre en ce dimanche peut aussi bien représenter l’état d’esprit de chacun de nous, de l’Église et du monde entier. Le Pasteur que le Seigneur a donné à son peuple, le pape François, a terminé sa vie terrestre et nous a quittés. La douleur de son départ, le sentiment de tristesse qui nous assaille, le trouble que nous ressentons dans notre cœur, le sentiment de désorientation : nous vivons tout cela, comme les apôtres affligés par la mort de Jésus.

Pourtant, l’Évangile nous dit que c’est précisément dans ces moments d’obscurité que le Seigneur vient à nous avec la lumière de la résurrection, pour éclairer nos cœurs. Le pape François nous l’a rappelé dès son élection et nous l’a répété souvent, en plaçant au centre de son pontificat cette joie de l’Évangile qui, comme il l’écrit dans Evangelii gaudium, « remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours » (n° 1).

La joie pascale, qui nous soutient à l’heure de l’épreuve et de la tristesse, est aujourd’hui quelque chose que l’on peut presque toucher sur cette place ; elle est surtout imprimée sur vos visages, chers jeunes et adolescents venus du monde entier pour célébrer le Jubilé. Vous venez de partout : de tous les diocèses d’Italie, d’Europe, des États-Unis, d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie, des Émirats arabes… Avec vous, le monde entier est vraiment présent !

Je vous adresse un salut particulier, avec le souhait que vous ressentiez l’étreinte de l’Église et l’affection du pape François, qui aurait tant souhaité vous rencontrer, vous regarder dans les yeux, passer parmi vous pour vous saluer.

Face aux nombreux défis auxquels vous êtes appelés à faire face – je pense, par exemple, à celui de la technologie et de l’intelligence artificielle qui caractérise particulièrement notre époque –, n’oubliez jamais d’alimenter votre vie avec la véritable espérance qui a le visage de Jésus Christ. Avec lui, rien ne sera trop grand ni trop difficile ! Avec lui, vous ne serez jamais seuls ni abandonnés à vous-mêmes, même dans les moments les plus difficiles ! Il vient à votre rencontre là où vous êtes, pour vous donner le courage de vivre, de partager vos expériences, vos pensées, vos dons, vos rêves, de voir dans le visage de ceux qui sont proches ou lointains un frère et une sœur à aimer, à qui vous avez tant à donner et tant à recevoir, pour vous aider à être généreux, fidèles et responsables dans la vie qui vous attend, pour vous faire comprendre ce qui a le plus de valeur dans la vie : l’amour qui comprend tout et espère tout (cf. 1 Co 13, 7).

Aujourd’hui, deuxième dimanche de Pâques, dimanche in Albis, nous célébrons la fête de la Miséricorde.

C’est précisément la miséricorde du Père, plus grande que nos limites et nos calculs, qui a caractérisé le magistère du pape François et son intense activité apostolique, ainsi que son désir ardent de l’annoncer et de la partager avec tous – l’annonce de la Bonne Nouvelle, l’évangélisation – qui a été le programme de son pontificat. Il nous a rappelé que “miséricorde” est le nom même de Dieu et que, par conséquent, personne ne peut mettre une limite à son amour miséricordieux par lequel Il veut nous relever et faire de nous des personnes nouvelles.

Il est important d’accueillir comme un trésor précieux cette indication sur laquelle le pape François a tant insisté. Et – permettez-moi de le dire – notre affection pour lui, qui se manifeste en ces heures, ne doit pas rester une simple émotion du moment ; nous devons accueillir son héritage et le faire devenir vie vécue, en nous ouvrant à la miséricorde de Dieu et en devenant nous aussi miséricordieux les uns envers les autres.

La miséricorde nous ramène au cœur de la foi. Elle nous rappelle que nous ne devons pas interpréter notre relation avec Dieu et notre appartenance à l’Église selon des catégories humaines ou mondaines, car la bonne nouvelle de l’Évangile est avant tout la découverte d’être aimé par un Dieu qui a des entrailles de compassion et de tendresse pour chacun de nous, indépendamment de nos mérites ; elle nous rappelle également que notre vie est tissée de miséricorde : nous ne pouvons nous relever après nos chutes et regarder vers l’avenir que si nous avons quelqu’un qui nous aime sans limites et qui nous pardonne. C’est pourquoi nous sommes appelés à nous engager à vivre nos relations non plus selon des critères calculateurs ou aveuglés par l’égoïsme, mais en nous ouvrant au dialogue avec l’autre, en accueillant ceux que nous rencontrons sur notre chemin et en pardonnant leurs faiblesses et leurs erreurs. Seule la miséricorde guérit et crée un monde nouveau, éteignant les feux de la méfiance, de la haine et de la violence : c’est le grand enseignement du pape François.

Jésus nous montre ce visage miséricordieux de Dieu dans sa prédication et dans les gestes qu’il accomplit ; et, comme nous l’avons entendu, en se présentant dans le Cénacle après sa résurrection, il offre le don de la paix et dit : « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus » (Jn 20, 23). Ainsi, le Seigneur ressuscité établit que ses disciples, son Église, sont des instruments de miséricorde pour l’humanité, pour ceux qui désirent accueillir l’amour et le pardon de Dieu. Le pape François a été un témoin lumineux d’une Église qui se penche avec tendresse vers ceux qui sont blessés et les guérit avec le baume de la miséricorde ; et il nous a rappelé qu’il ne peut y avoir de paix sans la reconnaissance de l’autre, sans l’attention aux plus faibles et, surtout, il ne peut jamais y avoir de paix si nous n’apprenons pas à nous pardonner mutuellement, en utilisant entre nous la même miséricorde que Dieu a pour notre vie.

Frères et sœurs, en ce dimanche de la miséricorde, nous nous souvenons avec affection de notre bien-aimé Pape François. Ce souvenir est particulièrement vivant parmi les employés et les fidèles de la Cité du Vatican, dont beaucoup sont ici présents, et que je tiens à remercier pour le service qu’ils accomplissent chaque jour. À vous, à nous tous, au monde entier, le Pape François adresse son étreinte depuis le Ciel.

Nous nous confions à la Bienheureuse Vierge Marie, à laquelle Il était si pieusement attaché qu’Il a choisi de reposer dans la basilique Sainte-Marie-Majeure. Qu’Elle nous protège, intercède pour nous, veille sur l’Église, soutienne le cheminement de l’humanité dans la paix et la fraternité. Amen.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Homélie lors la messe de funérailles du pape François

La messe de funérailles du pape François présidée par Son Éminence le cardinal Giovanni Battista Re, Doyen du Collège des cardinaux, sur la place Saint-Pierre. Crédit photo : Vatican Media

Le texte ci-dessous est publié tel qu’il a été communiqué par le Service de presse du Saint-Siège, sans modification, y compris l’homélie prononcée lors de la messe des funérailles du pape François.

Messe de funérailles du Pape François
Homélie de Son Éminence le Card. Giovanni Battista Re
Samedi, 26 avril 2025

Sur cette majestueuse place Saint-Pierre, où le pape François a célébré tant de fois l’Eucharistie et présidé de grandes rencontres au cours de ces 12 années, nous sommes rassemblés en prière autour de sa dépouille mortelle, le cœur triste, mais soutenus par les certitudes de la foi, qui nous assure que l’existence humaine ne s’achève pas dans la tombe, mais dans la maison du Père, dans une vie de bonheur qui ne connaîtra pas de crépuscule. 

Au nom du Collège des Cardinaux, je remercie cordialement chacun d’entre vous pour votre présence. Avec une profonde émotion, j’adresse un salut respectueux et mes vifs remerciements aux chefs d’État, aux chefs de gouvernement et aux délégations officielles venus de nombreux pays pour exprimer leur affection, leur vénération et leur estime envers le Pape qui nous a quittés. 

Le plébiscite des manifestations d’affection et de participation, que nous avons vu ces derniers jours après son passage de cette terre vers l’éternité, nous montre à quel point le pontificat intense du pape François a touché les esprits et les cœurs. 

Sa dernière image, qui restera gravée dans nos yeux et dans nos cœurs, est celle de dimanche dernier, jour de la solennité de Pâques, lorsque le pape François, malgré ses graves problèmes de santé, a voulu nous donner la bénédiction depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, puis est descendu sur cette place pour saluer depuis la papamobile découverte toute la foule venue assister à la messe de Pâques. 

Par notre prière, nous voulons maintenant confier l’âme du bien-aimé Pontife à Dieu, afin qu’Il lui accorde la félicité éternelle dans l’horizon lumineux et glorieux de son immense amour. La page de l’Évangile, où résonne la voix même du Christ interpellant le premier des Apôtres, nous éclaire et nous guide : “Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ?”. Et la réponse de Pierre fut immédiate et sincère : “Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime”. Et Jésus lui confia la grande mission : “Pais mes brebis”.  Ce sera là la tâche constante de Pierre et de ses successeurs, un service d’amour à la suite du Maître et Seigneur Jésus-Christ qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45). 

Malgré sa fragilité dernière et sa souffrance, le pape François a choisi de suivre cette voie du don jusqu’au dernier jour de sa vie terrestre. Il a suivi les traces de son Seigneur, le bon Pasteur, qui a aimé ses brebis jusqu’à donner sa vie pour elles. Et il l’a fait avec force et sérénité, proche de son troupeau, l’Église de Dieu, en se souvenant de la phrase de Jésus citée par l’apôtre Paul : « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35). 

Lorsque le Cardinal Bergoglio a été élu le 13 mars 2013 par le Conclave pour succéder au pape Benoît XVI, il avait derrière lui des années de vie religieuse dans la Compagnie de Jésus et surtout il était enrichi par l’expérience de 21 ans de ministère pastoral dans l’archidiocèse de Buenos Aires, d’abord comme auxiliaire, puis comme coadjuteur et enfin, surtout, comme archevêque. 

La décision de prendre le nom de François est immédiatement apparue comme le choix d’un programme et d’un style sur lesquels il souhaitait fonder son pontificat, en cherchant à s’inspirer de l’esprit de saint François d’Assise. 

 Il a conservé son tempérament et sa manière de guider son troupeau, et a immédiatement imprimé sa forte personnalité dans la gouvernance de l’Église, en établissant un contact direct avec les individus et les populations, désireux d’être proche de tous, avec une attention particulière pour les personnes en difficulté, se dépensant sans compter, en particulier pour les plus démunis, les exclus. 

Il a été un pape parmi les gens, avec un cœur ouvert à tous. Il a également été un pape attentif à ce qui émergeait de nouveau dans la société et à ce que l’Esprit Saint suscitait dans l’Église. Avec son vocabulaire caractéristique et son langage riche en images et en métaphores, il a toujours cherché à éclairer les problèmes de notre temps par la sagesse de l’Évangile, en offrant une réponse à la lumière de la foi et en encourageant à vivre en chrétiens les défis et les contradictions de ces années de changements, qu’il aimait qualifier de “changement d’époque”. Il avait une grande spontanéité et une manière informelle de s’adresser à chacun, même aux personnes éloignées de l’Église. 

Riche de chaleur humaine et profondément sensible aux drames actuels, le pape François a véritablement partagé les angoisses, les souffrances et les espoirs de notre époque de mondialisation, et s’est dépensé pour réconforter et encourager chacun par un message capable de toucher le cœur des gens de manière directe et immédiate. 

Son charisme de l’accueil et de l’écoute, unis à une manière d’être en phase avec la sensibilité d’aujourd’hui, a touché les cœurs, cherchant à réveiller les énergies morales et spirituelles. 

Le primat de l’évangélisation a été le guide de son pontificat, diffusant, avec une empreinte missionnaire évidente, la joie de l’Évangile, qui a été le titre de sa première exhortation apostolique Evangelii gaudium. Une joie qui remplit de confiance et d’espérance le cœur de tous ceux qui se confient à Dieu. 

Le fil conducteur de sa mission a également été la conviction que l’Église est une maison pour tous, une maison dont les portes sont toujours ouvertes. Il a souvent utilisé l’image de l’Église comme “hôpital de campagne” après une bataille qui a fait de nombreux blessés ; une Église désireuse de prendre en charge avec détermination les problèmes des personnes et les grandes souffrances qui déchirent le monde contemporain ; une Église capable de se pencher sur chaque homme, au-delà de toute croyance ou condition, pour soigner ses blessures. 

Ses gestes et ses exhortations en faveur des réfugiés et des personnes déplacées sont innombrables. Son insistance à œuvrer en faveur des pauvres a également été constante. Il est significatif que le premier voyage du pape François ait été celui à Lampedusa, île symbole du drame de l’émigration avec des milliers de personnes noyées en mer. Dans la même ligne, il y a eu également le voyage à Lesbos, avec le patriarche œcuménique et l’archevêque d’Athènes, ainsi que la célébration d’une messe à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, à l’occasion de son voyage au Mexique. 

Parmi ses 47 voyages apostoliques intenses, celui qu’il a effectué en Irak en 2021, au péril de sa vie, restera particulièrement gravé dans les mémoires. Cette difficile visite apostolique a été un baume sur les plaies ouvertes du peuple irakien, qui a tant souffert des actes inhumains de Daech. 

Ce voyage a également été important pour le dialogue interreligieux, autre dimension importante de son œuvre pastorale. Avec sa visite apostolique de 2024 dans quatre pays d’Asie-Océanie, le pape a atteint “la périphérie la plus périphérique du monde”. 

Le pape François a toujours mis au centre l’Évangile de la miséricorde, soulignant à plusieurs reprises que Dieu ne se lasse pas de nous pardonner : Il pardonne toujours, quelle que soit la situation de celui qui demande pardon et revient sur le droit chemin. 

Il a voulu le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, afin de mettre en évidence que la miséricorde est “le cœur de l’Évangile”. 

Miséricorde et joie de l’Évangile sont deux mots clés du pape François. 

En opposition à ce qu’il a défini comme “la culture du déchet”, il a parlé de la culture de la rencontre et de la solidarité. Le thème de la fraternité a traversé tout son pontificat avec des accents vibrants. Dans la lettre encyclique Fratelli tutti, il a voulu faire renaître une aspiration mondiale à la fraternité, car nous sommes tous enfants du même Père qui est aux cieux. Il a souvent rappelé avec force que nous appartenons tous à la même famille humaine. 

En 2019, lors de son voyage aux Émirats arabes unis, le pape François a signé un document sur la “Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune”, rappelant la paternité commune de Dieu. 

S’adressant aux hommes et aux femmes du monde entier, la lettre encyclique Laudato si’ a attiré l’attention sur les devoirs et la coresponsabilité envers notre maison commune. “Personne ne peut se sauver seul”. 

Face à la fureur des nombreuses guerres de ces dernières années, avec leurs horreurs inhumaines, leurs innombrables morts et destructions, le pape François n’a cessé d’élever la voix pour implorer la paix et appeler à la raison, à des négociations honnêtes afin de trouver les solutions possibles, car la guerre, disait-il, n’est que mort d’êtres humains, destruction de maisons, d’hôpitaux et d’écoles. La guerre laisse toujours le monde pire qu’il n’était auparavant : elle est toujours une défaite douloureuse et tragique pour tous. 

“Construire des ponts et non des murs” est une exhortation qu’il a répétée à plusieurs reprises et son service de foi en tant que Successeur de l’Apôtre Pierre a toujours été lié au service de l’homme dans toutes ses dimensions. 

En union spirituelle avec toute la Chrétienté, nous sommes nombreux ici à prier pour le pape François afin que Dieu l’accueille dans l’immensité de son amour. 

Le pape François avait l’habitude de conclure ses discours et ses rencontres en disant : “N’oubliez pas de prier pour moi”. 

Cher Pape François, nous te demandons maintenant de prier pour nous et que, du ciel, tu bénisses l’Église, bénisses Rome, bénisses le monde entier, comme tu l’as fait dimanche dernier depuis le balcon de cette basilique, dans une dernière étreinte avec tout le peuple de Dieu, mais aussi, idéalement, avec l’humanité qui cherche la vérité avec un cœur sincère et qui tient haut le flambeau de l’espérance. 

Pour une couverture complète du pontificat du pape François, y compris des documentaires originaux, des événements au Vatican, des visites apostoliques, des discours et d’autres articles, visitez https://slmedia.org/fr/pape-françois.

Pour suivre aussi notre couverture du conclave et l’interrègne papal visitez notre page https://slmedia.org/fr/papaute

 

Son Excellence Mgr Francis Leo élu Cardinal

Cette photo est une gracieuseté de l’archidiocèse de Toronto.

OTTAWA, 6 octobre 2024 – Aujourd’hui, le pape François a annoncé un Consistoire pour la création de 20 nouveaux cardinaux du monde entier, qui se tiendra à la Cité du Vatican le 8 décembre 2024 (fête de l’Immaculée Conception). Son Excellence Mgr Francis Leo, archevêque de Toronto, figure parmi ceux qui seront élevés au Collège des cardinaux; il deviendra ainsi’ le 18e Cardinal dans l’histoire de l’Église catholique au Canada. Avec cette nomination, le Canada comptera maintenant cinq  cardinaux, les quatre autres étant : Son Éminence le Cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec et primat du’ Canada, Son Éminence le Cardinal Thomas Collins, archevêque émérite de Toronto, Son Éminence le Cardinal Marc Ouellet, archevêque émérite de Québec et préfet émérite du Dicastère pour les évêques, et Son Éminence le Cardinal Michael F. Czerny, S.J., préfet du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral.

Le Cardinal élu Francis Leo est né à Montréal en 1971. Il a commencé son cheminement vers la prêtrise en s’inscrivant au Grand Séminaire de Montréal en 1990 et a été ordonné prêtre pour l’archidiocèse le 14 décembre 1996. Après son ordination, il a servi dans diverses paroisses de Montréal jusqu’en 2006, lorsqu’il a été invité à étudier à l’Académie pontificale ecclésiastique de Rome. Cela l’a conduit au Service diplomatique du Saint-Siège où il a travaillé dans diverses nonciatures apostoliques dans le monde entier de 2006 à 2012. En janvier 2012, le pape Benoît XVI l’a honoré du titre de Monseigneur et l’a nommé aumônier de Sa Sainteté.

Le Cardinal élu Leo a enseigné la théologie et la philosophie au Grand Séminaire de Montréal, et a assuré l’accompagnement spirituel des séminaristes. En’ 2015, il est devenu Secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), poste qu’il a occupé jusqu’en’ 2021.

Le 1er février 2022, il a été nommé Vicaire général et Modérateur de la curie pour l’archidiocèse de Montréal. Le 16 juillet 2022, le pape François l’a nommé évêque auxiliaire à Montréal, et son ordination épiscopale a eu lieu le 12 septembre 2022. Il est devenu archevêque de Toronto le 11 février 2023.

Le Cardinal élu Leo est titulaire de diplômes d’études supérieures en droit canonique de l’Université du Latran, en diplomatie et en droit international, et d’un doctorat en théologie systématique de l’Université de Dayton/IMRI, avec spécialisation en mariologie. Il est également titulaire d’une licence en philosophie, d’un diplôme en études classiques de l’Université de Montréal et d’un certificat d’études supérieures en direction spirituelle de l’Aquinas Institute of Theology. Il a enseigné dans plusieurs pays, dont le Canada, l’Australie et les États-Unis.

 

 

Mère Marie-Léonie Paradis sur le chemin de la canonisation. Gloire à Dieu!

Bienheureuse Marie-Léonie Paradis. Tous droits réservés © 2024 Sel + Lumière Média

Selon l’agence officielle Vatican news, le pape François venait en date du mercredi, le 24 janvier d’autoriser « la promulgation du décret reconnaissant un miracle ». Il a approuvé une liste de décretspubliée par la suite, concernant la cause de sainteté de Mère Marie-Léonie Paradis et de six autres personnes. La bienheureuse Mère Marie-Léonie Paradis, originaire du Québec au Canada, figurait sur cette liste.

La « guérison miraculeuse » reconnue 

Le pape François a reconnu ainsi la « guérison miraculeuse » d’un nouveau-né, de sexe féminin, attribuée à l’intercession de la bienheureuse Mère Marie-Léonie Paradis, née au Québec, et fondatrice de l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte-Famille au Canada, à la fin du 19e siècle. Le bébé souffrait d’une « asphyxie périnatale prolongée avec défaillance de plusieurs organes et encéphalopathie ». Mère Paradis a été invoquée à deux reprises : la deuxième nuit après la naissance de la petite fille, et quelques jours plus tard. Dix jours après sa naissance, le bébé est sorti de l’hôpital en bonne santé. Aujourd’hui, la femme est professeure de langues. L’Église catholique souligne et reconnaît que cette « guérison miraculeuse » a eu lieu à Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, en 1986. Et puisque le nom de Mère Marie-Léonie Paradis figurait sur la liste de décrets autorisés par le pape François. Elle sera sur le chemin d’être canonisée !

Qui est Élodie Paradis ?

De l’Acadie au Québec où elle a vu le jour en 1840, elle devient novice chez les Sœurs Marianites de Sainte-Croix et prend le nom de Sœur Marie-de-Sainte-Léonie. Elle enseigne pendant de nombreuses années au Québec, ainsi qu’à New York, en Indiana et au Michigan. Au Nouveau-Brunswick, elle répondit à un appel pour aider et soutenir les Pères de Sainte-Croix dans leur mission d’éducation des jeunes Acadiens.

En 1880, les Pères de Sainte-Croix acceptent l’idée d’une nouvelle fondation et peu après « Les Petites Sœurs de la Sainte-Famille » est créée. Mère Marie-Léonie est alors nommée supérieure de la nouvelle communauté. Elle peine à obtenir l’approbation, de l’évêque de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. C’est en 1895 qu’elle rencontre l’évêque de Sherbrooke, Mgr Paul Larocque, qui n’hésite pas d’accueillir la Maison-mère et le noviciat des sœurs dans son diocèse et la fondation reçoit son approbation.

Béatifiée par le pape Jean-Paul II, lors de sa visite au parc Jarry, à Montréal, le 11 septembre 1984 dans le cadre des JMJ ; Mère Marie-Léonie Paradis sera canonisée quarante ans plus tard. Elle meurt le 3 mai 1912. Au moment de son décès, la fondation comptait 635 religieuses œuvrant au Canada et aux États-Unis. Aujourd’hui, plus de 1 600 personnes ont choisi de devenir Petites Sœurs de la Sainte-Famille.

Une Québécoise, bien-aimée, Mère Marie-Léonie s’imposa avec grande foi, conviction, simplicité et sagesse. Au fil des années, les fidèles nous rapportèrent le dévouement de Mère Marie-Léonie et l’appréciation qu’ils et elles lui gardent au fond du cœur. À l’exemple d’un grand nombre de communautés religieuses au Québec, Mère Marie-Léonie a énormément contribué à l’évolution de la société québécoise en matière de santé, d’éducation et même des services sociaux. Elle était vouée, ainsi que sa congrégation, au service des prêtres, des presbytères et des évêchés : à assurer les travaux domestiques urgents et nécessaires. C’est Sr Rachel Lemieux, responsable du Centre Marie-Léonie Paradis et « vice-postulatrice de sa cause », en connaît quelque chose de la beauté de cette âme pleine d’amour pour Dieu et pour les autres. Certainement, de nombreux catholiques à travers le Canada et même aux États-Unis, se réjouiront qu’elle soit reconnue officiellement « sainte » et ce, par le processus de canonisation. Ils et elles s’apprêtent à célébrer ce joyeux et magnifique événement de l’Église.

La bienheureuse fondatrice des Petites Sœurs de la Sainte-Famille se rapproche de la sainteté. Une fois qu’elle sera canonisée, son nom s’ajoute au quatorze autres saints canadiens vénérés. Elle deviendra ainsi la 15e sainte canadienne.

Enfin « Faire mémoire de l’histoire de mère Marie-Léonie Paradis, c’est la garder vivante pour qu’elle continue d’être témoin de sa foi et de ses valeurs, aujourd’hui et pour les générations à venir. » https://www.centremarie-leonieparadis.com/fr/musee/alcove-01.php.

Suivez la cause de canonisation de Mère Marie-Léonie Paradis sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus au : https://slmedia.org/fr/endirect/. Vous préférez la regarder à votre rythme, connectez-vous au : https://slmedia.org/fr/slplus. 

Louanges à toi Seigneur et donne à notre monde des saints comme Mère Marie-Léonie Paradis. Amen !

Saint Charbel : guérisseur par les miracles voire le signe du 22 !

Portrait de saint Charbel Makhlouf à la cathédrale maronite de Tyr, au Liban. Wikimedia Commons.

Le 19 janvier, une mosaïque qui représente l’image de saint Charbel Makhlouf, a été placée en la basilique Saint-Pierre. En cette occasion solennelle, toutes les Églises du Liban et celle en particulier de Bekaa kafra, le village natal de st Charbel, ont sonné les cloches en même temps ;  afin de célébrer cet heureux événement rendu possible par la volonté et l’initiative du pape François. 

La mosaïque est produite par la Fabrique de Saint-Pierre, un atelier chargé de la production de mosaïques pour les palais du Vatican en général, et la basilique Saint-Pierre en particulier depuis 1578. Source : Facebook, Miracles de Saint Charbel. 

Voici, comme prévu, la suite de mon blogue sur saint Charbel intitulé : Saint Charbel, le médecin du ciel qui ne chôme pas !  

Saint Charbel est un saint maronite libanais, connu pour ses miracles et sa vie rigoureuse voire même « ascétique ». Veuillez porter attention au 22e jour de chaque mois. Pourquoi ? Parce que le « 22 » c’est le jour qui commémore le signe donné par saint Charbel à une miraculée, et ce depuis 31 ans ! 

Nous parlons du 22e jour de chaque mois; car c’est la date de l’un des miracles de saint Charbel qualifié des plus extraordinaires, rapporté par Mme Nohad Al-Chami en 1993, et enregistré au Registre des miracles à l’ermitage de Annaya,  au Liban. Ce signe incroyable d’une miraculée par saint Charbel, dépasse tous les savoirs et les connaissances scientifiques. Son impact opère jusqu’à nos jours !!

Que s’est-il donc passé la nuit du 21 au 22 janvier 1993 ? 

Rappelons les faits : Après une attaque cérébrale suivie d’une double occlusion de la carotide, Mme Nohad Al-Chami, une mère d’une grande famille devint hémiplégique. Ses enfants se mirent à lui appliquer au cou un mélange de terre et d’huile de la tombe de saint Charbel. Dans un rêve, Nohad vit deux moines vêtus de noir et ayant une barbe blanche : saint Maron et saint Charbel. 

C’est saint Charbel qui lui dit : « Je suis ici pour t’opérer », à cet instant elle sentit une vive douleur à la gorge. Lorsqu’elle se réveilla, Nohad remarqua deux grandes cicatrices des deux côtés du cou, les fils chirurgicaux étaient visibles. Après plusieurs jours saint Charbel revint la voir en rêve et lui demanda d’aller les 22 de chaque mois en action de grâce au couvent de Annaya, au Liban pour participer à la messe. 

Saint Charbel, a précisé que ces cicatrices étaient la volonté de Dieu comme signe pour les incroyants. Une échographie montra, par la suite, qu’elle avait eu une véritable intervention chirurgicale bilatérale de la carotide. Quant aux cicatrices, elles vont saigner vers le 22 de chaque mois et se refermer quelques jours après. C’est incroyable, mais vrai !!

Voici le message de saint Charbel livré à Mme Nohad Al-Chami :

« Tu es un signe sur la terre, ne laisse pas les gens derrière toi, garde ta foi. Je t’ai blessé avec la force de Dieu pour qu’ils puissent te voir, car certains se sont éloignés de la prière, de l’Église et du respect des saints… Celui qui veut quelque chose de moi, je suis le père Charbel qui est toujours à son ermitage, et je te demande de visiter l’ermitage tous les 22e jour du mois, et de participer à la sainte messe pour le reste de ta vie… » 

Pourquoi Nohad Al-Chami ? Qu’a-t-elle de si particulier pour qu’un miracle s’opère à travers elle ? Nohad est une mère d’une grande famille, elle vient d’un milieu modeste. Le chapelet toujours à la main et sa foi est  inébranlable. Dans son jeune âge, elle a vu dans son rêve la Vierge Marie, qui lui caressa les cheveux. Ne sachant pas trop la signification de ce geste, elle accourut vers sa propre mère pour obtenir une explication : « Ma fille, la Vierge Marie, va te réserver bien de bénédictions quand tu seras grande ». Plus tard, elle développe toute sa vie une grande dévotion exceptionnelle à Marie.

Depuis 1993 et jusqu’à maintenant une marée de monde monte vers l’ermitage de Annaya, marche en procession et prie pour que saint Charbel puisse intercéder pour les personnes qui y participent. Ils tiennent à prendre bénédictions et souvenirs. Ils savent d’avance que le père Charbel est au rendez-vous, il les attend ! Le même phénomène se déroule, peut-on dire à la grandeur du globe, à la recherche de l’intercession d’un saint très particulier : qui est présent, accompagne les fidèles dans la prière, les invite à rencontrer le Christ lors de la messe. Ainsi, ils se rapprochent plus de Dieu.

Si vous pensez avoir vécu ou été témoin d’une guérison miraculeuse de la part de saint Charbel, vous pouvez le signaler au monastère et à l’ermitage de Annaya, au Liban, et ce, avec une preuve médicale à l’appui.

 

Que saint Charbel nous protège tous et intercède pour nous auprès du Seigneur !

Lettre au peuple de Dieu

L’Assemblée du Synode lors de l’une de ses sessions matinales. Photo © Sel + Lumière Média.

Le mercredi 25 octobre, les participants au synode ont publié une lettre au peuple de Dieu décrivant leur expérience de l’unité et de la foi et exprimant leur engagement à poursuivre sur cette voie au cours de l’année à venir.

Lettre de la

16ème Assemblée Générale Ordinaire

du Synode des Évêques

au peuple de Dieu

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs,

Alors que s’achèvent les travaux de la première session de la 16ème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, nous voulons, avec vous tous, rendre grâces à Dieu pour la belle et riche expérience que nous venons de vivre. Nous avons vécu ce temps béni en profonde communion avec vous tous. Nous étions soutenus par vos prières, porteurs de vos attentes, de vos questions et aussi de vos craintes. Voilà déjà deux ans qu’a commencé, à la demande du pape François, un long processus d’écoute et de discernement, ouvert à tout le peuple de Dieu, sans exclusive, afin de « marcher ensemble », sous la conduite de l’Esprit Saint, disciples missionnaires à la suite du Christ Jésus.

La session qui nous a réunis à Rome depuis le 30 septembre constitue une étape importante de ce processus. À bien des égards, ce fut une expérience inédite. Pour la première fois, à l’invitation du pape François, des hommes et des femmes étaient conviés, en vertu de leur baptême, à siéger à la même table pour prendre part non seulement aux délibérations mais aussi aux votes de cette Assemblée du Synode des Évêques. Ensemble, dans la complémentarité de nos vocations, de nos charismes et de nos ministères, nous nous sommes mis intensément à l’écoute de la Parole de Dieu et de l’expérience des autres. À l’aide de la méthode de la conversation dans l’Esprit, nous avons partagé humblement les richesses et les pauvretés de nos communautés sur tous les continents, en essayant de discerner ce que l’Esprit Saint veut dire à l’Église aujourd’hui. Nous avons notamment expérimenté l’importance de favoriser les échanges réciproques entre la tradition latine et les traditions de l’Orient chrétien. En outre, la participation des Délégués fraternels d’autres Églises et Communautés ecclésiales a profondément enrichi nos débats. 

Notre assemblée s’est déroulée dans le contexte d’un monde en crise, dont les blessures et les inégalités scandaleuses ont résonné douloureusement dans nos cœurs et donné à nos travaux une gravité particulière, d’autant plus que certains d’entre nous venaient de pays où la guerre fait rage. Nous avons prié pour les victimes de la violence meurtrière, sans oublier celles et ceux que la misère et la corruption jettent sur les routes dangereuses de la migration. Nous avons exprimé notre solidarité et notre engagement aux côtés des femmes et des hommes qui, partout dans le monde, sont des artisans de justice et de paix.

À l’invitation du Saint-Père, nous avons accordé une place importante au silence, afin de favoriser l’écoute respectueuse entre nous et le désir de communion dans l’Esprit. Lors de la veillée œcuménique d’ouverture, nous avons expérimenté combien la soif d’unité grandit dans la contemplation silencieuse du Christ crucifié. La croix est, en effet, l’unique cathèdre de Celui qui, en donnant sa vie pour le salut du monde, a confié ses disciples à son Père, afin que « tous soient un » (Jn 17,21). Fermement unis dans l’espérance que nous donne Sa résurrection, nous lui avons confié notre Maison commune où résonnent de façon de plus en plus urgente la clameur de la terre et la clameur des pauvres : « Laudate Deum ! », a rappelé le pape François au tout début de nos travaux. 

Au fil des jours, nous avons entendu l’appel pressant à la conversion pastorale et missionnaire. Car la vocation de l’Église est d’annoncer l’Évangile non pas en se centrant sur elle-même, mais en se mettant au service de l’amour infini dont Dieu aime le monde (cf. Jn 3,16). Interrogés sur leurs attentes à l’égard de l’Église à l’occasion de ce synode, des personnes sans-abri des environs de la place Saint-Pierre ont répondu : « L’amour ! ». Cet amour doit toujours demeurer le cœur brûlant de l’Église, un amour trinitaire et eucharistique, comme l’a rappelé le Pape en évoquant le 15 octobre, à mi-chemin du parcours de notre assemblée, le message de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. « C’est la confiance » qui nous donne l’audace et la liberté intérieure dont nous avons fait l’expérience, n’hésitant pas à exprimer nos convergences et nos divergences, nos désirs et nos interrogations, librement et humblement.

Et maintenant ? Nous souhaitons que les mois qui nous séparent de la deuxième session, en octobre 2024, permettent à chacun de participer concrètement au dynamisme de communion missionnaire qu’indique le mot « synode ». Il ne s’agit pas d’une idéologie mais d’une expérience enracinée dans la Tradition apostolique. Comme l’a rappelé le Pape au début de ce processus : « Communion et mission risquent de rester des termes un peu abstraits si l’on ne cultive pas une pratique ecclésiale qui exprime la réalité concrète de la synodalité (…), favorisant l’implication effective de tous et de chacun » (9 octobre 2021). Les défis sont multiples et les questions nombreuses : le rapport de synthèse de la première session précisera les points d’accord auxquels nous sommes parvenus, soulignera les questions ouvertes et indiquera la manière dont nous devrons poursuivre le travail.

Pour progresser dans son discernement, l’Église a absolument besoin de se mettre à l’écoute de tous, en commençant par les plus pauvres. Cela exige de sa part un chemin de conversion, qui est aussi un chemin de louange : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » (Lc 10, 21) ! Il s’agit de se mettre à l’écoute de celles et ceux qui n’ont pas droit à la parole dans la société ou qui se sentent exclus, même de la part de l’Église. À l’écoute des personnes victimes du racisme sous toutes ses formes, notamment, en certaines régions, les peuples indigènes dont les cultures ont été bafouées. Et surtout, l’Église de notre temps se doit d’écouter, dans un esprit de conversion, les personnes qui ont été victimes d’abus commis par des membres du corps ecclésial, et de s’engager concrètement et structurellement pour que cela ne se reproduise pas. 

L’Église a aussi besoin d’écouter les laïcs, femmes et hommes, tous appelés à la sainteté en raison de leur vocation baptismale : le témoignage des catéchistes, qui dans bien des situations sont les premiers annonciateurs de l’Évangile ; la simplicité et la vivacité des enfants, l’enthousiasme des jeunes, leurs questions et leurs appels ; les rêves des anciens, leur sagesse et leur mémoire. L’Église a besoin de se mettre à l’écoute des familles, de leurs préoccupations éducatives, du témoignage chrétien qu’elles offrent dans le monde d’aujourd’hui. Elle a besoin d’accueillir la parole de celles et ceux qui souhaitent s’engager dans des ministères laïcs ou dans des instances participatives de discernement et de décision. 

L’Église a particulièrement besoin, pour progresser dans son discernement synodal, de recueillir davantage la parole et l’expérience des ministres ordonnés : les prêtres, premiers collaborateurs des évêques, dont le ministère sacramentel est indispensable à la vie du corps tout entier ; les diacres, qui signifient par leur ministère la sollicitude de toute l’Église au service des plus fragiles. Elle a aussi besoin de se laisser bousculer par la voix prophétique de la vie consacrée, sentinelle vigilante des appels de l’Esprit. Elle se doit également d’être attentive à celles et ceux qui ne partagent pas sa foi mais cherchent la vérité, et en qui l’Esprit est présent et agissant, Lui qui « offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal » (Gaudium et spes 22, 5).

« Le monde dans lequel nous vivons, et que nous sommes appelés à aimer et à servir, même dans ses contradictions, exige de l’Église le renforcement des synergies dans tous les domaines de sa mission. C’est précisément le chemin de la synodalité que Dieu attend de l’Église du troisième millénaire » (Pape François, 17 octobre 2015). N’ayons pas peur de répondre à cet appel. La Vierge Marie, première en chemin, accompagne notre pèlerinage. Dans les joies et les peines, elle nous montre son Fils et nous invite à la confiance. C’est Lui, Jésus, notre unique espérance !

Cité du Vatican, 25 octobre 2023

 

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