Le Christ, roi de nos âmes

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Vivant dans des sociétés démocratiques et libérales, nous sommes habités par un idéal d’égalité qui, pour certains, rend la fête du Christ-Roi difficile à comprendre ou à apprécier.

L’idéal du roi chrétien

L’institution de cette fête, célébrée pour la première fois en 1926 et introduite par le pape Pie XI dans l’encyclique  Quas primas, émerge d’une expérience politique et sociale concrète. Après la Première Guerre mondiale, l’Europe est frappée par la montée des idéologies. Sur tout le continent, des monarques pétris de religion sont déposés et remplacés par de nouveaux dirigeants, souvent hostiles au phénomène religieux. La fête du Christ-Roi est née en réponse à ce mouvement et insiste sur la souveraineté du Christ sur l’ensemble de la Création. 

L’attachement à l’idée monarchique était courant chez les catholiques de l’époque, enraciné dans une tradition mystique qui existait du Moyen Âge au XIXe siècle. De même, la relation filiale entre le roi et son sujet est profondément ancrée dans notre expérience humaine. Le désir irrépressible de servir le vrai roi, et donc de participer à quelque chose qui va au-delà de – et transcende la – banale égalité passive de nos vies quotidiennes, est largement exprimé dans la culture humaine à travers les âges. Pourtant, bien que nous l’oublions trop souvent, nous avons un Roi : 

Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. (Daniel 7:14)

Le Christ-Roi dans la culture populaire

Aujourd’hui, alors que nous nous donnons beaucoup de mal pour rendre invisible la relation de service mutuel entre celui qui commande et celui qui participe au bien commun par une obéissance active, cette expérience reste bien vivante à travers une remarquable diversité de représentations dans la culture populaire. 

Par exemple, de nombreuses personnes, en particulier des catholiques, ont été touchées par les vertus héroïques des personnages de la trilogie Le seigneur des anneaux de Tolkien, qui, du plus humble au plus puissant, jouent chacun leur rôle dans un mouvement qui conduit à la défaite du seigneur des ténèbres et au couronnement dans la gloire du digne héritier de la véritable lignée royale. 

Aragorn, le roi exilé du Gondor, représente ainsi un point culminant de la représentation narrative du Christ-Roi dans la culture populaire contemporaine, et l’extraordinaire approbation critique et populaire de son incarnation dans la trilogie cinématographique qui fête cette année son vingtième anniversaire illustre la permanence de ce trope, profondément inscrit dans notre imaginaire. Qui n’a pas envie de se battre aux côtés d’Aragorn? 

La royauté cosmologique du Christ 

En 1969, le pape saint Paul VI a changé le nom de cette fête, qui est devenue la solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ, roi de l’Univers. En même temps, il en déplace la date au dernier dimanche du calendrier liturgique, juste avant le début de l’Avent. 

D’une fête conçue comme une réponse à l’estrangement des ordres politique et religieux, le Christ-Roi a pris une orientation eschatologique, où la royauté du Christ est abordée du point de vue des derniers jours. Ces deux perspectives sur la royauté du Christ, loin de se contredire, se situent sur un continuum qui embrasse notre nature pour l’élever dans la Grâce. 

Si nous sommes appelés, en effet, à participer à la vie sociale et politique de nos démocraties libérales avec bonne foi, avec le goût du bien commun, nous devons aussi garder une conscience aiguë de leurs défaillances. Le vrai Souverain seul commande en justice une allégeance sans réserve. 

En un sens très profond, être disciple du Christ, être chrétien, c’est prêter un serment de fidélité au Roi des rois, s’engager dans l’armée du Christ, choisir son camp dans une combat spirituel qui se poursuit malgré l’assurance d’une victoire décisive. Le Christ-Roi se trouve au sommet d’une hiérarchie cosmique à laquelle nous appartenons concrètement. Lorsque nous reconnaissons le Christ comme notre Roi, faisons-le de manière très concrète, avec tout ce que cela implique. 

Loin de nous les simples invocations pieuses ! 

Le gouvernement de nos âmes

Paul VI, en donnant une tonalité nouvelle à la fête du Christ-Roi, montre le chemin et le lieu concret de cette allégeance. Être fidèle au Christ, ce n’est pas d’abord rechercher le retour de l’État chrétien où s’harmonisent la justice divine et la justice humaine. L’armée du Christ n’est vraisemblablement pas composée de croisés : 

Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. (Jean 18:36). 

Le combat auquel le Seigneur nous invite n’est pas entre les hommes, ici sur la Terre. C’est d’abord un combat spirituel, qui se déroule en chacun de nous – dans nos cœurs, nos âmes et nos consciences. Dans cette lutte, le Christ doit être notre commandant, afin que nous devenions ses instruments inutiles. 

Une vie qui suscite la louange de Dieu

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«Les fidèles apprécieront ce ministère à sa valeur, et ils rendront gloire à Dieu pour cette soumission avec laquelle vous professez l’Évangile du Christ, et pour la générosité qui vous met en communion avec eux et avec tous. » (2Co 9:13)

Le but ultime de tout chrétien est de vivre une vie qui suscite la louange de Dieu.

Une vie que les autres ne puissent voir sans s’exclamer:  « Dieu, merci! ».

Je crois que c’est ce que tous les saints ont fait nous contemplons leurs vies et nous ne pouvons nous empêcher de sentir un chemin s’ouvrir vers Dieu, s’approchant de la Source divine. Lorsque nous découvrons leurs vies, dans un livre, un film ou à l’occasion d’une conversation avec un ami, nous ne pouvons nous empêcher de louer Dieu. Les saints ont suscité la louange de Dieu tout au long de leur vie et même – surtout – après leur mort.

Il est remarquable  que certains saints aient eu un tel impact sur les gens autour d’eux et que parfois un simple geste inspiré ait tourné des âmes directement vers Dieu. Je pense aux récits de pêcheurs qui, ayant simplement croisé le regard de Padre Pio, ont vécu une expérience profonde, irréversible. Certains partaient en tremblant, en pleurant ou en implorant la miséricorde de Dieu.

Je suis certaine qu’après avoir partagé un repas, serré la main de quelqu’un, écrit une lettre, fait un geste ou eu une simple conversation, les saints ont laissé les gens dire: « merci, mon Dieu!». Ils vivent de manière si authentique, dans une telle union avec Dieu, que ces petites actions évangélisent et étendent le Royaume de Dieu.

Bien sûr, nous ne pouvons pas oublier tous les fruits de leur travail sur Terre, qui génèrent tant de bonté dans le monde, des décennies et des siècles plus tard. Ce travail est important.

Mais c’est leur témoignage, leur confession de l’Évangile du Christ, qui compte le plus. Les saints, en plus de leur travail connu, ont suscité d’innombrables instants de louange à Dieu. Il y a une surabondance d’histoires de ce genre, qu’elles soient silencieuses et gardées dans le cœur de ceux qu’elles ont touchés, ou manifestes et partagées avec émotion pour que les autres puissent les connaître.

Lorsque nous vivons pleinement et totalement en Dieu, même lorsque nous tenons la main de quelqu’un, même lorsque nous le regardons simplement dans les yeux, d’autres aussi louent Dieu. Cela ne devrait-il pas être notre but, la mission de notre vie dans sa plus simple expression, que de passer dans ce monde en suscitant la louange de Dieu? Faire en sorte que tous ceux qui nous rencontrent chantent la gloire du Tout-Puissant!

Cette idée prend notamment racine dans les mots de saint Paul, lorsqu’il exhorte les premiers chrétiens de Corinthe à susciter la louange de Dieu par leurs actions. Cependant, elle apparaît et réapparaît également ailleurs dans les Écritures. Un autre verset de saint Paul, par exemple, rend compte de cette mission de manière simple et précise:

« Tout ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu. » (1Co 10:31)

Jésus lui-même nous appelle chacun à vivre une telle vie dans l’Évangile selon saint Matthieu:

« De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »  (Mt 5:16)

Lorsqu’on vit pleinement notre foi, lorsqu’on en témoigne par nos actions, on ouvre le chemin vers Dieu. L’Évangile de Jésus-Christ qui nous le montre. Que la louange de Dieu continue de s’accroître, et qu’elle déborde à travers ses fidèles ici sur Terre!

Crucifié non pas pour condamner mais pour sauver : le don de Vendredi saint

Une réflexion sur la Passion de notre Seigneur

Qu’est-ce que nous célébrons le Vendredi saint ? Pourquoi nous attardons-nous à la Passion du Christ chaque année au lieu de sauter directement dans la joie de la résurrection ? Ne savons-nous pas que Jésus est ressuscité ? Souffrons-nous d’ amnésie annuelle, en nous remémorant les mêmes évènements sans arrêt ?

Le Vendredi saint, nous nous rassemblerons en silence devant la Croix du Christ. Les prêtres et les diacres se prosterneront, face contre terre, solennels devant la souffrance de Jésus. Nous écouterons la lecture de la Passion selon Saint Jean. Nous nous agenouillerons silencieusement lorsque nous entendrons les dernières paroles de Jésus sur la Croix, « Tout est accompli ». Nous marquerons ce jour par un jeûne, nos cœurs contemplant la mort de Dieu aux mains des hommes pleins de haine. Nous serons sans voix devant la torture d’un homme innocent.

Quel est le sens de tout cela ?

Est-ce simplement pour aiguiser notre culpabilité ? Est-ce pour nous mettre mal à l’aise, en tant que membres d’une espèce qui a tué Dieu incarné quand Il est venu sur terre ? Est-ce pour engendrer la désespérance et la tristesse ?

Nous trouvons une clé pour répondre à ces questions dans la Lettre aux Hébreux, deuxième lecture du Vendredi saint, qui nous oriente vers la signification de ce que nous célébrons :

« En Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours » (Hébreux 4,14-16).

Sur la Croix, nous ne voyons pas un juge tyrannique. Nous ne voyons pas un censeur venu nous condamner. Nous ne voyons pas un Dieu qui est nerveux et amer. Nous voyons notre Sauveur. Nous voyons Jésus. Nous voyons un homme en train de souffrir volontairement pour notre salut. Nous voyons la miséricorde du Père donnée à chacun d’entre nous – pour chaque homme et femme de toute l’histoire humaine, pour vous et pour moi !

Voilà le mystère de la Croix. Voilà l’amour de Dieu. Voilà le don que nous célébrons le Vendredi saint. Nous ne sommes pas enthousiastes comme les foules du dimanche des Rameaux. Nous ne sommes pas fous de joie comme les disciples qui voient le tombeau vide le dimanche de Pâques. En silence et solennellement, nous recevons le don de Jésus offert à tous et chacun. Nous remercions Celui qui n’a rien retenu. Nous nous ouvrons à recevoir ce qu’Il est venu nous donner.

Le don de Jésus c’est pas la honte pour nos péchés. Il n’est pas venu nous accuser et nous laisser enchaînés dans notre culpabilité. Il est venu Se donner à nous. Rien d’autre ne pouvait nous sauver. Rien d’autre ne pouvait enlever ce qui nous sépare de Dieu. Rien d’autre ne pouvait libérer cette abondance de vie, maintenant et pour toujours. Il est venu nous rendre libres. Il est venu racheter nos péchés. Il est venu nous apporter un amour qui nous comble pleinement.

Voici l’amour de Dieu, qui S’est donné entièrement pour nous. Non pas afin de nous faire sentir coupables ou inconvenants, mais afin que nous puissions recevoir le don de Lui-même. De retour, Il ne veut pas notre désespérance, ni notre mélancolie, ni notre auto-condamnation. Il veut que nous Lui donnions nos péchés, afin de les surmonter, afin de les détruire, afin de les effacer, pour nous rendre libres, heureux, et en paix.

Jésus meurt sur la Croix, notre Sauveur miséricordieux. Jésus vient Se donner à nous, pour nous. Il ne cesse pas de Se donner jusqu’au « Tout est accompli ».

Chasser l’aveuglement : retrouver la vue dans la lumière du Christ

Une réflexion pour le quatrième dimanche du Carême

Il est difficile d’imaginer à quel point la vie serait différente si nous étions nés aveugles. Comment fonctionnerions-nous ? Comment percevrions-nous le monde ? Mais est-ce que la cécité physique est la seule sorte d’aveuglement ? S’agit-il du pire type d’aveuglement ?

Le quatrième dimanche du Carême nous montre que ce n’est pas le cas. Il nous est présenté l’Évangile du mendiant aveugle de naissance (Jean 9,1-41). Le récit commence lorsque Jésus arrive sur les lieux avec Ses disciples. Tout de suite, ils Lui demandent : « Qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ». « Ni lui, ni ses parents », réplique Jésus. C’était plutôt pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Jésus termine : « Je suis la lumière du monde. » Puis, Il crache à terre, Il fait de la boue, Il la met sur les yeux du mendiant, et Il l’envoie se laver à la piscine de Siloé. Miraculeusement, quand l’homme revient, il voit.

Les voisins de l’aveugle-né sont sceptiques : « Comment est-ce possible ? ». Celui-ci répond simplement : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : ‘Va à Siloé et lave-toi.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. ». Incrédules, ils l’amènent aux Pharisiens. Là, il raconte une deuxième fois ce que Jésus a fait pour lui. La stratégie des Pharisiens est de discréditer Jésus en en faisant un pécheur. Dans l’échange qui suit, même les parents de l’homme sont interrogés pour confirmer qu’il était véritablement né aveugle. Doute sur doute sur doute.

Jésus revient à l’homme, qui proclame sa foi toute simple, pas du tout affectée par le cynisme qui l’entoure : « Je crois, Seigneur ! ». Les Pharisiens inquisiteurs reviennent une fois encore. Ils demandent à Jésus : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? ». La réponse de Jésus met un point final qui résume tout l’événement : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais à partir du moment où vous dites : ‘Nous voyons !’, votre péché demeure. »

Que tirons-nous de tout cela ?

Dès le début, les disciples, les voisins, et les Pharisiens nous révèlent quelque chose sur notre nature humaine. Les disciples pointent leurs doigts accusateurs. Sûrement, ce doit être la faute de quelqu’un dans le cas d’un homme né aveugle. Alors, qui est coupable ? – Le mendiant ou ses parents ? Ses voisins se joignent au cynisme des disciples. Au lieu de se réjouir du fait que leur voisin peut finalement voir, ils sont méfiants. Ne trouvant aucune autre façon d’expliquer la situation, les Pharisiens ont recours à une accusation contre Jésus, et Lui trouvent comme une fraude.

Comme il est facile de tomber dans le même piège ! Quand nous ne comprenons pas, quand nous ne maitrisons pas une situation, nous nous sentons menacés ! Alors nous devenons méfiants, nous accusons les autres, nous fabriquons des histoires. Nous sommes alors absorbés par notre propre perspective et nous perdons de vue l’ensemble. Nous pensons seulement à notre propre bien au détriment du bien des autres. Pourquoi est-il si difficile de se réjouir et d’apprécier les bonnes choses qui arrivent aux autres ? Pourquoi est-ce que les hommages et les succès qui arrivent aux autres nous rendent-ils malheureux ou mal-à-l’aise ? Quel aveuglement nous empêche de voir la bonté qui nous entoure ? Et comment sortir de cet aveuglement ?

Jésus donne à Ses disciples le secret pour guérir leur aveuglement même avant qu’Il commence à guérir l’homme né aveugle. Il leur dit : « Je suis la lumière du monde. ». Voilà le remède à leur aveuglement. L’homme aveugle de naissance manifeste la puissance de Dieu en révélant le remède à notre aveuglement. Le remède qui nous rend capable de voir véritablement : c’est Jésus !

L’aveuglement des Pharisiens prend racine dans leur manque d’assurance. Ils ne peuvent pas accepter que Jésus fasse du bien de peur que cela mette en péril leur statut dans la société. Leur vision était si obscurcie par leur volonté d’avoir raison qu’ils étaient incapables de se réjouir lorsque l’homme né aveugle fut définitivement guéri. Ils étaient à ce point absorbés par leurs tentatives de prouver leur supériorité face aux autres que leurs manigances les ont empêchés de voir la puissance de la bonté de Dieu. Leur attachement à leur propre perspective a brouillé leur vision les empêchant de voir les choses à partir de la perspective de Dieu.

Jésus est la vraie lumière par laquelle nous sommes capables de nous voir nous-même et notre voisin. Dieu voit les choses comme elles sont véritablement. Jésus nous révèle la perspective de Dieu. Il est l’antidote à notre cynisme, notre doute, et notre méfiance qui nous empêchent de voir clairement la réalité. Ils obscurcissent notre vision et nous portent à trébucher. Si nous doutons de la bonté de Dieu, nous aussi, nous devenons insécures. Nous pouvons faire passer notre manque d’assurance sur les autres, et nous pouvons être tentés de les rabaisser afin de réussir. Nous pouvons les ignorer afin de nous rassurer. Nous pouvons échouer à voir notre vraie valeur. L’orgueil et l’égoïsme s’installent quand nous ne nous voyons pas comme Dieu nous voit. Alors, nous essayons de compenser en prétendant être meilleurs que les autres, en les rabaissant pour nous sentir mieux. Comme dans le cas des Pharisiens, notre aveuglement face à la vérité sur les autres vient de notre aveuglement face à la vérité sur nous-même.

La cure c’est de croire avec la foi simple de l’homme né aveugle : « Je crois, Seigneur ! ». Cette cure nous permet de voir la vérité sur nous-mêmes, de nous voir à travers la lumière de Jésus. Dans Sa lumière, nous nous voyons tels que nous sommes véritablement. Nous nous voyons comme Dieu nous voit. Nous voyons que Dieu nous aime vraiment, nous voyons que Dieu nous a créés, et nous voyons qu’en Jésus, Dieu est venu pour racheter nos péchés. Nous voyons ainsi que Dieu est vraiment miséricordieux, qu’Il se réjouit de nous pardonner. Nous voyons que le pardon de Dieu n’est pas seulement pour toute l’humanité globalement, mais aussi pour chacun de nous, pour moi personnellement. Nous voyons que Dieu veut ce qui est véritablement bon pour nous, et qu’Il ne se fatigue jamais de nous accueillir encore et encore, les bras ouverts. Nous voyons que nous sommes bons à Ses yeux. Lorsque nous voyons par la lumière du Christ, nous commençons à voir véritablement.

Quelle menace est-ce que l’homme né aveugle représentait pour les Pharisiens ? Pourquoi est-ce que ses voisins n’ont pas accepté qu’il soit guéri ? La guérison de cet aveugle menaçait l’aveuglement des Pharisiens. Leur aveuglement les a empêchés de voir la lumière qui vient de Jésus. Leurs yeux sont restés fermés à la vérité sur eux-mêmes, et donc ils n’ont pas pu accepter la vérité sur Dieu et sur les autres. Jésus vient illuminer notre vision afin que nous puissions voir la bonté de Dieu – à l’œuvre dans notre vie et la vie de nos voisins. Il ouvre nos yeux afin que nous puissions voir véritablement.

Le don de Dieu : la rencontre qui désaltère

Une réflexion pour le troisième dimanche du carême

Nous avons tous un aspect de nous-mêmes que nous souhaiterions différent. Quelque chose en nous que nous souhaitons autre. Souvent cet aspect est une source de honte, de peur, de regret ou d’embarras. C’est quelque chose qui nous rend malheureux et que nous aimerions voir disparaître. Nous souhaitons que ça change mais rien n’y fait ! Que peut-on faire de plus?

L’Évangile de ce troisième dimanche du carême (Jean 4,5-42) commence avec un curieuse précision de temps : « C’était la sixième heure, environ midi ». Jésus atteint une ville de Samarie où il y a un puits construit par Jacob le patriarche, celui qui a donné sa tunique de plusieurs couleurs à son fils Joseph. Jésus arrive vers midi. S’agit-il simplement d’une précision pour mieux définir les lieux ? Justement non ! À l’époque de Jésus, personne n’allait au puits au milieu du jour. Tout le monde s’abritait du soleil de midi. Personne ne voulait s’aventurer au puits, avec une cruche en plus, pour ensuite la ramener pleine à ras bord chez soi. Juste y penser nous fait transpirer !

Mais Jésus arrive à midi quand même. Le puits est désert. Il est fatigué et Il s’assoit. Une femme arrive seule pour puiser de l’eau. Elle ne s’attendait pas à rencontrer quelqu’un au puits. C’est précisément pour cette raison qu’elle a choisi de venir à cette heure-là. Quelle surprise de trouver un homme assis en pleine chaleur à midi ! Jésus lui demande une gorgée d’eau. La question la met mal à l’aise : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » Aucun Juif qui se respectait ne voulait avoir affaire avec un Samaritain au temps de Jésus. Cependant Jésus réplique : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire,” c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive ».

La conversation qui suivra dépasse toutes les attentes de la femme. La voilà l’eau qu’elle cherchait ! Jésus sait qu’elle a eu cinq maris. Jésus sait que celui avec qui elle vit maintenant n’est pas l’un d’eux. La rencontre est si forte que, là sous le soleil de midi, la femme qui un moment avant voulait rester cachée et passer inaperçue, laisse sa cruche et se hâte vers la ville en s’exclamant : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » Son témoignage est si lumineux que les gens de sa ville accueillent Jésus chez eux et croient en Lui.

Que tirons-nous d’une telle rencontre ? Quel impact a-t-elle sur notre chemin de carême et notre chemin de vie ? Nous aussi, nous avons soif. Nous aussi, nous avons des aspects de nos vies qui nous font honte et peur, qui nous rendent malheureux. Nous avons soif. Jésus vient à nous dans notre soif, dans les aspects de nos vies où nous avons le plus grand besoin de Lui. Il connaît ces aspects de nous avant même que nous disions un mot. Il sait que nous avons soif et Il lui tarde de nous désaltérer. Jésus vient essuyer la buée qui brouille le pare-brise de nos vies. Il est venu laver les taches que nous cherchons à dissimuler. Il est venu enlever notre péché et nous remplir de l’eau qui désaltère. Jésus est l’eau qui désaltère !

Jésus nous apporte quelque chose qui ne rentre pas dans une cruche. Jésus nous apporte l’amour de Dieu. Cet Amour vient à la rencontre de la femme au puits. Il connaissait déjà toutes sa vie et son histoire. Il a voulu la libérer de ce qui l’enchaînait le plus. C’est un Amour qui désire nous pardonner et nous rendre libres. Jésus nous parle non pas comme un juge impatient, mais comme un ami qui s’assoit à nos côtés sous le soleil de midi. Cet Ami a les réponses que nous cherchons. Il est Lui-même l’eau vive qui nous désaltère. Nous pouvons nous confier à Lui. Nous pouvons Lui parler comme à un ami, comme à quelqu’un qui nous connaît et qui nous veut du bien.

L’Évangile de la femme samaritaine nous lance un défi. Nous sommes appelés à l’imiter. Allez vers Jésus. Parlez avec Lui à cœur ouvert. Permettez-Lui d’entrer vos peurs, vos hontes, vos inquiétudes, et vos incertitudes. N’ayons pas peur. Il n’est pas venu nous juger. Il nous apporte l’amour de Dieu. Jésus vient à nous à midi. Il nous rencontre dans la chaleur, en plein midi, pour nous désaltérer. Jésus sait que nous avons soif. Il veut nous désaltérer. Jésus est l’eau vive qui nous désaltère !

La destination illumine le chemin

Une réflexion pour le deuxième dimanche du carême

Qu’est-ce qui nous rend plus forts dans les moments difficiles ? Qu’est-ce qui inspire notre espérance quand la situation est morne ? Qu’est-ce qui nous amène à persévérer quand il serait si facile d’abandonner ?

Dans l’Évangile du deuxième dimanche du carême, nous voyons Jésus monter le mont Thabor avec les plus proches de Ses disciples – Pierre, Jacques, et Jean. Là Il s’est transfiguré devant leurs yeux et ils Le contemplent dans toute Sa gloire. Son visage brille comme le soleil ; Ses vêtements deviennent blancs comme la lumière. Il est difficile d’imaginer combien cette vue serait merveilleuse: être témoin de la lumière de Dieu !

Quel est le sens d’un tel évènement pour nous en cette saison du carême? Quel est la signification de ce témoignage de la gloire de Jésus avant de voir Son agonie dans quelques semaines ? La transfiguration est un avant-goût de la gloire de Dieu. Elle nous donne un aperçu de la résurrection de Jésus que nous nous préparons à célébrer. Elle nous montre que Jésus est Dieu. Elle nous rappelle que lorsque nous suivons Jésus, nous ne suivons pas un homme comme les autres, ni un sage maître, ni même un grand philosophe. À la suite de Jésus, nous sommes véritablement à la suite de Dieu.

Le chemin de Dieu n’est pas toujours glorieux. Pierre, Jacques, et Jean découvriront cela lorsqu’ils vivront personnellement la crucifixion de Jésus sur le Golgotha. Prisonnier de ses peurs, Pierre reniera Jésus trois fois. Au pied de la Croix, Jean verra la mort atroce de son Seigneur. Jacques abandonnera Jésus comme les autres apôtres. Quel contraste cruel entre la lumière du Thabor et la brutalité du Golgotha. Aucun parmi eux ne se souvenait ce qu’ils avaient vécu au sommet ?

La transfiguration de Jésus nous montre qu’il y a quelque chose au-delà de la Croix. La gloire qui rayonnait sur le mont Thabor nous élève dans nos moments de ténèbres vers le destin qui nous attend. La destination illumine le chemin. Nous ne nous sentons pas pareils lorsque nous allons à des funérailles et lorsque nous accourons réclamer le montant d’un billet de loto gagnant. Ce vers quoi nous nous dirigeons a des conséquences sur notre attitude, notre perspective, et nos actions. Qu’est-ce que cela change en nous si notre destination s’agit du paradis ? Si notre destination est la gloire de Dieu que Pierre, Jacques, et Jean ont vue sur le Mont Thabor ? Si même lorsque nous vivons la Croix nous sommes faits pour la gloire ?

Parfois on peut penser que croire au paradis c’est prendre ses désirs pour des réalités. Que le paradis est quelque chose que les petits enfants apprennent au catéchisme. Mais si c’est notre vrai destin ? Si ce n’est pas seulement l’« opiat de la foule » ni un vœu pieux, mais la réalisation véritable de tous nos espoirs et de nos désirs les plus profonds – pas seulement une fantaisie que nous avons créée mais la raison pour laquelle nous avons été faits ?

Comme le soldat inspiré par l’espérance de la victoire ! Comme la maman qui souffre lors de l’accouchement avant d’accueillir dans la joie son bébé ! Comme l’athlète qui persiste à s’entraîner et persévère dans l’espoir de gagner la médaille olympique ! La victoire de la vie c’est le paradis. Le travail de la vie mène à la joie éternelle. La médaille c’est de participer à la gloire de Dieu. Comment changerait-elle nos vies si nous permettons à cette destination d’illuminer notre chemin ? À quoi ressemble le Golgotha si nous nous souvenons du Thabor ? Endurons-nous nos souffrances différemment quand nous savons qu’il y a de la lumière au bout du tunnel, et quand cette lumière brille déjà ici et maintenant ? Même lors de la journée la plus pluvieuse, le soleil rayonne brillamment au-dessus. Même lors des moments les plus noirs sur terre, la gloire du ciel brille merveilleusement.

Si nous nous dirigeons vers le ciel, le ciel imprègnera aussi ce que nous vivons ici-bas. Le Royaume de Dieu n’est pas seulement là où nous espérons l’atteindre un jour ; il est le Règne de Dieu présent dans notre vie quotidienne. C’est le règne de la paix, de la miséricorde, de la justice, de la compassion, de l’unité, et de l’amour. C’est nous tous ensemble comme frères et sœurs avec Jésus et notre Père unique. C’est le règne du soin donné aux uns et aux autres, de l’espérance donnée, de la persévérance soutenue. Notre destination éclaire les vraies épreuves que nous subissons sur le chemin de la vie. Le ciel illumine notre façon de vivre déjà ici sur terre.

La transfiguration de Jésus est la gloire de Dieu qui touche la vie de Pierre, de Jacques, et de Jean. C’est un moment qui révèle l’espérance qui survit même dans les ténèbres de la Croix. Laissons cette gloire entrer dans notre vie. Que nos combats soient illuminés par l’espérance qui nous élève. Comme il est grand de savoir, même sur nos propres golgothas, que la destination de notre chemin est la gloire de Dieu !

Gaetano Gagliano: un grand ambassadeur et communicateur

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Réflexion du père Thomas Rosica c.s.b. suite au décès de Mr. Gaetano Gagliano † 2016, fondateur de télévision Sel + Lumière média:

À une époque où la dignité et le caractère sacré de la vie humaine sont menacés, alors que le mariage et la famille sont en crise, l’histoire de la famille Gagliano, de cet amour solide vieux 70 ans entre deux personnes et qui a engendré 10 enfants, 35 petits-enfants et 16 arrière petits-enfants, rayonne de toutes parts. L’histoire légendaire de Gaetano Gagliano (1917 – 2016) décrit le trajet d’un jeune homme du petit village de Cattolica Eraclea en Sicile qui avec une scolarité de 5e année, est devenu le récipiendaire de plusieurs doctorats honorifiques, de prix prestigieux et, à 80 ans, de l’Ordre du Canada!

Après avoir servi lors de la 2e guerre mondiale, le jeune Gaetano retourne dans son village natal d’Italie pour se marier. Après la guerre, la vie à la ferme était très difficile, spécialement dans l’Italie du sud. Alors que sa femme Giuseppina était enceinte de leur 5e enfant, les Gagliano ont décidé de vendre toutes leurs possessions afin d’immigrer au Canada. Le jour suivant son arrivée au Canada, Gaetano eut la chance de trouver un travail au Canadien Pacifique comme installateur de rails. Concrètement c’est donc en fixant de rails de chemin de fer qu’il a commencé, mais en réalité, il serait plus tard appelé à installer les rails de quelque chose de totalement nouveau et audacieux. En effet, déjà à cette époque, il imprimait des invitations sur une petite imprimante qu’il avait installée dans son sous-sol.

Il y a plus de cent ans, l’architecte civil américain Daniel Burnham avait dit aux planificateurs de la ville de Chicago : « Ne faites pas de petits plans. Ils n’ont pas la magie nécessaire à remuer du sang humain ». Ainsi, Gaetano a eu une grande vision à partir d’un petit atelier d’imprimerie dans sa maison. Il allait fonder une corporation médiatique qui se répandrait partout au Canada. Dès le premier jour, il décida de nommer sa compagnie « St-Joseph » en l’honneur du père de Jésus, le saint patron des travailleurs et du Canada.

Ce qui a commencé en 1956 comme une entreprise d’imprimerie de lettres dans un sous-sol est aujourd’hui la plus grande compagnie de communication privée du Canada; un fournisseur de solutions totalement intégrées en communication de contenu et un leader en imprimerie de documents et de médias. Ce succès moderne est une histoire de travail acharné, de vision et de foi d’un immigrant italien nommé Gaetano.

Le meilleur était encore à venir lorsqu’en 2003, à l’âge de 86 ans, Gaetano fonda un nouveau moyen de communication : La Fondation Catholique Sel et Lumière Média. Née dans la foulée des Journées mondiales de la Jeunesse de Toronto en 2002, www.seletlumieretv.org allait devenir la première télévision catholique du Canada diffusant sur le câble 24 heures par jour.

Chaque fois que Gaetano Gagliano nous visitait à notre centre de diffusion au centre-ville de Toronto il nous demandait : « Comment va le bébé? » ce qui voulait dire « Comment va Sel et Lumière télévision ? ». Sel et Lumière était son rêve devenu réalité ! Il avait désiré une télévision catholique pour le Canada pendant de nombreuses années avant les Journée Mondiales de la Jeunesse qui sont devenues pour lui, à la fois, une propulsion fantastique ainsi qu’un vent qui allait soutenir ses ailes.

Plus de 13 années plus tard, cette chaîne de télévision catholique est maintenant disponible dans plus de 2.5 millions de foyers et est accessible partout dans le monde par l’entremise des médias sociaux et de l’internet sans compter le fait qu’elle diffuse en anglais, français, italien, mandarin et cantonais.

Le secret de Gaetano Gagliano était, à la fois, innovant et simple. Cela demandait de la responsabilité envers la communauté, de la décence, du respect, de l’intégrité ainsi qu’une foi chrétienne en Dieu et dans l’humanité. Il a réussi à garder cet équilibre qui a permis à sa vie et à son entreprise de porter du fruit. En fait, il avait appris jeune que la recette du succès est de servir les autres et d’être reconnaissant envers la société. Même dans ses succès, il est toujours resté fidèle à ces principes.

Il y a presque 60 ans de cela, Gaetano Gagliano n’a pas limité la grandeur de ses plans pour son rêve en communication. Je rends grâce à Dieu pour des personnes comme Gaetano et Giuseppina qui n’ont pas eu besoin d’une grande scolarité ou de nombreux titres pour apprendre au monde une leçon aussi puissante. Ils nous ont laissé en héritage des valeurs familiales exceptionnelles tandis que Gaetano a donné à la société canadienne des pratiques commerciales honnêtes, décentes et généreuses. Ils nous ont donné des leçons très importantes à propos de la foi, de la famille, de l’éthique des affaires, de la générosité et de la philanthropie. Par son témoignage de vie, Gaetano nous a appris la fidélité dans la foi, l’importance d’une vie intègre ainsi que la façon d’être de bons communicateurs.

Durant les dernières années de sa vie avant son décès survenu le 14 avril 2016, la vie de Gaetano était un témoignage qui incarnait parfaitement les mots suivants du pape François dans sa dernière exhortation apostolique Amoris Laetitia (La joie de l’Amour) :

« Les récits des personnes âgées font beaucoup de bien aux enfants et aux jeunes, car ils les relient à l’histoire vécue aussi bien de la famille que du quartier et du pays. Une famille qui ne respecte pas et ne s’occupe pas des grands-parents, qui sont sa mémoire vivante, est une famille désintégrée ; mais une famille qui se souvient est une famille qui a de l’avenir. Par conséquent, « une civilisation où il n’y a pas de place pour les personnes âgées, ou qui les met au rebut parce qu’elles créent des problèmes, est une société qui porte en elle le virus de la mort »,[218] car elle « arrache ses propres racines ».[219]

Le phénomène des orphelins contemporains, en termes de discontinuité, de déracinement et d’effondrement des certitudes qui donnent forme à la vie, nous place devant le défi de faire de nos familles un lieu où les enfants peuvent s’enraciner dans le sol d’une histoire collective. » (No 193)

Nous serons toujours reconnaissants à Gaetano, à celui qui nous a donné de la foi de l’espérance, de l’audace et du courage, des racines et des ailes. Qu’il repose en paix et qu’il intercède pour nous.

Père Thomas Rosica c.s.b.

PDG fondateur, Fondation Catholique Sel et Lumière Média

14 avril 2016

Réflexion de Terre Sainte: la Dernière Cène

L’équipe Sel + Lumière a fait un pèlerinage sur les pas de Jésus pendant le Carême. Chacun nous offre une réflexion sur un lieu saint en Terre Sainte.

Dans cette méditation on se rencontre au Cénacle à Jérusalem où Jésus a partagé un dernier repas avec ses amis. Pendant ce repas nous sommes confrontés à l’humilité du Christ. Elle pointe vers son humiliation totale à l’heure de sa Passion. Mais c’est dans cet abaissement qu’il montre le « vrai visage » de Dieu, comme l’a déjà souligné le pape François, un visage d’amour et de miséricorde.

Les béatitudes, modèle de sainteté

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Réflexion du père Thomas Rosica c.s.b. pour la Solennité de la Toussaint (dimanche 26 octobre 2015)

Les paroles de Mgr Angelo Amato, s.d.b., préfet de la Congrégation pour la cause des saints, prononcées l’année dernière lors du Synode sur La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, résonnent encore dans mon esprit et mon cœur en ce jour de la Solennité de la Toussaint :

Jésus dit: “Je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes” (Mt 11, 29). Pendant deux millénaires, des hommes et des femmes, grands et petits, savants et ignorants, en Orient comme en Occident, se sont mis à l’école du Seigneur Jésus, qui a fait résonner dans leur esprit et dans leur cœur un commandement sublime : “soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait” (Mt 5, 48).

Leur savoir était composé essentiellement par la vie et par la Parole de Jésus : heureux les pauvres, heureux les affligés, heureux les doux, heureux les affamés et assoiffés de la justice, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs, heureux les artisans de paix, heureux les persécutés. Les saints, comprenant que les béatitudes sont l’essence de l’Évangile et le portrait même de Jésus, l’ont ainsi imité.

Les béatitudes, modèle de sainteté

Les béatitudes énumérées par le Christ dans son Sermon sur la Montagne (Matthieu 5,1-12) sont la recette de sainteté extrême. Comme plusieurs l’ont souligné auparavant, le Mont des Béatitudes est réellement le sommet le plus élevé au monde même s’il se retrouve quelque dizaine de pieds en dessous du niveau de la mer. Sur cette montagne sacrée de la Galilée, Jésus a proclamé la nouvelle loi; une expression de la sainteté du Christ. Il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’un code de conduite abstrait. Jésus est pauvre d’esprit, doux, persécuté et artisan de la paix. Il représente plutôt le nouveau « code de sainteté » qui doit être étampé dans nos cœurs et contemplé par les actes de l’Esprit Saint. Sa mort et sa passion sont le couronnement de sa sainteté.

La sainteté est un mode de vie qui implique l’engagement et le passage à l’acte. À l’opposé, elle n’est pas une tentative passive, mais plutôt une série de choix continus qui visent à approfondir son lien à Dieu pour ensuite permettre à cette relation de diriger nos gestes en société. La sainteté nécessite un changement radical dans sa façon de voir les choses et dans son attitude. Lorsqu’on accepte l’appel à la sainteté, Dieu devient l’objectif final de chaque aspect de notre vie.

En observant Jésus, on peut voir la définition même de ce qui est pauvreté de cœur, douceur et compassion, attristement et préoccupation pour la justice, cœur pur, artisan de paix et persécuté. C’est pourquoi il a le droit de dire à chacun, « Viens, suis-moi! » Jésus ne dit pas simplement, « Fais ce que je dis. » Il dit plutôt, « Viens, suis-moi. » 

Faire le point sur la multitude des saints

Les saints et les bienheureux sont nos compagnons de voyage sur le chemin de la vie lors des moments de joie comme ceux de misère. Ils sont des hommes et des femmes qui ont écrit une page nouvelle dans la vie de tellement de gens. Cette pensée fut au cœur du message de Jean-Paul II à l’humanité : la sainteté n’est pas un don réservé à certains. Nous pouvons tous aspirer à la sainteté, car c’est un objectif à notre portée, une grande leçon réaffirmée par le Concile Vatican II et son appel à la sainteté universelle (Lumen Gentium).

Aujourd’hui, la solennité de la Toussaint est une occasion formidable pour l’Église entière de faire le point sur la façon dont le serviteur de Dieu, le pape Jean-Paul II, a changé notre façon de voir les saints et les bienheureux. En presque 27 ans de pontificat, le pape Jean-Paul II a confié 1 338 bienheureux et 482 saints à l’Église.

Jean-Paul II nous a rappelé que les héros et les héroïnes de ce monde offerts aux jeunes d’aujourd’hui sont viciés à la base. Ils nous laissent avec un vide intérieur. Les « vedettes » réelles de son pontificat sont les saints et les bienheureux qui n’ont pas cherché à être considérés comme des héros, à choquer ou à provoquer. Si l’on veut véritablement croire que la grandeur est accessible, nous avons besoin de bons modèles à émuler. Nous avons désespérément besoin de vrais héros et héroïnes qui sont à la fois des exemples à suivre et les témoins de la foi et de la vertu. Ce sont les « vedettes » que les mondes du sport, du cinéma, des sciences et de la musique n’arrivent pas à offrir à la société.

Se placer à l’extrême centre

Plusieurs pensent que la sainteté est réservée aux privilégiés. En fait, devenir saint est la tâche de tout chrétien et on irait même jusqu’à dire la fonction de tous. Nous pensons souvent que les saints sont tout simplement des « excentriques » que le Christ élève comme modèle à émuler, c’est-à-dire plus au moins des personnes qui forment l’exception et qui ne sont pas en phase avec la réalité humaine. Ce qui est certainement le cas des hommes et des femmes qui étaient littéralement « excentriques », c’est-à-dire qu’ils déviaient du juste milieu, de la pratique habituelle, des façons de faire dites ordinaires, de la méthode usuelle. Sous un autre angle, les saints se sont placés à « l’extrême centre ».

Devenez les saints du nouveau millénaire

Jean Paul II, le serviteur de Dieu, a beaucoup parlé aux jeunes de l’appel à la sainteté et de la vocation de sainteté. Dans son message de la Journée mondiale de la jeunesse 2000 à Rome, il s’adressa aux jeunes du monde entier par ses paroles inoubliables qui sont devenues le cri de ralliement pour la plus grande célébration du jubilé:

Jeunes de tous les continents, n’ayez pas peur d’être les saints du nouveau millénaire! Soyez contemplatifs et aimant la prière, cohérents avec votre foi et généreux au service de vos frères, membres actifs de l’Église et artisans de paix. Pour réaliser cet projet de vie engageant , restez à l’écoute de sa Parole, prenez des forces dans les Sacrements, spécialement l’Eucharistie et la Pénitence. Le Seigneur vous veut apôtres intrépides de son Évangile et constructeurs d’une nouvelle humanité.

Deux ans plus tard, en 2002, lors de notre Journée mondiale de la jeunesse au Canada, Jean-Paul II a soulevé encore une fois le thème de la sainteté et des saints dans son message :

De même que le sel donne de la saveur aux aliments et que la lumière éclaire les ténèbres, de même la sainteté donne le sens plénier à la vie, en en faisant un reflet de la gloire de Dieu. Combien de saints, même parmi les jeunes, compte l’histoire de l’Église ! Dans leur amour pour Dieu, ils ont fait resplendir leurs vertus héroïques à la face du monde, devenant des modèles de vie que l’Église a présentés en vue de leur imitation par tous. Chers jeunes, par l’intercession de cette foule immense de témoins, je prie le Dieu trois fois saint de vous rendre saints, les saints du troisième millénaire. [Read more…]

Annoncer la Parole de Dieu avec autorité

Capernaum croppedRéflexion biblique pour le 4e dimanche du temps ordinaire B

Au début du récit de Marc à propos du Fils de Dieu, nous lisons le récit de vocation des premiers disciples (Marc 1, 16-20) et la confrontation avec le mal (Marc 1, 21-28). Ces appels, influencés par ceux, impérieux, des prophètes (Isaïe 6, 1-13; Jérémie 1, 14-19), sont des modèles d’attitude de disciple. Jésus n’est pas un prophète solitaire, mais un prophète qui appelle des compagnons à «  être avec lui  ». Il entre dans la vie de quatre personnes engagées dans leurs occupations ordinaires, il leur dit simplement  : «  Suis-moi  », et immédiatement, elles laissent tout pour le suivre.

Le récit de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm inaugure les premiers jours de son ministère, fait d’exorcismes et de guérisons. L’histoire reflète la pensée juive contemporaine qui soutenait que la venue du Royaume de Dieu marquerait la défaite du mal, personnifié dans un déploiement de démons et d’esprits impurs. La parole de Jésus est si puissante que les gens abandonnent leurs occupations et le suivent, et même les puissances démoniaques sont impuissantes devant sa parole. Jésus somme les gens de changer leur cœur, de jeter un nouveau regard sur leurs vies et de faire confiance à la bonne nouvelle. Ceci n’est pas seulement une histoire du passé, mais une histoire qui continue de parler puissamment et prophétiquement aux gens d’aujourd’hui.

En ce quatrième dimanche du temps ordinaire, la première lecture (Deutéronome 18, 15-20) et l’évangile (Marc 1, 21-28) soulève tous deux la question de l’autorité de ceux qui annonce la Parole de Dieu. Les prophètes authentiques enseignaient avec autorité parce que Dieu mettait ses propres mots dans leurs bouches. Dans la première lecture, Moïse dit au peuple que Dieu enverra un prophète issu de la lignée des Israélites. Dieu ordonne à tous d’écouter ce prophète, que nous reconnaissons comme étant Jésus. [Read more…]

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