Audience générale du pape François – mercredi 18 décembre 2024

Détail du vitrail « Jesse Tree » à St. Mary’s, Shrewsbury, Royaume-Uni. Le vitrail représente la généalogie de Jésus sous la forme d’une vigne qui pousse à partir de Jessé, le père de David, qui est couché comme les racines de l’arbre. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a entamé une nouvelle série de catéchèses sur le thème « Jésus-Christ notre espérance », à la lumière de l’année jubilaire à venir. Dans cette première catéchèse, il a réfléchi à la généalogie du Christ dans l’Évangile de Matthieu, rappelant que « c’est le peuple élu, et ceux qui héritent de la foi de leurs ancêtres, en transmettant la vie à leurs enfants, leur transmettent aussi la foi en Dieu ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous commençons aujourd’hui le cycle de catéchèse qui se développera tout au long de l’Année  jubilaire. Le thème est « Jésus Christ notre espérance » : c’est Lui, en effet, qui est le but de notre  pèlerinage, et Lui-même est la voie, le chemin à suivre.  

La première partie traitera de l’enfance de Jésus, qui nous est racontée par les évangélistes  Matthieu et Luc (cf. Mt 1-2 ; Lc 1-2). Les Évangiles de l’enfance racontent la conception virginale de  Jésus et sa naissance dans le sein de Marie ; ils rappellent les prophéties messianiques qui se sont  accomplies en lui et parlent de la paternité légale de Joseph, qui a greffé le Fils de Dieu sur le « tronc » de  la dynastie davidique. Jésus nous est présenté nouveau-né, enfant et adolescent, soumis à ses parents et,  en même temps, conscient d’être entièrement dévoué au Père et à son Royaume. La différence entre les  deux évangélistes est que si Luc raconte les événements à travers les yeux de Marie, Matthieu le fait à  travers ceux de Joseph, en insistant sur cette paternité sans précédent. 

Matthieu ouvre son Évangile et tout le canon néotestamentaire par la « généalogie de Jésus-Christ,  fils de David, fils d’Abraham » (Matthieu 1,1). Il s’agit d’une liste de noms déjà présents dans les Écritures  hébraïques, pour montrer la vérité de l’histoire et la vérité de la vie humaine. En effet, « La généalogie du  Seigneur est constituée d’une histoire vraie, où l’on trouve des noms pour le moins problématiques et où  l’on souligne le péché du roi David (cf. Mt 1, 6). Mais tout se termine et s’épanouit en Marie et dans le  Christ (cf. Mt 1, 16). » (Lettre sur le renouveau de l’étude de l’histoire de l’Église, 21 novembre 2024).  Apparaît alors la vérité de la vie humaine qui passe d’une génération à l’autre en délivrant trois choses : un  nom qui englobe une identité et une mission uniques ; l’appartenance à une famille et à un peuple ; et  enfin l’adhésion de foi au Dieu d’Israël. 

La généalogie est un genre littéraire, c’est-à-dire une forme appropriée pour transmettre un  message très important : personne ne se donne la vie, mais il la reçoit des autres comme un don ; dans ce  cas, il s’agit du peuple élu, et ceux qui héritent du dépôt de la foi de leurs pères, en transmettant la vie à  leurs enfants, leur transmettent également la foi en Dieu. 

Mais contrairement aux généalogies de l’Ancien Testament, où seuls les noms masculins  apparaissent, parce qu’en Israël c’est le père qui impose le nom à son fils, dans la liste de Matthieu, parmi  les ancêtres de Jésus, les femmes apparaissent aussi. Nous en trouvons cinq : Tamar, la belle-fille de Juda  qui, restée veuve, se fait passer pour une prostituée pour assurer une descendance à son mari (cf. Gn 38) ;  Racab, la prostituée de Jéricho qui permet aux explorateurs juifs d’entrer dans la terre promise et de la  conquérir (cf. Jos 2) ; Ruth, la Moabite qui, dans le livre homonyme, reste fidèle à sa belle-mère, prend  soin d’elle et deviendra l’arrière-grand-mère du roi David ; Bethsabée, avec qui David commet l’adultère  et qui, après avoir fait tuer son mari, engendre Salomon (cf. 2 Sam 11) ; et enfin Marie de Nazareth,  épouse de Joseph, de la maison de David : d’elle naît le Messie, Jésus.

Les quatre premières femmes sont unies non pas par le fait qu’elles sont pécheresses, comme on le dit  parfois, mais par le fait qu’elles sont étrangères au peuple d’Israël. Ce que Matthieu met en évidence, c’est  que, comme l’a écrit Benoît XVI, « par leur biais… le monde des gens entre dans la généalogie de Jésus – sa mission auprès des juifs et des païens devient visible » (L’enfance de Jésus, Milan-Vatican 2012, 15). 

Tandis que les quatre femmes précédentes sont mentionnées à côté de l’homme qui est né d’elles  ou de celui qui l’a engendré, Marie, en revanche, acquiert une importance particulière : elle marque un  nouveau commencement, elle est elle-même un nouveau commencement, parce que dans son histoire, ce  n’est plus la créature humaine qui est protagoniste de la génération, mais Dieu lui-même. C’est ce qui  ressort clairement du verbe « naquit » : « Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut  engendré Jésus, que l’on appelle Christ » (Mt 1,16). Jésus est fils de David, greffé par Joseph dans cette  dynastie et destiné à être le Messie d’Israël, mais il est aussi fils d’Abraham et de femmes étrangères,  destiné donc à être la « Lumière des nations » (cf. Lc 2,32) et le « Sauveur du monde » (Jn 4,42).  

Le Fils de Dieu, consacré au Père avec la mission de révéler son visage (cf. Jn 1,18 ; Jn 14,9),  entre dans le monde comme tous les fils de l’homme, à tel point qu’à Nazareth il sera appelé « fils de  Joseph » (Jn 6,42) ou « fils du charpentier » (Mt 13,55). Vrai Dieu et vrai homme. 

Frères et sœurs, réveillons en nous la mémoire reconnaissante envers nos ancêtres. Et surtout,  rendons grâce à Dieu qui, par notre Mère l’Église, nous a engendrés à la vie éternelle, la vie de Jésus,  notre espérance. 

Texte courtoisie du Bureau de presse du Saint-Siège.

 

 

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