Catéchèse du pape François – mercredi 16 avril 2025

Rembrandt Harmensz van Rijn, « Retour du fils prodigue ». Google Art Project. Wikimedia Commons.

Le pape François a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », dans le cadre du Jubilé 2025. Il s’est penché sur les paraboles de Jésus dans les Évangiles. Cette semaine, il a exploré la parabole du père et des deux fils, également connue sous le nom de parabole du fils prodigue. Il a écrit que « l’Évangile est destiné à nous donner un message d’espérance, car il nous dit que, où que nous soyons perdus, et quelle que soit la manière dont nous nous sommes perdus, Dieu vient toujours nous chercher ! »

Lisez ci-dessous le texte préparé de sa catéchèse.

Chers frères et sœurs,

Après avoir médité sur les rencontres de Jésus avec certains personnages de l’Évangile, je voudrais m’arrêter, à partir de cette catéchèse, sur quelques paraboles. Comme nous le savons, ce sont des histoires qui reprennent des images et des situations de la réalité quotidienne. C’est pourquoi elles touchent aussi notre vie. Elles nous provoquent. Et elles nous demandent de prendre position : où est-ce que je me situe dans ce récit ?

Commençons par la parabole la plus célèbre, celle dont tous nous nous souvenons peut-être depuis que nous étions tout petits : la parabole du père et des deux fils (Lc 15, 1-3.11-32). Nous y trouvons le cœur de l’Évangile de Jésus, à savoir la miséricorde de Dieu.

L’évangéliste Luc dit que Jésus raconte cette parabole pour les pharisiens et les scribes, qui murmuraient du fait que Lui mangeait avec les pécheurs. C’est pourquoi on pourrait dire qu’il s’agit d’une parabole adressée à ceux qui sont perdus mais qui ne le savent pas et qui jugent les autres.

L’Évangile veut nous donner un message d’espérance, car il nous dit que, où que nous soyons perdus, quelle que soit la manière dont nous nous sommes perdus, Dieu vient toujours nous chercher ! Peut-être nous sommes-nous perdus comme une brebis qui s’est éloignée du chemin pour brouter l’herbe, ou qui est restée derrière à cause de la fatigue (cf. Lc 15, 4-7). Ou bien nous sommes perdus comme une pièce de monnaie, qui est peut-être tombée par terre et ne peut plus être retrouvée, ou bien quelqu’un l’a mise quelque part et ne se souvient plus de l’endroit. Ou bien nous nous sommes perdus comme les deux fils de ce père : le plus jeune parce qu’il s’est lassé d’une relation qu’il jugeait trop exigeante ; mais l’aîné aussi s’est perdu, parce qu’il ne suffit pas de rester à la maison s’il y a de l’orgueil et de la rancœur dans le cœur.

L’amour est toujours un engagement, il y a toujours quelque chose que nous devons accepter de perdre pour rencontrer l’autre. Mais le fils cadet de la parabole ne pense qu’à lui-même, comme cela arrive à certaines étapes de l’enfance et de l’adolescence. En réalité, autour de nous, nous voyons aussi beaucoup d’adultes qui sont ainsi, qui ne parviennent pas à poursuivre une relation parce qu’ils sont égoïstes. Ils s’imaginent qu’ils vont se trouver et, au contraire, ils se perdent, car ce n’est que lorsqu’on vit pour quelqu’un que nous vivons vraiment.

Ce fils cadet, comme nous tous, a faim d’affection, il veut être aimé. Mais l’amour est un don précieux, il doit être traité avec soin. Au lieu de cela, il le gaspille, il se dévalorise, il ne se respecte pas. Il s’en rend compte dans les moments de famine, quand personne ne s’occupe de lui. Le risque est que, dans ces moments-là, nous nous mettions à mendier l’affection et nous nous attachions au premier maître venu.

Ce sont ces expériences qui font naître en nous la fausse conviction de pouvoir vivre une relation seulement de manière servile, comme si nous devions expier une faute ou comme si l’amour véritable ne pouvait pas exister. Le fils cadet, en effet, lorsqu’il a touché le fond, pense retourner dans la maison de son père pour ramasser par terre quelques miettes d’affection.

Seul celui qui nous aime vraiment peut nous libérer de cette fausse vision de l’amour. Dans notre relation avec Dieu, nous faisons précisément cette expérience. Le grand peintre Rembrandt, dans un tableau célèbre, a magnifiquement représenté le retour du fils prodigue. Deux détails me frappent particulièrement : la tête du jeune homme est rasée, comme celle d’un pénitent, mais elle ressemble aussi à la tête d’un enfant, car ce fils est en train de renaître. Et puis les mains du père : l’une masculine et l’autre féminine, pour exprimer la force et la tendresse dans l’étreinte du pardon.

Mais c’est le fils aîné qui représente ceux pour qui la parabole est racontée : c’est le fils qui est toujours resté à la maison avec son père, mais qui était distant de lui, distant de cœur. Ce fils aurait peut-être voulu partir lui aussi, mais par peur ou par devoir, il est resté là, dans cette relation. Or, quand on s’adapte contre son gré, on commence à nourrir en soi une colère qui, tôt ou tard, explose. Paradoxalement, c’est le fils aîné qui risque finalement de rester hors de la maison, parce qu’il ne partage pas la joie de son père.

Le père sort également à sa rencontre. Il ne le gronde pas et ne le rappelle pas à l’ordre. Il veut simplement qu’il ressente son amour. Il l’invite à entrer et laisse la porte ouverte. Cette porte reste également ouverte pour nous. C’est en effet la raison de l’espérance : nous pouvons espérer parce que nous savons que le Père nous attend, qu’il nous voit de loin et qu’il laisse toujours la porte ouverte.

Chers frères et sœurs, demandons-nous donc où nous nous situons dans ce merveilleux récit. Et demandons à Dieu le Père la grâce de retrouver nous aussi le chemin vers la maison.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Pour consulter le répertoire complet des audiences générales du pape François, visitez notre blogue.

 

Catéchèse du pape François – mercredi 9 avril 2025

« Le Sacré-Cœur de Jésus. Photo prise par Ulises Vargas Loreto sur Cathopic.

Dans le cadre du Jubilé 2025, le Pape François a poursuivi le deuxième volet de son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », consacré aux rencontres avec le Christ dans les Évangiles. Cette semaine, il a réfléchi à la rencontre de Jésus avec un homme riche dans l’Évangile de Marc, au chapitre 10. Le Saint-Père a écrit que « c’est précisément parce que Jésus regarde à l’intérieur de chacun de nous qu’il nous aime tels que nous sommes vraiment…. ».

Que voit Jésus lorsqu’il regarde en chacun de nous et qu’il nous aime, malgré nos distractions et nos péchés ? Il voit notre fragilité, mais aussi notre désir d’être aimés tels que nous sommes.

Lisez ci-dessous le texte préparé de sa catéchèse.

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, nous nous penchons sur une autre rencontre de Jésus relatée dans les Évangiles. Cette fois-ci, la personne rencontrée n’a pas de nom. L’évangéliste Marc la présente simplement comme « un homme » (10,17). Il s’agit d’un homme qui depuis sa jeunesse a respecté les commandements, mais qui, malgré cela, n’a pas encore trouvé le sens de sa vie. Il le cherche. C’est peut-être quelqu’un qui n’a pas pris de décision jusqu’au bout, malgré l’apparence de personne engagée. Au-delà des choses que nous faisons, des sacrifices ou des succès, ce qui compte vraiment pour être heureux, c’est ce que nous portons dans notre cœur. Si un navire doit prendre la mer et quitter le port pour naviguer en haute mer, il a beau être merveilleux, avec un équipage exceptionnel, s’il ne tire pas sur le lest et les ancres qui le retiennent, il n’avancera jamais. Cet homme s’est construit un navire de luxe, mais il est resté au port !

Alors que Jésus poursuit son chemin, cet homme court vers lui, s’agenouille devant lui et lui demande : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ?» (v. 17). Remarquez les verbes : « que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ». Puisque l’observation de la Loi ne lui a pas donné le bonheur et la sécurité d’être sauvé, il se tourne vers le Maître Jésus. Ce qui est frappant, c’est que cet homme ne connaît pas le vocabulaire de la gratuité ! Tout lui semble dû. Tout est un devoir. La vie éternelle est pour lui un héritage, quelque chose qui s’obtient de droit, par le respect méticuleux des engagements. Mais dans une vie vécue ainsi, même si c’est certainement pour le bien, quelle place peut avoir l’amour ?

Comme toujours, Jésus va au-delà de l’apparence. Alors que cet homme met en avant son bel curriculum, Jésus va plus loin et regarde à l’intérieur. Le verbe utilisé par Marc est très significatif : « posant son regard sur lui » (v. 21). C’est précisément parce que Jésus regarde à l’intérieur de chacun de nous qu’il nous aime tels que nous sommes vraiment. Qu’est-ce qu’il aura vu à l’intérieur de cette personne ? Que voit Jésus lorsqu’il regarde en nous et qu’il nous aime, malgré nos distractions et nos péchés ? Il voit notre fragilité, mais aussi notre désir d’être aimés tels que nous sommes.

En posant son regard sur lui – dit l’Évangile – « il l’aima » (v. 21). Jésus aime cet homme avant même de l’inviter à le suivre. Il l’aime tel qu’il est. L’amour de Jésus est gratuit, à l’opposé de la logique du mérite qui assaillait cette personne. Nous sommes vraiment heureux lorsque nous réalisons que nous sommes aimés de cette manière, gratuitement, par grâce. Et cela vaut également dans les relations entre nous : tant que nous essayons d’acheter l’amour ou de mendier l’affection, ces relations ne nous rendront jamais heureux.

La proposition que Jésus fait à cet homme est de changer sa manière de vivre et d’être en relation avec Dieu. En effet, Jésus reconnaît qu’en lui, comme en chacun de nous, il y a un manque. C’est le désir que nous portons dans notre cœur d’être aimés. Il y a une blessure qui nous appartient en tant qu’êtres humains, la blessure par laquelle l’amour peut passer.

Pour combler ce manque, il ne faut pas « acheter » de la reconnaissance, de l’affection, de la considération, mais en revanche « vendre » tout ce qui nous alourdit, pour rendre notre cœur plus libre. On n’a pas besoin de continuer à prendre pour soi, mais plutôt de donner aux pauvres, de mettre à disposition, de partager.

Enfin, Jésus invite cet homme à ne pas rester seul. Il l’invite à le suivre, à rester dans un lien, à vivre une relation. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de sortir de l’anonymat. Nous ne pouvons entendre notre nom que dans une relation, dans laquelle quelqu’un nous appelle. Si nous restons seuls, nous n’entendrons jamais notre nom appelé et nous continuerons à rester des « untel », anonymes. Peut-être qu’aujourd’hui, précisément parce que nous vivons dans une culture de l’autosuffisance et de l’individualisme, nous nous trouvons plus malheureux parce que nous n’entendons plus notre nom prononcé par quelqu’un qui nous aime gratuitement.

Cet homme n’accepte pas l’invitation de Jésus et reste seul, parce que les ballasts de sa vie le maintiennent au port. La tristesse est le signe qu’il n’a pas pu partir. Parfois, nous pensons qu’il s’agit de richesses et ce ne sont que des fardeaux qui nous retiennent. L’espoir est que cette personne, comme chacun de nous, changera tôt ou tard et décidera de prendre le large.

Sœurs et frères, confions au Cœur de Jésus tous ceux qui sont tristes et indécis, afin qu’ils puissent sentir le regard aimant du Seigneur, qui s’émeut en nous regardant tendrement de l’intérieur.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Pour consulter le répertoire complet des audiences générales du pape François, visitez notre blogue.

 

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