
Statue de l’Annonciation, Basilique de l’Annonciation, Nazareth. Wikimedia Commons.
Lors de l’audience générale de mercredi, le pape François a poursuivi ce cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », dans le cadre du Jubilé 2025. Réfléchissant à la salutation de l’ange Gabriel à la Vierge Marie lors de l’Annonciation, il a déclaré que « le “Tout-Puissant”, le Dieu de l’ »impossible« est avec Marie, ensemble et à côté d’elle ; il est son compagnon, son principal allié, l’éternel “je-avec-toi” ».
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Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous reprenons aujourd’hui la catéchèse du cycle jubilaire sur Jésus Christ, notre espérance. Au début de son Évangile, Luc montre les effets de la puissance transformatrice de la Parole de Dieu qui se manifeste non seulement dans les atriums du Temple, mais aussi dans la pauvre maison d’une jeune femme, Marie, qui, fiancée à Joseph, vit encore avec sa famille.
Après Jérusalem, le messager des grandes annonces divines, Gabriel, qui célèbre en son nom la puissance de Dieu, est envoyé dans un village jamais mentionné dans la Bible hébraïque : Nazareth. Il s’agit à l’époque d’un petit village de Galilée, à la périphérie d’Israël, une zone frontalière avec les païens et leur contamination.
C’est précisément là que l’ange apporte un message d’une forme et d’un contenu totalement inédits, à tel point que le cœur de Marie est secoué, troublé. Au lieu de la salutation classique « la paix soit avec toi », Gabriel s’adresse à la Vierge par une invitation « réjouis-toi ! », « réjouis-toi ! », un appel cher à l’histoire sacrée, parce que les prophètes l’utilisent pour annoncer la venue du Messie à la Fille de Sion (cf. Soph 3,14 ; Joël 2,21-23 ; Za 9,9). C’est l’invitation à la joie que Dieu adresse à son peuple lorsque l’exil prend fin et que le Seigneur fait sentir sa présence vivante et agissante.
Par ailleurs, Dieu appelle Marie par un nom d’amour inconnu dans l’histoire biblique : kecharitoméne, qui signifie « remplie de la grâce divine ». Ce nom dit que l’amour de Dieu a déjà habité depuis longtemps et continue d’habiter le cœur de Marie. Il dit combien elle est « gracieuse » et surtout combien la grâce de Dieu a accompli en elle une ciselure intérieure, faisant d’elle son chef-d’œuvre.
Ce surnom affectueux, que Dieu ne donne qu’à Marie, est immédiatement accompagné d’un réconfort : « Sois sans crainte ! », qu’Il adresse à tous ses serviteurs à qui Il confie des missions importantes. « Ne crains pas », dit Dieu à Abraham, Isaac, Moïse, Josué (cf. Gn 15,1 ; 26,24 ; Dt 31,8 ; Jc 8,1). Le « Tout-Puissant », le Dieu de « l’impossible » (Lc 1,37) est avec Marie, il est avec elle et à côté d’elle, il est son compagnon, son principal allié, le « Je-avec-toi » éternel (cf. Gn 28,15 ; Ex 3,12 ; Jdg 6,12).
Gabriel annonce ensuite sa mission à la Vierge, en faisant résonner dans son cœur de nombreux passages bibliques qui se réfèrent à la royauté et à la messianité de l’enfant qui naîtra d’elle, présenté comme l’accomplissement des anciennes prophéties. La Parole qui vient d’en haut appelle Marie à être la mère du Messie davidique tant attendu. Il sera roi, non pas à la manière humaine et charnelle, mais à la manière divine et spirituelle. Son nom sera « Jésus », qui signifie « Dieu sauve » (cf. Lc 1,31 ; Mt 1,21), rappelant à tous et à jamais que ce n’est pas l’homme qui sauve, mais Dieu seul. Jésus, en effet, est celui qui accomplit les paroles du prophète Isaïe : « Ce n’était ni un messager ni un ange, mais sa face qui les sauva. Dans son amour et sa compassion, lui-même les racheta ; il s’est chargé d’eux et les a portés tous ces jours d’autrefois » (Is 63,9).
Cette maternité absolument unique bouleverse Marie. Et en femme intelligente qu’elle est, c’est-à dire capable de lire à l’intérieur des événements (cf. Lc 2, 19.51), elle cherche à comprendre, à discerner ce qui lui arrive. Marie ne cherche pas à l’extérieur mais à l’intérieur, car, comme l’enseigne saint
Augustin, « in interiore homine habitat veritas » (De vera religione 39,72). Et c’est là, au plus profond de son cœur ouvert et sensible, qu’elle entend l’invitation à faire totalement confiance à Dieu, qui a préparé pour elle une « Pentecôte » particulière. Comme au début de la création (cf. Gn 1,2), Dieu veut « couver » Marie de son Esprit, une force capable d’ouvrir ce qui est fermé sans le violer, sans affecter la liberté humaine ; il veut l’envelopper dans la « nuée » de sa présence (cf. 1Cor 10,1-2) pour que le Fils vive en elle et qu’elle vive en lui.
Et Marie s’illumine de confiance : elle est « une lampe à plusieurs lumières », comme le dit Théophane dans son Canon de l’Annonciation. Elle se livre, elle obéit, elle fait de la place : elle est « une chambre nuptiale faite par Dieu » (ibid.). Marie accueille le Verbe dans sa propre chair et s’engage ainsi dans la plus grande mission jamais confiée à une créature humaine. Elle se met au service, non pas comme esclave, mais comme collaboratrice de Dieu le Père, emplie de dignité et d’autorité pour administrer, comme elle le fera à Cana, les dons du trésor divin, afin que beaucoup puissent y puiser à pleines mains.
Sœurs et frères, apprenons de Marie, Mère du Sauveur et notre Mère, à laisser nos oreilles s’ouvrir à la Parole divine, à l’accueillir et à la conserver, afin qu’elle transforme nos cœurs en tabernacles de sa présence, en maisons hospitalières pour ceux qui sont fatigués et qui ont besoin d’espérance.
Texte courtoisie du Bureau de presse du Saint-Siège.
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