Homélie du Saint-Père sur le front de mer de Beyrouth

Photo Crédit: Vatican Media

Pape Léon XIV, lors de son homélie de la messe offerte sur le front de mer de Beyrouth en présence de plus de 150 000 personnes : « En ce front de mer où se rejoignent la beauté et les blessures du Liban, nous nous rassemblons pour confier au Seigneur nos épreuves et notre espérance. Que cette célébration ravive en nous le désir de paix, de réconciliation et de fraternité pour tout le peuple libanais. ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Pour en savoir plus sur le voyage apostolique du pape Léon XIV en Turquie et au Liban, rendez-vous sur slmedia.org/fr/turquie-liban.

Chers frères et sœurs,

au terme de ces journées intenses que nous avons partagées dans la joie, nous rendons grâce au Seigneur pour les nombreux dons de sa bonté, pour la manière dont Il se rend présent au milieu de nous, pour la Parole qu’Il nous offre en abondance et pour ce qu’Il nous a donné de vivre ensemble.

Jésus aussi – comme nous venons de l’entendre dans l’Évangile –a des paroles de gratitude envers le Père et, s’adressant à Lui, Il prie en disant : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange » (Lc 10, 21).

Cependant, la louange ne trouve pas toujours sa place en nous. Parfois, accablés par les difficultés de la vie, préoccupés par les nombreux problèmes qui nous entourent, paralysés par l’impuissance face au mal et opprimés par tant de situations difficiles, nous sommes davantage portés à la résignation et à la plainte qu’à l’émerveillement du cœur et à l’action de grâce.

C’est à vous, cher peuple libanais, que j’adresse cette invitation à cultiver toujours des attitudes de louange et de gratitude. À vous qui êtes les destinataires d’une beauté rare dont le Seigneur a enrichi votre terre et qui, en même temps, êtes les spectateurs et les victimes de la manière dont le mal, sous de multiples formes, peut obscurcir cette magnificence.

Depuis cette esplanade qui surplombe la mer, je peux moi aussi contempler la beauté du Liban chantée dans les Écritures. Le Seigneur y a planté ses hauts cèdres, les nourrissant et les rassasiant (cf. Ps 103, 16), Il a parfumé les vêtements de l’épouse du Cantique des Cantiques avec le parfum de cette terre (cf. Ct 4, 11), et à Jérusalem, ville sainte revêtue de lumière pour la venue du Messie, Il a annoncé : « La gloire du Liban viendra chez toi : cyprès, orme et mélèze ensemble, pour faire resplendir le lieu de mon sanctuaire ; et ce lieu où je pose mes pieds, je le glorifierai » (Is 60, 13).

Mais en même temps, cette beauté est assombrie par la pauvreté et les souffrances, par les blessures qui ont marqué votre histoire – je viens de me rendre sur le lieu de l’explosion, au port, pour prier – ; elle est assombrie par les nombreux problèmes qui vous affligent, par un contexte politique fragile et souvent instable, par la crise économique dramatique qui vous oppresse, par la violence et les conflits qui ont réveillé d’anciennes peurs.

Dans un tel contexte, la gratitude cède facilement la place au désenchantement, le chant de louange ne trouve pas sa place dans la désolation du cœur, la source de l’espérance est asséchée par l’incertitude et la désorientation.

La Parole du Seigneur, cependant, nous invite à trouver les petites lumières qui brillent au cœur de la nuit, pour nous ouvrir à la gratitude et pour nous inciter à nous engager ensemble en faveur de cette terre.

Comme nous l’avons entendu, Jésus ne rend pas grâce au Père en raison des œuvres extraordinaires, mais parce qu’Il révèle sa grandeur précisément aux petits et aux humbles, à ceux qui n’attirent pas l’attention, qui semblent compter peu ou pas du tout, ceux qui n’ont pas de voix. Le Royaume que Jésus vient inaugurer a en effet cette caractéristique dont nous a parlé le prophète Isaïe : il est un germe, un petit rameau qui pousse sur un tronc (cf. Is 11, 1), une petite espérance qui promet la renaissance quand tout semble mourir. C’est ainsi que le Messie est annoncé et, venant dans la petitesse d’un germe, il ne peut être reconnu que par les petits, par ceux qui, sans grandes prétentions, savent reconnaître les détails cachés, les traces de Dieu dans une histoire apparemment perdue.

Cela est aussi une indication pour nous, afin que nous puissions avoir le regard assez clairvoyant pour reconnaître la petitesse du germe qui pousse et grandit même au sein d’une histoire douloureuse. Les petites lumières qui brillent dans la nuit, les petites pousses qui apparaissent, les petites graines plantées dans le jardin aride de cette époque, nous pouvons les voir nous aussi, ici aussi, aujourd’hui aussi. Je pense à votre foi simple et authentique, enracinée dans vos familles et nourrie par les écoles chrétiennes ; je pense au travail constant des paroisses, des congrégations et des mouvements pour répondre aux demandes et besoins des gens ; je pense aux nombreux prêtres et religieux qui se dépensent dans leur mission au milieu de multiples difficultés ; je pense aux laïcs, engagés dans le domaine de la charité et de la promotion de l’Évangile dans la société. Pour ces lumières qui tentent avec peine d’éclairer l’obscurité de la nuit, pour ces petits germes invisibles qui ouvrent cependant l’espérance en l’avenir, nous devons aujourd’hui dire comme Jésus : “Nous te louons, ô Père!”. Nous te remercions d’être avec nous et de ne pas nous laisser vaciller.

En même temps, cette gratitude ne doit pas être une consolation intimiste et illusoire. Elle doit nous conduire à la transformation du cœur, à la conversion de la vie, à considérer que c’est précisément dans la lumière de la foi, dans la promesse de l’espérance et dans la joie de la charité que Dieu a pensé notre vie. C’est pourquoi nous sommes tous appelés à cultiver ces germes, à ne pas nous décourager, à ne pas céder à la logique de la violence et à l’idolâtrie de l’argent, à ne pas nous résigner face au mal qui se répand.

Chacun doit faire sa part et nous devons tous unir nos efforts pour que cette terre retrouve sa splendeur. Et nous n’avons qu’un seul moyen de le faire : désarmons nos cœurs, faisons tomber les armures de nos fermetures ethniques et politiques, ouvrons nos confessions religieuses à la rencontre réciproque, réveillons au plus profond de nous-mêmes le rêve d’un Liban uni, où triomphent la paix et la justice, où tous puissent se reconnaître frères et sœurs et où, enfin, puisse se réaliser ce que nous décrit le prophète Isaïe : «  Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble » (Is 11, 6).

Tel est le rêve qui vous est confié ; c’est ce que le Dieu de la paix met entre vos mains : Liban, relève-toi ! Sois une maison de justice et de fraternité ! Sois une prophétie de paix pour tout le Levant !

Frères et sœurs, je voudrais moi aussi répéter les paroles de Jésus : “Je proclame ta louange ô Père”. Je rends grâce au Seigneur de m’avoir permis de partager ces journées avec vous, tout en portant dans mon cœur vos souffrances et vos espérances. Je prie pour vous, afin que cette terre du Levant soit toujours éclairée par la foi en Jésus-Christ, soleil de justice, et que grâce à Lui, elle garde l’espérance qui ne passe pas.

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Appel du Saint-Père

Chers frères et sœurs,

au cours de ces journées de mon premier Voyage Apostolique, entrepris en cette Année Jubilaire, j’ai voulu venir en pèlerin d’espérance au Moyen-Orient, implorant Dieu d’accorder la paix à cette terre bien-aimée, marquée par l’instabilité, les guerres et la douleur.

Chers chrétiens du Levant, lorsque les résultats de vos efforts pour la paix tardent à venir, je vous invite à lever les yeux vers le Seigneur qui    vient ! Regardons-le avec espérance et courage, en invitant chacun à s’engager sur la voie de la coexistence, de la fraternité et de la paix. Soyez des artisans de paix, des annonciateurs de paix, des témoins de paix !

Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles attitudes, pour rejeter la logique de la vengeance et de la violence, pour surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, pour ouvrir de nouveaux chapitres sous le signe de la réconciliation et de la paix. La voie de l’hostilité réciproque et de la destruction, dans l’horreur de la guerre, a été trop longtemps empruntée, avec les résultats déplorables que tout le monde peut constater. Il faut changer de voie, il faut éduquer le cœur à la paix.

Depuis cette place, je prie pour le Moyen-Orient et tous les peuples qui souffrent à cause de la guerre. Je prie également pour la Guinée-Bissau, en espérant une solution pacifique aux conflits politiques. Je n’oublie pas non plus les victimes de l’incendie survenu à Hong Kong et leurs chères familles.

Je prie tout particulièrement pour le Liban bien-aimé ! Je demande une fois encore à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir les processus de dialogue et de réconciliation. Je lance un appel pressant à tous ceux qui détiennent une autorité politique et sociale, ici et dans tous les pays en proie à la guerre et à la violence : écoutez le cri de vos peuples qui implorent la paix ! Mettons-nous tous au service de la vie, du bien commun et du développement intégral des personnes.

Enfin, à vous, chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres, je répète : courage ! Toute l’Église vous regarde avec affection et admiration. Que la Bienheureuse Vierge Marie, Notre-Dame de Harissa, vous protège toujours.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Au port de Beyrouth, prière d’espérance du pape pour le Liban

Vue panoramique du port de Beyrouth où s’est produite l’énorme explosion du 4 août 2020. Istock

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Le Liban est connu pour sa diversité religieuse unique : on y compte officiellement dix-huit communautés reconnues par l’État. Parmi elles, le christianisme occupe une place centrale et se répartit principalement entre deux grandes appartenances : l’Église orthodoxe et l’Église catholique. Du côté catholique, on retrouve plusieurs Églises orientales en communion avec Rome, notamment l’Église maronite — la plus nombreuse — ainsi que les Églises : melkite grecque-catholique, arménienne catholique, syriaque catholique, chaldéenne et latine (romaine). Chacune possède son propre héritage liturgique, spirituel et culturel, ce qui contribue à la mosaïque religieuse du pays. 

Cette diversité a profondément influencé non seulement la culture, la vie politique et l’architecture libanaises, mais aussi la population elle-même, façonnant une société.

Au-delà du système politique libanais, qui reste fortement confessionnel, la réalité quotidienne est bien différente : les Libanais et les Libanaises vivent, étudient et travaillent ensemble dans une grande spontanéité. Je me souviens d’ un cours que je suivais au Centre-ville de Beyrouth : nous étions douze étudiant.es, chacun.e issu.e d’une communauté différente. Cette diversité ne créait aucune barrière; au contraire, elle était et est toujours source de richesse parce qu’au Liban, on se côtoie naturellement dans la vie de tous les jours. C’est souvent lorsque la politique s’en mêle que les tensions réapparaissent, comme si certains s’efforçaient d’appliquer le vieux principe du « diviser pour régner ». Cette dualité entre convivialité quotidienne et manipulation politique est une réalité profondément ancrée dans l’expérience libanaise.

Depuis toujours, le Liban a été une terre marquée par des tensions : des siècles de conflits, de guerres de succession et d’invasions étrangères ont marqué son histoire. Diverses civilisations : Romains, Perses, Ottomans, Français, et bien d’autres,  ont tour à tour occupé ce territoire, profitant parfois des divisions locales. Tel que la guerre civile (1975-1990) qui s’est conclue avec une occupation syrienne qui a duré quinze ans. Un grand rassemblement de tous les Libanais et Libanaises en 2005 a mis fin à cette période. Toutefois, l’ombre de l’occupation et des rivalités ne s’est jamais tout à fait estompée.

Les cinq dernières années

Au cours des cinq dernières années, le Liban a traversé certaines des épreuves les plus difficiles de son histoire récente : 

  • L’effondrement financier de 2019, né d’un soulèvement populaire menant à une crise bancaire, a fait disparaître les économies de toute une population et dissous une classe moyenne autrefois solide ; 
  • La dévaluation brutale de la livre libanaise a entraîné une inflation galopante et rendu l’accès aux biens essentiels toujours plus ardu ; 
  • La pandémie de COVID-19 est survenue en plein chaos, aggravant pauvreté, fragilité sociale et difficultés d’accès aux soins ; 
  • Puis l’explosion ou blast du port de Beyrouth le 4 août 2020 : l’une des plus violentes non nucléaires de l’histoire moderne, a dévasté la capitale, causant plusieurs centaines de morts, des centaines de milliers de déplacé.es et plus de dix milliards de dollars de dégâts ; 
  • Enfin, en 2024, une nouvelle guerre le long de la frontière sud, marquée par bombardements et destructions massives, a forcé plus d’un million de personnes à fuir, rendant certaines zones inhabitables.

Cette succession de crises économiques, sanitaires, humaines et militaires révèle un pays profondément éprouvé, mais jamais entièrement brisé malgré la fragilité de l’État, la corruption persistante et les tensions régionales. Mais elle a cependant laissé derrière elle une population déboussolée, et une jeunesse de plus en plus désespérée, souvent poussée à envisager de quitter le pays faute de perspectives dans leur propre patrie. 

La visite du pape Léon XIV, un messager de paix

La visite historique du pape Léon XIV au Liban, du 30 novembre au 2 décembre 2025, revêt une signification particulièrement forte, après des années de souffrance et d’épreuves pour le pays. Il vient porter un message de paix et d’espérance — non seulement aux Libanais et Libanaises sur place, mais aussi à toute la diaspora libanaise, qui suit avec anxiété le sort de son pays. 

Léon XIV n’est pas le premier pape à fouler le sol libanais : trois de ses prédécesseurs l’ont déjà fait :

  • Paul VI est passé à Beyrouth le 2 décembre 1964, lors d’une escale sur son chemin vers l’Inde. 
  • Jean-Paul II a visité le Liban les 10 et 11 mai 1997, à l’occasion de la conclusion d’un synode spécial pour le Liban.
  • Benoît XVI y est allé du 14 au 16 septembre 2012.

Cette visite s’annonce comme un véritable rayon d’espérance : dans un contexte de profonde crise  économique, sociale, politique, le pape Léon XIV est perçu comme un messager de paix. Sa venue peut contribuer à remonter le moral des Libanais et des Libanaises, et rappeler à tous et à toutes que le Liban que le pape Jean Paul II a considéré une Terre Sainte dans son exhortation apostolique post-synodale: Une Espérance Nouvelle Pour le Liban en 1997, est un symbole d’unité religieuse et de dialogue, même dans la tourmente et que les Libanais et Libanaises continueront à être messagers et messagères de la foi et de l’espérance.

La prière du pape sur le site de l’explosion au port de Beyrouth

La prière du pape Léon XIV particulièrement sur le site du port de Beyrouth dépasse largement le cadre d’un geste symbolique : elle porte une dimension spirituelle profonde, adressée aux Libanais, et aux Libanaises, surtout à cette jeune génération qui, découragée par l’instabilité, l’exil forcé ou la perte d’espoir, cherche une vie ailleurs. En se tenant devant les ruines du port, le Pape rappelle que cette terre n’est pas seulement une géographie blessée — c’est une Terre de mission, de foi, d’histoire et de vocation. 

Les procédures d’enquête autour de l’explosion ou du blast sont embrouillées, bloquées, contestées, manipulées au gré des intérêts. Beaucoup de Libanais et Libanaises ont fini par craindre que la vérité ne soit jamais complètement révélée et qu’elle reste noyée sous les pressions, les menaces et le silence officiel. 

Ainsi, la prière du Pape au port relie le ciel et la terre, l’espérance et la responsabilité, la foi et la justice. Elle rappelle aux Libanais et aux Libanaises que leur douleur est vue, portée, reconnue, et que malgré les mécanismes opaques qui tentent d’étouffer la vérité, il existe encore un regard extérieur qui appelle à la transparence, à la dignité et à la guérison véritable.

Selon S.E. Mgr Paul Marwan Tabet, Évêque de l’Éparchie Saint-Maron du Canada en réfléchissant sur ce sujet : « la prière du pape Léon XIV sur le site de l’explosion du port de Beyrouth (4 août 2020) peut être interprétée comme un appel explicite à la justice mondiale. En choisissant ce lieu chargé de douleur, il rappelle que la catastrophe n’est pas seulement un événement passé, mais une plaie encore ouverte pour ceux qui continuent de souffrir : les blessés, les familles des victimes, les habitants traumatisés, la capitale du Liban détruite, et tous ceux qui ont tout perdu. Par ce geste, il souligne la nécessité de faire toute la lumière sur les responsabilités qu’elles soient individuelles, institutionnelles ou liées à des négligences graves et d’obtenir une justice digne pour les innocents touchés. Sa présence incarne ainsi un soutien moral puissant et une invitation à la communauté internationale à ne pas détourner le regard tant que la vérité et la réparation n’auront pas été pleinement assurées ».

La visite apostolique au Liban du pape Léon XIV vient confirmer ce que pape François a déclaré lors de son discours, le premier vendredi saint de son pontificat en 2013 : « Nous l’avons vu quand le Pape Benoît est allé au Liban : nous avons vu la beauté et la force de la communion des chrétiens de cette Terre et de l’amitié de tant de nos frères musulmans et de beaucoup d’autres. Ce fut un signe pour le Moyen-Orient et pour le monde entier : un signe d’espérance. »

Les messages rassembleurs du pape Léon XIV, Apôtre de la paix

Bienheureux Yaacoub Al Haddad Al Kabbouchi, OFM Cap, fondateur de l’hôpital psychiatrique Deir al Salib. Le pape Léon XIV visitera l’hôpital le lundi 2 décembre. Wikimedia Commons.

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Les messages rassembleurs du pape Léon XIV, Apôtre de la paix,  

lors de sa visite en Turquie et au Liban

Six mois après son élection, le pape Léon XIV entame son premier déplacement à l’extérieur de l’Italie, en Turquie et au Liban du 27 au 02 décembre. Il se rendra d’abord en Turquie (appelée aussi Turkiye) pour la commémoration des 1 700 ans du concile œcuménique de Nicée à Iznik qui a eu lieu en l’an 325, et qui reflète l’unité que tous les chrétiens peuvent trouver dans le Dieu trinitaire, telle qu’elle est exprimée dans le Credo. Et malgré que le nombre des chrétiens en Turquie ne dépasse pas le 1%, le christianisme reprend vie après tout un siècle de violences et de pressions… 

Par la suite, il se rend au pays des Cèdres et des Saints, effectuer sa première visite apostolique au Liban, ma très chère patrie. Cette visite est d’une importance capitale pour le peuple Libanais, nos concitoyen.nes, parents, adultes, jeunes, malades ou handicapé.es. Elle se range dans la lignée des papes : Paul VI, Benoît XVI et Jean-Paul II de venir au Liban, pour avoir la possibilité d’annoncer un message de paix au Moyen-Orient ; et surtout dans un pays qui a été longtemps meurtri et qui a énormément souffert. 

Le pape François, empêché par des problèmes de santé, a tant aimé venir au Liban. Dans son discours en conclusion de la prière œcuménique du jeudi, 1er juillet 2021, intitulé : « Le Seigneur Dieu a des projets de paix. Ensemble pour le Liban ».

Ses mots résonnent encore auprès du peuple Libanais : « Ne vous découragez pas, ne faiblissez pas, retrouvez dans les racines de votre histoire l’Espérance de germer à nouveau ». Et « Qu’une aube d’Espérance se lève dans ce beau pays qu’est le Liban. » 

Le pape Léon XIV a choisi de s’arrêter à des endroits qui n’ont pas été visités d’avance par ses prédécesseurs. Sa visite dépasse les limites du protocole… Et puis !? La béatitude qui dit « Heureux ceux qui font œuvre de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! » provient de l’Évangile de Matthieu (Matthieu 5:9). Être des artisan.nes de paix, nous laisse réfléchir à la volonté de travailler activement pour la paix, non seulement en l’absence de guerre, mais aussi en construisant des relations harmonieuses. C’est ce que le pape Léon XIV désire faire.

Déchirés mais forts dans leur foi, les Libanais et les Libanaises se sentent plus que jamais soutenus par la visite du pape Léon XIV qui leur procure paix et espérance. Rallié.es à l’Église catholique universelle depuis bien longtemps maintenant, ils et elles aspirent sans cesse pour avoir un avenir paisible et meilleur. Le plus grand miracle au monde qu’ils ou elles soient resté.es vivant.es malgré des guerres qui se perpétuent. Il n’y a pas de doute que la foi est le nerf central de notre existence ! 

Et le Liban mérite que sa vérité soit connue et publique. De plus, le Vatican veut pour eux, pour elles un pays stable, souverain, indépendant ou les personnes peuvent vivre avec dignité et respect du vivre ensemble ! 

Sa venue au Liban est une historique, porteuse d’un message d’espérance et plus particulièrement pour les jeunes. Nos jeunes ont besoin d’espérance pour qu’ils continuent à vivre dans le pays. Nous assistons à des exodes continus de jeunes en pleine vivacité, capacité et productivité. Le pays les perd, car ils s’en vont ! Ils ont donc besoin de foi, de croire en un avenir meilleur. Leurs parents -de cette classe moyenne- ont tout perdu avec la confiscation des biens au-delà des souffrances humaines, après l’incroyable blast du port de Beyrouth. Ils ont besoin maintenant de croire qu’il peut exister dans ce pays une espérance pour leurs enfants. D’où la venue du Pape est essentielle ! Ils et elles sont la preuve d’exister après tant de temps difficiles et oppressants. Et un grand miracle peut survenir encore et encore… Selon le président de l’Association des Chevaliers de l’Ordre de Malte au Liban, M. Marwan Sehnaoui, dans un épisode de Ici L’Entretien, sur #IciBeyrouth. 

Dans le même sens, M. Farid Elias El-Khazen, ancien ambassadeur du Liban près du Saint-Siège, dévoile dans un entretien avec l’Orient le jour, que « comme le pape François qui a aimé visiter le Liban pour nous fortifier sur le chemin de la foi, le pape Léon XIV va venir pour nous accompagner sur la route de la paix ». 

Pourquoi le Liban est-il important pour le Vatican ?

Rappelons que le 22 novembre 2025, le Liban vient de fêter son 82e anniversaire d’Indépendance. Le 22 du mois est doublement cher au cœur de St Charbel, le moine et extraordinaire ermite de l’Ordre Maronite Libanais – OML, qui avait dit à la grande miraculée Nohad El Chami : « Nohad, Le Liban est voué au Saint Cœur de la Vierge Marie. » Et d’ajouter que « Tous les 22 du mois vous irez à l’Ermitage, en union de prière. » 

La dévotion mariale est très ancrée dans la tradition biblique. Le Liban, cité 72 fois dans la Bible, est considéré comme une Terre Sainte, car ses chemins ont été parcourus par Jésus. Le premier miracle de Jésus, « Les Noces de Cana, » s’est passé à Cana en Galilée et qui se trouve au sud du Liban. En ce lieu, se déroulèrent les noces au cours desquelles Jésus accomplit son premier miracle, rapporté dans l’Évangile de Jean. C’est aussi à Cana que se trouvait Jésus, lorsque le centurion romain de Capharnaüm accourut vers lui, pour lui demander de guérir son fils.

Quelles sont les préoccupations du Pape lors de cette visite ? Quel message veut-il faire passer ?

  1. C’est de préserver la dimension oecuménique (entre les chrétiens catholiques, orthodoxes et protestans), et celle du dialogue chrétien-musulman.   
  2. Que les Libanais et Libanaises soient bien plus ancré.es dans leur terre, la Terre de mission, comme l’appelait le pape Jean-Paul II. Car elle est la terre des Saints. 
  3. Le pape Jean-Paul II, bien avant 1997 l’a proclamé « Liban-message (mission) ». Son message en est un de liberté et de pluralisme. Un message de paix !
  4. Et que l’espoir leur épargne le mal des ténèbres… 
  5. Que « la bonté du Pape guérit notre cœur endolori » voici un cri haut et fort pour une intercession rapide et durable surtout du Sauveur, de la Vierge Marie, etc. 

 

Une première visite à Annaya, au Liban

Le 1er décembre, le pape Léon XII effectue sa première visite à Annaya, au Liban, une étape clé de son pèlerinage après les rencontres avec le président Aoun, les responsables civiles et religieux, ainsi que les dirigeants des instances politiques. Il désire être proche du peuple, l’accompagner et le bénir sur les routes de toute la région, jusqu’à se rendre à l’ermitage pour se recueillir devant le tombeau de saint Charbel et soumettre sa visite dans les mains du saint qui se veut présent aux côtés de tout le monde qui le demande. Le nom de saint Charbel attire les fidèles, de tous horizons et de toutes confessions, par sa vie et les centaines de milliers de témoignages et de récits de guérisons miraculeuses qui lui sont attribués. Les fidèles affluent de toute part et cherchent paix, réconfort et espérance.   

1- Une demande à prévoir : 

C’est rendre l’ermitage de saint Charbel, un site ou patrimoine mondial. 

Les incrédules et les personnes de foi faible sont invité.es à venir visiter l’ermitage, prier à distance pour une intercession divine à travers saint Charbel et s’informer du livre d’or des guérisons.   

 

Relation entre le Vatican et Deir al salib, 

et la présence de Abouna Yaacoub !

  • L’Église est aux côtés du souffrant et sème l’espérance et l’amour du prochain

Lundi 2 décembre, le pape Léon XIV se rendra à l’Hôpital Psychiatrique De La Croix Deir Al Salib, qui est l’endroit qui concrétise les sens de l’amour et de l’humanité sur terre. C’est pour la première fois, qu’un Pape planifie particulièrement une rencontre avec les Sœurs, les employé.es et les malades de cet hôpital. C’est le plus grand hôpital au Liban et au Moyen-Orient pour les maladies mentales, psychologiques, etc. 

Sr Samia Sami, une religieuse de la Croix témoigne dans un entretien sur la plateforme This is LEBANON que le pape Léon XIV voulait y consacrer une visite, car l’Église n’est pas juste pour la prière, mais elle a aussi pour mission de soutenir et d’appuyer les personnes marginalisées et oubliées de notre société. Il veut principalement ramener au centre des préoccupations de tous les Libanais et Libanaises l’importance d’inclure les personnes défavorisées et désavantagées par la vie, blessées dans leur discernement ou leur intelligence, ou prises avec des maladies graves, etc. Que ces malades délaissé.es par leurs parents, et malheureusement la plupart du temps par la société dans laquelle ils et elles vivent. 

Son action vient consolider la vocation des Sœurs et des employé.es qui y travaillent en silence, avec joie et amour depuis des années, à procurer non seulement les soins nécessaires, voire même indispensables pour la santé des malades ; mais que l’espace dans lequel ils et elles se trouvent en soit un de sécurité, de quiétude et de paix. Et d’y vivre avec ces bénéficiaires avec joie et amour.

Ils et elles sont les trésors vivants ou « reliques vivantes » de Abouna Yaacoub Al Haddad Al Kabbouchi, ajoute Sr Samia Sami. 

Chacun.e possède une mission dans cet hôpital, et suit le chemin tracé par le bienheureux Yaacoub Al Kabbouchi qui, au moment il a créé cet établissement, n’a jamais demandé l’appartenance, la race ou la confession de ses malades. Aujourd’hui, il compte plus de huit cents malades de toute nationalité et religion confondues qui reçoivent à Deir Al Salib des soins et traitements particuliers.      

Le Pape prévoit rencontrer les Sœurs, les employé.es et les malades regroupé.es ensemble. Il ira voir tous les bénéficiaires de l’hôpital, y compris les personnes qui vivent avec de lourdes difficultés physiques, mentales, etc. et leur inspirera confiance et espérance. Le Saint-Père, rappelle à chacun.e, sa valeur, son importance comme fils et fille de Dieu, et entend leur appel.  

2- Une 2e demande à prévoir : 

Les Libanais et les Libanaises aspirent à entendre le pape Léon XIV se prononcer sur une pressante demande : c’est celle d’élever au rang de sainteté le bienheureux Yaacoub Al Kabbouchi, béatifié le 22 juin 2008. Rappelons que Abouna Yaacoub a connu les guerres, la famine, la douleur et la pauvreté ; et a œuvré pleinement toute sa vie avec la grâce de Dieu et le Crucifié aux côtés des malades, handicapé.es, vulnérables, rejeté.es et errant.es dans les rues. 

Le pape Léon XIV pourrait rassembler le monde pour la paix et l’espérance au milieu des conflits. Il va encourager l’établissement de bonnes relations harmonieuses œcuméniques, interchrétien.nes et aussi entre chrétien.nes et musulman.nes.  Dans le cadre des stations spirituelles et humanitaires de la visite du pape Léon XIV, un nouveau souffle est généré par que la paix et l’espérance reçues soient l’élan de chaque personne à se lancer dans la vie animée par une foi solide.    

 

La visite du pape en Corse met en lumière la diversité de la spiritualité du catholicisme méditerranéen

Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption d’Ajaccio et ses environs. Le bateau de pêche bleu au premier plan évoque l’identité insulaire méditerranéenne de la Corse. Wikimedia Commons.

Le pape François s’apprête à effectuer un dernier voyage apostolique avant la fin de l’année 2024.

Le dimanche 15 décembre, il se rendra à Ajaccio, sur l’île de Corse, de l’autre côté de la mer Tyrrhénienne, en Méditerranée. L’île se trouve au nord de l’île italienne de Sardaigne et est assez proche de l’Italie continentale, mais a longtemps été un territoire français. Comme le Saint-Père se rend techniquement en France, il s’agit de son 47e voyage à l’étranger.

L’objectif principal de sa visite est de s’adresser au congrès La Religiosité Populaire en Méditerranée, une conférence consacrée à la vie spirituelle et liturgique de la région. Il prononcera le discours de clôture du congrès et dirigera un service de prière avec le clergé, les religieux et les séminaristes du diocèse à la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption. Plus tard, il célébrera la messe sur la place d’Austerlitz, une place en plein air où se trouve une statue de l’empereur légendaire et compliqué Napoléon Bonaparte, qui est né à Ajaccio. Le pape rencontrera brièvement le président français Emmanuel Macron avant de retourner à Rome.

La situation et l’histoire de la Corse en tant que point de passage dans la Méditerranée en font un lieu privilégié pour la conférence. Le cardinal François-Xavier Bustillo, évêque d’Ajaccio, a expliqué à Vatican News que la conférence réunira des évêques de Sicile, de Sardaigne, d’Espagne et de France qui présentent des exposés sur les dévotions populaires et les processions liturgiques publiques. Il a déclaré que la conférence vise à « proposer une formation théologique sur la manière d’évangéliser par les traditions populaires ce qui peut être important aussi pour la vie de l’Église ».

Il est tout à fait approprié que la conférence culmine avec le discours du Pape François. Sa visite en Corse s’inscrit dans le prolongement d’un thème majeur de ce pontificat : un appel urgent à célébrer et à préserver la Méditerranée en tant que lieu de rencontre humaine mondiale. Cette attention portée à la Méditerranée a été introduite pour la première fois lors de son voyage pénitentiel à Lampedusa en 2013, et a été exprimée plus récemment lors de sa visite à Marseille en 2023 pour la conférence des Rencontres Méditerranéennes. Cette fois-ci, le pasteur en chef de l’Église et le Congrès de La Religiosité Populaire se tourneront vers la puissance de la spiritualité et de la dévotion populaire pour favoriser cette rencontre.

Sel + Lumière TV a le plaisir de diffuser l’Angélus du Pape François avec les évêques, les prêtres et les séminaristes à 10h30 HE / 7h30 HP et la célébration de la Sainte Messe sur la place d’Austerlitz à 18h00 HE / 15h00 HP.

Rencontre avec les évêques, les prêtres et les diacres: Discours du Saint-Père

Le pape François s’adresse aux évêques, prêtres et les diacres lors de sa voyage apostolique en Hongrie qui a commencé aujourd’hui et dure trois jours.

Voici le texte intégral:

Chers frères Évêques,
chers prêtres et diacres, consacrés et séminaristes,
chers agents pastoraux, frères et sœurs,
dicsértessék a Jézus Krisztus! [Laudetur Jesus Christus !] 

Je suis heureux d’être de nouveau ici après avoir partagé avec vous le 52ème Congrès Eucharistique International. Ce fut un moment de grande grâce et je suis sûr que ses fruits spirituels vous accompagnent. Je remercie Mgr Veres pour la salutation qu’il m’a adressée et pour avoir recueilli le désir des catholiques de Hongrie avec les mots suivants : « Dans ce monde qui change nous voulons témoigner que le Christ est notre avenir ». C’est l’une des exigences les plus importantes pour nous : interpréter les changements et les transformations de notre époque, en cherchant à affronter au mieux les défis pastoraux. 

Mais cela n’est possible qu’en regardant le Christ comme notre avenir : Il est « l’Alpha et l’Oméga, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’Univers » (Ap 1, 8), le principe et la fin, le fondement et le but ultime de l’histoire de l’humanité. En contemplant, en ce temps pascal, la gloire de Celui qui est « le Premier et le Dernier » (Ap 1, 17), nous pouvons considérer les tempêtes qui parfois s’abattent sur notre monde, les changements rapides et continus de la société et même la crise de foi de l’Occident, d’un regard qui ne cède pas à la résignation et qui ne perd pas de vue la centralité de Pâques : le Christ ressuscité, centre de l’histoire, est l’avenir. Notre vie, bien que marquée par la fragilité, est fermement placée entre ses mains. Si nous oublions cela, nous aussi, pasteurs et laïcs, nous chercherons des moyens et des instruments humains pour nous défendre du monde, en nous enfermant dans nos oasis religieuses, confortables et tranquilles ; ou bien au contraire, nous nous conformerons aux vents changeants de la mondanité et, alors, notre christianisme perdra sa vigueur et nous cesserons d’être le sel de la terre. 

Ce sont là les deux interprétations – je voudrais dire les deux tentations – dont nous devons toujours nous garder comme Église : une lecture catastrophiste de l’histoire présente qui se nourrit du défaitisme de ceux qui répètent que tout est perdu, que les valeurs d’autrefois ne sont plus, que nous ne savons pas où nous allons finir. Il est bien que le Père Sándor ait manifesté sa gratitude à Dieu qui l’a « libéré du défaitisme » ! Et ensuite l’autre risque, celui d’une lecture naïve de son temps, qui se fonde au contraire sur la facilité du conformisme et qui nous fait croire qu’au fond tout va bien, que le monde a changé et qu’il faut s’adapter. Voilà, contre le défaitisme catastrophiste et le conformisme mondain, l’Évangile nous donne un regard nouveau, la grâce du discernement pour entrer dans notre époque avec une attitude accueillante, mais aussi avec un esprit prophétique. Donc, avec un accueil prophétique

À ce propos, je voudrais m’arrêter brièvement sur une belle image utilisée par Jésus : celle du figuier (cf. Mc 13, 28-29). Il nous l’offre dans le contexte du Temple de Jérusalem. À ceux qui admiraient ses belles pierres et vivaient ainsi dans une sorte de conformisme mondain, mettant leur sécurité dans l’espace sacré et sa majesté solennelle, Jésus dit qu’il ne faut rien absolutiser sur cette terre, car tout est précaire et il ne restera pas pierre sur pierre ; mais, en même temps, le Seigneur ne veut pas induire au découragement ou à la peur. Et c’est pourquoi il ajoute : quand tout passera, quand les temples humains s’effondreront, quand des choses terribles se produiront et quand il y aura de violentes persécutions, alors « on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire » (v. 26). Et c’est là qu’il invite à regarder le figuier : « Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte » (vv. 28-29). Nous sommes donc appelés à accueillir comme une plante féconde le temps que nous vivons, avec ses changements et ses défis, car c’est précisément à travers tout cela – dit l’Évangile – que le Seigneur s’approche. Et en attendant, nous sommes appelés à cultiver notre saison, à la lire, à y semer l’Évangile, à élaguer les branches sèches du mal, à porter du fruit. Nous sommes appelés à un accueil prophétique

Accueil prophétique : il s’agit d’apprendre à reconnaître les signes de la présence de Dieu dans la réalité, même là où elle n’apparaît pas explicitement marquée par l’esprit chrétien et vient à notre rencontre avec son caractère de défi ou d’interrogation. Et, en même temps, il s’agit de tout interpréter à la lumière de l’Évangile sans se faire mondaniser, mais comme annonceurs et témoins de la prophétie chrétienne. Nous voyons que même dans ce pays, où la tradition de foi reste bien enracinée, on assiste à la diffusion du sécularisme et à ce qui l’accompagne, qui risque souvent de menacer l’intégrité et la beauté de la famille, d’exposer les jeunes à des modèles de vie marqués par le matérialisme et l’hédonisme, de polariser le débat sur des thèmes et des défis nouveaux. Et alors, la tentation peut être celle de se raidir, de se fermer et d’adopter une attitude de ”combattants”. Mais ces réalités peuvent représenter des opportunités pour nous chrétiens, parce qu’elles stimulent la foi et l’approfondissement de certains thèmes, elles nous invitent à nous demander de quelle manière ces défis peuvent entrer en dialogue avec l’Évangile, à chercher des voies, des instruments et des langages nouveaux. En ce sens, Benoît XVI a affirmé que les différentes périodes de sécularisation sont venues en aide à l’Église car « elles ont contribué de façon essentielle à sa purification et à sa réforme intérieure. En effet, les sécularisations […] ont conduit chaque fois à une profonde libération de l’Église de formes de mondanité » (Rencontre avec les catholiques engagés dans l’Église et la société, Freiburg im Breisgau, 25 septembre 2011). 

L’engagement à entrer en dialogue avec les situations d’aujourd’hui demande à la Communauté chrétienne d’être présente et de témoigner, de savoir écouter les questions et les défis sans peur ni rigidité. Ce n’est pas facile dans la situation actuelle, car même à l’intérieur, des difficultés ne manquent pas. Je voudrais souligner en particulier la surcharge de travail pour les prêtres. D’une part, en effet, les exigences de la vie paroissiale et pastorale sont nombreuses, et d’autre part les vocations diminuent et les prêtres sont peu nombreux, souvent âgés et donnant des signes de fatigue. C’est une condition commune à de nombreuses réalités européennes, où il est important que tous – pasteurs et laïcs – se sentent coresponsables : avant tout dans la prière, parce que les réponses viennent du Seigneur et non du monde, du tabernacle et non de l’ordinateur. Et ensuite, dans la passion pour la pastorale des vocations, en cherchant les moyens d’offrir aux jeunes, avec enthousiasme, le charme de suivre Jésus également dans une consécration spéciale. 

Ce que nous a dit Sœur Kristztina est beau, à propos du “dialogue avec Jésus” sur la raison pour laquelle il l’a appelée, elle en particulier. Il y a besoin de personnes qui écoutent et qui aident à bien discuter avec le Seigneur ! Et, plus généralement, il est nécessaire d’engager une réflexion ecclésiale – synodale, à faire tous ensemble – pour mettre à jour la vie pastorale, sans se contenter de répéter le passé et sans peur de reconfigurer la paroisse sur le territoire, mais en donnant la priorité à l’évangélisation et en instaurant une collaboration active entre prêtres, catéchistes, agents pastoraux, enseignants. Vous êtes déjà en chemin sur cette route : ne vous arrêtez pas. Cherchez les voies possibles pour collaborer avec joie à la cause de l’Évangile et pour faire avancer, ensemble chacun selon son charisme, la pastorale comme annonce kérygmatique. En ce sens, ce qu’a dit Dorina est beau, sur le besoin d’atteindre le prochain à travers la narration, la communication, en touchant la vie quotidienne. Et je remercie les diacres et les catéchistes qui ont ici un rôle décisif dans la transmission de la foi aux jeunes générations, et tous ceux qui, enseignants et formateurs, sont engagés avec générosité dans le domaine éducatif : merci ! 

Permettez-moi ensuite de vous dire qu’une bonne pastorale est possible si nous sommes capables de vivre cet amour que le Seigneur nous a commandé et qui est un don de son Esprit. Si nous sommes distants ou divisés, si nous nous raidissons dans nos positions et dans nos groupes, nous ne portons pas de fruits. Il est triste de se diviser parce que, au lieu de jouer en équipe, on fait le jeu de l’ennemi : les évêques déconnectés entre eux, les prêtres en tension avec l’évêque, les personnes âgées en conflit avec les plus jeunes, les diocésains contre les religieux, les prêtres contre les laïcs, les latins contre les grecs. On se polarise sur des questions qui concernent la vie de l’Église, mais aussi sur des aspects politiques et sociaux, en s’accrochant à des positions idéologiques. Non, s’il vous plaît : le premier travail pastoral est le témoignage de la communion, parce que Dieu est communion et est présent là où il y a la charité fraternelle. Surmontons les divisions humaines pour travailler ensemble dans la vigne du Seigneur ! Immergeons-nous dans l’esprit de l’Évangile, enracinons-nous dans la prière, en particulier dans l’adoration et dans l’écoute de la Parole de Dieu, cultivons la formation permanente, la fraternité, la proximité et l’attention aux autres. Un grand trésor nous a été mis entre les mains, ne le gaspillons pas en suivant des réalités secondaires par rapport à l’Évangile ! 

Et je voudrais dire une autre chose aux prêtres, pour offrir au Peuple saint de Dieu le visage du Père et créer un esprit de famille : essayons de ne pas être rigides, mais d’avoir des regards et des approches miséricordieux et compatissants. À cet égard, j’ai été impressionné par les mots de l’abbé József qui a rappelé le dévouement et le ministère de son frère, le Bienheureux János Brenner, tué de façon barbare à seulement 26 ans. Combien de témoins et de confesseurs de la foi ce peuple n’a-t-il pas eu lors des totalitarismes du siècle dernier ! Le Bienheureux János a vécu dans sa chair beaucoup de souffrances et il aurait été facile pour lui de garder rancune, de se refermer, de se raidir. Mais il a été un bon pasteur. Cela nous est demandé à tous, en particulier aux prêtres : un regard miséricordieux, un cœur compatissant, qui pardonne toujours, toujours, qui aide à recommencer, qui accueille et ne juge pas, qui encourage et ne critique pas, qui sert et ne bavarde pas. 

Cela nous exerce à l’accueil prophétique : transmettre la consolation du Seigneur dans les situations de souffrance et de pauvreté du monde, en étant proches des chrétiens persécutés, des migrants qui cherchent l’hospitalité, des personnes d’autres ethnies, de tous ceux qui sont dans le besoin. Vous avez en ce sens de grands exemples de sainteté, comme saint Martin. Son geste de partager son manteau avec un pauvre est beaucoup plus qu’une œuvre de charité : c’est l’image de l’Église vers laquelle il faut tendre, c’est ce que l’Église de Hongrie peut porter comme prophétie au cœur de l’Europe : la miséricorde et la proximité. Mais je voudrais rappeler encore saint Étienne, dont la relique est ici à côté de moi : lui qui, le premier, a confié la nation à la Mère de Dieu, qui a été un évangélisateur intrépide et fondateur de monastères et d’abbayes, savait aussi écouter et dialoguer avec tous et s’occuper des pauvres. Il baissa les impôts pour eux et allait faire l’aumône déguisé pour ne pas être reconnu. Cela c’est l’Église dont nous devons rêver : capable d’écoute réciproque, de dialogue, d’attention aux plus faibles ; accueillante envers tous et courageuse pour porter à chacun la prophétie de l’Évangile. 

Très chers frères et sœurs, le Christ est notre avenir, car c’est Lui qui guide l’histoire. Vos Confesseurs de la foi en étaient fermement convaincus : de nombreux évêques, prêtres, religieuses et religieux martyrisés au cours de la persécution athée ; ils témoignent de la foi granitique des Hongrois. Je voudrais faire mémoire du Cardinal Mindszenty qui croyait en la puissance de la prière, au point qu’aujourd’hui encore, presque comme un dicton populaire, on répète ici : « S’il y a un million de Hongrois en prière, je n’aurai pas peur de l’avenir ». Soyez accueillants, soyez témoins de la prophétie de l’Évangile, mais surtout soyez des femmes et des hommes de prière, car l’histoire et l’avenir en dépendent. Je vous remercie pour votre foi et pour votre fidélité, pour tout le bien que vous êtes et que vous faites. Je ne peux pas oublier le témoignage courageux et patient des Sœurs hongroises de la Société de Jésus que j’ai rencontrées en Argentine après qu’elles aient quitté la Hongrie pendant la persécution religieuse. Elles m’ont fait beaucoup de bien. Je prie pour vous, afin que, à l’exemple de vos grands témoins de foi, vous ne soyez jamais pris par la fatigue intérieure, mais que vous avanciez avec joie. Et je vous demande de continuer à prier pour moi. Köszönöm! [Merci !]

Texte reproduit avec l’aimable autorisation du Bureau de presse du Saint-Siège

Un pèlerin au service de la paix, du dialogue et de la réconciliation

( Image: courtoisie Vatican News) Vous trouverez ci-dessous une contribution spéciale de Carl Hétu, directeur national de l’Association catholique d’aide à Orient (CNEWA- CANADA) en lien avec la visite historique du Pape François en Irak:

Bien des gens se posent des questions.  Pourquoi le pape François se rend-il en Irak du 5 au 8 mars, en ces temps difficiles de pandémie, d’instabilité politique et de rumeurs de menaces sur sa vie?

Une raison ressort : faire preuve de solidarité envers les chrétiens de ce pays. Il n’en a pas été beaucoup question dans les bulletins d’information du soir, mais les chrétiens d’Irak se sont retrouvés sans protection et maltraités — menaces, enlèvements, tortures, assassinats — au cours des 17 dernières années. Il n’est pas exagéré de dire que la plupart ont été contraints de fuir. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 1,5 million de chrétiens vivaient en Irak en 2003. Aujourd’hui, il en reste à peine 180 000. La montée de l’EIIS à l’été 2014 leur a porté un dernier coup, obligeant plus de 100 000 d’entre eux à fuir pour sauver leur vie en quittant Mossoul et les plaines de Ninive pour trouver refuge dans le nord du Kurdistan irakien.  Il n’est pas étonnant que le pape s’arrête à ces trois endroits. Les chrétiens locaux ont vécu un véritable cauchemar, et beaucoup d’évêques, de religieuses, de prêtres et de simples fidèles ont été martyrisés — en raison de leur foi.   

Connu pour sa capacité à établir des ponts, le pape François rencontrera un grand nombre de groupes chrétiens dans le pays, notamment des catholiques syriaques et des chrétiens orthodoxes, des catholiques chaldéens et des Assyriens de l’Est, ainsi que des chrétiens arméniens (tant de l’Église catholique que de l’Église apostolique). Une fois encore, le pape sait que leur survie dépend de cette importante unité entre les chrétiens.    

L’unité entre les chrétiens du monde entier est au cœur de la papauté du pape François, comme il l’a clairement indiqué lors de son premier voyage en Israël et en Palestine. Il a non seulement prié avec le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, mais il a également entamé une relation de travail durable avec lui, après 1000 ans de dissensions.    

Mais le pape sait aussi que cela ne suffit pas. Les chrétiens du Moyen-Orient ont dû apprendre à composer avec une majorité musulmane au cours des 1400 dernières années au moins. S’ils sont encore dans la région aujourd’hui, c’est parce qu’ils ont pu prendre leur place et développer des liens solides avec les dirigeants musulmans malgré quelques moments sombres de l’histoire. Aujourd’hui, les chrétiens sont confrontés à une de leurs périodes les plus difficiles, comme le révèlent les chiffres : plus de 2,5 millions de personnes ont été forcées de quitter non seulement leur pays, mais aussi tout le Moyen-Orient en seulement 17 ans, beaucoup d’entre elles quittant l’Irak et la Syrie. C’est le pire déclin des chrétiens depuis le génocide arménien de 1915. Le développement de relations solides avec les dirigeants musulmans est donc, à l’évidence, une priorité centrale de toute visite papale. Ainsi, comme le pape l’a fait lors de ses voyages en Palestine, en Égypte, en Turquie et aux Émirats arabes unis, il rencontrera des dirigeants tels que le grand ayatollah Sistani à Najaf, principal chef spirituel des musulmans chiites irakiens.

De nombreux experts estiment cependant qu’il est trop tard pour les chrétiens irakiens. Il est vrai que ces derniers étaient autrefois reconnus pour entretenir d’excellentes relations avec les autres groupes ethniques et religieux de leur pays. Animés par l’esprit d’entreprise, ils ont largement contribué à son développement socio-économique, en créant des emplois ainsi que des services sociaux et des établissements de soins de santé pouvant apporter de l’aide aux plus défavorisés, quelle que soit leur religion.

Qu’ils aient raison ou tort, si nous regardons au sud-ouest de Bagdad, près de la mer Méditerranée, nous pouvons voir quelles contributions même un petit nombre de chrétiens peuvent encore apporter à une société en devenir. Malgré 73 ans de conflits et de guerre entre la Palestine et Israël, et maintenant, une occupation illégale de la Palestine par Israël, le rôle social des chrétiens reste important. Même s’ils ne représentent que 1% (51 000 habitants) de la population des Territoires palestiniens, les chrétiens assurent 45 % de tous les services sociaux locaux. Or eux aussi sont dans une situation difficile, et bien des gens se demandent combien de temps il faudra pour que la plupart quittent leur foyer et la Terre sainte.  

Pour l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA), une agence papale ayant œuvré sans relâche dans la région depuis 1926, ces conflits sans fin détruisent nos chances d’un meilleur avenir. Pour les chrétiens qui restent, la visite du pape constitue un rappel concret du fait qu’ils ne sont pas seuls et un encouragement à poursuivre leur mission, laquelle consiste à offrir une variété de services aux jeunes, aux personnes âgées, aux victimes de violence et à d’autres personnes dans le besoin — indépendamment de leurs croyances religieuses. Nous continuerons à soutenir ces activités.

Par ses actions et ses paroles, le pape François démontre que la religion peut ouvrir la voie à la paix par le dialogue et la réconciliation. Il rappelle également aux observateurs ainsi qu’aux personnes d’influence de la région que la paix — à l’échelle locale, régionale et mondiale — ne pourra vraiment être instaurée que si toutes les personnes d’ethnies, de religions et de nationalités différentes prennent le temps de se rencontrer, surmontent leurs divergences, reconnaissent leurs objectifs communs, leur humanité, et développent des liens d’amitié et de confiance.

La situation des chrétiens d’Irak avec Marie-Claude Lalonde

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient avec Marie-Claude Lalonde, directrice de l’Aide à l’Église en détresse Canada. Sont notamment abordés les thèmes de la guerre en Irak, des persécutions et de l’exil des chrétiens de la région ainsi que des différents enjeux du voyage apostolique du Pape François dans ce pays considéré comme le berceau de l’humanité. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Top 10 actualité catholique en 2019

(CNS photo/Paul Haring) Le nouvel an approche à grand pas et avec lui le temps des bilans et des résolutions pour l’année à venir. Sans plus attendre, je vous présente les faits saillants de l’actualité 2019 qui, selon moi, résument bien cette fin de décennie que nous avons vécue cette année.

1) Journée Mondiale de la Jeunesse au Panama (janvier 2019)

On peut dire que l’année 2019 a débuté en force avec la célébration des Journées mondiales de la jeunesse au Panama. Correspondant davantage au calendrier de l’Hémisphère sud, le mois de janvier a donc pu ouvrir cette année par une célébration joyeuse de la foi où des centaines de milliers de jeunes ont pu célébrer et approfondir leur relation avec le Christ. Sous le thème de la réponse de Marie à l’annonce de l’Incarnation par l’ange, « Me voici, qu’il me soit fait selon ta parole », cette rencontre mondiale a pu manifester la ferveur d’une jeunesse de plus en plus conscient du rôle central qu’elle doit jouer dans l’Église et conscient d’être appelée développer dans la décennie à venir. Vous pouvez lire l’ensemble des discours du pape François lors de ces JMJ Panama 2019 au lien suivant.

2) Rencontre pour la protection des mineurs au Vatican (février 2019)

L’année a commencé sur le ton peu réjouissant d’une prise en compte globale des abus perpétrés contre des mineurs et des personnes vulnérables par des représentants officiels de l’Église. Organisé par la Commission pontificale pour la protection des mineurs, et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ce sommet avait convoqué tous les évêques présidents des conférences épiscopales du monde de se présenter afin de faire le point sur la situation actuelle. Bien que les abus contre les mineurs représentent un problème dont les dimensions dépassent largement l’Église catholique, le Pape a clairement voulu manifester qu’il avait pleinement conscience de l’ampleur du scandale et des mesures drastiques qui doivent être prises. Avec la globalisation et la prolifération de la pornographie juvénile et la traite des êtres humains, la lutte pour la protection des mineurs prendra malheureusement de plus en plus de place dans l’actualité de la décennie à venir. Par sa transparence et son leadership, l’Église pourra ainsi se porter efficacement à la défense des enfants dans un monde qui leur est de plus en plus hostile. Un des fruits de cette prise de conscience de l’Église est certainement l’ouverture à l’Université Saint-Paul d’Ottawa d’un premier « Centre pour la protection des mineurs et des personnes vulnérables ».

3) Exhortation apostolique Christus Vivit (mars 2019)

Portant sur le thème de la jeunesse, ce texte d’une soixantaine de pages est exceptionnel de par son style direct et son ton très personnel. Composée de neuf chapitres, cette prise de parole du pape François cherche à manifester non seulement comment l’invitation universelle du Christ à la participation à sa vie divine répond à toutes les aspirations de la jeunesse mais également jusqu’à quel point le renouvellement de l’Église dépend de son dynamisme propre. Christus Vivit est un texte émouvant et plein d’espérance pour le présent et l’avenir de la société. Il s’agit d’une prise de parole personnelle du Pape, en dialogue avec les jeunes du monde entier qu’il a pu rencontrer durant son pontificat. Plusieurs initiatives émergeront dans l’Église de cette invitation du Pape à faire davantage de place aux jeunes dans l’Église.

4) Loi sur la laïcité de l’État et liberté religieuse

Plus près de nous, le gouvernement Legault a voulu mettre sur pied ce qu’il considère être une vision cohérente de la laïcité. Parallèlement à la loi sur la laïcité de l’État restreignant le droit des professeurs et de toutes personnes en position d’autorité de porter un signe religieux, ce gouvernement en a également profité pour retirer le crucifix de l’Assemblée Nationale. Toutefois, certains se sont désolés que le débat sur le contenu du projet de loi 21 ait bifurqué pour devenir une question de principe sur l’autonomie de l’autorité du Québec face à Ottawa. Alors qu’à l’heure actuelle des recours s’organisent pour contester la loi devant les tribunaux, on ne peut qu’espérer que la place de la religion en général, et de la foi catholique en particulier, soit davantage reconnue comme une force positive pour la société. Loin de porter préjudice à l’indépendance des institutions, l’implication des catholiques dans la vie sociale et politique continue de jouer rôle irremplaçable dans notre société. Espérons que 2020 sera l’occasion de redécouvrir la richesse sociale de l’implication des catholiques au Québec.

5) Les jeunes et l’environnement

L’un des phénomènes qui a eu le plus d’impact en 2019 fut certainement l’implication de nombreux jeunes pour la cause du climat. Quoique portée par une jeunesse souvent anxieuse face à son futur, ce mouvement des grèves pour le climat s’est principalement incarné dans la figure de Greta Thunberg. Bien qu’utilisant souvent un langage alarmiste qui a déplu à plusieurs, cette jeune suédoise a néanmoins eu un grand impact sur le mouvement environnemental. L’Église, principalement suite à la publication de l’encyclique Laudato sì par le pape François, n’est pas restée sur le banc des spectateurs. Pleinement investi dans la promotion d’une écologie intégrale, elle est aujourd’hui à l’écoute de cette jeunesse qui cherche une vision du monde plus cohérente et respectueuse de la nature que ne le propose l’économisme marchand. Ce dialogue entre foi et culture continuera bien évidemment dans les prochaines années. À vous d’être à l’écoute.

6) Canonisation du cardinal John Henri Newman

Le 13 octobre dernier était canonisé au Vatican le cardinal anglais John Henri Newman. Baptisé et éduqué dans l’anglicanisme, la vie du saint cardinal Newman regorge de péripéties et d’occasions où il a pu manifester la force de sa confiance en Dieu. Converti au catholicisme suite à ses études du développement organique du dogme dans l’histoire de l’Église, il entra chez les oratoriens où il a pu rayonner par l’écriture et certaines polémiques dans un climat pas toujours ouvert au débat d’idées. Saint Cardinal Newman est un modèle de rigueur intellectuelle et de fidélité à la vérité même lorsque cela entraîne des choix déchirants voir irréversible. Son « Apologia pro vita sua » saura certainement alimenter les groupes de lecture dans les prochaines années.

7) Mois missionnaire extraordinaire (Octobre 2019)

Cela fait désormais plusieurs années que nous sommes, comme Église, en chemin de conversion missionnaire. Le pape François a néanmoins tenu à décréter un mois missionnaire extraordinaire qui s’est tenu durant tout le mois d’octobre 2019. En effet, le Pape avait demandé à ce que soit célébré le 100eanniversaire de la lettre apostolique « Maximum Illud »de Benoît XV sur l’activité accomplie par les missionnaires dans le monde par un mois complet dédié à prier afin que soit renouvelée« l’ardeur de l’activité évangélisatrice de l’Église ad gentes ». Au pays, il convient de souligner le grand travail des Œuvres pontificales missionnaires qui ont su susciter et enrichir les activités pastorales dans les diocèses partout au Québec et au Canada francophone. Enfin, par son enracinement dans la théologie du baptême, le thème de « Bapstisés et envoyés »a certainement permis de faire redécouvrir à plusieurs catholiques la grandeur et la beauté de ce sacrement qui appelle à la conversion personnel le et au partage de cette vie divine reçu au moment où nous sommes réellementplongés dans la mort et la résurrection du Christ. En avant la mission !

8) Synode sur l’Amazonie (octobre 2019)

Au mois d’octobre dernier, le Saint-Père convoquait de nombreux évêques du monde entier pour discuter et discerner des enjeux liés à la région amazonienne dans le cadre d’un Synode extraordinaire sur cette partie du globe. Se sont donc réunis évêques, experts et des membres des populations locales afin de voir ce que l’Église peut faire pour améliorer sa pratique pastorale dans la région. Furent donc abordés des thèmes tels que l’inculturation, l’évangélisation ainsi que l’application et l’engagement pour une écologie intégrale. Comme me le disait Mgr Lionel Gendron p.s.s., ancien président de la Conférence des évêques catholiques du Canada et participant au Synode sur l’Amazonie, « Le Canada partage beaucoup de points communs avec la région amazonienne tels que de grands territoires inoccupés, la protection de l’environnement ainsi que la présence importante des peuples autochtones » (24 :41min). Il sera donc intéressant de suivre les évolutions et les documents qui émergeront de ce Synode. À suivre

9) Les voyages apostoliques du pape François

Chaque année, le pape François a un horaire chargé de voyage apostolique qui lui font parcourir le monde à la rencontre des catholiques et des hommes et femmes de bonne volonté. L’année 2019 ne fit pas exception à la règle puisqu’il a eu la chance de se rendre au Panama, aux Émirats arabes unis, au Maroc, en Bulgarie et Macédoine du Nord, en Roumanie, au Mozambique, Madagascar et à l’Île Maurice, en Thaïlande et, finalement, au Japon. Chacune de ces visites est unique mais je prends le temps de souligner sa visite à l’Île Maurice puisque j’ai personnellement eu la chance de d’y mettre les pieds. En effet, lors de cette brève visite, le Pape n’a pas manqué de souligner l’importance de la jeunesse et comment l’intégration sociale de cette dernière doit être une priorité pour toute société : « Nos jeunes, sont notre première mission ! […] Ne nous laissons pas voler le visage jeune de l’Église et de la société ; ne laissons pas les marchands de la mort voler les prémices de cette terre !»Prenons au sérieux l’avenir de la jeunesse en l’impliquant de plus en plus dans l’ensemble des processus sociaux et institutionnels. C’est peut-être bousculant mais, comme le dit le Pape, cela donnera « un nouveau souffle » à la mission de l’Église et de la société dans son ensemble.

10) Une présence ecclésiale en croissance au Québec

Partie intégrante de sa conversion missionnaire, la présence de l’Église sur le continent numérique ne cesse de croître partout dans le monde. Le Québec et le Canada francophone ne fait pas exception à ce constat. Ayant moi-même l’occasion de me rendre sur le terrain à la rencontre des acteurs locaux, je sens un réel engouement et une volonté ferme d’offrir un témoignage de foi crédible dans tous les milieux. Loin des attitudes parfois défaitistes qui ne laissent pas beaucoup de place à l’espérance, les différents diocèses sont pleinement engagés à rendre l’Église présente et pertinente dans un monde en profonde transformation. L’Église étant « Experte en humanité » comme le disait saint Paul VI, les communautés ecclésiales sont on ne peut mieux placées pour offrir, à la fois, des repères stables face aux grands bouleversements mais également le discernement pour s’ouvrir aux changements qui doivent être faits. Par sa présence en ligne, les diocèses seront des acteurs importants dans leur communauté locale. La décennie commence sur le bon pied à ce niveau !

Une année consacrée à la jeunesse

Comme vous avez pu le constater dans cette sélection bien personnelle des événements qui ont marqué l’actualité de l’Église en 2019, la jeunesse a occupé une place centrale. Que ce soit par les JMJ, la publication de Christus vivit, la protection des personnes mineures, etc. l’Église a conscience que les jeunes ne sont pas seulement le futur mais également le présent de l’Église. Prions pour qu’au début de cette décennie qui s’ouvre devant nous, une nouvelle génération de catholiques ait gagné en maturité, en profondeur dans sa relation au Christ et qu’elle ait trouvé une place dans l’Église d’ici et d’ailleurs. Cette place, nous l’apercevons déjà de loin mais je suis persuadé que les jeunes catholiques sauront nous surprendre par leur créativité, leur enthousiasme et leur fidélité à la foi qu’ils ont reçue. Bonne année à tous !

Angelus du pape François suivant la Messe au parc Sàntakos de Kaunas, Lituanie

CNS photo/Paul Haring

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François précédent l’angelus du dimanche 23 septembre 2018 et suivant la Messe dominicale au parc Sàntakos de Kaunas, Lituanie:

Chers frères et sœurs,

Le livre de la Sagesse que nous avons entendu en première lecture nous parle du juste persécuté, de celui dont la présence gène les impies. L’impie est décrit comme celui qui opprime le pauvre; il n’a pas de compassion envers la veuve ni de respect pour la personne âgée (cf. 2, 17-20). L’impie a la prétention de penser que sa force est la norme de la justice. Soumettre les plus fragiles, user de la force sous quelque forme que ce soit, imposer une manière de penser, une idéologie, un discours dominant, user de la violence ou de la répression pour faire plier ceux qui, simplement par leur agir quotidien honnête, simple, assidu et solidaire, manifestent qu’un autre monde, une autre société est possible. Il ne suffit pas à l’impie de faire ce que bon lui semble, de se laisser guider par ses caprices; il ne veut pas que les autres, en faisant le bien, mettent en évidence sa manière de faire. Chez l’impie, le mal cherche toujours à détruire le bien.

Il y a 75 ans, cette nation vivait la destruction définitive du Ghetto de Vilnius. L’anéantissement de milliers de juifs, commencé deux ans auparavant, culminait alors. Comme on lit dans le Livre de la Sagesse, le peuple juif est passé à travers les outrages et les tourments. Faisons mémoire de cette époque, et demandons au Seigneur de nous faire le don du discernement afin de découvrir à temps tout nouveau germe de cette attitude pernicieuse, toute atmosphère qui atrophie le cœur des générations qui n’en n’ont pas fait l’expérience et qui pourraient courir derrière ces chants des sirènes.

Jésus dans l’Evangile nous rappelle une tentation sur laquelle nous devrions veiller avec attention: le souci d’être les premiers, de se distinguer par rapport aux autres, souci qui peut se nicher dans tout cœur humain. Combien de fois est-il arrivé qu’un peuple se croie supérieur, avec plus de droits acquis, avec de plus grands privilèges à préserver ou à conquérir. Quel est le remède que propose Jésus quand cette pulsion apparaît dans notre cœur et dans la mentalité d’une société ou d’un pays? Se faire le dernier de tous et le serviteur de tous; être là où personne ne veut aller, où il ne se passe rien, dans la périphérie la plus lointaine; et servir, en créant des espaces de rencontre avec les derniers, avec les exclus. Si le pouvoir se décidait à cela, si nous permettions que l’Evangile du Christ atteigne les profondeurs de notre vie, alors la globalisation de la solidarité serait vraiment une réalité. «Tandis que dans le monde, spécialement dans certains pays, réapparaissent diverses formes de guerre et de conflits, nous, les chrétiens, nous insistons sur la proposition de reconnaître l’autre, de soigner les blessures, de construire des ponts, de resserrer les relations et de nous aider “à porter les fardeaux les uns des autres” (Ga 6,2)» (Exhort. ap. Evangelii gaudium, 67).

Ici, en Lituanie, il y a une colline des croix, où des milliers de personnes, au cours des siècles, ont planté le signe de la croix. Je vous invite, alors que nous prions l’Angelus, à demander à Marie de nous aider à planter la croix de notre service, de notre dévouement là où on a besoin de nous, sur la colline où vivent les derniers, où une délicate attention aux exclus, aux minorités est requise, pour éloigner de nos milieux et de nos cultures la possibilité d’anéantir l’autre, de marginaliser, de continuer à rejeter celui qui gêne et dérange nos facilités.

Jésus met le petit au centre, il le met à même distance de chacun pour que nous nous sentions tous provoqués à donner une réponse. En faisant mémoire du “oui” de Marie, demandons-lui de rendre notre “oui” généreux et fécond comme le sien.

[Angelus Domini…]

Discours du pape François lors de la rencontre avec les autorités civiles de Lituanie

Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François tel que prononcé lors de la rencontre avec les autorités civiles, politiques et diplomatique de Lituanie. Sur la photo, le pape François rencontre la présidente de Lituanie Dalia Grybauskaite lors de la rencontre avec les autorité civile de Lituanie au palais Vilnius (CNS photo/Paul Haring):

Madame la Présidente,
Membres du Gouvernement et du Corps Diplomatique,
Représentants de la société civile,
Distinguées Autorités,
Mesdames et Messieurs,

C’est un motif de joie et d’espérance de commencer en terre lituanienne ce pèlerinage dans les pays baltes qui, comme aimait le dire saint Jean-Paul II, est le «témoin silencieux d’un amour passionné de la liberté religieuse» (Discours lors de la cérémonie de bienvenue, Vilnius, 4 septembre 1993).

Je vous remercie, Madame la Présidente, pour les cordiales paroles de bienvenue que vous m’avez adressées en votre nom personnel et au nom de votre peuple. A travers vous, je voudrais saluer tout le peuple lituanien qui m’ouvre aujourd’hui les portes de sa maison et de sa patrie. A vous tous, j’exprime mon affection et mes sincères remerciements.

Cette visite a lieu à un moment particulièrement important de la vie de votre nation qui célèbre les 100 ans de la déclaration d’indépendance.

Un siècle marqué par de multiples épreuves et souffrances que vous avez dû supporter (détentions, déportations, voire le martyre). Célébrer les cent ans de l’indépendance signifie s’arrêter un peu dans le temps, recouvrer la mémoire de ce qui a été vécu pour entrer en contact avec tout ce qui vous a forgés en tant que nation, et y trouver les clefs qui vous permettront de regarder les défis présents et de vous projeter vers l’avenir dans un climat de dialogue et d’unité entre tous les habitants, de manière à ce que personne ne soit exclu. Chaque génération est appelée à faire siens les luttes et les acquis du passé et à honorer dans le présent la mémoire de ses anciens. Nous ne savons pas comment sera demain; ce que nous savons, c’est qu’il revient à chaque génération de préserver l’‘‘âme’’ qui l’a édifiée et qui l’a aidée à transformer toute situation de souffrance et d’injustice en opportunité, et de garder vivante et agissante la racine qui a donné les fruits d’aujourd’hui. Et ce peuple a une ‘‘âme’’ forte qui lui a permis de résister et de construire! Et votre hymne national dit ceci: «Que tes enfants puisent de la force dans le passé» pour regarder le présent avec courage.

«Que tes enfants puisent de la force dans le passé».

Au cours de son histoire, la Lituanie a su offrir l’hospitalité, accueillir, recevoir des peuples de diverses ethnies et religions. Tous ont trouvé en ces contrées un lieu pour vivre: Lituaniens, Tartares, Polonais, Russes, Biélorusses, Ukrainiens, Arméniens, Allemands; catholiques, orthodoxes, protestants, vieux-catholiques, musulmans, juifs…; ils ont vécu ensemble et en paix jusqu’à ce que surviennent les idéologies totalitaires qui ont rompu la capacité d’accueillir et d’harmoniser les différences, semant violence et méfiance. Puiser de la force dans le passé, c’est récupérer la racine et garder toujours vivant ce qu’il y a de plus authentique et de plus original en vous, ce qui vous a permis de grandir et de ne pas succomber en tant que nation: la tolérance, l’hospitalité, le respect et la solidarité.

En regardant la situation mondiale dans laquelle nous vivons, où les voix qui sèment la division et l’affrontement deviennent nombreuses – en instrumentalisant bien des fois l’insécurité ou les conflits –, ou bien qui proclament que l’unique manière possible de garantir la sécurité et la survie d’une culture réside dans l’effort pour éliminer, effacer ou expulser les autres, vous, Lituaniens, vous avez une parole originale à apporter: « accueillir les différences». Par le dialogue, par l’ouverture et la compréhension, celles-ci peuvent devenir un pont qui unit l’orient et l’occident de l’Europe. Cela peut être le fruit d’une histoire arrivée à maturité, qu’en tant que peuple vous offrez à la communauté internationale et en particulier à l’Union Européenne. Vous avez souffert ‘‘dans votre chair’’ les tentatives d’imposer un modèle unique qui annule ce qui est différent avec la prétention de croire que les privilèges de quelques-uns sont au-dessus de la dignité des autres ou du bien commun. Benoît XVI l’a bien signalé: «C’est une exigence de la justice et de la charité que de vouloir le bien commun et de le rechercher […] On aime d’autant plus efficacement le prochain que l’on travaille davantage en faveur du bien commun qui répond également à ses besoins réels.» (Lettre enc. Caritas in veritate, n. 7). Tous les conflits qui surviennent ont des solutions durables à condition qu’elles s’enracinent dans la reconnaissance concrète des personnes, surtout des plus faibles et dans le fait de se sentir appelés à «élargir le regard pour reconnaître un bien plus grand qui sera bénéfique à tous.» (Exhort. Ap. Evangelii gaudium, n. 235).

Dans ce sens, puiser de la force dans le passé, c’est prêter une attention aux plus jeunes, qui ne sont pas seulement l’avenir mais le présent de cette nation, à condition qu’ils restent attachés aux racines du peuple. Un peuple où les jeunes trouvent une place pour se développer et travailler, les aidera à se sentir protagonistes de la construction du tissu social et communautaire. Cela permettra à tous de lever le regard avec espérance vers l’avenir. La Lituanie dont vous rêvez se joue dans l’effort inlassable pour promouvoir ces politiques qui encouragent la participation active des plus jeunes dans la société. Sans aucun doute, ce sera une semence d’espérance, puisque cela conduira à un dynamisme où l’‘‘âme’’ de ce peuple continuera à générer l’hospitalité: hospitalité envers l’étranger, hospitalité envers les jeunes, envers les personnes âgées qui sont la mémoire vivante, envers le pauvre, en définitive, l’hospitalité envers l’avenir.

Je vous assure, Madame la Présidente, que vous pouvez compter – comme jusqu’à présent – sur l’engagement et le travail collectif de l’Église catholique pour que cette terre puisse répondre à sa vocation de terre-pont de communion et d’espérance.

[01430-FR.02] [Texte original: Italien]

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