Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient avec la toute nouvelle collaboratrice à Sel + Lumière Média Isabelle Gagnon pour parler de sa foi, ses intérêts et sa vision d’une Église engagée et pertinente pour le 21e siècle. Sont notamment abordés les thèmes de la conversion, de l’intelligence de la foi, de la morale catholique et même de la langue latine ! Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.
Pour une jeunesse bien enracinée
(Photo credit: CNS/Vatican Media) Nous poursuivons aujourd’hui notre parcours de l’exhortation apostolique du pape François « Christus Vivit » aux jeunes et à tout le peuple de Dieu. Le chapitre six offre de riches réflexions sur le thème de l’enracinement. Ce thème, devenu central dans notre monde globalisé, l’est encore davantage dans la vie des jeunes qui vivent d’importantes tensions à ce niveau. En effet, étant pour la plupart nés avec internet, leur identité n’est plus uniquement liée à leur géographie, leur patrie ou leur histoire familiale. Elle ne souffre plus de frontière et ne tolère pour référence que l’immensité des possibles. Or, nous dit le Pape : « Je souffre de voir que certains proposent aux jeunes de construire un avenir sans racines, comme si le monde commençait maintenant. Car « il est impossible que quelqu’un grandisse s’il n’a pas de racines fortes … » (no 179). Comment donc distinguer « la joie de la jeunesse d’un faux culte à la jeunesse » (no 180) ? C’est ce que nous allons maintenant explorer.
Une jeunesse caricaturée
Pour bien comprendre la différence entre le vrai et le faux, le Pape nous offre, dans ce court chapitre, une série de critères. Dans un premier temps, il montre comment beaucoup ont intérêt à ce que les jeunes soient facilement manipulables et crédules. Pour lui, de nombreux intérêts cherchent, à des fins idéologiques, à façonner des « jeunes qui méprisent l’histoire, qui rejettent la richesse spirituelle et humaine qui a été transmise au cours des générations, qui ignorent tout ce qui les a précédés » (no 181). C’est donc, pour le pape François, l’intérêt même des manipulateurs qui nous renseignent sur ce qui ne constitue par une jeunesse authentique.
Une jeunesse caricaturée sera donc d’abord auto révérencielle en ce sens qu’elle ne voudra pas évoluer en continuité ou cohérence avec ce qui l’a précédée. Cherchant davantage à se défaire de son héritage familial, national, spirituel plutôt qu’à l’assumer, cette jeunesse déracinée finit inévitablement dans l’enfermement d’une prétendue supériorité morale, « comme si tout ce qui n’est pas jeune était détestable et caduque. Le corps jeune devient le symbole de ce nouveau culte, et donc tout ce qui a rapport avec ce corps est idolâtré, désiré sans limites ; et ce qui n’est pas jeune est regardé avec mépris » (no 182).
L’homogénéité de la jeunesse laisse aussi présager sa grande vulnérabilité devant ceux qui veulent en profiter. En effet, selon le Pape, « Nous voyons aujourd’hui une tendance à homogénéiser les jeunes, à dissoudre les différences propres à leur lieu d’origine, à les transformer en êtres manipulables, fabriqués en série » (no 186). Cela peut se voir particulièrement dans les plus petits pays où les cultures propres ont bien du mal à se protéger contre les assauts parfois envahissants des différentes « formes de colonisation culturelle, qui déracinent les jeunes des appartenances culturelles et religieuses dont ils proviennent » (no 185). Au Québec, il est facile de voir le ravage que fait à notre jeunesse l’omniprésence d’une certaine culture américaine. En effet, personne ne sera surpris de voir la jeunesse d’aujourd’hui mieux connaître les super héros cinématrographiques que les pionniers de notre histoire. En ce sens, l’Église doit aider les jeunes à trouver un meilleur équilibre entre leurs intérêts pour la culture ambiante et leur propre culture correspondant mieux aux « traits les plus précieux de leur identité » (no 185).
Pour une jeunesse libre
Au contraire, nous dit le Pape, une jeunesse véritablement libre doit toujours faire preuve d’esprit critique. La jeunesse consciente des nombreux intérêts qui ne cherchent qu’à manipuler son authenticité, sait reconnaître ce qui, dans son propre patrimoine, est estimable et ce qui l’est moins. Elle sait être ouverte à « recueillir une sagesse qui se communique de génération en génération, qui peut coexister avec certaines misères humaines, et qui n’a pas à disparaître devant les nouveautés de la consommation et du marché » (no 190).
Ce qui nous amène au deuxième point d’une jeunesse à même de relever les nouveaux défis qui s’offrent à chaque génération. En effet, pour le pape François, « La rupture entre générations n’a jamais aidé le monde et ne l’aidera jamais » (no 191). Il faut donc que la jeunesse soit capable de se mettre à l’écoute des personnes plus âgées afin que « les communautés possèdent une mémoire collective, car chaque génération reprend les enseignements de ceux qui ont précédé, laissant un héritage à ceux qui suivront » (no 191).
Cela revêt au Québec un caractère particulier puisqu’une rupture générationnelle a bel et bien eu lieu au siècle passé. En effet, dans les années 60, ce que l’on appelle généralement la « Révolution Tranquille » a créé une discontinuité historique ; si bien que, de nos jours, une multitude de jeunes ne connaissent presque rien de leur histoire. C’est donc par fidélité aux principes soi-disant « émancipateurs » hérités de leurs parents qu’ils ignorent aujourd’hui pratiquement tout ce qui les constitue. De leur langue jusqu’au nom de rue en passant par la littérature et l’horizon de signification de leurs aïeuls, la jeunesse d’aujourd’hui semble dépourvue des fondements de son identité. Ainsi, au Québec, « faire mémoire de cette bénédiction qui se poursuit de génération en génération est un héritage précieux qu’il faut savoir garder vivant pour pouvoir le transmettre nous aussi ». Cet exercice de mémoire passe nécessairement par l’examen critique des différents mythes inventés par la génération précédente (par exemple celui de la « Grande Noirceur », etc.) en cherchant à retrouver le lien avec le temps long de l’histoire. Cela pourra se faire, par exemple, en reprenant contact, à travers la culture, avec nos morts, avec ceux qui gisent depuis plus de 400 ans dans les cimetières qui parsèment notre territoire.
Pour une guérison de la mémoire
Dans son « Rapport présenté à Sa Sainteté le Pape François en prévision de la visite ad limina apostolorum de mai 2017 », les évêques du Québec faisaient référence à cette problématique importante pour l’avenir des jeunes générations au Québec. Citant l’Observatoire Justice & Paix, le document constate lui aussi que :
« Rarement dans l’histoire un peuple aura-t-il vécu une volte-face culturelle aussi radicale que le Québec du demi-siècle passé. Ceci s’est manifesté notamment dans le domaine religieux, où la coupure a été la plus nette. … Pour un peuple qui a vécu dans un rapport étroit entre la foi et la culture pendant près de quatre siècles, une telle mutation n’a-t-elle pas des conséquences préoccupantes pour son avenir ? »
Ce vide culturel des jeunes d’aujourd’hui hérité de leurs parents interpelle donc l’ensemble de l’Église au Québec. Ce déficit doit être perçu comme une opportunité à saisir. Nous devons trouver les meilleurs moyens (ou devrais-je dire « témoins ») qui sauront manifester qu’assumer pleinement son héritage culturel catholique est un avantage humain et spirituel pour affronter la vie avec confiance et espérance.
La jeunesse et sa beauté véritable
(Image by Oleksy @Ohurtsov from Pixabay) Nous poursuivons notre analyse de la plus récente exhortation apostolique post-synodale intitulée Christus Vivit portant sur le thème de la jeunesse dans l’Église et dans le monde. Après avoir examiné les différentes figures de la jeunesse de l’Ancien et du Nouveau Testament, le document poursuit sa démarche en examinant brièvement la réalité de la jeunesse d’aujourd’hui. Le chapitre 3 s’interroge donc sur les différents défis culturels et sociaux auxquels font face les jeunes tout en soulignant les grandes pistes de solutions dont l’Église et le monde pourraient bénéficier s’ils osaient rendre aux jeunes la place qui leur revient.
Un monde en difficulté
Nous en sommes tous témoins, notre monde est le lieu de plusieurs tensions où s’affrontent des intérêts divergents. Comme dans tout conflit, les premiers à souffrir sont les personnes les plus vulnérables. Les jeunes sont donc toujours au premier rang des victimes des forces qui s’entrechoquent. En effet, « beaucoup de jeunes vivent dans des contextes de guerre et subissent la violence sous une innombrable variété de formes : enlèvements, extorsions, criminalité organisée, traite d’êtres humains, esclavage et exploitation sexuelle, viols de guerre, etc. » (no 72). N’ayant pas les connaissances ou l’expérience nécessaire pour s’immuniser contre les idéologies déshumanisantes qui, de part et d’autre, cherchent à nourrir leurs intérêts au détriment du bien commun, plusieurs jeunes « sont endoctrinés, instrumentalisés et utilisés comme chair à canon ou comme une force de choc pour détruire, intimider ou ridiculiser les autres » (no 73).
Faux respect de la jeunesse
Dans les pays où l’on trouve souvent l’opulence matérielle et économique, de nombreux jeunes sont victimes d’intérêts commerciaux prêts à les infantiliser afin qu’ils soient incapables d’user d’un jugement critique. Ainsi, laissés à eux-mêmes sans l’éducation et la maturité requises pour éviter ce qui rabaisse l’homme jusqu’à nier la dimension spirituelle de son être, de nombreux jeunes se jettent dans les plaisirs à court terme et ruinent leurs vies.
Dans certain cas, la manipulation va encore plus loin. Sous couvert d’épanouissement personnel, on assiste dans la culture populaire à un véritable culte de la jeunesse. Le Pape nous met en garde contre cette tentation de la facilité. En effet, il écrit : « Les corps jeunes sont constamment utilisés dans la publicité pour vendre. Le modèle de beauté est un modèle jeune, mais faisons attention, car cela n’est pas élogieux pour les jeunes. Cela signifie seulement que les adultes veulent voler la jeunesse pour eux-mêmes ; non pas qu’ils respectent, aiment et prennent soin des jeunes » (no79).
La véritable beauté de la jeunesse
Contre ces tentations déshumanisantes, le Pape François nous invite plutôt à la découverte de la jeunesse réelle. Celle qui, se sachant sur le chemin de la maturité, croit en ses capacités à devenir plus que ce qu’elle est déjà. C’est donc l’authenticité qui est la clé de son succès. S’éloignant des visions bêtes et éphémères d’une jeunesse voulue pour autre chose qu’elle-même, les jeunes d’aujourd’hui doivent se mettre au travail. Ils doivent comprendre que l’énergie qu’ils ont dans le cœur est à la hauteur des défis qui se trouvent devant eux. Pour ce faire, ils doivent comprendre qu’ils ne sont pas seuls et que c’est dans la relation avec le Christ qu’ils pourront réaliser pleinement les désirs présents en eux. En effet, exhorte le Pape : « Quand il te demande quelque chose ou quand, simplement, il permet ces défis que la vie te présente, il attend que tu lui accordes une place pour pouvoir t’élever, pour te faire progresser, pour te faire mûrir » (no 117). Chercher plus haut que soi avec Celui qui y est déjà, voilà le chemin de tous les possibles qui s’ouvrent au jeune qui accepte de jeter un regard authentique sur lui-même avec Dieu.
Une Église au service de la jeunesse
Pour réaliser ce programme, les jeunes doivent savoir qu’il existe un lieu où ils pourront, découvrir non seulement la grandeur de leur mission mais également le milieu relationnel pour les soutenir dans cette tâche qui est la leur. Comme l’affirme le Pape : « L’amour de Dieu et notre relation avec le Christ vivant ne nous empêchent pas de rêver, et n’exigent pas de nous que nous rétrécissions nos horizons. Au contraire, cet amour nous pousse en avant, nous stimule, nous élance vers une vie meilleure et plus belle » (no 138). La semaine prochaine, nous poursuivrons notre parcours de ce texte magistral dont l’application est aussi urgente que nécessaire.
Église en Sortie 5 avril 2019
Cette semaine à Église en Sortie, on s’entretient avec Antoine Malenfant, rédacteur en chef au magazine Le Verbe sur le plus récent numéro consacré au thème de la mort. On vous présente un reportage sur la plénière de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec à Trois-Rivières. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis rencontre la cinéaste Stéphanie Chalut pour parler de son plus récent court métrage intitulé « Tu es poussière ».
« Christus vivit » ou comment persévérer sur le chemin des rêves
(photo: Pixabay) Cette semaine était publiée la très attendue Exhortation apostolique post-synodale « Christus Vivit » du pape François. Portant sur le thème de la jeunesse, ce texte d’une soixantaine de pages est exceptionnel de par son style direct et son ton très personnel. Divisée en neuf chapitres, cette prise de parole du pape François cherche à manifester non seulement comment l’invitation universelle du Christ à la participation à sa vie divine répond à toutes les aspirations de la jeunesse mais également jusqu’à quel point le renouvellement de l’Église dépend de son dynamisme propre.
« Les jeunes ne vont pas bien » – The Offspring
Pendant ma lecture, je me suis replongé dans ces années pas si lointaines où moi-même je vivais cette période intense de la vie. Quelques airs de chansons que j’écoutais à l’époque me sont également revenus à l’esprit. Je me suis même surpris à les réécouter. L’une de ces chansons : « The Kids Aren’t Alright » de « The Offspring » a particulièrement retenu mon attention. En effet, on y parle de jeunesse brisée, de rêves évanouis et de désespoir face à l’avenir qui affecte la vie de nombreux jeunes. Contrairement aux stéréotypes que l’on entend souvent sur la jeunesse, on y fait même l’éloge de la nostalgie : « Longing for what used to be » (Trad. « rechercher ce qui fut »).
Selon moi, les paroles de cette chanson du groupe punk californien manifestent la justesse des propos du Pape dans ce document. On y retrouve d’abord le constat qu’il est « encore difficile de voir » la crise que vivent les jeunes. En apparence, tout laisse présager que la « culture actuelle présente un modèle de personne très associé à l’image du jeune » (no 79) au point d’en faire un véritable objet de « vénération » (no 182). Or, comme nous le disent The Offspring et le pape François, la réalité des jeunes est parfois beaucoup plus souffrante que leur fierté ne le laisse transparaître. Ce sont des « vies fragiles » qui doivent être respectées et accueillies dans leur complexité. Contrairement aux « adultes […] qui veulent voler la jeunesse pour eux-mêmes ; sans qu’ils respectent, aiment et prennent soin des jeunes » (no 79), l’Église doit leur offrir un soutien à l’opposé de l’attitude de ces parents qui confient leurs enfants à la nouvelle gardienne universelle des écrans tactiles.
Un lieu pour déployer ses rêves
« Christus Vivit » parle beaucoup des rêves de la jeunesse. Le mot apparaît à 51 reprises dans le texte. En effet, la jeunesse est un âge où se formulent et se ressentent fortement les aspirations fondamentales qui guideront toute la vie. Comment nos sociétés et l’Église accueillent-elles ces aspirations à un avenir meilleur plein de possibilités ? Tant de « rêves brisés » n’est-il pas le signe que nous n’arrivons plus à canaliser ces forces vives ? Au contraire, l’épidémie de cynisme est plutôt le signe que nos institutions ne sont plus aptes à générer autre chose que découragement et ressentiment.
Nous devons donc nous demander avec le Pape : « Comment l’Église pourra-t-elle accueillir de la bonne manière les rêves de ces jeunes (no 41)[8] ? L’Église doit aujourd’hui être le lieu d’où peuvent se déployer les rêves de la jeunesse. Et pour cela, les jeunes doivent comprendre que leurs rêves sont également ceux de l’Église. Voilà le double appel du Pape à l’Église d’aujourd’hui : offrir la présence de Celui qui seul donne la force de « persévérer sur le chemin des rêves » (no 142).
Les jeunes: notre présent et avenir
Christus Vivit est un texte émouvant et plein d’espérance pour le présent et l’avenir de la société. Il s’agit d’une prise de parole personnelle du Pape, en dialogue avec les jeunes du monde entier qu’il a pu rencontrer durant son pontificat. Dans les prochaines semaines, nous approfondirons ensemble toute la richesse et la profondeur de ce document magistral, certainement l’un des plus importants du pontificat de François.
« Vivit Christus » une Exhortation mariale ?
(CNS photo/Vatican Media) Lundi dernier, pour souligner la fête de l’Annonciation, le pape François s’est rendu à Lorette afin d’y visiter le Sanctuaire dédié à la Sainte Vierge et y rencontrer pèlerins et fidèles. Après avoir célébré la Messe dans la chapelle créée à l’intérieur de la petite maison située au centre de la basilique et qui, selon la tradition ancestrale, serait la demeure où vécut la sainte famille à Nazareth, le Pape François a signé l’Exhortation apostolique post synodale découlant du Synode sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Du parvis, le Pape a prononcé un discours qui nous en dit long sur le contenu de ce texte important et qui sera rendu public mardi le 2 avril prochain.
Intitulé « Christus vivit », ce texte qui vraisemblablement sera profondément marial, manifeste la centralité de la liberté humaine dans l’économie du salut. Alors que le « document final » du synode avait surtout utilisé l’épisode des pèlerins d’Emmaüs pour manifester la présence et l’accompagnement du Christ sur le chemin de la vocation, il m’apparaît très probable que c’est Marie qui sera au centre des réflexions du Saint-Père dans cette nouvelle Exhortation. En effet, pour lui, l’appel vocationnel de Marie à l’Annonciation révèle les trois moments clés qui « ont rythmé le synode : 1) écoute de la Parole-projet de Dieu ; 2) discernement ; 3) décision ».
« Christus vivit » grâce à sa mère
L’épisode de l’Annonciation est très éclairant autant pour les jeunes qui cherchent un sens à leur vie que pour les chrétiens qui se demandent comment servir Dieu le mieux possible. En effet, de par son écoute attentive à la Parole de Dieu ainsi qu’à sa Mystérieuse présence dans la vie quotidienne, Marie est devenue le « modèle de toute vocation et l’inspiratrice de toute pastorale vocationnelle »[3]. C’est par son ouverture au sens surnaturel de la réalité qu’elle a gardé cette vigilance à l’égard des motions de l’Esprit Saint et qu’elle a su prendre le risque de dire « oui » à l’invitation de l’ange.
Cette capacité à dépasser la superficialité des événements et à garder un regard profond sur le réel et sa propre personnalité a pu, au long de sa courte expérience, aiguiser son caractère au point où Dieu a cru bon de lui confier ce qu’Il avait de plus précieux : son Fils Unique. Comment ne pas s’émerveiller devant la maturité de cette jeune femme qui, malgré son jeune âge et son apparente petitesse, a su voir la sagesse divine se déployer à travers son élection. Loin de la remplir d’orgueil, ce choix divin l’a fortifiée dans sa conviction que Dieu manifeste sa grandeur en renversant « les puissants de leurs trônes » et en élevant « les humbles » (Lc 1, 52).
Un modèle pour « tous les âges » (Lc 1, 50)
Chaque époque porte son lot de défis et il se trouve que la jeunesse a toujours joué un rôle central pour les surmonter. Capable de voir avec une acuité particulière, l’écart entre ce qui est et ce qui devrait être, la jeunesse d’aujourd’hui voit pertinemment les failles d’un système et d’une culture incapable de rejoindre nos idéaux chrétiens de justice et de solidarité. Ces grands enjeux, bien qu’importants à un niveau macroscopique, peuvent être un obstacle à la prise de décision quotidienne. En effet, découragés par l’ampleur des défis écologiques, plusieurs jeunes peuvent désenchanter et tomber dans un cynisme des plus inefficaces et stérilisants pour leur propre potentiel personnel et pour leur monde. Au contraire, en Marie « il y a une attention à saisir toutes les exigences du projet de Dieu sur sa vie, à le connaître dans ses nuances, pour rendre sa collaboration plus responsable et plus complète »[4].
En ce sens, la Vierge Marie manifeste que c’est dans le concret de l’acceptation humble et fidèle des tâches quotidiennes de la vie que Dieu entre en contact avec nous. Elle nous montre comment, si nous désirons ardemment changer le monde, il nous incombe d’abord d’être « dignes de confiance dans la moindre chose » afin d’être rendus « dignes de confiance aussi dans une grande » (Lc 16, 10). Cet élément essentiel du discernement est particulièrement à risque en cette ère d’univers médiatique globalisé et c’est pourquoi nous avons besoin de l’aide de Marie.
Discerner en pleine connaissance de cause
Notre époque se présente souvent comme l’ère des possibilités. En effet, dans l’histoire, jamais les personnes n’ont eu autant de choix à leur disposition. Que ce soit dans les choix de carrière, de conjoint, de pays, d’intérêts, de canaux de télévision… jamais l’humanité n’a eu autant d’offres. Cette grande variété n’apporte cependant pas que des aspects positifs. L’analyse des différentes options peut souvent mener à de l’incertitude. Comme on dit « trop c’est comme pas assez » ! Les jeunes sont particulièrement sujets à ce type de paralysie qui les empêche de choisir et de se donner à fond dans ce qu’ils entreprennent. C’est ainsi qu’ils finissent souvent, quoi qu’ayant de grands idéaux, par confondre le bonheur avec « le confort d’un divan« .
En ce sens, « les jeunes qui sont en recherche ou qui s’interrogent sur leur avenir, peuvent trouver en Marie celle qui les aide à discerner le projet de Dieu sur eux et la force pour y adhérer »[5]. Avoir le courage de prendre les décisions essentielles à toute vie accomplie tout en étant conscients et prêts à assumer les sacrifices qu’implique cette dernière, voilà un des défis majeurs des jeunes de notre époque.
Une vie épanouie dans le Christ
Que ce soit par son écoute, son discernement ou sa force de décision, Marie est le modèle par excellence d’une vie humaine pleinement vécue sous le regard bienveillant de Dieu. Par son « Fiat », elle a su dire « oui » à l’aventure divine qui allait la mener aux confins de la terre et de l’histoire pour se rendre jusqu’à nous. En attendant la publication de l’Exhortation « Chistus Vivit » du pape François mardi prochain, confions à Marie nos vies, nos tracas. Confiants de son indéfectible intercession, aidons cette jeunesse à faire, comme le disait le cardinal Lustiger, « le choix de Dieu ».
Église en Sortie 1er février 2019
Cette semaine à Église en Sortie, on parle du livre « La petite voie avec Thérèse de Lisieux » avec le théologien et auteur Jacques Gauthier. On vous présente un reportage sur les Journées Mondiales de la Jeunesse 2019 au Panama. Dans la troisième partie de l’émission, Katerine Perreault, co- directrice du Centre pour le mariage, la vie et la famille de l’archidiocèse pour parler du rôle des parents dans l’éducation sexuelle de leurs enfants.
JMJ Panama 2019, à quoi s’attendre ?
(CNS photo/Bob Roller)
Du 22 au 27 janvier 2019 auront lieu au Panama les Journées mondiales de la jeunesse. Ayant pour thème, « Voici la servante du Seigneur; que tout m’advienne selon ta parole », (Lc 1, 38), les JMJ 2019 s’inscrivent dans le sillon des synodes et événements analogues qui ont eu pour but, cette année, de faire de la jeunesse un axe privilégié de la mission de l’Église aujourd’hui. Mais à quoi doit-on s’attendre pour cette édition hors du commun ? À quoi doit-on se préparer alors que nous sommes à quelques jours du début de cet événement de foi ?
Un événement à échelle humaine
Se déroulant dans un pays d’Amérique latine et en plein mois de janvier, il est clair que cette édition sera de dimension plus restreinte. En effet, lorsqu’on pense JMJ, on a tous en tête les images des éditions de Madrid, Manille ou Cologne. Ces rencontres avaient réuni des millions de jeunes, d’où une atmosphère de joyeuse frénésie qui a pu marquer tous ceux qui en ont fait l’expérience. Or, voulant davantage respecter l’horaire des scolaires de l’hémisphère sud, le Vatican avait décidé de célébrer cette édition des JMJ au mois de janvier. Ainsi, le Panama semblait le pays idéal pour réaliser cette première expérience d’une JMJ à dimension humaine. Est-ce que cela signifie un changement de vision pour les JMJ ? Aurons-nous dorénavant des événements plus petits avec tous les avantages et désavantages que cela comporte? Le déroulement de cette édition Panama 2019 permettra certainement de comparer les deux approches et de délimiter les orientations à venir.
Un pape latino-américain en Amérique latine
Nous savons la proximité du pape François, originaire d’Argentine, pour tous les enjeux liés à l’Amérique latine. Ayant minutieusement éviter un retour dans son pays natal, certainement par sacrifice personnel et voulant donner l’exemple d’une « Église en sortie », le Pape s’est rendu plusieurs fois sur le continent américain. Grâce à l’énergie de cette jeunesse enthousiaste à le rencontrer ou à sa parenté culturelle et linguistique avec elle, je crois qu’on peut s’attendre à voir aux JMJ un Pape très énergique et d’humeur festive. Enfin, le Pape ne manquera pas à son devoir de prêcher l’Évangile et parler des fruits qu’il génère dans nos vies. En effet, les défis auxquels fait face l’Amérique latine à l’heure actuelle sont multiples : polarisation, politique accrue, crise économique, migration de masse, déforestation, narcotrafic et corruption ne sont que quelques exemples des tensions internes actuelles. Fidèle à son franc parler, le pape François ne manquera pas d’exhorter les jeunes à prendre leurs responsabilités là où ils se trouvent et à accepter de faire face à l’aventure de la vie dans la joie et l’espérance du Christ pour le monde.
Une visite apostolique suivant le « canon franciscain »
Les voyages apostoliques du pape François, lorsqu’on les compare à ceux de ses prédécesseurs, ont leurs particularités. Par exemple, dans la majorité des cas, le pape François non seulement assiste à plusieurs rencontres avec, les autorités civiles, les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses mais également il visite des centres caritatifs, des prisons, etc. L’agenda actuel du Saint-Père au Panama confirme cette habitude.
Ainsi, après son arrivée au Panama en soirée le mercredi 23 janvier prochain, le Pape se rendra le lendemain jeudi après-midi au palais présidentiel pour une cérémonie protocolaire avec le président (9h14-10h30) suivie d’une rencontre avec les autorités civiles, politiques et diplomatiques (10h40-11h10). En fin d’après-midi, le Pape rencontrera les évêques d’Amérique centrale en l’église Saint-François d’Assise (11h15-12h20) avant de se rendre au Parc S. Maria la Antigua pour une célébration d’accueil et d’ouverture des JMJ Panama 2019 (17h30-19h30).
La journée de vendredi le 25 janvier sera une journée sous le signe de la pénitence. Elle débutera en fin d’après-midi (l’horaire ne fait pas mention de l’avant-midi mais on peut supposer qu’il soit dédié au repos) avec une liturgie, sans doute émouvante, avec les jeunes détenus du pénitencier de Pacora (10h30-11h45). C’est vers 17h30 que le Pape présidera au Chemin de Croix avec les jeunes au Parc Santa Maria la Antigua. L’horaire du pape François se poursuit samedi avec la célébration de la Sainte Messe avec des prêtres, et des personnes consacrées et des leaders de mouvements laïcs (9h00-11h00) en la Basilique-cathédrale Santa-Maria la Antigua. Lors de cette célébration, le Saint-Père consacrera notamment l’autel principal. Sa journée se poursuivra avec la Veillée de prière avec les jeunes au parc Saint Jean-Paul II (18h10-20h00).
La journée de dimanche débutera avec la célébration de la Messe des Journées Mondiales de la Jeunesse Panama 2019 au Parc Saint Jean-Paul II (7h30-10h00) suivie de la visite à la maison caritative « Le Bon samaritain » où il présidera à la récitation de la prière de l’Angelus (10h45-11h45). Le pape se rendra ensuite au stade Rommel Fernandez pour une rencontre avec les bénévoles impliqués dans la préparation et la réalisation des JMJ Panama 2019. C’est vers 18h00 que le pape François se rendra à l’aéroport international de Tocumen pour une cérémonie de départ en compagnie des autorités civiles et politiques.
Une couverture exclusive au Canada
Depuis notre fondation en 2002 suivant les JMJ de Toronto, Sel et Lumière est la référence au Canada pour connaître et suivre l’ensemble des voyages apostoliques. Cette édition des JMJ 2019 au Panama ne fait pas exception! Consultez notre horaire détaillé des diffusions de l’ensemble des célébrations et rencontres et ne manquez pas notre émission spéciale « Centrale JMJ » du lundi au vendredi 19h30 où j’aurai la joie de vous présenter un résumé complet des faits saillants de la journée ainsi que des témoignages de jeunes pèlerins et évêques canadiens grâce notre équipe présente sur place. Un merci tout spécial à notre station sœur KTO Télévision en France pour leur traduction simultanée et leur fantastique travail sur le terrain. Bonnes Journées mondiales de la jeunesse à tous jeunes et moins jeunes !