Visite du Pape en Suède: Homélie lors de la rencontre oecuménique en la cathédrale luthérienne de Lund

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« Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jn 15, 4). Ces paroles, prononcées par Jésus dans le contexte de la dernière Cène, nous permettent de nous approcher du cœur du Christ peu avant qu’il ne se livre définitivement sur la croix. Nous pouvons sentir les battements [de cœur] de son amour pour nous et son désir d’unité pour tous ceux qui croient en lui. Il nous dit qu’il est la vraie vigne et nous, les sarments ; et que, comme lui est uni au Père, de même nous devons être unis à lui, si nous voulons porter du fruit.

            Dans cette rencontre de prière, ici à Lund, nous voulons manifester notre désir commun de rester unis à lui pour avoir la vie. Nous lui demandons : ‘‘Seigneur, aide-nous par ta grâce à être plus unis à toi pour porter ensemble un témoignage plus efficace de foi, d’espérance et de charité’’. C’est également un moment pour remercier Dieu de l’effort de tant de nos frères, de différentes communautés ecclésiales, qui ne se sont pas résignés à la division, mais ont maintenu vivante l’espérance de la réconciliation de tous ceux qui croient dans l’unique Seigneur.

            Catholiques et Luthériens, nous avons commencé à marcher ensemble sur un chemin de réconciliation. À présent, dans le contexte de la commémoration commune de la Réforme de 1517, nous avons une opportunité nouvelle pour prendre un chemin commun, qui durant les cinq dernières années a progressivement pris forme dans le dialogue œcuménique entre la Fédération Luthérienne Mondiale et l’Église catholique. Nous ne pouvons pas nous résigner à la division et à l’éloignement que la séparation a provoquée entre nous. Nous avons l’occasion de réparer un moment crucial de notre histoire, en surmontant les controverses et lescapture-decran-2016-10-31-a-10-18-09 malentendus qui souvent nous ont empêchés de nous comprendre les uns les autres.

            Jésus nous dit que le Père est le vigneron (cf. v. 1), qu’il prend soin du sarment et le taille pour qu’il porte plus de fruit (cf. v. 2). Le Père se soucie constamment de notre relation avec Jésus, pour voir si nous sommes vraiment unis à lui (cf. v. 4). Il nous regarde, et son regard d’amour nous encourage à purifier notre passé et à travailler dans le présent pour faire de cet avenir d’unité que nous désirons une réalité.

            Nous aussi, nous devons regarder avec amour et honnêteté notre passé et reconnaître notre faute et demander pardon, Dieu seul est juge. On doit reconnaître avec la même honnêteté et le même amour que notre division s’éloignait de l’intuition originelle du peuple de Dieu, qui désire être uni, et que notre division a été historiquement perpétuée plus par des hommes de pouvoir de ce monde que par la volonté du peuple fidèle, qui toujours et en tout lieu a besoin d’être guidé avec assurance et tendresse par son Bon Pasteur. Toutefois, il y avait une volonté sincère des deux côtés de professer et de défendre la vraie foi, mais aussi nous sommes conscients que nous avons enfermé en nous-mêmes, par crainte et à cause de préjugés, la foi que les autres professent avec un accent et un langage différents. Le Pape Jean-Paul II disait : « Nous ne pouvons pas nous laisser guider par le désir de nous ériger en juges de l’histoire, mais uniquement par le désir de comprendre mieux les événements et de parvenir à être des porteurs de la vérité » (Message au Cardinal Johannes Willebrands, Président du Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens, 31 octobre 1983). Dieu est le vigneron, qui avec un amour immense prend soin de la vigne et la protège ; laissons-nous émouvoir par le regard de Dieu ; la seule chose qu’il souhaite, c’est que nous demeurions comme des sarments vivants unis à son Fils Jésus. Par ce nouveau regard sur le passé, nous ne prétendons pas réaliser une correction impossible de ce qui s’est passé mais « raconter cette histoire  d’une manière différente » (Commission Luthérienne-Catholique Romaine sur l’unité, Du conflit à la communion, 17 juin 2013, n. 16).

            Jésus nous rappelle : « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (v. 5). Il est celui qui nous soutient et nous encourage à chercher les moyens pour que l’unité soit une réalité toujours plus évidente. Sans doute, la séparation a été une source immense de souffrance et d’incompréhensions ; mais elle nous a également conduits à prendre sincèrement conscience que sans lui nous ne pouvons rien faire, en nous donnant la possibilité de mieux comprendre certains aspects de notre foi. Avec gratitude, nous reconnaissons que la Réforme a contribué à mettre davantage au centre la Sainte Écriture dans la vie de l’Église. À travers l’écoute commune de la parole de Dieu dans les Écritures, le dialogue entre l’Église catholique et la capture-decran-2016-10-31-a-10-15-59Fédération Luthérienne Mondiale, dont nous célébrons le 50ème anniversaire, a fait des progrès importants. Demandons au Seigneur que sa Parole nous maintienne unis, car elle est source d’aliment et de vie ; sans son inspiration nous ne pouvons rien faire.

            L’expérience spirituelle de Martin Luther nous interpelle et nous rappelle que  nous ne pouvons rien faire sans Dieu : ‘‘Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ?’’ C’est la question qui hantait constamment Luther. En effet, la question de la relation juste avec Dieu est la question décisive de la vie. Comme on le sait, Luther a trouvé ce Dieu miséricordieux dans la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ incarné, mort et ressuscité. Par le concept ‘‘uniquement par la grâce divine’’, on nous rappelle que c’est toujours Dieu qui prend l’initiative et qu’il précède toute réponse humaine, en même temps qu’il cherche à susciter cette réponse. La doctrine de la justification, par conséquent, exprime l’essence de l’existence humaine face à Dieu.

            Jésus intercède pour nous comme médiateur auprès du Père et il lui demande l’unité de ses disciples « pour que le monde croie » (Jn 17, 21). C’est ce qui nous réconforte et nous encourage à nous unir à Jésus pour lui demander avec insistance : ‘‘Donne-nous le don de l’unité pour que le monde croie dans le pouvoir de ta miséricorde’’. C’est le témoignage que le monde attend de nous. Nous les chrétiens, nous serons un témoignage crédible de la miséricorde dans la mesure où le pardon, la rénovation et la réconciliation sont une expérience quotidienne au milieu de nous. Ensemble, nous pouvons annoncer et manifester de manière concrète et avec joie la miséricorde de Dieu, en défendant et en servant la dignité de chaque personne. Sans ce service au monde et dans le monde, la foi chrétienne est incomplète.

            Luthériens et Catholiques, nous prions ensemble dans cette Cathédrale et nous sommes conscients qu’en dehors de Dieu nous ne pouvons rien faire ; nous demandons son aide pour être des membres vivants unis à lui, ayant toujours besoin de sa grâce pour pouvoir porter ensemble sa Parole au monde, qui a besoin de sa tendresse et de sa miséricorde.

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Voyage apostolique du pape François en Suède du 31 octobre au 1er novembre 2016

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Le pape François en Suède
31 octobre – 1er novembre 2016

Du lundi 31 octobre au mardi 1er novembre 2016 le pape François se rendra en Suède pour commémorer le 500ème anniversaire de la Réforme initiée par Martin Luther en 1517. C’est donc un voyage à caractère oecuménique que le Saint-Père entreprend dans ce pays de 9 millions d’habitants, dont 3% seulement sont catholiques. Au cours de cette visite de deux jours le Pape s’arrêtera dans les villes de Lund et de Malmo pour des rencontres oecuméniques, avant de célébrer la messe de la Toussaint avec la communauté catholique du pays. C’est la première fois que luthériens et catholiques célèbrent ensemble l’anniversaire de la Réforme.

Programme

Lundi 31 octobre
9h30 : prière oecuménique à la cathédrale luthérienne de Lund
11h30 : rencontre oecuménique au Malmo Arena

Mardi 1er novembre
9h00 : messe de la Toussaint au stade Sweban de Malmo

Vous trouverez notre programmation complète au lien suivant.

Homélie du pape François lors de la Messe à la Basilique de Guadalupe

Le pape François a célébré la Messe au Sanctuaire Notre-Dame de Guadalupe à Mexico. Voici son homélie à l’occasion de cette célébration dans la Basilique:

Homélie du Saint-Père

Messe dans la Basilique de Guadalupe

Samedi 13 février 2016

Nous avons entendu comment Marie a été à la rencontre de sa cousine Elisabeth. En hâte, sans hésiter, sans tarder, elle va assister sa parente dans les derniers mois de sa grossesse.

La rencontre avec l’ange ne retient pas Marie, car elle ne s’est pas sentie privilégiée, ni ne devait s’éloigner de la vie de ses proches. Au contraire, cette rencontre a ravivé et suscité une attitude qui fait et fera se souvenir toujours de Marie : la femme du oui, un oui du don d’elle-même à Dieu, et en en même temps, un oui du don à ses frères. C’est le oui qui l’a poussée à donner le meilleur en se mettant en route vers les autres.

Ecouter ce passage évangélique dans cette maison a une saveur spéciale. Marie, la femme du oui, a voulu également visiter les habitants de cette terre d’Amérique à travers la personne de l’indio saint Juan Diego. Tout comme elle a parcouru les routes de Judée et de Galilée, de la même manière, elle a sillonné le Tepeyac, revêtant ses costumes, utilisant sa langue, pour servir cette grande Nation. Tout comme elle a offert sa compagnie durant la grossesse d’Elisabeth, de même elle a accompagné et accompagne la gestation de cette terre mexicaine bénie. Tout comme elle s’est fait présente au petit Juan, de la même manière, elle continue d’être présente à nous tous ; surtout à ceux qui, comme lui, sentent « qu’ils ne valaient rien » (cf. Nican Mopohua, 55).  Ce choix particulier, disons préférentiel, n’a été contre personne mais en faveur de tous. Le petit indio Juan qui se désignait lui-même comme « mecapal, cacaxtle, queue, aile, entièrement dépendant d’autrui » (cf. Ibid, 55), devenait « l’ambassadeur, vraiment digne de confiance ».

Ce matin de décembre 1531, se produisait le premier miracle qui sera ensuite la mémoire vivante de tout ce que Sanctuaire protège. Ce matin-là, lors de cette rencontre, Dieu a éveillé l’espérance de son enfant Juan, l’espérance de son peuple. Ce matin, Dieu a réveillé et réveille l’espérance des petits, des souffrants, des déplacés et des marginalisés, de tous ceux qui sentent qu’ils n’ont pas une place digne sur cette terre. Ce matin, Dieu s’est approché et s’approche du cœur souffrant mais endurant de tant de mères, pères, grands-parents, qui ont vu leurs enfants partir, se perdre, voire être arrachés de manière criminelle.

Ce matin-là, le petit Juan expérimente dans sa propre vie ce qu’est l’espérance, ce qu’est la miséricorde de Dieu. Il est choisi pour superviser, soigner, protéger et encourager la construction de ce Sanctuaire. A plusieurs occasions, il a dit à la Vierge qu’il n’était pas la personne indiquée, qu’au contraire, si elle voulait mener à bien cette œuvre, elle devrait choisir d’autres personnes, puisqu’il n’était pas cultivé, instruit ou qu’il ne faisait pas partie de ceux qui pouvaient le faire. Marie, obstinée – de cette obstination qui naît du cœur miséricordieux du Père – lui dit non, qu’il sera, lui, son ambassadeur.

Ainsi, elle réussit à éveiller une chose qu’il ne savait pas exprimer, un vrai étendard d’amour et de justice : dans la construction de cet autre sanctuaire, celui de la vie, celui de nos communautés, de nos sociétés et de nos cultures, personne ne peut être marginalisé. Nous sommes tous nécessaires, surtout ceux qui normalement ne comptent pas parce qu’ils ne sont pas ‘‘à la hauteur des circonstances’’ ou n’ ‘‘apportent pas le capital nécessaire’’ à ces constructions. Le Sanctuaire de Dieu est la vie de ses enfants, de tous et dans toutes leurs conditions, surtout celle des jeunes sans avenir, exposés à d’interminables situations douloureuses, risquées, et celle des personnes âgées non reconnues, oubliées à tant d’endroits. Le Sanctuaire de Dieu, ce sont nos familles qui ont besoin du minimum nécessaire pour pouvoir se construire et grandir. Le Sanctuaire de Dieu, c’est le visage de tant de personnes qui croisent nos chemins…

En venant à  ce Sanctuaire, il peut nous arriver la même chose qu’à Juan Diego. Regarder la Mère avec nos douleurs, nos peurs, nos désespoirs, nos tristesses et lui dire :  ‘‘Que puis-je apporter si je ne suis pas instruit ?’’ Regardons la mère avec des yeux qui disent : les situations qui nous ôtent la force sont si nombreuse, qui font sentir qu’il n’y a pas de place pour l’espérance, pour le changement, pour la transformation.

Voilà pourquoi, un peu de silence peut nous faire du bien ; tout comme la regarder, elle, la regarder longuement et calmement, et lui dire comme l’a fait l’autre enfant qui l’aimait beaucoup : ‘‘te regarder simplement – Mère -, laisser ouvert uniquement le regard ; te regarder entièrement sans rien te dire, tout te dire, sans paroles et avec respect. Ne pas perturber le vent de ton visage ; uniquement bercer ma solitude violée, dans tes yeux de Mère amoureuses et dans ton nid de terre transparente.

Les heures s’évanouissent ; secoués, les hommes insensés mordent  les déchets de la vie et de la mort, bruyamment.

Te regarder, Mère ; rien que te contempler, le cœur muet dans ta tendresse, dans ton silence chaste de lys’’ (Hymne liturgique).

Et dans cette contemplation, l’écouter une fois de plus nous redire : ‘‘que se passe-t-il mon fils le plus petit ? qu’est-ce qui attriste ton cœur’’ (cf. Nican Mopohua, 107.118) ‘‘Ne suis-je pas ici moi, moi qui ai l’honneur d’être ta mère ?’’ (Ibid, 119).

Elle nous dit qu’elle a l’‘’honneur’’ d’être notre mère. Cela nous donne la certitude que les larmes de ceux qui souffrent ne sont pas stériles.  Elles sont une prière silencieuse qui monte vers le ciel et qui trouve toujours chez Marie une place sous son manteau. En elle et avec elle, Dieu se fait frère et compagnon de route, partage avec nous la croix pour que ne soyons pas écrasés par nos douleurs.

Ne suis-je moi, ta mère ? Ne suis-je pas présente ? Ne te laisse pas vaincre par tes douleurs, tes tristesses, nous dit-elle. Aujourd’hui, elle nous envoie de nouveau ; aujourd’hui, elle nous redit: sois mon ambassadeur, sois mon envoyé pour construire de nombreux et nouveaux sanctuaires, pour accompagner de nombreuses vies, pour essuyer de nombreuses larmes. Va simplement par les chemins du voisinage, de ta communauté, de ta paroisse comme mon ambassadeur ; bâtis des sanctuaires en partageant la joie de savoir que nous ne sommes pas seuls, qu’elle chemine avec nous. Sois mon ambassadeur, nous dit-elle, en donnant à manger à l’affamé, à boire à celui qui a soif, accueille celui qui est dans le besoin, habille celui qui est nu et visite le malade.  Va au secours du prisonnier, pardonne à celui qui t’a offensé, console celui qui est triste, sois patient avec les autres et surtout supplie et prie notre Dieu.

‘‘Ne suis-je pas ta mère ? Ne suis-je pas là ?’’, nous redit Marie. Va construire mon sanctuaire, aide-moi à bâtir la vie de mes enfants, tes frères.

Discours du pape François aux évêques du Mexique

Ce samedi 13 février, suite à sa rencontre avec le président, les autorités civiles et le corps diplomatique, le pape François s’est rendu à la cathédrale de Mexico pour rencontrer les évêques. Vous trouverez ci-dessous le discours qu’il leur a adressé:

Discours aux évêques

Cathédrale de Mexico, Mexique

Samedi 13 février 2016

Je suis heureux de pouvoir vous rencontrer le lendemain de mon arrivée dans ce pays bien-aimé, que, suivant les traces de mes Prédécesseurs, moi aussi, je viens visiter.

Je ne pouvais pas ne pas venir ! Le Successeur de Pierre, appelé du lointain sud latino-américain, pouvait-il se priver de l’opportunité de poser son regard sur la ‘‘Vierge Morenita’’ ?

Je vous remercie pour m’avoir accueilli dans cette Cathédrale, ‘‘petite maison’’ agrandie mais toujours ‘‘sacrée’’, qu’a demandée la Vierge de Guadalupe, et pour l’aimable mot de bienvenue que vous m’avez adressé.

Sachant qu’ici se trouve le cœur secret de chaque mexicain, j’entre sur la pointe des pieds comme il convient d’entrer dans la maison ainsi que dans l’âme de ce peuple, et je vous suis profondément reconnaissant de m’ouvrir la porte. Je sais qu’en contemplant les yeux de la Vierge, j’atteins le regard de votre peuple qui, en elle, a appris à se manifester. Je sais qu’aucune autre voix ne peut exprimer avec autant de profondeur le cœur mexicain comme la Vierge peut m’en parler ; elle protège ses plus hautes aspirations et ses espérances les plus cachées, elle recueille ses joies et ses larmes ; elle comprend ses nombreuses langues et leur répond avec la tendresse de Mère, parce que ce sont ses propres enfants.

Je suis heureux de vous rencontrer, ici dans les environs du ‘‘Mont du Tepeyac’’, comme à l’aube de l’évangélisation de ce Continent et, s’il vous plaît, je vous demande de me permettre d’exprimer tout ce que j’ai à vous dire en partant de la Guadalupan. Comme je voudrais que ce soit elle-même qui vous exprime, jusqu’au plus profond de vos âmes de Pasteurs et, par vous, à chacune de vos Eglises particulières présentes dans ce vaste Mexique, tout ce qui s’écoule intensément du cœur du Pape.

Comme le fit saint Juan Diego et comme le firent les générations successives des enfants de la Guadalupana, le Pape également, depuis longtemps cultivait le désir de la regarder. Mieux, je voulais, moi-même, être sous son regard maternel. J’ai beaucoup réfléchi sur le mystère de ce regard et je vous prie d’accueillir ce qui jaillit de mon cœur de Pasteur en ce moment.

Un regard de tendresse !

Avant tout, la ‘‘Vierge Morenita’’ nous enseigne que l’unique force capable de conquérir le cœur des hommes est la tendresse de Dieu. Ce qui enchante et attire, ce qui fait fléchir et vainc, ce qui  ouvre et déchaîne, ce n’est pas la force des instruments ou la dureté de la loi, mais la faiblesse toute-puissante de l’amour divin, qui est la force irrésistible de sa douceur et la promesse irréversible de sa miséricorde.

Un remuant et important homme de lettres, (Octavio Paz), a dit qu’à Guadalupe, on ne demande plus l’abondance des récoltes ou la fertilité de la terre, mais qu’on y cherche un sein à travers lequel les hommes, toujours orphelins et déshérités, sont à la recherche d’un abri, d’un foyer.

Des siècles après l’évènement fondateur de ce pays et de l’évangélisation du Continent, le besoin de sein qui fait languir le cœur du peuple qui vous a été confié s’est-il estompé, est-il oublié ?

Je connais la longue et douloureuse histoire que vous avez traversée, non sans répandre beaucoup de sang, non sans de fortes et déchirantes convulsions, non sans violence et incompréhensions. Avec raison, mon vénéré et saint Prédécesseur, qui, au Mexique, se sentait comme dans sa maison, a voulu rappeler que : «[son] histoire est traversée, comme des fleuves parfois occultes mais toujours abondants, par trois réalités qui se rencontrent à certains moments et qui à d’autres révèlent leur différences complémentaires, sans jamais se confondre entièrement: l’ancienne et riche sensibilité des peuples autochtones qui aimèrent Juan de Zumárraga et Vasco de Quiroga, que beaucoup de ces peuples continuent à appeler pères, le christianisme enraciné dans l’âme des Mexicains et la rationalité moderne, d’origine européenne, qui a tant de fois voulu exalter l’indépendance et la liberté» (Jean-Paul II, Discours lors de la cérémonie de bienvenue au Mexique, le 22 janvier 1999).

Et dans cette histoire, le sein maternel qui a continuellement engendré le Mexique, même si parfois il paraissait un ‘‘filet qui recueillait cent cinquante-trois poissons’’ (Jn 21, 11) ne s’est jamais révélé stérile, et les fractures menaçantes se sont toujours résorbées.

C’est pourquoi je vous invite à repartir de ce besoin de sein qui émane de l’âme de votre peuple. Le sein de la foi chrétienne est capable de réconcilier le passé souvent marqué de solitude, d’isolement et de marginalisation, avec l’avenir continuellement relégué à un lendemain qui s’esquive. Ce n’est que dans ce sein qu’on peut, sans renoncer à sa propre identité, «[découvrir] la profonde vérité de la nouvelle humanité, dans laquelle tous sont appelés à être fils de Dieu » (Id., Homélie à l’occasion de la canonisation de saint Juan Diego).

Inclinez-vous donc, délicatement et avec respect, sur l’âme profonde de votre peuple, descendez en faisant attention et déchiffrez son mystérieux visage. Le présent, fréquemment dissous dans la dispersion et la fête, n’introduit-il pas à Dieu qui est uniquement et pleinement présent ? La familiarité avec la douleur et la mort ne sont-elles pas des formes de courage et des chemins vers l’espérance ? Percevoir que le monde doit être toujours et seulement sauvé n’est-ce pas un antidote contre l’autosuffisance arrogante de ceux qui croient pouvoir se passer de Dieu ?

Bien entendu, en raison de tout cela, un regard capable de refléter la tendresse de Dieu est nécessaire. Soyez, par conséquent, des Evêques au regard limpide, à l’âme transparente, au visage lumineux. N’ayez pas peur de la transparence. L’Eglise n’a pas besoin de l’obscurité pour travailler. Veillez à ce que vos regards ne soient pas obscurcis par les pénombres du brouillard de la mondanité ; ne vous laissez pas corrompre par le matérialisme trivial ni par les illusions séductrices des accords [conclus] en dessous de la table ; ne mettez pas votre confiance dans les ‘‘chars et les chevaux’’ des pharaons actuels, car notre force est la ‘‘colonne de feu’’ qui divise les eaux de la mer en les fendant en deux, sans grand bruit (Ex 14, 24-25).

Le monde dans lequel le Seigneur nous appelle à accomplir notre mission est devenu très complexe. Et cela, bien que l’arrogante idée du ‘‘cogito’’, qui ne niait pas qu’il y ait au moins un roc sur le sable de l’être, soit aujourd’hui dominée par une conception de la vie, jugée par beaucoup, plus que jamais, vacillante, errante et affaiblie parce que sans substrat solide. Les frontières si fortement invoquées et soutenues sont devenues perméables à la nouveauté d’un monde dans lequel la force de certains ne peut plus se maintenir sans la vulnérabilité des autres. L’irréversible caractère hybride de la technologie rend proche ce qui était lointain, mais malheureusement, il éloigne ce qui devrait être proche.

Et précisément c’est dans ce monde que Dieu vous demande d’avoir un regard capable de saisir l’interrogation fusant du cœur de votre peuple, l’unique qui a dans son calendrier une ‘‘fête du cri’’. A ce cri, il faut répondre que Dieu existe et est proche à travers Jésus. Que seul Dieu est la réalité sur laquelle on peut construire, car « Dieu est la réalité fondatrice, non pas un Dieu seulement pensé ou hypothétique, mais bien un Dieu au visage humain » (Benoît XVI, Discours inaugural de la Vème Conférence générale du CELAM, 13 mai 2007).

Dans vos regards, le peuple mexicain a le droit de trouver les traits de ceux qui ‘‘ont vu le Seigneur’’(cf. Jn 20, 25), de ceux qui ont été avec Dieu. C’est l’essentiel. Ne perdez donc pas du temps et des énergies dans les choses secondaires, dans les commérages et les intrigues, dans les vains projets de carrière, dans les plans vides d’hégémonies, dans les clubs stériles d’intérêts ou de coteries. Ne vous laissez pas entraîner par les rumeurs et les médisances. Introduisez vos prêtres dans cette compréhension du ministère sacré. Nous autres, ministres de Dieu, la grâce de ‘‘boire le calice du Seigneur’’, le don de protéger la part de son héritage qui nous est confiée, nous suffit, même si nous sommes des administrateurs inexpérimentés.  Laissons le Père nous assigner la place qui nous a été préparée (Mt 20, 20-28). Pouvons-nous vraiment nous occuper d’affaires autres que celles du Père ? En dehors des ‘‘affaires du Père’’(Lc 2,48-49), nous perdons notre identité et, de manière coupable, nous rendons vaine sa grâce.

Si notre regard ne témoigne pas d’avoir vu Jésus, alors ses paroles dont nous faisons mémoire ne représenteraient que des figures rhétoriques vides. Peut-être exprimeraient-elles la nostalgie de ceux qui ne peuvent pas oublier le Seigneur, mais de toute façon, elles ne seraient que le balbutiement d’orphelins près du tombeau. Des mots en fin de compte incapables d’empêcher que le monde soit abandonné et réduit à sa propre puissance désespérée.

Je pense à la nécessité d’offrir un sein maternel aux jeunes. Que vos regards soient capables de croiser leurs regards, de les aimer et de saisir ce qu’ils cherchent avec ce courage avec lequel beaucoup, comme eux, ont quitté barques et filets sur l’autre rive de la mer (Mc 1, 17-18), ont abandonné des bancs d’extorsions en vue de suivre le Seigneur de la vraie richesse (Mt 9, 9).

Je suis particulièrement préoccupé par beaucoup d’entre eux, qui, séduits par la puissance du monde, exaltent les chimères et se revêtent de leurs macabres symboles pour commercialiser la mort en échange de trésor qu’en fin de compte les mites et la rouille dévorent, et qui incite les voleurs à percer les murs (cf. Mt 6, 20). Je vous demande de ne pas sous-évaluer le défi moral et anticivique que représente le narcotrafic pour la société mexicaine, y compris l’Eglise.

La proportion du phénomène, la complexité de ses causes, l’immensité de son extension comme une métastase qui dévore, la gravité de la violence qui désagrège, tout comme ses connexions néfastes, ne nous permettent pas à nous, Pasteurs de l’Eglise, de nous réfugier derrière des condamnations génériques. Mais tout cela exige un courage prophétique ainsi qu’un projet pastoral sérieux et de qualité, pour contribuer, progressivement, à resserrer ce délicat réseau humain, sans lequel tous, nous serions dès le départ vaincus par cette insidieuse menace. En commençant d’abord par les familles ; en nous approchant et en embrassant la périphérie humaine et existentielle des territoires dévastés de nos villes ; en impliquant les communautés paroissiales, les écoles, les institutions communautaires, les communautés politiques, les structures de sécurité ; c’est seulement ainsi qu’on pourra se libérer totalement des eaux dans lesquelles malheureusement se noient tant de vies, que ce soit celle de celui qui meurt comme victime, que ce soit celle de celui qui devant Dieu aura toujours du sang sur les mains, même s’il a les poches pleines d’argent sale et la conscience anesthésiée.

Un regard capable de tisser

Dans le manteau de l’âme mexicaine, Dieu a tissé, avec le fil des empreintes métisses de son peuple, le visage de sa manifestation dans la ‘‘Morenita’’. Dieu n’a pas besoin de couleurs ternes pour peindre son visage. Les desseins de Dieu ne sont pas conditionnés par les couleurs et par les fils, mais ils sont déterminés par l’irréversibilité de son amour qui veut avec persistance s’imprimer en nous.

Soyez, par conséquent, des Evêques capables d’imiter cette liberté de Dieu en choisissant ce qui est humble pour rendre visible la majesté de son visage et de faire vôtre cette patience divine en tissant, avec le fil fin de l’humanité que vous trouvez, cet homme nouveau que votre pays espère. Ne vous laissez pas guider par le vain désir de changer de peuple comme si l’amour de Dieu n’avait pas assez de force pour le changer.

Redécouvrez, en effet, la constance sage et humble avec laquelle les Pères de la foi de ce pays ont su introduire les générations successives dans la sémantique du mystère divin. D’abord, en apprenant, et ensuite, en enseignant la grammaire nécessaire pour dialoguer avec ce Dieu, caché durant les siècles de leur recherche et fait proche dans la personne de son Fils Jésus, qu’aujourd’hui tant de personnes reconnaissent dans la figure ensanglantée et humiliée, comme symbole de leur propre destin. Imitez sa condescendance et sa capacité de s’abaisser. Nous ne comprendrons jamais assez le fait qu’avec les fils métis de notre peuple Dieu a tissé le visage par lequel il se fait connaître ! Jamais, nous ne serons assez reconnaissants.

Je vous demande un regard d’une délicatesse singulière pour les peuples indigènes et pour leurs fascinantes cultures souvent occultées. Le Mexique a besoin de leurs racines amérindiennes pour ne pas être réduit à une énigme irrésolue. Les indigènes du Mexique attendent encore qu’on reconnaisse effectivement la richesse de leur contribution et la fécondité de leur présence pour assumer cette identité qui fait de vous une Nation unique et non seulement une parmi d’autres.

On a souvent évoqué le présumé destin inachevé de cette Nation, le ‘‘labyrinthe de la solitude’’ dans lequel elle serait emprisonnée, la géographie comme destin qui la piège. Pour certains, tout cela serait un obstacle au projet d’un visage unitaire, d’une identité adulte, d’une position singulière dans le concert des nations et d’une mission partagée.

Pour d’autres, l’Eglise au Mexique serait également condamnée à choisir entre subir l’infériorité à laquelle elle a été reléguée dans certaines périodes de son histoire, comme lorsque sa voix a été étouffée et qu’on a cherché à limiter sa présence, ou à s’aventurer dans les fondamentalismes pour réacquérir des certitudes provisoires en oubliant d’enraciner dans son cœur la soif de l’Absolu et le fait qu’elle est appelée dans le Christ à réunir tous et non seulement une partie (cf. Lumen gentium, 1, 1).

Ne vous lassez pas en revanche de rappeler à votre peuple combien sont puissantes les racines anciennes qui ont permis la vivante synthèse chrétienne de communion humaine, culturelle et spirituelle qui a été forgée ici. Souvenez-vous que les ailes de votre peuple se sont déjà déployées plusieurs fois au-dessus de nombreuses vicissitudes. Préservez la mémoire du long chemin parcouru jusqu’à présent et sachez susciter l’espérance de nouveaux objectifs, car demain sera une terre ‘‘riche de fruits’’ même s’il nous confronte à des défis non négligeables (Nm 13, 27-28).

Que vos regards, posés toujours et uniquement sur le Christ, soient capables de contribuer à l’unité de votre peuple ; de favoriser la réconciliation de ses différences et l’intégration de ses diversités ; de promouvoir la solution de ses problèmes endogènes ; de rappeler le haut niveau que le Mexique peut atteindre s’il apprend à s’appartenir avant d’appartenir à d’autres ; d’aider à trouver des solutions partagées et durables à ses misères ; de motiver la Nation tout entière à ne pas se contenter de moins que ce qu’elle espère de la façon mexicaine d’habiter le monde.

Un regard attentif et proche, pas endormi

Je vous prie de ne pas tomber dans la paralysie de donner de vieilles réponses aux questions nouvelles. Votre passé est une source de richesses à creuser qui peut inspirer le présent et illuminer l’avenir. Malheur à vous, si vous vous endormez sur vos lauriers ! Il ne faut pas mépriser l’héritage reçu, sauvegardez-le par un travail constant. Vous êtes assis sur les épaules de géants : évêques, prêtres, religieux, religieuses et les laïcs, fidèles ‘‘jusqu’au bout’’,  qui ont offert la vie pour que l’Eglise puisse accomplir sa propre mission. Du haut de ce podium, vous êtes appelés à lancer un large regard sur le champ du Seigneur pour planifier la semence et attendre la récolte.

Je vous invite à vous fatiguer sans peur dans la mission d’évangéliser et d’approfondir la foi à travers une catéchèse mystagogique qui sache faire trésor de la religiosité populaire de vos gens. Notre temps demande une attention pastorale aux personnes et aux groupes, qui  espèrent pouvoir aller à la rencontre du Christ vivant. Seule une courageuse conversion pastorale de nos communautés peut retrouver, générer et nourrir les disciples actuels de Jésus (Document d’Aparecida, 226, 368, 370).

Par conséquent, nous autres pasteurs, il nous faut surmonter la tentation de la distance et du cléricalisme, de la froideur et de l’indifférence, du triomphalisme et de l’autoréférentialité. Guadalupe nous enseigne que Dieu a un visage familier, que la proximité et la bienveillance peuvent plus que la force.

Comme l’enseigne la belle tradition  de Guadalupe, la ‘‘Morenita’’ protège les regards de ceux qui la contemplent, reflète le visage de ceux qui la rencontrent. Il faut apprendre qu’il y a une chose d’unique dans chacun de ceux qui, à la recherche de Dieu, nous regardent. Il nous revient de ne pas nous rendre imperméables à ces regards, de garder en nous chacun d’eux, de les conserver dans le cœur, de les sauvegarder.  

Seule une Eglise qui sait garder le visage des hommes qui vont frapper à sa porte est capable de leur parler de Dieu. Si nous ne déchiffrons pas leurs souffrances, si nous ne nous rendons pas compte de leurs besoins, nous ne pourrons rien leur offrir. La richesse que nous avons ne coule que lorsque nous rencontrons la petitesse de ceux qui mendient et, précisément, cette rencontre se réalise dans notre cœur de Pasteurs.

Le premier visage que je vous supplie de protéger dans votre cœur est celui de vos prêtres. Ne les laissez pas exposés à la solitude et à l’abandon, en proie à la mondanité qui dévore le cœur. Soyez attentifs et apprenez à lire [dans] leurs regards pour vous réjouir avec eux lorsqu’ils sentent la joie de raconter ce qu’ils « ont fait et enseigné » (Mc 6, 30), et également pour ne pas reculer lorsqu’ils se sentent un peu abattus et ne peuvent que pleurer parce qu’ils « ont renié le Seigneur » (Lc 22, 61-62), et aussi pour les soutenir, en communion avec le Christ, quand l’un ou l’autre, sortira avec Judas « dans la nuit » (Jn 13, 30). Que jamais, dans ces situations, ne manque votre paternité, en tant qu’Evêques, à vos prêtres. Encouragez la communion entre eux ; promouvez leurs dons ; intégrez-les dans les grandes causes, car le cœur de l’apôtre n’a pas été fait pour des choses petites.

Le besoin de familiarité habite dans le cœur de Dieu. Notre Dame de Guadalupe ne demande, en effet, qu’une « petite maison sacrée ». Nos peuples latino-américains comprennent bien le langage diminutif et très volontiers l’utilisent. Peut-être ont-ils besoin de diminutif parce qu’autrement ils se sentiraient perdus. Ils se sont adaptés au fait de se sentir diminués et sont habitués à vivre dans la modestie.

L’Eglise, lorsqu’elle se réunit dans une majestueuse Cathédrale, ne pourra s’empêcher de se comprendre comme un ‘‘petite maison’’ dans laquelle ses enfants peuvent  se sentir à l’aise. On se maintient devant Dieu seulement si on est petit, si on se sent orphelin, si on est mendiant.

‘‘Petite maison’’ familiale et en même temps ‘‘sacrée’’, car la proximité est remplie de la grandeur toute-puissante. Nous sommes les gardiens de ce mystère ! Peut-être avons-nous perdu ce sens de l’humble mesure divine et nous sommes fatigués d’offrir aux nôtres la ‘‘petite maison’’ dans laquelle ils se sentiront en intimité avec Dieu. Il se peut également qu’ayant découvert un peu le sens de sa grandeur, on ait perdu une partie de la crainte révérencielle envers cet amour. L’homme ne peut accéder à l’endroit où Dieu habite, sans y être admis et il n’y entre qu’en ôtant ses sandales (cf. Ex 3, 5) pour confesser sa propre insuffisance.

Ce fait d’avoir oublié d’‘‘ôter les sandales’’ pour entrer, n’est-il vraisemblablement pas à la racine de la perte du sens de la sacralité de la vie humaine, de la personne, des valeurs essentielles, de la sagesse accumulée au long des siècles, du respect de la nature ? Sans récupérer, dans la conscience des hommes et de la société, ces racines profondes, il manquera, même au travail généreux en faveur des droits humains légitimes, la sève vitale qui peut provenir uniquement d’une source que l’humanité ne pourra jamais se donner elle-même.

Un regard d’ensemble et d’unité

Rien qu’en regardant la ‘‘Morenita’’, on saisit entièrement le Mexique. Par conséquent, je vous invite à comprendre que la mission que l’Eglise vous confie demande ce regard qui embrasse la totalité. Et cela ne peut se réaliser de manière isolée, mais seulement en communion.

La Gudalupana  est ceinte d’une cordon qui annonce sa fécondité. C’est la Vierge qui a déjà dans son sein le Fils attendu par les hommes. C’est la Mère qui a déjà conçu l’humanité du nouveau monde naissant. C’est l’Epouse qui préfigure la maternité féconde de l’Eglise du Christ. Vous avez la mission de ceindre l’entière Nation mexicaine de la fécondité de Dieu. Aucune partie de ce cordon ne peut être méprisée.

L’épiscopat mexicain a accompli de remarquables progrès en ces années conciliaires ; ses membres ont augmenté ; la formation continue et qualifiée a été promue ; le climat fraternel n’a pas manqué ; l’esprit de collégialité a crû ; les interventions pastorales ont eu un impact sur vos Eglises et sur la conscience nationale ; les travaux pastoraux  partagés ont été fructueux dans les domaines essentiels de la mission ecclésiale tels que la famille, les vocations, la présence sociale.

Tandis que nous nous réjouissons du parcours de ces années, je vous demande de ne pas vous laisser décourager par les difficultés et de ne ménager aucun effort possible pour promouvoir, entre vous et dans vos diocèse, le zèle missionnaire, surtout en direction des régions qui ont le plus besoin de l’unique corps de l’Eglise mexicaine. Redécouvrir que l’Eglise est mission est fondamental pour son avenir, car seul ‘‘l’enthousiasme, l’émerveillement convaincu’’ des évangélisateurs a la force pour entraîner. Je vous demande, par conséquent, de prendre spécialement soin de la formation et de la préparation des laïcs, en surmontant toute forme de cléricalisme et en les impliquant activement dans la mission de l’Eglise, surtout dans la tâche de rendre présent, par le témoignage de leur propre vie, l’évangile du Christ dans le monde.  

Un témoignage unificateur de la synthèse chrétienne et une vision partagée de l’identité ainsi que du destin de vos gens aideraient beaucoup ce peuple mexicain. Dans ce sens, il serait très important que l’Université Pontificale du Mexique soit toujours davantage au cœur des efforts de l’Eglise pour assurer ce regard d’universalité sans laquelle la raison, réduite à des unités partielles, renonce à sa plus haute aspiration de recherche de la vérité.

La mission est vaste et la faire progresser exige de multiples voies. Et avec la plus vive insistance, je vous exhorte à conserver la communion et l’unité entre vous. La communion est la forme vitale de l’Eglise et l’unité de ses pasteurs donne la preuve de sa véracité. Le Mexique ainsi que sa vaste et multiforme Eglise ont besoin d’Evêques serviteurs et gardiens de l’unité fondée sur la Parole du Seigneur, alimentée par son Corps et guidée par son Esprit qui est le souffle vital de l’Eglise.

Les ‘‘principes’’ ne sont pas nécessaires, mais une communauté de témoins du Seigneur l’est. Le Christ est l’unique lumière ; il est la source d’eau vive ; de son souffle émane l’Esprit qui déploie les voiles de la barque ecclésiale. Dans le Christ glorifié, que les gens de ce peuple aiment honorer comme Roi, allumez ensemble la lumière, soyez comblés de sa présence qui ne s’épuise pas ; respirez à pleins poumons l’air de son Esprit. Il vous revient de semer le Christ dans cette terre, de maintenir allumée son humble lumière qui éclaire sans aveugler, d’assurer que la soif du peuple soit étanchée par ses eaux ; d’étendre les voiles pour que le souffle de l’Esprit les déploie et que la barque de l’Eglise au Mexique ne fasse pas naufrage.

Souvenez-vous-en, l’Epouse sait bien que le Pasteur bien-aimé (Ct 1, 7) ne se trouvera que là où le pâturage est vert et où les cours d’eau sont cristallins. L’Epouse ne fait pas confiance aux compagnons de l’Epouse qui, parfois soit par négligence soit par incapacité conduisent le troupeau par des endroits arides et rocheux. Malheur à nous pasteurs, compagnons du Pasteur Suprême, si nous laissons son Epouse errer parce que l’Epoux ne se trouve pas dans la tente que nous avons construite !

Permettez-moi un dernier mot pour exprimer l’appréciation du Pape pour tout ce que vous faites afin d’affronter le défi de notre époque représentée par les migrations. Ce sont des millions d’enfants de l’Eglise qui vivent aujourd’hui dans la diaspora ou en transit, se déplaçant vers le Nord à la recherche de nouvelles opportunités. Beaucoup d’entre eux laissent derrière eux leurs propres racines pour aller à l’aventure, même dans la clandestinité qui implique tout genre de risques, en quête du ‘‘feu vert’’ qu’ils considèrent comme leur espérance. Tant de familles sont divisées ; et l’intégration dans la supposée ‘‘terre promise’’ n’est pas toujours aussi facile qu’on le croit.

Chers frères, que vos cœurs soient capables de les suivre et de les rejoindre au-delà des frontières. Renforcez la communion avec vos frères de l’épiscopat des Etats-Unis d’Amérique pour que la présence maternelle de l’Eglise maintienne vivantes les racines de leur foi, les raisons de leurs espérances et la force de leur charité.  Leurs harpes pendues, que leurs joies ne se taisent pas, qu’ils n’oublient pas Jérusalem et ne deviennent pas des ‘‘exilés hors d’eux-mêmes’’ (Ps 136). Qu’ils témoignent ensemble que l’Eglise est gardienne d’une vision unitaire de l’homme et ne peut accepter qu’il soit réduit à une pure ‘‘ressource’’ humaine.

L’empressement de vos diocèse à passer un peu de baume sur les pieds meurtris de ceux qui traversent vos territoires et à dépenser pour eux l’argent difficilement recueilli ne sera pas vain ; le Samaritain divin, en fin de compte, enrichira celui qui n’est pas passé, indifférent, devant lui lorsqu’il gisait au sol sur le chemin (Lc 10, 25-37).

Chers frères, le pape est sûr que le Mexique et son Eglise arriveront à temps au rendez-vous avec eux-mêmes, avec l’histoire, avec Dieu. Peut-être une pierre en chemin retardera-t-elle la marche, et la fatigue du voyage exigera-t-elle un arrêt, mais ce ne sera jamais suffisant pour faire manquer le but. Car, peut-il arriver tard celui qui a une mère qui l’attend ? Celui qui peut sentir sans cesse résonner dans son propre cœur ‘‘ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère’’ ?

Discours du pape François aux autorités civiles du Mexique

Ce samedi 13 février, le pape François a rencontré les autorités civiles et le corps diplomatique au Palais national à Mexico. Voici le discours qu’il a prononcé:

Monsieur le Président,

Membres du Gouvernement de la République,

Distinguées autorités,

Représentants de la société civile,

Mes frères dans l’Episcopat,

Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie, Monsieur le Président pour les paroles de bienvenue que vous m’avez adressées. C’est un motif de joie de pouvoir fouler cette terre mexicaine qui occupe une place spéciale dans le cœur des Américains. Aujourd’hui, je viens comme missionnaire de miséricorde et de paix mais également comme un fils qui veut rendre hommage à sa mère, la Vierge de Guadalupe, et se laisser regarder par elle.

En cherchant à être un bon fils, en suivant les traces de la Mère, je veux, en même temps, rendre hommage à ce peuple et à cette terre si riche de cultures,  d’histoire et de diversité. A travers votre personne, Monsieur le Président, je voudrais saluer et embrasser le peuple mexicain dans ses multiples expressions et dans les situations les plus variées  qu’il vit. Merci de me recevoir aujourd’hui sur cette terre.

Le Mexique est un grand pays, doté d’abondantes ressources naturelles et d’une énorme biodiversité qui s’étend sur tout son vaste territoire. Sa position géographique privilégiée en fait un point de référence pour l’Amérique ; et ses cultures indigènes, métisses et créoles lui confèrent une identité propre qui lui offre une richesse culturelle qu’il n’est pas toujours facile de trouver et surtout de valoriser. La sagesse ancestrale liée à sa multi-culturalité est, de loin, l’une de ses meilleures ressources identitaires. Cette identité, qu’elle a appris progressivement à gérer dans la diversité, constitue sans doute un riche patrimoine à mettre en valeur, à promouvoir et à préserver.

Je pense et j’ose dire que la principale richesse du Mexique aujourd’hui a un visage jeune ; oui, ce sont ses jeunes. Un peu plus de la moitié de la population est jeune. Cela permet de penser et de préparer l’avenir, le lendemain. Cela offre espérance et perspective. Un peuple jeune est un peuple capable de se rénover, de se transformer ; c’est une invitation à élever le regard avec espoir vers l’avenir et – en même temps – cela nous interpelle positivement dans le présent. Cette réalité nous conduit inévitablement à réfléchir sur notre propre responsabilité dans la construction du Mexique que nous appelons de tous nos vœux, le Mexique que nous voulons léguer aux futures générations. Cela nous conduit à nous rendre compte également qu’un avenir d’espérance se forge dans la vie présente d’hommes et de femmes justes, honnêtes, capables de s’engager pour le bien commun, ce ‘‘bien commun’’ qui, en ce XXIème siècle, n’est pas très prisé. L’expérience nous montre que chaque fois que nous cherchons la voie du privilège ou du bénéfice de quelques-uns au détriment du bien de tous, tôt ou tard, la vie en société devient un terrain fertile pour la corruption, le narcotrafic, l’exclusion des cultures différentes, la violence, y compris pour le trafic de personnes, la séquestration et la mort, causant la souffrance et freinant le développement.

Le peuple mexicain met son espérance dans l’identité qui s’est forgée dans de durs et difficiles moments de son histoire par de remarquables témoignages de citoyens qui ont compris que, pour pouvoir surmonter les situations nées de la fermeture de l’individualisme, était nécessaire l’accord des Institutions politiques, sociales et économiques, ainsi que celui de tous les hommes et femmes engagés dans la recherche du bien commun et dans la promotion de la dignité de la personne.  

Une culture ancestrale et un capital humain prometteur, comme les vôtres, doivent être la source d’inspiration pour que nous trouvions de nouvelles formes de dialogue, de négociation, de ponts capables de nous guider sur la voie de l’engagement solidaire. Un engagement dans lequel tous, en commençant par nous qui nous appelons chrétiens, nous devons nous consacrer à la construction d’«une politique vraiment humaine » (Gaudium et spes, n. 73) et d’une société dans laquelle personne ne doit se sentir victime de la culture de rejet.

Il revient, de façon spéciale, aux dirigeants de la vie sociale, culturelle et politique, de travailler pour offrir à tous les citoyens l’opportunité d’être de dignes acteurs de leur propre destin, dans leur famille et dans tous les domaines où se développe la société humaine, en leur facilitant un accès réel aux biens matériels et spirituels indispensables : logement décent, travail digne, nourriture, justice réelle, sécurité effective, un environnement sain et de paix.

Il ne s’agit pas seulement d’une affaire de lois qui exigent des mises à jour et des amendements – toujours nécessaires –, mais d’une formation urgente à la responsabilité personnelle de chacun dans le plein respect de l’autre en tant que coresponsable de la cause commune de promotion du développement national. C’est une tâche qui implique tout le peuple mexicain dans les diverses instances aussi bien publiques que privées, autant collectives qu’individuelles.

Je vous assure, Monsieur le Président, que dans cet effort, le Gouvernement mexicain peut compter sur la collaboration de l’Eglise catholique, qui a accompagné la vie de cette Nation et qui renouvelle son engagement ainsi que sa volonté de servir la grande cause de l’homme : l’édification de la civilisation de l’amour.

Je me prépare à parcourir ce beau et grand pays en qualité de missionnaire et de pèlerin qui veut revivre avec vous l’expérience de la miséricorde comme un nouvel horizon de possibilité qui est inévitablement porteur de justice et de paix.

Et je me place sous le regard de Marie la Vierge de Guadalupe afin que, par son intercession, le Père miséricordieux fasse que ces journées et l’avenir de cette terre soient une opportunité de rencontre, de communion et de paix.

Merci beaucoup !

Discours du Pape à la Maison de la Charité

Le samedi 28 novembre, le pape François a rendu visite à la Maison de la Charité pour les personnes âgées et atteintes d’un handicap à Kampala en Ouganda. Voici le discours qu’il a prononcé:

 

Discours de Sa Sainteté le Pape François

Visite à la Maison de la Charité

Kampala, Nalukolongo

Samedi 28 novembre 2015

Chers amis,

Je vous remercie de votre accueil chaleureux. J’ai beaucoup désiré visiter cette Maison de la Charité, que le Cardinal Nsubuga a fondée ici à Nalukolongo. Ce lieu a toujours été lié à l’engagement de l’Église envers les pauvres, les handicapés et les malades. Ici, dans les premiers temps, des enfants ont été rachetés de l’esclavage et des femmes ont reçu une éducation religieuse. Je salue les Sœurs du Bon Samaritain, qui poursuivent cette œuvre excellente et je les remercie pour leurs années de service silencieux et joyeux dans l’apostolat.

Je salue aussi les représentants de nombreux autres groupes d’apostolat qui prennent soin des besoins de nos frères et de nos sœurs en Ouganda. Je pense en particulier au grand et fructueux travail  réalisé avec les malades du SIDA. Surtout, je salue ceux qui habitent dans cette Maison et dans d’autres semblables, et tous ceux qui bénéficient des œuvres de la charité chrétienne. Parce que cette maison est vraiment une maison ! Ici vous pouvez trouver affection et attention ; ici vous pouvez sentir la présence de Jésus notre frère, qui aime chacun de nous avec l’amour qui est le propre de Dieu.

Aujourd’hui, de cette Maison, je voudrais adresser un appel à toutes les paroisses et communautés présentes en Ouganda – et dans le reste de l’Afrique – à ne pas oublier les pauvres. L’Évangile nous impose de sortir vers les périphéries de la société et de trouver le Christ dans celui qui souffre et dans celui qui se trouve dans le besoin. Le Seigneur nous dit, avec des paroles qui sont sans équivoques, qu’il nous jugera sur cela ! Il est triste que nos sociétés permettent que les personnes âgées soient rejetées ou oubliées ! Il est déplorable que les jeunes soient exploités par l’esclavage actuel du trafic d’êtres humains ! Si nous regardons attentivement le monde qui nous entoure il semble qu’en de nombreux endroits l’égoïsme et l’indifférence se répandent. Combien de nos frères et sœurs sont victimes de la culture actuelle de l’ « utilise et jette », que génère le mépris surtout vis-à-vis des enfants qui ne sont pas encore nés, des jeunes et des personnes âgées !

En tant que chrétiens, nous ne pouvons pas simplement rester à regarder. Quelque chose doit changer ! Nos familles doivent devenir des signes encore plus évidents de l’amour patient et miséricordieux de Dieu, non seulement pour nos enfants et nos personnes âgées, mais aussi pour tous ceux qui se trouvent dans le besoin. Nos paroisses ne doivent pas fermer les portes et les oreilles au cri des pauvres. Il s’agit de la voie maitresse du disciple chrétien. C’est de cette manière que nous rendons témoignage au Seigneur, qui est venu non pour être servi mais pour servir. Nous montrons ainsi que les personnes comptent plus que les choses et que ce que nous sommes est plus important que ce que nous possédons. En effet, précisément en ceux que nous servons, le Christ se révèle lui-même chaque jour et prépare l’accueil que nous espérons recevoir un jour dans son Royaume éternel.

Chers amis, à travers des gestes simples, à travers des actes simples et dévoués qui honorent le Christ dans ses frères et sœurs les plus petits, nous faisons entrer la force de son amour dans le monde et nous le changeons réellement. Encore une fois je vous remercie pour votre générosité et pour votre charité. Je me souviendrai de vous dans mes prières et je vous demande, s’il vous plait de prier pour moi. Je vous confie tous à la tendre protection de Marie notre Mère et je vous donne ma Bénédiction.

Omukama Abakuume !  [Que Dieu vous protège]

Pape au Kenya: Discours lors de la rencontre avec les autorités et le corps diplomatique

PopeKenya1

En ce mercredi 25 novembre 2015, le pape François est arrivé au Kenya pour la première étape de son voyage apostolique sur le continent africain. Il fut accueilli à l’aéroport international « Jomo Kenyatta’ de Nairobi à partir duquel il s’est rendu à la maison d’État de Nairobi pour une cérémonie officielle. Vous trouverez ci-dessous le texte complet du pape François prononcé pour l’occasion:

Monsieur le Président,
Honorables membres du Gouvernement et dirigeants civils,
Distingués membres du Corps Diplomatique
Mes frères Evêques,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très reconnaissant pour votre accueil chaleureux à l’occasion de cette visite, ma première en Afrique. Je vous remercie, Monsieur le Président, pour votre aimable adresse au nom du peuple kényan et je me réjouis de mon séjour au milieu de vous. Le Kenya est une nation jeune et vigoureuse, une société d’une riche diversité qui joue un rôle important dans la région. De plusieurs manières, votre expérience de forger une démocratie est partagée par beaucoup d’autres nations africaines. Comme le Kenya, elles travaillent aussi à bâtir, sur de solides fondations de respect mutuel, de dialogue et de coopération, une société multiethnique vraiment harmonieuse, juste et inclusive.

Votre nation est également une nation de jeunes. Durant ces jours, je désire ardemment rencontrer beaucoup d’entre eux, parler avec eux et encourager leurs espérances ainsi que leurs aspirations pour l’avenir. Les jeunes sont les ressources les plus précieuses de toute nation. Les protéger, investir en eux et leur tendre une main secourable, sont la meilleure façon dont nous pouvons assurer un avenir digne de la sagesse et des valeurs spirituelles chères à leurs aînés, valeurs qui sont le cœur et l’âme d’un peuple.

Le Kenya a été béni non seulement par son immense beauté, par ses montagnes, ses rivières et ses lacs, ses forêts, ses savanes et semi-déserts, mais aussi par des ressources naturelles abondantes. Les Kenyans apprécient à leur juste valeur ces trésors de Dieu et sont connus pour une culture de sauvegarde qui vous honorent. La grave crise environnementale qui menace notre monde demande une sensibilité toujours croissante à la relation entre les êtres humains et la nature. Nous avons la responsabilité de transmettre la beauté de la nature dans son intégralité aux futures générations, et l’obligation de bien administrer les dons que nous avons reçus. Ces valeurs sont profondément enracinées dans l’âme africaine. Dans un monde qui continue d’exploiter plutôt que de protéger notre maison commune, elles doivent inspirer les efforts des dirigeants nationaux à promouvoir des modèles responsables de développement économique.

En effet, il y a un lien évident entre la protection de la nature et la construction d’un ordre social juste et équitable. Il ne peut y avoir aucun renouvellement de notre relation avec la nature sans un renouvellement de l’humanité elle-même (cf. Laudato Si’, n. 118). Dans la mesure où nos sociétés connaissent des divisions, qu’elles soient ethniques, religieuses ou économiques, tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté sont appelés à travailler pour la réconciliation et la paix, le pardon et l’apaisement. Dans l’œuvre de construction d’un ordre démocratique solide, par le renforcement de la cohésion et de l’intégration, de la tolérance et du respect des autres, la poursuite du bien commun doit être le premier objectif. L’expérience montre que la violence, le conflit et le terrorisme se nourrissent de la peur, de la méfiance ainsi que du désespoir provenant de la pauvreté et de la frustration. Enfin, la lutte contre ces ennemis de la paix et de la prospérité doit être menée par des hommes et des femmes qui croient fermement et rendent un témoignage sincère aux grandes valeurs spirituelles et politiques qui ont inspiré la naissance de la nation.

Mesdames et Messieurs, la promotion et la préservation de ces grandes valeurs sont confiées de manière spéciale à vous, les dirigeants de la vie politique, culturelle et économique de votre pays. C’est une grande responsabilité, un vrai appel au service du peuple kenyan tout entier. L’Evangile nous dit qu’à ceux à qui il a été beaucoup donné, il sera beaucoup demandé (cf. Lc 12, 48). Dans cet esprit, je vous encourage à travailler avec intégrité et transparence pour le bien commun, et à promouvoir l’esprit de solidarité à chaque niveau de la société. Je vous demande en particulier de montrer un vrai souci des besoins des pauvres, des aspirations des jeunes ainsi que d’une juste distribution des ressources naturelles et humaines dont le Créateur a doté votre pays. Je vous assure des efforts inlassables de la communauté catholique, par ses œuvres éducatives et caritatives, pour offrir sa contribution spécifique dans ces domaines.

Chers amis, on m’a dit qu’ici au Kenya, c’est une tradition pour les jeunes écoliers de planter des arbres pour la postérité. Puissent ce signe éloquent d’espérance dans l’avenir et la confiance dans la croissance que Dieu donne, vous soutenir tous dans vos efforts pour cultiver une société de solidarité, de justice et de paix sur la terre de ce pays et partout dans ce grand Continent africain. Je vous remercie une fois encore pour votre accueil chaleureux et sur vous ainsi que sur vos familles, et sur tout le cher peuple kenyan, j’invoque d’abondantes bénédictions du Seigneur.

Mungu abariki Kenya !
Que Dieu bénisse le Kenya !

Voyage apostolique du pape François en Amérique latine

Le 5 juillet, le pape François a entrepris son 9e voyage à l’extérieur de l’Italie. C’est aussi la deuxième fois, depuis son élection, qu’il met le pied sur le sol sud-américain. Cette visite l’amène en Équateur, en Bolivie et au Paraguay. Sel + Lumière vous offre une couverture complète des événements principaux. Veuillez trouver ci-dessous l’horaire de diffusion :

Pape François en Équateur: Messe au Parc de los Samanes à Guayaquil

Lundi 6 juillet 2015 à 20 h HE / 17 h HP

Pape François en Équateur: Messe du Pape au Parc du Bicentenaire à Quito

Mardi 7 juillet 2015 à 16 h HE / 13 h HP

Pape François en Équateur : Rencontre avec le monde de l’école et de l’université

Mercredi 8 juillet 2015 à 7 h30 HE / 4 h30 HP

Pape François en Équateur: Rencontre avec le clergé et les religieux équatoriens

Mercredi 8 juillet 2015 à 16 h HE / 13 HP

Pape François en Bolivie: Messe sur la place du Christ-Rédempteur de Santa Cruz

Jeudi 9 juillet 2015 à 15 h HE / 12 h HP

Pape François en Bolivie: Rencontre avec les Mouvements Populaires à Santa Cruz

Vendredi 10 juillet 2015 à 7 h30 HE / 4 h30 HP

Pape François au Paraguay: Messe sur le parvis du sanctuaire marial de Caacupé

Samedi 11 juillet 2015 à 15 h30 HE / 12 h30 HP

Pape François au Paraguay: Vêpres en la cathédrale d’Asuncion 

Dimanche 12 juillet 2015 à 7 h30 HE / 4 h30 HP

Pape François au Paraguay: Messe et angélus au parc Nu Guazu

Dimanche 12 juillet 2015 à 15 h HE / 12 h HP

Pape François au Paraguay: Rencontre avec les jeunes

Lundi 13 juillet 2015 à 7 h30 HE / 4 h30 HP

Rencontre avec les réfugiés et les jeunes handicapés

address2Autorités, Excellences,
Chers frères et sœurs,

J’ai beaucoup souhaité vous rencontrer au cours de mon pèlerinage, vous qui, à cause de conflits sanglants, avez dû laisser vos maisons et votre patrie et avez trouvé refuge en cette terre hospitalière de Jordanie ; et en même temps, j’ai voulu vous rencontrer, chers jeunes qui faites l’expérience de poids de quelque limite physique.

Le lieu dans lequel nous nous trouvons nous rappelle le baptême de Jésus. En venant ici au Jourdain se faire baptiser par Jean, Jésus montre son humilité et partage notre condition humaine : il s’abaisse jusqu’à nous et, par son amour, il nous rend la dignité et nous donne le salut. Cette humilité de Jésus, le fait qu’il se penche sur les blessures humaines pour les guérir, nous touche toujours. Et à notre tour nous sommes profondément touchés par les drames et les blessures de notre temps, spécialement par celles provoquées par les conflits encore ouverts au Moyen Orient. Je pense en premier lieu à la Syrie, déchirée par une lutte fratricide qui dure depuis désormais trois ans, et qui déjà fait d’innombrables victimes, obligeant des millions de personnes à se faire réfugiées et exilées en d’autres pays.

Je remercie les autorités et le peuple jordanien pour l’accueil généreux d’un nombre très élevé de réfugiés provenant de la Syrie et de l’Irak, et j’étends mes remerciements à tous ceux qui font œuvre d’assistance et de solidarité envers les réfugiés. Je pense aussi aux œuvres de charité réalisées par des institutions de l’Église comme Caritas Jordanie, et d’autres, qui, en portant assistance à ceux qui en ont besoin, sans distinction de foi religieuse, d’appartenance ethnique ou idéologique, manifestent la splendeur du visage charitable de Jésus miséricordieux. Que Dieu clément et tout-puissant vous bénisse tous et chacun pour vos efforts, afin de soulager les souffrances causées par la guerre ! [Read more…]

Homélie du pape François pour la messe internationale au stade d’Amman

Capture 1Dans l’Évangile, nous avons entendu la promesse de Jésus aux disciples : « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jn 14,16). Le premier Paraclet est Jésus lui-même ; l’« autre » est l’Esprit Saint.

Nous nous trouvons ici non loin du lieu où l’Esprit Saint est descendu avec puissance sur Jésus de Nazareth, après que Jean l’ait baptisé dans le Jourdain (Cf. Mt 3,16). L’Évangile de ce dimanche, ainsi que ce lieu, dans lequel par la grâce de Dieu je suis en pèlerinage, nous invitent à méditer sur l’Esprit Saint, sur ce qu’il accomplit dans le Christ et en nous, et que nous pouvons résumer ainsi : l’Esprit accomplit trois actions : il prépare, il oint, il envoie.

Au moment du baptême, l’Esprit se pose sur Jésus pour le préparer à sa mission de salut ; mission caractérisée par le style du Serviteur humble et doux, prêt au partage et au don total de soi. Mais l’Esprit Saint, présent dès le début de l’histoire du salut, avait déjà opéré en Jésus au moment de sa conception dans le sein virginal de Marie de Nazareth, réalisant l’événement admirable de l’Incarnation : “ l’Esprit Saint viendra sur toi, il te couvrira de son ombre – dit l’ange à Marie – et tu enfanteras un Fils auquel tu donneras le nom de Jésus ” (Cf. Lc 1, 35). Ensuite, l’Esprit Saint avait agi en Siméon et Anne le jour de la présentation de Jésus au Temple (Cf. Lc 2,22). Tous deux dans l’attente du Messie ; tous deux inspirés par l’Esprit Saint, Siméon et Anne ont l’intuition, à la vue de l’enfant, qu’il est vraiment Celui qui est attendu par tout le peuple. Dans l’attitude prophétique des deux vieillards s’exprime la joie de la rencontre avec le Rédempteur et, dans un certain sens, une préparation de la rencontre entre le Messie et le peuple a lieu. [Read more…]

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