CNS/Paul Haring
Cette semaine, le pape François inaugurait un nouveau chapitre des relations entre catholiques et luthériens par un voyage en Suède. En effet, l’un des objectifs de ce voyage apostolique était de souligner le 500e anniversaire de la Réforme opérée par Martin Luther. Pour l’occasion, avaient été organisées plusieurs rencontres et cérémonies au cours desquelles le pape François et les plus hautes autorités luthériennes ont pu témoigner de leur volonté réciproque de rapprochement. En ce sens, la signature d’une Déclaration commune restera certainement l’héritage par excellence de cette visite historique.
Une commémoration dans la vérité
Dans un premier temps, il est intéressant de noter que le mot « célébration » fut clairement évité par le document. En effet, on ne peut passer sous silence les blessures réciproques que ce schisme a pu causer dans la vie de beaucoup de personnes. Dans le cas des Suédois, contrairement à la France par exemple, il est reconnu que c’est plutôt les catholiques qui furent l’objet de différentes persécutions causées par la récupération politique de la Réforme par le Roi Gustave Vasa (1496-1560).
Toutefois, la reconnaissance de la vérité historique ne devrait pas être un obstacle mais la condition même d’une réconciliation. En effet, le pardon ne peut être authentique que lorsqu’il y a reconnaissance des fautes entre nous et devant Dieu. «Alors que nous sommes profondément reconnaissants pour les dons spirituels et théologiques reçus à travers la Réforme » peut-on lire dans la Déclaration, « nous confessons aussi et déplorons devant le Christ que Luthériens et Catholiques ont blessé l’unité visible de l’Église » .
Ainsi, bien que la Réforme et son histoire ne méritent pas le terme de « célébration », les relations présentes entre l’Église catholique et la communauté chrétienne luthérienne peuvent, elles, être célébrées.
Entre célébration et conversion
Plusieurs éléments des relations entre luthériens et catholiques méritent en effet des éloges. C’est le cas des efforts déployés dans les 50 dernières années. Que ce soit dans l’engagement réciproque à la réconciliation théologique ou dans les nombreux témoignages communs pour une justice sociale confessante, les deux institutions chrétiennes peuvent se féliciter d’avoir su mettre un trait sur les conséquences négatives héritées du passé.
Par contre, la Déclaration souligne également le besoin conjoint de conversion afin que soit accompli le souhait du Christ « Que tous soient un » (Jn 17, 21). En ce sens, le document souligne le risque continuel que représente la récupération politique de la religion et dont les présentes divisions sont en grande partie la conséquence. C’est pourquoi, « Notre foi commune en Jésus-Christ et notre baptême réclament de nous une conversion quotidienne par laquelle nous rejetons les désaccords et les conflits historiques qui empêchent le ministère de la réconciliation. »
Enfin, nous pouvons noter que ce nouvel engagement et cette vigilance constante et soucieuse d’être fidèles au Christ permettront, à la fois, la guérison des blessures et le pardon « à ceux qui nous ont offensés » ainsi qu’une ouverture à de nouvelles possibilités missionnaires. En effet, devant un monde qui s’éloigne de plus en plus de la liberté promise par le Christ, les chrétiens doivent mettre de côté leurs divisions qui scandalisent pour offrir un témoignage commun qui édifie. De cet engagement renouvelé de fidélité au Christ, nous ne pouvons qu’être certains que Celui-ci nous récompensera de ce don de l’Unité, vers ce but ultime qu’est « recevoir l’Eucharistie à une même table » .
De ce voyage apostolique en Suède, l’histoire retiendra forcément un soutien spirituel du Servus servorum Dei (Serviteur des serviteurs de Dieu) à la communauté catholique du Royaume mais également une nouvelle étape sur le chemin de l’unité des chrétiens.