Le pape François encourage les chrétiens de Finlande à renforcer leurs liens

Article de Marie Duhamel sur le site de Radio Vatican 

(RV) Ce jeudi 20 janvier, les catholiques finlandais célèbrent la Saint Henrik, ecclésiastique anglais mort en martyr au 12e siècle dans leur pays. Chaque année, ce jour-là et à l’occasion de la Semaine de prière pour l’Unité des chrétiens, une délégation œcuménique finlandaise est reçue par le Pape. Ce jeudi matin, François s’est adressé à quelques membres du Conseil œcuménique finlandais qui fête son premier centenaire, alors que la Finlande commémore les 100 ans de son indépendance. Le Saint-Père espère qu’en ces jours si particuliers, soit invoqué «plus intensément» encore l’Esprit Saint «pour qu’il suscite en nous une conversion (au Christ), et rende possible la réconciliation» des chrétiens.

«Le véritable œcuménisme se base sur la conversion commune à Jésus-Christ () Si nous nous rapprochons de Lui, nous nous rapprocherons les uns des autres.» François se félicite cependant de «l’étape significative tant sur le plan humain que théologique et spirituelle» qui a été franchie par les catholiques et les luthériens en Suède le 31 octobre dernier, une prière commune pour commémorer le début de la Réforme de Martin Luther, «qui voulait renouveler l’Église et non la diviser».

Se repentant pour les fautes commises, le Pape rend grâce à Dieu. Après 50 ans de dialogue, catholiques et luthériens sont parvenus à définir clairement les perspectives sur lesquelles ils s’entendent. La prière de Lund a donné «la force et le courage» de regarder ensemble de l’avant. «Nous avons plus amplement pris conscience du fait que le dialogue théologique reste essentiel à la réconciliation et doit se poursuivre avec un engagement constant». Avec le soutien de l’Esprit Saint et dans un climat apaisé, le Pape se montre confiant. «Nous pourrons obtenir d’ultérieurs points de convergence sur les contenus de la doctrine et de l’enseignement morale de l’Eglise. Nous pourrons nous rapprocher de l’unité pleine et visible». Il prie le Seigneur pour qu’Il accompagne la Commission de dialogue luthérano-catholique de Finlande qui travaille avec dévotion à une interprétation sacramentelle commune de l’Église, de l’Eucharistie et du ministère ecclésial.

Les 500 ans de la Réforme doivent être «une occasion privilégiée» pour vivre la foi de manière plus authentique, pour redécouvrir ensemble l’Evangile, pour chercher et témoigner du Christ avec un élan nouveau. En s’engageant à Lund à prendre ensemble soin de ceux qui souffrent, de ceux qui sont dans le besoin, et de ceux qui sont exposés à des persécutions et des violences, «nous ne sommes pas divisés, mais unis dans le chemin vers la pleine communion», a assuré François.

(MD)

 

L’oecuménisme, un chemin de conversion commun

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CNS/Paul Haring

Cette semaine, le pape François inaugurait un nouveau chapitre des relations entre catholiques et luthériens par un voyage en Suède. En effet, l’un des objectifs de ce voyage apostolique était de souligner le 500e anniversaire de la Réforme opérée par Martin Luther. Pour l’occasion, avaient été organisées plusieurs rencontres et cérémonies au cours desquelles le pape François et les plus hautes autorités luthériennes ont pu témoigner de leur volonté réciproque de rapprochement. En ce sens, la signature d’une Déclaration commune restera certainement l’héritage par excellence de cette visite historique.

Une commémoration dans la vérité

Dans un premier temps, il est intéressant de noter que le mot « célébration » fut clairement évité par le document. En effet, on ne peut passer sous silence les blessures réciproques que ce schisme a pu causer dans la vie de beaucoup de personnes. Dans le cas des Suédois, contrairement à la France par exemple, il est reconnu que c’est plutôt les catholiques qui furent l’objet de différentes persécutions causées par la récupération politique de la Réforme par le Roi Gustave Vasa (1496-1560).

Toutefois, la reconnaissance de la vérité historique ne devrait pas être un obstacle mais la condition même d’une réconciliation. En effet, le pardon ne peut être authentique que lorsqu’il y a reconnaissance des fautes entre nous et devant Dieu. «Alors que nous sommes profondément reconnaissants pour les dons spirituels et théologiques reçus à travers la Réforme » peut-on lire dans la Déclaration, « nous confessons aussi et déplorons devant le Christ que Luthériens et Catholiques ont blessé l’unité visible de l’Église » .

Ainsi, bien que la Réforme et son histoire ne méritent pas le terme de « célébration », les relations présentes entre l’Église catholique et la communauté chrétienne luthérienne peuvent, elles, être célébrées.

Entre célébration et conversion

Plusieurs éléments des relations entre luthériens et catholiques méritent en effet des éloges. C’est le cas des efforts déployés dans les 50 dernières années. Que ce soit dans l’engagement réciproque à la réconciliation théologique ou dans les nombreux témoignages communs pour une justice sociale confessante, les deux institutions chrétiennes peuvent se féliciter d’avoir su mettre un trait sur les conséquences négatives héritées du passé.

Par contre, la Déclaration souligne également le besoin conjoint de conversion afin que soit accompli le souhait du Christ « Que tous soient un » (Jn 17, 21). En ce sens, le document souligne le risque continuel que représente la récupération politique de la religion et dont les présentes divisions sont en grande partie la conséquence. C’est pourquoi, « Notre foi commune en Jésus-Christ et notre baptême réclament de nous une conversion quotidienne par laquelle nous rejetons les désaccords et les conflits historiques qui empêchent le ministère de la réconciliation. »

Enfin, nous pouvons noter que ce nouvel engagement et cette vigilance constante et soucieuse d’être fidèles au Christ permettront, à la fois, la guérison des blessures et le pardon « à ceux qui nous ont offensés » ainsi qu’une ouverture à de nouvelles possibilités missionnaires. En effet, devant un monde qui s’éloigne de plus en plus de la liberté promise par le Christ, les chrétiens doivent mettre de côté leurs divisions qui scandalisent pour offrir un témoignage commun qui édifie. De cet engagement renouvelé de fidélité au Christ, nous ne pouvons qu’être certains que Celui-ci nous récompensera de ce don de l’Unité, vers ce but ultime qu’est « recevoir l’Eucharistie à une même table » .

De ce voyage apostolique en Suède, l’histoire retiendra forcément un soutien spirituel du Servus servorum Dei (Serviteur des serviteurs de Dieu) à la communauté catholique du Royaume mais également une nouvelle étape sur le chemin de l’unité des chrétiens.

Déclaration conjointe à l’occasion de la commémoration commune Catholique-Luthérienne de la Réforme

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Lors de la rencontre de prière oecuménique en la cathédrale de Lund, Suède, le pape François ainsi que Mgr Munib Younan, président de la Fédération luthérienne mondiale, ont signé une Déclaration conjointe. Vous trouvez ci-dessous le texte complet de cette déclaration:

« Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui- même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi » (Jn 15, 4).

D’un cœur reconnaissant

Par cette Déclaration Conjointe, nous exprimons notre joyeuse gratitude à Dieu pour ce moment de prière commune dans la Cathédrale de Lund, alors que nous commençons l’année commémorative du cinquième centenaire de la Réforme. Cinquante années d’un dialogue œcuménique soutenu et fructueux entre Catholiques et Luthériens nous ont aidés à surmonter beaucoup de différences et ont approfondi notre compréhension et notre confiance réciproques. En même temps, nous nous sommes rapprochés les uns des autres à travers le service commun à nos prochains – souvent dans des circonstances de souffrance et de persécution. Grâce au dialogue et au témoignage partagé, nous ne sommes plus des étrangers les uns pour les autres. Plutôt, nous avons appris que ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise.

Du conflit à la communion

Alors que nous sommes profondément reconnaissants pour les dons spirituels et théologiques reçus à travers la Réforme, nous confessons aussi et déplorons devant le Christ que Luthériens et Catholiques ont blessé l’unité visible de l’Église. Des différences théologiques ont été accompagnées de préjudices et de conflits, et la religion a été instrumentalisée à des fins politiques. Notre foi commune en Jésus-Christ et notre baptême réclament de nous une conversion quotidienne par laquelle nous rejetons les désaccords et les conflits historiques qui empêchent le ministère de la réconciliation. Tandis que le passé ne peut pas être changé, le souvenir et la manière de se souvenir peuvent être transformés. Nous prions pour la guérison de nos blessures et des mémoires qui assombrissent notre regard les uns sur les autres. Nous rejetons catégoriquement toute haine et toute violence, passées et présentes, surtout celles qui s’expriment au nom de la religion. Aujourd’hui, nous entendons Dieu nous demander de mettre de côté tout conflit. Nous reconnaissons que nous sommes libérés par la grâce pour cheminer vers la communion à laquelle Dieu continue de nous appeler tous.

Notre engagement pour le témoignage commun

Tandis que nous surmontons ces épisodes de l’histoire qui pèsent sur nous, nous nous engageons à témoigner ensemble de la grâce miséricordieuse de Dieu, rendue visible dans le Christ crucifié et ressuscité. Conscients que la manière dont nous vivons les relations façonnesalvadoran-cross-sweden-trip notre témoignage de l’Évangile, nous nous engageons pour d’ultérieurs progrès dans la communion enracinée dans le baptême, alors que nous cherchons à lever les obstacles persistants qui nous empêchent d’atteindre la pleine unité. Le Christ désire que nous soyons un, de façon que le monde puisse croire (cf. Jn 17, 21).

Beaucoup de membres de nos communautés aspirent à recevoir l’Eucharistie à une même table, comme expression concrète de la pleine unité. Nous faisons l’expérience de la souffrance de ceux qui partagent leur vie tout entière, mais ne peuvent pas partager la présence rédemptrice de Dieu à la table eucharistique. Nous reconnaissons notre responsabilité pastorale commune pour répondre à la soif et à la faim spirituelles de nos fidèles d’être un dans le Christ. Nous désirons ardemment que cette blessure dans le Corps du Christ soit guérie. C’est l’objectif de nos efforts œcuméniques, que nous voulons faire progresser, y compris en renouvelant notre engagement pour le dialogue théologique.

Nous prions Dieu afin que les Catholiques et les Luthériens soient capables de témoigner ensemble de l’Évangile de Jésus-Christ, invitant l’humanité à écouter et à recevoir la bonne nouvelle de l’action rédemptrice de Dieu. Nous demandons à Dieu inspiration, encouragement et force, en sorte que nous puissions rester ensemble pour servir, en défendant la dignité et les droits humains, surtout ceux des pauvres, travaillant pour la justice, et rejetant toutes les formes de violence. Dieu nous demande d’être proches de ceux qui aspirent à la dignité, à la justice, à la paix et à la réconciliation. Aujourd’hui, de manière particulière, nous élevons nos voix pour la fin de la violence et de l’extrémisme qui touchent de si nombreux pays et communautés, et d’innombrables sœurs et frères dans le Christ. Nous exhortons les Luthériens et les Catholiques à travailler ensemble pour accueillir les étrangers, pour aider ceux qui sont forcés à fuir à cause de la guerre et de la persécution, et pour défendre les droits des réfugiés et de ceux qui cherchent l’asile.

Plus que jamais, nous réalisons que notre service commun dans le monde doit s’étendre à la création de Dieu qui souffre de l’exploitation et des conséquences d’une cupidité insatiable. Nous reconnaissons le droit des générations futures à jouir du monde de Dieu dans toutes ses potentialités et dans toute sa beauté. Nous prions pour un changement des cœurs et des esprits qui conduise à prendre soin de la création, avec amour et responsabilité.

Un dans le Christ

À cette heureuse occasion, nous exprimons notre gratitude à nos frères et sœurs représentant les diverses Communions et Communautés Chrétiennes Mondiales qui sont présentes et se joignent à nous dans la prière. Tandis que nous renouvelons notre engagement à marcher du conflit vers la communion, nous le faisons en tant que membres du même Corps du Christ, 2auquel nous sommes incorporés par le baptême. Nous invitons nos partenaires œcuméniques à nous rappeler nos engagements et à nous encourager. Nous leur demandons de continuer de prier pour nous, de cheminer avec nous, pour nous soutenir dans l’observance des engagements enracinés dans la prière que nous formulons aujourd’hui.

Appel aux Catholiques et aux Luthériens du monde entier

Nous lançons un appel à toutes les paroisses et à toutes les communautés luthériennes et catholiques pour qu’elles soient audacieuses et créatives, joyeuses et pleines d’espérance dans leur engagement à poursuivre la grande aventure devant nous. Au lieu des conflits du passé, le don de Dieu de l’unité entre nous devrait guider notre coopération et approfondir notre solidarité. En nous rapprochant dans la foi au Christ, en priant ensemble, en nous écoutant les uns les autres, en vivant l’amour du Christ dans nos relations, nous, Catholiques et Luthériens, nous nous ouvrons nous-mêmes à la puissance du Dieu Trinitaire. Enracinés dans le Christ et en témoignant de lui, nous renouvelons notre détermination à être des hérauts fidèles de l’amour sans limite de Dieu envers toute l’humanité.

[01757-FR.01] [Texte original: Anglais]

Visite du Pape en Suède: Homélie lors de la rencontre oecuménique en la cathédrale luthérienne de Lund

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« Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jn 15, 4). Ces paroles, prononcées par Jésus dans le contexte de la dernière Cène, nous permettent de nous approcher du cœur du Christ peu avant qu’il ne se livre définitivement sur la croix. Nous pouvons sentir les battements [de cœur] de son amour pour nous et son désir d’unité pour tous ceux qui croient en lui. Il nous dit qu’il est la vraie vigne et nous, les sarments ; et que, comme lui est uni au Père, de même nous devons être unis à lui, si nous voulons porter du fruit.

            Dans cette rencontre de prière, ici à Lund, nous voulons manifester notre désir commun de rester unis à lui pour avoir la vie. Nous lui demandons : ‘‘Seigneur, aide-nous par ta grâce à être plus unis à toi pour porter ensemble un témoignage plus efficace de foi, d’espérance et de charité’’. C’est également un moment pour remercier Dieu de l’effort de tant de nos frères, de différentes communautés ecclésiales, qui ne se sont pas résignés à la division, mais ont maintenu vivante l’espérance de la réconciliation de tous ceux qui croient dans l’unique Seigneur.

            Catholiques et Luthériens, nous avons commencé à marcher ensemble sur un chemin de réconciliation. À présent, dans le contexte de la commémoration commune de la Réforme de 1517, nous avons une opportunité nouvelle pour prendre un chemin commun, qui durant les cinq dernières années a progressivement pris forme dans le dialogue œcuménique entre la Fédération Luthérienne Mondiale et l’Église catholique. Nous ne pouvons pas nous résigner à la division et à l’éloignement que la séparation a provoquée entre nous. Nous avons l’occasion de réparer un moment crucial de notre histoire, en surmontant les controverses et lescapture-decran-2016-10-31-a-10-18-09 malentendus qui souvent nous ont empêchés de nous comprendre les uns les autres.

            Jésus nous dit que le Père est le vigneron (cf. v. 1), qu’il prend soin du sarment et le taille pour qu’il porte plus de fruit (cf. v. 2). Le Père se soucie constamment de notre relation avec Jésus, pour voir si nous sommes vraiment unis à lui (cf. v. 4). Il nous regarde, et son regard d’amour nous encourage à purifier notre passé et à travailler dans le présent pour faire de cet avenir d’unité que nous désirons une réalité.

            Nous aussi, nous devons regarder avec amour et honnêteté notre passé et reconnaître notre faute et demander pardon, Dieu seul est juge. On doit reconnaître avec la même honnêteté et le même amour que notre division s’éloignait de l’intuition originelle du peuple de Dieu, qui désire être uni, et que notre division a été historiquement perpétuée plus par des hommes de pouvoir de ce monde que par la volonté du peuple fidèle, qui toujours et en tout lieu a besoin d’être guidé avec assurance et tendresse par son Bon Pasteur. Toutefois, il y avait une volonté sincère des deux côtés de professer et de défendre la vraie foi, mais aussi nous sommes conscients que nous avons enfermé en nous-mêmes, par crainte et à cause de préjugés, la foi que les autres professent avec un accent et un langage différents. Le Pape Jean-Paul II disait : « Nous ne pouvons pas nous laisser guider par le désir de nous ériger en juges de l’histoire, mais uniquement par le désir de comprendre mieux les événements et de parvenir à être des porteurs de la vérité » (Message au Cardinal Johannes Willebrands, Président du Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens, 31 octobre 1983). Dieu est le vigneron, qui avec un amour immense prend soin de la vigne et la protège ; laissons-nous émouvoir par le regard de Dieu ; la seule chose qu’il souhaite, c’est que nous demeurions comme des sarments vivants unis à son Fils Jésus. Par ce nouveau regard sur le passé, nous ne prétendons pas réaliser une correction impossible de ce qui s’est passé mais « raconter cette histoire  d’une manière différente » (Commission Luthérienne-Catholique Romaine sur l’unité, Du conflit à la communion, 17 juin 2013, n. 16).

            Jésus nous rappelle : « En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (v. 5). Il est celui qui nous soutient et nous encourage à chercher les moyens pour que l’unité soit une réalité toujours plus évidente. Sans doute, la séparation a été une source immense de souffrance et d’incompréhensions ; mais elle nous a également conduits à prendre sincèrement conscience que sans lui nous ne pouvons rien faire, en nous donnant la possibilité de mieux comprendre certains aspects de notre foi. Avec gratitude, nous reconnaissons que la Réforme a contribué à mettre davantage au centre la Sainte Écriture dans la vie de l’Église. À travers l’écoute commune de la parole de Dieu dans les Écritures, le dialogue entre l’Église catholique et la capture-decran-2016-10-31-a-10-15-59Fédération Luthérienne Mondiale, dont nous célébrons le 50ème anniversaire, a fait des progrès importants. Demandons au Seigneur que sa Parole nous maintienne unis, car elle est source d’aliment et de vie ; sans son inspiration nous ne pouvons rien faire.

            L’expérience spirituelle de Martin Luther nous interpelle et nous rappelle que  nous ne pouvons rien faire sans Dieu : ‘‘Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ?’’ C’est la question qui hantait constamment Luther. En effet, la question de la relation juste avec Dieu est la question décisive de la vie. Comme on le sait, Luther a trouvé ce Dieu miséricordieux dans la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ incarné, mort et ressuscité. Par le concept ‘‘uniquement par la grâce divine’’, on nous rappelle que c’est toujours Dieu qui prend l’initiative et qu’il précède toute réponse humaine, en même temps qu’il cherche à susciter cette réponse. La doctrine de la justification, par conséquent, exprime l’essence de l’existence humaine face à Dieu.

            Jésus intercède pour nous comme médiateur auprès du Père et il lui demande l’unité de ses disciples « pour que le monde croie » (Jn 17, 21). C’est ce qui nous réconforte et nous encourage à nous unir à Jésus pour lui demander avec insistance : ‘‘Donne-nous le don de l’unité pour que le monde croie dans le pouvoir de ta miséricorde’’. C’est le témoignage que le monde attend de nous. Nous les chrétiens, nous serons un témoignage crédible de la miséricorde dans la mesure où le pardon, la rénovation et la réconciliation sont une expérience quotidienne au milieu de nous. Ensemble, nous pouvons annoncer et manifester de manière concrète et avec joie la miséricorde de Dieu, en défendant et en servant la dignité de chaque personne. Sans ce service au monde et dans le monde, la foi chrétienne est incomplète.

            Luthériens et Catholiques, nous prions ensemble dans cette Cathédrale et nous sommes conscients qu’en dehors de Dieu nous ne pouvons rien faire ; nous demandons son aide pour être des membres vivants unis à lui, ayant toujours besoin de sa grâce pour pouvoir porter ensemble sa Parole au monde, qui a besoin de sa tendresse et de sa miséricorde.

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