Audience générale du pape François – mercredi 20 novembre 2024

La Jérusalem céleste peinte sur le dôme de la croisée de la cathédrale Saint-Basile, Braunschweig, Allemagne. Wikimedia Commons.

Dans sa catéchèse hebdomadaire, le Pape François a médité sur le don des charismes par l’Esprit Saint. Il a déclaré qu’un « charisme est le don donné “pour le bien commun” (1 Corinthiens 12:7), pour être utile à tous », et qu’il « est le don donné “à quelqu’un” ou “à certains” en particulier, et non à tous de la même manière… C’est un don que Dieu vous fait ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans les trois dernières catéchèses, nous avons parlé de l’œuvre sanctifiante de l’Esprit Saint, qui se réalise dans les sacrements, dans la prière et en suivant l’exemple de la Mère de Dieu. Mais écoutons ce que dit un texte célèbre du Concile Vatican II : « L’Esprit Saint ne se borne pas à sanctifier le Peuple de Dieu par les sacrements et les ministères, à le conduire et à lui donner l’ornement des vertus, il distribue aussi parmi les fidèles de tous ordres, répartissant ses dons à son gré en chacun » (1 Co 12, 11) (Lumen Gentium, 12). Nous aussi, nous avons des dons personnels que le même Esprit donne à chacun de nous.

Le moment est donc venu de parler aussi de cette deuxième forme d’action de l’Esprit Saint qui est l’action charismatique. Une parole un peu difficile, je vais l’expliquer. Deux éléments permettent de définir ce qu’est le charisme. Tout d’abord, le charisme est le don fait “pour le bien commun” (1 Co 12,7), pour être utile à tous. En d’autres termes, il n’est pas prioritairement et ordinairement destiné à la sanctification de la personne, mais au “service” de la communauté (Cf.1 P 4,10). Ceci est le premier aspect. En second lieu, le charisme est le don fait “à un”, ou “à quelques-uns” en particulier, et non à tous de la même manière, et c’est ce qui le distingue de la grâce sanctifiante, des vertus théologales et des sacrements, qui en revanche sont identiques et communs pour tous. Le charisme est donné à une personne ou une communauté spécifique. C’est un don que Dieu te fait.

Le Concile nous l’explique également. L’Esprit Saint – dit-il – « dispense aussi des grâces spéciales aux fidèles de tout ordre, par lesquelles il les rend aptes et prêts à assumer les œuvres et les charges utiles au renouvellement et à la plus grande expansion de l’Église, selon ces paroles : À chacun […] la manifestation de l’Esprit est donnée pour qu’il en résulte un avantage commun » (1 Co 12, 7).

Les charismes sont les “joyaux”, ou les ornements, que l’Esprit Saint distribue pour rendre belle l’Épouse du Christ. On comprend ainsi pourquoi le texte conciliaire se termine par l’exhortation suivante. « Et ces charismes, des plus éclatantes aux plus simples et aux plus largement diffusées, doivent être reçues avec action de grâce et apporter consolation, étant avant tout ajustées aux nécessités de l’Église et destinées à y répondre » (LG, 12).

Benoît XVI a affirmé : « Quiconque regarde l’histoire de l’époque postconciliaire, peut reconnaître la dynamique du vrai renouvellement, qui a souvent pris des formes inattendues dans des mouvements pleins de vie et qui rend presque tangible l’inépuisable vivacité de la sainte Église ». Et ceci est le charisme donné à un groupe, à travers une personne.

Nous devons redécouvrir les charismes afin que la promotion des laïcs et des femmes en particulier soit alors comprise non seulement comme un fait institutionnel et sociologique, mais dans sa dimension biblique et spirituelle. Les laïcs ne sont pas les derniers, non, les laïcs ne sont pas une espèce de collaborateurs externes ou des “troupes auxiliaires” du clergé, non ! Ils ont leurs propres charismes et dons avec lesquels ils contribuent à la mission de l’Église.

Ajoutons une autre chose : lorsqu’on parle de charismes, il faut immédiatement dissiper un malentendu : celui de les identifier avec des dons et des capacités spectaculaires et extraordinaires ; il s’agit en revanche de dons ordinaires – chacun de nous a son propre charisme – qui acquièrent une valeur extraordinaire lorsqu’ils sont inspirés par l’Esprit Saint et s’incarnent avec amour dans les situations de la vie. Une telle interprétation du charisme est importante, car de nombreux chrétiens, en entendant parler de charismes, éprouvent tristesse ou désillusion, car ils sont convaincus qu’ils n’en possèdent pas et se sentent exclus ou chrétiens de seconde zone. Non, il n’y a pas de chrétiens de seconde zone, non, chacun a son charisme personnel et aussi communautaire. À ceux-là, Saint Augustin répondait en son temps par une comparaison assez éloquente : « Si tu aimes – disait-il à son peuple – ce que tu possèdes n’est pas moindre. Si, en effet, tu aimes l’unité, tout ce qu’elle contient est possédé par quelqu’un, tu le possèdes aussi ! Seul l’œil, dans le corps, a la faculté de voir ; mais est-ce seulement pour lui-même que l’œil voit ? Non, il voit pour la main, pour le pied, pour tous les membres » [1].

Voilà dévoilé le secret pour lequel la charité est définie par l’Apôtre comme “le chemin par excellence” (1 Co 12, 31) : elle me fait aimer l’Église, ou la communauté dans laquelle je vis et, dans l’unité, tous les charismes, et pas seulement quelques-uns, sont “miens”, de même que “mes” charismes, même s’ils semblent moindres, sont ceux de tous et pour le bien de tous. La charité multiplie les charismes ; elle fait du charisme de l’un, d’une seule personne, le charisme de tous. Je vous remercie !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

 

Audience générale du pape François – mercredi 14 novembre 2024

L’Annonciation. Tapisserie des Pays-Bas méridionaux. Collection The Cloisters, 1971. Metropolitan Museum of Art.

Dans sa catéchèse hebdomadaire, le pape François a rappelé comment l’Esprit Saint a donné à la Vierge Marie le pouvoir de devenir la Mère de Dieu. Il a déclaré que « Marie, en tant que premier disciple et figure de l’Église, est … une lettre écrite avec l’Esprit du Dieu vivant », de sorte qu’elle peut être « la mère qui nous conduit par la main vers Jésus ».

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Parmi les différents moyens par lesquels l’Esprit Saint accomplit son œuvre de sanctification dans l’Église – Parole de Dieu, sacrements, prière – il en est un très particulier, c’est la piété mariale. Dans la tradition catholique, il y a cette maxime, ce dicton : “Ad Iesum per Mariam”, c’est-à-dire “à Jésus par Marie”. La Sainte Vierge nous fait voir Jésus. Elle nous ouvre les portes, toujours ! La Madone est la maman qui nous conduit par la main à Jésus. Jamais la Vierge ne se montre elle-même, la Madone montre Jésus. Et c’est cela la piété mariale : aller à Jésus par les mains de la Madone.

Saint Paul définit la communauté chrétienne comme « une lettre du Christ, produite par notre ministère, écrite non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non pas, comme la Loi, sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs » (2 Co 3,3). Marie, en tant que premier disciple et figure de l’Église, est également une lettre écrite avec l’Esprit du Dieu vivant. C’est précisément pour cette raison que « tout le monde peut en avoir connaissance et la lire » (2 Co 3,2), même par ceux qui ne peuvent pas lire les livres de théologie, par ces “petits” à qui Jésus dit que les mystères du Royaume, cachés aux sages, sont révélés (cf. Mt 11,25).

En disant son “oui” – lorsque Marie accepte et dit à l’ange : “oui, que la volonté du Seigneur soit faite” et elle accepte d’être la maman de Jésus -, c’est comme si Marie disait à Dieu : “Me voici, je suis une tablette pour écrire : que l’Écrivain écrive ce qu’il voudra, qu’il fasse de moi, ce qu’il veut, le Seigneur de toutes choses” [1] A l’époque, on écrivait sur des tablettes cirées ; aujourd’hui, nous dirions que Marie s’offre comme une page blanche sur laquelle le Seigneur peut écrire ce qu’il veut. Le “oui” de Marie à l’ange – a écrit un célèbre exégète – représente « le sommet de tout comportement religieux devant Dieu, puisqu’il exprime, de la manière la plus haute, la disponibilité passive unie à l’empressement actif, le vide le plus profond qui s’accompagne de la plus grande plénitude » [2].

Voici donc comment la Mère de Dieu est un instrument de l’Esprit Saint dans son œuvre de sanctification. Au milieu de la profusion infinie de mots dits et écrits sur Dieu, sur l’Église et sur la sainteté (que très peu, voire aucun, n’est en mesure de lire et de comprendre entièrement), elle propose seulement deux mots que chacun, même le plus simple, peut prononcer en toute occasion : “Me voici” et “fiat”. Marie est celle qui a dit “oui” au Seigneur et, par son exemple et son intercession, elle nous incite à Lui dire aussi notre “oui”, chaque fois que nous sommes confrontés à une obéissance à acter ou à une épreuve à surmonter.

À chaque époque de son histoire, mais particulièrement en ce moment, l’Église se trouve dans la situation dans laquelle se trouvait la communauté chrétienne au lendemain de 1’Ascension de Jésus au ciel. Elle doit prêcher l’Évangile à toutes les nations, mais elle attend la “puissance du très haut” pour pouvoir le faire. Et n’oublions pas qu’à ce moment-là, comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres, les disciples étaient réunis autour de « Marie, mère de Jésus » (Ac 1,14).

Il est vrai qu’il y avait aussi d’autres femmes avec elle dans le cénacle, mais sa présence est différente et unique parmi toutes. Entre elle et l’Esprit Saint, il existe un lien unique et éternellement indestructible qui est la personne même du Christ, “conçu par l’Esprit Saint et né de la Vierge Marie”, comme nous récitons dans le Credo. L’évangéliste Luc souligne délibérément la correspondance entre la venue de l’Esprit Saint sur Marie à l’Annonciation et sa venue sur les disciples à la Pentecôte, en utilisant des expressions identiques dans les deux cas.

Saint François d’Assise, dans l’une de ses prières, salue la Vierge comme « fille et servante du Roi très haut, du Père céleste, mère du très saint Seigneur Jésus-Christ, épouse de l’Esprit Saint » [3]. Fille du Père, Mère du Fils, Épouse du Saint-Esprit ! On ne saurait illustrer avec des mots plus simples la relation unique de Marie avec la Trinité.

Comme toutes les images, celle de “l’épouse du Saint-Esprit” ne doit pas être absolutisée, mais prise pour la part de vérité qu’elle contient, et c’est une très belle vérité. Elle est l’épouse, mais elle est avant tout la disciple de l’Esprit Saint. Épouse et disciple. Apprenons d’elle à être dociles aux inspirations de l’Esprit, surtout quand Il nous suggère de nous “mettre en route avec empressement” et d’aller aider quelqu’un qui a besoin de nous, comme Marie l’a fait immédiatement après que l’ange l’a quittée (cf. Lc 1,39). Je vous remercie !

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[1] Cf. Origène, Commentaire sur l’Évangile de Luc, framm. 18 (GCS 49, p. 227).

[2] H. Schürmann, Das Lukasevangelium, Freiburg in Br. 1968 : transl. ital. Brescia 1983, 154

[3] Fonti Francescane, Assise 1986, n. 281.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

 

Audience générale du pape François – mercredi 6 novembre 2024

Portrait de Sainte Thérèse de Jésus par Juan de la Miseria. Wikimedia Commons.

Dans sa catéchèse hebdomadaire, le pape François s’est penché sur le pouvoir de l’Esprit Saint qui nous permet de prier. Il a déclaré : « Nous prions Dieu par Dieu. Prier signifie se placer à l’intérieur de Dieu, de sorte que Dieu entre en nous ».

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Chers frères et sœurs, bonjour !

L’action sanctifiante de l’Esprit Saint, outre la Parole de Dieu et les Sacrements, se manifeste dans la prière, et c’est à la prière que nous voulons consacrer la réflexion d’aujourd’hui : la prière. L’Esprit Saint est à la fois sujet et objet de la prière chrétienne. C’est-à-dire qu’il est Celui qui donne la prière et Celui qui est donné par la prière. Nous prions pour recevoir l’Esprit Saint et nous recevons l’Esprit Saint pour pouvoir prier vraiment, c’est-à-dire comme des enfants de Dieu et non comme des esclaves.

Réfléchissons à ceci : priez comme des enfants de Dieu, et non comme des esclaves. On doit toujours prier avec liberté. « Aujourd’hui, je dois prier ceci, ceci, ceci, parce que j’ai promis ceci, ceci, ceci… Sinon, j’irai en enfer ! Non, ce n’est pas cela la prière. La prière est libre. Tu pries quand l’Esprit t’aide à prier. Tu pries quand tu sens dans ton cœur le besoin de prier ; et quand tu ne sens rien, arrête-toi et demande-toi : pourquoi je ne sens pas le désir de prier, qu’est-ce qui se passe dans ma vie ? La spontanéité dans la prière est toujours ce qui nous aide le plus. Cela signifie prier comme des enfants et non comme des esclaves.

Surtout, nous devons prier pour recevoir l’Esprit Saint. Il y a, à cet égard, une parole très précise de Jésus dans l’Évangile : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11, 13). Chacun de nous, chacun de nous, aux petits que nous savons donner de bonnes choses, qu’il s’agisse d’enfants, de petits-enfants ou d’amis. Les petits reçoivent toujours de bonnes choses de nous. Et comment le Père ne nous donnerait-il pas l’Esprit ? Et cela nous donne du courage et nous pouvons continuer. Dans le Nouveau Testament, nous voyons toujours l’Esprit Saint descendre pendant la prière. Il descend sur Jésus lors du baptême dans le Jourdain, alors qu’il « priait » (Lc 3,21) ; et il descend sur les disciples à la Pentecôte, alors qu’ils « persévéraient et priaient d’un commun accord » (Ac 1,14).

C’est l’unique « pouvoir » que nous avons sur l’Esprit de Dieu. Le pouvoir de la prière : il ne résiste pas à la prière. Nous prions et il vient. Sur le Mont Carmel, les faux prophètes de Baal – rappelez-vous ce passage de la Bible – s’agitaient pour invoquer le feu du ciel sur leur sacrifice, mais rien ne se passait, parce qu’ils étaient idolâtres, ils adoraient un dieu qui n’existe pas ; Elie a prié et le feu est descendu et a consumé l’holocauste (cf. 1 Rois 18, 20-38). L’Église suit fidèlement cet exemple : elle a toujours sur les lèvres l’imploration « Viens ! Viens! » chaque fois qu’elle s’adresse à l’Esprit Saint. Et elle le fait surtout à la Messe, pour qu’il descende comme la rosée et sanctifie le pain et le vin pour le sacrifice eucharistique.

Mais il y a aussi l’autre aspect, le plus important et le plus encourageant pour nous : l’Esprit Saint est celui qui nous donne la vraie prière. Saint Paul affirme ceci : « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles.» (Rm 8, 26-27).

C’est vrai, nous ne savons pas prier, nous ne savons pas. Nous devons apprendre chaque jour. La raison de cette faiblesse de notre prière s’exprimait autrefois en un seul mot, utilisé de trois manières différentes : comme adjectif, comme nom et comme adverbe. Il est facile à retenir, même pour ceux qui ne connaissent pas le latin, et il vaut la peine de s’en souvenir, car il contient à lui seul tout un traité. Nous, les êtres humains, nous disons “mali, mala, male petimus”, ce qui signifie : étant mauvais (mali), nous demandons de mauvaises choses (mala) et de la mauvaise manière (male). Jésus dit : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33) ; nous, en revanche, nous cherchons d’abord le surcroît, c’est-à-dire nos propres intérêts- tant de fois ! -, et nous oublions surtout de demander le règne de Dieu. Demandons au Seigneur le Règne, et tout vient avec.

L’Esprit Saint vient, certes, au secours de notre faiblesse, mais il fait quelque chose de bien plus important encore : il nous atteste que nous sommes enfants de Dieu et met sur nos lèvres le cri : «Père » (Rm 8,15 ; Ga 4,6). Nous ne pouvons pas dire “Père, Abba” sans la force de l’Esprit Saint. La prière chrétienne, ce n’est pas l’homme qui parle à Dieu au bout du fil, c’est Dieu qui prie en nous ! Nous prions Dieu par Dieu. Prier, c’est se mettre à l’intérieur de Dieu et que Dieu entre en nous.

C’est précisément dans la prière que l’Esprit Saint se révèle comme “Paraclet”, c’est-à-dire avocat et défenseur. Il ne nous accuse pas devant le Père, mais il nous défend. Oui, il nous défend, il nous convainc que nous sommes pécheurs (cf. Jn 16,8), mais il le fait pour nous faire goûter la joie de la miséricorde du Père, et non pour nous détruire avec des sentiments stériles de culpabilité. Même lorsque notre cœur nous reproche quelque chose, il nous rappelle que « Dieu est plus grand que notre cœur » (1 Jn 3,20). Dieu est plus grand que notre péché. Nous sommes tous pécheurs… Pensons-y : peut-être que parmi vous – je ne sais pas – certains ont tellement peur à cause de ce qu’ils ont fait, ils ont peur d’être réprimandés par Dieu, ils ont peur de tant de choses et n’arrivent pas à trouver la paix. Mets-toi en prière, fais appel à l’Esprit Saint et il t’apprendra à demander pardon. Et vous savez quoi ? Dieu ne connaît pas beaucoup la grammaire et quand nous demandons pardon, il ne nous laisse pas finir ! « Par… » et là, Il ne nous laisse pas finir le mot pardon. Il nous pardonne avant tout, il nous pardonne toujours, avant que nous ne terminions le mot pardon. Nous disons « par… » et le Père nous pardonne toujours.

Le Saint-Esprit intercède pour nous et nous apprend aussi à intercéder à notre tour pour nos frères et sœurs ; il nous enseigne la prière d’ intercession : prier pour telle personne, prier pour tel malade, prier pour celui qui est en prison, prier… ; prier pour la belle-mère aussi, et prier toujours, toujours. Cette prière est particulièrement agréable à Dieu parce qu’elle est la plus gratuite et la plus désintéressée. Quand chacun prie pour tous, il arrive – disait saint Ambroise – que tous prient pour chacun ; la prière se multiplie [1] La prière est ainsi. Voilà une tâche si précieuse et nécessaire dans l’Église, surtout en ce temps de préparation au Jubilé : nous unir au Paraclet qui “intercède pour nous tous selon les desseins de Dieu”.

Mais ne pas prier comme des perroquets, s’il vous plaît ! Ne pas dire «bla, bla, bla…». Non. Dis « Seigneur », mais dis-le du fond du cœur. « Aide-moi, Seigneur », « Je t’aime, Seigneur ». Et quand vous priez le Notre Père, dites « Père, Tu es mon Père ». Priez avec le cœur et non avec les lèvres, ne faites pas comme les perroquets.

Que l’Esprit nous aide dans la prière, car nous en avons tant besoin ! Je vous remercie.

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[1] De Cain et Abel, I, 39.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

 

Audience générale du pape François – mercredi 30 octobre 2024

La Pentecôte, tirée d’un manuscrit illuminé du XIVe siècle. Wikimedia Commons.

Dans sa catéchèse hebdomadaire, le pape François a poursuivi sa série sur « l’Esprit et l’Épouse » en réfléchissant sur le sacrement de la confirmation. Il a souligné que « nous devons veiller à ce qu’il soit le sacrement de la participation, de la participation active à la vie de l’Église… Il n’en sera pas ainsi pour tous les confirmands, enfants ou adultes, mais il est important qu’il le soit au moins pour certains d’entre eux, qui deviendront ensuite les animateurs de la communauté ».

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons aujourd’hui notre réflexion sur la présence et l’action de l’Esprit Saint dans la vie de l’Église à travers les sacrements.

L’action sanctifiante de l’Esprit Saint nous parvient tout d’abord par deux canaux : la Parole de Dieu et les Sacrements. Et parmi tous les sacrements, il en est un qui est, par excellence, le Sacrement de l’Esprit Saint, et c’est sur lui que je voudrais m’arrêter aujourd’hui. Il s’agit du Sacrement de la Confirmation.

Dans le Nouveau Testament, outre le baptême avec l’eau, un autre rite est mentionné, celui de l’imposition des mains, dans le but de communiquer visiblement et de manière charismatique l’Esprit Saint, avec des effets similaires à ceux produits sur les Apôtres à la Pentecôte. Les Actes des Apôtres relatent un épisode significatif à cet égard. Ayant appris que certains, en Samarie, avaient reçu la parole de Dieu, ils y envoyèrent Pierre et Jean depuis Jérusalem. « Ils descendirent, dit le texte, et prièrent pour eux afin qu’ils reçoivent l’Esprit Saint, car il n’était encore descendu sur aucun d’eux, mais ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Ils leur imposèrent les mains et ils reçurent l’Esprit Saint » (8,14-17).

À cela s’ajoute ce qu’écrit Saint Paul dans la seconde épître aux Corinthiens : « Celui qui nous rend solides pour le Christ dans nos relations avec vous, celui qui nous a consacrés, c’est Dieu ; il nous a marqués de son sceau, et il a mis dans nos cœurs l’Esprit, première avance sur ses dons » (1,21-22). La caution de l’Esprit. Le thème de l’Esprit Saint en tant que « sceau royal » dont le Christ marque ses brebis est à la base de la doctrine du « caractère indélébile » conféré par ce rite.

Au fil du temps, le rite de l’onction est devenu un Sacrement à part entière, revêtant des formes et des contenus différents selon les époques et les rites de l’Église. Ce n’est pas le lieu de retracer cette histoire très complexe. Ce qu’est le Sacrement de la Confirmation dans la compréhension de l’Église, me semble-t-il, est décrit, de façon simple et claire, par le Catéchisme pour Adultes de la Conférence Épiscopale Italienne. Il dit : « La confirmation est pour chaque fidèle ce que la Pentecôte a été pour toute l’Église. […] Elle renforce l’incorporation baptismale au Christ et à l’Église et la consécration à la mission prophétique, royale et sacerdotale. Il communique l’abondance des dons de l’Esprit […]. Si donc le baptême est le sacrement de la naissance, la confirmation est le sacrement de la croissance. De même, elle est aussi le sacrement du témoignage, car celui-ci est étroitement lié à la maturité de l’existence chrétienne » [1]

Le problème est de savoir comment faire en sorte que le Sacrement de la Confirmation ne soit pas réduit, dans la pratique, à une “extrême onction”, c’est-à-dire au sacrement de l’“éloignement” de l’Église. On dit que c’est le “sacrement de l’adieu”, car une fois que les jeunes l’ont fait, ils partent et reviendront ensuite pour se marier. Voilà ce que l’on dit. Mais nous devons faire en sorte qu’il devienne le sacrement du début d’une participation active à la vie de l ‘Église. C’est un objectif qui peut nous sembler impossible, compte tenu de la situation actuelle de l’Église, mais cela ne signifie pas que nous devions cesser de le poursuivre. Ce ne sera pas le cas pour tous les confirmands, enfants ou adultes, mais il est important que ce soit le cas au moins pour certains d’entre eux qui seront ensuite les animateurs de la communauté.

Il peut être utile, à cette fin, de se faire aider dans la préparation au Sacrement par des fidèles laïcs qui ont fait une rencontre personnelle avec le Christ et une véritable expérience de l’Esprit. Certaines personnes disent l’avoir vécue comme une éclosion en eux du Sacrement de Confirmation reçu dans leur enfance.

Mais cela ne concerne pas seulement les futurs confirmands, cela nous concerne tous et en tout temps. Avec la confirmation et l’onction, nous avons aussi reçu, nous assure l’Apôtre, le dépôt de l’Esprit, qu’il appelle ailleurs “les prémices de l’Esprit” (Rm 8, 23). Nous devons “dépenser” ce dépôt, jouir de ces prémices, ne pas enfouir sous terre les charismes et les talents reçus.

Saint Paul exhortait son disciple Timothée à « raviver le don de Dieu, reçu par l’imposition des mains » (2 Tm 1,6), et le verbe utilisé suggère l’image de celui qui souffle sur le feu pour en raviver la flamme. Voilà un bel objectif pour l’année jubilaire ! Enlever les cendres de l’habitude et du désengagement, pour devenir, comme les porteurs de flambeaux aux Jeux Olympiques, des porteurs de la flamme de l’Esprit. Que l’Esprit nous aide à faire quelques pas dans cette direction !

[1] La verità vi farà liberi. Catechismo degli adulti. Libreria Editrice Vaticana 1995, p. 324.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

 

Audience générale du pape François – mercredi 23 octobre 2024

Photo Pexels

Dans sa catéchèse hebdomadaire, le pape François s’est penché sur la puissance de l’Esprit Saint présente dans l’amour des couples mariés. Il a rappelé que « l’Esprit Saint est celui qui continue à accomplir, au niveau spirituel, le miracle que Jésus a accompli à Cana, à savoir transformer l’eau de l’habitude en une nouvelle joie d’être ensemble ».

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Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous avons expliqué la dernière fois ce que, de l’Esprit Saint, nous proclamons dans le credo. La réflexion de l’Église ne s’est cependant pas arrêtée à cette brève profession de foi. Elle s’est poursuivie, tant en Orient qu’en Occident, à travers l’œuvre des grands Pères et Docteurs de l’Église. Aujourd’hui, en particulier, nous voudrions recueillir quelques miettes de la doctrine de l’Esprit Saint développée dans la tradition latine, pour voir comment elle éclaire toute la vie chrétienne et plus particulièrement le sacrement du mariage.

Le principal instigateur de cette doctrine est saint Augustin, qui a développé la doctrine sur l’Esprit Saint. Il part de la révélation que « Dieu est amour » ( 1 Jn 4,8). Or l’amour suppose quelqu’un qui aime, quelqu’un qui est aimé, et l’amour lui-même qui les unit. Le Père est, dans la Trinité, celui qui aime, la source et le commencement de tout ; le Fils est celui qui est aimé, et l’Esprit Saint est l’amour qui les unit [1]. Le Dieu des chrétiens est donc un Dieu “unique”, mais non pas solitaire ; Il est une unité de communion et d’amour. Dans cette optique, certains ont proposé d’appeler l’Esprit Saint, non pas la “troisième personne” singulière de la Trinité, mais plutôt la “première personne du pluriel”. En d’autres termes, Il est le Nous, le Nous divin du Père et du Fils, le lien d’unité entre les différentes personnes [2], le principe même de l’unité de l’Église, qui est précisément un “seul corps”, résultant de plusieurs personnes.

Comme je l’ai dit, aujourd’hui je voudrais réfléchir avec vous en particulier sur ce que l’Esprit Saint a à dire à la famille. Qu’est-ce que l’Esprit Saint peut avoir à voir avec le mariage, par exemple ? Beaucoup, peut-être l’essentiel, et j’essaie d’expliquer pourquoi ! Le mariage chrétien est le sacrement du don de soi, l’un à l’autre, de l’homme et de la femme. C’est ainsi que l’a voulu le Créateur lorsqu’il « créa l’homme à son image […] : il les créa homme et femme » (Gn 1,27). Le couple humain est donc la première et la plus élémentaire réalisation de la communion d’amour qu’est la Trinité.

Les époux devraient également former une première personne du pluriel, un “nous”. Se tenir l’un devant l’autre comme un « je » et un « tu », et se tenir devant le reste du monde, y compris les enfants, comme un “nous”. Que c’est beau d’entendre une mère dire à ses enfants : « Ton père et moi… “, comme Marie l’a dit à Jésus lorsqu’ils l’ont trouvé à l’âge de douze ans dans le temple enseignant aux docteurs (cf. Lc 2, 48), et d’entendre un père dire : ” Ta mère et moi », comme s’ils ne formaient qu’un sujet unique. Combien les enfants ont besoin de cette unité- papa et maman ensemble- l’unité des parents et combien ils souffrent lorsqu’elle fait défaut ! Combien souffrent, les enfants dont les parents se séparent, combien en souffrent-ils !

Pour correspondre à cette vocation, le mariage a cependant besoin du soutien de Celui qui est le Don, ou plutôt le don de soi par excellence. Là où l’Esprit Saint entre, la capacité de se donner renaît. Certains Pères de l’Église ont affirmé que, étant le don réciproque du Père et du Fils dans la Trinité, l’Esprit Saint est aussi la raison de la joie qui règne entre eux, et ils n’ont pas craint d’utiliser, pour en parler, l’image des gestes propres à la vie conjugale, comme le baiser et l’étreinte [3].

Personne ne dit qu’une telle unité est un objectif facile à atteindre, surtout dans le monde d’aujourd’hui ; mais c’est la vérité des choses telles que le Créateur les a conçues et c’est donc dans leur nature. Certes, il peut sembler plus facile et plus rapide de construire sur le sable que sur le roc, mais Jésus nous dit quel est le résultat (cf. Mt 7, 24-27). Dans ce cas, nous n’avons même pas besoin de la parabole, car les conséquences des mariages construits sur le sable sont malheureusement visibles pour tous, et ce sont surtout les enfants qui en paient le prix. Les enfants souffrent de la séparation ou du manque d’amour de leurs parents ! De tant d’époux, il faut répéter ce que Marie a dit à Jésus à Cana en Galilée : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2,3). L’Esprit Saint est celui qui continue à accomplir, sur le plan spirituel, le miracle que fit Jésus à cette occasion, à savoir transformer l’eau de l’habitude en une nouvelle joie d’être ensemble. Il ne s’agit pas d’une pieuse illusion : c’est ce que l’Esprit Saint a fait dans tant de mariages, lorsque les époux se sont décidés à l’invoquer.

Il ne serait donc pas mal qu’à côté des informations de nature juridique, psychologique et morale qui sont données, cette préparation “spirituelle” des fiancés au mariage soit approfondie, l’Esprit Saint qui fait l’unité. “Entre le mari et la femme, ne mets pas ton doigt”, dit un proverbe italien. Au contraire, il y a un “doigt” à mettre entre le mari et la femme, et c’est précisément le “doigt de Dieu” : c’est-à-dire l’Esprit Saint !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 21 août 2024

Ravenne – Battistero Neoniana – Mosaïque du Baptême du Christ Wikimedia Commons

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a évoqué la descente de l’Esprit Saint sur le Christ lors de son baptême. Il a déclaré que « Dans le Jourdain, Dieu le Père a oint Jésus du Saint-Esprit » c’est-à-dire qu’il a consacré Jésus comme roi, prophète et prêtre.

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Le texte ci-dessous comprend également des parties non lues qui sont également données comme prononcées:

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous réfléchissons aujourd’hui sur l’Esprit Saint qui descend sur Jésus lors du baptême du Jourdain et, de Lui, se diffuse dans son corps qui est l’Eglise. Dans l’Evangile de Marc, la scène du baptême de Jésus est décrite ainsi: «En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux: “Tu es mon Fils bien-aimé; en toi, je trouve ma joie”» (Mc 1, 9-11).

Toute la Trinité s’est donné rendez-vous, à cet instant, sur les rives du Jourdain! Il y a le Père qui se rend présent par sa voix; il y a l’Esprit Saint qui descend sur Jésus sous la forme d’une colombe et il y a celui que le Père proclame son Fils bien-aimé, Jésus. C’est un moment très important de la Révélation, c’est un moment très important de l’histoire du salut. Il nous sera bon de relire ce passage de l’Evangile.

Que s’est-il passé de si important dans le baptême de Jésus pour que tous les évangélistes le racontent? Nous trouvons la réponse dans les paroles que Jésus prononce, peu de temps après, dans la synagogue de Nazareth, avec une claire référence à l’événement du Jourdain: «L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » (Lc 4, 18).

Au Jourdain, Dieu le Père a «oint d’Esprit Saint», c’est-à-dire qu’il a consacré Jésus comme Roi, Prophète et Prêtre. En effet, dans l’Ancien Testament, les rois, les prophètes et les prêtres étaient oints avec de l’huile parfumée. Dans le cas du Christ, à la place de l’huile réelle, il y a l’huile spirituelle qui est l’Esprit Saint, à la place du symbole, il y a la réalité: il y a l’Esprit même qui descend sur Jésus.

Jésus était empli d’Esprit Saint depuis le premier instant de son Incarnation. Mais il s’agissait d’une «grâce personnelle», non communicable; à présent en revanche, avec cette onction, il reçoit la plénitude du don de l’Esprit mais pour sa mission que, comme tête, il communiquera à son corps qui est l’Eglise, et à chacun de nous. C’est pourquoi l’Eglise est le nouveau «peuple royal, peuple prophétique, peuple sacerdotal». Le terme hébreu «Messie» et le terme grec correspondant «Christ» — Christos —, qui se réfèrent tous deux à Jésus, signifient «oint»: il a été oint avec l’huile de la joie, oint avec l’Esprit Saint. Notre nom lui-même de «chrétiens» sera expliqué par les Pères dans le sens littéral: chrétiens signifie «oints à l’image du Christ» [1].

Il y a un Psaume de la Bible qui parle d’une huile parfumée, versée sur la tête du souverain prêtre Aaron et qui descend jusqu’au bord de son vêtement (cf. Ps 132, 2). Cette image poétique de l’huile qui descend, utilisée pour décrire le bonheur de vivre ensemble en frères, est devenue une réalité spirituelle et une réalité mystique dans le Christ et dans l’Eglise. Le Christ est la tête, notre Prêtre Suprême, l’Esprit Saint est l’huile parfumée et l’Eglise est le corps du Christ dans lequel il se diffuse.

Nous avons vu pourquoi l’Esprit Saint, dans la Bible, est symbolisé par le vent et prend même son nom à lui, Ruah. Il vaut la peine de nous demander aussi pourquoi il est symbolisé par l’huile, et quel enseignement pratique nous pouvons tirer de ce symbole. Lors de la Messe du Jeudi Saint, en consacrant l’huile dite «Chrême», l’évêque, se référant à ceux qui recevront l’onc-tion dans le baptême et la confirmation, dit: «Que chaque baptisé imprégné de l’onction sanctifiante, libéré de la corruption première, désormais temple de l’Esprit, répande la bonne odeur d’une vie pure». C’est une application qui remonte à saint Paul, qui écrit aux Corinthiens: «Car nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ» (2 Co 2, 15). L’onc-tion nous fait parfum, et même une personne qui vit avec joie son onction parfume l’Eglise, parfume la communauté, parfume la famille avec ce parfum spirituel.

Nous savons malheureusement que, parfois, les chrétiens ne répandent pas le parfum du Christ, mais la mauvaise odeur de leur péché. Et n’oublions jamais: le péché nous éloigne de Jésus, le péché nous transforme en huile rance. Et le diable, ne l’oublions pas, le diable entre par les poches — faites attention. Et cela ne doit pas nous dispenser de l’engagement de réaliser, dans la mesure de notre possible et chacun dans son propre domaine, cette vocation sublime d’être la bonne odeur du Christ dans le monde. Le parfum du Christ émane des «fruits de l’Esprit» qui sont «amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi» (Ga 5, 22). C’est ce que dit Paul, et qu’il est beau de rencontrer une personne qui possède ces vertus: une personne qui aime, une personne joyeuse, une personne qui bâtit la paix, une personne magnanime, qui n’est pas avare, une personne volontaire qui accueille tout le monde, une personne bonne. Il est beau de rencontrer une personne bonne, une personne fidèle, une personne douce, qui n’est pas orgueilleuse… Si nous nous efforçons de cultiver ces fruits et lorsque nous rencontrons ces personnes alors, sans que nous nous en apercevions, l’on sentira autour de nous un peu du parfum de l’Esprit du Christ. Demandons à l’Esprit Saint qu’il nous rende plus conscients oints, oints par Lui.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 19 juin 2024

Psautier pourpre et or, Riems, France, 9e siècle, Bodleian Libraries. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a poursuivi sa catéchèse sur « L’Esprit et l’Épouse ». Réfléchissant à son commentaire selon lequel il espère que 2024 sera une « grande ‘symphonie’ de prière » avant le Jubilé de 2025, il a déclaré que « l’Église possède déjà une symphonie de prière, dont le compositeur est l’Esprit Saint, et c’est le livre des Psaumes. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

En préparation du prochain Grand Jubilé, je nous ai invités à dédier l’année 2024 « à une grande « symphonie » de prière » [1]. Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais rappeler que l’Église possède déjà une symphonie de prière dont le compositeur est l’Esprit Saint, et c’est le Livre des Psaumes.

Comme dans toute symphonie, il y a divers « mouvements », c’est-à-dire divers genres de prière : louange, action de grâce, supplication, lamentation, narration, réflexion sapientielle, et autres, aussi bien dans la forme personnelle que dans la forme chorale de tout le peuple. Ce sont les chants que l’Esprit lui-même a mis sur les lèvres de l’Épouse, son Église. Tous les Livres de la Bible, je le rappelais la dernière fois, sont inspirés par l’Esprit Saint, mais le Livre des Psaumes l’est aussi en ce sens qu’il est rempli d’inspiration poétique.

Les Psaumes ont eu une place privilégiée dans le Nouveau Testament. En fait, il y a eu et il y a encore des éditions qui contiennent ensemble le Nouveau Testament et les Psaumes. J’ai sur mon bureau une édition ukrainienne de ce Nouveau Testament avec les Psaumes, qui m’a été envoyée et qui appartenait à un soldat mort à la guerre. Il priait au front avec ce livre. Les chrétiens et encore moins l’homme moderne ne peuvent pas reprendre et s’approprier tous les psaumes – ni tout dans chaque psaume. Ils reflètent parfois une situation historique et une mentalité religieuse qui ne sont plus les nôtres. Cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas inspirés, mais qu’à certains égards, ils sont liés à une époque et à un stade provisoire de la révélation, comme c’est aussi le cas pour une grande partie de la législation ancienne.

Ce qui justifie le plus notre accueil des psaumes, c’est qu’ils ont été la prière de Jésus, de Marie, des Apôtres et de toutes les générations chrétiennes qui nous ont précédés. Lorsque nous les récitons, Dieu les entend dans la grandiose « orchestration » qu’est la communion des saints. Jésus, selon la Lettre aux Hébreux, entre dans le monde avec dans le cœur un verset de psaume : « Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, » (cf. He 10, 7 ; Ps 40, 9) ; et il quitte le monde, selon l’Évangile de Luc, avec un autre verset sur les lèvres : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46 ; cf. Ps 31, 6).

Après le Nouveau Testament, les Pères et toute l’Église ont utilisé les psaumes, ce qui en fait un élément fixe de la célébration de la Messe et de la Liturgie des Heures. « Toute l’Écriture Sainte respire la bonté de Dieu, dit Saint Ambroise, mais en particulier le doux livre des psaumes » [2], le doux livre des psaumes. Je me demande : priez-vous parfois avec les psaumes ? Prenez la Bible ou le Nouveau Testament et priez un psaume. Par exemple, quand vous êtes un peu triste parce que vous avez péché, priez-vous le psaume 50 ? Il y a tant de psaumes qui nous aident à avancer. Prenez l’habitude de prier les psaumes. Je vous assure que vous serez heureux à la fin.

Mais nous ne pouvons pas nous contenter seulement de vivre de l’héritage du passé : il nous faut faire des psaumes notre prière. Il a été écrit que, dans un certain sens, nous devons devenir nous-mêmes « auteurs » des psaumes, les faisant nôtres et en priant avec [3]. S’il y a des psaumes, ou simplement des versets, qui parlent à notre cœur, il est bon de les répéter et de les prier pendant la journée. Les psaumes sont des prières « pour toutes les saisons » : il n’y a pas d’état d’âme ni de besoin qui ne trouve en eux les meilleurs mots pour se transformer en prière. À la différence de toutes les autres prières, les psaumes ne perdent pas leur efficacité à force d’être répétés, bien mieux, elle est accrue. Pourquoi ? Parce qu’ils sont inspirés par Dieu et qu’ils « respirent » Dieu, chaque fois qu’on les lit avec foi.

Si nous nous sentons accablés par le remords et la culpabilité, car nous sommes pécheurs, nous pouvons répéter avec David : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde » (Ps 51 (50), 3), le psaume 51 (50). Si nous voulons exprimer un lien personnel fort avec Dieu, disons : « Dieu, tu es mon Dieu, / je te cherche dès l’aube : / mon âme a soif de toi ; / après toi languit ma chair, / terre aride, altérée, sans eau » psaume 63 (62) (Ps 63(62), 2). Ce n’est pas pour rien que la liturgie a inclus ce psaume dans les Laudes des dimanches et des solennités. Et si la peur et l’angoisse nous assaillent, ces merveilleuses paroles du psaume 23 (22) viennent à notre secours : « Le Seigneur est mon berger […]. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal » (Ps 23(22), 1.4).

Les Psaumes nous consentent de ne pas appauvrir notre prière en la réduisant uniquement à des demandes, à un continuel « donne-moi, donne-nous… ». Apprenons de la prière du notre Père qui, avant de demander le « pain quotidien », dit : « Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite ». Les psaumes nous aident à nous ouvrir à une prière moins centrée sur nous-mêmes : une prière de louange, de bénédiction, d’action de grâce ; ils nous aident aussi à être la voix de toute la création, en l’associant à notre louange.

Frères et sœurs, que l’Esprit Saint, qui a donné à l’Église-Épouse les mots pour prier son divin Époux, nous aide à les faire résonner dans l’Église d’aujourd’hui et à faire de cette année préparatoire au Jubilé une véritable symphonie de prière. Merci !

APPEL

Demain, c’est la Journée Mondiale du Réfugié, promue par les Nations Unies. Que ce soit l’occasion de porter un regard attentif et fraternel sur tous ceux qui sont contraints de fuir leur domicile à la recherche de paix et de sécurité. Nous sommes tous appelés à accueillir, promouvoir, accompagner et intégrer ceux qui frappent à nos portes. Je prie pour que les États s’efforcent d’assurer des conditions humaines aux réfugiés et à faciliter les processus d’intégration.

Je salue l’Association des «Amis du cardinal Celso Costantini», accompagnée de l’évêque du diocèse de Concordia-Pordenone Giuseppe Pellegrini, à l’occasion du 100anniversaire du Concilium Sinense de Shanghai. Cela me fait également penser au cher peuple chinois. Prions toujours pour ce peuple noble et si courageux, qui possède une si belle culture. Prions pour le peuple chinois.

Après-demain, nous célébrerons la mémoire liturgique de saint Louis de Gonzague, qui a aimé la vie et a dépensé celle-ci pour les grands idéaux chrétiens; qu’il vous aide à redécouvrir la vocation à la sainteté dans le don généreux à Dieu et à nos frères et sœurs.

Frères et sœurs, continuons à prier pour la paix. La guerre est toujours une défaite, dès le début. Prions pour la paix dans l’Ukraine martyrisée, en Terre Sainte, au Soudan, en Birmanie et partout où les gens souffrent de la guerre. Prions tous les jours pour la paix! A vous tous va ma bénédiction!

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 12 juin 2024

Photo : Bible de Gutenberg, copie Lenox, New York Public Library. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a poursuivi sa catéchèse sur l’Esprit Saint. Réfléchissant à la doctrine de l’inspiration divine de l’Écriture, il a déclaré que « les mots de l’Écriture, sous l’action de l’Esprit, deviennent lumineux » et que « la mort et la résurrection du Christ sont le phare qui illumine toute la Bible, et qui illumine aussi notre vie. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour, Bienvenue !

Nous poursuivons notre catéchèse sur l’Esprit Saint qui guide l’Église vers le Christ, notre espérance. Lui est le guide. La dernière fois, nous avons contemplé l’œuvre de l’Esprit dans la création ; aujourd’hui, nous la voyons dans la révélation, dont la Sainte Écriture est un témoignage qui fait autorité et qui est inspiré par Dieu.

La deuxième lettre de Saint Paul à Timothée contient cette affirmation : « Toute l’Écriture est inspirée de Dieu » (3,16). Et un autre passage du Nouveau Testament dit : « Animés par l’Esprit Saint, ces hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 P 1,21). Ceci est la doctrine de l’inspiration divine des Écritures que nous proclamons comme article de foi dans le Credo, lorsque nous disons que le Saint-Esprit « a parlé par les prophètes ». L’inspiration divine de la Bible.

L’Esprit Saint, qui a inspiré les Écritures, est aussi celui qui les explique et les rend éternellement vivantes et actives. D’inspirées, il les rend inspirantes. « Les Saintes Écritures, inspirées par Dieu » – écrit le Concile Vatican II – « et consignées une fois pour toutes par écrit, elles communiquent immuablement la Parole de Dieu lui-même et font résonner dans les paroles des prophètes et des Apôtres la voix de l’Esprit Saint » (Dei Verbum, 21). L’Esprit Saint poursuit ainsi, dans l’Église, l’action de Jésus Ressuscité qui, après Pâques, « ouvrit l’intelligence des disciples à la compréhension des Écritures » (cf. Lc 24, 45).

Il peut arriver, en effet, qu’un passage de l’Écriture, que nous avons lu tant de fois sans émotion particulière, nous le lisions un jour dans un climat de foi et de prière, et alors ce texte s’illumine soudain, il nous parle, il éclaire un problème que nous vivons, il rend claire la volonté de Dieu pour nous dans une certaine situation. À quoi ce changement est-il dû, sinon à une illumination de l’Esprit Saint ? Les paroles de l’Écriture, sous l’action de l’Esprit, deviennent lumineuses ; et dans les cas que nous touchons de nos propres mains, combien est vraie l’affirmation de la Lettre aux Hébreux : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; […] » (4,12).

Frères et sœurs, l’Église se nourrit de la lecture spirituelle de l’Écriture Sainte, c’est-à-dire de la lecture faite sous la conduite de l’Esprit Saint qui l’a inspirée. En son centre, comme un phare qui illumine tout, se trouve l’événement de la mort et la résurrection du Christ, qui accomplit le plan du salut, réalise toutes les figures et les prophéties, dévoile tous les mystères cachés et offre la vraie clé de lecture de toute la Bible. La mort et la résurrection du Christ sont le phare qui éclaire toute la Bible, et qui éclaire aussi notre vie. L’Apocalypse décrit tout cela avec l’image de l’Agneau brisant les sceaux du livre “écrit au-dedans et à l’extérieur, scellé de sept sceaux” (cf. 5,1-9), c’est-à-dire l’Écriture de l’Ancien Testament. L’Église, Épouse du Christ, est l’interprète autorisé du texte de l’Écriture inspiré, l’Église est la médiatrice de sa proclamation authentique. Comme l’Église est dotée de l’Esprit Saint – pour cela elle est interprète -, elle est « le pilier et le soutien de la vérité » (1 Tm 3,15). Pourquoi ? Parce qu’elle est inspirée, gardée ferme par l’Esprit Saint. L’Église a pour tâche d’aider les fidèles et tous ceux qui cherchent la vérité à interpréter correctement les textes bibliques.

Une façon de faire une lecture spirituelle de la Parole de Dieu est ce qu’on appelle la Lectio Divina, une parole dont nous ne comprenons peut-être pas bien la signification. Elle consiste à consacrer un moment de la journée à la lecture personnelle et méditative d’un passage de l’Écriture. Et ceci est très important : chaque jour, prends un temps pour écouter, pour méditer, en lisant un passage de l’Ecriture. Et pour cela, je vous recommande d’avoir toujours un Évangile de poche et de le porter dans votre sac, dans vos poches… Ainsi, quand vous voyagez ou quand vous êtes un peu libre, vous le prenez et vous lisez… Cela est très important pour la vie. Prenez un Évangile de poche et, au cours de la journée, lisez-le une fois, deux fois, quand l’opportunité se présente. Mais la lecture spirituelle de l’Écriture par excellence est la lecture communautaire qui se fait dans la Liturgie dans la Sainte Messe. C’est là que nous voyons comment un événement ou un enseignement, donné dans l’Ancien Testament, trouve son plein accomplissement dans l’Évangile du Christ. Et l’homélie, ce commentaire que fait le célébrant, doit aider à faire passer la Parole de Dieu du livre à la vie. Mais l’homélie doit être courte : une image, une pensée, un sentiment. L’homélie ne doit pas durer plus de huit minutes, parce qu’au-delà, l’attention se perd et les gens s’endorment, et avec raison. Une homélie doit être ainsi. Et c’est ce que je veux dire aux prêtres, qui parlent beaucoup, très souvent, et l’on ne comprend pas ce dont ils parlent. Une homélie brève : une pensée, un sentiment et une indication pour l’action, pour le comment faire. Pas plus de huit minutes. Parce que l’homélie doit aider à transférer la Parole de Dieu du livre à la vie. Et parmi les nombreuses paroles de Dieu que nous entendons chaque jour à la Messe ou dans la Liturgie des Heures, il y en a toujours une qui nous est spécialement destinée. Quelque chose qui touche le cœur. Si nous l’accueillons dans le cœur, elle peut illuminer notre journée, animer notre prière. Encore faut-il ne pas la laisser tomber dans le vide !

Terminons par une pensée qui peut nous aider à aimer la Parole de Dieu. Comme certains morceaux de musique, l’Écriture Sainte a aussi une note sous-jacente qui l’accompagne du début à la fin, et cette note, c’est l’amour de Dieu. « Toute la Bible – observe saint Augustin – ne fait que raconter l’amour de Dieu » (De catechizandis rudibus, I, 8, 4: PL 40, 319). Et saint Grégoire le Grand appelle l’Écriture « une lettre du Dieu tout-puissant à sa créature », comme une lettre de l’Époux à son épouse, et nous exhorte à « apprendre à connaître le cœur de Dieu dans les paroles de Dieu » (Registrum Epistolarum, V, 46. Ed. Ewald-Hartmann, pp. 345-346). « Par cette révélation » – dit encore Vatican II – « le Dieu invisible, s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis et il s’entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie » (Dei Verbum, 2).

Chers frères et sœurs, continuez à lire la Bible ! Mais n’oubliez pas l’Évangile de poche : le porter dans le sac, dans la poche, et en lire un passage à un moment de la journée. Cela vous rapprochera beaucoup de l’Esprit Saint qui est dans la Parole de Dieu. Que l’Esprit Saint, qui a inspiré les Ecritures et qui maintenant souffle à partir des Ecritures, nous aide à saisir cet amour de Dieu dans les situations concrètes de notre vie. Je vous remercie.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 5 juin 2024

Éole soufflant le vent, Sant’Agata Bolognese, Bologne, Italie. Wikimedia Commons.

Le pape François a poursuivi son nouveau cycle catéchèse sur le thème « L’Esprit Saint et l’Épouse » lors de son audience générale hebdomadaire. Pensant à la liberté de l’Esprit Saint, il a affirmé que « l’Esprit fait et vit les institutions, mais lui-même ne peut être « institutionnalisé », « objectivé ». Citant 1 Corinthiens 12:11, il a continué en disant que « le vent souffle « où il veut », l’Esprit donne ses dons « comme il veut ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous sur le nom par lequel l’Esprit Saint est désigné dans la Bible.

La première chose que nous connaissons d’une personne, c’est son nom. Il nous permet de l’appeler, de la distinguer et de nous souvenir d’elle. La troisième personne de la Trinité a également un nom : elle s’appelle l’Esprit Saint. Mais « Esprit » est la version latinisée. Le nom de l’Esprit, celui par lequel les premiers destinataires de la révélation l’ont connu, celui par lequel les prophètes, les psalmistes, Marie, Jésus et les Apôtres l’ont invoqué, est Ruach, ce qui signifie souffle, vent, respiration.

Dans la Bible, le nom est si important qu’il est presque identifié à la personne elle-même. Sanctifier le nom de Dieu, c’est sanctifier et honorer Dieu lui-même. Le nom n’est jamais une simple appellation conventionnelle : il dit toujours quelque chose de la personne, de son origine ou de sa mission. C’est aussi le cas du nom Ruach. Il contient la première révélation fondamentale sur la personne et la fonction de l’Esprit Saint.

En observant le vent et ses manifestations, les auteurs bibliques ont été conduits par Dieu à découvrir un “vent” d’une autre nature. Ce n’est pas un hasard si, à la Pentecôte, l’Esprit Saint est descendu sur les Apôtres accompagné d’“un violent coup de vent” (cf. Ac 2, 2). C’est comme si l’Esprit Saint voulait apposer sa signature sur ce qui se passait.

Qu’est-ce que son nom Ruach nous apprend donc sur l’Esprit Saint ? L’image du vent sert avant tout pour exprimer la puissance de l’Esprit Saint. L’expression “Esprit et puissance”, ou “puissance de l’Esprit”, est un binôme récurrent dans la Bible. En effet, le vent est une force impétueuse, une force indomptable, capable même de déplacer les océans.

Mais là encore, pour découvrir tout le sens des réalités bibliques, il ne faut pas s’arrêter à l’Ancien Testament, mais arriver à Jésus. À côté de la puissance, Jésus va mettre en évidence une autre caractéristique du vent, celle de la liberté. À Nicodème, qui lui rend visite la nuit, Jésus dit solennellement : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jn 3,8).

Le vent est la seule chose que l’on ne peut pas brider, que l’on ne peut pas “mettre en bouteille” ou en boîte. Tentons de “mettre en bouteille” ou en boîte le vent : ce n’est pas possible, il est libre. Prétendre enfermer l’Esprit Saint dans des concepts, des définitions, des thèses ou des traités, comme le rationalisme moderne a parfois tenté de le faire, signifie le perdre, l’annuler, le réduire à l’esprit purement humain, un esprit simple. Mais il existe une tentation analogue dans le domaine ecclésiastique, celle de vouloir enfermer l’Esprit Saint dans des canons, institutions, définitions. L’Esprit crée et anime les institutions, mais lui-même ne peut être “institutionnalisé”, “chosifié”.  Le vent souffle “où il veut”, de même l’Esprit distribue ses dons “comme il veut” (1 Co 12,11).

Saint Paul en fera la loi fondamentale de l’agir chrétien : « Là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. » (2 Co 3,17) dit-il. Une personne libre, un chrétien libre, c’est celui qui a l’Esprit du Seigneur. Il s’agit d’une liberté très singulière, bien différente de ce que l’on entend communément. Il ne s’agit pas de la liberté de faire ce que l’on veut, mais de la liberté de faire librement ce que Dieu veut ! Non pas la liberté de faire le bien ou le mal, mais la liberté de faire le bien et de le faire librement, c’est-à-dire par attraction et non par contrainte. En d’autres termes, la liberté des enfants, et non des esclaves.

Saint Paul est bien conscient de l’abus ou de l’incompréhension que l’on peut faire de cette liberté ; il écrit aux Galates : « Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres » (Ga 5,13). Il s’agit d’une liberté qui s’exprime dans ce qui semble être son contraire, elle s’exprime dans le service, c’est la vraie liberté.

Nous savons bien quand cette liberté devient un “prétexte pour la chair”. Paul en donne une liste toujours actuelle : « inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre » (Ga 5,19-21). Mais il en va de même pour la liberté qui permet aux riches d’exploiter les pauvres, c’est une liberté hideuse, celle qui permet aux forts d’exploiter les faibles, et à tous d’exploiter l’environnement en toute impunité.  Et cette liberté est mauvaise, ce n’est pas la liberté de l’Esprit.

Frères et sœurs, où puisons-nous cette liberté de l’Esprit, si contraire à la liberté de l’égoïsme ? La réponse se trouve dans les paroles que Jésus a adressées un jour à ses auditeurs : « Si donc le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres » (Jn 8, 36). La liberté que nous donne Jésus. Demandons à Jésus de faire de nous, par son Esprit Saint, des hommes et des femmes vraiment libres. Libres de servir, dans l’amour et la joie. Je vous remercie !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 29 mai 2024

Détail de Daniel Heller, « Creation 2 ». Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François a entamé un nouveau cycle de catéchèses sur le thème « L’Esprit Saint et l’Épouse ». Réfléchissant aux premiers versets de la Genèse, il a déclaré que « l’Esprit de Dieu fait passer le monde de son état initial informe, désert et lugubre à son état ordonné et harmonieux ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui avec cette catéchèse, nous entamons un cycle de réflexions sur le thème «L’Esprit et l’Epouse — L’Esprit est l’Epouse —. L’Esprit Saint guide le peuple de Dieu vers Jésus, notre espérance». Nous parcourrons ce chemin à travers les trois grandes étapes de l’histoire du salut: l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et le temps de l’Eglise. En gardant toujours le regard fixé sur Jésus, qui est notre espérance.

Dans ces premières catéchèses sur l’Esprit dans l’Ancien Testament, nous ne ferons pas d’«archéologie biblique». Nous découvrirons au contraire que ce qui est donné comme promesse dans l’Ancien Testament s’est pleinement réalisé dans le Christ. Ce sera comme suivre le chemin du soleil de l’aube à midi.

Commençons par les deux premiers versets de toute la Bible: «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et déserte, les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu planait sur les eaux » (Gn 1,1-2). L’Esprit de Dieu nous apparaît comme la puissance mystérieuse qui fait passer le monde de son état initial informe, désert et ténébreux à son état ordonné et harmonieux. Parce que l’Esprit fait l’harmonie, l’harmonie dans la vie, l’harmonie dans le monde. En d’autres termes, c’est Lui qui fait passer le monde du chaos au cosmos, c’est-à-dire de la confusion à quelque chose de beau et d’ordonné. C’est d’ailleurs le sens du mot grec kosmos, ainsi que du mot latin mundus , c’est-à-dire quelque chose de beau, d’ordonné, de propre, d’harmonique, parce que l’Esprit est l’harmonie.

Cette indication encore vague de l’action de l’Esprit dans la création est précisée dans la révélation suivante. Dans un psaume, nous lisons: «Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche » (Ps 33, 6); et encore: «Tu envoies ton souffle : ils sont créés; tu renouvelles la face de la terre» (Ps 104, 30).

Cette ligne de développement devient très claire dans le Nouveau Testament, qui décrit l’intervention de l’Esprit Saint dans la nouvelle création, en utilisant précisément les images que nous avons lues à propos de l’origine du monde: la colombe qui plane sur les eaux du Jourdain lors du baptême de Jésus (cf. Mt 3, 16); Jésus qui, au Cénacle, souffle sur les disciples et dit: «Recevez l’Esprit Saint» (Jn 20, 22), tout comme au commencement Dieu a soufflé sur Adam (cf. Gn 2, 7).

L’apôtre Paul introduit un nouvel élément dans cette relation entre l’Esprit Saint et la création . Il parle d’un univers qui «gémit, passe par les douleurs d’un enfantement» (cf. Rm 8, 22). Il souffre à cause de l’homme qui l’a soumis à «l’esclavage de la corruption» (cf. v. 20-21). C’est une réalité qui nous concerne de près et de manière dramatique. L’apôtre voit la cause de la souffrance de la création dans la corruption et le péché de l’humanité qui l’a entraînée dans son éloignement de Dieu. Cela demeure encore vrai aujourd’hui comme naguère. Nous voyons les ravages que l’humanité a causés et continue de causer à la création, en particulier à la partie de celle-ci qui a la plus grande capacité d’exploiter ses ressources.

Saint François d’Assise nous montre une belle voie de sortie, pour revenir à l’harmonie de l’Esprit: la voie de la contemplation et de la louange. Il voulait que s’élève des créatures un cantique de louange au Créateur. Rappelons-nous: «Laudato sì, mi Signore…», le cantique de François d’Assise.

Un psaume (18, 2) dit ainsi: «Les cieux racontent la gloire de Dieu » — mais ils ont besoin de l’homme et de la femme pour donner une voix à leur cri muet. Et dans le «Sanctus» de la Messe, nous répétons chaque fois: «Les cieux et la terre sont remplis de ta gloire». Ils en sont, pour ainsi dire, «enceintes», mais ils ont besoin des mains d’une bonne sage-femme pour donner naissance à cette louange qui est la leur. Notre vocation dans le monde, nous rappelle encore Paul, est d’être «louange de sa gloire » (Ep 1,12). C’est faire passer la joie de contempler avant la joie de posséder. Et personne ne s’est réjoui des créatures plus que François d’Assise, qui ne voulait pas en posséder aucune.

Frères et sœurs, l’Esprit Saint, qui au commencement transforma le chaos en cosmos, est à l’œuvre pour opérer cette transformation en chaque personne. Par le prophète Ezéchiel, Dieu promet: «Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un Esprit nouveau…. Je mettrai en vous mon Esprit » (Ez 36, 26-27). Car notre cœur ressemble à cet abîme désert et sombre des premiers versets de la Genèse. En lui s’agitent des sentiments et des désirs opposés: ceux de la chair et ceux de l’esprit. Nous sommes tous, en un sens, ce «royaume divisé en lui-même» dont parle Jésus dans l’Evangile (cf. Mc 3, 24). Nous pouvons dire qu’autour de nous il y a un chaos extérieur, un chaos social, un chaos politique: pensons aux guerres, pensons à tant d’enfants qui n’ont rien à manger, à tant d’injustices sociales, ça c’est le chaos à l’extérieur. Mais il y a aussi un chaos intérieur: intérieur à chacun de nous. Le premier ne peut être guéri que si nous commençons à guérir le second! Frères et sœurs, faisons en sorte que notre confusion intérieure devienne une clarté de l’Esprit Saint: c’est la puissance de Dieu qui le fait, et nous ouvrons nos cœurs pour qu’Il puisse le faire.

Puisse cette réflexion susciter en nous le désir de faire l’expérience de l’Esprit créateur. Depuis plus d’un millénaire, l’Eglise a mis sur nos lèvres le cri de la demande: «Veni creator Spiritus !», «Viens, Esprit Créateur! Visite nos esprits. Remplis de grâce céleste les cœurs que tu as créés». Demandons à l’Esprit Saint de venir à nous et de faire de nous des personnes nouvelles, avec la nouveauté de l’Esprit. Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

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