Audience générale du pape François – mercredi 6 novembre 2024

Portrait de Sainte Thérèse de Jésus par Juan de la Miseria. Wikimedia Commons.

Dans sa catéchèse hebdomadaire, le pape François s’est penché sur le pouvoir de l’Esprit Saint qui nous permet de prier. Il a déclaré : « Nous prions Dieu par Dieu. Prier signifie se placer à l’intérieur de Dieu, de sorte que Dieu entre en nous ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

L’action sanctifiante de l’Esprit Saint, outre la Parole de Dieu et les Sacrements, se manifeste dans la prière, et c’est à la prière que nous voulons consacrer la réflexion d’aujourd’hui : la prière. L’Esprit Saint est à la fois sujet et objet de la prière chrétienne. C’est-à-dire qu’il est Celui qui donne la prière et Celui qui est donné par la prière. Nous prions pour recevoir l’Esprit Saint et nous recevons l’Esprit Saint pour pouvoir prier vraiment, c’est-à-dire comme des enfants de Dieu et non comme des esclaves.

Réfléchissons à ceci : priez comme des enfants de Dieu, et non comme des esclaves. On doit toujours prier avec liberté. « Aujourd’hui, je dois prier ceci, ceci, ceci, parce que j’ai promis ceci, ceci, ceci… Sinon, j’irai en enfer ! Non, ce n’est pas cela la prière. La prière est libre. Tu pries quand l’Esprit t’aide à prier. Tu pries quand tu sens dans ton cœur le besoin de prier ; et quand tu ne sens rien, arrête-toi et demande-toi : pourquoi je ne sens pas le désir de prier, qu’est-ce qui se passe dans ma vie ? La spontanéité dans la prière est toujours ce qui nous aide le plus. Cela signifie prier comme des enfants et non comme des esclaves.

Surtout, nous devons prier pour recevoir l’Esprit Saint. Il y a, à cet égard, une parole très précise de Jésus dans l’Évangile : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11, 13). Chacun de nous, chacun de nous, aux petits que nous savons donner de bonnes choses, qu’il s’agisse d’enfants, de petits-enfants ou d’amis. Les petits reçoivent toujours de bonnes choses de nous. Et comment le Père ne nous donnerait-il pas l’Esprit ? Et cela nous donne du courage et nous pouvons continuer. Dans le Nouveau Testament, nous voyons toujours l’Esprit Saint descendre pendant la prière. Il descend sur Jésus lors du baptême dans le Jourdain, alors qu’il « priait » (Lc 3,21) ; et il descend sur les disciples à la Pentecôte, alors qu’ils « persévéraient et priaient d’un commun accord » (Ac 1,14).

C’est l’unique « pouvoir » que nous avons sur l’Esprit de Dieu. Le pouvoir de la prière : il ne résiste pas à la prière. Nous prions et il vient. Sur le Mont Carmel, les faux prophètes de Baal – rappelez-vous ce passage de la Bible – s’agitaient pour invoquer le feu du ciel sur leur sacrifice, mais rien ne se passait, parce qu’ils étaient idolâtres, ils adoraient un dieu qui n’existe pas ; Elie a prié et le feu est descendu et a consumé l’holocauste (cf. 1 Rois 18, 20-38). L’Église suit fidèlement cet exemple : elle a toujours sur les lèvres l’imploration « Viens ! Viens! » chaque fois qu’elle s’adresse à l’Esprit Saint. Et elle le fait surtout à la Messe, pour qu’il descende comme la rosée et sanctifie le pain et le vin pour le sacrifice eucharistique.

Mais il y a aussi l’autre aspect, le plus important et le plus encourageant pour nous : l’Esprit Saint est celui qui nous donne la vraie prière. Saint Paul affirme ceci : « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles.» (Rm 8, 26-27).

C’est vrai, nous ne savons pas prier, nous ne savons pas. Nous devons apprendre chaque jour. La raison de cette faiblesse de notre prière s’exprimait autrefois en un seul mot, utilisé de trois manières différentes : comme adjectif, comme nom et comme adverbe. Il est facile à retenir, même pour ceux qui ne connaissent pas le latin, et il vaut la peine de s’en souvenir, car il contient à lui seul tout un traité. Nous, les êtres humains, nous disons “mali, mala, male petimus”, ce qui signifie : étant mauvais (mali), nous demandons de mauvaises choses (mala) et de la mauvaise manière (male). Jésus dit : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33) ; nous, en revanche, nous cherchons d’abord le surcroît, c’est-à-dire nos propres intérêts- tant de fois ! -, et nous oublions surtout de demander le règne de Dieu. Demandons au Seigneur le Règne, et tout vient avec.

L’Esprit Saint vient, certes, au secours de notre faiblesse, mais il fait quelque chose de bien plus important encore : il nous atteste que nous sommes enfants de Dieu et met sur nos lèvres le cri : «Père » (Rm 8,15 ; Ga 4,6). Nous ne pouvons pas dire “Père, Abba” sans la force de l’Esprit Saint. La prière chrétienne, ce n’est pas l’homme qui parle à Dieu au bout du fil, c’est Dieu qui prie en nous ! Nous prions Dieu par Dieu. Prier, c’est se mettre à l’intérieur de Dieu et que Dieu entre en nous.

C’est précisément dans la prière que l’Esprit Saint se révèle comme “Paraclet”, c’est-à-dire avocat et défenseur. Il ne nous accuse pas devant le Père, mais il nous défend. Oui, il nous défend, il nous convainc que nous sommes pécheurs (cf. Jn 16,8), mais il le fait pour nous faire goûter la joie de la miséricorde du Père, et non pour nous détruire avec des sentiments stériles de culpabilité. Même lorsque notre cœur nous reproche quelque chose, il nous rappelle que « Dieu est plus grand que notre cœur » (1 Jn 3,20). Dieu est plus grand que notre péché. Nous sommes tous pécheurs… Pensons-y : peut-être que parmi vous – je ne sais pas – certains ont tellement peur à cause de ce qu’ils ont fait, ils ont peur d’être réprimandés par Dieu, ils ont peur de tant de choses et n’arrivent pas à trouver la paix. Mets-toi en prière, fais appel à l’Esprit Saint et il t’apprendra à demander pardon. Et vous savez quoi ? Dieu ne connaît pas beaucoup la grammaire et quand nous demandons pardon, il ne nous laisse pas finir ! « Par… » et là, Il ne nous laisse pas finir le mot pardon. Il nous pardonne avant tout, il nous pardonne toujours, avant que nous ne terminions le mot pardon. Nous disons « par… » et le Père nous pardonne toujours.

Le Saint-Esprit intercède pour nous et nous apprend aussi à intercéder à notre tour pour nos frères et sœurs ; il nous enseigne la prière d’ intercession : prier pour telle personne, prier pour tel malade, prier pour celui qui est en prison, prier… ; prier pour la belle-mère aussi, et prier toujours, toujours. Cette prière est particulièrement agréable à Dieu parce qu’elle est la plus gratuite et la plus désintéressée. Quand chacun prie pour tous, il arrive – disait saint Ambroise – que tous prient pour chacun ; la prière se multiplie [1] La prière est ainsi. Voilà une tâche si précieuse et nécessaire dans l’Église, surtout en ce temps de préparation au Jubilé : nous unir au Paraclet qui “intercède pour nous tous selon les desseins de Dieu”.

Mais ne pas prier comme des perroquets, s’il vous plaît ! Ne pas dire «bla, bla, bla…». Non. Dis « Seigneur », mais dis-le du fond du cœur. « Aide-moi, Seigneur », « Je t’aime, Seigneur ». Et quand vous priez le Notre Père, dites « Père, Tu es mon Père ». Priez avec le cœur et non avec les lèvres, ne faites pas comme les perroquets.

Que l’Esprit nous aide dans la prière, car nous en avons tant besoin ! Je vous remercie.

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[1] De Cain et Abel, I, 39.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

 

Comment utiliser les réseaux sociaux ?

Image de iStock

 

Comment utiliser les réseaux sociaux ? Une réflexion sur son rôle dans la vie quotidienne

Nous vivons dans un monde de plus en plus connecté. Les réseaux sociaux nous aident à nous exprimer, à découvrir l’actualité et à rester en contact avec nos proches. Mais les réseaux sociaux portent également des risques.

Dernièrement, la Conférence des évêques catholiques du Canada a publié une lettre pastorale sur l’utilisation des réseaux sociaux

Dans le dernier épisode de béatitude, nous nous sommes demandés : comment utiliser les réseaux sociaux ?

Cette lettre pastorale s’intitule « Que vos paroles soient toujours bienveillantes » (Colossiens 4,6). 

Les évêques appellent à un « engagement pour la vérité » en ce qu’on lit et partage sur les réseaux sociaux, ce qui exige que l’on respecte les uns des autres (nos. 9-11). Les évêques nous rappellent que « Dieu ne souhaite pas nous voir enchaînés à nos appareils » (no. 27).

Ils nous invitent à prendre du recul et à nous demander : 

  • Quelles sont les règles chez nous quant à l’utilisation d’appareils tels que les téléphones et les tablettes ? Par exemple, est-ce qu’on les utilise à table, avant de se coucher ? 
  • Combien de temps est-ce qu’on passe devant l’écran chaque jour ? 
  • Est-ce que nous sommes satisfaits du temps que nous passons sur les réseaux sociaux ? 
  • Est-ce qu’on aimerait y passer plus ou moins de temps ? 
  • Comment est-ce que cela affecte notre humeur, notre état d’esprit et notre vie spirituelle ? Est-ce que ça nous laisse comblé ou plutôt desséché ? 
  • Comment est-ce qu’on essaie de contrôler notre utilisation des réseaux sociaux en fonction des priorités dans notre vie ? 

Qu’attendez-vous des réseaux sociaux dans votre vie ? Associez-vous les réseaux sociaux à la construction ou plutôt à la ruine de vos relations ? Est-ce que ça vous aide à approfondir vos relations ou est-ce que ça a l’effet de vous distraire des relations dans votre vie ? 

Les réseaux sociaux peuvent nous être très utiles, si nous en faisons bon usage. Il s’agit de bien gérer le temps que nous passons sur nos appareils et de réfléchir à comment ils peuvent faire du bien ou nuire à nous-mêmes et aux autres.  

Bien évidemment, nous sommes appelés à être des chrétiens dans la vie réelle et également dans le monde virtuel. C’est une occasion de témoigner afin d’évangéliser le continent numérique pour répandre la bonne nouvelle du Christ par tous les moyens à notre disposition. Qu’il soit en présentiel ou en ligne, « la façon la plus fondamentale de témoigner de notre foi [chrétienne] est la qualité de notre vie : notre façon de traiter les autres, de gérer nos désaccords, de réagir aux problèmes » (no. 6). Les évêques du Canada nous rappellent qu’un « engagement total pour la vérité implique toujours le souci du bien de l’autre » (no. 14). Il faut communiquer la vérité avec amour et non pas en envoyant des flèches. La dureté de cœur, qu’il soit en ligne ou dans la vie réelle, est toujours un contre-témoignage à l’Évangile.

Demandons l’aide du Seigneur afin qu’il nous éclaire et nous guider dans nos rapports les uns avec les autres.

Seigneur, fais de nous des instruments de ta paix.
Fais-nous reconnaître le mal qui s’insinue dans une communication qui ne crée pas la communion.
Rends-nous capables d’extraire le venin de nos jugements.
Aide-nous à parler des autres comme de frères et de sœurs.
Fais que nos paroles soient des semences de bien pour le monde :
là où il y a de la rumeur, que nous pratiquions l’écoute;
là où il y a de la confusion, que nous inspirions l’harmonie;
là où il y a de l’exclusion, que nous apportions le partage;
là où il y a de la superficialité, que nous posions les vraies questions;
là où il y a des préjugés, que nous suscitions la confiance;
là où il y a de l’agressivité, que nous apportions le respect.
Amen.
(no. 32, tiré du Message du Pape François pour la journée mondiale des communications sociales, 2018)

 

Qu’est-ce qu’un Jubilé ?

Le pape François ouvre la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre pour inaugurer l’Année jubilaire extraordinaire de la miséricorde 2016.

Dans le dernier épisode de béatitude, nous nous sommes demandés : qu’est-ce qu’un jubilé ?

En préparation de l’année jubilaire de 2025, le pape François a fait de 2024 une année de prière. 

Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un jubilé ? 

Le Jubilé trouve ses racines dans l’Ancien Testament. La Torah stipule que tous les 50 ans, une année jubilaire devait être célébrée, au cours de laquelle les captifs sont libéréses, les dettes remises et la terre laissée en jachère. 

Dans la tradition juive, ces années jubilaires permettaient d’éviter la concentration des richesses et l’asservissement des personnes à cause des dettes. Elles symbolisaient également une période de renouveau, de liberté et d’égalité au sein de la communauté, soulignant les principes de justice, de compassion et de sauvegarde de la terre. C’était comme un sabbat qui durait un an entier, un temps béni par le Seigneur.

Dans l’Église catholique, un jubilé ou une « année sainte » est un temps de grâce. A travers l’histoire, ces années spéciales ont été déclarées pour aider les fidèles à se concentrer davantage sur le pardon, la réconciliation et le salut.

Le premier jubilé a été déclaré par le pape Boniface VIII en l’an treize-cent, pour marquer le début de ce siècle-là. Il a ensuite déclaré qu’un jubilé serait célébré tous les 100 ans.  Deux siècles plus tard, le pape Paul II a porté la fréquence des années jubilaires à 50 ans, puis le pape Sixte IV les a rendues encore plus fréquentes, tous les 25 ans. 

Des jubilés peuvent aussi être déclarés pour des occasions dites « extraordinaires », comme le dernier jubilé, l’Année de la miséricorde, proclamée par le pape François en 2015-2016, 50 ans après la conclusion du concile Vatican II.

On peut se souvenir également du grand jubilé proclamé en l’an 2000 par saint Jean-Paul II pour marquer le début du troisième millénaire. 

Le thème du Jubilé de 2025 est « Pèlerins d’espérance » : une année pour marcher ensemble dans la confiance au milieu d’un monde qui souffre de la guerre, des conséquences de la pandémie du COVID-19 et de la crise climatique qui menace la terre, notre maison commune. 

Pour marquer le début d’une année sainte, le pape ouvrira la porte sainte de la basilique Saint-Pierre la veille de Noël 2024. Les portes saintes resteront ouvertes jusqu’à la fin du Jubilé, offrant aux fidèles la possibilité de s’y rendre en pèlerinage et d’obtenir des grâces spéciales, à Rome et dans divers endroits à travers le monde, dont la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec.

Pour préparer nos cœurs à ce Jubilé, le Pape François nous invite à prier. 2024 est un temps pour redécouvrir la prière comme une rencontre privilégiée avec le Christ, qui donne un nouvel horizon à notre vie. C’est aussi un temps pour encourager la prière quotidienne, en lisant la Bible, en priant le chapelet, en parlant à Dieu comme à un ami. On peut également prier ensemble, en recevant les sacrements, en nous ressourçant à la messe et en créant des petits groupes de partage. 

Selon Mgr Rino Fisichella, du Dicastère pour l’évangélisation du Vatican, cette Année de la prière est une occasion pour les croyants de renforcer leur relation avec Dieu, « offrant des moments de véritable repos spirituel », « comme une oasis à l’abri du stress quotidien où la prière devient une nourriture pour la vie chrétienne de foi, d’espérance et de charité ».

Pour plus d’informations, visitez le site du Jubilé : www.giubileo-2025.it/fr  

Unissons-nous dans la prière pour cheminer ensemble dans l’espérance.

 

Message de Sa Sainteté le pape François pour la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création

Jeunes randonneurs traversant un pont en bois. iStock photo.

Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création
Message de Sa Sainteté
Vendredi 1er septembre 2023

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs!

“Que la justice et la paix jaillissent” est cette année le thème du Temps œcuménique de de la Création, inspiré des paroles du prophète Amos : « Que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais » (5, 24).

Cette image expressive d’Amos nous dit ce que Dieu désire. Dieu veut que règne la justice, essentielle à notre vie d’enfants à l’image de Dieu, comme l’est l’eau à notre survie physique. Cette justice doit émerger là où elle est nécessaire, et non pas se cacher en profondeur ou disparaître comme l’eau qui s’évapore, avant qu’elle n’ait pu nous soutenir. Dieu veut que chacun cherche à être juste en toute situation, qu’il s’efforce toujours de vivre selon ses lois et de permette ainsi à la vie de s’épanouir pleinement. Lorsque nous cherchons d’abord le royaume de Dieu (cf. Mt 6, 33), en maintenant une juste relation avec Dieu, l’humanité et la nature, alors la justice et la paix peuvent jaillir, comme un courant inépuisable d’eau pure, nourrissant l’humanité et toutes les créatures.

Par une belle journée d’été de juillet 2022, j’ai médité sur ces questions lors de mon pèlerinage sur les rives du lac Sainte-Anne, dans la province d’Alberta, au Canada. Ce lac a été et est toujours un lieu de pèlerinage pour de nombreuses générations d’autochtones. Comme je l’ai dit à cette occasion, accompagné par le son des tambours : « Combien de cœurs sont arrivés ici, anxieux et essoufflés, appesantis par les fardeaux de la vie, et ont trouvé près de ces eaux la consolation et la force pour aller de l’avant ! Ici aussi, immergé dans la création, se fait entendre un autre battement, le battement maternel de la terre. Et comme le battement des bébés, depuis le sein maternel, est en harmonie avec celui des mères, ainsi pour grandir en tant qu’êtres humains, nous avons besoin d’ajuster les rythmes de la vie avec ceux de la création qui donne la vie ». [1]

En ce Temps de la Création, attardons-nous sur ces battements de cœur : les nôtres, ceux de nos mères et de nos grands-mères, les battements de cœur de la création et du cœur de Dieu. Aujourd’hui, ils ne sont pas en harmonie, ils ne battent pas ensemble dans la justice et la paix. Trop de gens sont empêchés de s’abreuver à ce fleuve puissant. Écoutons donc l’appel à être aux côtés des victimes de l’injustice environnementale et climatique, et à mettre fin à cette guerre insensée à la création.

Nous voyons les effets de cette guerre en beaucoup de fleuves qui s’assèchent. « Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands », a déclaré Benoît XVI. [2] Le consumérisme rapace, alimentée par des cœurs égoïstes, bouleverse le cycle d’eau de la planète. L’utilisation effrénée des combustibles fossiles et l’abattage des forêts entraînent une hausse des températures et de graves sécheresses. Des pénuries d’eau effrayantes touchent de plus en plus nos habitations, des petites communautés rurales aux grandes métropoles. En outre, les industries prédatrices épuisent et polluent nos sources d’eau potable par des pratiques extrêmes telles que la fracturation hydraulique pour l’extraction du pétrole et du gaz, les projets de méga-extraction incontrôlée et l’élevage intensif d’animaux. « Sœur eau », comme l’appelle saint François, est pillée et transformée en « marchandise sujette aux lois du marché » (Enc. Laudato si’, n. 30).

Le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) affirme qu’une action urgente pour le climat nous permettrait de ne pas manquer l’occasion de créer un monde plus durable et plus juste. Nous pouvons, nous devons, empêcher les pires conséquences de se produire. « Il y a tant de choses que l’on peut faire ! » (ibid., n. 180), si, comme autant de ruisseaux et de torrents, nous finissons par nous réunir en un puissant fleuve pour irriguer la vie de notre merveilleuse planète et de notre famille humaine pour les générations à venir. Joignons nos mains et accomplissons des pas courageux pour que la justice et la paix coulent sur toute la Terre.

Comment pouvons-nous contribuer au puissant fleuve de la justice et de la paix en ce Temps de la Création ? Que pouvons-nous faire, en particulier en tant qu’Églises chrétiennes, pour restaurer notre maison commune afin qu’elle grouille à nouveau de vie ? Nous devons décider de transformer nos cœurs, nos modes de vie et les politiques publiques qui régissent nos sociétés.

Tout d’abord, contribuons à ce puissant fleuve en transformant nos cœurs. C’est essentiel pour que toute autre transformation puisse commencer. C’est la “conversion écologique” que saint Jean-Paul II nous a exhortés à entreprendre : le renouvellement de notre relation avec la création, de sorte que nous ne la considérions plus comme un objet à exploiter, mais que nous la chérissions comme un don sacré du Créateur. Rendons-nous compte donc qu’une approche d’ensemble exige que nous pratiquions le respect écologique selon quatre directions : envers Dieu, envers nos semblables d’aujourd’hui et de demain, envers l’ensemble de la nature et envers nous-mêmes.

En ce qui concerne la première de ces dimensions, Benoît XVI a identifié un besoin urgent de comprendre que la Création et la Rédemption sont inséparables : « Le Rédempteur est le Créateur et si nous n’annonçons pas Dieu dans cette grandeur totale qui est la sienne – de Créateur et de Rédempteur – nous dévalorisons également la Rédemption ». [3] La création fait référence au mystérieux et magnifique acte de Dieu qui consiste à créer cette majestueuse et belle planète et cet univers à partir de rien, ainsi qu’au résultat de cet acte, toujours en cours, que nous expérimentons comme un don inépuisable. Au cours de la liturgie et de la prière personnelle dans la « grande cathédrale de la création », [4] nous nous souvenons du Grand Artiste qui crée tant de beauté et nous réfléchissons au mystère du choix amoureux de créer le cosmos.

Deuxièmement, nous contribuons à l’écoulement de ce puissant fleuve en transformant nos modes de vie. Partant de l’admiration reconnaissante du Créateur et de la création, repentons-nous de nos “péchés écologiques”, comme le dit mon frère, le Patriarche Œcuménique Bartholomée. Ces péchés blessent le monde naturel, et aussi nos frères et sœurs. Avec l’aide de la grâce de Dieu, adoptons des modes de vie avec moins de gaspillage et moins de consommation inutile, en particulier là où les processus de production ne sont pas durables et toxiques. Cherchons à être attentifs le plus possible à nos habitudes et à nos choix économiques, afin que tous s’en portent mieux : nos semblables, où qu’ils soient, et aussi les enfants de nos enfants. Collaborons à la création continue de Dieu par des choix positifs : en faisant un usage le plus modéré possible des ressources, en pratiquant une sobriété joyeuse, en éliminant et en recyclant les déchets, et en utilisant les produits et services, de plus en plus disponibles, qui sont écologiquement et socialement responsables.

Enfin, pour que le fleuve puissant continue de couler, nous devons transformer les politiques publiques qui régissent nos sociétés et qui façonnent la vie des jeunes d’aujourd’hui et de demain. Des politiques économiques qui favorisent l’enrichissement scandaleux de quelques-uns et la dégradation des conditions de vie du plus grand nombre signifient la fin de la paix et de la justice. Il est évident que les Nations les plus riches ont accumulé une “dette écologique” ( Laudato si’, n. 51). [5] Les dirigeants mondiaux participant au sommet COP28, prévu à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre de cette année, doivent écouter la science et entamer une transition rapide et équitable pour mettre fin à l’ère des combustibles fossiles. Selon les engagements de l’Accord de Paris visant à réduire le risque de réchauffement global, il est absurde de permettre la poursuite de l’exploration et de l’expansion des infrastructures liées aux combustibles fossiles. Élevons la voix pour mettre fin à cette injustice faite aux pauvres et à nos enfants, qui subiront les pires impacts du changement climatique. J’en appelle à toutes les personnes de bonne volonté pour qu’elles agissent en fonction de ces orientations concernant la société et la nature.

Une autre perspective parallèle est spécifique à l’engagement de l’Église catholique pour la synodalité. Cette année, la clôture du Temps de la Création, le 4 octobre, fête de saint François, coïncidera avec l’ouverture du Synode sur la Synodalité. Comme les fleuves alimentés par mille petits ruisseaux et de plus grands torrents, le processus synodal qui a commencé en octobre 2021 invite toutes les composantes, au niveau personnel et communautaire, à converger en un fleuve majestueux de réflexion et de renouveau. L’ensemble du peuple de Dieu est engagé dans un passionnant chemin de dialogue et de conversion synodale.

De même, comme un bassin fluvial avec ses nombreux affluents, grands et petits, l’Église est une communion d’innombrables Églises locales, de communautés religieuses et d’associations qui se nourrissent de la même eau. Chaque source apporte sa contribution unique et irremplaçable, jusqu’à ce que toutes confluent dans le vaste océan de l’amour miséricordieux de Dieu. De même qu’un fleuve est une source de vie pour l’environnement qui l’entoure, de même notre Église synodale doit être une source de vie pour la maison commune et tous ceux qui y vivent. Et de même qu’un fleuve donne vie à toutes sortes d’espèces animales et végétales, de même une Église synodale doit donner vie en semant justice et paix dans tous les lieux qu’elle atteint.

En juillet 2022 au Canada, j’ai évoqué la mer de Galilée où Jésus a guéri et consolé beaucoup de personnes, et où il a proclamé “une révolution de l’amour”. J’ai appris que le Lac Sainte-Anne est aussi un lieu de guérison, de consolation et d’amour, un lieu qui nous rappelle que « la fraternité est véritable si elle unit ceux qui sont éloignés, que le message d’unité que le Ciel envoie sur la terre ne craint pas les différences et nous invite à la communion, à la communion des différences, pour repartir ensemble, parce que tous – tous ! – nous sommes des pèlerins en marche » . [6]

En ce Temps de la Création, en tant que disciples du Christ dans notre marche synodale commune, vivons, travaillons et prions pour que notre maison commune regorge à nouveau de vie. Que l’Esprit Saint continue de planer sur les eaux et qu’il nous guide pour « renouveler la face de la terre » (c. Ps 104, 30).

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 13 mai 2023.


[1]  Homélie près du Lac Ste. Anne, Canada, 26 juillet 2022.

[2] Homélie de la Messe inaugurale du Pontificat, 24 avril 2005.

[3] Rencontre avec le clergé du diocèse de Bressanone, 6 août 2008.

[4]  Message pour la Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création, 21 juillet 2022.

[5] « Il y a, en effet, une vraie “ dette écologique ”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays » ( Laudato si’, n. 51).

[6]  Homélie près du Lac Ste. Anne, Canada, 26 juillet 2022.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Jésus ressuscité visite sa mère

Après sa résurrection, qui Jésus est-il allé voir en premier ? Nous savons que lorsque Pierre et Jean sont arrivés au tombeau, Jésus n’était pas. Où est-il allé ? Plusieurs saints au cours des siècles ont dit qu’il était probablement allé voir sa mère, Marie. Nous pouvons imaginer la scène. Quel étaient les sentiments de Marie ce matin-là ? Était-elle écrasée par le chagrin du Vendredi saint ? Gardait-elle l’espoir que son Fils ressusciterait d’entre les morts ?

Imagine la chambre dans laquelle elle se trouvait, à Jérusalem. Est-ce qu’elle a pu dormir la nuit ? Tout à coup, au petit matin, Jésus entre à nouveau dans la vie de Marie. Il est ressuscité. Ses mains portent maintenant les blessures de la Croix, mais c’est le même Jésus qu’elle a toujours connu, maintenant glorifié. Il sourit à sa Mère avec douceur et tendresse, plein d’amour. La joie et l’espérance naissent de nouveau dans le cœur de Marie. Son Fils est vraiment ressuscité et elle a l’impression qu’elle aussi est revenue à la vie. Marie, Mère de Jésus ressuscité, fais-nous ressentir la joie de la résurrection avec toi.

Audience Générale du Pape François – 8 février 2023

Lors de l’Audience générale d’aujourd’hui, le pape François a réfléchi à sa récente visite apostolique en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenu à tous !

La semaine dernière, j’ai visité deux pays africains : la République Démocratique du Congo et le Sud-Soudan. Je remercie Dieu qui m’a permis de faire ce voyage tant désiré. Deux « rêves » : rendre visite aux Congolais, gardiens d’un pays immense, poumon vert de l’Afrique : avec l’Amazonie ce sont les deux du monde. Une terre riche en ressources et ensanglantée par une guerre qui ne se termine jamais car il y a toujours ceux qui alimentent le feu. Et pour rendre visite au peuple sud-soudanais, dans un pèlerinage de paix ensemble avec l’archevêque de Canterbury Justin Welby et le modérateur général de l’Église d’Écosse, Iain Greenshields : nous sommes allés ensemble pour témoigner qu’il est possible et impératif de collaborer dans la diversité, surtout si l’on partage la foi en Jésus Christ.

Les trois premiers jours, j’étais à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. Je renouvelle ma gratitude au Président et aux autres Autorités du pays pour l’accueil qu’ils m’ont réservé. Immédiatement après mon arrivée, au Palais présidentiel, j’ai pu adresser un message à la Nation : le Congo est comme un diamant, de par sa nature, ses ressources, et surtout son peuple ; mais ce diamant est devenu une source de discorde, de violence, et paradoxalement d’appauvrissement du peuple. C’est une dynamique que l’on retrouve également dans d’autres régions d’Afrique, et qui s’applique à ce continent en général : un continent colonisé, exploité, pillé. Face à tout cela, j’ai dit deux paroles : la première est négative :  » ça suffit ! « , arrêtez d’exploiter l’Afrique ! J’ai déjà dit d’autres fois que dans l’inconscient collectif, c’est comme inscrit « l’Afrique doit être exploitée » : ça suffit ! Je l’ai dit. La seconde est positive : ensemble, ensemble avec dignité, tous ensemble avec respect mutuel, ensemble au nom du Christ, notre espérance, aller de l’avant. Ne pas exploiter et aller de l’avant ensemble.

Et au nom du Christ, nous nous sommes réunis dans la grande Célébration eucharistique.

Toujours à Kinshasa se sont déroulées différentes rencontres : celle avec les victimes de la violence de l’est du pays, la région qui depuis des années est déchirée par la guerre entre groupes armés manœuvrés par des intérêts économiques et politiques. Je n’ai pas pu me rendre à Goma. Les gens vivent dans la peur et l’insécurité, sacrifiés sur l’autel des affaires illicites. J’ai écouté les témoignages bouleversants de certaines victimes, notamment des femmes, qui ont déposé au pied de la Croix des armes et autres instruments de mort. Avec eux, j’ai dit « non » à la violence, « non” à la résignation, « oui » à la réconciliation et à l’espérance. Ils ont déjà tellement souffert et continuent de souffrir.

J’ai rencontré ensuite les représentants de diverses œuvres caritatives du pays, pour les remercier et les encourager. Leur travail avec les pauvres et pour les pauvres ne fait pas de bruit, mais jour après jour, il fait croître le bien commun. Et surtout avec la promotion : les initiatives caritatives doivent toujours être avant tout destinées à la promotion, pas seulement pour l’assistance mais pour la promotion. Assistance oui, mais promotion.

Un moment enthousiasmant a été celui avec les jeunes et les catéchistes congolais au stade. C’était comme une immersion dans le présent projeté vers le futur. Pensons à la puissance de renouveau que peut apporter cette nouvelle génération de chrétiens, formée et animée par la joie de l’Évangile ! A eux, aux jeunes, j’ai indiqué cinq voies : la prière, la communauté, l’honnêteté, le pardon et le service. Aux jeunes du Congo, j’ai dit : voici votre chemin : prière, vie communautaire, honnêteté, pardon et service. Que le Seigneur entende leur cri en faveur de la paix et de la justice.

Ensuite, dans la cathédrale de Kinshasa j’ai rencontré les prêtres, les diacres, les hommes et femmes consacrés et les séminaristes. Ils sont nombreux et ils sont jeunes, car les vocations sont nombreuses : c’est une grâce de Dieu. Je les ai exhortés à être des serviteurs du peuple comme témoins de l’amour du Christ, en surmontant trois tentations : la médiocrité spirituelle, le confort mondain et la superficialité. Qui sont des tentations – je dirais – universelles, pour les séminaristes et pour les prêtres. Bien sûr, la médiocrité spirituelle, quand un prêtre tombe dans la médiocrité, cela est triste ; le confort mondain, c’est-à-dire la mondanité, qui est l’un des pires maux qui puissent arriver à l’Église ; et la superficialité. Enfin, avec les évêques congolais, j’ai partagé la joie et la fatigue du service pastoral. Je les ai invités à se laisser consoler par la proximité de Dieu et à être des prophètes pour le peuple, avec la force de la Parole de Dieu, être des signes de comment est le Seigneur, de l’attitude du Seigneur envers nous : la compassion, la proximité, la tendresse. Ce sont là trois manières dont le Seigneur agit avec nous : il s’approche – la proximité – avec compassion et avec tendresse. J’ai demandé cela aux prêtres et aux évêques.

Ensuite, la deuxième partie du voyage s’est déroulée à Juba, capitale du Soudan du Sud, un État né en 2011. Cette visite a revêtu un caractère très particulier, exprimé à travers la devise qui reprenait les paroles de Jésus :  » Je prie pour que tous soient un  » (cf. Jn 17, 21). Il s’agissait en effet d’un pèlerinage œcuménique de paix, effectué avec les chefs de deux Églises historiquement présentes dans ce pays : la Communion anglicane et l’Église d’Écosse. C’était l’aboutissement d’un parcours initié il y a quelques années, qui nous avait vu nous réunir à Rome en 2019, avec les autorités sud-soudanaises, pour nous engager à surmonter le conflit et construire la paix. En 2019, une retraite spirituelle de deux jours a été organisée ici, à la Curie, avec tous ces politiciens, avec toutes ces personnes aspirant à des postes, certains ennemis entre eux, mais ils étaient tous réunis dans cette retraite. Et cela a donné la force d’aller de l’avant. Malheureusement, le processus de réconciliation n’a pas beaucoup progressé et le Sud-Soudan à peine né est victime de la vieille logique de pouvoir, de rivalité, qui engendre guerre, violence, réfugiés et personnes déplacées internes. Je suis très reconnaissant à M. le Président pour l’accueil qu’il nous a réservé et pour la manière dont il essaie de gérer cette route pas facile, de dire « non » à la corruption et au trafic d’armes et « oui » à la rencontre et au dialogue. Et cela est honteux : tant de pays soi-disant civilisés offrent une aide au Sud-Soudan, et cette aide consiste en des armes, des armes, des armes pour fomenter la guerre. C’est une honte. Et oui, continuez à dire « non » à la corruption et au trafic d’armes et « oui » à la rencontre et au dialogue. Alors seulement, il peut y avoir du développement, les populations pourront travailler en paix, les malades se faire soigner, les enfants aller à l’école.

Le caractère œcuménique de la visite au Sud-Soudan était particulièrement évident lors du moment de prière célébré ensemble avec les frères et sœurs anglicans et ceux de l’Église d’Écosse. Ensemble, nous avons écouté la Parole de Dieu, ensemble nous avons adressé des prières de louange, de supplication et d’intercession. Dans une réalité hautement conflictuelle comme celle du Sud-Soudan, ce signe est fondamental, et il ne va pas de soi, car malheureusement, certains abusent du nom de Dieu pour justifier violence et abus.

Frères et sœurs, le Sud-Soudan est un pays d’environ 11 millions d’habitants – tout petit ! – dont, en raison des conflits armés, deux millions sont des déplacés internes et autant ont fui vers les pays voisins. C’est pourquoi j’ai voulu rencontrer un grand groupe de personnes déplacées internes, les écouter et leur faire sentir la proximité de l’Église. En effet, les Eglises et les organisations d’inspiration chrétienne sont en première ligne aux côtés de ces pauvres gens, qui vivent dans des camps de déplacés depuis des années. En particulier, je me suis tourné vers les femmes – il y a là des femmes de qualité – qui incarnent la force qui peut transformer le pays ; et j’ai encouragé tout le monde à être les semences d’un nouveau Sud-Soudan, sans violence, réconcilié et pacifié.

Puis, lors de la rencontre avec les Pasteurs et les personnes consacrées de cette Église locale, nous avons regardé Moïse comme un modèle de docilité à Dieu et de persévérance dans l’intercession.

Et au cours de la célébration eucharistique, ultime acte de la visite au Sud-Soudan et de tout le voyage, j’ai fait écho de l’Évangile en encourageant les chrétiens à être « sel et lumière » dans ce pays en proie à tant de tribulations. Dieu place son espérance non pas dans les grands et les puissants, mais dans les petits et les humbles. Et c’est la façon de faire de Dieu.

Je remercie les autorités du Sud-Soudan, M. le Président, les organisateurs du voyage et tous ceux qui ont fourni des efforts, du travail pour que la visite se déroule bien. Je remercie mes frères, Justin Welby et Iain Greenshields, de m’avoir accompagné dans ce voyage œcuménique.

Prions pour que, en République démocratique du Congo et au Sud-Soudan, et dans toute l’Afrique, germent les semences de son Royaume d’amour, de justice et de paix.


APPEL

En ce moment, je tourne mes pensées vers les peuples de Turquie et de Syrie durement touchés par le tremblement de terre, qui a fait des milliers de morts et de blessés. Avec émotion, je prie pour eux et exprime ma proximité avec ces peuples, avec les familles des victimes et avec tous ceux qui souffrent de cette calamité dévastatrice. Je remercie ceux qui s’efforcent de porter secours et j’encourage tous à la solidarité avec ces territoires, dont certains ont déjà été meurtris par une longue guerre. Prions ensemble pour que nos frères et sœurs puissent aller de l’avant, en surmontant cette tragédie, et demandons à la Vierge de les protége.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Audience Générale du Pape François – 25 janvier 2023

Dans son message de catéchèse d’aujourd’hui, le pape François poursuit sa série sur l’évangélisation.

Il réfléchit sur Jésus en tant que « maître de l’annonce », qui nous guide pour proclamer « la joie, la délivrance, la lumière, la guérison et l’émerveillement » de l’Évangile.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Mercredi dernier nous avons réfléchi sur Jésus modèle de l’annonce à son cœur de pasteur toujours porté vers les autres. Aujourd’hui, nous le regardons comme maître de l’annonce. Laissons-nous guider par l’épisode où Il prêche dans la synagogue de son village, Nazareth. Jésus lit un passage du prophète Isaïe (cf. 61, 1-2) et surprend ensuite tout le monde avec une « prédication » très courte, d’une seule phrase. Il dit : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » (Lc 4, 21). Cela signifie que pour Jésus, ce passage prophétique contient l’essentiel de ce qu’il veut dire de lui-même. Donc, chaque fois que nous parlons de Jésus, nous devons retrouver cette première annonce de sa part. Voyons alors en quoi elle consiste. Cinq éléments essentiels peuvent être identifiés.

Le premier est la joie. Le premier élément est la joie. Jésus proclame : « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; […] il m’a envoyé porter la joyeuse nouvelle aux pauvres » (v. 18). La joyeuse nouvelle : on ne peut pas parler de Jésus sans joie, car la foi est une merveilleuse histoire d’amour à partager. Témoigner de Jésus, faire quelque chose pour les autres en son nom, c’est entrevoir entre les lignes de sa vie d’avoir reçu un don si beau que nulle parole ne peut l’exprimer. Au contraire, quand manque la joie, l’Évangile ne passe pas, parce qu’il est – la parole elle-même le dit – une bonne annonce, une annonce de joie. Un chrétien triste peut parler de belles choses mais tout cela est vain si l’annonce qu’il transmet n’est pas joyeuse.

Venons-en au deuxième aspect : la libération. Jésus dit qu’il a été envoyé  » pour proclamer aux prisonniers la libération  » (ibid.). Cela signifie que celui qui annonce Dieu ne peut pas faire de prosélytisme, ne peut pas faire pression sur les autres, mais les soulager : ne pas imposer de fardeaux, mais les décharger ; apporter la paix, pas la culpabilité. Bien sûr, suivre Jésus implique une ascèse, des sacrifices ; après tout, si toute bonne chose l’exige, combien plus la réalité décisive de la vie ! En revanche, celui qui témoigne du Christ montre la beauté de l’objectif, plutôt que la fatigue du parcours. Nous est-il déjà arrivé de raconter à quelqu’un un beau voyage que nous avons fait : nous aurons parlé de la beauté des lieux, de ce que nous avons vu et vécu, pas du temps pour s’y rendre et des files d’attente à l’aéroport ! Ainsi, toute annonce digne du Rédempteur doit communiquer la libération.

Troisième aspect : la lumière. Jésus dit qu’il est venu apporter  » la vue aux aveugles  » (ibid.). Il est frappant de constater que dans toute la Bible, avant le Christ, la guérison d’un aveugle n’apparaît jamais. Il s’agissait en effet d’un signe promis qui viendrait avec le Messie. Mais ici, il ne s’agit pas seulement de la vue physique, mais d’une lumière qui fait voir la vie d’une manière nouvelle. Il y a un « retour à la lumière », une renaissance qui ne se produit qu’avec Jésus. Si nous y réfléchissons, c’est ainsi que la vie chrétienne a commencé pour nous : avec le baptême, qui dans l’Antiquité était appelé « illumination ». Et quelle lumière Jésus nous donne-t-il? La lumière de la filiation : Il est le Fils bien-aimé du Père, vivant pour toujours ; avec Lui, nous sommes aussi des enfants de Dieu, aimés pour toujours, malgré nos fautes et nos défauts. Alors la vie n’est plus une avancée aveugle vers le néant, elle n’est pas une question de chance ou de destin, elle n’est pas quelque chose qui dépend du hasard ou des étoiles, ni même de la santé et des finances, mais de l’amour du Père, qui prend soin de nous, ses enfants bien-aimés. Comme c’est merveilleux de partager cette lumière avec les autres !

Quatrième aspect de l’annonce : la guérison. Jésus dit qu’il est venu « libérer les opprimés » (ibid.). Les opprimés sont ceux qui se sentent écrasés dans la vie par quelque chose : les maladies, les difficultés, les fardeaux du cœur, la culpabilité, les erreurs, les vices, les péchés… Ce qui nous opprime, par-dessus tout, c’est ce mal même qu’aucun médicament ou remède humain ne peut guérir : le péché. La bonne nouvelle est qu’avec Jésus, ce mal ancien, qui semble invincible, n’a plus le dernier mot. Du péché, Jésus nous guérit toujours et gratuitement. Il invite tous ceux qui sont « fatigués et opprimés » à venir à Lui (cf. Mt 11,28). Ainsi, accompagner quelqu’un à la rencontre de Jésus, c’est l’amener au médecin du cœur, qui l’élève dans sa vie. C’est dire : « Frère, sœur, je n’ai pas de réponses à tant de tes problèmes, mais Jésus te connaît et t’aime, il peut te guérir et rasséréner ton cœur ». Celui qui porte des fardeaux a besoin d’une caresse sur son passé, a besoin de pardon. Et ceux qui croient en Jésus ont précisément cela à donner aux autres : la force du pardon de Dieu, qui libère l’âme de toute dette. La Bible parle d’une année au cours de laquelle on était libéré du fardeau des dettes : le Jubilé, l’année de grâce. C’est le dernier point de l’annonce.

Jésus dit en effet qu’il est venu  » proclamer l’année de grâce du Seigneur  » (Lc 4, 19). Ce n’était pas un jubilé planifié, mais avec le Christ, la grâce qui rend la vie nouvelle arrive toujours et émerveille toujours. Et l’annonce de Jésus doit toujours apporter l’émerveillement de la grâce. Car ce n’est pas nous qui faisons de grandes choses, mais c’est la grâce du Seigneur qui, même à travers nous, accomplit des choses imprévisibles. Les surprises de Dieu. L’Évangile s’accompagne d’un sentiment d’émerveillement et de nouveauté qui a un nom : Jésus.

Qu’il nous aide à la proclamer comme il le souhaite, en communiquant joie, libération, lumière, guérison et émerveillement.

Une dernière chose : cette joyeuse annonce, dit l’Évangile, est adressée  » aux pauvres  » (v. 18). Nous les oublions souvent, pourtant ce sont les destinataires explicitement mentionnés par Jésus, car ils sont les bien-aimés de Dieu. Souvenons-nous d’eux, et souvenons-nous que, pour accueillir le Seigneur, chacun de nous doit se faire « pauvre intérieurement » : c’est-à-dire vaincre toute prétention à l’autosuffisance pour se reconnaitre comme ayant besoin de la grâce, ayant toujours besoin de Lui.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation du Bureau de presse du Saint-Siège.

Vivre en présence des anges avec Jacques Gauthier

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la place et du rôle des anges dans la vie spirituelle chrétienne avec le théologien et auteur Jacques Gauthier. Sont notamment abordés les thèmes de la nature des anges, de leur présence dans l’Ancien et le Nouveau Testament, de Dieu, de la place de Satan dans l’enseignement du pape François et des moyens pratiques pour entretenir notre relation avec notre ange gardien. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Sur sa chaîne youtube, Jacques Gauthier partage l’essentiel de la foi et la prière chrétienne. Marié et père de famille, il a été professeur à l’Université Saint-Paul d’Ottawa pendant une vingtaine d’années. Auteur de plus de 75 livres, il anime des retraites spirituelles. Ses vidéos portent surtout sur Dieu, le Christ, la foi, la prière, la sainteté. Il y témoigne de la joie de vivre l’Évangile, de sa présence au monde comme poète et théologien. Voici des liens vers d’autres productions de Jacques Gauthier tels que mentionnés dans l’épisode:

www.jacquesgauthier.com
www.jacquesgauthier.com/blog.html
https://twitter.com/jacgauthier
www.facebook.com/jacques.gauthier.921

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