Audience générale du pape François – mercredi 3 janvier 2024

Le baptême du Christ. Musée Städel. Wikimedia Commons.

Lors de sa première Audience générale de 2024, le pape François a poursuivi sa catéchèse sur les vertus et les vices de la vie chrétienne. Il a réfléchi à la miséricorde de Dieu au milieu des luttes humaines, en disant que « Jésus est à nos côtés pour nous aider, pour nous protéger, et même pour nous relever après le péché ».

Voici le texte intégral:

La semaine dernière, nous avons introduit le thème des vices et des vertus. Cela rappelle le combat  spirituel du chrétien. En effet, la vie spirituelle du chrétien n’est pas paisible, linéaire et sans défis; au contraire, la vie chrétienne exige un combat continu: la lutte chrétienne pour préserver la foi, pour enrichir les dons de la foi en nous. Ce n’est pas un hasard si la première onction que chaque chrétien reçoit dans le sacrement du Baptême — l’onction catéchuménale — est sans aucun parfum et annonce symboliquement que la vie est un combat. En effet, dans les temps anciens, les lutteurs étaient complètement oints, aussi bien pour tonifier leurs muscles que pour que leur corps échappe à l’emprise de l’adversaire. L’onction des catéchumènes fait immédiatement comprendre que le chrétien n’est pas épargné par la lutte, qu’un chrétien doit se battre : son existence, comme celle de chacun, devra entrer dans l’arène, car la vie est une succession d’épreuves et de tentations.

Un dicton célèbre attribué à  Antoine le Grand, le premier grand père du monachisme, dit ceci: « Ote les tentations et personne ne sera sauvé ». Les saints ne sont pas des hommes qui ont été épargnés par la tentation, mais plutôt des gens qui sont bien conscients du fait que les séductions du mal apparaissent à plusieurs reprises dans la vie, pour être démasquées et rejetées. Nous en avons tous fait l’expérience de cela, nous tous : une mauvaise pensée te vient à l’esprit, une envie de faire ceci ou de dire du mal d’autrui… Tout le monde, nous sommes tous tentés, et nous devons lutter pour ne pas tomber dans ces tentations. Si l’un d’entre vous n’a pas de tentations, dites-le-moi, car ce serait une chose extraordinaire! Nous avons tous des tentations et nous devons tous apprendre à gérer ces situations.

Pourtant, il y a beaucoup de gens qui s’absolvent continuellement, qui croient qu’ils sont « en règle » — « Non, je suis bon, je suis bonne, je n’ai pas ces problèmes ». Mais aucun de nous n’est en règle; si quelqu’un se sent en règle, il rêve; chacun d’entre nous a beaucoup de choses à mettre au point et nous devons aussi être vigilants. Et parfois il arrive que nous allions au sacrement de la Réconciliation et nous disions, avec sincérité: « Père, je ne me souviens pas, je ne sais pas si j’ai des péchés… ». Ceci est un manque de connaissance de ce qui se passe dans notre cœur. Nous sommes tous pécheurs, tous. Et un peu d’introspection, un petit regard intérieur nous fera du bien. Sinon nous risquons de vivre dans les ténèbres, parce que nous sommes désormais habitués à l’obscurité et nous ne savons plus distinguer le bien du mal. Isaac de Ninive disait que dans l’Eglise, celui qui connaît ses péchés et en pleure est plus grand que celui qui ressuscite un mort. Nous devons tous demander à Dieu la grâce de nous reconnaître comme de pauvres pécheurs qui nécessitent d’une conversion, en gardant dans notre cœur la confiance qu’aucun péché n’est trop grand pour la miséricorde infinie de Dieu le Père. Voici la leçon inaugurale que Jésus nous offre.

Nous le voyons dans les premières pages des Evangiles, tout d’abord lorsqu’on nous parle du baptême du Messie dans les eaux du Jourdain. L’épisode a en soi quelque chose de déconcertant: pourquoi Jésus se soumet-il à un tel rite de purification? Il est Dieu, il est parfait! De quel péché Jésus doit-il se repentir? Aucun! Même Jean-Baptiste est scandalisé, au point que le texte dit: « Celui-ci l’en détournait, en disant: “C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi!” » (Mt 3, 14). Mais Jésus est un Messie très différent de la façon dont Jean l’avait présenté et dont les gens l’imaginaient : il n’incarne pas le Dieu en colère et ne convoque pas pour le jugement, mais, au contraire, il fait la queue avec les pécheurs. Pourquoi? Oui, Jésus nous accompagne, nous tous pécheurs. Il n’est pas pécheur, mais il est parmi nous. Et c’est une belle chose. « Mon père, j’ai tellement de péchés! » — « Mais Jésus est avec toi: parles-en, il t’aidera à t’en sortir ». Jésus ne nous laisse jamais seuls, jamais! Réfléchissez bien à cela. « Mon père, j’ai fait de grosses bêtises! » — « Mais Jésus te comprend et t’accompagne: il comprend ton péché et le pardonne ». N’oublie jamais ça! Dans les pires moments, dans les moments où nous glissons dans le péché, Jésus est à nos côtés pour nous aider à nous relever. Cela donne une consolation. Nous ne devons pas perdre cette certitude: Jésus est à nos côtés pour nous aider, pour nous protéger, et même pour nous relever après le péché. « Mon père, est-il vrai que Jésus pardonne tout? » — « Tout. Il est venu pour pardonner, pour sauver. Mais Jésus veut que ton cœur soit ouvert». Il n’oublie jamais de pardonner: c’est nous, bien souvent, qui perdons la capacité de demander pardon. Reprenons cette capacité à demander pardon. Chacun de nous a beaucoup de raisons de demander pardon: que chacun y pense en lui-même et en parle aujourd’hui à Jésus. Parles-en à Jésus: « Seigneur, je ne sais pas si cela est vrai ou pas, mais je suis sûr que tu ne t’éloignes pas de moi. Je suis sûr que tu me pardonnes. Seigneur, je suis un pécheur, une pécheresse, mais je t’en prie ne t’éloigne pas de moi ». Ce serait une belle prière à adresser à Jésus aujourd’hui: « Seigneur, ne t’éloigne pas de moi ».

Et immédiatement après l’épisode du baptême, les Evangiles racontent que Jésus se retire dans le désert, où il est tenté par Satan. Même dans ce cas, nous nous demandons: pour quelle raison le Fils de Dieu doit-il connaître la tentation? Dans ce cas également, Jésus se montre solidaire de notre nature humaine fragile et devient notre grand exemplum: les tentations qu’il traverse et surmonte au milieu des pierres arides du désert sont la première instruction qu’il donne à notre vie de disciples. Il a fait l’expérience de ce à quoi nous aussi devons toujours nous préparer à affronter: la vie est faite de défis, d’épreuves, de carrefours, de visions opposées, de séductions cachées, de voix contradictoires. Certaines voix sont même séduisantes, au point que Satan tente Jésus en recourant aux paroles des Ecritures. Nous devons préserver notre clarté intérieure pour choisir le chemin qui nous mène véritablement au bonheur, puis nous efforcer de ne pas nous arrêter en route.

Rappelons-nous que nous sommes toujours tiraillés entre des extrêmes opposés: l’orgueil défie l’humilité; la haine s’oppose à la charité; la tristesse fait obstacle à la vraie joie de l’Esprit; l’endurcissement du cœur rejette la miséricorde. Les chrétiens marchent continuellement sur ces crêtes. Il est donc important de réfléchir sur les vices et les vertus: cela nous aide à surmonter la culture nihiliste où les frontières entre le bien et le mal restent floues et, en même temps, cela nous rappelle que l’être humain, contrairement à toute autre créature, peut toujours se transcender lui-même, en s’ouvrant à Dieu et en marchant vers la sainteté.

Le combat spirituel nous amène donc à regarder de près ces vices qui nous enchaînent et à marcher, avec la grâce de Dieu, vers ces vertus qui peuvent fleurir en nous, apportant le printemps de l’Esprit dans notre vie.


APPEL

Et n’oublions pas les peuples qui sont en guerre. La guerre est une folie, la guerre est toujours une défaite! Prions. Prions pour les peuples de Palestine, d’Israël, d’Ukraine et de tant d’autres lieux où sévit la guerre. Et n’oublions pas nos frères Rohingyas, qui sont persécutés.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Homélie du pape François pour la Solennité de Marie Mère de Dieu 2024

© Sel + Lumière Média, 2024

Le 1er janvier 2024, en la solennité de Marie, Mère de Dieu, le pape François a célébré la messe pour la Paix à la basilique Saint-Pierre de Rome. Le 1er janvier, c’est également la journée mondiale pour la Paix et ce, depuis 1968.

Vous trouverez ci-dessous le texte intégral de son message pour la solennité de Marie Mère de Dieu :

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique Saint-Pierre
Lundi 1er janvier 2024

Les paroles de l’apôtre Paul éclairent le début de la nouvelle année : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4). L’expression “plénitude des temps” est frappante. Autrefois on mesurait le temps en vidant et en remplissant des amphores : lorsqu’elles étaient vides, commençait une nouvelle période qui se terminait lorsqu’elles étaient pleines. Voilà la plénitude des temps : quand l’amphore de l’histoire est pleine, la grâce divine déborde : Dieu se fait homme et il le fait sous le signe d’une femme, Marie. Elle est la voie choisie par Dieu ; elle est le point d’arrivée de tant de personnes et de générations qui ont préparé “goutte à goutte” la venue du Seigneur dans le monde. La Mère est ainsi au cœur du temps : il a plu à Dieu de dérouler l’histoire à travers elle, la femme. Avec ce mot, l’Écriture nous renvoie aux origines, à la Genèse, et nous suggère que la Mère avec l’Enfant marque une nouvelle création, un nouveau commencement. Au commencement du temps du salut, il y a donc la sainte Mère de Dieu, notre sainte Mère.

Il est donc beau que l’année s’ouvre en l’invoquant ; il est beau que le Peuple fidèle, comme autrefois à Éphèse– ils étaient courageux ces chrétiens ! -, proclame avec joie la Sainte Mère de Dieu. Les paroles Mère de Dieu expriment en effet la joyeuse certitude que le Seigneur, tendre Enfant dans les bras de sa mère, s’est uni pour toujours à notre humanité, au point qu’elle n’est plus seulement la nôtre, mais la sienne. Mère de Dieu : peu de mots pour confesser l’alliance éternelle du Seigneur avec nous. Mère de Dieu : c’est un dogme de foi, mais c’est aussi un “dogme d’espérance” : Dieu en l’homme et l’homme en Dieu, pour toujours. La sainte Mère de Dieu.

Dans la plénitude des temps, le Père envoya son Fils né d’une femme ; mais le texte de saint Paul ajoute un second envoi : « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie “Abba !”, c’est-à-dire : Père ! » (Ga 4, 6). Et dans l’envoi de l’Esprit aussi, la Mère est protagoniste : l’Esprit Saint commence à se poser sur elle à l’Annonciation (cf. Lc 1, 35), puis, aux débuts de l’Église, il descend sur les Apôtres réunis en prière « avec Marie, la Mère » (Ac 1, 14). Ainsi l’accueil de Marie nous a apporté les plus grands dons : elle « a fait du Seigneur de majesté notre frère » (Tommaso da Celano, Vita seconda, CL, 198 : FF 786) et a permis à l’Esprit de crier dans nos cœurs : “Abbà, Père!”. La maternité de Marie est la voie pour rencontrer la tendresse paternelle de Dieu, la voie la plus proche, la plus directe, la plus facile. C’est le style de Dieu : proximité, compassion et tendresse. En effet, la Mère nous conduit au début et au cœur de la foi, qui n’est pas une théorie ou un engagement, mais un don immense, qui fait de nous des enfants bien-aimés, des demeures de l’amour du Père. C’est pourquoi accueillir la Mère dans sa vie n’est pas un choix de dévotion, mais une exigence de foi : « Si nous voulons être chrétiens, nous devons être mariaux » (S. Paul VI, Homélie à Cagliari, 24 avril 1970), c’est-à-dire enfants de Marie.

L’Église a besoin de Marie pour redécouvrir son visage féminin : pour lui ressembler davantage, elle qui, femme, Vierge et Mère en représente le modèle et la figure parfaite (cf. Lumen gentium, n. 63) ; pour faire de la place aux femmes et être procréatrice à travers une pastorale faite de soin et de sollicitude, de patience et de courage maternel. Mais le monde a aussi besoin de regarder les mères et les femmes pour trouver la paix, pour sortir des spirales de la violence et de la haine, et revenir à avoir des regards humains et des cœurs qui voient. Et toute société a besoin d’accueillir le don de la femme, de toute femme, de la respecter, de la protéger, de la valoriser, en sachant que celui qui blesse une seule femme profane Dieu, né de la femme.

Marie, la femme, décisive dans la plénitude des temps, est de la même manière déterminante pour la vie de chacun ; car personne ne connaît mieux qu’une Mère les temps et les urgences de ses enfants. Un “commencement” nous le montre encore une fois, le premier signe accompli par Jésus, aux noces de Cana. C’est Marie qui s’aperçoit que le vin manque et qui s’adresse à Lui (cf. Jn 2, 3). Ce sont les nécessités des enfants qui l’incitent, elle, la Mère, à pousser Jésus à intervenir. Et à Cana Jésus dit : « “Remplissez d’eau les jarres”. Et ils les remplirent jusqu’au bord. » (Jn 2, 7). Marie, qui connaît nos besoins, hâte pour nous aussi les débordements de la grâce et porte nos vies vers la plénitude. Frères, sœurs, nous avons tous des manques, des solitudes, des vides qui demandent à être comblés. Chacun connaît les siens. Qui peut les combler sinon Marie, Mère de la plénitude ? Lorsque nous sommes tentés de nous refermer sur nous-mêmes, allons vers elle ; lorsque nous ne réussissons pas à nous extirper des nœuds de la vie, cherchons refuge en elle. Notre époque, vide de paix, a besoin d’une Mère qui recompose la famille humaine. Regardons Marie pour devenir des constructeurs d’unité, et faisons-le avec sa créativité de Mère, qui prend soin de ses enfants : elle les rassemble et les console, elle écoute leurs peines et essuie leurs larmes. Et regardons cette icone si tendre de la Virgo lactans [de l’abbaye de Montevergine]. Une mère fait ainsi : avec beaucoup de tendresse elle s’occupe de nous et se fait proche.

Confions la nouvelle année à la Mère de Dieu. Consacrons-lui nos vies. Elle saura, avec tendresse, en ouvrir la plénitude. Car elle nous conduira à Jésus et Jésus est la plénitude des temps, de tout temps, de notre temps, du temps de chacun. En effet, comme il a été écrit, “ce n’est pas la plénitude des temps qui a fait venir le Fils de Dieu, mais au contraire, l’envoi du Fils a fait jaillir la plénitude des temps” (cf. M. Luther, Vorlesung über den Galaterbrief 1516-1517, 18). Frères et sœurs, que cette année soit pleine de la consolation du Seigneur ; que cette année soit pleine de la tendresse maternelle de Marie, la Sainte Mère de Dieu.

Et je vous invite à présent à proclamer tous ensemble trois fois : Sainte Mère de Dieu ! Ensemble : Sainte Mère de Dieu ! Sainte Mère de Dieu ! Sainte Mère de Dieu !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Message Urbi et Orbi du pape François pour Noël 2023

Le pape François salue la foule depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre. © Sel + Lumière Média, 2023

Le 25 décembre 2023 à midi, le pape François a prononcé le traditionnel message de Noël et la bénédiction « urbi et orbi » (à la ville et au monde) depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre au Vatican.

Vous trouverez ci-dessous le texte intégral de son message pour Noël 2023 :

MESSAGE URBI ET ORBI
DU PAPE FRANÇOIS

NOËL 2023

Loggia de la basilique Saint-Pierre
Lundi 25 décembre 2023

Chers frères et sœurs, joyeux Noël !

Le regard et le cœur des chrétiens du monde entier sont tournés vers Bethléem ; là où règnent aujourd’hui la douleur et le silence, a retenti l’annonce attendue depuis des siècles : « vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2, 11). Ce sont les paroles de l’ange dans le ciel de Bethléem et elles nous sont également adressées. Elles nous remplissent de confiance et d’espérance de savoir que le Seigneur est né pour nous ; que la Parole éternelle du Père, le Dieu infini, a fixé sa demeure parmi nous. Il s’est fait chair, il est venu « habiter parmi nous » (Jn 1, 14) : voilà la nouvelle qui change le cours de l’histoire !

L’annonce de Bethléem est celle d’une « grande joie » (Lc 2, 10). Quelle joie ? Pas le bonheur passager du monde, pas la joie du plaisir, mais une joie “grande” parce qu’elle nous rend “grands”. Aujourd’hui, en effet, nous les êtres humains, avec nos limites, nous embrassons la certitude d’une espérance inouïe, celle d’être nés pour le Ciel. Oui, Jésus notre frère est venu faire de son Père notre Père : Enfant fragile, il nous révèle la tendresse de Dieu ; et bien plus encore : Lui, le Fils unique du Père, nous donne le « pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Voilà la joie qui console le cœur, qui renouvelle l’espérance et qui donne la paix : c’est la joie de l’Esprit Saint, la joie d’être des enfants aimés.

Frères et sœurs, aujourd’hui à Bethléem, dans les ténèbres de la terre, s’est allumée cette flamme inextinguible, aujourd’hui sur les ténèbres du monde prévaut la lumière de Dieu, « qui éclaire tout homme » (Jn 1, 9). Frères et sœurs, réjouissons-nous de cette grâce ! Réjouis-toi, toi qui as perdu confiance et certitudes, car tu n’es pas seul : le Christ est né pour toi ! Réjouis-toi, toi qui as perdu l’espérance, parce que Dieu te tend la main : il ne te pointe pas du doigt, mais il t’offre sa petite main d’Enfant pour te libérer de tes peurs, te relever de tes peines et te montrer qu’à ses yeux tu as plus de valeur que tout. Réjouis-toi, toi qui ne trouves pas la paix dans ton cœur, car pour toi s’est accomplie l’antique prophétie d’Isaïe : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné […] son nom est proclamé : […] Prince-de-la-Paix » (9,5). L’Écriture révèle que sa paix, son règne « sera sans fin » (9, 6).

Dans l’Écriture, le Prince de la paix s’oppose au « prince de ce monde » (Jn 12, 31) qui, en semant la mort, agit contre le Seigneur, « qui aime les vivants » (Sg 11, 26). Nous le voyons à l’œuvre à Bethléem lorsque le massacre des innocents a lieu après la naissance du Sauveur. Combien de massacres d’innocents dans le monde : dans le sein maternel, sur les routes des désespérés en quête d’espérance, dans les vies de tant d’enfants dont l’enfance est dévastée par la guerre. Ce sont les petits Jésus d’aujourd’hui, ces enfants dont l’enfance est dévastée par la guerre, par les guerres.

Alors dire “oui” au Prince de la paix signifie dire “non” à la guerre, et cela avec courage : dire “non” à la guerre, à toute guerre, à la logique même de la guerre, voyage sans but, défaite sans vainqueurs, folie sans excuses. C’est la guerre : voyage sans but, défaite sans vainqueurs, folie sans excuses. Mais pour dire “non” à la guerre, il faut dire “non” aux armes. Car si l’homme, dont le cœur est instable et blessé, a en sa possession des instruments de mort, tôt ou tard, il les utilisera. Et comment peut-on parler de paix si la production, la vente et le commerce des armes augmentent ? Aujourd’hui, comme au temps d’Hérode, les complots du mal, qui s’opposent à la lumière divine, se meuvent dans l’ombre de l’hypocrisie et de la dissimulation : combien de massacres armés ont lieu dans un silence assourdissant, à l’insu de tant de personnes ! Les personnes, qui ne veulent pas d’armes mais de pain, qui peinent à aller de l’avant et qui demandent la paix, ignorent combien d’argent public est destiné aux armements. Et pourtant ils devraient le savoir ! Que l’on en parle, que l’on en écrive, pour que l’on sache les intérêts et les gains qui tirent les ficelles des guerres.

Isaïe, qui prophétisait le Prince de la paix, a écrit à propos d’un jour où « jamais nation contre nation ne lèvera l’épée » ; d’un jour où les hommes « n’apprendront plus la guerre », mais « de leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles » (2, 4). Avec l’aide de Dieu, faisons en sorte que ce jour approche !

Qu’il s’approche en Israël et en Palestine, où la guerre secoue la vie de ces populations. Je les embrasse toutes, en particulier les communautés chrétiennes de Gaza et de toute la Terre Sainte. Je porte dans mon cœur la douleur pour les victimes de l’odieuse attaque du 7 octobre dernier et je renouvelle un appel pressant pour la libération de ceux qui sont encore retenus en otage. Je demande que cessent les opérations militaires, avec leur effroyable suite de victimes civiles innocentes, et que l’on remédie à la situation humanitaire désespérée en ouvrant à l’arrivée de l’aide humanitaire. Que l’on ne continue pas à alimenter la violence et la haine, mais que l’on commence à résoudre la question palestinienne, à travers un dialogue sincère et persévérant entre les Parties, soutenu par une forte volonté politique et par l’appui de la communauté internationale.

Ma pensée va ensuite à la population de la Syrie meurtrie, ainsi qu’à celle du Yémen encore en souffrance. Je pense au cher peuple libanais et je prie pour qu’il retrouve rapidement la stabilité politique et sociale.

Les yeux fixés sur l’Enfant Jésus, j’implore la paix pour l’Ukraine. Renouvelons notre proximité spirituelle et humaine à son peuple meurtri, afin qu’à travers le soutien de chacun de nous, il sente la réalité de l’amour de Dieu.

Que s’approche le jour d’une paix définitive entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Que la poursuite des initiatives humanitaires, le retour des personnes déplacées chez elles en toute légalité et sécurité, et le respect mutuel des traditions religieuses et des lieux de culte de chaque communauté la favorisent.

N’oublions pas les tensions et les conflits qui secouent la région du Sahel, la Corne de l’Afrique, le Soudan, ainsi que le Cameroun, la République Démocratique du Congo et le Soudan du Sud.

Que s’approche le jour où se renforceront les liens fraternels dans la péninsule coréenne, ouvrant des parcours de dialogue et de réconciliation qui puissent créer les conditions d’une paix durable.

Que le Fils de Dieu, qui s’est fait humble Enfant, inspire les autorités politiques et toutes les personnes de bonne volonté du continent américain, afin que soient trouvées des solutions aptes à surmonter les dissensions sociales et politiques, pour lutter contre les formes de pauvreté qui offensent la dignité des personnes, pour aplanir les inégalités et pour affronter le douloureux phénomène des migrations.

De la crèche, l’Enfant nous demande d’être la voix de ceux qui n’ont pas de voix : voix des innocents, morts par manque d’eau et de pain ; voix de ceux qui ne parviennent pas à trouver un travail ou l’ont perdu ; voix de ceux qui sont obligés de fuir leur patrie à la recherche d’un avenir meilleur, risquant leur vie dans des voyages exténuants et à la merci de trafiquants sans scrupules.

Frères et sœurs, le temps de grâce et d’espérance du Jubilé, qui commencera dans un an, approche. Que cette période de préparation soit une occasion pour convertir le cœur ; pour dire “non” à la guerre et “oui” à la paix ; pour répondre avec joie à l’invitation du Seigneur qui nous appelle, comme prophétisa encore Isaïe, « annoncer la bonne nouvelle aux humbles, / guérir ceux qui ont le cœur brisé, / proclamer aux captifs leur délivrance, / aux prisonniers leur libération » (Is 61, 1).

Ces paroles se sont accomplies en Jésus (cf. Lc 4, 18), né aujourd’hui à Bethléem. Accueillons-le, ouvrons-Lui notre cœur, lui le Sauveur ! ouvrons-Lui notre cœur, lui le Sauveur, qui est le Prince de la paix !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Homélie du pape François pour la messe de minuit 2023

La crèche traditionnelle de la place Saint-Pierre. © Sel + Lumière Média, 2023.

Le dimanche 24 décembre, le pape François a prononcé l’homélie de la messe de minuit. Il a déclaré que dans le Christ enfant, « nous voyons, non pas un dieu de colère et de châtiment, mais le Dieu de la miséricorde, qui prend chair et entre dans le monde dans la faiblesse, annoncé par l’annonce : « sur la terre, paix entre ceux qu’il favorise » (Luc 2:14). »

Voici le texte intégral:

SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane
Dimanche 24 décembre 2023

Le recensement sur toute la terre (cf. Lc 2, 1). Tel est le contexte dans lequel Jésus est né et sur lequel l’Évangile s’attarde. Il aurait pu l’évoquer rapidement, mais il en parle avec précision. Ce faisant, il met en évidence un fort contraste : tandis que l’empereur compte les habitants du monde, Dieu y entre presque en secret ; tandis que ceux qui commandent cherchent à s’élever parmi les grands de l’histoire, le Roi de l’histoire choisit la voie de la petitesse. Aucun des puissants ne le remarque, seuls quelques bergers, relégués aux marges de la vie sociale.

Mais le recensement en dit plus. Dans la Bible, il n’a pas laissé un bon souvenir. Le roi David, succombant à la tentation des grands nombres et à une prétention malsaine à l’autosuffisance, avait commis un grave péché précisément en recensant le peuple. Il voulait en connaître la force et, en neuf mois environ, il obtint le nombre de ceux qui savaient manier l’épée (cf. 2 S 24, 1-9). Le Seigneur s’indigna et un malheur s’abattit sur le peuple. En cette nuit, cependant, Jésus le “Fils de David”, après neuf mois dans le sein de Marie, naît à Bethléem, la ville de David. Il ne sanctionne pas le recensement et se laisse humblement dénombrer.Un parmi tant d’autres. Nous ne voyons pas un dieu en colère qui châtie, mais le Dieu miséricordieux qui s’incarne, qui entre faible dans le monde, avec la proclamation : « Paix sur la terre aux hommes » (Lc 2, 14) qui le précède. Et notre cœur, ce soir, est à Bethléem, où le Prince de la paix est encore rejeté par la logique perdante de la guerre, avec le fracas des armes qui, aujourd’hui encore, l’empêche de trouver une place dans le monde (cf. Lc 2, 7).

Le recensement de la terre entière, en somme, manifeste d’une part la trame trop humaine qui traverse l’histoire : celle d’un monde en quête de pouvoir et de puissance, de célébrité et de gloire, où tout se mesure à l’aune des réalisations et des résultats, des chiffres et des nombres. C’est l’obsession de la performance. Mais en même temps, dans le recensement, le chemin de Jésus, qui vient nous chercher par l’incarnation, se singularise. Il n’est pas le Dieu de la performance, mais le Dieu de l’incarnation. Il ne renverse pas les injustices d’en haut par la force, mais d’en bas par l’amour ; il ne se déploie pas avec un pouvoir illimité, mais s’immerge dans nos limites ; il n’évite pas nos fragilités, mais les assume.

Frères et sœurs, nous pouvons nous demander cette nuit : en quel Dieu croyons-nous ? Au Dieu de l’incarnation ou au Dieu de la performance ? Oui, parce que il y a un risque de vivre Noël avec en tête une idée païenne de Dieu. Comme s’il était un maître puissant dans le ciel, un dieu lié au pouvoir, au succès mondain et à l’idolâtrie du consumérisme. Toujours revient la fausse image d’un dieu détaché et susceptible, qui se comporte bien avec les bons et se fâche avec les mauvais ; un dieu fait à notre image, utile seulement pour résoudre nos problèmes et supprimer nos maux. Au contraire, Il n’utilise pas de baguette magique, Il n’est pas le dieu commercial du “tout et tout de suite” ; il ne nous sauve pas en appuyant sur un bouton, mais il se fait proche pour changer la réalité de l’intérieur. Et pourtant, combien est ancrée en nous l’idée mondaine d’un dieu distant et contrôleur, rigide et puissant, qui aide les siens à l’emporter sur les autres !Très souvent, cette image est enracinée en nous. Mais il n’en est pas ainsi : il est né pour tous, lors du recensement de toute la terre.

Tournons-nous donc vers le « Dieu vivant et vrai » (1 Th 1, 9) : vers Lui qui est au-delà de tout calcul humain et qui pourtant se laisse recenser par nos comptages ; vers Lui qui révolutionne l’histoire en l’habitant ; vers Lui qui nous respecte jusqu’à nous permettre de le rejeter ; vers Lui qui annule le péché en le prenant sur Lui, qui n’enlève pas la souffrance mais la transforme, qui n’enlève pas les problèmes de nos vies mais qui donne à nos vies une espérance plus grande que les problèmes. Il désire tellement embrasser nos existences que, infini, il devient pour nous fini ; grand, il devient petit ; juste, il habite nos injustices. Frères et sœurs, telle est la merveille de Noël : non pas un mélange d’affections sentimentales et de conforts mondains, mais la tendresse sans précédent de Dieu qui sauve le monde en s’incarnant. Regardons l’Enfant, regardons sa mangeoire, regardons la crèche, que les anges appellent « le signe » (Lc 2, 12) : elle est en effet le signe révélateur du visage de Dieu, qui est compassion et miséricorde, tout-puissant toujours et seulement dans l’amour.Il se fait proche, il se fait proche, tendre et compatissant, c’est la manière d’être de Dieu : proximité, compassion, tendresse.

Sœurs et frères, émerveillons-nous car “il s’est fait chair” (cf. Jn 1, 14). Chair : un mot qui rappelle notre fragilité et que l’Évangile utilise pour nous dire que Dieu est entré au plus profond de notre condition humaine. Pourquoi est-Il allé si loin ? – nous nous demandons –. Parce qu’en nous tout est important pour Lui, parce qu’Il nous aime au point de nous considérer comme plus précieux que tout le reste. Frères et sœurs, pour Dieu qui a changé l’histoire lors du recensement, tu n’es pas un numéro, mais tu es un visage ; ton nom est inscrit dans son cœur. Mais toi, en regardant ton cœur, les performances qui ne sont pas à la hauteur, le monde qui juge et ne pardonne pas, peut-être vis-tu mal ce Noël, en pensant que tu ne fais pas bien, en nourrissant un sentiment d’inadéquation et d’insatisfaction à cause de tes fragilités, de tes chutes, de tes problèmes et de tes péchés. Mais aujourd’hui, s’il te plait, laisse l’initiative à Jésus qui te dit : “C’est pour toi que je me suis fait chair, c’est pour toi que je me suis fait semblable à toi”. Pourquoi restes-tu dans la prison de tes tristesses ? Comme les bergers qui ont laissé leurs troupeaux, laisse l’enclos de tes mélancolies et embrasse la tendresse de l’enfant Dieu. Et fais-le sans masque ni armure, jette en lui tes angoisses et il prendra soin de toi (cf. Ps 55, 23). Lui, qui s’est fait chair, n’attend pas tes performances mais ton cœur ouvert et confiant. Et en Lui tu redécouvriras qui tu es : un fils bien-aimé de Dieu, une fille bien-aimée de Dieu. Maintenant tu peux y croire, car, ce soir, le Seigneur est venu dans la lumière pour illuminer ta vie et ses yeux brillent d’amour pour toi.Nous avons du mal à croire en cela, que les yeux de Dieu brillent d’amour pour nous.

Oui, le Christ ne regarde pas les numéros, mais les visages. Mais qui Le regarde, au milieu des innombrables choses et de la course folle d’un monde toujours affairé et indifférent ? Qui le regarde ? À Bethléem, alors que beaucoup de gens, pris dans l’ivresse du recensement, allaient et venaient, remplissaient les gîtes et les auberges en parlant de choses et d’autres, certains étaient proches de Jésus : Marie et Joseph, les bergers, puis les mages. Apprenons d’eux. Ils ont les yeux fixés sur Jésus, le cœur tourné vers Lui. Ils ne parlent pas, mais ils adorent.Cette nuit, frères et sœurs, est le temps de l’adoration : adorer.

L’adoration est le moyen d’accueillir l’incarnation. Car c’est dans le silence que Jésus, le Verbe du Père, se fait chair dans nos vies. Faisons, nous aussi, comme à Bethléem qui signifie “maison du pain” : tenons-nous devant Lui, Pain de Vie. Redécouvrons l’adoration, car adorer ce n’est pas perdre son temps, mais permettre à Dieu d’habiter notre temps. C’est faire fleurir en nous la semence de l’incarnation, c’est collaborer à l’œuvre du Seigneur qui change le monde comme un levain. Adorer c’est intercéder, réparer, permettre à Dieu de redresser l’histoire. Un grand conteur d’épopées écrivait à son fils : « Je t’offre la seule grande chose à aimer sur terre : le Saint Sacrement. Tu y trouveras le charme, la gloire, l’honneur, la fidélité et le vrai chemin de toutes tes amours sur terre » (J.R.R. Tolkien, Lettre n. 43, mars 1941).

Frères et sœurs, ce soir, l’amour change l’histoire. Fais-nous croire, Seigneur, au pouvoir de ton amour, si différent du pouvoir du monde. Seigneur, fais que comme Marie, Joseph, les bergers et les mages, nous nous rassemblons autour de Toi pour T’adorer. Rendus par Toi plus semblables à Toi, nous pourrons témoigner au monde de la beauté de Ton visage.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 20 décembre 2023

Photo par Omar Trejo sur Cathopic.

Au cours de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François a réfléchi à l’intention de la Nativité vivante de Saint François à Greccio. Il a déclaré que « la crèche est comme un petit puits où l’on peut puiser la proximité de Dieu, source d’espérance et de joie ».

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs,

Il y a 800 ans, à Noël 1223, saint François a réalisé la crèche vivante à Greccio. A l’heure où la crèche se prépare, ou s’achève, dans les maisons et dans de nombreux autres lieux, il est bon que nous redécouvrions ses origines.

Comment est née la crèche? Quelle était l’intention de saint François? Il disait: «Je voudrais représenter l’Enfant né à Bethléem, et voir en quelque sorte avec les yeux du corps les difficultés dans lesquelles il s’est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, comment il a été couché dans une mangeoire et comment il était sur le foin entre le bœuf et l’âne» (Tommaso da Celano, Vita prima, XXX, 84: FF 468). François ne veut pas réaliser une belle œuvre d’art, mais susciter, à travers la crèche, l’émerveillement devant l’extrême humilité du Seigneur, devant les épreuves qu’il a subies, par amour pour nous, dans la pauvre grotte de Bethléem. En effet, le biographe du saint d’Assise note que: «Dans cette scène émouvante, la simplicité évangélique resplendit, la pauvreté est -louée, l’humilité est recommandée. Greccio est devenu comme une nouvelle Bethléem» (ibid., 85). J’ai souligné un terme: l’émerveillement. Et cela est important. Si nous, chrétiens, regardons la crèche comme une belle chose, comme une chose historique, et aussi religieuse, et que nous prions, cela n’est pas suffisant. Devant le mystère de l’incarnation du Verbe, devant la naissance de Jésus, il faut cette attitude religieuse de l’émerveillement. Si devant les mystères, je n’arrive pas à cet émerveillement, ma foi n’est que superficielle; une foi «informatique». N’oubliez pas cela.

C’est une caractéristique de la crèche, qui est comme une école de sobriété. Et cela a beaucoup à nous dire aussi. Aujourd’hui, en effet, le risque de perdre ce qui compte dans la vie est élevé et, paradoxalement, il augmente précisément à Noël — la mentalité change à Noël —: plongés dans un consumérisme qui en corrompt le sens. Le consumérisme de Noël. C’est vrai, on veut faire des cadeaux, c’est bien, c’est une façon de le célébrer, mais cette frénésie d’aller acheter des cadeaux, cela attire l’attention d’un autre côté et ce n’est plus la sobriété de Noël.  Regardons la crèche: cet émerveillement devant la crèche. Parfois, il n’y a pas l’espace intérieur pour l’émerveillement, mais uniquement pour organiser les fêtes, pour faire la fête.

Et la crèche naît pour nous ramener à ce qui compte: à Dieu qui vient habiter parmi nous. Pour cela, il est important de regarder la crèche, parce qu’elle nous aide à comprendre ce qui compte et aussi les relations sociales de Jésus à ce moment, la famille, Joseph et Marie, et les personnes chères, les pasteurs. Les personnes viennent avant les choses. Et souvent, nous plaçons les choses avant les personnes. Cela ne va pas.

Mais la crèche de Greccio, outre la sobriété qu’elle fait voir, parle aussi de joie, car la joie n’est pas la même chose que le divertissement. Mais se divertir n’est pas une mauvaise chose si on le fait en suivant de bons chemins; ce n’est pas une mauvaise chose, c’est une chose humaine. Mais la joie est plus profonde encore, plus humaine. Et parfois, il y a la tentation de se divertir, sans joie; se divertir en faisant du bruit, mais la joie est absente. C’est un peu la figure du pantin qui rit, rit, fait rire, mais son cœur est triste. La joie est la racine d’un sain divertissement pour Noël. Et sur la joie, les chroniques de l’époque disent: «Le jour de l’allégresse arrive, le temps de la joie! François […] est rayonnant […]. Le peuple afflue et se réjouit d’une joie qu’il n’avait jamais goûtée auparavant […]. Tous rentrèrent chez eux emplis d’une joie ineffable» (Vita prima, XXX, 85-86: FF  469-470). La sobriété, l’émerveillement, te conduit à la joie, la vraie joie, pas celle artificielle.

Mais d’où venait cette joie extraordinaire de Noël? Certainement pas du fait d’avoir apporté des cadeaux à la maison ou d’avoir vécu des fêtes somptueuses. Non, c’était la joie qui déborde du cœur quand on touche du doigt la proximité de Jésus, la tendresse de Dieu, qui ne laisse pas seul, mais qui console. Proximité, tendresse et compassion, telles sont les trois attitudes de Dieu. Et en regardant la crèche, en priant devant la crèche, nous pourrions entendre ces choses du Seigneur qui nous aident dans la vie de chaque jour.

Chers frères et sœurs, la crèche est comme un petit puits d’où puiser la proximité de Dieu, source d’espérance et de joie. Elle est comme un Evangile vivant, un Evangile domestique. Elle est comme le puits de la Bible, elle est le lieu de la rencontre, où nous apportons à Jésus, comme l’ont fait les bergers de Bethléem et les habitants de Greccio, elle est comme les attentes et les préoccupations de la vie. Si, devant la crèche, nous confions à Jésus tout ce qui nous est cher, nous éprouverons nous aussi «une très grande joie» (Mt 2, 10), une joie qui vient précisément de la contemplation, de l’esprit d’émerveillement avec lequel je vais contempler ces mystères. Allons devant la crèche. Que chacun regarde et laisse son cœur ressentir quelque chose.


APPEL

J’adresse ma pensée aux victimes et aux blessés qu’a causés le tremblement de terre dévastateur qui, lundi dernier, a frappé les provinces chinoises du Gansu et du Qinghai. Je suis proche par l’affection et la prière des populations qui souffrent, j’encourage les services de secours et j’invoque sur tous la bénédiction du Tout-Puissant, pour qu’Il apporte réconfort et soulagement dans la douleur.

Je salue aussi le groupe de Mediterranea Saving Humans qui est présent ici et qui va en mer sauver les pauvres gens qui fuient l’esclavage de l’Afrique. Ils font un beau travail, ils sauvent beaucoup de gens.

N’oublions pas les personnes, les peuples qui souffrent du mal de la guerre. Les guerres sont toujours une défaite. N’oublions pas cela. Une défaite. Seuls  les fabricants d’armes y gagnent. S’il vous plaît, pensons à la Palestine, à Israël. Pensons à l’Ukraine —  l’ambassadeur est  ici présent — l’Ukraine martyrisée, qui souffre tant. Et pensons aux enfants en guerre, aux choses qu’ils voient. Allons devant la crèche et demandons la paix à Jésus. Il est le prince de la paix.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Le miracle de la naissance face à l’infertilité

Voici le témoignage de notre réalisateur Khoi qui après 11 ans de mariage et d’attente a reçu la grâce d’accueillir son premier enfant peu après Noël 2022. Bonne écoute !

C’est la peur qui nous empêche de vivre dans l’amour et dans la joie

Nous entrons maintenant dans la période de l’Avent, ce temps avant Noël où plusieurs croyants de foi chrétienne se préparent intérieurement à la célébration. J’ai fait quelques recherches pour en savoir plus sur l’Avent et au fil de mes découvertes, j’ai réalisé que la période de l’Avent coïncide bien avec ma situation actuelle.

Récemment, j’ai été appelée, une fois de plus, à faire autrement : c’est-à-dire d’agir à la façon chrétienne. Ça n’a vraiment pas été facile. C’est avec la grâce de Dieu que j’y suis arrivée et le résultat fût bénéfique. Je vous raconte mon histoire dans quelques instants.

Dans les textes que j’ai trouvés sur l’Avent, on parle beaucoup de comment on peut se préparer intérieurement à la venue du Christ, par exemple : en travaillant sur nous-mêmes pour ressembler davantage au Christ et en appliquant les valeurs chrétiennes dans notre vie au quotidien. Moi, j’ai dû appliquer les valeurs chrétiennes dans un conflit. Voici mon histoire:

Appliquer les valeurs chrétiennes dans un conflit 

Mon conjoint et moi, comme tout autre couple, avons nos propres conflits. Nos opinions, façons de faire et de penser parfois s’opposent et provoquent des chicanes. Après tout, nous avons une culture, une éducation, une expérience de vie et des désirs différents, donc il est tout à fait normal d’en arriver à cela. Même avec l’âme-sœur on ne peut y échapper. Mais cette fois- ci notre chicane s’est élevée à un niveau supérieur, supérieur à ce à quoi nous étions habitués à vivre. Pendant quelques jours nous évitions de nous parler, nous ne communiquions que le strict minimum et ce, avec une froideur qui faisait mal au cœur. Tous les deux nous n’étions pas bien dans cette façon
de gérer la situation. Ce silence me rendait triste, et lui, ça le rendait malade, mais personne n’avait le courage de briser ça.

Je m’étais déjà excusée, à ma façon, dès le premier jour de notre conflit, comme j’avais l’habitude de le faire, mais cette fois-ci mon excuse n’avait pas provoqué la réaction attendue. Il ne semblait pas avoir accepté mes excuses ou du moins, cela ne semblait pas avoir été suffisant pour se réconcilier.  Je ne voyais pas ce que je pouvais faire de plus. Après tout, lui aussi était coupable dans cette chicane, lui aussi devait s’excuser. Ne sachant pas quoi faire de plus et n’ayant pas envie d’en faire plus, je décidais de me résigner à son silence et de jouer au jeu, mais ce jeu nous faisait mal et nous tourmentait tous les deux.

Un soir, durant la période où nous étions toujours en conflit, je suis allée à l’église pour la catéchèse des parents dont les enfants vont faire la première communion. Le message du prêtre ce jour-là m’a totalement inspiré, c’est comme si Dieu voulait répondre à mon problème et me donner la première étape de la solution. En fait, Dieu, à travers le message du prêtre, m’a parlé.
Le message du prêtre était le suivant : « Ce qui nous empêche de vivre les valeurs chrétiennes et de vivre de l’amour du Christ dans notre vie au quotidien c’est la peur. « La peur de mourir ». La peur de mourir se traduit aussi par toutes les peurs. La peur de perdre la face, la peur de perdre sa
dignité, sa fierté, la peur de perdre un moment de plaisir, la peur de l’inconnu, la peur de ne pas avoir assez, la peur de ci, la peur de ça, la peur, la peur, la peur.
Toutefois, avec le Christ, quand on se donne au Christ, quand on Lui demande de nous aider et de nous transformer au quotidien, de nous aider à vivre dans son amour, c’est là qu’on est capable de vivre et de donner de cet amour ».

Dans l’exemple de la chicane de couple cette attitude d’amour peut se refléter ainsi : Au lieu de continuer à vouloir garder son point de vue, sa fierté et de rester dans la tension, la frustration ou l’abandon ; on est capable au contraire de pardonner, et de demander pardon, de continuer à démontrer de l’amour un envers l’autre et ainsi de continuer la route ensemble et de cheminer vers de véritables solutions voir même des transformations.

Après avoir été touchée par ce message, le soir même, je suis allée retrouver mon conjoint, je l’ai embrassé et je lui ai demandé de me pardonner. Demander pardon : j’ai senti que c’était la chose à faire dans cette situation et c’est ce que j’ai fait. Je ne me suis pas posée plein de questions, le pourquoi et le comment, je l’ai juste fait. Juste avant de le faire, j’ai demandé à Dieu de m’aider à le faire. Maintenant nous avons enfin brisé le jeu du silence et nous avons retrouvé une joie. Est-ce que nous avons réglé la source du conflit?

Non, pas encore, nous allons devoir y revenir et en discuter au moment opportun, mais pour le moment nous savons que nous voulons le faire avec une attitude positive, en gardant l’espoir et la confiance que nous allons tout faire pour passer à travers, avec l’aide de Dieu, oui AVEC l’aide de Dieu, car seulement LUI peut nous aider à faire ce qui nous paraît impossible et nous donner ce qui nous semble inaccessible.

Les 4 chandelles de l’Avent qui sont allumées à tour de rôle au cours des quatre dimanches précédant Noël, représentent l'espérance, la foi, la joie et la paix. Durant cette période de l’Avent, pourquoi ne pas essayer de vivre davantage de l’amour du Christ dans vos tâches et activités quotidiennes. Je pense que vous verrez de beaux fruits comme résultat et qui sait, peut-être que Noël prendra un tout autre sens pour vous cette année !

Que Dieu nous guide en cette période de l’Avent.

Sainte Barbe : L’Histoire d’une Chrétienne Martyre au Courage inébranlable !

Francesco Soderini, Sainte Barbe et son père foudroyé, vers 1700. Wikimedia Commons.

Sainte Barbe est une sainte et martyre (des années +235) vénérée dans la religion chrétienne, catholique et orthodoxe, dont la fête est célébrée surtout au Liban. Elle incarne le courage et la dévotion dans le visage de l’adversité. Son histoire fascinante transcende les époques pour nous rappeler la force de la foi et la persévérance face à l’oppression. 

Originaire de Nicomédie en Asie mineure (l’actuelle Turquie), sainte Barbe a vécu au IIIe siècle à Héliopolis (aujourd’hui Baalbek, au Liban) sous l’empereur Maximien, une période de persécution religieuse intense. Sa décision de se convertir au christianisme et sa résistance à l’opposition de son propre père, un riche païen nommé Dioscore qui voulait la marier à un prince Perse, en font un symbole puissant de sa foi inébranlable. 

Elle était d’une beauté extraordinaire et d’une grande intelligence. À l’âge de 16 ans, elle se convertit au christianisme, et s’enfuit dans les champs de blé pour fuir son père. 

Retrouvée, elle fut emprisonnée dans une tour et torturée. La tour a été incendiée mais sainte Barbe resta vivante. Finalement, elle fut martyrisée et exécutée par son propre père. C’est à ce moment qu’un éclair foudroya Dioscore qui est mort brûlé.

Appelée aussi « sainte de feu », elle est la sainte patronne protectrice des mineurs et des sapeurs-pompiers en France et de certains métiers d’ingénierie dans plusieurs pays de l’Occident et de l’Orient.

Son histoire, sa conversion, son martyre tragique, et son héritage perdurent à travers les générations et sont célébrés même aujourd’hui.

En 1969, l’église consacre le jour du 4 décembre la fête de sainte Barbe.

 

Eid El Barbara ou la fête de sainte Barbe au Liban

La fête de sainte Barbe est largement célébrée au Liban. Selon la tradition, il s’agit d’une fête qui précède Noël et est accompagnée de diverses célébrations et coutumes. L’histoire commence la veille de la fête de sainte-Barbe, le 3 décembre : des enfants se déguisent représentant la sainte Barbe qui s’est échappée de la tour où elle était emprisonnée. Les familles se rendent visite et se retrouvent. En se rendant chez les voisins et les membres de leur famille, et les enfants reçoivent de l’argent et des desserts, faits maison, spécialement par leur famille.

Sainte Barbe s’est cachée dans un champ de blé. Le blé est donc devenu un symbole très important de cette fête. Chaque famille prépare Noël en plantant des graines de blé et de lentilles dans trois petits plats recouverts de coton imbibé d’eau, symbolisant la Trinité. Les petites pousses sont arrosées quotidiennement jusqu’à Noël, lorsque de petites pousses se forment, c’est un signe de bénédiction et de prospérité pour la nouvelle année.

Aussi les familles préparent des mets traditionnels surtout à base de blé tel que l’amhieh. En plus des desserts comme les maakroun, mchabbak, katayef qui sont préparés surtout ce jour-là. Et ils nous rappellent des souvenirs exceptionnels qu’on porte toute la vie, et on la transmet aux générations futures.

(Photos reproduites avec l’aimable autorisation de Délices des cèdres sur Facebook.

Utilisées avec permission.)

 

(Photo de Wikimedia Commons)

 

À côté des traditions, la fête religieuse se traduit par la visite des chrétiens libanais de leur église pour célébrer la messe à cette occasion.

C’est à la sainte Barbe que les Libanais commencent à décorer leurs maisons pour Noël en dressant le sapin et montant la crèche, et ils se préparent pour la venue du petit Enfant Jésus. C’est ainsi que les trois petites assiettes plantées à la sainte Barbe seront disposées devant la crèche le 24 décembre. Cette décoration sera retirée après l’Épiphanie soit après le 6 janvier de la Nouvelle année.

La période de pratiques religieuses et des préparations pour la naissance de Jésus est accompagnée soit par des œuvres de charité, telles que le don de la nourriture aux nécessiteux, ou de l’argent ou du matériel à des organisations actives dans le pays.

La célébration de la Sainte-Barbe porte de beaux souvenirs d’enfance en famille que les Libanais insistent à préserver malgré les situations politiques et économiques actuelles. Ils la transmettent d’une génération en génération.

Les Libanais se félicitent en disant Barbara mbarkeh (Jour de la Sainte-Barbe béni) ou kel Barbara w ento bi kheir (Bonne Sainte-Barbe).

 

Prière à sainte Barbe

« Sainte Barbe, sainte bien-aimée des Libanais, nous nous tournons vers toi en ces temps incertains, Toi qui as montré la force de ta foi face à l’adversité.

Protège notre cher Liban, terre de diversité, garde-nous des tourments, des conflits et de la discorde, guide nos dirigeants vers la sagesse et la paix, ô sainte Barbe.

Nous te prions pour que nos traditions perdurent, malgré les défis économiques et politiques qui nous assaillent, que la fête en ton honneur demeure un lien sacré.

Inspire nos cœurs à la solidarité et à la charité, aide-nous à soutenir nos concitoyens dans le besoin, et à maintenir l’amour et l’unité dans notre société.

Sainte Barbe, veille sur nous, sur notre nation, que ta lumière brille sur le Liban, même dans l’obscurité, et que nous puissions continuer à célébrer ta mémoire avec fierté.

Amen. »

O Rex Gentium: Encore une reflection en prime

Viens, Roi de l’univers, pierre angulaire de l’Église!
À l’homme que tu as pétri de la terre viens apporter le salut.

 

Dieu se fait pauvre pour rencontrer notre pauvreté

« Jésus est le Roi de l’univers ». N’est-ce pas un peu présomptueux ? Après tout, Jésus n’est pas un monarque comme les autres. D’ailleurs, comment prétendre être un roi universel quand tout le monde n’est pas chrétien ?

Cette ancienne prière de l’Église, dans les derniers jours avant Noël, nous met devant la question : quel type de roi est Jésus et quelle est sa relation au monde entier ?

Regardons d’abord la manière par laquelle Jésus est entrer dans notre monde. Il n’est pas né dans un palais. Son trône était une humble mangeoire : là où mangent des animaux. Durant sa vie, il ne se promenait pas en calèche mais emprunter un âne quand il en avait besoin. Finalement, il n’a pas eu l’honneur des funérailles d’État, mais il a été exécuté comme un criminel aux mains d’un gouverneur romain. 

Paradoxalement, la royauté de Jésus se manifeste dans sa pauvreté. Et c’est exactement cela qui fait de lui le roi des nations. Si Jésus était pauvre – du début de sa vie jusqu’à la fin – c’était car il est venu embrasser notre pauvreté. Ce qui lie toutes les nations de la terre, c’est la pauvreté qui habite chaque cœur humain. Certes, il y a une grande diversité au niveau de notre pauvreté ou richesse matérielle. Mais ce que nous avons tous en commun, c’est la pauvreté intérieure dont nous faisons tous et toutes l’expérience, même inconsciemment. 

Chaque être humain a soif d’amour, de sens, d’espérance et de paix. Ce sont des choses que nous ne pouvons pas procurer pour nous-mêmes. Elles ne sont pas à vendre ; elles sont en rupture de stock au magasin. C’est en ce sens que nous sommes pauvres : nous avons besoin que quelqu’un d’autre vient nous combler, nous guérir et nous sauver.

Dieu est devenu pauvre précisément pour venir nous combler dans notre pauvreté. C’est ainsi que Jésus est le roi de toutes les nations. C’est le mystère dans lequel nous entrons pendant le temps de Noël. Cette période de l’année, c’est l’occasion pour chacun d’entre nous de reconnaitre notre besoin de Dieu, notre soif du Christ, et de nous ouvrir pour qu’il vienne nous combler. 

Jésus, Roi des nations, comble-nous de ta pauvreté royale. Ouvre tous les peuples de la terre pour faire rayonner en nous la lumière de ton royaume. Amen.

O Rex Gentium

 

Viens, Roi de l’univers, pierre angulaire de l’Église!

À l’homme que tu as pétri de la terre viens apporter le salut.

Viens Roi de l’univers, Toi a qui toute créatures a été soumises dès l’origine des univers visibles et invisibles, Toi la pierre angulaire.
Mais qu’est-ce que ta Royauté, Roi de l’Univers ? et qui es-Tu pour être notre Pierre angulaire ?
Celui qui vient est Roi c’est-à-dire celui à qui appartient la domination sur toute chaire certes, mais il est aussi, Pierre Angulaire, c’est-à-dire la condition sine qua non de toute existence, le ce sans quoi rien n’a de sens autrement dit, celui qui donne sens à toutes choses et à toute existence.

En effet la royauté de celui qui vient ne peut se comprendre qu’à la lumière de l’incarnation du Christ. Mieux à la contemplation du Christ, fragile et désarmé de toute agressivité comme nous laisse comprendre la scène de la nativité (Luc 2). Cette Royauté peut encore se comprendre dans le prisme des béatitudes en l’occurrence de la béatitude des pauvres qui proclame haut et fort : « Heureux les pauvres de cœurs, ils recevront le Royaume des Cieux.». (Mt5,3-12).

De ces deux allusions aux écritures, les considérations qui suivent sur la royauté du Messie peuvent être émises.
Il est Roi car il est Doux, Tendre et désarmé de toute violence. Aussi, la douceur qui est l’opposée de la violence et de la domination nous permet de comprendre le mode sous lequel s’exerce sa royauté. S’exerçant dans la douceur, la royauté du Messie est destinée à une catégorie de personnes connue sous le vocable de pauvre de cœur c’est-à-dire celles et ceux qui sont dans l’attente du Salut promis par le Messie qui vient.

Ensuite, l’antienne mentionne qu’il est la Pierre Angulaire. L’image de la pierre angulaire située comme son nom l’indique à l’angle de deux murs d’un bâtiment, est celle qui donne au bâtiment sa solidité. La métaphore désignant le Messie comme Pierre Angulaire de l’église nous donne d’envisager et de considérer celui qui vient comme l’élément fondamental de nos vies. S’il règne sur nous par sa douceur, il aimerait être celui qui donne sens à nos existences.

Dans l’attente du Messie qui vient, puissions-nous nous ouvrir à sa plénitude. Oui il vient pour nous les femmes et les hommes de ce temps, nous donner le salut si nous osons lui demander avec insistance en ce 22 décembre 2022 la grâce d’un cœur pauvre d’un cœur désarmé de toute violence, de toutes rancunes et rancœurs.

Ainsi sera-t-il la Pierre Angulaire de nos vies qui exerce royauté sous forme de tendresse et qui fait de nous des personnes rayonnantes de sa Gloire.

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