Message Urbi et Orbi du pape François pour Noël 2024

Le 25 décembre 2024 à midi, le pape François a prononcé le traditionnel message de Noël et la bénédiction « urbi et orbi » (à la ville et au monde) depuis le Loggia centrale de la basilique Saint-Pierre.

Vous trouverez ci-dessous le texte intégral de son message pour Noël 2024 :

MESSAGE DE NOËL
DU PAPE FRANÇOIS

NOËL 2024

Loggia centrale de la basilique Saint-Pierre
Lundi 25 décembre 2024

Chers frères et sœurs, joyeux Noël !  

Cette nuit le mystère, qui ne cesse de nous étonner et de nous émouvoir, s’est renouvelé: la  Vierge Marie a donné naissance à Jésus le Fils de Dieu, elle l’a enveloppé de langes et l’a déposé  dans une mangeoire. C’est ainsi que les bergers de Bethléem l’ont trouvé, pleins de joie, tandis que  les anges chantaient : “Gloire à Dieu et paix aux hommes” (cf. Lc 2, 6-14).  

Oui, cet événement, qui s’est produit il y a plus de deux mille ans, se renouvelle par l’œuvre  du Saint-Esprit, le même Esprit d’Amour et de Vie qui a fécondé le sein de Marie et, de sa chair  humaine, a formé Jésus. Ainsi, aujourd’hui, dans l’enfantement de notre temps, la Parole éternelle du  salut s’incarne à nouveau et réellement, elle dit à chaque homme et à chaque femme, elle dit au monde  entier : Je t’aime, je te pardonne, reviens vers moi, la porte de mon cœur est ouverte ! 

Frères et sœurs, la porte du cœur de Dieu est toujours ouverte, revenons à Lui ! Revenons à  ce cœur qui nous aime et nous pardonne ! Laissons-nous pardonner par Lui, laissons-nous réconcilier  avec Lui ! 

C’est le sens de la Porte Sainte du Jubilé, que j’ai ouverte hier soir, ici à Saint-Pierre : elle  représente Jésus, la Porte du salut ouverte à tous. Jésus est la Porte que le Père miséricordieux a  ouverte au milieu du monde, au coeur de l’histoire, pour que nous puissions tous revenir à Lui. Nous  sommes tous comme des brebis égarées et nous avons besoin d’un Berger et d’une Porte pour  retourner à la maison du Père. Jésus est le berger, Jésus est la Porte.  

Frères et sœurs, n’ayez pas peur ! La Porte est ouverte, elle est grande ouverte ! Venez !  Laissons-nous réconcilier avec Dieu, et alors nous nous serons réconciliés avec nous-mêmes et nous  pourrons nous réconcilier les uns avec les autres, y compris avec nos ennemis. Oui, la miséricorde de  Dieu peut tout, elle défait tous les nœuds, elle abat tous les murs de division, elle dissout la haine et  l’esprit de vengeance. Venez ! Jésus est la Porte de la paix. 

Souvent, nous ne nous arrêtons qu’au seuil, nous n’avons pas le courage de le franchir, parce  qu’il nous interpelle. Entrer par la Porte exige le sacrifice de faire un pas, de laisser derrière soi les  litiges et les divisions, pour s’abandonner aux bras ouverts de l’Enfant qui est le Prince de la Paix. En  ce Noël, début de l’Année jubilaire, j’invite chaque personne, chaque peuple et chaque nation à avoir  le courage de franchir la Porte, à devenir des pèlerins de l’espérance, à faire taire les armes et à  surmonter les divisions ! 

Que les armes se taisent dans l’Ukraine martyrisée ! Qu’on ait l’audace d’ouvrir la porte à la  négociation et aux gestes de dialogue et de rencontre, pour parvenir à une paix juste et durable.

BOLLETTINO N. 1033 – 25.12.2024 4 

Que les armes se taisent au Moyen-Orient ! Les yeux fixés sur le berceau de Bethléem, ma  pensée va aux communautés chrétiennes en Israël et en Palestine, en particulier à Gaza, où la situation  humanitaire est désastreuse. Que cesse le feu, que les otages soient libérés et que la population épuisée  par la faim et la guerre soit aidée. Je suis également proche de la communauté chrétienne au Liban,  particulièrement au sud, et de celle de Syrie, en cette période si délicate. Que les portes du dialogue  et de la paix s’ouvrent dans toute la région déchirée par les conflits. Je veux également rappeler ici le  peuple libyen, en l’encourageant à rechercher des solutions qui permettent la réconciliation nationale. 

Puisse la naissance du Sauveur apporter un temps d’espérance aux familles de milliers  d’enfants qui meurent d’une épidémie de rougeole en République Démocratique du Congo, ainsi  qu’aux populations de l’Est du pays et à celles du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Mozambique.  La crise humanitaire qui les frappe est principalement causée par les conflits armés et le fléau du  terrorisme. Elle est aggravée par les effets dévastateurs du changement climatique qui entraînent des  pertes en vies humaines et le déplacement de millions de personnes. Je pense aussi aux populations  des pays de la Corne de l’Afrique pour lesquels j’implore les dons de la paix, de la concorde et de la  fraternité. Que le Fils du Très-Haut soutienne les efforts de la Communauté internationale pour  favoriser l’accès aux aides humanitaires à la population civile du Soudan et entamer de nouvelles  négociations en vue d’un cessez-le-feu.  

Que l’annonce de Noël apporte un réconfort aux habitants du Myanmar qui, à cause des  affrontements armés continuels, souffrent gravement et sont contraints à fuir leurs foyers. Que l’Enfant Jésus inspire les autorités politiques et toutes les personnes de bonne volonté du  continent américain, afin que des solutions efficaces soient trouvées au plus vite, dans la vérité et la  justice, afin de promouvoir l’harmonie sociale, en particulier en Haïti, au Venezuela, en Colombie et  au Nicaragua, et que l’on s’efforce, surtout en cette année jubilaire, de construire le bien commun et  de redécouvrir la dignité de chaque personne, au-delà des clivages politiques. Que le Jubilé soit l’occasion de briser tous les murs de séparation : les murs idéologiques, qui  marquent si souvent la vie politique, et les murs physiques, comme la division qui affecte depuis  maintenant cinquante ans l’île de Chypre et qui a déchiré son tissu humain et social. Je souhaite  qu’une solution commune puisse être trouvée pour mettre fin à la division, dans le plein respect des  droits et de la dignité de toutes les communautés chypriotes. 

Jésus, le Verbe éternel de Dieu fait homme, est la Porte grande ouverte que nous sommes  invités à franchir pour redécouvrir le sens de notre existence et le caractère sacré de toute vie, et pour  redécouvrir les valeurs fondatrices de la famille humaine. Il nous attend sur le seuil. Il attend chacun  de nous, spécialement les plus fragiles. Il attend les enfants, tous les enfants qui souffrent de la guerre  et de la faim ; Il attend les personnes âgées, souvent contraintes à vivre dans des conditions de solitude  et d’abandon ; Il attend ceux qui ont perdu leur maison ou qui fuient leur terre dans le but de trouver  un refuge sûr ; Il attend ceux qui ont perdu ou ne trouvent pas de travail ; Il attend les prisonniers qui,  malgré tout, restent toujours des enfants de Dieu. Il attend ceux qui sont persécutés pour leur foi. 

En ce jour de fête, notre gratitude va à l’endroit de ceux qui font le bien de manière silencieuse  et fidèle : je pense aux parents, aux éducateurs et aux enseignants, qui ont la grande responsabilité de  former les générations futures ; je pense aux agents de santé, aux forces de l’ordre, à ceux qui sont  engagés dans des œuvres de charité, en particulier aux missionnaires répandus de par le monde qui  apportent lumière et réconfort à tant de personnes en difficulté. À tous, nous voulons dire : merci !  

Frères et sœurs, que le Jubilé soit l’occasion de remettre les dettes, en particulier celles qui  pèsent sur les pays les plus pauvres. Chacun est appelé à pardonner les offenses reçues, car le Fils de  Dieu, qui est né dans le froid et l’obscurité de la nuit, remet toutes nos dettes. Il est venu pour nous  guérir et nous pardonner. Pèlerins de l’espérance, allons à sa rencontre ! Ouvrons-Lui les portes de  nos cœurs, comme Il nous a ouvert la porte de son Cœur. 

Je vous souhaite à tous un joyeux et saint Noël. 

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Message Urbi et Orbi du pape François – Pâques 2024

Après la messe du dimanche 31 mars 2024, le pape François a prononcé son habituel message Urbi et Orbi (« à la ville et au monde ») pour Pâques depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre.

Participez à notre célébration du Seigneur ressuscité avec des vidéos, des réflexions et bien plus encore, à l’adresse suivante : https://slmedia.org/fr/paques

Lisez le texte intégral du message ci-dessous. 

Message Urbi et Orbi de Sa Sainteté le Pape François
Pâques 2024
31 mars 2024

Chers frères et sœurs, Bonnes Pâques !

Aujourd’hui, dans le monde entier, résonne l’annonce partie de Jérusalem il y a deux mille ans : « Jésus de Nazareth, le crucifié, il est ressuscité ! » (Mc 16, 6)

L’Église revit l’étonnement des femmes qui se sont rendues au tombeau à l’aube du premier jour de la semaine. Le tombeau de Jésus avait été fermé par une grosse pierre. Aujourd’hui encore, de lourdes, trop lourdes pierres ferment les espérances de l’humanité : la pierre de la guerre, la pierre des crises humanitaires, la pierre des violations des droits de l’homme, la pierre de la traite des êtres humains, et d’autres encore. Nous aussi, comme les femmes disciples de Jésus, nous nous demandons les uns aux autres : Qui roulera ces pierres ? (cf. Mc 16, 3)

Et voilà la découverte du matin de Pâques : la pierre, cette si grande pierre, a déjà été roulée. L’étonnement des femmes est aussi le nôtre : le tombeau de Jésus est ouvert et il est vide ! C’est là que tout commence. C’est par ce tombeau vide que passe une voie nouvelle, la voie que personne d’autre que Dieu ne pouvait ouvrir : la voie de la vie au milieu de la mort, la voie de la paix au milieu de la guerre, la voie de la réconciliation au milieu de la haine, la voie de la fraternité au milieu de l’inimitié.

Frères et sœurs, Jésus Christ est ressuscité et Lui seul est capable de rouler les pierres qui ferment le chemin vers la vie. Lui-même, le Vivant, est le Voie : la Voie de la vie, de la paix, de la réconciliation, de la fraternité. Il nous ouvre le passage humainement impossible, car Lui seul enlève le péché du monde et pardonne nos péchés. Et sans le pardon de Dieu, cette pierre ne peut être enlevée. Sans le pardon des péchés, on ne sort pas des fermetures, des préjugés, des suspicions mutuelles, des présupposés qui toujours absolvent soi-même et accusent les autres. Seul le Christ ressuscité, en nous donnant le pardon des péchés, ouvre la voie à un monde renouvelé.

Lui seul nous ouvre les portes de la vie, ces portes que nous fermons continuellement avec les guerres qui se répandent dans le monde. Aujourd’hui, nous tournons notre regard tout d’abord vers la ville sainte de Jérusalem, témoin du mystère de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus, et vers toutes les communautés chrétiennes de Terre Sainte.

Ma pensée va d’abord aux victimes des conflits nombreux qui se déroulent dans le monde, à commencer par celui en Israël et en Palestine, et celui en Ukraine. Que le Christ ressuscité ouvre un chemin de paix pour les populations meurtries de ces régions. Tout en appelant au respect des principes du droit international, j’appelle de mes vœux à un échange général de tous les prisonniers entre la Russie et l’Ukraine : tous pour tous !

Par ailleurs, j’appelle une nouvelle fois à ce que l’accès des aides humanitaires à Gaza soit garanti, en exhortant de nouveau à une libération rapide des otages enlevés le 7 octobre, ainsi qu’à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza.

Ne laissons pas les hostilités en cours continuer à toucher gravement la population civile qui est maintenant épuisée, surtout les enfants. Combien de souffrance nous voyons dans les yeux des enfants. Les enfants de ces terres en guerre ont oublié de sourire. Par leurs regards ils nous demandent : pourquoi ? Pourquoi tant de morts ? Pourquoi tant de destructions ? La guerre est toujours une absurdité, la guerre est toujours une défaite ! Ne laissons pas les vents de la guerre souffler toujours plus fort sur l’Europe et sur la Méditerranée. Ne cédons pas à la logique des armes et du réarmement. La paix ne se construit jamais avec des armes, mais en tendant les mains et en ouvrant les cœurs.

Frères et sœurs, n’oublions pas la Syrie qui souffre depuis treize ans des conséquences d’une guerre longue et dévastatrice. Tant de morts, de personnes disparues, tant de pauvreté et de destructions attendent des réponses de la part de chacun, y compris de la Communauté internationale.

Aujourd’hui, mon regard se tourne tout particulièrement vers le Liban qui connaît depuis longtemps un blocage institutionnel et une profonde crise économique et sociale, aujourd’hui aggravée par les hostilités à la frontière avec Israël. Que le Ressuscité réconforte le peuple libanais bien-aimé et soutienne le pays tout entier dans sa vocation à être une terre de rencontre, de coexistence et de pluralisme.

J’adresse une pensée particulière à la région des Balkans occidentaux où des pas importants sont accomplis vers l’intégration dans le projet européen : que les différences ethniques, culturelles et confessionnelles ne soient pas une cause de division, mais deviennent une source de richesse pour l’ensemble de l’Europe et du monde entier.

De même, j’encourage les discussions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan afin que, avec le soutien de la Communauté internationale, ils puissent poursuivre le dialogue, secourir les personnes déplacées, respecter les lieux de culte des différentes confessions religieuses et parvenir le plus rapidement possible à un accord de paix définitif.

Que le Christ ressuscité ouvre un chemin d’espérance pour les personnes qui, dans d’autres parties du monde, souffrent de violences, de conflits, d’insécurité alimentaire, ainsi que des effets du changement climatique. Que le Seigneur réconforte les victimes de toutes les formes de terrorisme. Prions pour tous ceux qui ont perdu la vie et implorons la repentance et la conversion des auteurs de tels crimes.

Que le Ressuscité assiste le peuple haïtien, afin que les violences qui déchirent et ensanglantent le pays cessent au plus vite et que celui-ci puisse progresser sur le chemin de la démocratie et de la fraternité.

Qu’Il réconforte les Rohingyas, touchés par une grave crise humanitaire, et qu’Il ouvre la voie de la réconciliation au Myanmar déchiré par des années de conflits internes, afin que toute logique de violence soit définitivement abandonnée.

Que le Seigneur ouvre des voies de paix sur le continent africain, notamment pour les populations éprouvées au Soudan et dans toute la région du Sahel, dans la Corne de l’Afrique, dans la région du Kivu en République Démocratique du Congo et dans la province du Cap Delgado au Mozambique, et qu’Il mette fin à la situation de sécheresse prolongée qui touche de vastes régions et provoque la pénurie et la famine.

Que le Ressuscité fasse briller sa lumière sur les migrants et sur ceux qui traversent des périodes de difficultés économiques, en leur offrant le réconfort et l’espérance au moment du besoin. Que le Christ guide toutes les personnes de bonne volonté pour qu’elles s’unissent dans la solidarité afin d’affronter ensemble les nombreux défis auxquels sont confrontées les familles les plus pauvres dans leur recherche d’une vie meilleure et du bonheur.

En ce jour où nous célébrons la vie qui nous est donnée dans la résurrection du Fils, rappelons-nous l’amour infini de Dieu pour chacun de nous : un amour qui surmonte toute limite et toute faiblesse. Pourtant, combien le précieux don de la vie est souvent méprisé. Combien d’enfants ne peuvent même pas voir la lumière ? Combien meurent de faim, sont privés des soins essentiels ou sont victimes d’abus et de violences ? Combien de vies sont transformées en marchandises dans le commerce croissant des êtres humains ?

Frères et sœurs, en ce jour où le Christ nous a libérés de l’esclavage de la mort, j’exhorte ceux qui exercent des responsabilités politiques à ne ménager aucun effort pour lutter contre le fléau de la traite des êtres humains, en travaillant sans relâche pour démanteler les réseaux d’exploitation et rendre la liberté à ceux qui en sont les victimes. Que le Seigneur console leurs familles, en particulier celles qui attendent avec anxiété des nouvelles de leurs proches, en leur assurant réconfort et espérance.

Que la lumière de la résurrection illumine nos esprits et convertisse nos cœurs, en nous faisant prendre conscience de la valeur de toute vie humaine qui doit être accueillie, protégée et aimée.

Bonnes Pâques à chacun !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Message Urbi et Orbi du pape François pour Noël 2023

Le pape François salue la foule depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre. © Sel + Lumière Média, 2023

Le 25 décembre 2023 à midi, le pape François a prononcé le traditionnel message de Noël et la bénédiction « urbi et orbi » (à la ville et au monde) depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre au Vatican.

Vous trouverez ci-dessous le texte intégral de son message pour Noël 2023 :

MESSAGE URBI ET ORBI
DU PAPE FRANÇOIS

NOËL 2023

Loggia de la basilique Saint-Pierre
Lundi 25 décembre 2023

Chers frères et sœurs, joyeux Noël !

Le regard et le cœur des chrétiens du monde entier sont tournés vers Bethléem ; là où règnent aujourd’hui la douleur et le silence, a retenti l’annonce attendue depuis des siècles : « vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » (Lc 2, 11). Ce sont les paroles de l’ange dans le ciel de Bethléem et elles nous sont également adressées. Elles nous remplissent de confiance et d’espérance de savoir que le Seigneur est né pour nous ; que la Parole éternelle du Père, le Dieu infini, a fixé sa demeure parmi nous. Il s’est fait chair, il est venu « habiter parmi nous » (Jn 1, 14) : voilà la nouvelle qui change le cours de l’histoire !

L’annonce de Bethléem est celle d’une « grande joie » (Lc 2, 10). Quelle joie ? Pas le bonheur passager du monde, pas la joie du plaisir, mais une joie “grande” parce qu’elle nous rend “grands”. Aujourd’hui, en effet, nous les êtres humains, avec nos limites, nous embrassons la certitude d’une espérance inouïe, celle d’être nés pour le Ciel. Oui, Jésus notre frère est venu faire de son Père notre Père : Enfant fragile, il nous révèle la tendresse de Dieu ; et bien plus encore : Lui, le Fils unique du Père, nous donne le « pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Voilà la joie qui console le cœur, qui renouvelle l’espérance et qui donne la paix : c’est la joie de l’Esprit Saint, la joie d’être des enfants aimés.

Frères et sœurs, aujourd’hui à Bethléem, dans les ténèbres de la terre, s’est allumée cette flamme inextinguible, aujourd’hui sur les ténèbres du monde prévaut la lumière de Dieu, « qui éclaire tout homme » (Jn 1, 9). Frères et sœurs, réjouissons-nous de cette grâce ! Réjouis-toi, toi qui as perdu confiance et certitudes, car tu n’es pas seul : le Christ est né pour toi ! Réjouis-toi, toi qui as perdu l’espérance, parce que Dieu te tend la main : il ne te pointe pas du doigt, mais il t’offre sa petite main d’Enfant pour te libérer de tes peurs, te relever de tes peines et te montrer qu’à ses yeux tu as plus de valeur que tout. Réjouis-toi, toi qui ne trouves pas la paix dans ton cœur, car pour toi s’est accomplie l’antique prophétie d’Isaïe : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné […] son nom est proclamé : […] Prince-de-la-Paix » (9,5). L’Écriture révèle que sa paix, son règne « sera sans fin » (9, 6).

Dans l’Écriture, le Prince de la paix s’oppose au « prince de ce monde » (Jn 12, 31) qui, en semant la mort, agit contre le Seigneur, « qui aime les vivants » (Sg 11, 26). Nous le voyons à l’œuvre à Bethléem lorsque le massacre des innocents a lieu après la naissance du Sauveur. Combien de massacres d’innocents dans le monde : dans le sein maternel, sur les routes des désespérés en quête d’espérance, dans les vies de tant d’enfants dont l’enfance est dévastée par la guerre. Ce sont les petits Jésus d’aujourd’hui, ces enfants dont l’enfance est dévastée par la guerre, par les guerres.

Alors dire “oui” au Prince de la paix signifie dire “non” à la guerre, et cela avec courage : dire “non” à la guerre, à toute guerre, à la logique même de la guerre, voyage sans but, défaite sans vainqueurs, folie sans excuses. C’est la guerre : voyage sans but, défaite sans vainqueurs, folie sans excuses. Mais pour dire “non” à la guerre, il faut dire “non” aux armes. Car si l’homme, dont le cœur est instable et blessé, a en sa possession des instruments de mort, tôt ou tard, il les utilisera. Et comment peut-on parler de paix si la production, la vente et le commerce des armes augmentent ? Aujourd’hui, comme au temps d’Hérode, les complots du mal, qui s’opposent à la lumière divine, se meuvent dans l’ombre de l’hypocrisie et de la dissimulation : combien de massacres armés ont lieu dans un silence assourdissant, à l’insu de tant de personnes ! Les personnes, qui ne veulent pas d’armes mais de pain, qui peinent à aller de l’avant et qui demandent la paix, ignorent combien d’argent public est destiné aux armements. Et pourtant ils devraient le savoir ! Que l’on en parle, que l’on en écrive, pour que l’on sache les intérêts et les gains qui tirent les ficelles des guerres.

Isaïe, qui prophétisait le Prince de la paix, a écrit à propos d’un jour où « jamais nation contre nation ne lèvera l’épée » ; d’un jour où les hommes « n’apprendront plus la guerre », mais « de leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles » (2, 4). Avec l’aide de Dieu, faisons en sorte que ce jour approche !

Qu’il s’approche en Israël et en Palestine, où la guerre secoue la vie de ces populations. Je les embrasse toutes, en particulier les communautés chrétiennes de Gaza et de toute la Terre Sainte. Je porte dans mon cœur la douleur pour les victimes de l’odieuse attaque du 7 octobre dernier et je renouvelle un appel pressant pour la libération de ceux qui sont encore retenus en otage. Je demande que cessent les opérations militaires, avec leur effroyable suite de victimes civiles innocentes, et que l’on remédie à la situation humanitaire désespérée en ouvrant à l’arrivée de l’aide humanitaire. Que l’on ne continue pas à alimenter la violence et la haine, mais que l’on commence à résoudre la question palestinienne, à travers un dialogue sincère et persévérant entre les Parties, soutenu par une forte volonté politique et par l’appui de la communauté internationale.

Ma pensée va ensuite à la population de la Syrie meurtrie, ainsi qu’à celle du Yémen encore en souffrance. Je pense au cher peuple libanais et je prie pour qu’il retrouve rapidement la stabilité politique et sociale.

Les yeux fixés sur l’Enfant Jésus, j’implore la paix pour l’Ukraine. Renouvelons notre proximité spirituelle et humaine à son peuple meurtri, afin qu’à travers le soutien de chacun de nous, il sente la réalité de l’amour de Dieu.

Que s’approche le jour d’une paix définitive entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Que la poursuite des initiatives humanitaires, le retour des personnes déplacées chez elles en toute légalité et sécurité, et le respect mutuel des traditions religieuses et des lieux de culte de chaque communauté la favorisent.

N’oublions pas les tensions et les conflits qui secouent la région du Sahel, la Corne de l’Afrique, le Soudan, ainsi que le Cameroun, la République Démocratique du Congo et le Soudan du Sud.

Que s’approche le jour où se renforceront les liens fraternels dans la péninsule coréenne, ouvrant des parcours de dialogue et de réconciliation qui puissent créer les conditions d’une paix durable.

Que le Fils de Dieu, qui s’est fait humble Enfant, inspire les autorités politiques et toutes les personnes de bonne volonté du continent américain, afin que soient trouvées des solutions aptes à surmonter les dissensions sociales et politiques, pour lutter contre les formes de pauvreté qui offensent la dignité des personnes, pour aplanir les inégalités et pour affronter le douloureux phénomène des migrations.

De la crèche, l’Enfant nous demande d’être la voix de ceux qui n’ont pas de voix : voix des innocents, morts par manque d’eau et de pain ; voix de ceux qui ne parviennent pas à trouver un travail ou l’ont perdu ; voix de ceux qui sont obligés de fuir leur patrie à la recherche d’un avenir meilleur, risquant leur vie dans des voyages exténuants et à la merci de trafiquants sans scrupules.

Frères et sœurs, le temps de grâce et d’espérance du Jubilé, qui commencera dans un an, approche. Que cette période de préparation soit une occasion pour convertir le cœur ; pour dire “non” à la guerre et “oui” à la paix ; pour répondre avec joie à l’invitation du Seigneur qui nous appelle, comme prophétisa encore Isaïe, « annoncer la bonne nouvelle aux humbles, / guérir ceux qui ont le cœur brisé, / proclamer aux captifs leur délivrance, / aux prisonniers leur libération » (Is 61, 1).

Ces paroles se sont accomplies en Jésus (cf. Lc 4, 18), né aujourd’hui à Bethléem. Accueillons-le, ouvrons-Lui notre cœur, lui le Sauveur ! ouvrons-Lui notre cœur, lui le Sauveur, qui est le Prince de la paix !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Message de Noël du pape François et bénédiction Urbi et Orbi

À midi, ce lundi 25 décembre 2017, le pape François a prononcé sa traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi depuis la loggia de la basilique vaticane. Voici le texte complet de son message de Noël, traduit par ZENIT l’agence d’information internationale:

Chers frères et sœurs, bon Noël !

À Bethléem, Jésus est né de la Vierge Marie. Il n’est pas né d’une volonté humaine, mais du don d’amour de Dieu le Père, qui « a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3,16).

Cet évènement se renouvelle aujourd’hui dans l’Église, en pèlerinage dans le temps : la foi du peuple chrétien revit dans la liturgie de Noël le mystère de Dieu qui vient, qui prend notre chair mortelle, qui se fait petit et pauvre pour nous sauver. Et cela nous nous remplit d’émotion, parce que la tendresse de notre Père est très grande.

Les premiers à voir l’humble gloire du Sauveur, après Marie et Joseph, ont été les bergers de Bethléem. Ils ont reconnu le signe que les anges leur avait annoncé et ils ont adoré l’Enfant. Ces hommes humbles mais vigilants sont un exemple pour les croyants de tous les temps qui, en présence du mystère de Jésus, ne se scandalisent pas de sa pauvreté, mais, comme Marie, se fient à la parole de Dieu et contemplent sa gloire avec un regard simple. Devant le mystère du Verbe fait chair, les chrétiens de tous lieux confessent, avec les paroles de l’évangéliste Jean : « Nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14).

Aujourd’hui, alors que soufflent sur le monde des vents de guerre et qu’un modèle de développement déjà dépassé continue à engendrer de la dégradation humaine, sociale et environnementale, Noël nous renvoie au signe de l’Enfant, et nous appelle à le reconnaître sur les visages des enfants, spécialement de ceux pour qui, comme pour Jésus, « il n’y a plus de place dans la salle commune » (Lc 2,7).

Nous voyons Jésus dans les enfants du Moyen Orient, qui continuent à souffrir à cause de l’aggravation des tensions entre Israéliens et Palestiniens. En ce jour de fête, demandons au Seigneur la paix pour Jérusalem et pour toute la Terre Sainte ; prions pour qu’entre les partis la volonté de reprendre le dialogue l’emporte et que l’on puisse finalement parvenir à une solution négociée qui permette la coexistence pacifique de deux États à l’intérieur de frontières définies entre eux et reconnues internationalement. Que le Seigneur soutienne aussi l’effort de ceux qui, au sein de la Communauté internationale, sont animés par la bonne volonté d’aider cette terre meurtrie à trouver, malgré les graves obstacles, la concorde, la justice et la sécurité qu’elle attend depuis longtemps.

Nous voyons Jésus sur les visages des enfants syriens, encore marqués par la guerre qui a ensanglanté le pays en ces années. Que la bien-aimée Syrie puisse retrouver finalement le respect de la dignité de chaque personne, à travers un engagement commun à reconstituer le tissu social indépendamment de l’appartenance ethnique et religieuse.

Nous voyons Jésus dans les enfants de l’Irak, encore blessé et divisé par les hostilités qui l’ont affecté au cours de ces quinze dernières années, et dans les enfants du Yémen, où se déroule un conflit en grande partie oublié, avec de profondes implications humanitaires sur la population qui subit la faim et la propagation de maladies. Nous voyons Jésus dans les enfants de l’Afrique, en particulier en ceux qui souffrent au Sud Soudan, en Somalie, au Burundi, dans la République Démocratique du Congo, dans la République Centrafricaine et au Nigéria.

Nous voyons Jésus dans les enfants du monde entier là où la paix et la sécurité sont menacées par le risque de tensions et de nouveaux conflits. Prions pour que dans la péninsule coréenne les oppositions puissent être dépassées et que la confiance réciproque puisse se développer dans l’intérêt du monde entier. A l’Enfant Jésus nous confions le Venezuela pour qu’une relation sereine puisse reprendre entre les différentes composantes sociales au bénéfice de l’ensemble du bien-aimé peuple vénézuélien. Nous voyons Jésus dans les enfants qui, avec leurs familles, souffrent de la violence du conflit en Ukraine et de ses graves répercussions humanitaires et nous prions pour que le Seigneur accorde la paix au plus vite à ce cher pays.

Nous voyons Jésus dans les enfants dont les parents n’ont pas de travail et ont du mal à leur offrir un avenir sûr et serein. Et dans ceux dont l’enfance a été volée, obligés de travailler depuis tout-petits ou enrôlés comme soldats par des mercenaires sans scrupule.

Nous voyons Jésus dans les nombreux enfants contraints de quitter leurs propres pays, de voyager seuls dans des conditions inhumaines, proies faciles des trafiquants d’êtres humains. Dans leurs yeux, voyons le drame de tant de migrants forcés qui mettent en danger même leur vie pour affronter des voyages exténuants qui tant de fois finissent en tragédie.

Je revois Jésus dans les enfants que j’ai rencontré durant mon dernier voyage au Myanmar et au Bengladesh, et je souhaite que la Communauté internationale ne cesse pas d’agir pour que la dignité des minorités présentes dans la région soit adéquatement protégée. Jésus connait bien la souffrance de ne pas être accueilli et la fatigue de ne pas avoir un lieu où pouvoir reposer la tête. Que notre cœur ne soit pas fermé comme le furent les maisons de Bethléem.

Chers frères et sœurs,

A nous aussi est montré le signe de Noël : « un nouveau-né emmailloté… » (Lc 2,12). Comme la Vierge Marie et saint Joseph, comme les bergers de Bethléem, accueillons dans l’Enfant Jésus l’amour de Dieu fait homme pour nous, et engageons-nous, avec sa grâce, à rendre notre monde plus humain, plus digne des enfants d’aujourd’hui et de demain.

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