Une pastorale positive : réflexion sur le deuxième chapitre d’Amoris Laetitia

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« Pendant longtemps, nous avons cru qu’en insistant seulement sur des questions doctrinales, bioéthiques et morales, sans encourager l’ouverture à la grâce, nous soutenions déjà suffisamment les familles, consolidions le lien des époux et donnions un sens à leur vie commune. Nous avons du mal à présenter le mariage davantage comme un parcours dynamique de développement et d’épanouissement, que comme un poids à supporter toute la vie… Nous sommes appelés à former les consciences, mais non à prétendre nous substituer à elles… Cependant, nous avons souvent été sur la défensive, et nous dépensons les énergies pastorales en multipliant les attaques contre le monde décadent, avec peu de capacité dynamique pour montrer des chemins de bonheur. » (Amoris Laetitia, nos. 37-38)

Par ces phrases puissantes, le Pape François propose une approche envers les familles modernes qui est à la fois positive et pastorale. Dans le deuxième chapitre d’Amoris Laetitia intitulé « La réalité et les défis de la famille », le Pape commence son propos en notant que : « Le bien de la famille est déterminant pour l’avenir du monde et de l’Église » (no. 31). Ainsi, il considère d’abord la réalité concrète et les problèmes contemporains auxquels les familles d’aujourd’hui font face pour ensuite exhorter l’Église à contribuer de manière constructive aux solutions plutôt que de rappeler uniquement leurs lacunes.

Le Pape François avoue courageusement que : « Beaucoup ne sentent pas que le message de l’Église sur le mariage et la famille est un reflet clair de la prédication et des attitudes de Jésus, qui, en même temps qu’il proposait un idéal exigeant, ne renonçait jamais à une proximité compatissante avec les personnes fragiles, comme la Samaritaine ou la femme adultère » (no. 38). La réflexion du Pape se fonde sur le constat suivant : notre époque moderne, très influencée par les technologies, augmente les défis de la formation des familles puisqu’elle propose une « culture du provisoire ». Une culture où nous passons rapidement d’une relation à l’autre, en nous connectant et en nous déconnectant, en nous « bloquant », nous « jetant ». Une culture qui finit par « utiliser » les autres comme s’ils étaient des objets, rendant « les personnes incapables de regarder au-delà d’elles-mêmes » (no. 39). La solitude est un autre obstacle à la vie familiale, « fruit de l’absence de Dieu dans la vie des personnes et de la fragilité des relations » (no. 43). Cela exacerbe une culture de la promiscuité qui prive les gens du véritable sens de la rencontre et empêche de mener à terme des relations significatives. Dans un tel milieu culturel, « nous devons trouver les mots, les motivations et les témoins qui nous aident à toucher les fibres les plus profondes des jeunes, là où ils sont le plus capables de générosité, d’engagement, d’amour et même d’héroïsme, pour les inviter à accepter avec enthousiasme et courage le défi du mariage » (no. 40).

Le Pape n’est pas aveugle aux vrais problèmes auxquels les familles font face à travers le monde. Le chômage et l’obsession du travail, la pauvreté et le manque de logements abordables, la polygamie et l’abus des femmes, les dépendances et l’abus de substance, la migration causée par les conflits politiques et l’instabilité économique – tout cela menace l’épanouissement de la famille et peut même mener ces dernières à se briser par le divorce ou la séparation. « Dans les situations difficiles que vivent les personnes qui sont le plus dans le besoin, l’Église doit surtout avoir à cœur de les comprendre, de les consoler, de les intégrer, en évitant de leur imposer une série de normes, comme si celles-ci étaient un roc, avec pour effet qu’elles se sentent jugées et abandonnées précisément par cette Mère qui est appelée à les entourer de la miséricorde de Dieu. Ainsi, au lieu de leur offrir la force régénératrice de la grâce et la lumière de l’Évangile, certains veulent en faire une doctrine, le transformer en « pierres mortes à lancer contre les autres » » (no. 49).

Ainsi, le pape François manifeste son désir d’une Église à l’image « d’un hôpital de campagne au milieu d’un champ de bataille » par opposition à une enclave élitiste de personnes pieuses et parfaites. Au contraire, l’Église doit guérir les blessures et prescrire ce médicament qu’est la miséricorde. Elle doit rencontrer les personnes là où elles sont et ne pas simplement leur montrer où « il faut » qu’elles soient. Elle doit mener les personnes à Dieu au lieu de se lamenter d’une présumée impiété. Ainsi, le Pape François propose l’approche que Jésus nous offre en nous donnant les Béatitudes : transcender les commandements de la négation (« Tu ne … pas ») afin de lancer un appel positif à la sainteté et au bonheur qui bénit sans jugement. Avec le Pape réveillons « une créativité missionnaire » et disons « une parole de vérité et d’espérance » (no. 57). Ainsi, avec la charité du Christ et la grâce de l’Évangile nous transformerons ce monde en crise.

(CNS Photo/Paul Haring)

Un travail au service de la famille

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Le premier mai, c’est la journée internationale des travailleurs. On le sait, le travail est une dimension centrale de la vie humaine qui a des répercussions sur toutes les autres, y compris sur la vie familiale. Il m’a donc semblé opportun de revisiter l’exhortation apostolique Amoris Laetitia en reprenant certains des enseignements qu’on y trouve sur le travail et ses incidences sur les familles de notre temps.

Un enseignement qui passe à travers les âges

L’enseignement de l’Église sur le travail est fortement enraciné dans la Révélation divine. Dès les premières pages de la Genèse, on trouve un enseignement profond et riche de signification. En effet, on y apprend que le travail, que nous trouvons parfois si ardu, n’est pas une punition de Dieu. Il ne s’agit pas non plus, comme on pourrait le penser, d’une conséquence du péché originel puisqu’il y est déclaré que « l’homme a été établi dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder » (Gn 2, 15). On ne doit donc pas considérer le travail comme un « mal nécessaire » qui devrait éventuellement disparaître. Contrairement aux idées reçues de la « société des loisirs » et qui ont aussi, selon moi, mal vieillies, le pape François affirme, que, Dieu Lui-même dans son Incarnation en Jésus « gagnait son pain en travaillant de ses mains » (no 65). On ne doit donc pas fuir le travail puisque (no24) « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2 Th 3, 10 ; cf. 1 Th 4, 11). Par contre, on ne doit jamais perdre de vue que le travail doit être au service de l’homme et non l’inverse.

Le travail au service de la famille

Pour le pape François et l’enseignement de l’Église, le travail est très important à la fois pour les personnes et la société ainsi que pour cette réalité mitoyenne qu’est la famille. En effet, si le travail est bon pour la famille, il sera bon et pour la personne, et pour la société. Les problèmes commencent lorsque ce n’est pas le cas. En effet, « le travail permet à la fois le développement de la société, l’entretien de la famille ainsi que sa stabilité et sa fécondité » (no 24)

Pour ce faire, la société doit, dans un premier temps, permettre au travail d’être au service des familles d’abord en faisant en sorte que les parents travaillent puisque « manquer de sources de travail affecte de diverses manières la sérénité des familles. » (no 25). De fait, les familles souffrent en particulier des problèmes liés au travail. Les possibilités pour les jeunes sont peu nombreuses et l’offre de travail est très sélective et précaire. Les journées de travail sont longues et souvent alourdies par de longues période de déplacement. Ceci n’aide pas les membres de la famille à se retrouver entre eux et avec leurs enfants, de façon à alimenter quotidiennement leurs relations ( no 44).

Deuxièmement, la société doit également prendre conscience qu’actuellement elle crée de nombreux obstacles à la formation de familles fortes. De fait, « le rythme de vie actuel, le stress, l’organisation sociale et l’organisation du travail, parce qu’ils sont des facteurs culturels qui font peser des risques sur la possibilité de choix permanents » (no 33 & 287). De plus, même dans les sociétés les plus développées comme la nôtre, on voit néanmoins de nouvelles formes de discrimination apparaître ici et là sous le couvert de nouvelles lois soit disant « à l’avant garde ». En effet, « à ceux qui travaillent dans les structures de santé, on rappelle leur obligation morale à l’objection de conscience. De même, l’Église sent non seulement l’urgence d’affirmer le droit à la mort naturelle, en évitant l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie », mais aussi elle « rejette fermement la peine de mort ». (no 83) [Read more…]

Amoris Laetitia ou la famille sur la voie de la charité

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Aujourd’hui même à midi heure de Rome, le pape François a publié sa très attendue exhortation apostolique intitulée Amoris Laetitia sur le thème de l’amour dans la famille. Ce document de 258 pages pour l’édition française est le fruit des travaux des deux synodes sur la famille qui ont eu lieu au Vatican en 2014 et 2015. Bien que, dès les premières pages du texte, le Pape « ne recommande pas une lecture générale hâtive » (no 7), la rédaction de ce premier article nécessitait que je le lise dans son entièreté assez rapidement… Toutefois, n’ayez crainte, nous aurons l’occasion d’en reparler dans une série d’articles dans lesquels nous nous arrêterons plus longuement sur les nombreux thèmes abordés. Je vous propose aujourd’hui mes premières impressions suite à ma lecture d’Amoris Laetitia, espérant que dans notre prochain rendez-vous, vous aurez eu l’occasion de parcourir cet important document vous-mêmes.

La première chose qui me vient à l’esprit après la lecture d’Amoris Laetitia c’est que ce texte respire la préoccupation de l’Église et du pape François pour les familles d’aujourd’hui. Conscient de sa mission d’accompagner tous les fidèles et tous les humains, on perçoit avec quelle intensité le présent Pape souhaite que tous puissent découvrir la grandeur de cette vocation humaine. Pour cela, le Pape souhaite que l’on redécouvre l’essence de l’attitude de l’Église qui consiste en ce qu’il appelle la « via caritatis » (no 306) qui signifie en français la voie de la charité. En effet, on a souvent taxé l’Église d’être dogmatique et d’avoir un enseignement qui n’est plus en accord avec notre monde d’aujourd’hui. Il me semble que ce document répond magnifiquement à cette critique, à la fois, en manifestant que l’Église est non seulement parfaitement consciente et à l’écoute de la réalité contemporaine mais aussi qu’elle est capable d’un esprit critique envers elle-même et face au monde, esprit qu’elle puise à la lumière de la Révélation d’amour accomplie en Jésus-Christ.

En ce sens, les deux précédents synodes l’ont démontré : l’Église n’est pas cette institution fermée et rétrograde mais bien une communauté d’hommes et de femmes qui marchent ensemble à la suite du Christ; une communauté universelle qui s’interroge sur les meilleurs chemins à prendre pour rester le plus fidèle possible à l’amour qui repose en leur être depuis le baptême. Comment donc réaliser ce projet de Dieu sur nous dans nos familles aujourd’hui? C’est la question fondamentale à laquelle ce texte tente d’apporter sa contribution.

Pour ce faire, le pape manifeste que le dessein de Dieu sur la famille n’est pas un idéal abstrait mais une réalité concrète. C’est pourquoi, on ne doit jamais se décourager de nous-mêmes ou des situations dans lesquelles nous nous trouvons. Nous ne sommes pas parfaits et la perfection à laquelle nous sommes destinés n’est pas de ce monde. Les chutes et les échecs sur le chemin sont pour Dieu et pour nous des occasions de réconciliation dont le but sublime est de manifester la grandeur de la Miséricorde de Dieu.

C’est le deuxième point qui a attiré mon attention : ce souci de montrer que la miséricorde est la clé de compréhension de tout l’enseignement et de la pratique de l’Église. En effet, la miséricorde « n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants. En résumé, nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde » (no 310). Selon moi, tout le texte tient à revisiter cet enseignement sur la famille si incompris par bon nombre de personnes aujourd’hui; parmi lesquelles on retrouve malheureusement beaucoup de catholiques. Que ce soit dans la présentation des enseignements bibliques et magistériels sur la famille (chapitre 1 et 3), dans l’analyse des défis contemporains auxquels toutes les familles font face dans leur volonté (consciente ou non) de réaliser leurs plus grandes aspirations (chapitre 2 et 5), dans la présentation de la beauté et de l’héroïcité nécessaires à la mise en pratique des exigences de l’amour véritable (chapitre 4 et 7) ou de l’approche pastorale nécessaire pour accompagner les familles dans la réalisation de leur vocation universelle à la sainteté (chapitre 6 et 8), l’ensemble du document semble être orienté vers la proximité avec Dieu qui se trouve aux côtés de chacun d’entre nous et qui nous invite à le connaître et l’aimer par l’entremise de nos relations familiales « où se reflète, par grâce, le mystère de la Sainte Trinité » ( no 86).

Nous reviendrons, dans les prochaines semaines, sur les différents thèmes abordés dans cette exhortation apostolique qui, des plus polémiques aux plus apparemment anodins, auront sans doute eu l’occasion de faire surface ici et là dans l’actualité. Entre temps, je vous recommande fortement la lecture de ce document qui saura réchauffer le cœur de tous les lecteurs qui forcément sentiront l’immense trésor de sagesse dont l’Église est dépositaire et dont elle nous fait part gratuitement s’appuyant sur ce don ultime de Dieu par son Fils sur la Croix.

Le Synode 2015, de l’opposition à la complémentarité

blog_1444310595Photo: Courtoisie Catholic News Service

Vous l’avez certainement remarqué, la programmation de S+L des dernières semaines est enrichie par nombre d’événements entourant le pape François et l’Église universelle. Nous sommes très fiers de participer à cette mondialisation de l’intérêt des catholiques de notre église particulière via nos diverses plateformes médiatiques. En effet, que ce soit à la télévision, sur Facebook ou Twitter, notre mission est de transmettre toutes les informations nécessaires pour vous faire participer à la prière et à la réflexion de toute l’Église.

Cette semaine, c’était le début de notre couverture spéciale du Synode ordinaire des évêques sur la famille. Pour l’occasion, nos journalistes Charles Le Bourgeois, Sébastian Gomes et Gabriel Chow ont l’extraordinaire possibilité d’assister au déroulement de cet événement de l’intérieur du grand hall synodal. Vous pouvez visionner tous les vidéos qu’ils ont produits jusqu’à maintenant sur notre chaîne Youtube ou à la télévision tous les soirs à 19h15. De plus, vous remarquerez que notre PDG, le père Thomas Rosica, est également sur place comme assistant porte-parole de langue anglaise de la Salle de Presse du Vatican.

Cette première semaine est aussi chargée que les différentes attentes entourant ce synode. Lundi matin, les évêques se sont retrouvés autour de Pierre pour discuter des différentes approches pastorales entourant la famille d’aujourd’hui. C’est donc après un mot de bienvenue du Cardinal André Vingt-Trois, une allocution du Cardinal Erdö et une intervention du pape François que les travaux ont commencé. Cette rencontre fraternelle, où les points de vue s’entrechoquent parfois, manifeste déjà certaines tendances qui existent dans l’Église tout particulièrement, en théologie.

En effet, l’année dernière, Mgr Durocher avait mentionné lors de la conférence de presse qu’il existait une distinction théologique, entre l’approche inductive et déductive. L’induction signifie faire découler les principes à suivre en se basant sur notre expérience et les cas concrets qui nous entourent alors que la déduction prend comme point de départ le principe général pour atteindre le particulier. Sans chercher à catégoriser toutes les interventions selon ces critères éclairants, mais insuffisants, Mgr Durocher a réaffirmé dans la conférence de presse de ce mardi, que les deux approches étaient toutes deux « complémentaires et nécessaires » . Contrairement à ce que la logique des médias propage, il ne faut donc pas limiter notre analyse au piège de la politique partisane, c’est-à-dire en voyant une contradiction lorsqu’il y a différence complémentaire. Cet élément de méthode, important pour les journalistes, l’est également pour les pères synodaux.

Le déroulement du Synode se déploie selon deux modes de rencontre. Dans un premier temps, les pères synodaux sont invités à livrer une intervention de 3 minutes devant impérativement porter sur un des trois documents de travail que sont les discours d’ouverture et de clôture du pape François lors du Synode 2014 et l’Instrumentum Laboris du Synode 2015 publié il y a quelques mois déjà. De cette façon, chacun des évêques présente à l’Assemblée générale sa contribution en développant un point auquel il pense pouvoir apporter quelque chose. Le déroulement se poursuit ensuite en petits groupes linguistiques, « circoli minores », permettant ainsi plus d’échanges entre évêques ainsi qu’une plus grande effectivité puisque les intervenants peuvent s’exprimer dans leur langue.

À partir de ma lecture de tous les documents officiels et de l’écoute des trois conférences de presse qui ont eu lieu jusqu’à maintenant, il m’apparaît évident que la première unanimité se trouve dans la commune bonne volonté des pères synodaux à apporter un éclairage nouveau aux grands défis des familles d’aujourd’hui. Cette bonne volonté s’est manifestée à plusieurs reprises. Par exemple, Mgr Chaput, archevêque de Philadelphie, a clairement manifesté que la tentative de description de la famille présente dans l’Instrumentum Laboris décrivait surtout «la réalité en occident ». Ce qui pourrait limiter la prise de parole des évêques venant de pays où certains problèmes propres à l’occident ne sont pas un défi important. En ce sens, Mgr Raphaël Balla Guilavogui, évêque de N’Zéréroré en Guinée, a accueilli très favorablement la mise au point du Pape mardi qui, s’adressant à l’Assemblée Générale, a demandé à ce que le Synode « ne soit pas focalisé sur la question de l’accès à l’Eucharistie des divorcés et remariés civilement ».

Le synode 2015 sera certainement l’occasion pour les évêques des quatre coins de la planète d’apprendre davantage sur les différentes réalités de la famille aujourd’hui. Que ce soit par la prière, les amitiés qui se créeront ou par les échanges vifs sur des sujets d’actualité, cette expérience synodale sera certainement l’occasion pour les évêques non seulement d’ouvrir leur cœur à la pluralité des réalités ecclésiales mais également de se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint qui seul peut guider les orientations pastorales vers la réalité des personnes de notre temps. De notre côté à Sel et Lumière, nous serons fidèles au poste pour vous apporter la meilleure couverture possible de cet événement incontournable pour l’Église et notre monde.

Homélie du pape François lors de la veillée de prière pour le Synode sur la famille 2015

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Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François lors de la veillée de prière pour le Synode ordinaire des évêques sur les familles (samedi 3 octobre 2015):

Chères familles, bonsoir !

À quoi bon allumer une petite bougie dans l’obscurité qui nous entoure ? N’aurait-on pas besoin de tout autre chose pour dissiper l’obscurité ? Mais peut-on vaincre les ténèbres ?

À certaines époques de la vie – cette vie même pleine de ressources merveilleuses – de semblables interrogations s’imposent avec force. Face aux exigences de l’existence, la tentation amène à se retirer, à déserter et à se fermer, peut-être au nom de la prudence et du réalisme, en fuyant ainsi la responsabilité de faire sa part jusqu’au bout.

Rappelez-vous l’expérience d’Elie ? Le calcul humain suscite chez le prophète la peur qui le pousse à chercher refuge. « Devant cette menace, Elie se hâta de partir pour sauver sa vie […] Il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu. Là, il entra dans une caverne et y passa la nuit. Et voici que la parole du Seigneur lui fut adressée. Il lui dit : “Que fais-tu là, Elie ?”» (1 R 19, 3.8-9). Puis sur l’Horeb, il trouvera la réponse non dans le vent impétueux qui brise les rochers, ni dans le tremblement de terre et pas même dans le feu. La Capture d’écran 2015-10-03 à 12.43.27grâce de Dieu n’élève pas la voix ; c’est un murmure, qui rejoint tous ceux qui sont disposés à en écouter la brise légère : il les exhorte à sortir, à retourner dans le monde, témoins de l’amour de Dieu pour l’homme, pour que le monde croie…

Avec ce souffle, il y a presque une année, sur cette même Place, nous avons invoqué l’Esprit Saint, demandant que – en se mettant au thème de la famille – les Pères Synodaux sachent écouter et se confronter en gardant leur regard fixé sur Jésus, Parole ultime du Père et critère d’interprétation de tout.

Ce soir, notre prière ne peut être une autre prière. Parce que, comme le rappelait le patriarche Athénagoras, sans l’Esprit Saint, Dieu est loin, le Christ reste dans le passé, l’Église devient une simple organisation, l’autorité se transforme en domination, la mission en propagande, le culte en évocation, l’agir des chrétiens en une morale d’esclaves.

Prions donc, pour que le Synode qui s’ouvre demain sache ramener l’expérience conjugale et familiale à une image accomplie de l’homme; qu’il reconnaisse, valorise et propose tout ce qu’il y a en elle de beau, de bon et de saint ; qu’il embrasse les situations de vulnérabilité qui la mettent à l’épreuve : la pauvreté, la guerre, la maladie, le deuil, les relations blessées et défaites d’où surgissent malaises, ressentiments et ruptures ; qu’il rappelle à ces familles, comme à toutes les familles, que l’Évangile demeure une “Bonne Nouvelle” d’où repartir. Que du trésor de la tradition vivante, les Pères sachent tirer des paroles de consolation et des orientations d’espérance pour des familles appelées à construire en ce temps l’avenir de la communauté Capture d’écran 2015-10-03 à 12.41.59ecclésiale et de la cité de l’homme.

Chaque famille, en effet, est toujours une lumière, bien que faible, dans l’obscurité du monde. L’histoire même de Jésus parmi les hommes prend forme dans le sein d’une famille, à l’intérieur de laquelle il restera pendant 30 ans. Une famille comme beaucoup, la sienne, située dans un village perdu de la périphérie de l’Empire.

Charles de Foucauld, peut-être comme peu d’autres, a deviné la portée de la spiritualité qui émane de Nazareth. Ce grand explorateur abandonna en hâte la carrière militaire, fasciné par le mystère de la Sainte Famille, de la relation quotidienne de Jésus avec ses parents et ses proches, du travail silencieux, de la prière humble. Regardant la Famille de Nazareth, frère Charles discerna la stérilité du désir de richesse et de pouvoir ; il se fit tout à tous par l’apostolat de la bonté ; attiré par la vie érémitique, il comprit qu’on ne grandit pas dans l’amour de Dieu en évitant la servitude des relations humaines. Parce que c’est en aimant les autres qu’on apprend à aimer Dieu ; c’est en se penchant vers son prochain qu’on s’élève jusqu’à Dieu. À travers la proximité fraternelle et solidaire avec les plus pauvres et les plus abandonnés, il comprit que, finalement, ce sont eux qui nous évangélisent, en nous aidant à grandir en humanité.

Pour comprendre aujourd’hui la famille, entrons nous aussi – comme Charles de Foucauld – dans le mystère de la Famille de Nazareth, dans sa vie cachée, ordinaire et commune, comme celle du plus grand nombre de nos familles, avec leurs peines et leurs joies simples ; vie tissée de patience sereine dans les contrariétés, de respect pour la condition de chacun, de cette humilité qui libère et fleurit dans le service ; vie de fraternité qui surgit du fait de se sentir partie d’un unique corps.

La famille est le lieu d’une sainteté évangélique, réalisée dans les conditions les plus ordinaires. Il s’y respire la mémoire des générations et s’y enfoncent des racines qui permettent d’aller loin. C’est le lieu du discernement, où on s’éduque à reconnaître le dessein de Dieu sur sa propre vie et à l’embrasser avec confiance. C’est un lieu de gratuité, de présence discrète, fraternelle et solidaire, qui apprend à sortir de soi-même pour accueillir l’autre, pour pardonner et être pardonnés.

Repartons de Nazareth pour un Synode qui, plus que parler de la famille, sache se mettre à son école, dans la disponibilité à en reconnaître toujours la dignité, la consistance et la valeur, Capture d’écran 2015-10-03 à 12.49.38malgré les nombreuses peines et contradictions qui peuvent la marquer.

Dans la “ Galilée des nations” de notre temps, nous retrouverons l’épaisseur d’une Église qui est mère, capable d’engendrer à la vie et attentive à donner continuellement la vie, à accompagner avec dévouement, tendresse et force morale. Parce que si nous ne savons pas unir la compassion à la justice, nous finissons par être inutilement sévères et profondément injustes.

Une Église qui est famille sait se situer avec la proximité et l’amour d’un père qui vit la responsabilité du gardien, qui protège sans se substituer, qui corrige sans humilier, qui éduque par l’exemple et la patience. Parfois simplement, par le silence d’une attente priante et ouverte.

Surtout, une Église d’enfants qui se reconnaissent frères, qui n’arrive jamais à considérer quelqu’un uniquement comme un poids, un problème, un coût, une préoccupation ou un risque : l’autre est essentiellement un don, qui reste tel même quand il parcourt des chemins différents.

C’est une maison ouverte, l’Église, loin des grandeurs extérieures, accueillante dans le style sobre de ses membres et, à cause de cela, accessible à l’espérance de paix qui est présente en chaque homme, y compris en tous ceux qui – éprouvés par la vie – ont le cœur blessé et souffrant.

Cette Église peut vraiment éclairer la nuit de l’homme, lui montrer avec crédibilité le but et en partager les pas, justement parce que, la première, elle vit l’expérience d’être sans cesse régénérée dans le cœur miséricordieux du Père.

 

Discours du pape François au Congrès des États-Unis

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Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François lors de la Session conjointe du Congrès des États-Unis.

Monsieur le Vice-Président,
Monsieur le Président,
Honorables Membres du Congrès,
Chers amis,

Je suis très reconnaissant pour votre invitation à m’adresser à cette Session conjointe du Congrès dans « le pays des hommes libres et dans la maison des hommes courageux ». Je crois que la raison de cette invitation est que, moi aussi, je suis fils de ce grand continent, dont nous avons tous tant reçu et vis-à-vis duquel nous partageons une responsabilité commune.

Chaque fils ou fille d’un pays a une mission, une responsabilité personnelle et sociale. Votre responsabilité en tant que membres du Congrès est de permettre à ce pays, à travers votre activité législative, de prospérer en tant que nation. Vous êtes le visage de ce peuple, ses représentants. Vous êtes appelés à défendre et à préserver la dignité de vos concitoyens dans la recherche inlassable et exigeante du bien commun, car c’est le principal objectif de toute politique. Une société politique perdure, si elle cherche, comme vocation, à satisfaire les besoins communs en stimulant la croissance de tous ses membres, spécialement ceux qui sont en Capture d’écran 2015-09-24 à 10.33.28situation de plus grande vulnérabilité ou de risque. L’activité législative est toujours fondée sur la protection du peuple. C’est à cela que vous avez été invités, appelés et convoqués par ceux qui vous ont élus.

Votre tâche est un travail qui m’inspire une double réflexion sur la figure de Moïse. D’une part, le patriarche et législateur du peuple d’Israël symbolise le besoin des peuples de maintenir vivant leur sens d’unité au moyen d’une juste législation. D’autre part, la figure de Moïse nous conduit directement à Dieu et ainsi à la dignité transcendante de l’être humain. Moïse nous donne une bonne synthèse de votre travail : vous êtes chargés de protéger, à travers la loi, l’image et la ressemblance de Dieu façonnées en chaque visage humain.

Aujourd’hui, je ne voudrais pas seulement m’adresser à vous, mais à travers vous, au peuple des Etats-Unis tout entier. Ici, avec ses représentants, je voudrais saisir cette occasion pour dialoguer avec les milliers d’hommes et de femmes qui s’efforcent chaque jour d’accomplir un honnête travail, pour apporter à la maison le pain quotidien, pour épargner de l’argent et – étape par étape – bâtir une vie meilleure pour leurs familles. Ce sont des hommes et des femmes qui ne sont pas concernés simplement par le paiement de leurs impôts, mais qui,  individuellement, de façon discrète, soutiennent la vie de la société. Ils génèrent la solidarité par leurs actions, et ils créent des organisations qui tendent une main secourable à ceux qui sont le plus dans le besoin.

Je voudrais aussi entrer en dialogue avec les nombreuses personnes âgées qui sont un dépôt de sagesse forgée par l’expérience, et qui cherchent de diverses façons, spécialement à travers le travail bénévole, à partager leurs histoires et leurs visions. Je sais que beaucoup d’entre elles, bien qu’étant à la retraite, sont encore actives ; elles continuent de travailler pour  construire ce pays. Je voudrais aussi dialoguer avec tous les jeunes qui travaillent pour réaliser leurs grandes et nobles aspirations, et qui ne se laissent pas séduire par la facilité. Ces jeunes affrontent des situations difficiles, résultant souvent de l’immaturité de beaucoup d’adultes. Je voudrais dialoguer avec vous tous, et je voudrais le faire à travers la mémoire historique de votre peuple.

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La famille chrétienne : idéal ou réalité ?

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Samedi le 29 août dernier, avait lieu à la cathédrale Marie-Reine-du-monde de Montréal, la conférence intitulée « À la découverte de l’amour véritable ». Organisée conjointement par l’Association pour la béatification de l’Impératrice Zita d’Autriche et l’Archidiocèse de Montréal, cette journée de réflexion et de prière aura certainement permis à tous les participants non seulement d’approfondir leurs connaissances sur le dessein de Dieu sur la famille mais également de sentir un réconfort dans un monde qui lui est malheureusement de plus en plus hostile.

Durant l’avant-midi, des témoignages et enseignements se sont succédés. D’abord le témoignage de Brigitte Bédard, journaliste au magazine Le Verbe, qui présentait le pouvoir de la grâce dans son chemin vocationnel, suivi de celui de Cosmin et Jacynthe Dina centré sur le rôle du sacrement de mariage et sur la solidité que revêt le mariage lorsqu’il se vit dans la foi, l’espérance et la charité. Concluant la première moitié de cette journée mémorable, Mgr Lépine a voulu souligner que le véritable visage de l’amour s’est manifesté en Jésus-Christ sur la croix. Incitant les participants à méditer fréquemment le chemin de croix, l’archevêque de Montréal a lancé un vif appel aux consciences afin qu’elles répondent positivement à leur vocation à la sainteté et qu’elles voient que la « famille est le lieu où l’on apprend que le don de soi est un chemin de bonheur».

Après un pareil avant-midi chargé d’émotions, tous étaient unanimes dans leur désir d’implorer le pardon du Père de toute miséricorde et de Lui rendre grâce pour ce don immense qu’est la famille. Une fois abreuvés à cette « Source et Sommet de toute la vie chrétienne», les participants ont pu entamer l’après-midi en compagnie d’intervenants dont la qualité n’avait d’égale que la profondeur du sujet abordé. [Read more…]

« Maison neuve »

Il y a environ une dizaine d’année, la famille Taylor s’est installée à Erie en Pennsylvanie. C’est avant tout le travail qui les amené dans ce coin de pays américain mais c’est l’amour d’un petit garçon qui a fait de leur nouvelle maison, un havre où il fait bon vivre.

Ce petit garçon est Timothy Xavier ou tout simplement Timmy pour tous ceux qui le connaissent. Timmy n’avait que 6 mois lorsque Mary Jean, mère et physiothérapeute, l’a rencontré pour la première fois. Elle rendait visite à une famille d’accueil dans la région. À leur première rencontre, elle est tout de suite tombée amoureuse de Timmy.

Après quelques visites, la mère du foyer d’accueil lui propose d’adopter Timmy. Elle et Keith, père et président de l’université catholique Gannon à Erie, avaient déjà trois filles adolescentes et n’avaient jamais songé à l’adoption auparavant. Pourtant, en voyageant entre le foyer d’accueil et leur maison – un trajet d’environ 50 km – elle sentait un appel plus fort qu’elle.

Pour Keith et Mary Jean la décision de prendre Timmy chez eux était une réponse à la volonté de Dieu. « Tout le monde a le droit d’appartenir à une famille » nous a expliqué Mary Jean pendant l’entrevue. Même s’ils étaient convaincus de leur décision d’adopter Timmy, les obstacles étaient nombreux. Le processus d’adoption est long et fatiguant. Ils se souciaient de ce que les gens penseraient, de ce qu’ils diraient d’eux. Puis, comment savoir que tout allait vraiment « fonctionner »?  Keith nous a raconté que c’est leur foi qui les a soutenus. Aucun défi n’était trop grand. Saint Ignace de Loyola nous dit d’« agir comme si tout dépendait de toi, en sachant qu’en réalité tout dépend de Dieu ». –

Ce n’est pas l’histoire d’une famille traditionnelle. Mais celle d’une famille ordinaire qui a choisi d’accueillir la surprise de Dieu. Timmy avait besoin d’une nouvelle maison et c’est chez les Taylor qu’il l’a trouvé. En retour, la famille Taylor n’a connu de joie plus grande que de pouvoir l’appeler aujourd’hui fils et frère.

Nous avons passé une journée entière avec la famille Taylor. Le soleil était à son comble et nous en avons profité pour les suivre dans leurs activités préférées : jouer au tennis, faire de la bicyclette, aller à la plage, monter et descendre une glissade d’eau gonflable… Même papa y est  monté ! Chacun a son activité mais tous y prennent plaisir. La famille Taylor nous appel à être un lieu d’accueil pour les autres; de recevoir quelqu’un chez soi et lui donner une place où il peut être lui-même et se sentir aimé. Cet accueil ne devrait connaitre aucune limite.

À son baptême les trois sœurs lui ont donné son deuxième nom, Xavier, qui veut dire « maison neuve ». Aujourd’hui Timmy a 9 ans et selon son père, Keith, il a le caractère tout craché d’un Taylor.

Leur histoire fera partie d’une série vidéo sur la famille dans le cadre de la Rencontre mondiale des familles qui se tiendra à Philadelphie en septembre prochain.  Pour entendre d’autres témoignages touchants vous pouvez consulter notre page Youtube.

 

L’éducation sexuelle des enfants, à qui le droit?

TEACHER WORKS WITH STUDENTS AT CATHOLIC SCHOOL IN NEW YORK

Un nouveau curriculum d’éducation sexuelle pour les écoles primaires et secondaires de l’Ontario a été officiellement présenté lundi dernier, 23 février, par la ministre de l’éducation de l’Ontario, Liz Sandals. La dernière révision des cours d’éducation physique et de la santé en Ontario datait de 1998. C’est un projet qui était très attendu par le gouvernement libéral qui a osé une première tentative à la réforme du curriculum en 2010. Mais on avait interrompu le projet suite à plusieurs oppositions.

Cette année, rien ne mettra un frein à l’introduction du nouveau curriculum dans nos écoles en septembre prochain. C’est une attente à laquelle devra répondre aussi les écoles catholiques. C’est d’une part ce qui a soulevé nombreuses critiques depuis la semaine dernière. Bien que le curriculum propose un programme favorisant la santé physique et mentale des jeunes, c’est le programme sur la sexualité tel qu’il est présenté dans le curriculum qui a provoqué le tollé.

Devant l’implantation de cette nouvelle  politique, certains parents se trouvent devant un dilemme. D’un côté la présence de sujets alarmants auxquels seront exposés des jeunes dès l’âge de six ans chatouillent la conscience des parents catholiques. Ils se sentent brimés dans leur droit d’éduquer leurs enfants suivant leur foi (Doctrine Sociale de l’Église: no 243). Ils y voient une certaine précipitation de l’enseignement qui ne respecte ni l’âge, ni la maturité, ni l’intelligence émotionnelle et spirituelle de leurs enfants. D’un autre côté, la réalité est que ce ne sont pas toutes les familles chrétiennes qui sont en mesure de maintenir une conversation ouverte et juste avec leurs enfants. Le nouveau curriculum pourrait ainsi les aider à faire face aux problèmes graves de notre époque. En ce sens certaines familles sont soulagées que le curriculum s’adapte aux nouvelles réalités du monde d’aujourd’hui. Soulagées que la conversation sur la sexualité ne repose pas entièrement sur leurs épaules.

Entre l’autorité du gouvernement et la primauté des parents en matière d’éducation (no 240), il y a les enseignants. Quelques soient les débats, ces derniers devront tout de même transmettre la matière et répondre aux questions difficiles, maladroites et parfois gênantes de leurs élèves. À qui la responsabilité de trouver l’équilibre?

Couple wait for start of prayer vigil led by Pope Francis for extraordinary Synod of Bishops on the family in St. Peter's Square at VaticanOn ne peut se cacher que les jeunes veulent des réponses à ces questions. Aujourd’hui, ils sont exposés très vite au monde du sexe, par les films, les réseaux sociaux, la musique, une conversation avec des amis… Et leur curiosité est plus forte qu’eux.  Mais cette recherche légitime peut engender des blessures émotionnelles et une chute dans leur estime de soi. À plus forte raison faut-il savoir bien les accompagner. Ne devrions-nous pas concentrer nos efforts à approfondir nos connaissances sur la sexualité comme geste d’amour, à l’exemple de la théologie du corps de Jean-Paul II.

En ce moment, nous sommes ligotés entre deux mondes : entre le trop et le pas assez.  Entre les excès de laxisme du monde d’aujourd’hui et le rigorisme des générations passées entourant encore certains discours sur la sexualité. Mais le danger réside dans ces deux extrêmes. Catholique, la sexualité exige d’être vécue dans la vérité sur l’homme et la femme. Elle a aussi besoin d’un langage d’amour et de patience, que seuls les parents peuvent vraiment accorder: « De source qu’il était, l’amour des parents devient ainsi l’âme et donc la norme qui inspirent et guident toute l’action éducative concrète » (no 239). Ça ne signifie pas ignorer la place de la sexualité dans la vie de leurs enfants mais plutôt l’édifier en cohérence avec sa vocation première. La famille demeure le lieu par excellence où les jeunes en feront l’expérience, « en raison du caractère unique du rapport d’amour existant entre parents et enfants; quelque chose d’irremplaçable et d’inaliénable, qui ne peut donc être totalement délégué à d’autres ni usurpé par d’autres » (no 239).

« Être contenu par le plus petit, c’est cela qui est divin »

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Image: Courtoisie de CNS

Depuis le début de son pontificat, le pape François n’a cessé d’attirer l’attention des médias et de susciter des réactions partout dans le monde. La particularité de son discours est sa simplicité. Il refuse catégoriquement, non pas d’utiliser parfois des termes compliqués ou académiques, mais de se laisser enfermer dans un rôle qui ne laisserait pas sa personnalité se déployer avec la liberté des enfants de Dieu qu’il a toujours affectionnée. C’est ce qu’il avait annoncé dès le débuts de son pontificat lorsqu’il affirmait qu’une phrase de Saint-Ignace l’avait toujours frappée : Non coerceri a maximo, sed contineri a minimo divinum est c’est-à-dire :  « ne pas être enfermé par le plus grand, mais être contenu par le plus petit, c’est cela qui est divin » (p.5). S’adresser au monde entier avec la même chaleur que lors de conversations amicales, même lorsqu’il s’agit de choses sérieuses, voilà la clef pour comprendre le mode d’expression du pape François.

Comme tous les Souverains pontifes mais spécialement à la suite de Saint Jean-Paul II, le pape François semble affectionner particulièrement les visites au peuple de Dieu réparti sur le globe. Lors de ces voyages, un moment est particulièrement apprécié des journalistes : les points de presse dans l’avion. Ces entretiens sont très particuliers puisqu’ils permettent au Pape de répondre directement aux questions de ces derniers. Les réponses du Pape y sont spontanées et personnelles. C’est donc un moment privilégié pour apprendre « ce que le pape François pense vraiment », si l’on peut s’exprimer ainsi.

Dans le vol de retour vers Rome après son voyage extraordinaire aux Philippines, le Pape a eu l’occasion de s’exprimer sur la régulation des naissances en utilisant la formule suivante : « Certains croient que, pardonnez-moi l’expression, pour être de bons catholiques nous devons faire comme les lapins ». Cette image quelque peu inhabituelle, surtout dans la bouche d’un Pape, en a fait sursauter plus d’un et fait couler beaucoup d’encre. Certains journaux en ont même fait leur page couverture [3] ou y ont fait référence en titrant le « Discours du lapin » parodiant ainsi le Discours sur la montage. Tout ce bruit médiatique ne doit pas nous impressionner plus qu’il le faut. Après un bref examen des différents articles et commentaires en lien avec cette expression, nous dénotons chez certains le fait d’avoir cédé à la tentation de voir dans le Pape François celui qui allait briser tous les soi-disant « tabous » de l’Église catholique. Cette grille d’analyse fascine beaucoup et tombe souvent dans le piège d’isoler certaines paroles de leur contexte pour leur donner une autre signification que celle du Pape. C’est ce qu’on a pu voir dans des articles comme celui de Libération qui titrait un « pape aux propos pas toujours très catholiques ». Nous ne sommes pas près de voir disparaître cette vision et c’est pourquoi une brève analyse s’impose. [Read more…]

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