Pour une préparation spirituelle à la vie familiale

(Photo: courtoisie de Pixabay)

En ce 19 mars, nous célébrons la fête de saint Joseph ainsi que le début d’une année consacrée à la « famille Amoris Laetitia ». En tant que futurs parents, mon mari et moi avons de nombreux doutes et questionnements sur la famille, et les réflexions du pape dans Amoris Laetitia nous aident à y voir plus clair.  Si nous avons déjà abordé plusieurs thèmes liés à la famille et la foi récemment, discutons plus en profondeur de ce qu’implique une préparation à la vie familiale, notamment les valeurs essentielles qui sont propres à la vocation familiale. 

 

Se préparer à l’inconnu

Depuis presque 7 mois, un petit garçon grandit en moi. Il a vécu l’entièreté de sa vie sur terre dans mon corps, et pourtant, j’attends encore de le rencontrer et d’apprendre à le connaître. Ce mélange de proximité et de découverte incarne parfaitement la beauté et la grandeur du don de Dieu. Dieu donne ce qu’on ne peut se donner nous-mêmes, il a une capacité à la création qui nous dépasse complètement, et, en même temps, il nous accorde l’immense privilège de l’intimité. 

Le pape François écrit dans Amoris Laetitia que « toutes les caractéristiques somatiques de [l’enfant] sont inscrites dans son code génétique depuis son état d’embryon. Mais seul le Père qui l’a créé le connaît en plénitude. » (Amoris Laetitia, 170)

Malgré la panoplie de livres écrits sur la famille, la grossesse et les enfants, l’expérience de la conception et de l’éducation des enfants est chaque fois entièrement nouvelle pour un couple. Mon mari et moi apprendrons certes à connaître un peu mieux chaque jour notre petit garçon, et d’autres encore si Dieu le veut, mais pour aujourd’hui, et chaque jour qui viendra, nous devrons accepter une part d’inconnu et nous reposer sur la Providence dans le soin de notre famille. 

Aimer en toute quiétude

Dans l’Évangile selon saint Luc, on nous présente Marthe, affairée pour servir le Seigneur, et Marie, à genoux et à l’écoute du Seigneur. Lorsque Marthe demande ce que Jésus pense du fait que Marie ne l’aide pas, il répond:


Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. –
(Luc 10:41-42)

Ce passage en dit beaucoup sur nos manières de vivre l’amour parental. Parfois, nous pouvons avoir l’impression d’aimer, alors que nous tombons dans l’inquiétude et la distraction.

Déjà durant la grossesse, beaucoup d’inquiétudes peuvent survenir quant à la santé du bébé, la santé de la mère, la dynamique du couple et l’anticipation de l’arrivée du bébé au sein du mariage. Il faut un grand soin pour être à l’écoute du Seigneur et être dans la joie. Le pape fait cette prière aux femmes enceintes:


« À toute femme enceinte, je voudrais demander affectueusement : protège ta joie, que rien ne t’enlève la joie intérieure de la maternité. Cet enfant mérite ta joie. Ne permets pas que les peurs, les préoccupations, les commentaires d’autrui ou les problèmes éteignent cette joie d’être un instrument de Dieu pour apporter une nouvelle vie au monde. »
– (Amoris Laetitia, 171)

 

La résistance qu’il faut opposer à cette inquiétude, surtout durant une période de pandémie où le souci règne, dépend nécessairement de la grâce de Dieu. Pour les couples qui attendent leur premier enfant, il faut combattre tout particulièrement l’anticipation anxieuse du changement à la vie d’un couple marié qu’apporte un enfant. 

L’amour prend patience

Les catholiques ont la chance de pouvoir vivre une préparation au mariage au sein de l’Église. Avant de faire le grand saut, de recevoir les grâces du sacrement du mariage, les futurs époux sont préparés à la vie de couple, au don de soi, au Seigneur et à l’autre. Cet amour « prend patience » et « n’entretient pas de rancune », nous dit saint Paul (1 Co 13:4-5).

Toutefois, nombre d’entre nous constatent une fois mariés que les affirmations de l’hymne à l’amour sont difficiles à mettre en pratique. Nous priorisons souvent nos intérêts sur ceux de notre époux, nous devenons impatients pour les petites choses en oubliant notre espérance commune, et nous nous heurtons aux défis de communication qui entravent l’intimité conjugale. 

Le pape François explique ainsi l’attitude à privilégier:


« Peu importe que [l’autre] soit pour moi un fardeau, qu’il contrarie mes plans, qu’il me dérange par sa manière d’être ou par ses idées, qu’il ne soit pas tout ce que j’espérais. L’amour a toujours un sens de profonde compassion qui porte à accepter l’autre comme une partie de ce monde, même quand il agit autrement que je l’aurais désiré. »
(Amoris Laetitia, 92)

 

Considérant le grand risque d’imperfection lié à l’amour que nous portons à notre époux, nous pouvons douter de nos capacités à accueillir un enfant. Cela dit, s’aimer soi-même et aimer son époux avec une patience renouvelée prend toute une vie. C’est sur ce double effort, et non sur la réalisation parfaite de celui-ci (Dieu seul est saint!) que nous trouverons la solidité requise pour aimer l’enfant à son tour.

 

Suivre le Christ dans la vie familiale

Cette année de la famille est aussi le 5e anniversaire de la publication d’Amoris Laetitia. Cette exhortation apostolique du pape François explique dans un style décomplexé les diverses demandes et inspirations à suivre en ce qui concerne le mariage et la vie familiale dans l’Église catholique et, plus généralement,  la vie familiale en 2021. Nous pouvons nous y référer encore aujourd’hui afin de mieux comprendre par quels chemins le Christ nous invite à le suivre au sein de la vocation au mariage et à la famille. Le Seigneur nous offre un beau chemin de sanctification et, par sa grâce jumelée à nos efforts, chacune de nos familles peut participer à sa création en toute joie et en tout amour. 

 

L’année de la famille commence le 19 mars 2021 et se terminera le 26 juin 2022 avec la 10e rencontre mondiale des familles à Rome. Trouvez des informations supplémentaires sur les événements de l’année ‘Amoris Laetitia’ ici

« Vivit Christus » une Exhortation mariale ?

(CNS photo/Vatican Media) Lundi dernier, pour souligner la fête de l’Annonciation, le pape François s’est rendu à Lorette afin d’y visiter le Sanctuaire dédié à la Sainte Vierge et y rencontrer pèlerins et fidèles. Après avoir célébré la Messe dans la chapelle créée à l’intérieur de la petite maison située au centre de la basilique et qui, selon la tradition ancestrale, serait la demeure où vécut la sainte famille à Nazareth, le Pape François a signé l’Exhortation apostolique post synodale découlant du Synode sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Du parvis, le Pape a prononcé un discours qui nous en dit long sur le contenu de ce texte important et qui sera rendu public mardi le 2 avril prochain.

Intitulé « Christus vivit », ce texte qui vraisemblablement sera profondément marial, manifeste la centralité de la liberté humaine dans l’économie du salut. Alors que le « document final » du synode avait surtout utilisé l’épisode des pèlerins d’Emmaüs pour manifester la présence et l’accompagnement du Christ sur le chemin de la vocation, il m’apparaît très probable que c’est Marie qui sera au centre des réflexions du Saint-Père dans cette nouvelle Exhortation. En effet, pour lui, l’appel vocationnel de Marie à l’Annonciation révèle les trois moments clés qui « ont rythmé le synode : 1) écoute de la Parole-projet de Dieu ; 2) discernement ; 3) décision ».

« Christus vivit » grâce à sa mère

L’épisode de l’Annonciation est très éclairant autant pour les jeunes qui cherchent un sens à leur vie que pour les chrétiens qui se demandent comment servir Dieu le mieux possible. En effet, de par son écoute attentive à la Parole de Dieu ainsi qu’à sa Mystérieuse présence dans la vie quotidienne, Marie est devenue le « modèle de toute vocation et l’inspiratrice de toute pastorale vocationnelle »[3]. C’est par son ouverture au sens surnaturel de la réalité qu’elle a gardé cette vigilance à l’égard des motions de l’Esprit Saint et qu’elle a su prendre le risque de dire « oui » à l’invitation de l’ange.

Cette capacité à dépasser la superficialité des événements et à garder un regard profond sur le réel et sa propre personnalité a pu, au long de sa courte expérience, aiguiser son caractère au point où Dieu a cru bon de lui confier ce qu’Il avait de plus précieux : son Fils Unique. Comment ne pas s’émerveiller devant la maturité de cette jeune femme qui, malgré son jeune âge et son apparente petitesse, a su voir la sagesse divine se déployer à travers son élection. Loin de la remplir d’orgueil, ce choix divin l’a fortifiée dans sa conviction que Dieu manifeste sa grandeur en renversant « les puissants de leurs trônes » et en élevant « les humbles » (Lc 1, 52).

Un modèle pour « tous les âges » (Lc 1, 50)

Chaque époque porte son lot de défis et il se trouve que la jeunesse a toujours joué un rôle central pour les surmonter. Capable de voir avec une acuité particulière, l’écart entre ce qui est et ce qui devrait être, la jeunesse d’aujourd’hui voit pertinemment les failles d’un système et d’une culture incapable de rejoindre nos idéaux chrétiens de justice et de solidarité. Ces grands enjeux, bien qu’importants à un niveau macroscopique, peuvent être un obstacle à la prise de décision quotidienne. En effet, découragés par l’ampleur des défis écologiques, plusieurs jeunes peuvent désenchanter et tomber dans un cynisme des plus inefficaces et stérilisants pour leur propre potentiel personnel et pour leur monde. Au contraire, en Marie « il y a une attention à saisir toutes les exigences du projet de Dieu sur sa vie, à le connaître dans ses nuances, pour rendre sa collaboration plus responsable et plus complète »[4].

En ce sens, la Vierge Marie manifeste que c’est dans le concret de l’acceptation humble et fidèle des tâches quotidiennes de la vie que Dieu entre en contact avec nous. Elle nous montre comment, si nous désirons ardemment changer le monde, il nous incombe d’abord d’être « dignes de confiance dans la moindre chose » afin d’être rendus « dignes de confiance aussi dans une grande » (Lc 16, 10). Cet élément essentiel du discernement est particulièrement à risque en cette ère d’univers médiatique globalisé et c’est pourquoi nous avons besoin de l’aide de Marie.

Discerner en pleine connaissance de cause

Notre époque se présente souvent comme l’ère des possibilités. En effet, dans l’histoire, jamais les personnes n’ont eu autant de choix à leur disposition. Que ce soit dans les choix de carrière, de conjoint, de pays, d’intérêts, de canaux de télévision… jamais l’humanité n’a eu autant d’offres. Cette grande variété n’apporte cependant pas que des aspects positifs. L’analyse des différentes options peut souvent mener à de l’incertitude. Comme on dit « trop c’est comme pas assez » ! Les jeunes sont particulièrement sujets à ce type de paralysie qui les empêche de choisir et de se donner à fond dans ce qu’ils entreprennent. C’est ainsi qu’ils finissent souvent, quoi qu’ayant de grands idéaux, par confondre le bonheur avec « le confort d’un divan« .

En ce sens, « les jeunes qui sont en recherche ou qui s’interrogent sur leur avenir, peuvent trouver en Marie celle qui les aide à discerner le projet de Dieu sur eux et la force pour y adhérer »[5]. Avoir le courage de prendre les décisions essentielles à toute vie accomplie tout en étant conscients et prêts à assumer les sacrifices qu’implique cette dernière, voilà un des défis majeurs des jeunes de notre époque.

Une vie épanouie dans le Christ

Que ce soit par son écoute, son discernement ou sa force de décision, Marie est le modèle par excellence d’une vie humaine pleinement vécue sous le regard bienveillant de Dieu. Par son « Fiat », elle a su dire « oui » à l’aventure divine qui allait la mener aux confins de la terre et de l’histoire pour se rendre jusqu’à nous. En attendant la publication de l’Exhortation « Chistus Vivit » du pape François mardi prochain, confions à Marie nos vies, nos tracas. Confiants de son indéfectible intercession, aidons cette jeunesse à faire, comme le disait le cardinal Lustiger, « le choix de Dieu ».

Les évêques du Canada cités par le pape François

Vous trouverez ci-dessous l’extrait (no 99) de l’exhortation apostolique Gaudete et Exultate du pape François où il fait référence à un document produit par la Conférence des évêques catholiques du Canada en février 2001:

« Pour les chrétiens, fidélité au Maître implique une saine et permanente insatisfaction. Bien que soulager une seule personne justifierait déjà tous nos efforts, cela ne nous suffit pas. Les Évêques du Canada l’ont exprimé clairement en soulignant que, dans les enseignements bibliques sur le Jubilé, par exemple, il ne s’agit pas seulement d’accomplir quelques bonnes œuvres mais de rechercher un changement social : « Pour que les générations futures soient également libérées, il est clair que l’objectif doit être la restauration de systèmes sociaux et économiques justes de manière que, désormais, il ne puisse plus y avoir d’exclusion ».[83]

Vous trouverez le texte cité par le pape François sur le site de la Conférence des évêques catholiques du Canada au lien suivant:

Conférence Canadienne des Évêques catholiques : Commission des Affaires Sociales, Lettre ouverte aux membres du Parlement, Le bien commun ou l’exclusion, un choix pour les canadiens (1er février 2001), n. 9.

Nous sommes tous en « situation irrégulière » !

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Vendredi dernier, le pape François publiait son exhortation apostolique post synodale sur l’amour dans la famille. J’ai déjà donné mes impressions sur ce que je retenais de ma première lecture du texte. Aujourd’hui et dans les semaines à venir, j’aimerais vous présenter mon analyse de chacun des chapitres du document. Cette semaine, je propose donc ma compréhension du chapitre premier d’Amoris Laetitia.

Entre mystère et réalité

Le premier chapitre de l’exhortation nous met en contact direct avec une vérité fondamentale de la foi catholique que j’appellerais le « dialogue entre mystère et réalité ». Souvent, on présente l’enseignement moral de Jésus comme étant en opposition avec la réalité d’aujourd’hui, avec notre monde moderne. De cela découlerait une impossibilité de mettre concrètement ces enseignements en pratique. Ainsi, le grand nombre de situations dites « irrégulières », avec lesquelles l’Église devrait maintenant composer, légitimeraient la constante réprimande faite à l’Église de la nécessité de changer ses enseignements. En ce sens, je crois que le premier chapitre d’Amoris Laetitia répond à cette critique d’une manière admirable en nous replongeant au racine de la fo catholique.

En effet, dans un premier, temps, il est important de comprendre que la foi et l’appartenance à l’Église ne dépendent en aucune manière des bonnes actions des personnes. Le salut n’est pas d’abord méritoire. Elle est un don gratuit de Dieu. Nul n’est donc sauvé sur ses propres mérites mais sur ceux du Christ de qui nous recevons constamment la grâce de nous y associer par son Église. En d’autres termes, il n’y a ni salut obligatoire pour tous, puisque nous devons librement nous associer au mérite du Christ, ni exclusion totale puisque personne ne se sauve par lui-même. Nous sommes tous en « situation irrégulière » ! Nous avons tous besoin de la Miséricorde de Dieu. Cette vérité fondamentale est au cœur des enseignements du pape François sur la famille et sur l’Église.

Éternelle disponibilité

En ces  « temps de relations frénétiques et superficielles » (no 28)[1], on pourrait être tenté de se décourager et de croire que la situation des familles d’aujourd’hui est irrécupérable. A contrario, Amoris Laetitia, me semble-t-il, se place dans la logique inverse, celle de l’espérance. En effet, le texte débute en manifestant à quel point « la Bible abonde en familles, en générations, en histoires d’amour et en crises familiales, depuis la première page […] jusqu’à la dernière page » (no8)[2]. L’enseignement de Jésus sur la famille ne doit donc pas être compris comme une série de règles inertes à suivre pour se sauver soi-même mais comme la présence de Dieu en marche avec les personnes et toujours prêt à pardonner.

Nécessaire ouverture

Toutefois, cette invitation universelle à la vie éternelle doit être accueillie, dès ici bas, par des « oui » concrets à l’Amour de Dieu dans notre vie. La famille n’est-elle pas le lieu idéal de mise en pratique de cette vie nouvelle présente en nous depuis le baptême et qui n’attend que notre disponibilité pour se manifester ? Car, si « la famille, en effet, n’est pas étrangère à l’essence divine même » (no 11)[3], la prise de conscience de cette vie déjà présente n’attend que nous pour rayonner au-delà, d’où la vocation missionnaire de toute famille. Voilà pourquoi, le Pape insiste sur la nécessité d’une spiritualité familiale dans laquelle « est présentée l’icône de la famille de Nazareth, avec sa vie quotidienne faite de fatigues, voire de cauchemars » (no 30)[4].

Ainsi, sans prétendre épuiser la richesse du texte lui-même, le premier chapitre représente à mon sens un résumé de l’enseignement de l’Église dans le langage pastoral de la miséricorde. Tant par son souci d’affirmer que le contexte actuel est loin d’être étranger aux difficultés des familles que par son insistance sur la constante disponibilité et invitation de Dieu envers toutes les personnes, le pape François démontre une sagesse d’enseignement en présentant la logique de la Grâce dans un équilibre entre les largesses de la miséricorde de Dieu et notre liberté capable de choix éternellement définitifs. La semaine prochaine j’entamerai l’analyse du chapitre 2 d’Amortis Laetitia.

Amoris Laetitia ou la famille sur la voie de la charité

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Aujourd’hui même à midi heure de Rome, le pape François a publié sa très attendue exhortation apostolique intitulée Amoris Laetitia sur le thème de l’amour dans la famille. Ce document de 258 pages pour l’édition française est le fruit des travaux des deux synodes sur la famille qui ont eu lieu au Vatican en 2014 et 2015. Bien que, dès les premières pages du texte, le Pape « ne recommande pas une lecture générale hâtive » (no 7), la rédaction de ce premier article nécessitait que je le lise dans son entièreté assez rapidement… Toutefois, n’ayez crainte, nous aurons l’occasion d’en reparler dans une série d’articles dans lesquels nous nous arrêterons plus longuement sur les nombreux thèmes abordés. Je vous propose aujourd’hui mes premières impressions suite à ma lecture d’Amoris Laetitia, espérant que dans notre prochain rendez-vous, vous aurez eu l’occasion de parcourir cet important document vous-mêmes.

La première chose qui me vient à l’esprit après la lecture d’Amoris Laetitia c’est que ce texte respire la préoccupation de l’Église et du pape François pour les familles d’aujourd’hui. Conscient de sa mission d’accompagner tous les fidèles et tous les humains, on perçoit avec quelle intensité le présent Pape souhaite que tous puissent découvrir la grandeur de cette vocation humaine. Pour cela, le Pape souhaite que l’on redécouvre l’essence de l’attitude de l’Église qui consiste en ce qu’il appelle la « via caritatis » (no 306) qui signifie en français la voie de la charité. En effet, on a souvent taxé l’Église d’être dogmatique et d’avoir un enseignement qui n’est plus en accord avec notre monde d’aujourd’hui. Il me semble que ce document répond magnifiquement à cette critique, à la fois, en manifestant que l’Église est non seulement parfaitement consciente et à l’écoute de la réalité contemporaine mais aussi qu’elle est capable d’un esprit critique envers elle-même et face au monde, esprit qu’elle puise à la lumière de la Révélation d’amour accomplie en Jésus-Christ.

En ce sens, les deux précédents synodes l’ont démontré : l’Église n’est pas cette institution fermée et rétrograde mais bien une communauté d’hommes et de femmes qui marchent ensemble à la suite du Christ; une communauté universelle qui s’interroge sur les meilleurs chemins à prendre pour rester le plus fidèle possible à l’amour qui repose en leur être depuis le baptême. Comment donc réaliser ce projet de Dieu sur nous dans nos familles aujourd’hui? C’est la question fondamentale à laquelle ce texte tente d’apporter sa contribution.

Pour ce faire, le pape manifeste que le dessein de Dieu sur la famille n’est pas un idéal abstrait mais une réalité concrète. C’est pourquoi, on ne doit jamais se décourager de nous-mêmes ou des situations dans lesquelles nous nous trouvons. Nous ne sommes pas parfaits et la perfection à laquelle nous sommes destinés n’est pas de ce monde. Les chutes et les échecs sur le chemin sont pour Dieu et pour nous des occasions de réconciliation dont le but sublime est de manifester la grandeur de la Miséricorde de Dieu.

C’est le deuxième point qui a attiré mon attention : ce souci de montrer que la miséricorde est la clé de compréhension de tout l’enseignement et de la pratique de l’Église. En effet, la miséricorde « n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants. En résumé, nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde » (no 310). Selon moi, tout le texte tient à revisiter cet enseignement sur la famille si incompris par bon nombre de personnes aujourd’hui; parmi lesquelles on retrouve malheureusement beaucoup de catholiques. Que ce soit dans la présentation des enseignements bibliques et magistériels sur la famille (chapitre 1 et 3), dans l’analyse des défis contemporains auxquels toutes les familles font face dans leur volonté (consciente ou non) de réaliser leurs plus grandes aspirations (chapitre 2 et 5), dans la présentation de la beauté et de l’héroïcité nécessaires à la mise en pratique des exigences de l’amour véritable (chapitre 4 et 7) ou de l’approche pastorale nécessaire pour accompagner les familles dans la réalisation de leur vocation universelle à la sainteté (chapitre 6 et 8), l’ensemble du document semble être orienté vers la proximité avec Dieu qui se trouve aux côtés de chacun d’entre nous et qui nous invite à le connaître et l’aimer par l’entremise de nos relations familiales « où se reflète, par grâce, le mystère de la Sainte Trinité » ( no 86).

Nous reviendrons, dans les prochaines semaines, sur les différents thèmes abordés dans cette exhortation apostolique qui, des plus polémiques aux plus apparemment anodins, auront sans doute eu l’occasion de faire surface ici et là dans l’actualité. Entre temps, je vous recommande fortement la lecture de ce document qui saura réchauffer le cœur de tous les lecteurs qui forcément sentiront l’immense trésor de sagesse dont l’Église est dépositaire et dont elle nous fait part gratuitement s’appuyant sur ce don ultime de Dieu par son Fils sur la Croix.

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