« Vers les sommets » avec Pier Giorgio Frassati

« … le vrai bonheur, jeunes gens, ne réside pas dans les plaisirs du monde et dans les choses terrestres, mais dans la paix de la conscience, que nous ne pouvons avoir que si nous sommes purs de cœur et d’esprit. » – Bienheureux Pier Giorgio Frassati

Entre 17 et 25 ans, beaucoup de jeunes pensent à obtenir de bonnes notes, à obtenir leur diplôme et à trouver un emploi. Toutes ces préoccupations sont réalistes et pratiques, auxquelles il faut faire face lorsqu’on termine ses études et qu’on entre dans la vie active. Je me souviens avoir été préoccupée par les dissertations, les examens de mi-semestre, les examens finaux et que dois-je faire de ma vie après l’obtention de mon diplôme universitaire.

Avec le recul, j’apprécie cette période formatrice. J’ai consacré mon temps et mon énergie au bénévolat dans ma paroisse, sur le campus et à l’étranger, au Pérou et en République dominicaine. J’aurais aimé l’apprécier davantage à l’époque et comprendre que servir était suffisant, que le bien-être spirituel et la proximité avec Dieu sont plus gratifiants que n’importe quelle récompense terrestre.

Le bienheureux Pier Giorgio Frassati, qui sera canonisé avec le bienheureux Carlo Acutis le 7 septembre, a également consacré sa vie au service des autres. Dès l’âge de 17 ans jusqu’à sa mort à 24 ans, Frassati a mené une vie pleine de sens, orientée vers le Christ, faite de prière, de service et d’aventure. Il a servi les malades et les habitants des bidonvilles de Turin, donnant de la nourriture, de l’argent et des médicaments à ceux et celles qui en avaient besoin. Il allait à l’école, recevait chaque jour la communion et priait le rosaire ; mais pendant son temps libre, il faisait du ski, du snowboard, de la randonnée, de l’équitation et de l’escalade. Pendant ses ascensions, il priait et discutait de foi avec ses amis. Frassati avait beaucoup d’amis ; c’était un farceur et un leader naturel.

Frassati (quatrième à partir de la droite) lors d’un séjour au ski avec ses amis.

C’est vraiment magnifique de voir comment une activité de loisirs ou un voyage peut être une occasion de croissance spirituelle. Je me souviens que lors d’un voyage de snowboard / ski avec mes amis, nous sommes retournés à notre hébergement pour la soirée et avons prié le rosaire ensemble. De plus, il y a quelques années, lors de la fête de l’Immaculée Conception, j’ai assisté à la messe avec mes parents le matin, j’ai travaillé à la bibliothèque pendant la journée, puis je suis allé skier avec mon frère lors de cette fraîche nuit de décembre. C’était la première fois que je skiais depuis dix ans. Lors de mon dernier séjour au ski, j’avais essayé le snowboard, et j’étais très intimidée à l’idée de descendre Grouse Mountain de nuit. Mais ce fut une activité rafraîchissante et amusante qui a couronné une journée de fête spéciale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La vie de Frassati nous rappelle qu’une vie sainte n’est pas seulement solennelle, pieuse et sacrificielle. Elle est aussi remplie de joie lorsque nous cherchons Dieu en toutes choses : en servant les pauvres, en récitant simplement le rosaire, en descendant une piste de ski dans une montée d’adrénaline, en admirant la vue impressionnante depuis le sommet d’une falaise, en profitant de la liberté de monter à cheval par une journée ensoleillée. Frassati nous invite à le suivre Verso L’Alto qui veut dire « Vers les hauteurs », et à trouver Dieu dans la beauté et la splendeur de la nature, dans la présence de nos ami.es et dans l’humble service de nos voisin.es.

Bienheureux Pier Giorgio Frassati, priez pour nous !

Audience générale du pape François – mercredi 15 mai 2024

Photo de Pexels

Au cours de son audience générale hebdomadaire, le pape François a atteint ce qu’il a appelé « le point culminant de tout l’itinéraire que nous avons entrepris avec les catéchèses sur les vertus » en réfléchissant sur la vertu théologique de la charité. Il a déclaré que la charité « est un amour plus grand, un amour qui vient de Dieu et qui est dirigé vers Dieu, qui nous permet d’aimer Dieu, de devenir ses amis, et qui nous permet d’aimer notre prochain comme Dieu l’aime, avec le désir de partager l’amitié avec Dieu ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, nous allons parler de la troisième vertu théologale, la charité. Les deux autres, rappelons-le, étaient la foi et l’espérance ; aujourd’hui, nous parlerons de la troisième, la charité. C’est le point culminant de tout l’itinéraire que nous avons suivi avec les catéchèses sur les vertus. Penser à la charité dilate immédiatement le cœur, élargit l’esprit conformément aux paroles inspirées de Saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens. En conclusion de ce merveilleux hymne, Saint Paul cite la triade des vertus théologales et s’exclame : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » (1 Co 13, 13).

Paul adresse ces paroles à une communauté qui était loin d’être parfaite dans l’amour fraternel : les chrétiens de Corinthe étaient plutôt querelleurs, il y avait des divisions internes, il y avait ceux qui prétendaient avoir toujours raison et qui n’écoutaient pas les autres, les considérant comme inférieurs. À ceux-là, Paul rappelle que la science enfle, tandis que la charité édifie (cf. 1 Co 8,1). L’Apôtre rapporte ensuite un scandale qui touche même le moment de plus grande unité d’une communauté chrétienne, à savoir la « Cène du Seigneur », la célébration eucharistique : même là, il y a des divisions, et il y a ceux qui en profitent pour manger et boire en excluant ceux qui n’ont rien (cf. 1 Co 11, 18-22). Face à cela, Paul porte un jugement sévère : « Lorsque vous vous réunissez tous ensemble, ce n’est plus la cène du Seigneur que vous prenez » (v. 20), vous avez un autre rituel, qui est païen, ce n’est pas la cène du Seigneur.

Qui sait, peut-être que personne dans la communauté de Corinthe ne pensait commettre un péché et que les paroles dures de l’apôtre semblaient un peu incompréhensibles pour eux. Ils étaient probablement tous convaincus d’être de bonnes personnes et, si on les avait interrogés sur l’amour, ils auraient répondu que certainement l’amour était une valeur très importante, tout comme l’amitié et la famille. Aujourd’hui encore, l’amour est sur les lèvres de tous, sur les lèvres de tant d' »influenceurs » et dans les refrains de tant de chansons. On parle tant de l’amour, mais qu’est-ce que l’amour ?

« Mais qu’en est-il de l’autre amour ? semble demander Paul aux chrétiens de Corinthe. Non pas l’amour qui monte, mais celui qui descend ; non pas celui qui prend, mais celui qui donne ; non pas celui qui apparaît, mais celui qui est caché. Paul s’inquiète du fait qu’à Corinthe – comme parmi nous aujourd’hui – il y a de la confusion et que la vertu théologale de l’amour, celle qui vient seulement de Dieu, on n’en fasse aucun cas. Et si, même en paroles, tous assurent qu’ils sont de bonnes personnes, qu’ils aiment leur famille et leurs amis, en réalité, de l’amour de Dieu, ils n’en savent que très peu.

Les chrétiens de l’Antiquité disposaient de plusieurs mots grecs pour définir l’amour. Finalement, c’est le mot « agapè » qui s’est imposé, que nous traduisons habituellement par « charité ». Car en vérité, les chrétiens sont capables de tous les amours du monde : eux aussi tombent amoureux, plus ou moins comme cela arrive à tout le monde. Ils connaissent eux aussi la gentillesse de l’amitié. Ils vivent aussi l’amour de la patrie et l’amour universel pour toute l’humanité. Mais il y a un amour plus grand, un amour qui vient de Dieu et qui est dirigé vers Dieu, qui nous permet d’aimer Dieu, à devenir ses amis, et qui nous permet d’aimer notre prochain comme Dieu l’aime, avec le désir de partager l’amitié avec Dieu. Cet amour, à cause du Christ, nous pousse là où humainement nous n’irions pas : c’est l’amour pour le pauvre, pour ce qui n’est pas aimable, pour celui qui ne nous aime pas et n’est pas reconnaissant. C’est l’amour pour ce que personne n’aimerait, même pour son ennemi. Même pour l’ennemi. Cet amour est “théologal”, cet amour vient de Dieu, c’est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous.

Jésus prêche dans le Sermon sur la montagne : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant » (Lc6,32-33). Et il conclut : « Aimez vos ennemis – nous sommes habitués à dire du mal des ennemis- aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. » (v. 35). Souvenons-nous de ceci : « Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour « . Ne l’oublions pas !

Dans ces paroles, l’amour se révèle comme une vertu théologale et prend le nom de charité.  L’amour est charité. Nous nous apercevons immédiatement qu’il s’agit d’un amour difficile, voire impossible à pratiquer si l’on ne vit pas en Dieu. Notre nature humaine nous fait spontanément aimer ce qui est bon et beau. Au nom d’un idéal ou d’une grande affection, nous pouvons même être généreux et accomplir des actes héroïques. Mais l’amour de Dieu va au-delà de ces critères. L’amour chrétien embrasse ce qui n’est pas aimable, offre le pardon, – Qu’il est difficile de pardonner ! Combien d’amour faut-il pour pardonner ! -L’amour chrétien bénit ceux qui maudissent, alors que nous avons l’habitude, face à une insulte ou à une malédiction, de répondre par une autre insulte, par une autre malédiction. C’est un amour si audacieux qu’il semble quasi impossible, et pourtant c’est la seule chose qui restera de nous. L’amour est la « porte étroite » par laquelle nous devons passer pour entrer dans le Royaume de Dieu. En effet, au soir de la vie, nous ne serons pas jugés sur l’amour générique, nous serons jugés précisément sur la charité, sur l’amour que nous avons eu concrètement. Et Jésus nous dit ceci, c’est tellement beau : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). C’est ce qu’il y a de beau, de grand dans l’amour. Allons de l’avant et courage !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Audience générale du pape François – mercredi 24 avril 2024

Le pape François prononce son discours lors de l’audience générale d’aujourd’hui. © Sel + Lumière Média, 2024.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape François s’est penché sur les vertus théologales de la foi, de l’espérance et de la charité. Il a souligné que « le grand don des vertus théologales est l’existence vécue dans l’Esprit Saint. Le chrétien n’est jamais seul. Il fait le bien non pas par un effort titanesque d’engagement personnel, mais parce que, en humble disciple, il marche sur les pas de Jésus, le Maître. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Ces dernières semaines, nous avons réfléchi aux vertus cardinales : prudence, justice, force d’âme et tempérance. Ce sont les quatre vertus cardinales. Comme nous l’avons souligné plusieurs fois, ces quatre vertus appartiennent à une sagesse très ancienne, antérieure au christianisme. Avant même le Christ, l’on prêchait l’honnêteté comme devoir civique, la sagesse comme règle des actions, le courage comme l’ingrédient fondamental d’une vie orientée vers le bien, et la modération comme la mesure nécessaire pour ne pas se laisser submerger par les excès. Ce patrimoine si antique, patrimoine de l’humanité n’a pas été remplacé par le christianisme, mais il a été mis en valeur, enrichi, purifié et intégré dans la foi.

Il y a donc dans le cœur de chaque homme et de chaque femme la capacité de rechercher le bien. L’Esprit Saint est donné pour que ceux qui le reçoivent puissent distinguer clairement le bien du mal, avoir la force d’adhérer au bien en évitant le mal et, ce faisant, parvenir à la pleine réalisation d’eux-mêmes.

Mais sur le chemin que tous, nous avons emprunté vers la plénitude de la vie, qui fait partie du destin de chaque personne – le destin de chaque personne est la plénitude, être plein de vie -, le chrétien bénéficie d’une assistance spéciale de la part de l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus-Christ. Elle se concrétise par le don de trois autres vertus proprement chrétiennes, qui sont souvent mentionnées ensemble dans les écrits du Nouveau Testament. Ces attitudes fondamentales, qui caractérisent la vie du chrétien, sont trois vertus que nous dirons maintenant ensemble : la foi, l’espérance et la charité.  Disons-le ensemble : [ensemble] la foi, l’espérance … je n’entends rien, plus fort ! [ensemble] la foi, l’espérance et la charité. Que vous êtes braves ! Les auteurs chrétiens les ont très tôt appelées vertus « théologales », dans la mesure où elles sont reçues et vécues en relation avec Dieu, pour les différencier des quatre autres dites « cardinales », car constituant le  » pivot  » d’une vie bonne. Ces trois-là sont reçus dans le baptême et viennent de l’Esprit-Saint. Les unes et les autres, théologales et cardinales, à travers tant de réflexions systématiques, ont ainsi composé un merveilleux septénaire, qui est souvent mis en contraste avec la liste des sept péchés capitaux. Voici comment le Catéchisme de l’Église Catholique définit l’action des vertus théologales : « Elles fondent, animent et caractérisent l’agir moral du chrétien. Elles informent et vivifient toutes les vertus morales. Elles sont infusées par Dieu dans l’âme des fidèles pour les rendre capables d’agir comme ses enfants et de mériter la vie éternelle. Elles sont le gage de la présence et de l’action du Saint Esprit dans les facultés de l’être humain. » (n. 1813).

Alors que le risque des vertus cardinales est de générer des hommes et des femmes héroïques dans l’accomplissement du bien, mais seuls, isolés, le grand don des vertus théologales est l’existence vécue dans l’Esprit Saint. Le chrétien n’est jamais seul. Il fait le bien non pas par un effort titanesque d’engagement personnel, mais parce que, en tant qu’humble disciple, il marche derrière le Maître Jésus. Lui va devant sur la route. Le chrétien possède les vertus théologales qui sont le grand antidote à l’autosuffisance. Combien de fois certains hommes et certaines femmes moralement irréprochables courent-ils le risque de devenir vaniteux et arrogants aux yeux de ceux qui les connaissent ! C’est un danger contre lequel l’Évangile nous met bien en garde, là où Jésus recommande aux disciples : « De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir.” » (Lc 17,10). L’orgueil est un venin, c’est un venin puissant : une goutte suffit pour gâcher toute une vie marquée par le bien. Une personne peut avoir accompli une montagne d’actions bénéfiques, avoir récolté des applaudissements et des louanges, mais si elle n’a fait tout cela que pour elle-même, pour s’exalter elle-même, peut-elle encore se considérer comme une personne vertueuse ? Non !

Le bien n’est pas seulement une fin, mais aussi un processus. Le bien requiert beaucoup de discrétion, beaucoup de gentillesse. Par-dessus tout, le bien doit être dépouillé de cette présence parfois trop encombrante qu’est notre ego. Lorsque notre « ego » est au centre de tout, tout est gâché. Si chaque action que nous accomplissons dans la vie, nous ne l’accomplissons que pour nous-mêmes, cette motivation est-elle vraiment si importante ? Le pauvre « ego » prend le dessus sur tout et c’est ainsi que naît l’orgueil.

Pour corriger toutes ces situations qui deviennent parfois pénibles, les vertus théologales sont d’un grand secours. Elles le sont surtout dans les moments de chute, car même ceux qui ont de bonnes intentions morales tombent parfois. Tous, nous tombons, dans la vie, parce que nous sommes tous pécheurs. Tout comme ceux qui pratiquent quotidiennement la vertu se trompent parfois – tous, nous nous trompons dans la vie- : l’intelligence n’est pas toujours lucide, la volonté n’est pas toujours ferme, les passions ne sont pas toujours gouvernées, ce n’est pas toujours que le courage l’emporte sur la peur. Mais si nous ouvrons notre cœur à l’Esprit Saint – le Maitre intérieur -, Il ravive en nous les vertus théologales : alors, si nous avons perdu confiance, Dieu nous rouvre à la foi – avec la force de l’Esprit, si nous avons perdu confiance, Dieu nous rouvre à la foi ; si nous sommes découragés, Dieu réveille en nous l’espérance ; et si notre cœur est endurci, Dieu l’adoucit par son amour. Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Prendre sur soi le visage pauvre du Christ

(Image: courtoisie Pixabay) Dimanche dernier 13 juin 2021 était publié le Message du pape François pour la 5e journée mondiale des pauvres qui aura lieu le 14 novembre prochain. Abordant de nombreux thèmes pastoraux et sociaux, le Pape a soulevé les questionnements et défis que nous devrons relever en cette année qui verra certainement surgir les conséquences négatives du confinement. Qu’est-ce que Jésus nous apprend sur la réalité de la pauvreté? Comment adapter notre regard sur celle-ci afin de mieux y faire face? Comment l’Église peut-elle retrouver sa véritable identité en incluant les pauvres à sa mission évangélisatrice ? Voilà quelques questions auxquelles le Pape a essayé de répondre.

L’enseignement de Jésus sur la pauvreté

Ce message est d’abord un commentaire à la parole de Jésus dans l’évangile de Marc selon laquelle « Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous » (Mc 14, 7). Selon le Souverain pontife, cette phrase n’est pas un encouragement à rester indifférents aux pauvres. En d’autres termes, le fait de la permanence de la pauvreté ne nous exonère pas de la responsabilité que nous avons envers les personnes les plus vulnérables. La figure du Christ doit, au contraire, nous faire prendre conscience que « le premier pauvre c’est Lui, le plus pauvre parmi les pauvres parce qu’il les représente tous. » (no1).

Jésus transfigure donc la pauvreté elle-même en l’adoptant pour Lui-même. Aimer Jésus et vouloir le suivre implique donc nécessairement un raisonnable détachement face aux réalités terrestres qui peuvent potentiellement nous éloigner de Lui. De nouveau regard devant la pauvreté nous révèle que « la pauvreté n’est pas le fruit de la fatalité, mais le signe concret de sa présence parmi nous » (no2). Ainsi, comprendre le fait que les pauvres « vous en aurez toujours » n’est pas une mauvaise nouvelle. Au contraire,  elle est une invitation à reconnaître la présence de Dieu qui, elle aussi, sera « toujours » parmi nous.

La pauvreté, un mal permanent transfiguré

Comprendre la pauvreté et sa haute valeur spirituelle ne doit pas nous empêcher d’être sensibles aux malheurs humains qui nous entourent. Tout au contraire. Par la foi, nous comprenons mieux que le combat contre la pauvreté ne peut se suffire d’une vision purement matérielle.

Notre engagement ne consiste pas exclusivement en des actions ou des programmes de promotion et d’assistance ; ce que l’Esprit suscite n’est pas un débordement d’activisme, mais avant tout une attention à l’autre qu’il considère comme un avec lui  (no2).

Être attentif au pauvre présuppose donc une très haute conscience de sa dignité en tant que personne et des différents besoins qui en découlent. Par exemple, donner à manger aux indigents est certes nécessaire mais cela ne doit qu’être un premier pas. Nul ne pourrait se satisfaire d’être spectateur de sa propre vie. Ils doivent être conscients que leur existence a un sens et, qu’eux aussi, peuvent participer activement à l’amélioration de nos sociétés et diminuer le fardeau de la souffrance en ce monde. En ce sens, une pastorale adaptée à la dignité du pauvre cherchera donc à « reconnaître la force salvifique de leur existence, et à les mettre au centre du cheminement de l’Église » (no2).

S’adapter pour mieux rejoindre

On a souvent mis l’accent sur la contemplation du Christ dans le pauvre. Il est cependant beaucoup plus rare d’entendre parler de la contemplation du pauvre dans Christ. Cela est certainement dû au fait que la pauvreté (et la souffrance en général) nous rend souvent inconfortables. Comme le dit le pape François : « Nous devrions avouer avec une grande humilité que nous sommes souvent des incompétents devant les pauvres » (no 7). Ce malaise ne doit cependant pas nous arrêter. En effet, la grâce de la contemplation et l’annonce du Seul Dieu crucifié devrait nous donner ce surplus d’audace nécessaire à assumer ce visage pauvreté.

Durant plusieurs siècles, les ordres religieux ont cherché des moyens concrets pour adopter ce visage. Par exemple, on peut penser à la simplicité de leur habillement ou, même, de leur coupe de cheveux (tonsure monastique) qui cherchaient à embrasser volontairement l’apparence de celui qui n’a que faire des conventions sociales. Nous avons donc une riche tradition qui peut toujours nous inspirer. Toutefois, et cela concerne d’abord les laïcs, prendre sur soi le visage pauvre du Christ pourrait s’exprimer, selon les paroles du pape, en adoptant un style de vie cohérent et apte, par une constante vigilance à surmonter « l’état de bien-être relatif auquel on s’est habitué (et qui) rend plus difficile l’acceptation des sacrifices et des privations » (no 9) nécessaires au mouvement « d’évangélisation qui rencontre en premier lieu les pauvres là où ils se trouvent » (no 9).

Un message pour préparer ce qui s’en vient

On le sait, la crise sanitaire que nous avons vécue ne pourrait qu’être le premier acte d’une crise économique globale qui pourrait affecter l’ensemble de nos sociétés. En ce sens, le Message pour la 5e Journée Mondiale des pauvres 2021 est un bon moyen pour se préparer dans la prière et la réflexion aux différents engagements qui pourraient découler d’une sensibilité accrue aux défis qui nous entourent. Ainsi, de par cette « solidarité sociale et la générosité dont beaucoup, grâce à Dieu, sont capables, combinées à des projets clairvoyants de promotion humaine », (no 5) nous pourrons sortir grandis de cette période traumatique de notre histoire.

L’archidiocèse de Montréal fidèle à sa promesse

(image: Courtoisie Pixabay) Hier 5 mai 2021 lors d’une conférence de presse, l’archidiocèse de Montréal faisait l’annonce officielle de la mise en place de plusieurs mesures pour faire face aux abus sexuels. Suivant le rapport « Capriolo », publié en novembre dernier et qui offrait une liste exhaustive de recommandations pour mettre à jour les politiques du diocèse quant au traitement des cas d’abus sexuels, l’annonce d’hier représente une étape significative dans la mise en place de ces dernières. L’ensemble de ces mesures sont disponibles sur le site de l’archidiocèse. Nomination de Me Marie Christine Kirouack à titre d’Ombudsman, création d’un Comité consultatif laïc de cinq membres, mise en place de différents protocoles concernant le traitement des plaintes, de divulgation d’informations relativement aux personnes signalées sans oublier une politique de soutien à la personne plaignante, l’Église catholique à Montréal est désormais beaucoup mieux équipée pour faire face aux éventuels abus qui pourraient malheureusement encore avoir lieu ainsi que pour accueillir des victimes de préjudices passés.

Les victimes font partie de la solution

Lors de son intervention, Mgr Christian Lépine a souligné à quel point le soutien des personnes victimes d’abus sexuels ou psychologiques était au cœur de ses préoccupations en tant qu’archevêque de Montréal. Il faut le dire, l’Église catholique, ne disposait pas encore de structures adaptées pour faire face à ce problème endémique qui n’épargne aucune institution ou organisation. Un rattrapage était nécessaire! D’une attitude réactive, il fallait désormais être proactif.Les annonces de cette semaine remplissent cet objectif. Bien que se basant sur des critères proprement chrétiens et dans un souci de respecter les plus hautes normes en la matière, il est intéressant de noter qu’une victime d’abus fut également impliquée dans le processus d’établissement des recommandations.

D’une attitude réactive, il fallait désormais être proactif.

Suivant la même logique d’implication des victimes dans le processus d’éradication des abus de toutes sortes, une série vidéo de sensibilisation intitulée « Il faut le dire » a aussi été créée à des fins de formation du personnel de l’archidiocèse et rendue disponible sur la chaîne YouTube du Diocèse de Montréal.

Vérité, humilité et prophétisme

Cela montre bien le prophétisme dont doit faire preuve l’Église pour rendre justice aux victimes du passé et mettre fin aux éventuels abus qui pourraient toujours être commis en son sein. Cela s’avère nécessaire non seulement pour rétablir sa crédibilité institutionnelle si importante à la réalisation de sa mission d’annonce de l’Évangile et de présence auprès des personnes vulnérables mais également pour être un exemple devant l’ensembles des institutions de la société. En effet, comme je l’ai déjà mentionné dans un article précédent, aucune organisation, entreprise, etc. n’est à l’abri de ce genre d’abus. L’Église a donc un devoir d’exemplarité. En ce sens, puisqu’il est malheureusement fort à parier, qu’encore aujourd’hui, des organisations toujours être tentées par la dissimulation ou le refus d’une justice transparente et responsable, l’Église se doit d’être en position de leadership.

Une nouvelle étape d’un long chemin

En relativement très peu de temps, 18 des 31 recommandations du rapport « Capriolo » sont désormais adoptées par l’archidiocèse de Montréal. Et ce n’est pas terminé! Il était néanmoins important de fonctionner par étapes afin de mettre à profit l’expérience que la mise en place de ces mesures va générer. S’appuyant sur l’expertise d’hommes et de femmes conscients de l’importance de la tâche qui leur est confiée ainsi que sur ces nouveaux protocoles et processus de soutien, l’archidiocèse de Montréal est désormais beaucoup plus à même de répondre promptement, efficacement aux alertes de victimes. Ainsi, sa mission de charité, de justice et de vérité n’en sera que confirmée.

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Communiquez avec l’Ombudsman en tout temps pour obtenir plus d’informations ou pour porter plainte.
(514) PLAINTE ((514) 752-4683)
plainte@ombudsman-ecm.com

Me Marie Christine Kirouack, Ad.E., Ombudsman 4141, rue Sherbrooke Ouest, bur. 255 Westmount, QC, H3Z 1B8
www.ombudsman-ecm.com

La Foi en temps de crise – Mgr Paul-André Durocher

La Foi en temps de crise : Entrevue spéciale de Francis Denis avec Mgr. Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau sur les initiatives pastorales en temps de COVID-19

L’Église et l’économie avec Bertrand Malsch B.C.L., LL.B

Cette semaine, dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis discute d’Église et d’économie autour du récent discours du pape François prononcé le 5 février dernier, au « Séminaire sur les Nouvelles formes de fraternité solidaire, d’inclusion, d’intégration et d’innovation ». Ce séminaire était organisé par l’Académie des sciences sociales et tenu au Vatican. Il réunissait des représentants de gouvernements, de banques, d’économistes venus du monde entier et d’organisations internationales.  Le Pape, dans son allocution, a voulu offrir ses perspectives sur l’état actuel de l’économie mondiale. Pour discuter de ce discours important et des différents enjeux qui y sont relevés, je m’entretiens avec Bertrand Malsch, avocat, professeur agrégé de la Smith school of Business de l’Université Queens et Directeur du Centre pour la gouvernance et la reddition de compte de l’Ordre professionnel des comptables de l’Ontario.

Église en Sortie 13 janvier 2020

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit l’abbé François Jacques pour parler de son plus récent livre « Viens et vois : l’initiation chrétienne aujourd’hui ». On vous présente la première chronique des actualités de la rue 2020 avec l’abbé Claude Paradis. Dans la troisième partie de l’émission, l’éditrice chez Médiaspaul Canada Sophie Brouillet, nous parle de la théologienne Marie-Thérèse Nadeau autour du livre « La foi joyeuse ».

La Victoire de l’Amour- Dimanche 10 novembre 2019

David Chan demande de l’aide juste à temps. Ce dimanche je rencontre David, ce jeune homme qui a su se prendre en main pour changer son comportement violent. – Collaborateurs : Sylvain Charron, Père Michel Marie, Éloi Giard, Miguel Padilla – Invité : David Chan

(1/2) Sur la route du diocèse de Bathurst

Situé dans la province du Nouveau-Brunswick, le diocèse de Bathurst s’inscrit dans l’histoire longue de l’Église en Amérique. Ayant des racines remontant à la présence des Récollets en 1619, la présence catholique dans ce coin de pays a accompagné l’ensemble du développement de la société acadienne jusqu’à nos jours. Comptant aujourd’hui quelques 80 000 catholiques, l’Église à Bathurst s’étend de Campbellton à l’île Miscou, en passant par Tracadie-Sheila, Caraquet et Paquetville. Nommé par le pape Benoît XVI et ordonné évêque le 25 avril 2015 en la cathédrale de Bathurst, Mgr Daniel Jodoin a fait de « l’Amour dans la vérité » le moteur de son action pastorale. Cherchant sans relâche à dynamiser la présence de l’Église dans tous les milieux, sa démarche s’inscrit en continuité avec l’ardeur des communautés religieuses qui ont profondément marqué l’histoire du diocèse. Le diocèse de Bathurst est également un exemple d’une soif inextinguible de proximité avec le Seigneur présent dans le cœur des pauvres et des malades. Que ce soit par le dévouement de l’ensemble des personnes consacrée à leur service ou bien par leur souci constant pour la formation et l’éducation de la jeunesse, l’Église envoyée sur la péninsule acadienne rayonne de par son « histoire de sacrifices, d’espérance et de lutte quotidienne » (EG 96) par amour de Dieu et du prochain. Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses » nous amorçons notre parcours du diocèse de Bathurst, à la rencontre des différents visages de cette Église au Nouveau-Brunswick. Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses » nous partons donc à la rencontre de cette Église qui, reconnaissante de son histoire, « enfonce ses racines dans la terre fertile et dans l’histoire de son propre lieu – de cet héritage reconnu comme- don de Dieu » (EG, 235).

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