Léon XIII, un pape pour notre époque

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Léon XIII peut être décrit comme le premier pape moderne. Son pontificat, d’une durée inattendue de 25 ans, a fait entrer l’Église du XIXe siècle dans le XXe. Couramment considéré comme le fondateur de la doctrine sociale de l’Église, Léon XIII s’est distingué par un certain nombre de différences avec son prédécesseur, le pape Pie IX.

Certaines de ces différences ont été accentuées jusqu’à l’absurde, le premier étant souvent dépeint comme une figure libérale et le second comme un théocrate réactionnaire aux préoccupations excessivement politiques, se déchaînant contre les forces de la modernité. 

La réalité est bien différente. L’histoire montre que Léon XIII a participé au pontificat de son prédécesseur et qu’il a été actif aux plus hauts niveaux d’autorité dans l’Église tout au long de ses événements les plus importants, comme le Concile Vatican I. Néanmoins, il est vrai que si Pie IX a été très actif dans la condamnation de certaines des erreurs caractéristiques du projet moderne, Léon XIII a eu une approche plus subtile, peut-être en raison des circonstances particulières qui ont prévalu pendant son pontificat. 

Parmi les principales caractéristiques du pape Léon XIII figurent, un peu comme pour le pape émérite Benoît XVI, ses formidables aptitudes intellectuelles. Ce charisme particulier a donné sa saveur à un pontificat qui a abordé les problèmes du modernisme avec une approche plus dialogique. Sans prétendre épuiser l’héritage de ce grand pasteur, nous pourrions dire que Léon XIII a fourni à l’Église une réponse en trois temps à ces difficultés: la dévotion mariale, le thomisme, et une riche compréhension des nouveaux problèmes sociaux. 

Dans la lignée de son prédécesseur immédiat, Léon XIII a fourni des enseignements approfondis sur l’importance primordiale de la dévotion mariale, notamment par le biais du rosaire et du scapulaire. Le recours à Marie ne peut être décrit comme une particularité de Léon XIII, bien sûr. Marie est présente dans l’Église depuis sa fondation et a toujours été profondément vénérée par les simples catholiques comme par les théologiens les plus sophistiqués. Pourtant, nombreux sont ceux qui diraient que le XIXe siècle a été particulièrement marial, compte tenu des apparitions et des définitions doctrinales importantes qui ont eu lieu à cette époque. Léon XIII encourage cette démarche comme un chemin sûr vers le Seigneur. 

Un aspect plus distinctif de l’enseignement de Léon XIII est cependant celui qui concerne le thomisme, c’est-à-dire la théologie et la philosophie de saint Thomas d’Aquin. D’une profondeur et d’une solidité inégalées, l’approche caractéristique de foi et raison de saint Thomas d’Aquin, qui permettait une forme de synthèse entre les œuvres philosophiques d’Aristote et la révélation chrétienne, fut ravivée par les enseignements de Léon XIII et de ses successeurs, qui la considéraient comme particulièrement capable de s’attaquer efficacement aux idéologies de l’époque. 

Notamment par l’encyclique Aeterni Patris, le pape Léon XIII a promu ce qu’il a appelé une « restauration de l’ancienne philosophie » en encourageant le travail intellectuel dans la tradition scolastique associée à saint Thomas d’Aquin et en définissant plus précisément l’autorité particulière qu’elle détient, au-delà d’autres importants docteurs de l’Église. Cette encyclique et les développements ultérieurs de l’enseignement de l’Église ont conféré à l’œuvre de Thomas d’Aquin une force normative inégalée, qui s’exprime bien dans les titres qui lui sont associés : Doctor Angelicus (Docteur angélique) et surtout Doctor Communis (Docteur commun).  

Le successeur immédiat de Léon XIII, le pape saint Pie X, par exemple, assisté de philosophes et de théologiens, définit en 1914 un ensemble complet de 24 thèses thomistes qui sont révélatrices de ce mouvement au sein de l’Église vers l’affirmation de l’autorité universelle de l’héritage de saint Thomas.

Le pari du pape Léon XIII était que, dans une époque se définissant par son souci de la raison et de la science, l’œuvre de saint Thomas, caractérisée par une méthode hautement systématique et rationnelle, fournirait à l’Église les moyens d’affronter le monde et ses prétentions avec un formidable arsenal intellectuel. Les prêtres devaient ainsi être formés à la philosophie et à la théologie thomistes. Les principales institutions de savoir étaient alors consacrées à ce travail, et une édition critique complète des œuvres de saint Thomas – dite édition léonine – devint une priorité pour l’Église. Pour ces raisons, le règne de Léon XIII fut tout autant un pontificat thomiste qu’un pontificat social.

Bien entendu, la contribution la plus connue du pape Léon XIII à l’enseignement de l’Église, d’un point de vue historique, est souvent considérée comme la naissance de la doctrine sociale de l’Église, avec la publication en 1891 de Rerum Novarum, qui visait à faire face aux transformations majeures affectant les réalités économiques du monde contemporain, en particulier en Europe. 

Dans la continuité avec l’œuvre de Pie IX, et dans un esprit de cohérence avec l’ensemble de l’enseignement de l’Église, Rerum Novarum constitue un rejet ferme des idéologies politiques modernes, et en particulier dans ce cas du libéralisme économique et du socialisme. Il met en avant un certain nombre de principes qui, ensemble, constituent la base de la doctrine sociale de l’Église moderne, dans un contexte marqué par les réalités d’une économie industrielle qui en est venue à opposer une vaste masse de travailleurs appauvris à un très petit nombre de propriétaires extrêmement riches.

La vision de Léon XIII en était une de droits et de devoirs mutuels, affirmant la liberté de former des syndicats de travailleurs, d’une part, et le droit à la propriété privée d’autre part, par exemple. S’inspirant de cet héritage, certains intellectuels catholiques tels que G. K. Chesterton et Hilaire Belloc ont tenté de formuler une troisième voie entre le libéralisme et le socialisme, ce que l’on appelle souvent le distributisme. 

Texte fondateur à bien des égards, Rerum Novarum résume certains des principes fondamentaux de la doctrine sociale de l’Église – la dignité de la personne humaine, le bien commun, la subsidiarité et la solidarité – à tel point qu’il a été régulièrement revisité par ses successeurs à l’occasion des anniversaires importants de sa publication, à commencer par le Quadragesimo Anno du pape Pie XI en 1931, et tout au long du XXe siècle par la suite. 

Nous avons tendance à parler de la doctrine sociale de l’Église en gardant Rerum Novarum à l’esprit comme principal point de référence. L’Église, cependant, n’a pas commencé à enseigner sur les questions sociales et politiques en 1891. Ce qui a changé, c’est qu’elle a commencé à le faire d’une manière distincte, afin de pouvoir aborder un ensemble particulier de problèmes qui étaient apparus à cette époque en raison d’une réorganisation radicale des sociétés. À bien des égards, la doctrine sociale de l’Église, avec sa préoccupation pour le bien commun, s’enracine dans la pensée aristotélico-thomiste que Léon XIII a également contribué à raviver. 

Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui est très différent de celui de 1891, et pourtant il est confronté à des problèmes fondamentalement similaires: l’extrême disparité des richesses, la radicalisation politique et le rejet de la foi comme impertinente étaient des problèmes à l’époque, tout comme ils le sont aujourd’hui. Les difficultés qui nous paraissent nouvelles, comme la crise climatique, découlent souvent de problèmes précédemment mal compris, et qui se sont par conséquent aggravés.

La force de la réponse du pape Léon XIII est qu’elle est à bien des égards intemporelle. Elle fournit des principes de recherche du bien commun pour la communauté politique à partir desquels nous pouvons dériver des solutions adaptées aux circonstances changeantes. Elle indique un cadre intellectuel qui nous permet de relever les défis de la foi avec force et conviction. Et elle montre le chemin de la dévotion mariale, un excellent remède pour ceux d’entre nous, catholiques à l’inclination intellectuelle, dont la piété fragile peut nous priver de la vraie Sagesse.

La guerre est-elle dans notre nature? La tradition catholique sur la guerre et la violence

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La guerre fait partie de la nature humaine. Vraiment?

L’homme, un loup pour l’homme?

L’une des affirmations les plus courantes de la pensée politique moderne est que l’homme, par nature, est une créature dangereuse, dont la vie est inévitablement liée à l’expérience de la violence et de ses conséquences, la guerre étant une expression primordiale de cette réalité.  

Cette hypothèse est omniprésente et sous-tend même les fondements de nos communautés politiques. En effet, les fondateurs intellectuels de l’État moderne – Thomas Hobbes, par exemple, affirmait que « l’homme est un loup pour l’homme » – ont souvent conçu l’État comme une institution qui nous garantit une certaine protection contre ce mal inévitable en échange de nos libertés naturelles.

Si notre nature est violente, il va de soi que les interactions entre les États devraient être menées sur les mêmes bases prédatrices, et les confrontations violentes entre eux ne devraient en aucun cas être pour nous une surprise. Si notre nature peut être domptée au sein des communautés politiques par un monopole de la violence, une telle chose n’est pas concevable au-delà des limites des communautés politiques particulières, c’est-à-dire entre les nations. 

Cette compréhension de la nature humaine et de ses implications pour la conduite des relations internationales est une caractéristique essentielle de la modernité. Dans le monde dans lequel nous vivons, la pensée et la pratique politiques sont comprises en termes de pouvoir – comment l’obtenir, comment le conserver. Toute tentative d’appliquer un raisonnement moral aux problèmes politiques nous apparaît comme une confusion d’ordres de réalité naturellement distincts.

Bien sûr, tout cela est étranger à la tradition catholique. Là où la modernité politique voit la nature violente de l’homme exprimée par des luttes de pouvoir, l’Église voit une perversion de la sociabilité de l’homme, naturellement ordonnée au bien commun. 

La crise russo-ukrainienne

La crise militaire qui se déroule le long de la frontière russo-ukrainienne et qui suscite un grand intérêt international est un bon exemple de tout cela.

Si, en apparence, il s’agit d’une confrontation entre la Fédération de Russie et l’Ukraine voisine, personne ne se fait d’illusions: le véritable conflit oppose une alliance occidentale de démocraties libérales (dont les États-Unis sont la plus importante) à une Russie illibérale, nostalgique à bien des égards de sa gloire passée et motivée par des ambitions impérialistes sur son ancienne sphère d’influence, qui a historiquement inclut l’Ukraine

En partant d’une compréhension générique de ces événements en termes politiques modernes, nous pourrions considérer la tendance des grandes nations telles que la Russie et les États-Unis à étendre sans cesse leur sphère d’influence comme une expression naturelle de leur pouvoir. En fait, cette compréhension est si courante et nous vient si naturellement que nous avons beaucoup de mal à penser à ces choses en d’autres termes. 

Même nos plaidoyers pour la paix prennent ces idées pour acquises: nous espérons que les grandes puissances sauront faire preuve de retenue, en poursuivant leur ambition par des moyens moins dommageables, comme la diplomatie et la politique économique. Il ne nous vient même pas à l’esprit de douter que ces ambitions puissent exister ou qu’elles puissent porter en elles la potentialité de la violence. 

Une conception catholique de la guerre et de la violence 

Le point de vue catholique est différent. Ce n’est pas que nous n’apprécions pas la persistance de la violence dans l’expérience humaine, ni son caractère tragique. Cette réalité trouve une large expression dans les Écritures, ainsi que dans les écrits des saints et des docteurs de l’Église. Mais contre ceux qui pensent que l’homme est une créature fondamentalement violente, la tradition catholique présente une compréhension beaucoup plus sophistiquée de la nature humaine.

L’homme est par nature bon, même très bon. Il est également social, et sa bonté se manifeste dans une expérience partagée: la famille, puis la communauté politique. C’est au sein d’une communauté que la nature de l’homme se réalise, et c’est à ce titre que l’on peut parler du bien commun comme de la fin poursuivie par les hommes dans le cadre d’une communauté. Le but de la communauté n’est pas simplement d’éviter le mal, bien qu’elle cherche à le faire, mais de vivre la bonté de l’homme de manière intégrale, c’est-à-dire à travers tout ce que l’homme est.

Cependant, la tradition chrétienne tient également compte de la faiblesse de l’homme, qui, à la suite de la Chute, est enclin à commettre des péchés de toutes sortes. C’est cette réalité de la Chute et ses effets durables sur notre expérience dans cette vie qui est à l’origine des maux que nous attribuons paresseusement à la nature humaine. 

Cette tendance à désirer le bien tout en tombant de façon répétée dans divers maux a été décrite par saint Paul avec une merveilleuse perspicacité psychologique : « En effet, ma façon d’agir, je ne la comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne le réalise pas ; mais ce que je déteste, c’est cela que je fais. » (Romains 7,15).

C’est ainsi que nous comprenons le sens de la persistance de la violence et des luttes de pouvoir qui affectent si durablement nos communautés et nos vies politiques. Les communautés politiques, qui existent précisément pour favoriser l’unité et nous permettre de faire le bien d’une manière commune et non particulière, sont ce que nous utilisons si souvent à des fins individuelles, pour notre bien propre. Parce que les États sont gouvernés par des personnes particulières, et non des réalités abstraites obéissant à leur propre ensemble théorique de règles et de principes, le caractère pécheur de l’homme a des conséquences à des niveaux d’autorité auxquels nous n’avons pas l’habitude de penser en termes moraux. Accepter une séparation entre la politique et la morale est incompatible avec la tradition catholique de la philosophie politique.

La guerre comme absence de paix

Le christianisme traditionnel a toujours compris le mal comme l’absence de bien, plutôt qu’une force égale et opposée au bien. Cela signifie que la maladie n’est rien d’autre que l’absence de santé, la faim rien d’autre que l’absence de nourriture, le chaos rien d’autre que l’absence d’ordre et, oui, la guerre rien d’autre que l’absence de paix. 

La paix ne doit donc pas être comprise comme un état d’exception, ou comme l’ensemble des rares moments de recul entre deux guerres, mais comme la véritable expression de la nature et de l’activité humaine. La prévalence de la guerre n’est qu’indicatrice de péché et de désordre. Par conséquent, une perception de la guerre comme l’expression inévitable de la nature de la communauté politique est intrinsèquement désordonnée.

Néanmoins, l’Église catholique enseigne également que, dans des circonstances spécifiques, la guerre peut être menée d’une manière compatible avec la justice. Il s’agit de la célèbre théorie de la guerre juste. La différence entre la façon de penser de l’Église et celle du monde est que l’Église explique la persistance du péché et de la violence sans les attribuer à l’homme comme des caractéristiques intrinsèques et naturelles.

La conception de la guerre et de la violence que l’Église catholique a défendue tout au long de son histoire et sur laquelle elle a particulièrement insisté à l’époque moderne est un signe de contradiction pour un monde dont la conception particulière de la nature de l’homme et de son intégration dans des communautés politiques a conduit à des catastrophes sans précédent de mémoire d’homme. 

Nous pouvons raisonnablement espérer que sa force et son audace apporteront sagesse et prudence à ceux qui, à l’heure actuelle, sont dotés de l’autorité nécessaire pour réfléchir aux perspectives de paix. 

 

Certaines des idées qui ont influencé la rédaction de ce billet sont à leur meilleur exprimées dans cet essai, initialement publié dans Communio, une revue catholique internationale fondée, entre autres, par Joseph Ratzinger, Benoît XVI. 

Les quatre mousquetaires de Québec avec Alexandre Dumas

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis parle on discute du livre « Les quatre mousquetaires de Québec: la carrière politique de René Chaloult, Oscar Drouin, Ernest Grégoire et Philippe Hamel avec l’histoire et auteur Alexandre Dumas. Sont notamment abordés les thèmes de son la Doctrine sociale de l’Église, de l’histoire de la culture et de la politique québécoise dans les années 1930, du Programme de Restauration sociale, du duplessisme ainsi que des sources de la Révolution tranquille. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Laïcité : une question mal posée

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Les élections fédérales canadiennes sont, dans l’ensemble, l’exercice démocratique par excellence du pays, permettant aux citoyens de participer activement au processus politique sur certaines des questions les plus importantes auxquelles nos sociétés sont confrontées. Depuis plusieurs décennies, le débat des chefs, qui se tient en anglais et en français, est l’un des moments clés de chaque campagne électorale. 

Bien que ces débats aient rarement un impact décisif sur le sort des partis, ils permettent aux citoyens, pour le meilleur et pour le pire, d’apprendre à connaître les chefs et de les voir mettre de l’avant la perspective des partis qu’ils dirigent. Il n’est pas rare de trouver des éléments de divergence entre les débats dans chacune des deux langues officielles, éléments qui donnent parfois lieu à des discussions ultérieures sur les raisons de cette différence. 

La question de la laïcité, un éternel retour

En 2021, la question qui semble avoir attiré le plus d’attention est la réception au Canada anglais de la loi québécoise sur la laïcité de l’État, ou loi 21. Shachi Kurl, modératrice du débat anglophone et présidente de la firme Angus Reid, est devenue le centre d’attention des médias suite à une question posée au chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet sur le sujet, dans laquelle elle a notamment déclaré assez directement que le projet de loi 21 était de soi « discriminatoire »

La question s’est alors posée de savoir s’il était approprié de la qualifier ainsi, exposant des conceptions différentes, et parfois opposées, du vivre-ensemble dans les sociétés québécoise et canadienne-anglaise. Or, il est intéressant de noter que dans ces débats, la question plus profonde de la place de la religion dans la vie publique au Québec et au Canada – et ce que les régimes divergents de gestion de la diversité du Canada anglais et du Québec ont en commun à cet égard – n’a jamais vraiment été posée, alors qu’elle est plus directement liée à l’objet de la loi. 

La sécularisation du vivre-ensemble? 

L’un des principaux objectifs de la loi québécoise sur la laïcité de l’État est de proposer une conception du vivre ensemble dans un contexte de diversité culturelle et religieuse qui soit représentative du « génie québécois ». En ce sens, sa vision se distingue du multiculturalisme, plus généralement admis au Canada anglais, et même inscrit dans la Constitution canadienne. 

Quelle est cette conception ? On pourrait dire qu’elle découle d’une vision républicaine de la société, caractéristique de la culture française moderne, dont le Québec tire nombre de ses modes de représentation. Elle vise à construire une société qui, sans effacer les particularités individuelles et la liberté de conscience, cherche à produire un ethos commun, un socle partagé de principes d’où découle une pratique sociale caractérisée par une certaine unité. 

À l’influence du régime républicain à la française, qui a longtemps joui d’un certain prestige dans les milieux intellectuels d’avant-garde au Québec, s’ajoute sans doute le souvenir d’une société québécoise caractérisée par des piliers d’unité culturelle, principalement la langue française et la religion catholique. Le second terme de ce binôme s’est progressivement effacé de la vie publique depuis la modernisation active de la société québécoise dans les années 1960, jusqu’à ce que la religion devienne un repoussoir dans les représentations populaires. 

Or, la société se diversifiant sur le plan ethnique et religieux dans un contexte de mondialisation – marqué par une augmentation des flux migratoires et une diminution concomitante des naissances – cette unité de longue date, caractéristique de la société québécoise, tend à s’estomper. Si les Québécois restent préoccupés par leur être collectif, ils ont récemment appris à le voir en termes de négation de la religion dans la vie publique, faute d’un principe unificateur positif et cohérent. 

À l’évidence d’une diversité religieuse croissante s’oppose un réflexe, caractéristique d’une société qui se veut proprement moderne : celui de lutter contre le retour de la religion. Ce retour, au Québec, se manifeste notamment par la pratique de l’islam dans les communautés migrantes, notamment en provenance du Moyen-Orient. 

L’idéal multiculturel de la diversité

L’expérience du Canada anglais et son rapport à la diversification religieuse sont, à cet égard, fondamentalement différents. Historiquement articulé autour d’un noyau dur de colons anglais, acquis au protestantisme et largement constitué de loyalistes ayant quitté la République américaine naissante, le Canada anglais s’est rapidement diversifié et articulé autour d’une tout autre conception de la gestion de la diversité culturelle et religieuse, une conception que l’on pourrait dire à la fois libérale, individualiste et multiculturelle. 

Cette conception est libérale parce qu’elle valorise avant tout la liberté de choix, ou licence, notamment en ce qui concerne la question religieuse. Elle est individualiste, car elle suppose que les pratiques religieuses, et même culturelles, ne relèvent pas de l’État et, en ce sens, n’ont pas de rapport direct avec le bien commun, si tant est que la question du bien commun se pose. 

Enfin, elle est multiculturaliste parce qu’elle favorise le développement d’une forme de mosaïque culturelle, où règne la différence et où la construction active d’un monde de représentation commun et partagé se limite, pour l’essentiel, à l’adhésion à un ensemble de principes juridiques visant à protéger les libertés individuelles. 

Des idéaux en confrontation…

D’un point de vue légal, juridique et constitutionnel, le multiculturalisme, ainsi décrit, règne et constitue le principe suprême de la gestion de la diversité religieuse et culturelle au Canada. La loi québécoise sur la laïcité de l’État est, en un certain sens, un acte de contestation de ce régime multiculturel, un acte qui s’inscrit dans les débats post-référendaires sur l’avenir de la société québécoise dans l’État canadien. Soulignons cependant que pour nombre de sympathisants de la laïcité républicaine, la loi 21 dans son état actuel ne représente qu’une simple accommodation dans le cadre des dispositions constitutionnelles canadiennes, plutôt qu’un véritable acte législatif de contestation. 

De manière générale cependant, de nombreux penseurs québécois de la laïcité comprennent leur projet de cette manière et, surtout, c’est ainsi qu’il est compris par ses opposants, qui le voient, précisément et de manière caractéristique, comme un régime discriminatoire. En ce sens, on pourrait dire que ces deux régimes de gestion de la diversité culturelle sont chacun représentatifs de différences importantes qui subsistent entre la société québécoise et la société canadienne dans son ensemble et en un sens, c’est vrai. 

Qui se ressemblent plus qu’il n’y paraît

Or, ces débats cachent, à mon avis, une proximité qui se dissimule à la vue de tous. Ce dont il est réellement question, lorsqu’on parle d’une loi sur la laïcité de l’État – et à cet égard l’expérience historique de la République en France est éloquente – c’est de la place de la religion dans la société. 

Quelle que soit l’intention des promoteurs de ce régime au Québec, la laïcité à la française a fondamentalement pour objectif d’exclure la représentation religieuse de l’action collective, et même pour certains de l’espace public. On pourrait affirmer que le multiculturalisme caractéristique du régime canadien vise aussi l’effacement du religieux, mais par un effet de banalisation. 

Ce que la laïcité rejette par une action prohibitive, dont la loi québécoise est ici un exemple assez modéré, est toléré dans un régime multiculturel, mais dans un contexte de relativisation. En encourageant l’expression de la différence individuelle et collective, qu’elle soit religieuse, ethnique ou communautaire, le multiculturalisme canadien envoie un message : aucun de ces discours n’est véritablement significatif pour la communauté politique, aucun de ces discours ne concerne la collectivité. Au contraire, la société multiculturelle se fonde sur le droit à la différence et à la représentation, mais certainement pas sur l’adhésion à des principes communs substantiels – par-delà la contingence de la langue et des identités culturelles ou nationales. 

Des limites qui se répondent 

On pourrait dire qu’en termes d’effets sur la liberté de religion, de conscience et de croyance, le multiculturalisme canadien est préférable, d’un point de vue catholique, à la laïcité québécoise. Les évêques du Québec ont d’ailleurs exprimé certaines réserves à l’égard de ce projet, qui, comme c’est souvent le cas, n’ont pas été entendues. C’est qu’en filigrane de ces deux visions de la gestion de la diversité se trouve l’idée qu’en fait, les évêques n’ont rien à voir avec la poursuite d’un bien commun substantiel, s’il en est. 

Il est clair aussi, et la doctrine sociale de l’Église l’indique de façon indiscutable, qu’une conception de la vie collective fondée uniquement sur la protection des libertés individuelles de chacun en toutes circonstances n’est pas viable. Elle n’est pas viable du point de vue politique, parce que la fin de la vie commune ne peut être réduite de cette manière, au point de perdre de vue l’horizon du bien commun. 

Or, elle n’est pas plus viable d’un point de vue spirituel. En effet, le bien commun ne se réduit pas à la protection contre la violence et l’injustice, ou à l’administration des ressources et à l’allocation des moyens de subsistance. Au contraire, le bien commun est aussi spirituel, et les acteurs de la vie publique doivent être capables de poursuivre le bien commun spirituel dans les contextes donnés et les situations particulières. 

Promouvoir la doctrine sociale dans son unité 

La conception républicaine de la laïcité comprend le caractère commun du phénomène religieux, même si elle vise, d’une manière, à l’effacer. La conception multiculturelle comprend l’importance de la liberté religieuse, mais en banalise le sens par son relativisme. Toutes deux sont en contradiction avec la doctrine sociale de l’Église, sous un certain rapport. Cela ne veut pas dire, cependant, que leurs effets immédiats soient également dommageables. 

Une fois de plus, les catholiques n’ont pas de choix facile. Les séparations de la politique moderne laissent les électeurs catholiques divisés intérieurement par des choix qui déchirent l’unité de la doctrine sociale de l’Église, elle qui comprend à la fois le caractère spirituel du bien commun et l’importance de la liberté de conscience pour le développement d’une foi authentique. Ces difficultés ne diminuent pas l’importance de l’exercice civique, bien au contraire. Elles illustrent l’importance du vote de chacun et la liberté politique fondamentale des catholiques.

 

La vie et l’oeuvre de Georges-Henri Lévesque o.p. avec Jules Racine St-Jacques

Cette semaine dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis discute de la vie et de l’œuvre du p. Georges-Henri Lévesque avec l’historien et auteur du livre « George-Henri Lévesque : Un clerc dans la modernité», Jules Racine St-Jacques. Dans ce balado, sont notamment abordés les thèmes de l’histoire des sciences sociales, de la Révolution Tranquille, des relations entre le temporel et le spirituel ainsi que le rôle du père Lévesque dans la construction du Québec moderne.

La liberté d’expression selon le pape François

(photo: courtoisie Pixabay) Nos sociétés sont traversées par des bouleversements : globalisation politique, révolution des communications, transformation du monde du travail et pandémie mondiale.  Les défis auxquels nous faisons face demandent plus que jamais l’engagement de tous au processus démocratique. Or, la condition sine qua non à toute démocratie est la liberté d’expression. En effet, ce n’est qu’en permettant le débat ouvert, l’affrontement et le choc des idées que nous pourrons trouver des solutions aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. L’encyclique « Fratelli tutti » du pape François est plus qu’éclairante à ce sujet.

Trop c’est comme pas assez

L’encyclique « Fratelli tutti » est d’abord très pertinente en ce qui a trait aux différents risques qui menacent aujourd’hui la liberté d’expression nécessaire à tout débat public fructueux. Le Pape manifeste un premier risque lorsqu’il écrit : « L’accumulation écrasante d’informations qui nous inondent n’est pas synonyme de plus de sagesse. La sagesse ne se forge pas avec des recherches anxieuses sur internet, ni avec une somme d’informations dont la véracité n’est pas assurée… » (no 50). Soyons clair : loin d’inciter à ne pas s’informer, le Pape invite plutôt à exercer un jugement critique face à notre propre appétit d’informations à la lumière d’une vision de la fraternité apte à distinguer le pertinent de ce qui ne l’est pas. C’est en gardant toujours à l’esprit, à la fois, le bien commun et ce qui relève de ma responsabilité que nous saurons consommer la juste quantité d’information.

Disqualifier n’est pas dialoguer

Lorsqu’on considère le climat politique de nos démocraties occidentales, il est difficile de ne pas voir que nous sommes face à plusieurs impasses. La crise de la covid-19 n’a pas manqué de révéler plusieurs lacunes dans nos délibérations démocratiques. Parmi celles-ci, on trouve une augmentation de la partisannerie. Loin d’être le lieu de mise en commun des idées au service de l’innovation et de la mise en marche de grands projets en faveur du bien commun, les débats se réduisent trop souvent à « Uniquement des recettes de marketing visant des résultats immédiats qui trouvent dans la destruction de l’autre le moyen le plus efficace. Dans ce jeu mesquin de disqualifications, le débat est détourné pour créer une situation permanente de controverse et d’opposition » (no 15).

Alors que nous aurions besoin de riches discussions puisées aux plus récentes découvertes de nos universités, au patrimoine local et aux apports et découvertes des autres pays, le dialogue social se perd trop souvent dans ce qui revient à la loi du plus fort. Pourtant, force politique n’équivaut que très rarement à sagesse sociale. Ainsi, l’appel du Pape à la fraternité pourrait nous inspirer une attitude d’ouverture au dialogue et, ainsi, renouveler notre démocratie.

Des interlocuteurs bien enracinés

Un autre risque menaçant le dialogue public est l’uniformisation constante des cultures, laissant de moins en moins de place à la diversité des histoires, des langues, des cultures, etc. On a souvent parlé de l’impérialisme culturel américain. Or aujourd’hui, et cela a aussi des effets positifs, la globalisation a multiplié les pays qui s’affrontent sur ce terrain. Dans ce contexte, les plus petits peuples et cultures qui ne disposent pas de grands moyens sont grandement menacés. Or, comme le dit le Pape :

« Tout comme il n’est pas de dialogue avec l’autre sans une identité personnelle, de même il n’y a d’ouverture entre les peuples qu’à partir de l’amour de sa terre, de son peuple, de ses traits culturels. Je ne rencontre pas l’autre si je ne possède pas un substrat dans lequel je suis ancré et enraciné (no 143).

Développer une meilleure connaissance et cultiver l’amour que nous avons pour notre propre identité est donc une priorité démocratique dont l’urgence ne devrait pas être sous-estimée.

Un Pape bien informé

Dans cette encyclique, le pape François fait preuve d’une très grande lucidité devant les enjeux qui nous concernent. À travers son diagnostic des logiques malsaines et néfastes qui éloignent nos démocraties de leurs fondements, nous sommes tous invités à redécouvrir les attitudes essentielles pour faire face aux défis qui sont les nôtres. Ainsi, par l’amitié sociale, nous pourrons continuer sur ce « chemin de fraternité, local et universel, [qui]ne peut être parcouru que par des esprits libres et prêts pour de vraies rencontres (no 50).

L’encyclique « Fratelli tutti » avec Jean-Marc Barreau PhD.

Cette semaine dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis s’entretient de la plus récente encyclique du Pape François « Fratelli tutti » avec le prêtre, théologien et professeur adjoint à temps plein à l’Université de Montréal Jean-Marc Barreau PhD. Dans ce dialogue 1h23 min, seront notamment abordés les questions de la politique, l’économie, la spiritualité et des principes centraux à la réalisation de sociétés justes et inclusives. Jean-Marc Barreau est notamment l’auteur d’un livre sur le présent pontificat : François et la miséricorde publié chez Médiaspaul 

«Tout est lié»: une année pour une prise de conscience

Le 24 mai dernier, le pape François annonçait la tenue d’une année consacrée à l’encyclique « Laudato Sì »[1]pour souligner le cinquième anniversaire de la publicationde ce document programmatique de son pontificat. Cette année sera donc l’occasion de redécouvrir ce thème de la sauvegarde de la maison commune en approfondissant nos réflexions sur cet enjeu crucial pour notre temps. Dans ce contexte, j’ai donc cru approprié d’écrire une série d’articles sur l’amour de la création qui, j’ose l’espérer, pourront nous aider à cheminer personnellement et collectivement vers un monde plus propre et plus respectueux de la nature.

Environnement ou création ?

Dans le langage courant, nous utilisons souvent le terme « environnement » pour parler du monde qui nous entoure. La tradition chrétienne, cependant, a toujours préféré celui de « création ». Ce qui n’est pas anodin puisque l’utilisation de ce mot a deux significations implicites. D’abord, on comprend que l’humanité est le centre de l’univers créé. Lorsque nous y pensons, le mot « environnement » signifie ce qui nous entoure. Deuxièmement, ce mot introduit une séparation de l’humanité avec le reste l’univers puisque si l’environnement est tout ce qui est autour de nous, c’est que nous n’en faisons pas vraiment partie. Pour ces deux raisons, l’Église préfère parler de « création ».

En effet, le mot création a le double mérite d’éviter les deux écueils que je viens de souligner. Par ce terme, on comprend tout de suite que l’humanité, bien qu’ayant une place de choix dans la création, ne l’a toutefois pas créée. L’humanité n’en est donc ni le centre et n’est pas non plus un démiurge pensant pouvoir en faire ce qu’il veut. Toutes prétentions à imposer au réel ses propres volontés indépendamment des lois de la nature voulues par le créateur sont donc implicitement exclues dans l’utilisation du terme « création ». Comprendre que seul Dieu est le maître et possesseur de l’univers signifie aussi que l’humanité n’est pas à l’extérieur de l’environnement mais à l’intérieur de la création.

Ni dieux, ni bêtes

Comprendre la profondeur du mot création nous porte également à découvrir deux tendances que l’on trouve aujourd’hui sous des formes inédites.Comme l’enseigne la Doctrine sociale de l’Église : « Une vision de l’homme et des choses sans aucune référence à la transcendance a conduit à réfuter le concept de création et à attribuer à l’homme et à la nature une existence complètement autonome » (CDSE no 464). Cette illusion d’autonomie a aujourd’hui deux visages.

L’immense pouvoir que nous donnent les technologies modernes pose plus que jamais la question des principes guidant leur utilisation. Or, la crise climatique actuelle est la preuve que, contrairement à ce que nous avons fait par le passé, nous ne pouvons plus « réduire de manière utilitariste la nature à un simple objet de manipulation et d’exploitation » (CDSE no 463). Notre vocation personnelle et collective est un appel à la responsabilité. Chacun à son niveau, nous devons donc nous interroger sur notre rapport avec l’ordre créé par Dieu qui se trouve, comme nous l’avons vu, tant à l’intérieurqu’à l’extérieurde nous. Mon opinion personnelle est que la santé de la planète ne se réalisera que si la santé spirituelle et morale de l’homme est prise au sérieux. Malheureusement, cela ne semble pas être la priorité à l’heure actuelle.

L’urgence de prendre au sérieux les enjeux climatiques en porte aussi plusieurs à entretenir un rapport nocif avec la création en la faisant «prévaloir sur la personne humaine au plan de la dignité(CDSE no 463).La nature n’est pas une déesse ! Même si nous la considérons responsable du désastre actuel, il ne sert à rien de sous-estimer la valeur de notre propre dignité. C’est justement du manque de conscience de sa propre grandeur qu’on procédés les courses effrénées au profit et à sans égards aux cycles et aux limites de notre planète. En d’autres termes, c’est parce que nous avons trop souvent abaissé notre conception de la nature humaine à celle de consommateur que nous sommes restés volontairement aveugles à l’épuisement des ressources.  Ainsi,  notre engagement en faveur de notre maison commune dépendra en grande partie d’une juste conception de nous-mêmes. Ni dieux, ni bêtes.

Duc in altum

Alors que nous amorçons la troisième décennie du XXIe siècle, le Pape nous invite à poursuivre la réflexion sur les liens qui nous unissent avec Dieu, entre nous et avec toute la création. Les derniers mois ont été particulièrement révélateurs de la grandissante interconnexion de l’humanité. Prions pour que cette connexion soit l’occasion de véritablement entreprendre un changement de paradigme en faveur d’un monde où la dignité de tous les êtres sera reconnue à sa juste valeur, ni plus ni moins. 

L’Église et l’économie avec Bertrand Malsch B.C.L., LL.B

Cette semaine, dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis discute d’Église et d’économie autour du récent discours du pape François prononcé le 5 février dernier, au « Séminaire sur les Nouvelles formes de fraternité solidaire, d’inclusion, d’intégration et d’innovation ». Ce séminaire était organisé par l’Académie des sciences sociales et tenu au Vatican. Il réunissait des représentants de gouvernements, de banques, d’économistes venus du monde entier et d’organisations internationales.  Le Pape, dans son allocution, a voulu offrir ses perspectives sur l’état actuel de l’économie mondiale. Pour discuter de ce discours important et des différents enjeux qui y sont relevés, je m’entretiens avec Bertrand Malsch, avocat, professeur agrégé de la Smith school of Business de l’Université Queens et Directeur du Centre pour la gouvernance et la reddition de compte de l’Ordre professionnel des comptables de l’Ontario.

Église en Sortie 24 mai 2019

Cette semaine à Église en Sortie, on parle des différentes positions concernant la laïcité au Québec avec les deux coauteurs du livre « Quelle laïcité ? » Yvan Lamonde historien et professeur émérite de littérature québécoise à l’Université McGill ainsi que le père Bruno Demers o.p. théologien et professeur à l’Institut de théologie pastorale des dominicains de Montréal. On vous présente un reportage sur l’Institut de formation théologique et pastorale du diocèse de Saint-Jean-Longueuil.

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