Diffusion du discours du Pape au corps diplomatique à 16h15

Aujourd’hui le pape Benoit XVI prononce son discours annuel au corps diplomatique près le Saint-Siège à l’occasion de la présentation des voeux pour 2012.

Diffusion de ce discours cet après-midi 16h 15

S’engager au service de l’humanité ou l’authentique vocation au progrès

Caritas in VeritateIl fut une époque où la publication d’une encyclique, d’une encyclique à caractère social de surcroit, aurait eu une résonnance monstre sur toute la planète, spécialement dans les pays marqués d’une forte tradition chrétienne. La chose est moins évidente de nos jours. À l’ère de Twitter et de la nouvelle instantanée, il est de plus en plus difficile de se saisir d’un texte magistral, encore plus lorsqu’il s’inspire d’une Parole éternelle et d’une doctrine sociale qui se développe depuis plus d’un siècle. Caritas in Veritate ne déroge pas à cette ‘règle’. La troisième encyclique de Benoît XVI s’inscrit dans l’enseignement social de l’Église en mettant en évidence des éléments ou des balises qui peuvent aider à traverser la crise économique actuelle. Mais voilà, les pistes sont tellement nombreuses, que le lecteur peu finir par perdre le fil conducteur du document. En bref, quelques recommandations du Saint-Père:

  • résister à une réduction des systèmes de sécurité sociale ;
  •  soutenir les syndicats et le droits des travailleurs dans une économie marquée par la mobilité de la main d’œuvre ;
  • combattre la faim en investissant entre autres dans les infrastructures rurales ;
  • garantir un emploi stable pour tous comme objectif économique ;
  • protéger l’écologie de la planète
  • réduire la consommation d’énergie des pays riches
  • s’ouvrir à la vie (i.e. s’opposer à des mesures comme l’avortement et le contrôle des naissances) ;
  • investir davantage en éducation ;
  • s’opposer aux abus de la biotechnologie ;
  • réformer les Nations Unis ;
  • etc.

La liste est longue. Pour s’y retrouver, il faut retourner à la mesure de nos gestes et actions et de leur objectif: la personne humaine. Le Pape le rappelle avec force :

Je voudrais rappeler à tous, et surtout aux gouvernants engagés à donner un nouveau profil aux bases économiques et sociales du monde, que l’homme, la personne, dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser.  no 25

La personne humaine est le premier souci du Pape dans cette encyclique consacrée au «développement humain intégral dans la charité et dans la vérité». Elle est au cœur de l’enseignement social de l’Église. En consacrant son premier chapitre au message de Populorum progressio sur le développement des peuples, Benoît XVI fait plus qu’honorer la mémoire de Paul XI, il confirme les intuitions et interprétations de la donne mondiale faites par le défunt Pontife il y a 42 ans. À une exception près: la mondialisation annoncée s’est faite à une vitesse incroyable, beaucoup plus que ce que croyait Paul VI. Cette explosion de l’interdépendance planétaire s’appuie sur une technologie qui évolue toujours en s’appuyant sur des fonds quasi illimités, une course au progrès qui a toutefois oublié beaucoup de gens en cours de route. Elle nous a fait oublier que le progrès est une vocation (no 16). Qu’est-ce qu’une vocation sinon une manière de devenir ce que nous devons être: pleinement humain, pleinement à l’image de Dieu! C’est pour réaliser cette vocation que l’on retrouve les deux pôles de l’enseignement de Benoît XVI réunis : l’amour (la charité) dans la vérité. [Read more…]

En tant que nouvel actionnaire de GM*

gmNous n’avions pas d’autre choix, de dire notre premier ministre. Dix milliards de dollars pour préserver près de 9000 emplois au Canada, en comptant les employés de GM, mais aussi ceux de ses fournisseurs, cela signifie qu’il nous en coûte plus ou moins un million pour sauver un emploi. Ce matin, plusieurs payeurs de taxes se posent des questions.

Qu’est-il arrivé à l’économie de marché dont on vantait les mérites, fanfares et trompettes? Au capitalisme monté en doctrine, qui prône la loi de l’offre et de la demande? Les raisons de la crise de l’automobile américaine sont nombreuses mais reposent tout de même sur le seul élément qui importe: le produit offert. Et, si l’on suit la logique du marché, lorsqu’un produit, dans ce cas-ci une voiture, n’a plus la cote auprès des acheteurs potentiels, la compagnie qui fabrique ce produit est appelée à s’ajuster ou à disparaître. GM n’a pas voulu s’adapter. La compagnie qui a acheté des chemins de fer américains pour les détruire et acquis des compagnies de tramway pour les démanteler il y a plusieurs décennies, la compagnie qui a forgé un nouveau mode de vie en Amérique du Nord, la banlieue, dont le développement repose essentiellement sur l’automobile, cette compagnie, aujourd’hui victime d’elle-même, devrait disparaître. La culture de l’automobile n’étant pas prête de changer, d’autres constructeurs occuperaient le vide laissé par le géant de fer.

L’Église catholique se dit en faveur de l’économie de marché, mais pas à n’importe quelle condition :

Un vrai marché concurrentiel est un instrument efficace pour atteindre d’importants objectifs de justice: modérer les excès de profit des entreprises; répondre aux exigences des consommateurs; réaliser une meilleure utilisation et une économie des ressources; récompenser les efforts des entreprises et l’habileté d’innovation et faire circuler l’information de façon qu’il soit vraiment possible de confronter et d’acquérir les produits dans un contexte de saine concurrence. (Compendium de la doctrine sociale de l’Église, 347)

La position de l’Église quant au rôle de l’État est plutôt nuancée. Si elle est en faveur du  libre marché, l’Église reconnaît qu’il revient à l’État de définir la direction du développement économique tout en intervenant le moins possible dans celui-ci de manière directe. Il ne doit pas se substituer à l’action des individus (no 354).

Mais voilà, est-ce que nos gouvernements, et spécialement le gouvernement américain, ont laissé déraper la situation avant d’intervenir à coup de dizaines de milliards? Comment est-on parvenu à un tel déséquilibre? Je ne parle même pas ici de la faillite et du sauvetage de plusieurs banques de la planète. Lors de la rencontre des dirigeants des grandes puissances pour un sauvetage économique, le Président français souhaitait une réflexion pour un nouveau capitalisme, une économie de marché qui verrait, et j’interprète ici son propos,  à un « développement global et solidaire de l’homme et de la société au sein de laquelle il vit et travaille (no 334).» Les dirigeants occidentaux sont très peu intéressés à cette question. Le coût en dollars du sauvetage actuel est certes élevé, mais le coût humain de la crise n’est pas encore assez grand pour une refonte des bases de notre économie.

D’ici à ce que cela se produise, des milliers d’employés du secteur automobile et leurs familles ont besoin d’aide. La faute de PDG et de politiciens mous influencés par des lobbyings crasseux nous dégoûtent, mais ne doivent pas nous faire perdre de vue l’angoisse et la souffrance de familles et de communautés entières. Pour cette raison, je suis soulagé d’être aujourd’hui actionnaire de GM. Cela ne m’incitera toutefois pas à me procurer l’une de leurs voitures.

* Les gouvernements canadien et ontarien fournissent 10,6 milliards de dollars pour aider GM à se restructurer. Par ce geste, les contribuables canadiens détiennent désormais près de 12% de cette compagnie dont 16% de la production nord-américaine est réalisé au Canada. Ce geste précipite les deux gouvernements dans des déficits plus élevés que prévus.

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