Discours du pape François – Session du G7 sur l’intelligence artificielle

Le pape François salue le Premier ministre canadien Justin Trudeau lors du sommet des dirigeants du G7 à Borgo Egnazia, 14 juin 2024.

Le 14 juin 2024, le pape François s’est adressé au sommet des dirigeants du G7 à Borgo Egnazia, en Italie. Réfléchissant aux nouvelles technologies d’intelligence artificielle, il a déclaré : « Pour qu’elles soient des instruments de construction du bien et d’un avenir meilleur, elles doivent toujours viser le bien de chaque être humain, avoir une « inspiration » éthique. Elles doivent avoir une ‘inspiration’ éthique ».

Lisez le discours ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Mesdames et Messieurs !

Je m’adresse à vous aujourd’hui, dirigeants du Forum intergouvernemental du G7, pour vous présenter une réflexion sur les effets de l’intelligence artificielle sur l’avenir de l’humanité.

« L’Écriture Sainte témoigne que Dieu a donné aux hommes son Esprit pour qu’ils aient “la sagesse, l’intelligence et la connaissance de toutes sortes de travaux” ( Ex 35, 31) » [1]. La science et la technologie sont donc les produits extraordinaires du potentiel créatif des êtres humains [2].

Or c’est précisément l’utilisation de ce potentiel créatif donné par Dieu qui est à l’origine de l’intelligence artificielle.

Cette dernière, comme on le sait, est un outil extrêmement puissant, utilisé dans de nombreux domaines de l’activité humaine : de la médecine au monde du travail, de la culture à la communication, de l’éducation à la politique. Et l’on peut désormais supposer que son utilisation influencera de plus en plus notre mode de vie, nos relations sociales et même, à l’avenir, la manière dont nous concevons notre identité en tant qu’êtres humains [3].

Le thème de l’intelligence artificielle est cependant souvent perçu comme ambivalent : d’une part, il enthousiasme par les possibilités qu’il offre, d’autre part, il suscite la crainte par les conséquences qu’il laisse présager. À cet égard, on peut dire que nous sommes tous, à des degrés divers, traversés par deux émotions : nous sommes enthousiastes lorsque nous imaginons les progrès qui peuvent découler de l’intelligence artificielle, mais, en même temps, nous sommes effrayés lorsque nous voyons les dangers inhérents à son utilisation [4].

Nous ne pouvons d’ailleurs douter que l’avènement de l’intelligence artificielle représente une véritable révolution cognitivo-industrielle qui contribuera à la création d’un nouveau système social caractérisé par de complexes transformations historiques. Par exemple, l’intelligence artificielle pourrait permettre la démocratisation de l’accès au savoir, le progrès exponentiel de la recherche scientifique, la possibilité de confier des travaux pénibles à des machines ; mais, en même temps, elle pourrait entraîner une plus grande injustice entre les pays riches et les pays en voie de développement, entre les classes sociales dominantes et les classes sociales opprimées, compromettant ainsi la possibilité d’une “culture de la rencontre” au profit d’une “culture du rejet”.

L’ampleur de ces transformations complexes est évidemment liée au développement technologique rapide de l’intelligence artificielle elle-même.

C’est précisément cette avancée technologique vigoureuse qui fait de l’intelligence artificielle un outil fascinant et redoutable et qui appelle une réflexion à la hauteur de la situation.

Dans ce sens, on pourrait peut-être partir du constat que l’intelligence artificielle est avant tout un outil. Et il va de soi que les bienfaits ou les méfaits qu’elle apportera dépendront de son utilisation.

C’est certainement vrai, puisqu’il en a été ainsi pour tous les outils construits par l’homme depuis la nuit des temps.

Notre capacité à construire des outils, en quantité et complexité inégalées parmi les êtres vivants, fait parler d’une condition techno-humaine : l’être humain a toujours entretenu une relation avec l’environnement par l’intermédiaire des outils qu’il a progressivement produits. Il n’est pas possible de séparer l’histoire de l’homme et de la civilisation de l’histoire de ces outils. Certains ont voulu lire dans tout cela une sorte de manque, de déficit de l’être humain, comme si, en raison de ce déficit, il était contraint de donner vie à la technique [5]. Un regard attentif et objectif nous montre en fait le contraire. Nous vivons dans une condition d’ultériorité par rapport à notre être biologique ; nous sommes des êtres déséquilibrés par rapport à notre extérieur, voire radicalement ouverts sur l’au-delà. C’est de là que vient notre ouverture aux autres et à Dieu ; c’est de là que naît le potentiel créatif de notre intelligence en termes de culture et de beauté ; c’est de là finalement que provient notre capacité technique. La technologie est donc la trace de cette ultériorité.

Cependant, l’utilisation de nos outils n’est pas toujours uniquement orientée vers le bien. Même si l’être humain sent en lui une vocation à l’au-delà et à la connaissance vécue comme instrument du bien au service des frères et sœurs et de la maison commune (cf. Gaudium et spes, n. 16), cela ne se produit pas toujours. Au contraire, il n’est pas rare que, précisément à cause de sa liberté radicale, l’humanité ait perverti les finalités de son être en se transformant en son propre ennemi ainsi que de la planète [6].Les outils technologiques peuvent connaître le même sort. Ce n’est que si leur vocation au service de l’humain est garantie que les outils technologiques révèleront non seulement la grandeur et la dignité unique de l’être humain, mais aussi le mandat qu’il a reçu de “cultiver et garder” (cf. Gn 2, 15) la planète et tous ses habitants. Parler de technologie, c’est parler de ce que signifie être humain et de notre condition unique entre liberté et responsabilité, c’est-à-dire parler d’éthique.

Lorsque nos ancêtres aiguisaient des silex pour fabriquer des couteaux, ils les utilisaient à la fois pour couper le cuir pour les vêtements et pour s’entretuer. On pourrait dire la même chose pour d’autres technologies beaucoup plus avancées, comme l’énergie produite par la fusion d’atomes telle qu’elle se produit sur le soleil, qui pourrait certes être utilisée pour produire une énergie propre et renouvelable, mais aussi pour réduire notre planète en un tas de cendres.

L’intelligence artificielle est cependant un outil encore plus complexe. Je dirais presque qu’il s’agit d’un outil sui generis. Alors que l’utilisation d’un outil simple (comme le couteau) est sous le contrôle de l’être humain qui l’utilise et que son bon usage ne dépend que de lui, l’intelligence artificielle, en revanche, peut s’adapter de manière autonome à la tâche qui lui est assignée et, si elle est conçue de cette manière, faire des choix indépendants de l’être humain pour atteindre l’objectif fixé [7].

Il faut toujours garder à l’esprit que la machine peut, sous certaines formes et par ces nouveaux moyens, produire des choix algorithmiques. Ce que fait la machine est un choix technique entre plusieurs possibilités et se base soit sur des critères bien définis, soit sur des déductions statistiques. L’être humain, quant à lui, non seulement choisit, mais dans son cœur il est capable de décider. La décision est un élément que nous pourrions concevoir plus stratégique qu’un choix et nécessite une évaluation pratique.Parfois, et bien souvent dans la tâche difficile de gouverner, nous sommes appelés à prendre des décisions qui ont des conséquences pour de nombreuses personnes. Depuis toujours la réflexion humaine parle à ce propos de sagesse, la phronesis de la philosophie grecque et au moins en partie la sagesse de l’Écriture Sainte. Face aux prodiges des machines, qui semblent capables de choisir de manière autonome, nous devons être clairs sur le fait que la décision doit toujours être laissée à l’être humain, même dans une tournure dramatique et urgente avec laquelle elle se présente parfois dans nos vies. Nous condamnerions l’humanité à un avenir sans espoir si nous retirions aux gens la capacité de décider d’eux-mêmes et de leur vie, les condamnant à dépendre des choix des machines. Nous devons garantir et protéger un espace de contrôle humain significatif sur le processus de choix des programmes d’intelligence artificielle : la dignité humaine elle-même en dépend.

Permettez-moi d’insister précisément sur ce sujet : dans un drame tel qu’un conflit armé, il est urgent de repenser le développement et l’utilisation de dispositifs tels que les “armes autonomes létales” afin d’en interdire l’usage, en commençant déjà par un engagement dynamique et concret à introduire un contrôle humain de plus en plus significatif. Aucune machine ne devrait jamais choisir d’ôter la vie à un être humain.

Il faut, en outre, ajouter que le bon usage, au moins des formes avancées d’intelligence artificielle, ne sera pas entièrement sous le contrôle des utilisateurs ou des programmateurs qui en ont défini les visées originelles au moment de la conception. Ceci est d’autant plus vrai qu’il est fort probable que, dans un avenir assez proche, les programmes d’intelligence artificielle pourront communiquer directement entre eux afin d’améliorer leurs performances. Et si, dans le passé, les hommes qui ont façonné des outils simples ont vu leur existence modifiée par eux – le couteau leur a permis de survivre au froid mais aussi de développer l’art de la guerre –, maintenant que les hommes ont façonné un outil complexe, ils verront celui-ci modifier encore davantage leur existence [8].

Le mécanisme de base de l’intelligence artificielle

Je voudrais maintenant aborder brièvement la complexité de l’intelligence artificielle. Dans son essence, l’intelligence artificielle est un outil conçu pour résoudre un problème et fonctionne par un enchaînement logique d’opérations algébriques, effectuées sur des catégories de données, qui sont confrontées pour découvrir des corrélations, en améliorant leur valeur statistique, grâce à un processus d’auto-apprentissage, basé sur la recherche de nouvelles données et l’auto-modification de ses procédures de calcul.

L’intelligence artificielle est ainsi destinée à résoudre des problèmes spécifiques, mais pour ceux qui l’utilisent, la tentation est souvent irrésistible de tirer, à partir des solutions spécifiques qu’elle propose, des déductions générales, voire anthropologiques.

Un bon exemple est l’utilisation des programmes destinés à aider les magistrats à décider de l’assignation à résidence des détenus purgeant une peine dans un établissement pénitentiaire. Dans ce cas, on demande à l’intelligence artificielle de pronostiquer la probabilité de récidive d’un crime commis par un condamné à partir de catégories prédéfinies (type de crime, comportement en prison, évaluation psychologique et autres), ce qui permet à l’intelligence artificielle d’avoir accès à des catégories de données touchant à la vie privée du condamné (origine ethnique, niveau d’éducation, marge de crédit et autres). L’utilisation d’une telle méthodologie – qui risque parfois de déléguer de facto à une machine le dernier mot sur le sort d’une personne – peut renvoyer implicitement aux partialités inhérentes aux catégories de données utilisées par l’intelligence artificielle.

Le fait d’être classé dans un certain groupe ethnique ou, plus prosaïquement, d’avoir commis un délit mineur des années auparavant (ne pas avoir payé, par exemple, une amende pour un stationnement interdit) influencera, en effet, la décision concernant le fait de procéder ou non à une assignation à résidence. Au contraire, l’être humain évolue en permanence et se montre capable de surprendre par ses actes, chose que la machine ne peut pas prendre en compte.

Il convient également de noter que des applications similaires à celle qui vient d’être mentionnée subiront une accélération du fait que les programmes d’intelligence artificielle seront de plus en plus dotés de la capacité d’interagir directement avec des êtres humains (chatbots), en tenant des conversations avec eux et en établissant avec eux des relations étroites, souvent très agréables et rassurantes, car ces programmes d’intelligence artificielle seront conçus pour apprendre à répondre, de manière personnalisée, aux besoins physiques et psychologiques des êtres humains.

Oublier que l’intelligence artificielle n’est pas un autre être humain et qu’elle ne peut proposer de principes généraux, est souvent une grave erreur qui découle ou du besoin profond de l’être humain de trouver une forme stable de compagnie ou d’un présupposé inconscient de sa part, à savoir que les observations obtenues au moyen d’un mécanisme de calcul sont pourvues des qualités de certitude indiscutable et d’universalité irréfutable.

Cette hypothèse est toutefois risquée, comme le montre l’examen des limites inhérentes au calcul lui-même. L’intelligence artificielle utilise des opérations algébriques à effectuer dans une séquence logique (par exemple, si la valeur de X est supérieure à celle de Y, on multiplie X par Y ; sinon, on divise X par Y). Cette méthode de calcul, appelée “algorithme”, ne présente ni objectivité ni neutralité [9]. En effet, puisque elle est basée sur l’algèbre, elle ne peut examiner que des réalités formulées en termes numériques [10].

Il ne faut pas oublier non plus que les algorithmes conçus pour résoudre des problèmes très complexes sont si sophistiqués qu’il est difficile pour les programmateurs eux-mêmes de comprendre exactement comment ils réussissent à obtenir leurs résultats. Cette tendance à la sophistication risque de s’accélérer considérablement avec l’introduction des ordinateurs quantiques qui ne fonctionnent pas avec des circuits binaires (semi-conducteurs ou puces), mais selon les lois, pour le moins complexes, de la physique quantique. D’autre part, l’introduction continue de puces de plus en plus performantes est déjà devenue l’une des causes de la prépondérance de l’usage de l’intelligence artificielle par les quelques nations qui en sont équipées.

Qu’elles soient sophistiquées ou non, la qualité des réponses fournies par les programmes d’intelligence artificielle dépend en fin de compte des données qu’ils utilisent et de la manière dont elles sont structurées.

Enfin, je voudrais souligner un dernier domaine dans lequel apparaît clairement la complexité du mécanisme de l’intelligence artificielle dite générative (Generative Artificial Intelligence). Nul ne doute qu’il existe aujourd’hui de magnifiques outils d’accès à la connaissance qui permettent même l’auto-apprentissage et l’auto-tutorat dans une myriade de domaines. Beaucoup d’entre nous ont été impressionnés par les applications facilement disponibles en ligne pour composer un texte ou produire une image sur n’importe quel thème ou sujet. Les étudiants se montrent particulièrement attirés par cette perspective qui, lorsqu’ils doivent préparer des travaux, en font un usage disproportionné.

Ces élèves, souvent bien mieux préparés et habitués à l’utilisation de l’intelligence artificielle que leurs professeurs, oublient cependant que l’intelligence artificielle dite générative, au sens strict, n’est pas vraiment “générative”. En effet, cette dernière recherche dans les big data des informations et les conditionne dans le style qui lui est demandé. Elle ne développe pas de nouveaux concepts ou de nouvelles analyses. Elle répète celles qu’elle trouve, en leur donnant une forme attrayante. Et plus une notion ou une hypothèse est répétée, plus elle la considère comme légitime et valable. Plutôt que “générative”, elle est donc “renforçatrice”, en ce sens qu’elle réorganise des contenus existants, contribuant à les consolider, souvent sans vérifier s’ils contiennent des erreurs ou des idées préconçues.

Cela risque non seulement de légitimer les fake news et de renforcer le poids d’une culture dominante, mais aussi de saper le processus éducatif in nuce. L’éducation qui devrait fournir aux étudiants la possibilité d’une réflexion authentique risque de se réduire à une répétition de notions, qui seront de plus en plus estimées incontestables, simplement parce que constamment reprises [11].

Remettre la dignité de la personne au centre d’une proposition éthique partagée

Il convient maintenant d’ajouter une observation plus générale à ce qui a déjà été dit. La saison d’innovation technologique que nous traversons actuellement s’accompagne en effet d’une conjoncture sociale particulière et sans précédent : sur les grandes questions de la vie sociale, il est de plus en plus difficile de trouver des accords. Même dans les communautés caractérisées par une certaine continuité culturelle, des débats passionnés et des confrontations surgissent souvent, rendant difficile la production de réflexions et de solutions politiques partagées visant à rechercher ce qui est bon et juste. Au-delà de la complexité des visions légitimes qui caractérisent la famille humaine, un facteur émerge qui semble unir ces différentes instances. Nous assistons à une disparition ou du moins à une éclipse du sens de l’humain et à une apparente insignifiance du concept de dignité humaine [12]. Il semble que nous perdons la valeur et le sens profond de l’une des catégories fondamentales de l’Occident : la catégorie de la personne humaine. En ce moment où les programmes d’intelligence artificielle remettent en question l’être humain et son agir, c’est précisément la faiblesse de l’ ethos lié à la perception de la valeur et de la dignité de la personne humaine qui risque d’être le plus grand vulnus dans la mise en œuvre et le développement de ces systèmes. En effet, il ne faut pas oublier qu’aucune innovation n’est neutre. La technologie naît dans un but précis et, dans son impact sur la société humaine, elle représente toujours une forme d’ordre dans les relations sociales et une disposition de pouvoir, permettant à certains d’accomplir des actions et empêchant d’autres d’en accomplir d’autres. Cette dimension constitutive de pouvoir de la technologie comprend toujours, de manière plus ou moins explicite, la vision du monde de ceux qui l’ont conçue et développée.

Cela vaut également pour les programmes d’intelligence artificielle. Pour qu’ils soient des outils pour la construction du bien et d’un avenir meilleur, ils doivent toujours être ordonnés au bien de chaque être humain. Ils doivent avoir une inspiration éthique.

La décision éthique, en effet, est celle qui prend en compte non seulement des résultats d’une action, mais aussi des valeurs en jeu et des devoirs qui en découlent. C’est pourquoi j’ai accueilli favorablement, la signature à Rome, en 2020, du Rome Call for AI Ethics [13] et son soutien à cette forme de modération éthique des algorithmes et des programmes d’intelligence artificielle que j’ai appelée “algor-éthique” [14]. Dans un contexte pluriel et global, où s’affichent également des sensibilités différentes et des hiérarchies plurielles dans les échelles de valeurs, il semble difficile de trouver une hiérarchie unique des valeurs. Mais dans l’analyse éthique, nous pouvons également recourir à d’autres types d’outils : si nous peinons à définir un ensemble unique de valeurs globales, nous pouvons toutefois trouver des principes partagés avec lesquels on aborde et résout tout dilemme ou conflit de vie.

C’est la raison pour laquelle est né le Rome Call : dans le terme “algor-éthique”, est condensée une série de principes qui se révèlent être une plateforme globale et plurielle capable de trouver le soutien des cultures, des religions, des organisations internationales et des grandes entreprises qui sont des acteurs de ce développement.

La politique dont nous avons besoin

Nous ne pouvons donc pas occulter le risque concret, puisqu’il est inhérent à son mécanisme fondamental, que l’intelligence artificielle limite la vision du monde à des réalités exprimables en chiffres et enfermées dans des catégories préconçues, en évinçant l’apport d’autres formes de vérité et en imposant des modèles anthropologiques, socio-économiques et culturels uniformes. Le paradigme technologique incarné par l’intelligence artificielle risque alors de céder la place à un paradigme bien plus dangereux, que j’ai déjà identifié sous le nom de “paradigme technocratique” [15]. Nous ne pouvons pas permettre qu’un outil aussi puissant et indispensable que l’intelligence artificielle renforce un tel paradigme ; au contraire, nous devons faire de l’intelligence artificielle un rempart précisément contre son expansion.

Et c’est précisément là que l’action politique est urgente, comme le rappelle l’encyclique Fratelli tutti. Certes, « pour beaucoup de personnes, la politique est aujourd’hui un vilain mot et on ne peut pas ignorer qu’à la base de ce fait, il y a souvent les erreurs, la corruption, l’inefficacité de certains hommes politiques. À cela s’ajoutent les stratégies qui cherchent à affaiblir la politique, à la remplacer par l’économie ou la soumettre à quelque idéologie. Mais le monde peut-il fonctionner sans la politique ? Peut-il y avoir un chemin approprié vers la fraternité universelle et la paix sociale sans une bonne politique ? » [16].

Notre réponse à ces dernières questions est : non ! La politique est nécessaire ! Je tiens à réaffirmer à cette occasion que « face à tant de formes mesquines de politique et à courte vue […] la grandeur politique se révèle quand, dans les moments difficiles, on œuvre pour les grands principes et en pensant au bien commun à long terme. Il est très difficile pour le pouvoir politique d’assumer ce devoir dans un projet de Nation et encore davantage dans un projet commun pour l’humanité présente et future » [17].

Mesdames, Messieurs !

Ma réflexion sur les effets de l’intelligence artificielle sur l’avenir de l’humanité nous amène donc à considérer l’importance d’une “saine politique” pour envisager notre avenir avec espoir et confiance. Comme je l’ai déjà dit ailleurs, « sur le plan mondial, la société a de sérieux défauts structurels qu’on ne résout pas avec des rapiècements ou des solutions rapides, purement occasionnelles. Certaines choses sont à changer grâce à des révisions de fond et des transformations importantes. Seule une politique saine sera à même de les conduire, en engageant les secteurs les plus divers et les connaissances les plus variées. De cette manière, une économie intégrée dans un projet politique, social, culturel et populaire visant le bien commun peut “ouvrir le chemin à différentes opportunités qui n’impliquent pas d’arrêter la créativité de l’homme et son rêve de progrès, mais d’orienter cette énergie vers des voies nouvelles” ( Laudato si’, n. 191) » [18].

C’est précisément le cas de l’intelligence artificielle. Il appartient à chacun d’en faire bon usage et à la politique de créer les conditions pour que cet usage soit possible et fécond.

Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

[1] Message pour la 57ème Journée Mondiale de la Paix du 1er janvier 2024, n. 1.

[2] Cf. Ibid.

[3] Cf. Ibid, n. 2.

[4] Cette ambivalence avait déjà été soulignée par le Pape saint Paul VI dans son Discours au personnel du “Centre d’automatisation des analyses linguistiques” de l’Aloysianum, du 19 juin 1964.

[5] Cf. A. Gehlen, L’uomo. La sua natura e il suo posto nel mondo, Milano 1983, p. 43.

[6] Cf. Lett. enc. Laudato si’ (24 mai 2015), nn. 102-114.

[7] Message pour la 57ème Journée Mondiale de la Paix du 1er janvier 2024, n. 3.

[8] Les intuitions de Marshall McLuhan et de John M. Culkin sont particulièrement pertinentes en ce qui concerne les conséquences de l’utilisation de l’intelligence artificielle.

[9] Cf. Discours aux participants à l’Assemblée Plénière de l’Académie Pontificale pour la Vie, 28 février 2020.

[10]Cf. Message pour la 57ème Journée Mondiale de la Paix du 1er janvier 2024, n. 4.

[11]Cf. Ibid., nn. 3 et 7.

[12]Cf. Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Déclaration Dignitas infinita sur la dignité humaine (2 avril 2024).

[13] Cf. Discours aux participants à l’Assemblée Plénière de l’Académie Pontificale pour la Vie, 28 février 2020.

[14] Cf. Discours aux participants au Congrès “Promoting Digital Child Dignity – From Concet to Action”, 14 novembre 2019 ; Discours aux participants à l’Assemblée Plénière de l’Académie Pontificale pour la Vie, 28 février 2020.

[15] Pour un exposé plus complet, je renvoie à ma Lettre Encyclique Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune du 24 mai 2015.

[16] Lett. enc. Fratelli tutti sur la fraternité et l’amitié sociale (3 octobre 2020), n. 176.

[17] Ibid., n. 178.

[18] Ibid., n. 179.

Déclaration du Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada sur le décès du pape émérite Benoît XVI

Le pape Benoît XVI arrive pour célébrer la messe de la veille du Nouvel An dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 1er janvier 2010. Le pape Benoît XVI est décédé le 31 décembre 2022, à l’âge de 95 ans, dans sa résidence au Vatican. (Photo CNS/Paul Haring)

Déclaration de Mgr Raymond Poisson, évêque de St-Jérôme-Mont-Laurier et

président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
à l’occasion du décès du pape émérite Benoît XVI

Aujourd’hui, les évêques du Canada se joignent au pape François et au peuple de Dieu qui pleurent le décès du pape émérite Benoît XVI; ils rendent grâce à Dieu pour sa vie de service humble et dévoué. Benoît XVI laisse derrière lui un grand héritage d’enseignement qui continuera de nous inspirer, tant par les trois encycliques qu’il a rédigées que par les nombreux discours publics qu’il a prononcés à travers le monde en tant que Souverain Pontife. Le pape Benoit XVI, « Cardinal Ratzinger », a été un guide fidèle et sûr de la doctrine catholique tout au long de ses divers offices auprès du Saint Siège.

En tant que Pape, il nous a mis au défi « d’oser aimer » – de faire de « toute votre existence une joyeuse entreprise du don de vous-mêmes à Dieu et à vos frères, à l’imitation de Celui qui a vaincu la haine et la mort pour toujours par l’amour (cf. Ap 5, 13) », et de trouver la paix, le réconfort et l’inspiration dans l’amour que le Christ a pour chacun de nous.

En tant que Canadiens et Canadiennes, nous lui sommes particulièrement reconnaissants pour ses efforts visant à guérir les blessures de notre passé. Benoît XVI a été le premier Pape à rencontrer des victimes d’abus par des membres du clergé. Il a reconnu publiquement le fléau des abus commis par ces derniers, s’en est excusé et a renforcé les processus de l’Église pour répondre aux allégations, notamment en facilitant la poursuite ou la suspension de l’état clérical des personnes ayant été reconnues responsables d’abus.

Le pape Benoît XVI a également invité les membres d’une délégation canadienne, composée de représentants et représentantes des communautés autochtones, ainsi que des diocèses et des communautés religieuses catholiques du Canada, à une réunion privée en avril 2009 pour discuter de leur expérience des pensionnats. Au cours de cette rencontre, le Pape a écouté leurs récits et a exprimé son regret et sa tristesse pour les souffrances éprouvées par de nombreux Autochtones dans le système des pensionnats.

Quelques années plus tard, il a canonisé la première sainte autochtone d’Amérique du Nord, sainte Kateri Tekakwitha, également appelée le « Lys des Mohawks ».

Alors que nous prions pour le repos éternel de son âme, nous prions pour que l’amour et l’espoir que le pape émérite Benoît XVI a trouvé dans le Seigneur ressuscité puissent continuer de nous inspirer et de nous réconforter dans les épreuves et les tribulations de nos propres vies sur terre.

Que la paix lui soit accordée alors qu’il repose pour toujours en communion avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

Itinéraire du voyage apostolique du Pape François au Canada

Le 23 juin, le Vatican a publié l’itinéraire de la prochaine visite du pape François au Canada. Vous pouvez trouver tous les détails ci-dessous.

N’oubliez pas de consulter régulièrement Sel + Lumière Média pour obtenir plus de détails sur la visite papale et la couverture de l’événement. Restez à l’affût en nous suivant sur nos médias sociaux ou en s’inscrivant à notre infolettre.

 

VOYAGE APOSTOLIQUE DE SA SAINTETÉ FRANÇOIS au CANADA

24 – 30 juillet 2022

Dimanche 24 juillet 2022

ROME – EDMONTON

09h00

Départ en avion de l’Aéroport International de Rome/Fiumicino pour Edmonton  

11h20

Arrivée à l’Aéroport International d’Edmonton 

11h20

ACCUEIL OFFICIEL à l’Aéroport International d’Edmonton 

Lundi 25 juillet 2022

EDMONTON – MASKWACIS – EDMONTON

10h00

RENCONTRE AVEC LES PEUPLES AUTOCHTONES PREMIÈRES NATIONS, MÉTIS ET INUIT à Maskwacis 

Discours du Saint-Père

16h45

RENCONTRE AVEC LES PEUPLES AUTOCHTONES ET LES MEMBRES DE LA COMMUNAUTÉ PAROISSIALE à l’Église Sacré-Cœur d’Edmonton

Discours du Saint-Père

Mardi 26 juillet 2022 

EDMONTON – LAC STE. ANNE – EDMONTON

10h15

SAINTE MESSE au "Commonwealth Stadium" d’Edmonton

Homélie du Saint-Père

17h00

PARTICIPATION AU "LAC STE. ANNE PILGRIMAGE" ET LITURGIE DE LA PAROLE au Lac Ste. Anne

Homélie du Saint-Père

Mercredi 27 juillet 2022 

EDMONTON – QUÉBEC

09h00

Départ en avion de l’Aéroport International d’Edmonton pour Québec

15h05

Arrivée à l’Aéroport International de Québec

15h40

CÉRÉMONIE DE BIENVENUE à la Résidence de la Gouverneure Générale, "Citadelle de Québec" 

16h00

VISITE DE COURTOISIE À LA GOUVERNEURE GÉNÉRALE dans le "Salon des Anges" de la "Citadelle de Québec"

16h20

RENCONTRE AVEC LE PREMIER MINISTRE dans le "Salon des Anges" de la "Citadelle de Québec"

16h45

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS CIVILES, LES REPRÉSENTANTS DES PEUPLES AUTOCHTONES ET LE CORPS DIPLOMATIQUE dans la "Ballroom" de la "Citadelle de Québec" 

Discours du Saint-Père

Jeudi 28 juillet 2022

QUÉBEC

10h00

SAINTE MESSE au Sanctuaire National de Sainte-Anne-de-Beaupré

Homélie du Saint-Père

17h15

VÊPRES AVEC LES ÉVÊQUES, LES PRÊTRES, LES DIACRES, LES CONSACRÉS, LES SÉMINARISTES ET LES AGENTS PASTORAUX à la Cathédrale Notre-Dame de Québec

Homélie du Saint-Père

Vendredi 29 juillet 2022 

QUÉBEC – IQALUIT – ROME

09h00

RENCONTRE PRIVÉE AVEC LES MEMBRES DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS à l’Archevêché de Québec

10h45

RENCONTRE AVEC UNE DÉLÉGATION D’AUTOCHTONES PRÉSENTS AU QUÉBEC à l’Archevêché de Québec

Salutation du Saint-Père

12h45

Départ en avion de l’Aéroport International de Québec pour Iqaluit

15h50

Arrivée à l’Aéroport d’Iqaluit 

16h15

RENCONTRE PRIVÉE AVEC QUELQUES ÉLÈVES DES ANCIENNES ÉCOLES RÉSIDENTIELLES à l’école primaire d’Iqaluit

17h00

RENCONTRE AVEC LES JEUNES ET LES PERSONNES ÂGÉES sur la place de l’école primaire d’Iqaluit

Discours du Saint-Père

18h15

CÉRÉMONIE DE DÉPART À l’Aéroport d’Iqaluit

18h45

Départ en avion de l’Aéroport d’Iqaluit pour Rome  

Samedi 30 juillet 2022 

ROME

07h50

Arrivée à l’Aéroport International de Rome/Fiumicino

Les évêques catholiques du Canada accueillent le dévoilement de la programmation de la visite papale au Canada

Voici la déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) annonçant un peu plus de détails sur la prochaine visite du pape François au Canada, qui aura lieu du 24 au 29 juillet 2022 à Edmonton, Québec et Iqaluit.

 

Les évêques catholiques accueillent favorablement l’annonce des dates
et des villes retenues pour la visite papale au Canada

Le 23 juin 2022 – Les évêques catholiques du Canada accueillent favorablement l’annonce faite aujourd’hui par le Saint-Siège, qui présente plus en détail l’itinéraire de la visite historique du pape François au Canada, du 24 au 29 juillet 2022. Il s’agira de la quatrième visite papale au Canada et de la première depuis le voyage de saint Jean-Paul II en 2002.

Le pèlerinage du Saint-Père sera axé sur la guérison et la réconciliation avec les peuples autochtones, tout en offrant au pasteur des 1,2 milliard de catholiques dans le monde l’occasion de rencontrer les fidèles au Canada. En raison de son âge avancé et de ses limitations, on s’attend à ce que la participation du pape François aux événements publics soit limitée à environ une heure.

Le coordonnateur général de la visite papale au Canada, Mgr Richard Smith, a commenté la publication de la programmation : « Nous savons que le Saint-Père a été profondément touché par sa rencontre avec les peuples autochtones à Rome plus tôt cette année, et qu’il espère poursuivre l’important dialogue qui a eu lieu. Nous prions pour que ce pèlerinage soit une nouvelle étape significative dans le long processus de guérison, de réconciliation et d’espoir. »

La visite, qui a pour thème « Marcher ensemble », comprendra plusieurs événements publics et privés, l’accent étant mis sur la participation des Autochtones tout au long de la visite. Les billets (gratuits) pour participer aux événements publics seront disponibles dans les prochains jours. Un portail pour s’inscrire comme bénévole est déjà accessible sur visitepapale.ca ou papalvisit.ca, pour ceux et celles qui souhaitent partager leur temps et leurs talents dans le cadre de cette visite historique.

L’équipe qui organise la visite papale travaillera en étroite collaboration avec les partenaires autochtones ainsi qu’avec les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux afin de dialoguer et de coordonner les importants défis logistiques associés à une visite de cette envergure. Le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Mgr Raymond Poisson, a commenté ces efforts : « Tant de gens travaillent avec diligence pour organiser ce programme très rempli pour le Saint-Père et les participants. Nous prions pour la santé du pape François et aussi pour que sa visite pastorale au Canada apporte réconciliation et espoir à tous ceux et celles qui accompagneront notre pasteur dans ce voyage historique. »

Les personnes intéressées à en savoir plus sur la visite papale au Canada peuvent trouver les dernières informations aux adresses suivantes : www.visitepapale.ca (français) et www.papalvisit.ca (anglais).

Voici les grandes lignes du programme annoncé par le Vatican :

24 juillet 2022
Le Saint-Père arrivera à Edmonton, en Alberta, le 24 juillet. Après une brève cérémonie à l’aéroport, le pontife de 85 ans prendra le reste de la journée pour se reposer.

25 juillet 2022
Le 25 juillet, le pape François visitera Maskwacis, où se trouve l’ancien pensionnat Ermineskin, l’un des plus grands sites de pensionnat au Canada. Le Saint-Père se joindra à des anciens pensionnaires autochtones de tout le pays dans le cadre d’une activité qui leur sera consacrée. L’Alberta compte le plus grand nombre d’anciens pensionnats au Canada.

Plus tard dans la journée, le pontife se rendra à l’église Sacred Heart Church of the First Peoples, une église autochtone nationale située au centre-ville d’Edmonton. Après plusieurs années de restauration à la suite d’un incendie dévastateur, la paroisse rouvrira ses portes après avoir utilisé une école voisine ces dernières années pour offrir l’hébergement, des soins spirituels et des programmes de soutien à une communauté autochtone urbaine diversifiée. Il s’agit d’un événement sur invitation seulement.

26 juillet 2022
Le 26 juillet est la fête de sainte Anne, grand-mère de Jésus, un jour de recueillement particulier pour les catholiques autochtones et souvent l’occasion de pèlerinages dans diverses régions du pays. Lors d’un événement ouvert au grand public, le Saint-Père célébrera une messe en plein air au Commonwealth Stadium d’Edmonton. Ce site peut accueillir jusqu’à 65 000 personnes pour ce rassemblement qui intégrera des traditions autochtones.

En début de soirée, le Saint-Père se rendra au lac Sainte-Anne, site d’un pèlerinage annuel qui accueille chaque année des dizaines de milliers de participants autochtones venus de tout le Canada et des États-Unis. Des activités seront proposées tout au long de la journée, jusqu’à la participation du Saint-Père à un temps de prière.

27 juillet 2022
Le Saint-Père quittera Edmonton pour se rendre à Québec. À son arrivée, le Pontife visitera la Citadelle, où il prendra part à des rencontres privées. Le pape François, à la fois chef spirituel et chef d’État, prononcera également une allocution publique. Les 27 et 28 juillet, le grand public pourra se rassembler sur les plaines d’Abraham. Ce site deviendra pour l’occasion un carrefour axé sur la rencontre, qui mettra notamment à l’honneur des manifestations culturelles autochtones. Des écrans géants permettront aussi de regarder en direct les événements auxquels participera le Pape. Le programme détaillé des activités sur les Plaines est en cours d’élaboration avec des partenaires autochtones et locaux.

28 juillet 2022
Le pape François se rendra à Sainte-Anne-de-Beaupré, où il célébrera la messe sur l’un des sites de pèlerinage les plus anciens et les plus populaires d’Amérique du Nord, qui attire chaque année plus d’un million de visiteurs (y compris des pèlerinages autochtones annuels). Les organisateurs prévoient qu’entre 10 000 et 15 000 personnes pourront assister à la messe et qu’il y aura de l’espace pour les invités à l’intérieur et à l’extérieur de la basilique.

Plus tard dans la journée, le Saint-Père rencontrera des évêques, des prêtres, des séminaristes, des hommes et femmes consacrés, de même que même que des collaborateurs et collaboratrices laïques à la mission de l’Église, comme il le fait lors de la plupart des visites papales. Le Pape disposera du reste de la soirée pour se reposer tandis qu’un souper axé sur l’amitié et le dialogue en cours réunira des leaders autochtones de l’Est du Canada et des représentants des évêques catholiques du Canada.

29 juillet 2022
Après une rencontre privée avec des membres de sa propre congrégation religieuse (la Compagnie de Jésus), le pape François rencontrera des leaders autochtones de l’Est du pays, avant de quitter pour Iqaluit, où il passera l’après-midi. Celui-ci sera dédié à une rencontre privée avec des survivants et survivantes des pensionnats et à un événement communautaire public organisé par la communauté inuit.

Le Saint-Père quittera Iqaluit pour Rome en début de soirée.

 

À propos de la Conférence des évêques catholiques du Canada

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) est l’assemblée nationale des évêques du Canada. Elle a été fondée en 1943 et a été officiellement reconnue par le Saint-Siège en 1948.

Pour toute demande de la part des médias sur la visite papale au Canada :

communications@visitepapale.ca (en français)

media@papalvisit.ca (en anglais)

Les évêques catholiques accueillent favorablement l’annonce des dates et des villes retenues pour la visite papale au Canada

Le pape François effectuera une visite pastorale au Canada du 24 au 29 juillet 2022.
Vous trouverez ci-dessous le texte intégral de la réponse de la CECC concernant l’annonce de cette visite :

 

Les évêques catholiques accueillent favorablement l’annonce des dates
et des villes retenues pour la visite papale au Canada

13 mai 2022 – Plus tôt aujourd’hui, le Vatican a officiellement annoncé que le pape François se rendra au Canada du 24 au 29 juillet 2022. Cette visite historique, axée sur la guérison et la réconciliation autochtones, sera le quatrième voyage papal au Canada et le premier depuis la visite de saint Jean-Paul II en 2002.

Mgr Raymond Poisson, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), a salué la confirmation officielle de la visite au nom des évêques catholiques du Canada : « Nous sommes immensément reconnaissants envers le Saint-Père qu’il ait accepté notre invitation à poursuivre le chemin de la guérison et de la réconciliation avec les peuples autochtones de ce pays. À la fin du mois de juillet, le pape François aura l’occasion de rendre visite aux peuples autochtones ici, dans leur patrie, comme il l’a promis lorsqu’il les a rencontrés récemment à Rome. Nous prions pour la santé du Saint-Père alors que nous entreprenons la planification intensive de cette visite historique. »

Le 1er avril 2022, le pape François s’est excusé pour le rôle joué par l’Église catholique dans le système des pensionnats autochtones du Canada. Le Saint-Père a exprimé sa « tristesse et sa honte » pour les abus et le manque de respect à l’égard des identités, de la culture et des valeurs spirituelles autochtones dans le système des pensionnats autochtones.

Les excuses du Saint-Père s’appuyaient sur les propos recueillis lors des rencontres privées tenues entre le 28 mars et le 1er avril avec 32 aînés autochtones, gardiens du savoir, survivants et survivantes des pensionnats autochtones et des jeunes représentant l’Assemblée des Premières Nations (APN), le Conseil national métis (CNM) et l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK).

Compte tenu de l’étendue du Canada, du peu de temps disponible pour la visite et vu l’état de santé du Pontife âgé de 85 ans, le Vatican a annoncé que le pape François ne fera que trois arrêts lors de sa visite canadienne, soit : Edmonton, Québec et Iqaluit. Ces lieux permettent de limiter les déplacements du Saint-Père tout en lui offrant l’occasion de faire des rencontres individuelles et publiques, tenant ainsi compte de la participation de toutes les régions du pays.

Edmonton  compte le deuxième plus grand nombre d’Autochtones vivant dans les centres urbains au Canada. De plus, 25 pensionnats autochtones étaient situés en Alberta, soit le plus grand nombre parmi les provinces et les territoires du Canada.

Iqaluit, avec une population de 8 000 personnes, regroupe le plus grand nombre d’Inuits au Canada (environ 3 900). Le pape François a été personnellement invité par les délégués Inuits à visiter le Nord lors de leur rencontre en mars.

La ville de Québec s’avère une destination accessible pour les personnes qui souhaitent voyager afin de voir le pape François, en particulier les peuples autochtones de l’Est du pays. La région abrite également la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, l’un des lieux de pèlerinage les plus anciens et les plus populaires en Amérique du Nord, attirant chaque année des peuples autochtones et d’autres personnes de partout au Canada et du monde entier.

Bien que les dates et les lieux aient été annoncés par le Vatican, les sites précis et le programme officiel seront convenus en étroite collaboration avec les partenaires autochtones aux niveaux local et national. Vu l’importance donnée à la guérison et à la réconciliation chez les Autochtones, le Saint-Père devrait pouvoir visiter le site d’un ancien pensionnat et d’autres endroits d’une importance particulière.

En règle générale, six à huit semaines avant une visite papale, un programme complet et un itinéraire précis sont publiés par le Vatican. À ce moment-là, le public aura l’occasion d’en apprendre davantage sur la façon dont il pourra participer aux nombreux événements et aux activités prévus lors de la visite papale, ainsi que sur les possibilités de bénévolat et d’autres détails pertinents.

La CECC a nommé Mgr Richard Smith comme coordonnateur général de la visite papale afin de guider cette immense initiative au nom des évêques du Canada. En tant qu’archevêque d’Edmonton, Mgr Smith a également accompagné des délégués autochtones au Vatican plus tôt cette année et il entretient des relations de longue date avec les dirigeants autochtones.

Mgr Smith a émis le commentaire suivant sur sa nomination : « Je suis honoré de servir en tant que coordonnateur général pour cette visite historique du pape François. J’ai hâte de travailler avec les peuples autochtones de partout au pays, ainsi qu’avec des partenaires locaux, provinciaux et fédéraux, alors que nous nous préparons à accueillir le Saint-Père et à continuer de marcher ensemble sur cet important chemin de guérison et de réconciliation. »

Les personnes qui souhaitent en savoir davantage  sur la visite papale au Canada peuvent trouver les dernières nouvelles au : www.visitepapale.cawww.papalvisit.ca.

 

À propos de la Conférence des évêques catholiques du Canada

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) est l’assemblée nationale des évêques du Canada. Elle a été fondée en 1943 et a été officiellement reconnue par le Saint-Siège en 1948.

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Le pape François effectuera une visite pastorale au Canada

Le pape François effectuera une visite pastorale au Canada du 24 au 30 juillet 2022. La visite du pape sera l’occasion pour lui d’écouter et de dialoguer avec les peuples autochtones, d’exprimer sa proximité sincère et d’aborder l’impact des pensionnats au Canada. La visite du pape sera également l’occasion pour le pasteur des 1,2 milliard de catholiques dans le monde d’entrer en contact avec la communauté catholique du Canada.

Accueillant l’invitation des Autorités civiles et ecclésiales ainsi que des communautés autochtones, le Saint-Père François accomplira un Voyage apostolique au Canada du 24 au 30 juillet prochain, visitant les villes d’Edmonton, Québec et Iqaluit.

Le programme et les détails du voyage seront rendus publics dans les prochaines semaines.


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Conflit russo-ukrainien: où est Dieu à travers la guerre?

(Image: courtoisie de Unsplash)

Les yeux du monde entier sont fixés sur l’Ukraine. Nos cœurs se tournent vers nos semblables qui souffrent d’une attaque brutale. De terribles tragédies comme celle-là soulèvent la question suivante: où est Dieu?

Bien que ce soit difficile à voir, Dieu n’est pas absent. Dieu est là. Dieu pleure. Dieu est du côté de ceux qui souffrent et il entend leur cri. Notre Dieu n’est pas indifférent, ou déconnecté. Il ne vit pas dans un palais lointain, ou un yacht luxueux. Dieu est au milieu de la souffrance, au cœur même des traumatismes et des tragédies du monde. 

Il ne fait aucun doute que Dieu accompagne les familles ukrainiennes qui sont contraintes de fuir et de se séparer. Dieu pleure sur les corps qui nous laissent insensibles. En même temps, Dieu donne du courage aux citoyens russes qui osent protester face à la cruauté, risquant leur liberté pour dire non à la guerre. Dieu œuvre pour faire avancer les négociations sur le chemin de la paix. Dieu inspire les journalistes et les caméramans qui mettent leur vie en danger pour transmettre la réalité vécue des gens. 

L’histoire nous montre que c’est souvent dans les ténèbres les plus écrasantes que Dieu fait briller la lumière la plus rayonnante. Pensons à la cellule obscure de saint Maximilien Kolbe à Auschwitz, qui se sacrifie pour sauver la vie de son codétenu. Au cœur de l’horreur, Dieu répond en faisant briller une lueur d’amour. 

Dieu ne se contente pas d’observer la souffrance du monde à la manière d’un spectateur. Dieu se fait proche. Il nous dit lui-même : « Ne crains pas, car je suis avec toi, n’aie pas peur, car je suis ton Dieu; je te fortifierai, je te secourrai » (Isaïe 41, 10). Sa fidélité n’est pas éteinte par les ténèbres du monde: « Quand tu passeras à travers les eaux, je serai avec toi; et à travers les fleuves, ils ne te submergeront pas; quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te consumera pas » (Isaïe 43, 2). Dieu ouvre un chemin là où il n’y en a pas. La vie que Dieu nous donne vainc la mort, elle-même. 

En effet, Dieu désire tellement être proche de nous qu’il s’est fait homme, a souffert comme nous et a partagé notre mortalité. C’est ce que le cardinal Michael Czerny avait à l’esprit et au cœur lorsqu’il s’est rendu en Ukraine au nom du pape François et de tous les chrétiens : « être proche de son peuple, de ses enfants qui souffrent, c’est la manière que Dieu a choisie pour entrer dans l’histoire du monde. Même au prix de finir sur la croix ». Le Créateur de l’univers est né, un nourrisson persécuté sous la coupe d’ un régime d’oppression impitoyable. La Sainte Famille a été contrainte de fuir sa patrie, menacée par le roi Hérode, assoiffé de sang. Le Christ a été mis à mort sous la bannière de l’Empire romain. Jésus a déclaré les persécutés « bienheureux » (Matthieu 5, 10-11). La victoire de la résurrection ouvre un chemin de vie même à travers les ravins de la mort. 

Ici et maintenant, Jésus ressuscité vient racheter les situations les plus désespérées. Jésus ne prend pas les armes. Son arme est l’amour. Le Christ ne massacre pas nos ennemis. Il change les cœurs. Le chemin du Christ passe par notre désir d’un lendemain meilleur et d’un monde plus solidaire, plus fraternel, plus humain. La paix du Christ nous conduit à la vraie liberté, bien plus grande que la simple absence de guerre et d’oppression. 

« Des fleuves de sang et de larmes coulent en Ukraine ». Ce ne sont pas que des larmes humaines: les larmes de Dieu se mêlent aux nôtres. Ce n’est pas seulement le sang des soldats et des civils, mais le sang du Christ qui vient racheter notre misère et notre souffrance les plus profondes. 

Jésus porte la croix des ukrainiens avec eux. Il nous appelle à faire de même. Serons-nous Simon de Cyrène pour les hommes, les femmes et les enfants d’Ukraine – par nos prières, notre solidarité, notre soutien financier et matériel? Dieu est avec eux, et il veut leur venir en aide à travers toi et moi. Osons être une « armée désarmée qui travaille à la reconstruction de cette humanité que les armes tentent de détruire ».

Jésus, par le sang de ta croix, guérit les blessures de ceux qui souffrent. Fais que Ta paix prenne racine dans les cœurs endurcis pour mettre fin à l’horreur de la guerre. Marie, Reine d’Ukraine, Reine de la Paix, priez pour nos frères et sœurs ukrainiens!  

Les évêques du Canada et les délégations autochtones entreprennent un voyage historique au Saint-Siège

La déclaration suivante a été publiée par la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) le 24 mars 2022. Le texte est également disponible sur le site Internet de la CECC.

 

OTTAWA, le 24 mars 2022 – Cette fin de semaine, une délégation de 32 aînés, gardiens du savoir, survivants et survivantes des pensionnats et jeunes autochtones de partout à travers le pays voyageront ensemble afin de rencontrer le pape François.

Ces délégués, qui ont été choisis en collaboration avec l’Assemblée des Premières Nations (APN), le Ralliement national des Métis (RNM) et l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), apportent une expérience vécue et un aperçu approfondi de l’héritage des pensionnats et des impacts du colonialisme, et plusieurs d’entre eux sont directement impliqués dans le processus continu de guérison et de réconciliation. Les noms des délégués ont été publiés respectivement par l’APN et le RNM. L’ITK, après avoir consulté les délégués, a choisi de ne pas publier une liste complète des noms, bien que des représentants et représentantes participeront à un point de presse le 28 mars.

« En tant qu’évêques du Canada, nous sommes reconnaissants envers ces délégués de nous accompagner dans ce voyage ainsi qu’au pape François pour l’attention qu’il porte à leur souffrance et pour son engagement profond envers la justice sociale », a déclaré le président de la CECC, Mgr Raymond Poisson.

« Nous nous attendons à ce que ces rencontres privées permettent au Saint-Père d’aborder de manière significative à la fois le traumatisme continu et l’héritage de souffrance auxquels les peuples autochtones font face encore aujourd’hui, de même que le rôle de l’Église catholique dans le système des pensionnats, qui a contribué à la non-transmission des langues, de la culture et de la spiritualité autochtones. »

Les réunions individuelles et les points de presse qui s’y rattachent comprendront chacun des représentants et représentantes de la CECC et de la délégation autochtone concernée. L’horaire se résume comme suit :

  • Délégués métis : Rencontre privée avec le pape François à 10 heures le lundi 28 mars. Un point de presse suivra à 15 heures.
  • Délégués inuits : Rencontre privée avec le pape François à 11 heures, le lundi 28 mars. Un point de presse suivra à 16 heures.
  • Délégués des Premières Nations : Rencontre privée avec le pape François à 10 h 30 le jeudi 31 mars. Un point de presse suivra à 15 heures.

Les délégations autochtones seront accompagnées dans leur voyage à Rome par les évêques suivants, qui ont mené les efforts de planification de la CECC jusqu’à présent :

  • Mgr Raymond Poisson, président de la CECC
  • Mgr William McGrattan, vice-président de la CECC
  • Mgr Richard Smith
  • Mgr Donald Bolen
  • Mgr Richard Gagnon

Mgr Anthony Krótki, évêque du diocèse de Churchill-Hudson Bay, accompagnera également les délégués inuits à Rome.

La délégation se terminera par une audience finale avec le pape François le 1er avril à midi, au cours de laquelle un plus grand groupe d’Autochtones de partout au pays se joindra aux délégués officiels. L’audience fournira une occasion pour le Saint-Père de réagir publiquement après avoir écouté attentivement les délégués tout au long de la semaine. Un point de presse suivra à 15 h 30. L’audience finale et tous les points de presse seront diffusés en direct et un flux commun sera disponible pour les médias accrédités.

*Toutes les heures sont exprimées en heure normale d’Europe centrale. Des détails supplémentaires sont disponibles sur demande.

Acte de Consécration de la Russie, de l’Ukraine et de l’humanité au Cœur Immaculé de Marie

(Image: courtoisie de Cathopic)

Le vendredi 25 mars 2022, le pape François consacrera l’Ukraine, la Russie et l’humanité tout entière au Cœur Immaculé de Marie dans le cadre des efforts déployés pour mettre fin à la violence et à l’effusion de sang qui se déroulent actuellement en Ukraine. Selon les mots du pape François, « L’Église, en cette heure sombre, est fortement appelée à intercéder auprès du Prince de la paix et à se faire proche de ceux qui paient dans leur chair les conséquences du conflit. »

Cette consécration aura lieu au cours d’un service pénitentiel de Carême dans la basilique Saint-Pierre, et le pape François a invité tous les fidèles catholiques du monde entier à se joindre à lui :

« Il [cet Acte de consécration] se veut être un geste de l’Église universelle qui, en ce moment dramatique, porte à Dieu, par sa Mère et notre Mère, le cri de douleur de tous ceux qui souffrent et implorent la fin de la violence, et qui confie l’avenir de l’humanité à la Reine de la paix. Je vous invite donc à vous unir à cet Acte, en convoquant, dans la journée du vendredi 25 mars, les prêtres, les religieux et les autres fidèles à la prière communautaire dans les lieux sacrés, afin que le saint Peuple de Dieu fasse monter vers sa Mère la supplique, unanime et pressante. Je vous transmets, pour ce faire, le texte de prière de consécration appropriée, afin que vous puissiez la réciter, au cours de cette journée, en union fraternelle. »

Vous pourrez suivre cet Acte de consécration sur Sel + Lumière TV ce vendredi 25 mars à 14:30 HE / 11:30 HP . Utilisez le texte officiel ci-dessous, fourni par le Vatican, pour vous joindre au pape François en élevant les prières du monde entier pour la paix.

 

ACTE DE CONSÉCRATION AU CŒUR IMMACULÉ DE MARIE

 

Ô Marie, Mère de Dieu et notre Mère, en cette heure de tribulation nous avons recours à toi. Tu es Mère, tu nous aimes et tu nous connais : rien de tout ce à quoi nous tenons ne t’est caché. Mère de miséricorde, nous avons tant de fois fait l’expérience de ta tendresse providentielle, de ta présence qui ramène la paix, car tu nous guides toujours vers Jésus, Prince de la paix.

Mais nous avons perdu le chemin de la paix. Nous avons oublié la leçon des tragédies du siècle passé, le sacrifice de millions de morts des guerres mondiales. Nous avons enfreint les engagements pris en tant que Communauté des Nations et nous sommes en train de trahir les rêves de paix des peuples, et les espérances des jeunes. Nous sommes tombés malades d’avidité, nous nous sommes enfermés dans des intérêts nationalistes, nous nous sommes laissés dessécher par l’indifférence et paralyser par l’égoïsme. Nous avons préféré ignorer Dieu, vivre avec nos faussetés, nourrir l’agressivité, supprimer des vies et accumuler des armes, en oubliant que nous sommes les gardiens de notre prochain et de la maison commune. Nous avons mutilé par la guerre le jardin de la Terre, nous avons blessé par le péché le cœur de notre Père qui nous veut frères et sœurs. Nous sommes devenus indifférents à tous et à tout, sauf à nous-mêmes. Et avec honte nous disons : pardonne-nous, Seigneur !

Dans la misère du péché, dans nos fatigues et nos fragilités, dans le mystère d’iniquité du mal et de la guerre, toi, Mère sainte, tu nous rappelles que Dieu ne nous abandonne pas et qu’il continue à nous regarder avec amour, désireux de nous pardonner et de nous relever. C’est Lui qui t’a donnée à nous et qui a fait de ton Cœur immaculé un refuge pour l’Église et pour l’humanité. Par bonté divine, tu es avec nous, et tu nous conduis avec tendresse, même dans les tournants les plus resserrés de l’histoire

Nous recourons donc à toi, nous frappons à la porte de ton Cœur, nous, tes chers enfants qu’en tout temps tu ne te lasses pas de visiter et d’inviter à la conversion. En cette heure sombre, viens nous secourir et nous consoler. Répète à chacun d’entre nous : “Ne suis-je pas ici, moi qui suis ta Mère?” Tu sais comment défaire les nœuds de notre cœur et de notre temps. Nous mettons notre confiance en toi. Nous sommes certains que tu ne méprises pas nos supplications et que tu viens à notre aide, en particulier au moment de l’épreuve.

C’est ce que tu as fait à Cana de Galilée, quand tu as hâté l’heure de l’intervention de Jésus et as introduit son premier signe dans le monde. Quand la fête était devenue triste, tu lui as dit : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Répète-le encore à Dieu, ô Mère, car aujourd’hui nous avons épuisé le vin de l’espérance, la joie s’est dissipée, la fraternité s’est édulcorée. Nous avons perdu l’humanité, nous avons gâché la paix. Nous sommes devenus capables de toute violence et de toute destruction. Nous avons un besoin urgent de ton intervention maternelle.

Reçois donc, ô Mère, notre supplique.
Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.
Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation.
Toi, “terre du Ciel”, ramène la concorde de Dieu dans le monde.
Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon.
Libère-nous de la guerre, préserve le monde de la menace nucléaire.
Reine du Rosaire, réveille en nous le besoin de prier et d’aimer.
Reine de la famille humaine, montre aux peuples la voie de la fraternité.
Reine de la paix, obtiens la paix pour le monde.

Que tes pleurs, ô Mère, émeuvent nos cœurs endurcis. Que les larmes que tu as versées pour nous fassent refleurir cette vallée que notre haine a asséchée. Et, alors que ne se tait le bruit des armes, que ta prière nous dispose à la paix. Que tes mains maternelles caressent ceux qui souffrent et qui fuient sous le poids des bombes. Que ton étreinte maternelle console ceux qui sont contraints de quitter leurs maisons et leur pays. Que ton Coeur affligé nous entraîne à la compassion et nous pousse à ouvrir les portes et à prendre soin de l’humanité blessée et rejetée.

Sainte Mère de Dieu, lorsque tu étais sous la croix, Jésus, en voyant le disciple à tes côtés, t’a dit : « Voici ton fils » (Jn 19, 26). Il t’a ainsi confié chacun d’entre nous. Puis au disciple, à chacun de nous, il a dit : « Voici ta mère » (v. 27). Mère, nous désirons t’accueillir maintenant dans notre vie et dans notre histoire. En cette heure, l’humanité, épuisée et bouleversée, est sous la croix avec toi. Et elle a besoin de se confier à toi, de se consacrer au Christ à travers toi. Le peuple ukrainien et le peuple russe, qui te vénèrent avec amour, recourent à toi, tandis que ton Cœur bat pour eux et pour tous les peuples fauchés par la guerre, la faim, l’injustice et la misère.

Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. Accueille cet acte que nous accomplissons avec confiance et amour, fais que cesse la guerre, assure au monde la paix. Le “oui” qui a jailli de ton Cœur a ouvert les portes de l’histoire au Prince de la paix ; nous espérons que la paix viendra encore par ton Cœur. Nous te consacrons l’avenir de toute la famille humaine, les nécessités et les attentes des peuples, les angoisses et les espérances du monde.

Qu’à travers toi, la Miséricorde divine se déverse sur la terre et que la douce palpitation de la paix recommence à rythmer nos journées. Femme du “oui”, sur qui l’Esprit Saint est descendu, ramène parmi nous l’harmonie de Dieu. Désaltère l’aridité de nos cœurs, toi qui es “source vive d’espérance”. Tu as tissé l’humanité de Jésus, fais de nous des artisans de communion. Tu as marché sur nos routes, guide-nous sur les chemins de la paix. Amen.

Texte: courtoisie de Libreria Editrice Vaticana.

Comprendre la délégation autochtone à Rome: quelques ressources utiles

(Image: courtoisie de Unsplash)

Entre le 28 mars et le 1er avril, une délégation de leaders autochtones, d’aînés et de survivants des pensionnats rencontrera le pape François à Rome pour discuter de l’implication de l’Église catholique dans les pensionnats du Canada ainsi que de leur impact durable sur les communautés autochtones.

Il s’agit d’une étape importante dans le processus de guérison et de réconciliation, un processus qui requiert la participation de l’ensemble de l’Église catholique au Canada et pas seulement de ceux qui étaient directement responsables ou qui ont été directement affectés. En tant que citoyens consciencieux et témoins du message de charité de l’Évangile, il est du devoir des catholiques canadiens d’être informés et conscients de l’implication de l’Église catholique dans les injustices commises à l’égard des peuples autochtones du Canada, ainsi que du travail accompli au sein de l’Église en vue de la guérison, de la réparation et de la réconciliation. Il est également important de comprendre où nous avons échoué en tant qu’Église.

Alors que nous nous préparons à ce moment important de notre chemin commun, de nombreuses personnes auront des questions sur les pensionnats et l’implication de l’Église. Voici quelques ressources pour vous aider à commencer à explorer ces questions.

Qu’étaient les pensionnats? Et que savons-nous de leur impact sur les individus et les communautés autochtones?

Vous pouvez lire des informations à leur sujet sur le site web du Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR). Si vous souhaitez aller plus loin et lire les rapports eux-mêmes, vous pouvez les acheter ou les obtenir gratuitement au format PDF.

Si vous préférez écouter des balados, Pensionnats indiens, une série en trois parties réalisée par Historica Canada, combine bien les faits historiques et les voix personnelles.

La meilleure façon de comprendre l’impact des pensionnats sur les personnes et les communautés autochtones est d’écouter leurs histoires. Heureusement, de plus en plus de survivants des pensionnats se sentent capables de partager leur expérience. La Fondation autochtone de l’espoir propose cette excellente série d’entretiens vidéo avec des survivants. Non montées et sans filtres, ces vidéos durent une demi-heure ou plus, mais elles valent bien le temps qu’il faut pour les regarder et les écouter. Aussi, si vous tapez simplement « histoires de survivants des pensionnats » dans un moteur de recherche en ligne (comme Google, Yahoo ou DuckDuckGo), vous pouvez avoir accès à de nombreux articles et vidéos.

Il est également important de réaliser que l’impact dévastateur du système des pensionnats s’étend au-delà des survivants immédiats, dans leurs familles et leurs communautés. Pour mieux comprendre les effets profonds des pensionnats, lisez sur le traumatisme intergénérationnel vécu par les communautés autochtones du Canada.

Comment et pourquoi l’Église catholique a-t-elle été impliquée dans les pensionnats?

Bien que les pensionnats, en tant que système, aient été une initiative du gouvernement, les écoles elles-mêmes n’étaient pas gérées par le gouvernement. Ce dernier a plutôt confié le travail à ceux qui étaient déjà établis dans le domaine de l’éducation et qui étaient souvent déjà présents dans les communautés autochtones: les églises chrétiennes.

Pour un compte rendu concis, équilibré et très lisible du rôle des églises dans les pensionnats (y compris une compréhension de la mentalité qui a inspiré ceux qui sont venus y travailler), lisez « Le rôle des Églises » dans le rapport de la CVR intitulé Ils sont venus pour les enfants (pages 13-15).

Où étaient situés les pensionnats?

Cette carte interactive est un bon point de départ.

Il existe 139 pensionnats autochtones officiellement reconnus. Parmi ceux-ci, 64 étaient gérés par des diocèses ou des ordres religieux de l’Église catholique romaine. Ce site web contient une liste de tous les pensionnats reconnus, indiquant les églises qui les géraient. Il comprend également une carte en couleur très utile, que vous pouvez télécharger. Une carte et une liste similaires peuvent également être téléchargées ici.

Qu’est-ce que la Commission de vérité et de réconciliation (CVR)?

Le CNVR fournit cette page web où vous pouvez vous renseigner sur la CVR, son mandat, le travail qu’elle a entrepris et les résultats de ce travail.

De manière générale, le site web du CNVR est une ressource extrêmement précieuse pour se renseigner sur le travail de la CVR et sur le travail continu d’éducation, de guérison et de réconciliation.

Qu’enseigne l’Église catholique sur les droits des peuples autochtones?

Bien qu’il n’existe pas de document ou d’ensemble de documents spécifiques sur les droits des peuples autochtones, la doctrine sociale de l’Église nous offre un cadre plus large dans lequel nous pouvons comprendre cette question particulière.

Le présent document de la CECC est un excellent point de départ, car il porte spécifiquement sur les droits des peuples autochtones au Canada. Il traite également de l’intersection entre l’enseignement de l’Église et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Il comporte une annexe très utile qui énumère une variété de discours pontificaux et de documents de l’Église qui correspondent aux droits énumérés dans la DNUDPA.

Quel travail a été accompli par la hiérarchie catholique au Canada en vue de la réconciliation avec les peuples autochtones?

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), la conférence épiscopale qui regroupe tous les évêques du pays, a une longue histoire de travail avec les peuples autochtones et de défense de leurs droits, qui remonte à sa fondation en 1943. Dès 1991, elle a présenté des excuses pour le rôle joué par de nombreux diocèses et ordres catholiques dans la destruction de la culture autochtone et les abus commis dans le cadre du système des pensionnats. Une chronologie des engagements de la CECC en faveur des droits des autochtones ainsi que des liens vers plusieurs de ces excuses sont disponibles ici.

Depuis 1998, les évêques canadiens sont assistés par le Conseil autochtone catholique du Canada, un groupe d’évêques et de laïcs autochtones spécialement nommé pour conseiller les évêques sur les besoins des peuples autochtones et sur la façon de promouvoir des relations de guérison et de réconciliation.

La CECC est également un participant fondateur du Cercle Notre-Dame-de-Guadalupe, « une coalition d’organismes et de personnes catholiques qui travaillent ensemble pour renouveler et promouvoir les relations avec les peuples autochtones au Canada ». Fondée en 2016, elle promeut le dialogue et la compréhension, ainsi que l’engagement dans le processus de vérité et de réconciliation.

Découvrez les initiatives de l’Église canadienne visant à approfondir la prise de conscience et la compréhension des besoins et des expériences des autochtones, ainsi qu’à promouvoir une relation de guérison et de réconciliation.

Toutefois, il s’agit d’initiatives nationales qui ne font qu’effleurer le travail accompli aux niveaux diocésain et local. Explorez le site web de votre diocèse pour en savoir plus sur ce qui se passe dans votre région.

Que puis-je faire?

Visitez le site Web de l’organisation Catholiques pour la vérité et la réconciliation. Ils ont créé une liste d’actions en faveur de la vérité et de la réconciliation qui s’inspire des 94 appels à l’action de la CVR. Lisez la liste, trouvez au moins une action à laquelle vous voulez participer et engagez-vous à tenir votre promesse.

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