Cette semaine à Église en Sortie, on parle de l’importance de la Vierge Marie dans l’enseignement de saint Jean-Paul II avec le prêtre et théologien Francis Gadoury f.m.j. On vous présente le 2e épisode de la série « Je suis Mission ». Et on s’entretient du livre « Une spiritualité du don » avec l’auteure et théologienne Anne Doran.
Liberté et confinement : où sont les chrétiens?
(Image: courtoisie de Pixabay)
Cette semaine a lieu la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Initiée en 1908, cette semaine de prière a pour but l’oecuménisme, c’est-à-dire la communication et le rapprochement entre toutes les dénominations chrétiennes. Par le passé, des célébrations étaient organisées un peu partout afin d’accueillir les autres communautés. À Montréal en particulier, certaines églises orthodoxes accueillent habituellement des catholiques et protestants dans leurs rites singuliers, et organisent des conférences sur des aspects de la foi orthodoxe. Une célébration oecuménique est également organisée alternativement dans une église catholique, presbytérienne ou orthdoxe. Cette année, la distanciation est de mise. Comment peut-on penser et vivre l’unité chrétienne sans cet élément essentiel qu’est la communion au sens de rassemblement?
Il est incontournable que c’est une année difficile pour l’ensemble des chrétiens. Les besoins spirituels des fidèles sont perçus comme non-essentiels alors même que les centres d’achats et les gyms étaient présentés comme tels il y a quelque temps. Il est donc compréhensible que de nombreux chrétiens se sentent peu écoutés par leurs gouvernements. Une fois que cela est dit, la situation actuelle est incontournable. La pandémie demeure, et les mesures de distanciation restent essentielles pour la traverser. Par ailleurs, nous ne sommes plus habitués à recevoir la réalité de notre époque avec résignation, car la modernité fournit l’illusion du choix en abondance. Nous pouvons choisir notre divertissement, nos vêtements, notre nourriture dans une diversité immensément plus vaste que jamais auparavant. Nous voguons sur des choix matériels et superficiels, et nous ignorons le plus souvent ce qu’est la conscience réellement libre.
Libérés par l’Esprit Saint
La liberté au sens chrétien est synonyme d’une vie intérieure enrichie par sa relation avec Dieu. Une personne complètement absorbée par Son amour suivra les commandements du Seigneur et cherchera à faire le bien, à agir en conséquence. Cette recherche du bien sera guidée par l’Esprit Saint, qui procure la vraie liberté. Où se trouve l’Esprit du Seigneur se trouve la liberté (2 Corinthiens 3:17). C’est dans cette parole que se transforme la notion banale de liberté comme possibilité d’agir. La transformation s’opère dès l’arrivée du Christ, lorsqu’il nous enseigne que l’exigence extérieure de suivre la loi de Dieu doit s’appuyer sur une exigence intérieure motivée par l’amour:
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. (Mt 22:37-40)
Le Christ nous invite à aimer Dieu de telle façon que nous n’ayons d’autre désir que de suivre sa volonté. Ainsi, tout en restant cohérentes avec la vision légaliste de l’Ancien Testament, les notions de liberté et de loi prennent un sens nouveau, plus conforme à nos aspirations humaines.
Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi (Galates 5:18). Certains ont supposé que cela voulait dire que les justes sont au-dessus de la loi, mais au contraire, ils vivent intimement celle-ci, au point que la soumission n’est plus requise. La volonté libre est pleinement engagée. Saint Thomas d’Aquin commente en ce sens la deuxième lettre aux Corinthiens de saint Paul : « On peut donc dire l’âme libre, non parce qu’elle se soumet à la loi divine, mais parce que, par l’effet de l’habitude bonne, elle incline à faire ce que la loi divine ordonne. » Cette perspective à la fois sur la vie intérieure et sur la liberté peut porter fruit dans la situation que vivent les chrétiens actuellement.
Unité et liberté: remèdes à l’individualisme
L’unité des chrétiens dépend de la liberté de chacun et de leur amitié avec Dieu. Il est possible qu’avant la pandémie, nous n’ayons jamais pensé à cela, et que nous concevions la notion de liberté au sens d’une simple capacité de faire ce qui nous plaît. Aujourd’hui, la liberté d’agir est remise en cause au profit d’un but collectif qui est d’éviter un trop grand nombre de malades et de décès liés à la pandémie. Cependant, une recherche de la liberté telle qu’envisagée par le Christ et par saint Paul est à notre portée à chaque instant. Elle implique toutefois une confiance et une espérance en Dieu. Nous ne pouvons choisir les paramètres de gestion de cette pandémie ; nous sommes impuissants face à ses effets et face aux effets des mesures sanitaires. Pourtant, Dieu nous veut libres, il veut que nos cœurs soient unis pour faire le bien là où il se présente. Par sa grâce, en dépit des mesures sanitaires restrictives, une liberté singulière inspirée par l’Esprit Saint nous est accessible.
Ainsi cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens tombe à point. C’est une occasion de nous demander comment percevons-nous l’unité? Par les médias sociaux? Par les rencontres joyeuses mais superficielles? Ou bien encore par une prière soutenue pour le salut du monde? En quoi nos amis chrétiens d’autres dénominations nous ressemblent, et qu’avons-nous en commun face à cette crise toute particulière? Il nous faut avoir confiance en l’amour de Dieu pour eux et pour le monde et s’unir à cet Amour. Nous pouvons tous et chacun être libres grâce à l’Esprit Saint, et c’est plus que jamais une occasion pour nous d’habiter cette liberté dans notre prière et dans notre conscience.
Une année de la famille pour 2021
(Photo: courtoisie de Pixabay)
Le 19 mars prochain sera le cinquième anniversaire d’Amoris Laetitia, l’encyclique du pape François sur la famille. Pour l’occasion, le pape confie tous les fidèles à la Sainte Famille, en particulier à saint Joseph dans le cadre d’une année de la « famille Amoris Laetitia ». Cela aura notamment pour conséquence que de nombreux outils pastoraux seront fournis aux paroisses et aux fidèles pour parler du pardon dans la famille et approfondir la préparation à la vie familiale. De nombreuses réflexions sur le contenu d’Amoris Laetitia seront partagées au courant de l’année.
La Sainte Famille comme exemple de société
Pour notre plus grand bonheur, et notre plus grande humilité, Dieu a choisi de se faire connaître au sein d’une famille, d’être un bébé dans les bras de sa mère. Il n’y a rien d’anodin dans cette arrivée ; elle nous montre par analogie que chaque famille a une place pour le Seigneur. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux (Mt, 18:20). Dieu a choisi le couple comme lieu privilégié pour sa création, et offre ses grâces à tous les mariés et à toutes les familles.
Ainsi, il donne une valeur et une voix à la vie familiale quotidienne. Chaque geste influence la foi et la sainteté de ses membres. Le repas familial est un exemple classique du partage et de la reconnaissance des dons du Seigneur pris en charge par les parents. La relation filiale elle-même peut être empreinte d’un amour divin, et sa destruction amène des conséquences très graves. Un parent qui demeure indifférent devant son enfant, ayant négligé les soins essentiels que Dieu lui a confiés, blesse son enfant durant toute sa vie. Au contraire, un parent qui est un exemple d’humilité, de patience et d’amour charitable touchera le cœur de son enfant pour toujours et l’aidera à rechercher les vertus humaines et divines.
La famille est par ailleurs l’unité élémentaire de la société, sa forme la plus essentielle. Aussi, elle est au cœur de l’éducation au monde et à la foi, et elle porte ses conséquences dans la société à plus grande échelle. Toutes les vertus peuvent être travaillées dans la famille et tous les vices rencontrés. C’est pour cette raison que le pape insiste autant sur l’importance capitale de la famille dans la formation et l’unité de nos sociétés.
Les paroles de la famille
Le pape mentionne trois paroles essentielles au bon fonctionnement de la famille: « S’il te plaît », « Merci » et « Excuse-moi ». Au lieu d’insister sur les notions d’autorité parentale, de liberté ou d’individualité, qui jouent chacune une part importante dans les dynamiques familiales, il présente les paroles dont chacun doit se porter garant. Trois courtes expressions extérieures d’un ensemble de grandes vertus intérieures: la patience et l’écoute, la reconnaissance et l’accueil, l’humilité et le pardon. Chaque personne dans le monde mettant en œuvre ces vertus fait un pas en avant vers la sainteté, vers l’accueil dans le Royaume des Cieux. Et nous avons chaque jour l’occasion de les pratiquer en famille, quelle joie immense! Le pape met ainsi en lumière la nécessaire simplicité dans l’exercice des vertus.
La pandémie et les familles sous pression
Cette pandémie met justement en péril non seulement la société en général, mais aussi chacune de ses petites sociétés. Le rythme de vie change, les enfants ne sont plus stimulés par des activités extérieures, les couples sont ensemble 24/7. La pression a déjà monté beaucoup et très vite dans plusieurs foyers, et nombreux sont les couples qui se sont brisés dans les derniers mois. C’est pour eux en particulier que le pape lance cette année de la « famille Amoris Laetitia », dans le but de renforcer « la pastorale de la préparation au mariage » et de soutenir « les familles blessées ». Il envoie aussi son soutien aux familles du milieu de la santé, qui vivent la fragilité de la famille dans de multiples dimensions, principalement celle de la santé physique et de la perte d’espérance.
La vocation familiale
La mission de la vie familiale est une mission ardue en temps normal, et rendue plus difficile encore en temps de crise. La bienveillance du pape François à l’égard des familles se fait remarquer depuis longtemps, et surtout lors de la publication d’Amoris Laetitia, une encyclique au style limpide et direct qui prend en compte les défis concrets des familles. Cette année dédiée à la famille sera d’ailleurs l’occasion d’intégrer davantage les familles aux structures diocésaines et paroissiales afin qu’un dialogue constant entre elles, les prêtres et les agents pastoraux nourrissent les enseignements sur la famille pour les générations à venir. La sagesse pratique accumulée des familles est une ressource inestimable non seulement pour l’enseignement pastoral, mais aussi pour l’unité de l’Église. Nous sommes sur un chemin difficile, mais la Sainte Famille guide chacun de nos pas, et ce, tout particulièrement cette année.
L’année dédiée à la famille proclamée par le pape François débutera à la fête de la Saint Joseph, le 19 mars, et se terminera le 26 juin 2022 avec la 10e rencontre mondiale des familles à Rome.
Noël et la Vierge Marie avec Thérèse Nadeau-Lacour
Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la figure de Marie dans les célébrations de la fête de Noël avec l’auteur et théologienne Thérèse Nadeau-Lacour. Sont notamment abordés les thèmes de l’Avent, de Noël, et de ce qu’implique son titre de « Mater et Magistra » c’est-à-dire de Mère et d’enseignante de vie spirituelle. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.
La Foi en temps de crise – Mgr René Guay, évêque de Chicoutimi
La Foi en temps de crise : Entrevue spéciale de Francis Denis avec Mgr René Guay, évêque de Chicoutimi sur les initiatives pastorales en temps de COVID-19.
Sur la route du diocèse de Trois-Rivières
Même s’il fut fondé le 8 juin 1852 par le bienheureux Pape Pie IX, le diocèse de Trois-Rivières a néanmoins une histoire qui remonte jusqu’au tout début de la Nouvelle-France. Présent sur l’ensemble du territoire de la Mauricie de la rive nord du fleuve Saint-Laurent, il s’étend de Maskinongé à Sainte-Anne-de-la-Pérade en passant par La Tuque, Shawinigan et Wemotaci. Neuvième évêque du lieu, Mgr Luc Bouchard nommé par le pape Benoît XVI en 2012 a fait du « Don de la Vie » le moteur de son action pastorale. Soucieux de répondre aux besoins spirituels et temporels des hommes et des femmes qui lui sont confiés, il accompagne une équipe à la hauteur des défis de l’annonce de l’Amour de Dieu au XXIe siècle. Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses », nous partons donc à la rencontre des différents visages du Peuple de Dieu dans cette région du Québec.
Sur la route du diocèse de Nicolet (2e partie)
Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses » nous poursuivons notre visite de l’Église envoyée à Nicolet. En effet, le diocèse de Nicolet, exemple d’une communauté en marche, est dédié corps et âme au bien-être spirituel et temporel de la portion du peuple de Dieu qui lui est confié. Que ce soit par sa présence constante auprès de la communauté autochtone, par l’originalité des nouvelles formes de célébration de la foi, son audace en faveur de la formation du peuple de Dieu ou par son souci d’incarner son espérance dans l’aujourd’hui de son action caritative, le diocèse de Nicolet s’inscrit pleinement dans le tournant missionnaire voulu par le pape François. Accompagné par Mgr André Gazaille, notre parcours nous emmènera auprès de la communauté autochtone d’Odanak où nous découvrirons les initiatives des maisonnées d’Évangile, de la maison diocésaine de formation et des parcours catéchétiques « GPS ». Dans cet épisode de « Sur la route des diocèses » nous partons donc à la rencontre des différents visages qui forment le peuple de Dieu dans cette région du Centre-du-Québec.
Toutes les émissions d’Église en Sortie sont également disponibles ICI
Sainte Marie-de-l’Incarnation avec Thérèse Nadeau-Lacour (1/2)
Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis reçoit la théologienne et auteur Thérèse Nadeau-Lacour pour un premier entretien sur la vie et l’œuvre de sainte Marie-de-l’Incarnation (1599-1672). Religieuse ursuline, fondatrice des Ursulines de la Nouvelle-France, cette mystique du « nouveau monde » est aujourd’hui considérée comme la mère de l’Église et de l’éducation au Québec. Dans cet épisode, sont abordés les différentes étapes de sa vie ainsi que la profondeur spirituelle d’une vie donnée au service de l’évangélisation et la construction de l’Église en Canada.
Lettre apostolique sur la signification de la crèche de Noël
(CNS photo/Vatican Media) Voici la lettre apostolique du pape François, « Admirabile signum« , sur la signification et la valeur de la crèche de Noël. Document signé lors de sa visite au sanctuaire de la crèche, à Greccio, le dimanche 1er décembre 2019:
1. Le merveilleux signe de la crèche, si chère au peuple chrétien, suscite toujours stupeur et émerveillement. Représenter l’événement de la naissance de Jésus, équivaut à annoncer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie. La crèche, en effet, est comme un Évangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Écriture. En contemplant la scène de Noël, nous sommes invités à nous mettre spirituellement en chemin, attirés par l’humilité de Celui qui s’est fait homme pour rencontrer chaque homme. Et, nous découvrons qu’Il nous aime jusqu’au point de s’unir à nous, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui. Par cette lettre je voudrais soutenir la belle tradition de nos familles qui, dans les jours qui précèdent Noël, préparent la crèche. Tout comme la coutume de l’installer sur les lieux de travail, dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, sur les places publiques… C’est vraiment un exercice d’imagination créative, qui utilise les matériaux les plus variés pour créer de petits chefs-d’oeuvre de beauté. On l’apprend dès notre enfance : quand papa et maman, ensemble avec les grands-parents, transmettent cette habitude joyeuse qui possède en soi une riche spiritualité populaire. Je souhaite que cette pratique ne se perde pas ; mais au contraire, j’espère que là où elle est tombée en désuétude, elle puisse être redécouverte et revitalisée.
2. L’origine de la crèche se trouve surtout dans certains détails évangéliques de la naissance de Jésus à Bethléem. L’évangéliste Luc dit simplement que Marie « mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (2, 7). Jésus est couché dans une mangeoire, appelée en latin praesepium, d’où la crèche. En entrant dans ce monde, le Fils de Dieu est déposé à l’endroit où les animaux vont manger. La paille devient le premier berceau pour Celui qui se révèle comme « le pain descendu du ciel » (Jn 6, 41). C’est une symbolique, que déjà saint Augustin, avec d’autres Pères, avait saisie lorsqu’il écrivait : « Allongé dans une mangeoire, il est devenu notre nourriture » (Serm. 189, 4). En réalité, la crèche contient plusieurs mystères de la vie de Jésus de telle sorte qu’elle nous les rend plus proches de notre vie quotidienne.
Mais venons-en à l’origine de la crèche telle que nous la comprenons. Retrouvons-nous en pensée à Greccio, dans la vallée de Rieti, où saint François s’arrêta, revenant probablement de Rome, le 29 novembre 1223, lorsqu’il avait reçu du Pape Honorius III la confirmation de sa Règle. Après son voyage en Terre Sainte, ces grottes lui rappelaient d’une manière particulière le paysage de Bethléem. Et il est possible que le Poverello ait été influencé à Rome, par les mosaïques de la Basilique de Sainte Marie Majeure, représentant la naissance de Jésus, juste à côté de l’endroit où étaient conservés, selon une tradition ancienne, les fragments de la mangeoire. Les Sources franciscaines racontent en détail ce qui s’est passé à Greccio. Quinze jours avant Noël, François appela un homme du lieu, nommé Jean, et le supplia de l’aider à réaliser un voeu : « Je voudrais représenter l’Enfant né à Bethléem, et voir avec les yeux du corps, les souffrances dans lesquelles il s’est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, lorsqu’il était couché dans un berceau sur la paille entre le boeuf et l’âne »[1]. Dès qu’il l’eut écouté, l’ami fidèle alla immédiatement préparer, à l’endroit indiqué, tout le nécessaire selon la volonté du Saint. Le 25 décembre, de nombreux frères de divers endroits vinrent à Greccio accompagnés d’hommes et de femmes provenant des fermes de la région, apportant fleurs et torches pour illuminer cette sainte nuit. Quand François arriva, il trouva la mangeoire avec la paille, le boeuf et l’âne. Les gens qui étaient accourus manifestèrent une joie indicible jamais éprouvée auparavant devant la scène de Noël. Puis le prêtre, sur la mangeoire, célébra solennellement l’Eucharistie, montrant le lien entre l’Incarnation du Fils de Dieu et l’Eucharistie. À cette occasion, à Greccio, il n’y a pas eu de santons : la crèche a été réalisée et vécue par les personnes présentes.
C’est ainsi qu’est née notre tradition : tous autour de la grotte et pleins de joie, sans aucune distance entre l’événement qui se déroule et ceux qui participent au mystère. Le premier biographe de saint François, Thomas de Celano, rappelle que s’ajouta, cette nuit-là, le don d’une vision merveilleuse à la scène touchante et simple : une des personnes présentes vit, couché dans la mangeoire, l’Enfant Jésus lui-même. De cette crèche de Noël 1223, « chacun s’en retourna chez lui plein d’une joie ineffable ».
3. Saint François, par la simplicité de ce signe, a réalisé une grande oeuvre d’évangélisation. Son enseignement a pénétré le coeur des chrétiens et reste jusqu’à nos jours une manière authentique de proposer de nouveau la beauté de notre foi avec simplicité. Par ailleurs, l’endroit même où la première crèche a été réalisée exprime et suscite ces sentiments. Greccio est donc devenu un refuge pour l’âme qui se cache sur le rocher pour se laisser envelopper dans le silence.
Pourquoi la crèche suscite-t-elle tant d’émerveillement et nous émeut-elle ? Tout d’abord parce qu’elle manifeste la tendresse de Dieu. Lui, le Créateur de l’univers, s’abaisse à notre petitesse. Le don de la vie, déjà mystérieux à chaque fois pour nous, fascine encore plus quand nous voyons que Celui qui est né de Marie est la source et le soutien de toute vie. En Jésus, le Père nous a donné un frère qui vient nous chercher quand nous sommes désorientés et que nous perdons notre direction ; un ami fidèle qui est toujours près de nous. Il nous a donné son Fils qui nous pardonne et nous relève du péché.Faire une crèche dans nos maisons nous aide à revivre l’histoire vécue à Bethléem. Bien sûr, les Évangiles restent toujours la source qui nous permet de connaître et de méditer sur cet Événement, cependant la représentation de ce dernier par la crèche nous aide à imaginer les scènes, stimule notre affection et nous invite à nous sentir impliqués dans l’histoire du salut, contemporains de l’événement qui est vivant et actuel dans les contextes historiques et culturels les plus variés.
D’une manière particulière, depuis ses origines franciscaines, la crèche est une invitation à « sentir » et à « toucher » la pauvreté que le Fils de Dieu a choisie pour lui-même dans son incarnation. Elle est donc, implicitement, un appel à le suivre sur le chemin de l’humilité, de la pauvreté, du dépouillement, qui, de la mangeoire de Bethléem conduit à la croix. C’est un appel à le rencontrer et à le servir avec miséricorde dans les frères et soeurs les plus nécessiteux (cf. Mt 25, 31-46).
4. J’aimerais maintenant passer en revue les différents signes de la crèche pour en saisir le sens qu’ils portent en eux. En premier lieu, représentons-nous le contexte du ciel étoilé dans l’obscurité et dans le silence de la nuit. Ce n’est pas seulement par fidélité au récit évangélique que nous faisons ainsi, mais aussi pour la signification qu’il possède. Pensons seulement aux nombreuses fois où la nuit obscurcit notre vie. Eh bien, même dans ces moments-là, Dieu ne nous laisse pas seuls, mais il se rend présent pour répondre aux questions décisives concernant le sens de notre existence : Qui suis-je ? D’où est-ce que je viens ? Pourquoi suis-je né à cette époque ? Pourquoi est-ce que j’aime ? Pourquoi est-ce que je souffre ? Pourquoi vais-je mourir ? Pour répondre à ces questions, Dieu s’est fait homme. Sa proximité apporte la lumière là où il y a les ténèbres et illumine ceux qui traversent l’obscurité profonde de la souffrance (cf. Lc 1, 79).
Les paysages qui font partie de la crèche méritent, eux aussi, quelques mots, car ils représentent souvent les ruines d’anciennes maisons et de palais qui, dans certains cas, remplacent la grotte de Bethléem et deviennent la demeure de la Sainte Famille. Ces ruines semblent s’inspirer de la Légende dorée du dominicain Jacopo da Varazze (XIIIème siècle), où nous pouvons lire une croyance païenne selon laquelle le temple de la Paix à Rome se serait effondré quand une Vierge aurait donné naissance. Ces ruines sont avant tout le signe visible de l’humanité déchue, de tout ce qui va en ruine, de ce qui est corrompu et triste. Ce scénario montre que Jésus est la nouveauté au milieu de ce vieux monde, et qu’il est venu guérir et reconstruire pour ramener nos vies et le monde à leur splendeur originelle.
5. Quelle émotion devrions-nous ressentir lorsque nous ajoutons dans la crèche des montagnes, des ruisseaux, des moutons et des bergers ! Nous nous souvenons ainsi, comme les prophètes l’avaient annoncé, que toute la création participe à la fête de la venue du Messie. Les anges et l’étoile de Bethléem sont le signe que nous sommes, nous aussi, appelés à nous mettre en route pour atteindre la grotte et adorer le Seigneur.
« Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître » (Lc 2, 15) : voilà ce que disent les bergers après l’annonce faite par les anges. C’est un très bel enseignement qui nous est donné dans la simplicité de sa description. Contrairement à tant de personnes occupées à faire mille choses, les bergers deviennent les premiers témoins de l’essentiel, c’est-à-dire du salut qui est donné. Ce sont les plus humbles et les plus pauvres qui savent accueillir l’événement de l’Incarnation. À Dieu qui vient à notre rencontre dans l’Enfant Jésus, les bergers répondent en se mettant en route vers Lui, pour une rencontre d’amour et d’étonnement reconnaissant. C’est précisément cette rencontre entre Dieu et ses enfants, grâce à Jésus, qui donne vie à notre religion, qui constitue sa beauté unique et qui transparaît de manière particulière à la crèche.
6. Dans nos crèches, nous avons l’habitude de mettre de nombreuses santons symboliques. Tout d’abord, ceux des mendiants et des personnes qui ne connaissent pas d’autre abondance que celle du coeur. Eux aussi sont proches de l’Enfant Jésus à part entière, sans que personne ne puisse les expulser ou les éloigner du berceau improvisé, car ces pauvres qui l’entourent ne détonnent pas au décor. Les pauvres, en effet, sont les privilégiés de ce mystère et, souvent, les plus aptes à reconnaître la présence de Dieu parmi nous. Les pauvres et les simples dans la crèche rappellent que Dieu se fait homme pour ceux qui ressentent le plus le besoin de son amour et demandent sa proximité. Jésus, « doux et humble de coeur » (Mt 11, 29), est né pauvre, il a mené une vie simple pour nous apprendre à saisir l’essentiel et à en vivre. De la crèche, émerge clairement le message que nous ne pouvons pas nous laisser tromper par la richesse et par tant de propositions éphémères de bonheur. Le palais d’Hérode est en quelque sorte fermé et sourd à l’annonce de la joie. En naissant dans la crèche, Dieu lui-même commence la seule véritable révolution qui donne espoir et dignité aux non désirés, aux marginalisés : la révolution de l’amour, la révolution de la tendresse. De la crèche, Jésus a proclamé, avec une douce puissance, l’appel à partager avec les plus petits ce chemin vers un monde plus humain et plus fraternel, où personne n’est exclu ni marginalisé. Souvent les enfants – mais aussi les adultes ! – adorent ajouter à la crèche d’autres figurines qui semblent n’avoir aucun rapport avec les récits évangéliques. Cette imagination entend exprimer que, dans ce monde nouveau inauguré par Jésus, il y a de la place pour tout ce qui est humain et pour toute créature. Du berger au forgeron, du boulanger au musicien, de la femme qui porte une cruche d’eau aux enfants qui jouent… : tout cela représente la sainteté au quotidien, la joie d’accomplir les choses de la vie courante d’une manière extraordinaire, lorsque Jésus partage sa vie divine avec nous.
7. Peu à peu, la crèche nous conduit à la grotte, où nous trouvons les santons de Marie et de Joseph. Marie est une mère qui contemple son enfant et le montre à ceux qui viennent le voir. Ce santon nous fait penser au grand mystère qui a impliqué cette jeune fille quand Dieu a frappé à la porte de son coeur immaculé. À l’annonce de l’ange qui lui demandait de devenir la mère de Dieu, Marie répondit avec une obéissance pleine et entière. Ses paroles : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38), sont pour nous tous le témoignage de la façon de s’abandonner dans la foi à la volonté de Dieu. Avec ce « oui » Marie est devenue la mère du Fils de Dieu, sans perdre mais consacrant, grâce à lui, sa virginité. Nous voyons en elle la Mère de Dieu qui ne garde pas son Fils seulement pour elle-même, mais demande à chacun d’obéir à sa parole et de la mettre en pratique (cf. Jn 2, 5).
À côté de Marie, dans une attitude de protection de l’Enfant et de sa mère, se trouve saint Joseph. Il est généralement représenté avec un bâton à la main, et parfois même tenant une lampe. Saint Joseph joue un rôle très important dans la vie de Jésus et de Marie. Il est le gardien qui ne se lasse jamais de protéger sa famille. Quand Dieu l’avertira de la menace d’Hérode, il n’hésitera pas à voyager pour émigrer en Égypte (cf. Mt 2, 13-15). Et ce n’est qu’une fois le danger passé, qu’il ramènera la famille à Nazareth, où il sera le premier éducateur de Jésus enfant et adolescent. Joseph portait dans son coeur le grand mystère qui enveloppait Jésus et Marie son épouse, et, en homme juste, il s’est toujours confié à la volonté de Dieu et l’a mise en pratique.
8. Le coeur de la crèche commence à battre quand, à Noël, nous y déposons le santon de l’Enfant Jésus. Dieu se présente ainsi, dans un enfant, pour être accueilli dans nos bras. Dans la faiblesse et la fragilité, se cache son pouvoir qui crée et transforme tout. Cela semble impossible, mais c’est pourtant ainsi : en Jésus, Dieu a été un enfant et c’est dans cette condition qu’il a voulu révéler la grandeur de son amour qui se manifeste dans un sourire et dans l’extension de ses mains tendues vers tous. La naissance d’un enfant suscite joie et émerveillement, car elle nous place devant le grand mystère de la vie. En voyant briller les yeux des jeunes mariés devant leur enfant nouveau-né, nous comprenons les sentiments de Marie et de Joseph qui, regardant l’Enfant Jésus, ont perçu la présence de Dieu dans leur vie. « La vie s’est manifestée » (1Jn 1, 2) : c’est ainsi que l’Apôtre Jean résume le mystère de l’Incarnation. La crèche nous fait voir, nous fait toucher cet événement unique et extraordinaire qui a changé le cours de l’histoire et à partir duquel la numérotation des années, avant et après la naissance du Christ, en est également ordonnée. La manière d’agir de Dieu est presque une question de transmission, car il semble impossible qu’il renonce à sa gloire pour devenir un homme comme nous. Quelle surprise de voir Dieu adopter nos propres comportements : il dort, il tète le lait de sa mère, il pleure et joue comme tous les enfants! Comme toujours, Dieu déconcerte, il est imprévisible et continuellement hors de nos plans. Ainsi la crèche, tout en nous montrant comment Dieu est entré dans le monde, nous pousse à réfléchir sur notre vie insérée dans celle de Dieu ; elle nous invite à devenir ses disciples si nous voulons atteindre le sens ultime de la vie.
9. Lorsque s’approche la fête de l’Épiphanie, nous ajoutons dans la crèche les trois santons des Rois Mages. Observant l’étoile, ces sages et riches seigneurs de l’Orient, s’étaient mis en route vers Bethléem pour connaître Jésus et lui offrir comme présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ces dons ont aussi une signification allégorique : l’or veut honorer la royauté de Jésus ; l’encens sa divinité; la myrrhe sa sainte humanité qui connaîtra la mort et la sépulture.
En regardant la scène de la crèche, nous sommes appelés à réfléchir sur la responsabilité de tout chrétien à être évangélisateur. Chacun de nous devient porteur de la Bonne Nouvelle pour ceux qu’il rencontre, témoignant, par des actions concrètes de miséricorde, de la joie d’avoir rencontré Jésus et son amour.
Les Mages nous enseignent qu’on peut partir de très loin pour rejoindre le Christ. Ce sont des hommes riches, des étrangers sages, assoiffés d’infinis, qui entreprennent un long et dangereux voyage qui les a conduits jusqu’à Bethléem (cf. Mt 2, 1-12). Une grande joie les envahit devant l’Enfant Roi. Ils ne se laissent pas scandaliser par la pauvreté de l’environnement ; ils n’hésitent pas à se mettre à genoux et à l’adorer. Devant lui, ils comprennent que, tout comme Dieu règle avec une souveraine sagesse le mouvement des astres, ainsi guide-t-il le cours de l’histoire, abaissant les puissants et élevant les humbles. Et certainement que, de retour dans leur pays, ils auront partagé cette rencontre surprenante avec le Messie, inaugurant le voyage de l’Évangile parmi les nations.
10. Devant la crèche, notre esprit se rappelle volontiers notre enfance, quand nous attendions avec impatience le moment de pouvoir commencer à la mettre en place. Ces souvenirs nous poussent à prendre de plus en plus conscience du grand don qui nous a été fait par la transmission de la foi ; et en même temps, ils nous font sentir le devoir et la joie de faire participer nos enfants et nos petits-enfants à cette même expérience. La façon d’installer la mangeoire n’est pas importante, elle peut toujours être la même ou être différente chaque année ; ce qui compte c’est que cela soit signifiant pour notre vie. Partout, et sous différentes formes, la crèche parle de l’amour de Dieu, le Dieu qui s’est fait enfant pour nous dire combien il est proche de chaque être humain, quelle que soit sa condition.
Chers frères et soeurs, la crèche fait partie du processus doux et exigeant de la transmission de la foi. Dès l’enfance et ensuite à chaque âge de la vie, elle nous apprend à contempler Jésus, à ressentir l’amour de Dieu pour nous, à vivre et à croire que Dieu est avec nous et que nous sommes avec lui, tous fils et frères grâce à cet Enfant qui est Fils de Dieu et de la Vierge Marie ; et à éprouver en cela le bonheur. À l’école de saint François, ouvrons notre coeur à cette grâce simple et laissons surgir de l’émerveillement une humble prière : notre « merci » à Dieu qui a voulu tout partager avec nous afin de ne jamais nous laisser seuls.
FRANÇOIS
Homélie du pape François au Sanctuaire de Şumuleu Ciuc en Roumanie
(Photo: CNS/Paul Haring) Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’homélie du pape François lors de la Messe au Sanctuaire marial de Şumuleu Ciuc en Roumanie:
Avec joie et reconnaissance à Dieu, je me trouve aujourd’hui avec vous, chers frères et sœurs, dans ce cher Sanctuaire marial, riche d’histoire et de foi, où, en tant qu’enfants, nous venons rencontrer notre Mère et nous reconnaître comme frères. Les sanctuaires, lieux quasi “sacramentels” d’une Église hôpital de campagne, gardent la mémoire du peuple fidèle qui, au milieu de ses épreuves, ne se lasse pas de chercher la source d’eau vive où rafraîchir son espérance. Ce sont des lieux de fête et de célébration, de larmes et de demandes. Nous venons aux pieds de la Mère, sans beaucoup de paroles, pour nous laisser regarder par elle et pour qu’avec son regard, elle nous mène à Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie (Jn 14, 6).
Nous ne le faisons pas de n’importe quelle manière, nous sommes des pèlerins. Ici, chaque année, le samedi de Pentecôte, vous vous rendez en pèlerinage pour honorer le vœu de vos aïeux et pour fortifier votre foi en Dieu et votre dévotion à la Vierge, représentée par cette statue monumentale en bois. Ce pèlerinage annuel appartient à l’héritage de la Transylvanie, mais il honore en même temps les traditions religieuses roumaines et hongroises ; y participent aussi des fidèles d’autres confessions et il est un symbole de dialogue, d’unité et de fraternité, un appel à retrouver les témoignages d’une foi devenue vie et d’une vie qui s’est faite espérance. Partir en pèlerinage, c’est savoir que nous venons comme peuple dans notre maison. C’est savoir que nous avons conscience de constituer un peuple. Un peuple dont les mille visages, les mille cultures, langues et traditions sont la richesse ; le saint Peuple fidèle de Dieu qui est en pèlerinage avec Marie, chantant la miséricorde du Seigneur. Si, à Cana en Galilée, Marie a intercédé auprès de Jésus pour qu’il accomplisse le premier miracle, dans chaque sanctuaire, elle veille et intercède non seulement auprès de son Fils mais aussi auprès de chacun de nous pour que nous ne nous laissions pas voler la fraternité par les voix et les blessures qui nourrissent la division et le cloisonnement. Les vicissitudes complexes et tristes du passé ne doivent pas être oubliées ou niées, mais elles ne peuvent pas constituer non plus un obstacle ou un argument pour empêcher une coexistence fraternelle désirée. Partir en pèlerinage signifie se sentir appelés et poussés à marcher ensemble, en demandant au Seigneur la grâce de transformer les rancœurs et les méfiances anciennes et actuelles en de nouvelles opportunités de communion ; c’est quitter nos sécurités et notre confort à la recherche d’une nouvelle terre que le Seigneur veut nous donner. Partir en pèlerinage, c’est le défi de découvrir et de transmettre l’esprit du vivre ensemble, de ne pas avoir peur de nous mélanger, de nous rencontrer et de nous aider. Partir en pèlerinage, c’est participer à cette marée un peu chaotique qui peut se transformer en une véritable expérience de fraternité, en une caravane toujours solidaire pour bâtir l’histoire (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 87). Partir en pèlerinage, c’est regarder non pas tant ce qui aurait pu être (et n’a pas été) mais tout ce qui nous attend et que nous ne pouvons pas reporter davantage. C’est croire au Seigneur qui vient et qui est au milieu de nous, promouvant et encourageant la solidarité, la fraternité, le désir du bien, de vérité et de justice (cf. ibid., n. 71). Partir en pèlerinage, c’est s’engager à lutter pour que ceux qui hier étaient demeurés en arrière deviennent les protagonistes de demain, et pour que les protagonistes d’aujourd’hui ne soient pas laissés en arrière demain. Et cela, chers frères et sœurs, requiert le travail artisanal de tisser ensemble l’avenir. C’est pourquoi nous sommes ici pour dire ensemble : Mère enseigne-nous à bâtir l’avenir.
Le pèlerinage dans ce sanctuaire tourne notre regard vers Marie et vers le mystère de l’élection de Dieu. Elle, une jeune fille de Nazareth, petite localité de Galilée, à la périphérie de l’empire romain et aussi à la périphérie d’Israël, a été capable par son ‘oui’ d’engager la révolution de la tendresse (cf. ibid., n.88). Le mystère de l’élection de Dieu qui pose son regard sur le faible pour confondre les forts, nous pousse et nous encourage nous aussi à dire “oui”, comme elle, comme Marie, afin de parcourir les chemins de la réconciliation. Chers frères et sœurs, ne l’oublions pas: celui qui risque, le Seigneur ne le déçoit pas! Marchons et marchons ensemble, prenons des risques, en laissant l’Évangile être le levain capable de tout imprégner et de donner à nos peuples la joie du salut, dans l’unité et dans la fraternité.
[00956-FR.02] [Texte original: Italien