Audience générale du pape François – mercredi 5 juin 2024

Éole soufflant le vent, Sant’Agata Bolognese, Bologne, Italie. Wikimedia Commons.

Le pape François a poursuivi son nouveau cycle catéchèse sur le thème « L’Esprit Saint et l’Épouse » lors de son audience générale hebdomadaire. Pensant à la liberté de l’Esprit Saint, il a affirmé que « l’Esprit fait et vit les institutions, mais lui-même ne peut être « institutionnalisé », « objectivé ». Citant 1 Corinthiens 12:11, il a continué en disant que « le vent souffle « où il veut », l’Esprit donne ses dons « comme il veut ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais réfléchir avec vous sur le nom par lequel l’Esprit Saint est désigné dans la Bible.

La première chose que nous connaissons d’une personne, c’est son nom. Il nous permet de l’appeler, de la distinguer et de nous souvenir d’elle. La troisième personne de la Trinité a également un nom : elle s’appelle l’Esprit Saint. Mais « Esprit » est la version latinisée. Le nom de l’Esprit, celui par lequel les premiers destinataires de la révélation l’ont connu, celui par lequel les prophètes, les psalmistes, Marie, Jésus et les Apôtres l’ont invoqué, est Ruach, ce qui signifie souffle, vent, respiration.

Dans la Bible, le nom est si important qu’il est presque identifié à la personne elle-même. Sanctifier le nom de Dieu, c’est sanctifier et honorer Dieu lui-même. Le nom n’est jamais une simple appellation conventionnelle : il dit toujours quelque chose de la personne, de son origine ou de sa mission. C’est aussi le cas du nom Ruach. Il contient la première révélation fondamentale sur la personne et la fonction de l’Esprit Saint.

En observant le vent et ses manifestations, les auteurs bibliques ont été conduits par Dieu à découvrir un “vent” d’une autre nature. Ce n’est pas un hasard si, à la Pentecôte, l’Esprit Saint est descendu sur les Apôtres accompagné d’“un violent coup de vent” (cf. Ac 2, 2). C’est comme si l’Esprit Saint voulait apposer sa signature sur ce qui se passait.

Qu’est-ce que son nom Ruach nous apprend donc sur l’Esprit Saint ? L’image du vent sert avant tout pour exprimer la puissance de l’Esprit Saint. L’expression “Esprit et puissance”, ou “puissance de l’Esprit”, est un binôme récurrent dans la Bible. En effet, le vent est une force impétueuse, une force indomptable, capable même de déplacer les océans.

Mais là encore, pour découvrir tout le sens des réalités bibliques, il ne faut pas s’arrêter à l’Ancien Testament, mais arriver à Jésus. À côté de la puissance, Jésus va mettre en évidence une autre caractéristique du vent, celle de la liberté. À Nicodème, qui lui rend visite la nuit, Jésus dit solennellement : « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jn 3,8).

Le vent est la seule chose que l’on ne peut pas brider, que l’on ne peut pas “mettre en bouteille” ou en boîte. Tentons de “mettre en bouteille” ou en boîte le vent : ce n’est pas possible, il est libre. Prétendre enfermer l’Esprit Saint dans des concepts, des définitions, des thèses ou des traités, comme le rationalisme moderne a parfois tenté de le faire, signifie le perdre, l’annuler, le réduire à l’esprit purement humain, un esprit simple. Mais il existe une tentation analogue dans le domaine ecclésiastique, celle de vouloir enfermer l’Esprit Saint dans des canons, institutions, définitions. L’Esprit crée et anime les institutions, mais lui-même ne peut être “institutionnalisé”, “chosifié”.  Le vent souffle “où il veut”, de même l’Esprit distribue ses dons “comme il veut” (1 Co 12,11).

Saint Paul en fera la loi fondamentale de l’agir chrétien : « Là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. » (2 Co 3,17) dit-il. Une personne libre, un chrétien libre, c’est celui qui a l’Esprit du Seigneur. Il s’agit d’une liberté très singulière, bien différente de ce que l’on entend communément. Il ne s’agit pas de la liberté de faire ce que l’on veut, mais de la liberté de faire librement ce que Dieu veut ! Non pas la liberté de faire le bien ou le mal, mais la liberté de faire le bien et de le faire librement, c’est-à-dire par attraction et non par contrainte. En d’autres termes, la liberté des enfants, et non des esclaves.

Saint Paul est bien conscient de l’abus ou de l’incompréhension que l’on peut faire de cette liberté ; il écrit aux Galates : « Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres » (Ga 5,13). Il s’agit d’une liberté qui s’exprime dans ce qui semble être son contraire, elle s’exprime dans le service, c’est la vraie liberté.

Nous savons bien quand cette liberté devient un “prétexte pour la chair”. Paul en donne une liste toujours actuelle : « inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre » (Ga 5,19-21). Mais il en va de même pour la liberté qui permet aux riches d’exploiter les pauvres, c’est une liberté hideuse, celle qui permet aux forts d’exploiter les faibles, et à tous d’exploiter l’environnement en toute impunité.  Et cette liberté est mauvaise, ce n’est pas la liberté de l’Esprit.

Frères et sœurs, où puisons-nous cette liberté de l’Esprit, si contraire à la liberté de l’égoïsme ? La réponse se trouve dans les paroles que Jésus a adressées un jour à ses auditeurs : « Si donc le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres » (Jn 8, 36). La liberté que nous donne Jésus. Demandons à Jésus de faire de nous, par son Esprit Saint, des hommes et des femmes vraiment libres. Libres de servir, dans l’amour et la joie. Je vous remercie !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Un Québécois à Mexico avec Jérôme Blanchet-Gravel

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis parle on discute du livre « Un Québécois à Mexico » avec son auteur, le journaliste et chroniqueur Jérôme Blanchet-Gravel . Sont notamment abordés les thèmes de son parcours personnel, de l’histoire et de la culture mexicaine, la place et la spécificité de son catholicisme, les dérives idéologiques occidentales et leur manifestation durant la pandémie ainsi que des différents constats sur la société québécoise. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

L’Église en temps de pandémie avec Mgr Christian Lépine

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient avec l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine pour parler de la vie spirituelle en 2021. Sont notamment abordés les thèmes de la pandémie, de la vie sacramentelle, de la peur de la mort et de la conversion missionnaire de l’Église au Québec.Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Utopie, tragédie et liberté

(Image: courtoisie de Wikimedia)

 

La recherche de perfection, l’idéal d’une société pleinement réconciliée avec elle-même et avec Dieu, traverse les époques et semble traduire une dimension profonde de la nature humaine. Au regard des imperfections, des misères de la vie sociale comme la guerre, la maladie et la faim, nombreux sont ceux qui, parmi nous, ressentent une indignation qui alimente un désir de changement, de transformation de la société, pour effacer de son visage les blessures de l’injustice et les cicatrices des conflits.

 

La tentation utopique

Le genre littéraire de l’utopie, vocable forgé par le saint martyr et écrivain Thomas More et qui signifie « nulle part », ou « en aucun lieu », est en un sens l’expression littéraire ou artistique de cette inclination humaine à rechercher dans l’ordre séculier, c’est-à-dire politique et social notamment, la réalisation d’une perfection introuvable, celle d’une société libérée des inégalités, des violences et des peines inévitables de l’expérience humaine.  

À l’utopie, on oppose le genre dystopique, qui représente souvent une société contrainte, ou les individus sont privés de liberté et soumis à quelque forme d’abus intolérable. Si l’utopie représente la société humaine parfaite, la dystopie représente au contraire la pire des sociétés. Le genre dystopique est omniprésent dans la culture occidentale moderne; on peut penser aux œuvres de Georges Orwell et d’Aldous Huxley. La dystopie incarne un univers puissant et son influence se traduit bien au-delà de la littérature, jusque dans le cinéma et les mentalités. Il prend un sens politique particulièrement prégnant durant la Guerre froide, qui oppose le libéralisme occidental au communisme soviétique, lui qui prétendait justement réaliser une société parfaite, libérée de contraintes séculaires. 

Le binôme utopie-dystopie n’est pas qu’un genre littéraire ou artistique. Il est la traduction d’une tension profondément enracinée dans le cœur de l’homme. Considérant l’utopie, ou la société politique parfaite, l’homme attend en un sens la réalisation sur Terre d’une unité entre l’homme et la société, entre l’homme et la nature, entre l’homme et Dieu, qui n’a de sens pour un chrétien que dans une perspective eschatologique. L’utopie, au sens politique du terme, est la tentation de chercher à réaliser sur Terre les promesses du Ciel. L’utopie politique est ainsi à distinguer de l’espérance chrétienne. 

 

Ignorer la tragédie de l’homme

La faiblesse de l’utopie politique, c’est d’ignorer le caractère fondamentalement tragique de l’expérience humaine, les réalités de la maladie, de la souffrance et de la mort qui marquent notre condition et auxquelles le Christ seul répond de manière pleinement satisfaisante par son action salvifique. Le christianisme est en ce sens la religion qui réconcilie le désir de perfection qui se trouve dans le cœur de l’homme avec la condition parfois pénible de son existence par la promesse certaine d’un retour vers le Père et de la participation à la société divine, que nul projet politique, légal, administratif ne peut réaliser ou même singer adéquatement. 

Ainsi, la tragédie de l’expérience humaine n’est pas pleinement comprise dans les diverses formes de misères spécifiquement matérielles qui la représentent de manière tangible mais n’en disent pas toute la vérité. La vraie tragédie de l’homme découle d’un mauvais usage de ses attributs les plus hauts, c’est-à-dire son aptitude à connaître et à exercer la liberté, parfois aux pires fins qui soient. C’est la tension entre la splendeur de la création avec l’homme à son sommet, fait à l’image et à la ressemblance de Dieu, et la capacité de l’homme à faire le mal qui a fait se questionner des penseurs à travers les âges sur le dessein de Dieu pour les hommes. 

 

Dans l’utopie, quelle liberté? 

On dit parfois que les idéologies politiques propres à la modernité, comme le communisme, le fascisme et le libéralisme, sont en un sens profond des hérésies chrétiennes, des dérivations sécularisées et perverties de la religion chrétienne authentique. L’exemple du communisme, dont le souvenir est aujourd’hui lointain pour plusieurs, est frappant en cela que, pour ses défenseurs, il visait la réalisation d’une société purifiée de ses imperfections, alors qu’il fut représenté par ses détracteurs comme un régime liberticide, s’attaquant de manière radicale à la nature politique et à la vocation spirituelle de l’homme. 

C’est ainsi que l’utopie et la dystopie se confondent. À la recherche d’une perfection que l’on ne peut attendre que de Dieu, d’une réunion entre la liberté de l’homme et la vérité de sa nature qui n’est possible que dans l’unité avec le Seigneur, les hommes ont voulu édifier à travers les âges des sociétés parfaites, libérées de la tragédie de l’expérience humaine. Or, rompre avant l’heure avec cette tragédie authentique et bien réelle, c’est priver l’homme de la liberté qu’il lui faut pour donner un assentiment méritoire à la vérité et se conformer au projet de Dieu pour lui dans l’amour, non dans la servilité. 

Le désir de perfection, la recherche d’unité et de communion, est profondément enraciné dans le cœur de l’homme, et en ce sens est excellent tant qu’il est dirigé vers sa véritable fin. L’utopie politique est cette déviation qui, incapable de soutenir le caractère tragique de notre condition et de porter son espérance en Christ, nous conduit à la privation de liberté dans la poursuite d’un idéal vain. L’utopie se transforme ainsi inévitablement en dystopie. Nous ne sommes pas appelés à faire descendre ici bas une « parodie de la Cité de Dieu » (Gilson, Les métamorphoses de la cité de Dieu, 1952), mais bien plutôt, en notre temps, à quitter la Cité de l’Homme pour être élevés par la Grâce aux réalités célestes.  

L’éthique en contexte pluraliste selon Joseph Ratzinger avec Stéphane Bürgi

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la loi naturelle dans la pensée du pape émérite Benoît XVI (Joseph Ratzinger) avec Stéphane Bürgi, spécialiste du religieux contemporain et Chargé de cours à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. Sont notamment abordés les thèmes de l’histoire des idées, des enjeux éthiques, du Bien commun, de la laïcité, de la crise climatique et du rôle de l’Église en 2021. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

 

Pour aller plus loin, la thèse de Doctorat de Stéphane Bürgi intitulée « La religion au service de la conscience éthique en contexte pluraliste: La proposition « ratzingérienne » » est disponible au lien suivant

Les intentions du Pape pour avril 2021: les droits fondamentaux

Rejoignez-nous en prière avec les intentions que nous confie le Pape! Durant le mois d’avril, nous prions pour les droits fondamentaux: 

Prions pour ceux qui luttent au péril de leur vie pour les droits fondamentaux sous les dictatures, les régimes autoritaires mais aussi dans les démocraties en crise pour que leur sacrifice et leur travail donnent un fruit abondant.

 

Regardez la Vidéo du Pape ci-dessous:

« Pour défendre les droits humains fondamentaux, il faut du courage et de la détermination.
Je me réfère ici à la lutte active contre la pauvreté, l’inégalité, le manque de travail, de terre et de logement, de droits sociaux et du travail.
On s’aperçoit bien des fois que les droits humains fondamentaux ne sont pas les mêmes pour tout le monde.
Il y a des gens de première, de deuxième, de troisième classe et ceux qui sont écartés.
Non. Les droits fondamentaux doivent être les mêmes pour tous.
Dans certains pays, défendre la dignité des personnes peut conduire à l’incarcération, parfois sans jugement. Ou à la calomnie.
Tout être humain a le droit de vivre dans la dignité et de se développer pleinement, et ce droit fondamental ne peut être nié par aucun pays.
Prions pour ceux qui luttent au péril de leur vie pour les droits fondamentaux sous les dictatures, les régimes autoritaires mais aussi dans les démocraties en crise pour que leur sacrifice et leur travail donnent un fruit abondant. »

 

Prière quotidienne

Vous pouvez accompagner les intentions de prière du Pape par cette prière d’offrande quotidienne:

Père très bon, en ce jour nouveau,
me voici devant Toi.
Unis mon cœur au Cœur de ton fils Jésus
qui s’offre pour moi dans l’Eucharistie.
Que l’Esprit Saint fasse de moi son ami et apôtre par la prière,
disponible à sa mission.
En communion avec Marie, mère de l’Église et notre mère,
avec mes frères et sœurs du Réseau Mondial de Prière,
je t’offre ma journée, ses joies et ses peines,
pour la mission de l’Église
et l’intention donnée ce mois-ci par le Pape.

 

Pour en apprendre plus sur l’Apostolat de la Priere, visitez le site du Réseau Mondial de la Prière.

 

Cliquez ici pour lire d’autres billets de blogues concernant les intentions du Pape.

Le Carême à l’ère numérique

(Photo: courtoisie de Pixabay)

Cette année, dans son homélie du Mercredi des cendres le Pape a prononcé une parole très évocatrice: Le voyage du Carême est un exode, un exode de l’esclavage à la liberté. Quelle formes d’esclavage pouvons-nous vivre aujourd’hui, alors que les droits et libertés de chacun sont reconnus et la communication est sans limites? La réponse se trouve à même certaines servitudes cachées, certaines tendances subtiles de notre époque qui nous affectent tous à certains degrés. Si l’ère du numérique nous a apporté un grand progrès, elle a aussi eu des conséquences sur notre contact avec Dieu et sa création. 

Les tentations numériques

Si nous pouvions mettre tout notre temps à nous rapprocher de Dieu, en évitant toute forme de distraction, nous pourrions goûter plus profondément à l’expérience de son Amour inconditionnel. Déjà, en étant marqués par le péché, nous avons toutes sortes de tentations qui nous éloignent naturellement de cette relation privilégiée. Nous tombons dans de nombreux excès d’orgueil, de gourmandise, d’avarice, etc. 

Il existe cependant des sources de distraction qui sont propres à notre époque, qui stimulent notre sens de la récompense instantanée: les téléphones intelligents, les jeux électroniques et les médias sociaux. Ayant émergé comme des outils permettant de faciliter la communication et le loisir, ces technologies se sont vite avérées être des sources de distraction sans fond qui absorbent chaque once d’attention que nous possédons. 

De plus, les médias sociaux affectent particulièrement l’image personnelle de nombreux adolescents et adolescentes. Au moment de la transformation physique la plus importante de leur vie, ceux-ci trouvent des millions de personnes auxquelles se comparer et qui sont susceptibles de juger leur apparence. Les réseaux sociaux offrent l’illusion d’une valeur quantifiée de son image corporelle et personnelle. Le nombre de ‘j’aime’ et le nombre d’abonnés ne sont en fait qu’un autre appel à s’enorgueillir. 

En d’autres termes, l’ère numérique semble être une ère du jugement et du divertissement. Où est la place pour la conversion, pour le retour vers le Christ?

Jeûne à la manière numérique

Le jeûne du Carême est bien connu. Depuis les débuts de l’Église, un ensemble de pratiques de jeûne sont maintenues par les fidèles. Aujourd’hui, elles se sont considérablement adoucies, le vrai jeûne n’étant demandé par l’Église qu’au Mercredi des cendres et au Vendredi Saint, et ce, en excluant les enfants, adolescents, les personnes âgées ainsi que les femmes enceintes. Pendant le Carême, une sorte de jeûne mineur est encouragé, en plus de l’aumône et de la prière. C’est pourquoi certains arrêtent de consommer du chocolat ou de l’alcool. 

Fondamentalement, le jeûne se rapporte à l’alimentation, mais par analogie, nous pouvons entamer toutes sortes de jeûnes. Le principe est celui de la conversion. Nous cherchons, en temps de Carême, à nous tourner vers Dieu, à améliorer notre relation avec lui. Nous pouvons difficilement faire cela si nous nous laissons toujours distraire par les réseaux sociaux, la télévision, et les jeux électroniques. 

Un jeûne numérique est peut-être le jeûne le plus profitable pour nombreux d’entre nous. Évidemment, la pandémie ne permet pas un jeûne numérique total, mais on peut tout de même tenter de diminuer notre temps d’écran pour se rapprocher de Dieu et lui offrir des  temps de silence.

Retour vers Dieu

L’origine latine de divertissement est diverto, se détourner de, qui exprime l’opposé de converto, se tourner vers, la racine du mot conversion. Ces deux mouvements très simples nous permettent de comprendre l’enseignement du Pape selon lequel le Carême est un voyage de retour vers Dieu, en même temps d’être un exode de l’esclavage à la liberté. 

Nous pouvons même voir que le passage de l’esclavage vers la liberté est un voyage vers Dieu, car Dieu est le seul à pouvoir nous rendre véritablement libre. En se rapprochant de lui, notre compréhension de la liberté s’aiguise et nous en donne une définition plus complète et précise. Non plus comme la « liberté » de faire n’importe quoi, mais plutôt notre capacité à rechercher et faire le bien.

Quel est alors notre esclavage? L’esclavage est celui du péché certes, mais ce dernier prend des formes diverses pour chacun. De mon côté, la vie numérique, les réseaux sociaux plus généralement, m’éloignent souvent de Dieu. C’est pourquoi c’est un jeûne numérique que j’entame. Quoique le Christ ou les Pères de l’Église n’aient pas présagé l’arrivée de notre monde virtuel, ils nous avaient déjà donné les principes pour en détecter le vice inhérent.

Rester en contact

Il existe une autre forme de communication qui, elle, est grandement utile à notre foi: la prière. Elle implique des choses que l’on a tendance à fuir: le silence et l’arrêt. Occuper chaque seconde avec un bruit ou une image est dangereux, car on passe ainsi à côté de chaque opportunité d’écouter l’Esprit Saint et de rendre grâce à Dieu. Le Carême est ainsi une chance inouïe d’affronter le silence, laisser de côté les tablettes et offrir notre temps “d’ennui” à Dieu pour que, transfigurés avec Lui, nous vivions chaque instant dans toute sa beauté et sa force.

Les intentions du Pape pour les femmes victimes de violence

(Photo: courtoisie de Pixabay)

La tradition de transmettre au monde entier les intentions du pape existe depuis plus de 150 ans, mais depuis deux ans, une nouvelle initiative a été mise en place pour les promouvoir et les faire circuler: le Réseau Mondial de Prière du Pape. Par l’entremise d’une immersion dans le monde de l’internet et du vidéo, le Pape peut maintenant partager ses intentions sur des sujets qui nous concernent de près. Durant le mois de février, les intentions sont centrées sur les femmes victimes de violence. Le pape nous invite à prier ainsi: 

Prions pour les  femmes victimes de violence, afin qu’elles soient protégées par la société et que leurs souffrances soient prises en compte et écoutées. 

L’objectif de ces intentions est de nous faire reconnaître la présence et le soutien de Dieu en toutes circonstances ainsi que la force de la prière pour renforcer notre foi, notre capacité à faire le bien ainsi que notre unité en tant qu’Église du Christ.

Les femmes victimes de violence: qui sont-elles?

Le plus souvent, les femmes victimes de violence le sont aux mains des membres de leurs familles. L’ONU rapporte qu’environ 137 femmes par jour sont tuées par un membre de leur famille dans le monde. En 2017, 87 000 femmes ont été tuées intentionnellement, dont plus de la moitié par un conjoint ou un membre de leur famille. Ces femmes qui subissent de la violence sont donc prises au piège dans leur propre cercle intime. Ce ne sont pas des actes de violence au hasard ou liés au crime organisé ; ces mêmes gens censés vivre l’amour et la confiance avec ces femmes les trahissent et leur enlèvent la vie. 

Au Québec, on rapporte que 78% des cas de violence conjugale sont subis par des femmes. La violence que peuvent subir les hommes est généralement d’une nature tout à fait différente. Les femmes souffrent le plus en termes non seulement de violence conjugale, mais aussi de violence sexuelle, les deux formes de violence qui affectent l’intimité, la confiance, le sens de soi et de sa propre sécurité le plus profondément. 

L’ONU rapporte que 35% des femmes dans le monde ont déjà subi de la violence sexuelle. Au Canada, la proportion de femmes victimes de violence en général n’est qu’un peu plus élevée que celle d’hommes victimes de violence. Toutefois, quand on observe le taux de violence sexuelle, 29% de ce type de violence est subie par les femmes, contre 6% pour les hommes. Il faut ajouter que ces chiffres ne représentent que les cas déclarés c’est-à-dire, les femmes qui ont affronté le système de justice. Bien des femmes restent dans l’ombre par peur de représailles, de jugement ou tout simplement de voir leur cause abandonnée par faute de preuves matérielles. 

Justice et prière: des alliées insoupçonnées

Les systèmes de justice sont certes imparfaits. Il faut une force surnaturelle, qui touche le cœur des gens au plus profond d’eux-mêmes pour espérer changer les choses. Voilà où Dieu s’invite. La prière n’est pas un système alternatif dépourvu de tout impact sur nos sociétés. La prière est un outil puissant, car il nous permet d’actualiser le lien entre ciel et terre, entre Dieu et nous. Chaque fois que nous prions, nous nous tournons vers Dieu, nous lui faisons confiance pour soutenir l’œuvre du bien en ce monde. 

Le fait que le pape présente ces intentions à l’Église universelle n’est pas anodin non plus. Elles nous demandent de reconnaître que nous sommes pécheurs. Il y en parmi nous qui ont été victimes de violence, et d’autres qui ont été violents envers leur épouse. Le Pape nous invite ainsi à nous regarder nous-mêmes, à prier pour notre Église, pour tous ceux qui ont lancé des pierres à Marie Madeleine sans se demander si eux-mêmes n’avaient pas quelque chose à se reprocher d’abord. 

Le Christ a défendu une femme mal vue par la société et l’a sauvée in extremis de la violence qui allait s’abattre sur elle. Même si elle avait effectivement péché, il a préféré la pardonner et l’aimer, n’est-ce pas magnifique? Il savait qu’aucune femme, si pécheresse soit-elle, mérite ainsi la souffrance et le mal. Il nous enseigne aussi que le jugement n’est pas de notre ressort, mais du Sien. Nous sommes l’Église du Christ, et nous devons, comme lui, faire attention aux filles et femmes qui nous entourent, et, surtout, prendre soin de transmettre ce respect à nos fils.

Être dans le monde avec Dieu

Il est facile d’oublier que chaque relation, chaque interaction de nos vies est empreinte de la présence de Dieu. Bien sûr, nous sommes appelés à chercher le salut et à espérer entrer dans le Royaume des Cieux, mais nous sommes aussi dans le monde. Le mal existe, et personne en cette vie n’est épargné par sa présence, qui prend des formes parfois terribles. Prier Dieu pour le bien de toute l’humanité, mais tout particulièrement pour toutes celles qui souffrent de la main de ceux-là même qui devraient les chérir, voilà ce à quoi nous invite le pape François en ce mois de février. Ainsi, comme Dieu est avec nous dans cette prière, il sera aussi avec elles et avec ceux qui ont le pouvoir de changer les choses. 

Vous pouvez visionner le vidéo des intentions de prières du pape François du mois de février réalisé par le Réseau Mondial de Prière du Pape (Apostolat de la prière)
https://thepopevideo.org/?lang=fr

Liberté et confinement : où sont les chrétiens?

(Image: courtoisie de Pixabay)

Cette‌ ‌semaine‌ ‌a‌ ‌lieu‌ ‌la‌ ‌semaine‌ ‌de‌ ‌prière‌ ‌pour‌ ‌l’unité‌ ‌des‌ ‌chrétiens.‌ ‌Initié‌e ‌en‌ ‌1908,‌ ‌cette‌ ‌semaine‌ ‌de‌ ‌prière‌ ‌a‌ ‌pour‌ ‌but‌ ‌l’oecuménisme,‌ ‌c’est-à-dire‌ ‌la‌ ‌communication‌ ‌et‌ ‌le‌ ‌rapprochement‌ ‌entre‌ ‌toutes‌ ‌les‌ ‌dénominations‌ ‌chrétiennes.‌ ‌Par‌ ‌le‌ ‌passé,‌ ‌des‌ ‌célébrations‌ ‌étaient‌ ‌organisées‌ ‌un‌ ‌peu‌ ‌partout‌ ‌afin‌ ‌d’accueillir‌ ‌les‌ ‌autres‌ ‌communautés.‌ ‌À‌ ‌Montréal‌ ‌en‌ ‌particulier,‌ ‌certaines‌ ‌églises‌ ‌orthodoxes‌ ‌accueillent habituellement‌ ‌des‌ ‌catholiques‌ ‌et‌ ‌protestants‌ ‌dans‌ ‌leurs‌ ‌rites‌ ‌singuliers,‌ ‌et‌ ‌organisent‌ ‌des‌ ‌conférences‌ ‌sur‌ ‌des‌ ‌aspects‌ ‌de‌ ‌la‌ ‌foi‌ ‌orthodoxe.‌ ‌Une‌ ‌célébration‌ ‌oecuménique‌ ‌est ‌également‌ ‌organisée‌ ‌alternativement‌ ‌dans‌ ‌une‌ ‌église‌ ‌catholique,‌ ‌presbytérienne‌ ‌ou‌ ‌orthdoxe.‌ ‌Cette‌ ‌année,‌ ‌la‌ ‌distanciation‌ ‌est‌ ‌de‌ ‌mise.‌ ‌Comment‌ ‌peut-on‌ ‌penser‌ ‌et‌ ‌vivre‌ ‌l’unité‌ ‌chrétienne‌ ‌sans‌ ‌cet‌ ‌élément‌ ‌essentiel‌ ‌qu’est‌ ‌la‌ ‌communion‌ ‌au‌ ‌sens‌ ‌de‌ ‌rassemblement?‌ ‌

Il est incontournable que c’est une année difficile pour l’ensemble des chrétiens. Les besoins spirituels des fidèles sont perçus comme non-essentiels alors même que les centres d’achats et les gyms étaient présentés comme tels il y a quelque temps. Il est donc compréhensible que de nombreux chrétiens se sentent peu écoutés par leurs gouvernements. Une fois que cela est dit, la situation actuelle est incontournable. La pandémie demeure, et les mesures de distanciation restent essentielles pour la traverser. Par ailleurs, nous ne sommes plus habitués à recevoir la réalité de notre époque avec résignation, car la modernité fournit l’illusion du choix en abondance. Nous pouvons choisir notre divertissement, nos vêtements, notre nourriture dans une diversité immensément plus vaste que jamais auparavant. Nous voguons sur des choix matériels et superficiels, et nous ignorons le plus souvent ce qu’est la conscience réellement libre.

Libérés par l’Esprit Saint

La liberté au sens chrétien est synonyme d’une vie intérieure enrichie par sa relation avec Dieu. Une personne complètement absorbée par Son amour suivra les commandements du Seigneur et cherchera à faire le bien, à agir en conséquence. Cette recherche du bien sera guidée par l’Esprit Saint, qui procure la vraie liberté. Où se trouve l’Esprit du Seigneur se trouve la liberté (2 Corinthiens 3:17). C’est dans cette parole que se transforme la notion banale de liberté comme possibilité d’agir. La transformation s’opère dès l’arrivée du Christ, lorsqu’il nous enseigne que l’exigence extérieure de suivre la loi de Dieu doit s’appuyer sur une exigence intérieure motivée par l’amour:

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. (Mt 22:37-40)

Le Christ nous invite à aimer Dieu de telle façon que nous n’ayons d’autre désir que de suivre sa volonté. Ainsi, tout en restant cohérentes avec la vision légaliste de l’Ancien Testament, les notions de liberté et de loi prennent un sens nouveau, plus conforme à nos aspirations humaines.

Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi (Galates 5:18). Certains ont supposé que cela voulait dire que les justes sont au-dessus de la loi, mais au contraire, ils vivent intimement celle-ci, au point que la soumission n’est plus requise. La volonté libre est pleinement engagée. Saint Thomas d’Aquin commente en ce sens la deuxième lettre aux Corinthiens de saint Paul : « On peut donc dire l’âme libre, non parce qu’elle se soumet à la loi divine, mais parce que, par l’effet de l’habitude bonne, elle incline à faire ce que la loi divine ordonne. » Cette perspective à la fois sur la vie intérieure et sur la liberté peut porter fruit dans la situation que vivent les chrétiens actuellement.

Unité et liberté: remèdes à l’individualisme

L’unité des chrétiens dépend de la liberté de chacun et de leur amitié avec Dieu. Il est possible qu’avant la pandémie, nous n’ayons jamais pensé à cela, et que nous concevions la notion de liberté au sens d’une simple capacité de faire ce qui nous plaît. Aujourd’hui, la liberté d’agir est remise en cause au profit d’un but collectif qui est d’éviter un trop grand nombre de malades et de décès liés à la pandémie. Cependant, une recherche de la liberté telle qu’envisagée par le Christ et par saint Paul est à notre portée à chaque instant. Elle implique toutefois une confiance et une espérance en Dieu. Nous ne pouvons choisir  les paramètres de gestion de cette pandémie ; nous sommes impuissants face à ses effets et face aux effets des mesures sanitaires. Pourtant, Dieu nous veut libres, il veut que nos cœurs soient unis pour faire le bien là où il se présente. Par sa grâce, en dépit des mesures sanitaires restrictives, une liberté singulière inspirée par l’Esprit Saint nous est accessible.

Ainsi cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens tombe à point. C’est une occasion de nous demander comment percevons-nous l’unité? Par les médias sociaux? Par les rencontres joyeuses mais superficielles? Ou bien encore par une prière soutenue pour le salut du monde? En quoi nos amis chrétiens d’autres dénominations nous ressemblent, et qu’avons-nous en commun face à cette crise toute particulière? Il nous faut avoir confiance en l’amour de Dieu pour eux et pour le monde et s’unir à cet Amour. Nous pouvons tous et chacun être libres grâce à l’Esprit Saint, et c’est plus que jamais une occasion pour nous d’habiter cette liberté dans notre prière et dans notre conscience.

De l’action de grâce à la grâce de l’action

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Chaque année, le 11 novembre, nous célébrons le Jour du Souvenir afin de ne pas oublier que la société dans laquelle nous vivons, loin de s’être construite toute seule, est l’œuvre de ceux qui nous ont précédés et qui sont allés jusqu’à offrir l’ultime sacrifice. Parfois, nous avons l’impression que la paix et le bon fonctionnement de notre société vont de soi, que c’est une chose évidente et qu’il serait impossible qu’il en soit autrement. Ce n’est pas le cas et le Jour du Souvenir est l’occasion idéale pour en prendre conscience.

Action de Grâce

Notre foi chrétienne nous enseigne de toujours garder à l’esprit la beauté et l’immensité du monde et des réalités qui le composent. L’attitude fondamentale du chrétien est donc une posture d’émerveillement perpétuel devant la création ainsi que l’œuvre de salut opérée par Jésus-Christ. Cependant, cette perspective ne doit pas nous enlever notre lucidité à déceler les nombreuses injustices qui existent aussi. En effet, depuis le péché originel, le cœur de l’homme est blessé et est porté à renier l’Ordre établi par Dieu, et à ne pas respecter les principes d’une « écologie intégrale » telle que nous l’enseigne l’encyclique Laudato Sì.  Devant cet état de fait, nous ne devons pas non plus tomber dans le désespoir et le cynisme en nous repliant sur nous-mêmes.

Comment donc garder un juste équilibre entre les deux extrêmes d’un éblouissement naïf ou du découragement ? C’est une tension continuelle que nous devons gérer à la fois comme personne et comme société. En ce sens la célébration des défunts disparus au combat, mort pour notre pays, aide à trouver cet équilibre. Qui voudrait vivre dans une société qui ferait comme si rien ne s’était produit? La commémoration du Jour du Souvenir permet donc cette nécessaire action de grâce envers Dieu et nos disparus en rendant leur sacrifice présent pour nous.

Grâce de l’action

Cette ingratitude toujours possible est dommageable, non seulement, parce qu’elle encourage l’égoïsme mais également parce qu’elle nous rend étranger à la volontés même des défunts. Si nous voulons que notre société se développe en cohérence avec ses principes de liberté et de solidarité, nous devons être fidèles à l’héritage qu’ils nous ont laissé. Faire mémoire de leur travail et de leur courage est donc à la citoyenneté ce que la nourriture est à la croissance.

De plus, lorsque nous faisons mémoire de ceux qui ont tout donné pour la paix et la liberté, nous prenons conscience que ces deux réalités ne sont pas que des concepts abstraits. Effectivement, on se rend ainsi compte qu’elles sont des œuvres perpétuelles auxquelles nous devons participer par notre engagement personnel et concret. La paix, la liberté ainsi que l’ordre social, qu’elles présupposent, sont donc les fruits du travail de tous. Faire mémoire de ceux qui sont allés jusqu’à mourir pour nous préserver de la tyrannie et de la violence peut nous aider à rendre grâce à Dieu pour tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont assumé cette responsabilité jusqu’au bout et, ainsi, nous aider à faire de même.

« La mémoire est une faculté qui oublie » dit-on parfois. Des journées comme aujourd’hui sont donc bien adaptées à cette faiblesse de notre nature. Soyons donc reconnaissants à toutes ces personnes mortes au combat. Malgré le silence apparent des cimetières d’où elles s’adressent à nous aujourd’hui, mettons-nous à leur écoute sachant que, si nous l’avons fait pour eux, sans doute d’autres le feront-ils un jour pour nous. Ce sera le signe que, joint à leur sacrifice, notre travail aura porté les mêmes fruits de paix et de liberté.

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