Église en sortie 11 novembre 2016

Cette semaine à Église en sortie, nous recevons Jonathan Guilbault qui nous parle des Éditions Novalis et de son livre-entretien avec Charles Taylor Les avenues de la foi. On vous présente un reportage sur la Messe des vocations de l’archidiocèse de Montréal. Et dans la troisième partie de l’émission, nous vous présentons une entrevue réalisée avec Antoine Malenfant, rédacteur en chef de la revue Le Verbe, qui nous parle les nouveautés de cette revue bien de chez nous.

Église en sortie 4 novembre 2016

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit Mme Anne Leahy, diplomate de carrière et professeur à l’Université McGill, nous parle des relations diplomatiques du Canada et du Saint-Siège. Nous vous présentons un reportage sur les États généraux de la Commémoration organisé par le Mouvement national des Québécois et Québécoises. Dans la troisième partie de l’émission, Padre Guy Chapdelaine, aumônier général des Forces armées canadiennes nous parle de son ministère pastoral.

L’oecuménisme, un chemin de conversion commun

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CNS/Paul Haring

Cette semaine, le pape François inaugurait un nouveau chapitre des relations entre catholiques et luthériens par un voyage en Suède. En effet, l’un des objectifs de ce voyage apostolique était de souligner le 500e anniversaire de la Réforme opérée par Martin Luther. Pour l’occasion, avaient été organisées plusieurs rencontres et cérémonies au cours desquelles le pape François et les plus hautes autorités luthériennes ont pu témoigner de leur volonté réciproque de rapprochement. En ce sens, la signature d’une Déclaration commune restera certainement l’héritage par excellence de cette visite historique.

Une commémoration dans la vérité

Dans un premier temps, il est intéressant de noter que le mot « célébration » fut clairement évité par le document. En effet, on ne peut passer sous silence les blessures réciproques que ce schisme a pu causer dans la vie de beaucoup de personnes. Dans le cas des Suédois, contrairement à la France par exemple, il est reconnu que c’est plutôt les catholiques qui furent l’objet de différentes persécutions causées par la récupération politique de la Réforme par le Roi Gustave Vasa (1496-1560).

Toutefois, la reconnaissance de la vérité historique ne devrait pas être un obstacle mais la condition même d’une réconciliation. En effet, le pardon ne peut être authentique que lorsqu’il y a reconnaissance des fautes entre nous et devant Dieu. «Alors que nous sommes profondément reconnaissants pour les dons spirituels et théologiques reçus à travers la Réforme » peut-on lire dans la Déclaration, « nous confessons aussi et déplorons devant le Christ que Luthériens et Catholiques ont blessé l’unité visible de l’Église » .

Ainsi, bien que la Réforme et son histoire ne méritent pas le terme de « célébration », les relations présentes entre l’Église catholique et la communauté chrétienne luthérienne peuvent, elles, être célébrées.

Entre célébration et conversion

Plusieurs éléments des relations entre luthériens et catholiques méritent en effet des éloges. C’est le cas des efforts déployés dans les 50 dernières années. Que ce soit dans l’engagement réciproque à la réconciliation théologique ou dans les nombreux témoignages communs pour une justice sociale confessante, les deux institutions chrétiennes peuvent se féliciter d’avoir su mettre un trait sur les conséquences négatives héritées du passé.

Par contre, la Déclaration souligne également le besoin conjoint de conversion afin que soit accompli le souhait du Christ « Que tous soient un » (Jn 17, 21). En ce sens, le document souligne le risque continuel que représente la récupération politique de la religion et dont les présentes divisions sont en grande partie la conséquence. C’est pourquoi, « Notre foi commune en Jésus-Christ et notre baptême réclament de nous une conversion quotidienne par laquelle nous rejetons les désaccords et les conflits historiques qui empêchent le ministère de la réconciliation. »

Enfin, nous pouvons noter que ce nouvel engagement et cette vigilance constante et soucieuse d’être fidèles au Christ permettront, à la fois, la guérison des blessures et le pardon « à ceux qui nous ont offensés » ainsi qu’une ouverture à de nouvelles possibilités missionnaires. En effet, devant un monde qui s’éloigne de plus en plus de la liberté promise par le Christ, les chrétiens doivent mettre de côté leurs divisions qui scandalisent pour offrir un témoignage commun qui édifie. De cet engagement renouvelé de fidélité au Christ, nous ne pouvons qu’être certains que Celui-ci nous récompensera de ce don de l’Unité, vers ce but ultime qu’est « recevoir l’Eucharistie à une même table » .

De ce voyage apostolique en Suède, l’histoire retiendra forcément un soutien spirituel du Servus servorum Dei (Serviteur des serviteurs de Dieu) à la communauté catholique du Royaume mais également une nouvelle étape sur le chemin de l’unité des chrétiens.

Visite du Pape en Suède: Angelus au stade de Malmö

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CNS/Paul Haring

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François lors de l’Angelus suivant la Messe au stade de Malmö, Suède:

En terminant cette célébration, je voudrais remercier Mgr Anders Arborelius, Évêque de Stockholm, pour ses aimables paroles ainsi que pour l’effort des Autorités et de tous ceux qui ont pris part à la préparation et au déroulement de cette visite.

Je salue cordialement le Président et le Secrétaire général de la Fédération Luthérienne Mondiale ainsi que l’Archevêque de l’Église de Suède. Je salue les membres des délégations œcuméniques et du Corps Diplomatique présents à cette occasion ainsi que tous ceux qui ont souhaité s’unir à nous lors de cette célébration eucharistique.

Je rends grâce à Dieu pour m’avoir donné l’occasion de venir dans ce pays et de vous rencontrer, vous dont beaucoup proviennent de diverses parties du monde. En tant que catholiques, nous faisons partie d’une grande famille, soutenue par une même communion. Je vous encourage à vivre votre foi dans la prière, dans les sacrements et dans le service généreux en faveur de ceux qui sont dans le besoin et qui souffrent. Je vous exhorte à être sel et lumière dans les circonstances où il vous revient de vivre, par votre manière d’être et d’agir, à la manière de Jésus, et avec grand respect et solidarité envers les frères et sœurs des autres Églises et communautés chrétiennes et envers toutes les personnes de bonne volonté.

Dans notre vie, nous ne sommes pas seuls, nous avons toujours l’aide et la compagnie de la Vierge Marie, qui se présente à nous aujourd’hui comme la première parmi les Saints, la première disciple du Seigneur. Nous nous abandonnons à sa protection et nous lui présentons nos peines et nos joies, nos craintes et nos aspirations. Nous mettons tout sous sa protection, sûrs qu’elle nous regarde et nous protège par son amour de mère.

Chers frères, je vous demande de ne pas oublier de prier pour moi. Je vous garde également très présents dans ma prière.

Et maintenant, saluons ensemble la Vierge par la prière de l’Angelus.

[01740-FR.01] [Texte original: Espagnol]

Visite du Pape en Suède: homélie du pape François lors de la Messe au stade de Malmö

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CNS/Paul Haring

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François lors de la Messe au stade Swedbank de Malmö:

Avec toute l’Église, nous célébrons aujourd’hui la solennité de Tous les Saints. Nous nous souvenons, ainsi, non seulement de ceux qui ont été proclamés saints au long de l’histoire, mais également de beaucoup de nos frères qui ont vécu leur vie chrétienne dans la plénitude de la foi et de l’amour, au milieu d’une existence simple et cachée. Sûrement, parmi eux, il y a beaucoup de nos familiers, amis et connaissances.

Nous célébrons, par conséquent, la fête de la sainteté. Cette sainteté qui, parfois ne se manifeste pas dans de grandes œuvres ou dans des succès extraordinaires, mais qui sait vivre fidèlement et chaque jour les exigences du baptême. Une sainteté faite d’amour de Dieu et des frères. Amour fidèle jusqu’à l’oubli de soi-même et jusqu’au don total de soi aux autres, comme la vie de ces mères et de ces pères, qui se sacrifient pour leurs familles en sachant renoncer volontiers, même si ce n’est pas toujours facile, à tant de choses, à tant de projets ou de plans personnels.

Mais s’il y a quelque chose qui caractérise les saints, c’est qu’ils sont réellement heureux. Ils ont trouvé le secret de ce bonheur authentique, niché au fond de l’âme et qui a sa source dans l’amour de Dieu. C’est pourquoi on appelle bienheureux les saints. Les béatitudes sont leur chemin, leur but, leur patrie. Les béatitudes sont le chemin de vie que le Seigneur nous enseigne, pour que nous suivions ses traces. Dans l’Évangile de la Messe, nous avons entendons comment Jésus les a proclamées face à une grande multitude sur une montagne près du lac de Galilée.

Les béatitudes sont le profil du Christ et, par conséquent, du chrétien. Parmi toutes les béatitudes, je voudrais en souligner une : « Bienheureux les doux ». Jésus dit de lui-même : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur « (Mt 11, 29). C’est son portrait spirituel et cela nous révèle la richesse de son amour. La douceur est une manière d’être et de vivre qui nous rapproche de Jésus et nous unit entre nous ; elle nous permet de laisser de côté tout ce qui nous divise et nous oppose, et on cherche les façons toujours nouvelles pour avancer sur le chemin de l’unité, comme l’ont fait les enfants de cette terre, dont sainte Marie Elisabeth Hesselblad, canonisée récemment, et sainte Brigitte, Brigitte Vadstena, co-patronne de l’Europe. Elles ont prié et travaillé pour resserrer les liens d’unité et de communion entre les chrétiens. Un signe très éloquent est que ce soit ici, dans votre pays, caractérisé par la cohabitation entre des populations très diverses, que nous sommes en train de commémorer ensemble le cinquième centenaire de la Réforme. Les saints parviennent à des changements grâce à la mansuétude du cœur. Avec la mansuétude, nous comprenons la grandeur de Dieu et nous l’adorons avec sincérité ; en outre, c’est l’attitude de celui qui n’a rien à perdre, car son unique richesse est Dieu.

CNS/Paul Haring

Les béatitudes sont de quelque manière la carte d’identité du chrétien, qui l’identifie comme disciple de Jésus. Nous sommes appelés à être des bienheureux, des disciples de Jésus, en affrontant les souffrances et les angoisses de notre époque avec l’esprit et l’amour de Jésus. Ainsi, nous pourrions indiquer de nouvelles situations pour les vivre avec l’esprit renouvelé et toujours actuel : Bienheureux ceux qui supportent avec foi les maux que d’autres leur infligent et pardonnent du fond du cœur ; bienheureux ceux qui regardent dans les yeux les rejetés et les marginalisés en leur manifestant de la proximité ; bienheureux ceux qui reconnaissent Dieu dans chaque personne et luttent pour que d’autres le découvrent aussi ; bienheureux ceux qui protègent et sauvegardent la maison commune ; bienheureux ceux qui renoncent à leur propre bien-être pour le bien d’autrui ; bienheureux ceux qui prient et travaillent pour la pleine communion des chrétiens… ils sont tous porteurs de la miséricorde et de la tendresse de Dieu, et ils recevront certainement de lui la récompense méritée.

Chers frères et sœurs, l’appel à la sainteté est pour tous et il faut le recevoir du Seigneur avec un esprit de foi. Les saints nous encouragent par leur vie et par leur intercession auprès de Dieu, et nous, nous avons besoin les uns des autres pour nous sanctifier. Ensemble, demandons la grâce d’accueillir avec joie cet appel et de travailler unis pour la mener à la plénitude. À notre Mère du ciel, Reine de tous les saints, nous confions nos intentions et le dialogue à la recherche de la pleine communion de tous les chrétiens, pour que nous soyons bénis dans nos efforts et parvenions à la sainteté dans l’unité.

[01739-FR.01] [Texte original: Espagnol]

Église en sortie 28 octobre 2016

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit Stéphane Thériault, directeur du Centre Le Pèlerin de Montréal avec qui il s’entretient de son livre « Revivre comme Lazare ». L’abbé Claude Paradis nous partage sa deuxième chronique des actualités de la rue. Dans la troisième partie de l’émission, M. Émile Robichaud nous parle d’écologie intégrale en lien avec son expérience d’éducateur.

Une neutralité au service de la liberté de conscience et de religion

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Ce mercredi 27 octobre 2016, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) a participé, par l’entremise de ses représentants, aux consultations publiques sur le projet de loi no 62 visant à faire respecter « la neutralité religieuse de l’État et visant notamment à encadrer les demandes d’accommodements religieux dans certains organismes ». C’est ainsi que le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, Mgr Christian Lépine ainsi que Mgr Paul Lortie ont présenté leur point de vue sur cette question d’actualité. Dans ce qui peut être qualifié d’« échange cordial » les parlementaires ont pu, à la fois, approfondir leur réflexion sur la nature de la « neutralité religieuse de l’État » telle qu’évoquée dans le projet de loi mais également, espérons le, remettre en question certaines formulations qui laissent présager un parti pris idéologique.

Pour une véritable neutralité

Parmi les points centraux de ce mémoire de huit pages, on note la clarification nécessaire dont le terme « neutralité » devrait faire l’objet si l’intention des législateurs est vraiment de protéger les droits et libertés des citoyens du Québec. En effet, pour les évêques du Québec, la « neutralité religieuse de l’État peut être comprise et interprétée de plusieurs façons » (no 1.2.). De fait, on ne calcule plus les positionnements politiques faisant appel à ce soi-disant principe bien qu’on le fasse souvent de manière totalement contradictoire et pour appuyer des propositions souvent contraires. Cet état de fait manifeste une confusion notoire. Dans un premier cas, on invoque la « neutralité de l’État » pour signifier l’impartialité du Gouvernement devant les préférences religieuses des citoyens. Toutefois, cet énoncé est souvent utilisé pour imposer une vision séculariste de la société qui se rapproche « dans les faits, d’une sorte d’athéisme officiel » (p.2).

Selon les évêques du Québec, pour éviter toute équivoque ou interprétation laïciste que l’on pourrait faire de ce projet de loi, il serait important de le bonifier en faisant explicitement référence aux « libertés de conscience et de religion » (p.4) qui sont la raison d’être de la neutralité religieuse de l’État et non l’inverse.

Vers un pluralisme assumé

Une autre critique formulée contre la mouture actuelle du projet de loi 62 de l’Assemblée nationale du Québec se trouve dans le fait que l’on note une certaine méfiance devant le phénomène religieux. S’appuyant sur le constat de la pluralité culturelle présente sur le territoire du Québec tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église (no3.3), l’AECQ souligne une réorientation nécessaire de la compréhension de la place de la religion au Québec. En effet, « Il [le pluralisme] faut le traiter comme une richesse, non comme une menace qu’il faut encadrer » (no3.3).

En ce sens, il ne faut pas confondre, nous dit le document, la neutralité religieuse ou, en d’autres termes, la « laïcité » de l’État en l’appliquant à la société en général comme le soutiennent parfois certaines personnes « qui invoquent la neutralité ou la  laïcité » parce qu’elles ne veulent pas voir de signes religieux (no 3.5). Au contraire, la société civile et l’espace public sont des lieux où l’expression de la foi personnelle de chacun peut et doit avoir le droit de se manifester.

Je vous invite à lire et même à écouter le segment de cette présentation du mémoire de l’AECQ lors de cette Commission parlementaire. Que ce soit dans leur volonté de participer au débat démocratique, la précision des suggestions faites aux députés ou encore par leur souci d’aider l’ensemble de la société à se doter d’une loi utilisant un langage clair et sans équivoque, les évêques ont bien démontré le rôle irremplaçable des autorités religieuses dans la protection et la promotion d’une société libre et moderne.

 

Instruction « Ad resurgendum cum Christo » sur la sépulture des défunts et la conservation des cendres en cas d’incinération

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CNS photo/Gregory A. Shemitz

(RV) Dans quelles conditions un chrétien peut-il conserver les cendres d’un défunt ? C’est la question à laquelle répond la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ce mardi 25 octobre dans un nouveau texte. Cette instruction se nomme « Ad resurgendum cum Christo » sur la sépulture des défunts et la conservation des cendres en cas d’incinération. Si l’Eglise réaffirme sa préférence pour l’inhumation des corps, elle encadre les modalités de conservation des cendres et des urnes, n’autorisant ni la dispersion, ni la conservation à domicile, sauf dans des cas exceptionnels et en attendant qu’un lieu sacré puisse accueillir les restes du défunt. Il n’existait jusqu’à présent aucune règle canonique sur le sujet. Vous trouverez ci-dessous le texte officiel de l’Instruction Ad resurgendum cum Christo sur la sépulture des défunts et la conservation des cendres en cas d’incinération:

1. Pour ressusciter avec le Christ, il faut mourir avec le Christ, il faut «quitter ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur» (2 Co 5, 8). Dans son Instruction Piam et constantem du 5 juillet 1963, le Saint-Office avait demandé de « maintenir fidèlement la coutume d’ensevelir les corps des fidèles», précisant toutefois que l’incinération n’est pas «contraire en soi à la religion chrétienne » et qu’on ne devait plus refuser les sacrements et les obsèques à ceux qui demandaient l’incinération, à condition qu’un tel choix ne soit pas motivé par «une négation des dogmes chrétiens, dans un esprit sectaire, ou par haine contre la religion catholique ou l’Église»1. Ce changement de la discipline ecclésiastique a été ensuite inséré dans le Code de droit canonique (1983) et le Code des Canons des Églises orientales (1990).

Depuis lors, la pratique de l’incinération s’est sensiblement répandue dans de nombreuses nations, mais, dans le même temps, se sont aussi diffusées de nouvelles idées en contradiction avec la foi de l’Église. Après avoir dûment consulté la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le Conseil pontifical pour les textes législatifs et de nombreuses Conférences épiscopales et Synodes des évêques des Églises orientales, la Congrégation pour la doctrine de la foi a jugé opportun de publier une nouvelle Instruction pour réaffirmer les raisons doctrinales et pastorales de la préférence pour l’inhumation des corps; elle voudrait aussi établir des normes portant sur la conservation des cendres en cas d’incinération.

2. La résurrection de Jésus est la vérité suprême de la foi chrétienne, prêchée comme une partie essentielle du mystère pascal depuis les origines du christianisme: «Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, et qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze» (1 Co 15, 3-4).

Par sa mort et sa résurrection, le Christ nous a libérés du péché et nous a ouvert l’accès à une nouvelle vie: «Le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, afin que nous vivions nous aussi d’une vie nouvelle» (Rm 6, 4). En outre, le Christ ressuscité est le principe et la source de notre résurrection future: «Le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis. […] De même, en effet, que tous meurent en Adam, ainsi tous revivront dans le Christ» (1 Co 15, 20-22).

S’il est vrai que le Christ nous ressuscitera «au dernier jour», il est vrai aussi que, d’une certaine façon, nous sommes déjà ressuscités avec Lui. En effet, par le baptême, nous sommes plongés dans la mort et la résurrection du Christ, et assimilés à lui sacramentellement: «Ensevelis avec lui lors du baptême, vous êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts» (Col 2, 12). Unis au Christ par le baptême, nous participons déjà réellement à la vie du Christ ressuscité (cf. Ep 2, 6).

Grâce au Christ, la mort chrétienne a un sens positif. Dans la liturgie, l’Église prie ainsi: «Pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée; et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure éternelle dans les cieux»2. Par la mort, l’âme est séparée du corps, mais, dans la résurrection, Dieu rendra la vie incorruptible à notre corps transformé, en le réunissant à notre âme. Même de nos jours, l’Église est appelée à proclamer la foi en la résurrection: «La foi des chrétiens, c’est la résurrection des morts: y croire, c’est ressusciter»3.

3. Suivant la tradition chrétienne immémoriale, l’Église recommande avec insistance que les corps des défunts soient ensevelis dans un cimetière ou en un lieu sacré4. En souvenir de la mort, de la sépulture et de la résurrection du Seigneur, mystère à la lumière duquel se manifeste le sens chrétien de la mort5, l’inhumation est d’abord et avant tout la forme la plus idoine pour exprimer la foi et l’espérance dans la résurrection du corporelle6. Comme mère, l’Église accompagne le chrétien lors de son pèlerinage terrestre; dans le Christ, elle offre au Père le fils de sa grâce et remet sa dépouille mortelle à la terre, dans l’espérance qu’il ressuscitera dans la gloire7.

En ensevelissant les corps des fidèles, l’Église confirme la foi en la résurrection de la chair8 et veut mettre l’accent sur la grande dignité du corps humain, en tant que partie intégrante de la personne, dont le corps partage l’histoire9. Elle ne peut donc tolérer des attitudes et des rites impliquant des conceptions erronées de la mort, considérée soit comme l’anéantissement définitif de la personne, soit comme un moment de sa fusion avec la Mère-nature ou avec l’univers, soit comme une étape dans le processus de réincarnation, ou encore comme la libération définitive de la “prison” du corps.

En outre, la sépulture dans les cimetières ou dans d’autres lieux sacrés répond de manière adéquate à la piété ainsi qu’au respect dus aux corps des fidèles défunts qui, par le baptême, sont devenus temple de l’Esprit Saint et qui ont été «comme les instruments et les vases dont l’Esprit s’est saintement servi pour opérer tant de bonnes œuvres»10. Tobie, le juste, est loué pour les mérites acquis devant Dieu en ensevelissant les morts11, un acte que l’Église considère comme une œuvre de miséricorde corporelle12.

Enfin, la sépulture des corps des fidèles défunts dans les cimetières ou autres lieux sacrés favorise le souvenir ainsi que la prière de la famille et de toute la communauté chrétienne pour les défunts, sans oublier la vénération des martyrs et des saints. Grâce à la sépulture des corps dans les cimetières, dans les églises ou les espaces réservés à cet usage, la tradition chrétienne a préservé la communion entre les vivants et les morts, et s’est opposée à la tendance à dissimuler ou à privatiser l’événement de la mort ainsi que la signification qu’il revêt pour les chrétiens.

4. Là où des raisons de type hygiénique, économique ou social poussent à choisir l’incinération – choix qui ne doit pas être contraire à la volonté expresse ou raisonnablement présumée du fidèle défunt –, l’Église ne voit pas de raisons doctrinales pour prohiber cette pratique. En effet, l’incinération du cadavre ne touche pas à l’âme et n’empêche pas la toute-puissance divine de ressusciter le corps; elle ne contient donc pas, en soi, la négation objective de la doctrine chrétienne sur l’immortalité de l’âme et la résurrection des corps13.

L’Église continue d’accorder la préférence à l’inhumation des corps, car celle-ci témoigne d’une plus grande estime pour les défunts; toutefois, l’incinération n’est pas interdite, «à moins qu’elle n’ait été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne»14. Lorsqu’il n’existe pas de motivations contraires à la doctrine chrétienne, l’Église accompagne, après la célébration des obsèques, le choix de l’incinération avec d’opportunes directives liturgiques et pastorales, en veillant surtout à éviter toute forme de scandale ou d’indifférentisme religieux.

5. Si, pour des raisons légitimes, l’on opte pour l’incinération du cadavre, les cendres du défunt doivent être conservées normalement dans un lieu sacré, à savoir le cimetière ou, le cas échéant, une église ou un espace spécialement dédié à cet effet par l’autorité ecclésiastique compétente. Dès l’origine, les chrétiens ont désiré que leurs défunts fissent l’objet de l’intercession et du souvenir de la communauté chrétienne. Leurs tombes sont devenues des lieux de prière, de mémoire et de réflexion. Les fidèles défunts font partie de l’Église qui croit en la communion «de ceux qui sont pèlerins sur la terre, des défunts qui achèvent leur purification, des bienheureux du ciel, tous ensemble formant une seule Église»15.

La conservation des cendres dans un lieu sacré peut contribuer à réduire le risque de soustraire les défunts à la prière et au souvenir de leur famille et de la communauté chrétienne. De la sorte, on évite également d’éventuels oublis et manques de respect qui peuvent advenir surtout après la disparition de la première génération, ainsi que des pratiques inconvenantes ou superstitieuses.

6. Pour les motifs énumérés ci-dessus, la conservation des cendres dans l’habitation domestique n’est pas autorisée. C’est seulement en cas de circonstances graves et exceptionnelles liées à des conditions culturelles à caractère local que l’Ordinaire, en accord avec la Conférence épiscopale ou le Synode des évêques des Églises orientales, peut concéder l’autorisation de conserver des cendres dans l’habitation domestique. Toutefois, les cendres ne peuvent être distribuées entre les différents cercles familiaux, et l’on veillera toujours à leur assurer des conditions respectueuses et adéquates de conservation.

7. Pour éviter tout malentendu de type panthéiste, naturaliste ou nihiliste, la dispersion des cendres dans l’air, sur terre, dans l’eau ou de toute autre manière, n’est pas permise ; il en est de même de la conservation des cendres issues de l’incinération dans des souvenirs, des bijoux ou d’autres objets. En effet, les raisons hygiéniques, sociales ou économiques qui peuvent motiver le choix de l’incinération ne s’appliquent pas à ces procédés.

8. Dans le cas où le défunt aurait, de manière notoire, requis l’incinération et la dispersion de ses cendres dans la nature pour des raisons contraires à la foi chrétienne, on doit lui refuser les obsèques, conformément aux dispositions du droit16.

Au cours de l’audience accordée le 18 mars 2016 au Cardinal Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le Souverain Pontife François a approuvé la présente Instruction, décidée lors de la Session ordinaire de ce Dicastère en date du 2 mars 2016, et il en a ordonné la publication.

Donné à Rome, au siège de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le 15 août 2016, Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie.

Gerhard Card. Müller

Préfet

Luis F. Ladaria, S.I.

Arcivescovo titolare di Tibia Segretario

___________________

1SACRE CONGREGATION SUPREME DU SAINT-OFFICE, Instruction Piam et constantem (5 juillet 1963) : AAS 56 (1964), 822-823 ; La Documentation catholique 61 (1964), col. 1712.
2 Missel romain, Préface des défunts, 1.
3 TERTULLIEN, De resurrectione carnis, 1, 1 : CCL 2, 921.

4 Cf.CIC,can.1176,§3;can.1205;CCEO,can.876,§3;can.868. 5 Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 1681.
6 Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2300.
7 Cf. 1 Co 15, 42-44 ; Catéchisme de l’Église catholique, n. 1683.

8 Cf. SAINT AUGUSTIN, De cura pro mortuis gerenda, 3, 5 : CSEL 41, 628. 9 Cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. past. Gaudium et spes, 14.
10 Cf. SAINT AUGUSTIN, De cura pro mortuis gerenda, 3, 5 : CSEL 41, 627. 11 Cf.Tb2,9;12,12.

12 Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2300.
13 Cf. SACREE CONGREGATION SUPREME DU SAINT-OFFICE, Instruction Piam et constantem (5 juillet 1963) : AAS 56 (1964), 822 ; La Documentation catholique, 61 (1964), col. 1712.
14 CIC, can. 1176, § 3 ; cf. CCEO, can. 876, § 3.
15 Catéchisme de l’Église catholique, n. 962.
16 CIC, can. 1184 ; CCEO, can. 876, § 3.

[01683-FR.01] [Texte original: Français]

Le dialogue dans la vérité: réflexion sur « Nos voisins évangéliques »

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Cette semaine, la Commission épiscopale pour l’unité chrétienne, les relations religieuses avec les Juifs et le dialogue interreligieux de la Conférence des évêques catholiques du Canada publiait un document intitulé « Nos voisins évangéliques : Réflexion sur l’évangélisme chrétien ». Cette brochure de 12 pages, se veut une ressource pour les catholiques afin qu’ils en apprennent davantage sur le christianisme évangélique à travers «  l’histoire et les croyances des évangéliques et en prêtant une attention particulière aux relations entre les évangéliques et les catholiques ». Je retiens de ma lecture une foule d’informations tant historiques que théologiques ainsi qu’une posture cohérente avec le souhait du pape François pour que « la collaboration interreligieuse et œcuménique montre que les hommes et les femmes ne doivent pas oublier leur propre identité, ethnique ou religieuse, pour vivre en harmonie avec leurs frères et sœurs ».

Regard historique et théologique 

La première chose que l’on note, c’est que les différences qui séparent les catholiques des évangéliques s’enracinent dans une longue histoire. En effet, on commémore cette année le 500ième anniversaire de la Réforme protestante ! L’évangélisme est donc un mouvement chrétien issu de la tradition protestante , ce qui implique l’acceptation des principes théologiques qui y sont liés tels que « l’autorité exclusive de l’Écriture » et « la justification par la seule foi » (p.2). Le document de la CECC offre ensuite une description des différentes explications et implications de ces principes avant de présenter quelques-unes de ces manifestations dans la vie concrète de nos frères protestants. On explique ainsi les expressions tels que « born again », de « revivalism » ou de « fondamentalisme », tout en spécifiant que « les évangéliques forment un groupe diversifié » (p.4).

D’une perception à une autre

Ce qui est significatif dans ce document, c’est que l’on ose sortir de l’énumération des traits distinctifs, à la manière d’une encyclopédie, pour prendre en compte l’expérience concrète que ces mêmes différences peuvent avoir sur la vie quotidienne des membres des deux communautés chrétiennes. On offre ainsi pour les deux perspectives, un dialogue qui tient compte des critiques réciproques.

En effet, on se demande d’abord ce que pensent les catholiques des évangéliques ? On offre alors un portrait réaliste des éléments dont les catholiques peuvent naturellement faire l’éloge comme leur attachement à la Parole de Dieu telle que transmise dans la Bible mais également l’emphase mise sur la relation personnelle au Christ. capture-decran-2016-10-22-a-10-36-39Toutefois, on ne cache pas les réticences que les catholiques peuvent également avoir face à une certaine tendance à interpréter l’Écriture Sainte d’une manière trop littérale sans tenir compte de la Tradition c’est-à-dire la vie des chrétiens qui nous ont précédés ou, en d’autres termes, « la grande communauté chrétienne qui s’étend aussi bien à travers le temps que dans l’espace » (p.7). Enfin, l’unité de l’Église catholique et sa structure hiérarchique bien définie, expliquent comment « l’aspect transconfessionnel de l’évangélisme engendrent une sorte de corps indéfini que les catholiques ont de la difficulté à identifier au Corps du Christ » (p.7).

Dans un deuxième temps, on se demande ce qui, dans la pratique catholique, peut sembler étranger à un christianisme authentique tel que le conçoivent les évangéliques. D’abord, bien que l’on souligne les nombreuses avancées du dialogue œcuménique, on affirme qu’un certain nombre de cette mouvance ne sont toujours pas certains que les catholiques soient de véritables chrétiens (p.8). De plus, on montre comment l’accent mis sur la relation personnelle avec le Christ peut pousser les évangéliques à parler de leur salut « à l’imparfait » c’est-à-dire comme quelque chose de déjà accompli tandis que, du côté catholique, on a souvent tendance à parler du salut « au futur », mettant ainsi l’accent davantage sur la dimension ultime c’est-à-dire après la mort.

Le dialogue, une responsabilité partagée

Dans la dernière partie du document, on trouve une analyse de la réalité du dialogue œcuménique aujourd’hui tout en manifestant l’ouverture que nous devons avoir pour être fidèles au souhait du Christ « Ut unum sint ».

Le contexte actuel et l’expansion rapide du phénomène de sécularisation doivent nous pousser à dépasser nos différences et les blessures héritées du passé afin d’offrir au monde un témoignage plus à même de convaincre de la véracité de la Révélation chrétienne. Toutefois, puisque l’estime mutuelle qui se construit peu à peu entre les deux communautés « scandalise certaines personnes » (p.11), le document de la CECC insiste sur le contexte dans lequel ce dialogue est en mesure de porter des fruits. En ce sens, pour que la vérité puisse être au centre des aspirations de tous les interlocuteurs, il est essentiel que des liens de charité profonde soient d’abord créés entre les membres. Ainsi le travail œcuménique ne pourra être concluant que s’il « s’établit au quotidien dans la vie chrétienne des croyants […] le succès du dialogue à venir dépend en grande partie de vous » (p.11).

Tant du point de vue de la richesse des informations contenues dans ce document que de la place laissée à l’expérience concrète des croyants des deux communautés, il est possible de conclure que ce document de la CECC remplit bien son mandat d’instrument au service de l’œcuménisme. Que ce soit dans le fait d’affirmer haut et fort les points de désaccord inhérents aux identités respectives que dans l’estime mutuelle et dans la capacité de reconnaître l’autre d’abord comme un frère « dans le contexte d’une foi commune » (p.5), ce document est certainement un outil de premier plan facilitant cette responsabilité missionnaire  qui nous incombe à tous.

Église en sortie 21 octobre

Cette semaine à Église en sortie, Francis Denis reçoit Yolland Ouellet o.m.i., directeur national des Œuvres pontificales missionnaires. Nous vous présentons un reportage sur l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Dans la troisième partie de l’émission, Mgr Gaétan Proulx nous parle de la réalité pastorale du diocèse de Gaspé.

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