Audience générale du pape François – mercredi 18 septembre 2024

La cathédrale Notre-Dame de l’Assomption et la mosquée Istiqlal se côtoient paisiblement dans la capitale indonésienne, Jakarta. Elles sont reliées par un « tunnel de l’amitié » souterrain, que le pape François a visité le 5 septembre 2024. Photo par Pexels.

Dans son audience hebdomadaire, le pape François a évoqué son récent voyage apostolique en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor-Oriental et à Singapour. Il a déclaré que « la compassion est le chemin que les chrétiens peuvent et doivent emprunter pour témoigner du Christ Sauveur, tout en rencontrant les grandes traditions religieuses et culturelles ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Le texte ci-dessous comprend également des parties non lues qui sont également données comme prononcées: 

Catéchèse. Le voyage apostolique en Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Timor oriental et Singapour

Aujourd’hui, je vais parler du voyage apostolique que j’ai fait en Asie et en Océanie : on l’appelle voyage apostolique parce que ce n’est pas un voyage de tourisme, c’est un voyage pour apporter la Parole du Seigneur, pour faire connaître le Seigneur, et aussi pour connaître l’âme des peuples. Et cela est très beau.

C’est Paul VI, en 1970, qui a été le premier pape à s’envoler à la rencontre du soleil levant, en visitant longuement les Philippines et l’Australie, mais aussi en s’arrêtant dans divers pays d’Asie et à Samoa. Et ce fut un voyage mémorable, n’est-ce pas, car le premier à quitter le Vatican fut Saint Jean XXIII qui se rendit en train à Assise ; alors Saint Paul VI en fit autant : un voyage mémorable ! En cela, j’ai essayé de suivre son exemple, mais, avec quelques années en plus, je me suis limité à quatre pays : l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Timor-Oriental et Singapour. Je remercie le Seigneur qui m’a permis de faire en tant que vieux Pape ce que j’aurais aimé faire en tant que jeune Jésuite, car je voulais y aller en mission !

Une première réflexion qui vient naturellement après ce voyage, c’est qu’en pensant à l’Église, nous sommes encore trop euro-centriques, ou, comme on dit, “occidentaux”. Mais en réalité, l’Église est beaucoup plus grande, beaucoup plus grande que Rome et l’Europe, beaucoup plus grande, et aussi – permettez-moi de le dire – beaucoup plus vivante, dans ces pays ! J’en ai fait l’expérience avec émotion en rencontrant ces Communautés, en écoutant les témoignages de prêtres, de religieuses, de laïcs, surtout de catéchistes – les catéchistes sont ceux qui font l’évangélisation. Des Églises qui ne font pas de prosélytisme, mais qui croissent par “attraction”, comme le disait sagement Benoît XVI.

En Indonésie, les chrétiens sont environ 10 % et les catholiques 3 % – une minorité. Mais j’ai rencontré une Église vivante, dynamique, capable de vivre et de transmettre l’Évangile dans ce pays à la culture très noble, enclin à harmoniser les diversités, et qui compte en même temps le plus grand nombre de musulmans au monde. Dans ce contexte, j’ai eu la confirmation que la compassion est le chemin sur lequel les chrétiens peuvent et doivent marcher pour témoigner du Christ Sauveur et en même temps rencontrer les grandes traditions religieuses et culturelles. À propos de la compassion, n’oublions pas les trois caractéristiques du Seigneur : proximité, miséricorde et compassion. Dieu est proche, Dieu est miséricordieux et Dieu est compatissant. Si un chrétien n’a pas de compassion, il ne sert à rien. “Foi, fraternité, compassion” a été le thème de la visite en Indonésie : à travers ces mots, l’Évangile entre chaque jour, concrètement, dans la vie de ce peuple, en l’accueillant et en lui donnant la grâce de Jésus mort et ressuscité. Ces mots sont comme un pont, comme le passage sous-terrain qui relie la Cathédrale de Jakarta à la plus grande Mosquée de l’Asie. Là-bas, j’ai vu que la fraternité, c’est l’avenir, c’est la réponse à l’anti-civilisation, aux projets diaboliques de haine et de guerre, voire de sectarisme. Le rempart c’est la fraternité.

J’ai trouvé la beauté d’une Église missionnaire, en sortie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un archipel qui s’étend vers l’immensité de l’océan Pacifique. Là, les différentes ethnies parlent plus de huit cents langues – on y parle huit cents langues : un environnement idéal pour l’Esprit Saint, qui aime faire résonner le message d’Amour dans la symphonie des langages. Ce n’est pas de l’uniformité, ce que fait l’Esprit Saint, c’est de la symphonie, c’est de l’harmonie, c’est le patron, c’est le chef de l’harmonie. Là, d’une manière particulière, les protagonistes ont été et sont encore les missionnaires et les catéchistes. J’ai été heureux de pouvoir passer un peu de temps avec les missionnaires et les catéchistes d’aujourd’hui, et j’ai été ému d’écouter les chants et la musique des jeunes : en eux, j’ai vu un nouvel avenir, sans violence tribale, sans dépendance, sans colonialismes idéologiques et économiques ; un avenir de fraternité et d’attention à l’environnement naturel merveilleux. La Papouasie-Nouvelle-Guinée peut être un “laboratoire” de ce modèle de développement intégral, animé par le “levain” de l’Évangile. Car il n’y a pas d’humanité nouvelle sans hommes et femmes nouveaux, et ceux-là seul le Seigneur les fait. Je voudrais aussi mentionner ma visite à Vanimo, où les missionnaires sont entre la forêt et la mer. Ils vont dans la forêt pour chercher les tribus les plus cachées, là… un beau souvenir, celui-là.

La force de promotion humaine et sociale du message chrétien se manifeste de manière particulière dans l’histoire du Timor Oriental. L’Église y a partagé le processus d’indépendance avec tout le peuple, en l’orientant toujours vers la paix et la réconciliation. Il ne s’agit pas d’une idéologisation de la foi, non, c’est la foi qui devient culture et en même temps l’éclaire, la purifie et l’élève. C’est pourquoi j’ai relancé la relation féconde entre foi et culture, sur laquelle Saint Jean-Paul II avait déjà mis l’accent lors de sa visite. La foi doit être inculturée et les cultures évangélisées. Foi et culture. Mais j’ai surtout été frappé par la beauté de ce peuple : un peuple éprouvé mais joyeux, un peuple sage dans la souffrance. Un peuple qui non seulement génère beaucoup d’enfants – mais il y avait une marée d’enfants, beaucoup, eh ? – mais qui leur enseigne à sourire. Je n’oublierai jamais le sourire des enfants de cette Patrie, de cette région. Ils sourient toujours, les enfants là-bas, et ils sont si nombreux. On leur enseigne à sourire, cette foi, et c’est une garantie pour l’avenir. Bref, au Timor oriental, j’ai vu la jeunesse de l’Église : des familles, des enfants, des jeunes, beaucoup de séminaristes et d’aspirants à la vie consacrée. Je dirais, sans exagérer, que j’y ai respiré “l’air du printemps” !

La dernière étape de ce voyage a été Singapour. Un pays très différent des trois autres : une cité-état, très moderne, pôle économique et financier de l’Asie et bien au-delà. Les chrétiens y sont minoritaires, mais ils forment une Église vivante, engagée à créer l’harmonie et la fraternité entre les différentes ethnies, cultures et religions. Même dans la riche Singapour, il y a des  »petits » qui suivent l’Évangile et deviennent sel et lumière, témoins d’une espérance plus grande que celle que les gains économiques peuvent garantir.

Je voudrais remercier ces peuples qui m’ont accueilli avec tant de chaleur, avec tant d’amour, remercier leurs gouvernants qui m’ont beaucoup aidé dans cette visite, pour qu’elle puisse se faire dans de bonnes conditions, sans problèmes. Je remercie tous ceux qui y ont également collaboré, et je rends grâce à Dieu pour le don de ce voyage ! Et je leur renouvelle ma reconnaissance à tous, à tout le monde. Que Dieu bénisse les peuples que j’ai rencontrés et les guide sur le chemin de la paix et de la fraternité ! Salutations à tous !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Rencontre Interreligieuse en Indonésie – Discours du Saint-Père

Le pape François s’adresse à une réunion interreligieuse à la mosquée Istiqlal de Jakarta, en Indonésie, le 5 septembre 2024, assis à côté du grand imam Nasaruddin Umar et d’un traducteur.

Au cours de sa visite apostolique en Indonésie, le pape François s’est adressé à une réunion interreligieuse à la mosquée Istiqlal de Jakarta, foyer spirituel de la plus grande population musulmane du monde. Il a déclaré qu’«en regardant profondément, en saisissant ce qui coule au fond de nos vies, le désir de plénitude qui habite au plus profond de nos cœurs, nous découvrons que nous sommes tous frères et sœurs, tous pèlerins, tous en chemin vers Dieu, au-delà de ce qui nous différencie».

Lire le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pouvez suivre notre couverture de l’ensemble du voyage apostolique du pape François en Asie du Sud-Est et en Océanie sur slmedia.org/southeast-asia.

Lire le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pouvez suivre notre couverture de l’ensemble du voyage apostolique du pape François en Asie du Sud-Est et en Océanie sur slmedia.org/fr/asie-sud-est.

 

RENCONTRE INTERRELIGIEUSE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Mosquée Istiqlal (Jakarta, Indonésie)
Jeudi 5 septembre 2024

 

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je suis heureux d’être avec vous tous ici, dans la plus grande mosquée d’Asie. Je salue le Grand Imam et le remercie pour les paroles qu’il m’a adressées, me rappelant que ce lieu de culte et de prière est aussi “une grande maison pour l’humanité” où chacun peut entrer pour faire une pause avec lui-même, pour donner de l’espace à cet élan d’infini qu’il porte dans son cœur, pour chercher la rencontre avec le divin et pour vivre la joie de l’amitié avec les autres.

Du reste, je tiens à mentionner que cette mosquée a été conçue par l’architecte Friedrich Silaban, qui était chrétien et a remporté le concours. Cela témoigne du fait que, dans l’histoire de cette nation et dans la culture que l’on y respire, la mosquée, comme les autres lieux de culte, sont des espaces de dialogue, de respect mutuel, de coexistence harmonieuse entre les religions et les différentes sensibilités spirituelles. C’est un grand don, que vous êtes appelés à cultiver chaque jour, afin que l’expérience religieuse soit un point de référence pour une société fraternelle et pacifique et jamais un motif de fermeture et d’affrontement.

À ce propos, il convient de mentionner la construction d’un tunnel souterrain – le “tunnel de l’amitié” – reliant la mosquée d’Istiqlal et la cathédrale Sainte-Marie-de-l’Assomption. Il s’agit d’un signe éloquent qui permet à ces deux grands lieux de culte d’être non seulement “en face” l’un de l’autre, mais aussi “reliés” l’un à l’autre. Ce passage permet en effet une rencontre, un dialogue, une possibilité réelle de « découvrir et de transmettre la “mystique” de vivre ensemble, de se mélanger, de se rencontrer, […] de participer à cette marée un peu chaotique qui peut se transformer en une véritable expérience de fraternité, en une caravane solidaire, en un saint pèlerinage » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 87). Je vous encourage à poursuivre sur cette voie : que tous, tous ensemble, chacun cultivant sa propre spiritualité et pratiquant sa propre religion, nous puissions marcher à la recherche de Dieu et contribuer à construire des sociétés accueillantes, fondées sur le respect mutuel et l’amour réciproque, capables d’écarter la rigidité, le fondamentalisme et l’extrémisme, qui sont toujours dangereux et jamais justifiables.

Dans cette perspective, symbolisée par le tunnel souterrain, je voudrais vous laisser deux consignes, pour encourager le chemin de l’unité et de l’harmonie que vous avez déjà entrepris.

La première est : regarder toujours en profondeur, car c’est seulement là que l’on peut trouver, au-delà des différences, ce qui unit. En effet, tandis qu’en surface il y a les espaces de la mosquée et de la cathédrale, bien définis et fréquentés par leurs fidèles respectifs, sous terre, le long du tunnel, ces mêmes personnes différentes se rencontrent et peuvent accéder au monde religieux de l’autre. Cette image nous rappelle quelque chose d’important : les aspects visibles des religions – les rites, les pratiques, et autres. – constituent un patrimoine traditionnel qui doit être protégé et respecté ; mais ce qui se trouve “en dessous”, ce qui coule de façon souterraine comme le “tunnel de l’amitié”, c’est-à-dire la racine commune à toutes les sensibilités religieuses est unique : c’est la quête de la rencontre avec le divin, la soif d’infini que le Très-Haut a mis dans notre, la recherche d’une joie plus grande et d’une vie plus forte que n’importe quelle mort qui anime le cours de notre vie et nous pousse à sortir de nous-mêmes pour aller à la rencontre de Dieu. Donc, rappelons-nous ceci : en regardant en profondeur, en saisissant ce qui coule au plus profond de nos vies, ce désir de plénitude qui habite le fond de nos cœurs, nous découvrons que nous sommes tous frères, tous pèlerins, tous en marche vers Dieu, au-delà de ce qui nous différencie.

La deuxième invitation est : prendre soin des liens. Le tunnel a été construit d’un côté à l’autre pour créer un lien entre deux endroits différents et éloignés. C’est ce que fait le passage souterrain : il relie, c’est-à-dire qu’il crée un lien. On pense parfois que la rencontre entre les religions consiste à rechercher à tout prix un point commun entre des doctrines et des professions religieuses différentes. En réalité, il peut arriver qu’une telle approche finisse par nous diviser. Car les doctrines et les dogmes de chaque expérience religieuse sont différents. Ce qui nous rapproche vraiment, c’est de créer une liaison entre nos différences, de veiller à cultiver des liens d’amitié, d’attention, de réciprocité. Ce sont des relations par lesquels chacun s’ouvre à l’autre, par lesquels on s’engage ensemble à chercher la vérité en apprenant de la tradition religieuse de l’autre et à nous venir en aide dans nos besoins humains et spirituels. Ce sont des liens qui nous permettent de travailler ensemble, de marcher unis dans la poursuite d’objectifs, la défense de la dignité humaine, la lutte contre la pauvreté, la promotion de la paix. L’unité naît des liens personnels d’amitié, du respect mutuel, de la défense réciproque des espaces et des idées des autres. Puissiez-vous toujours avoir soi de cela !

Chers frères et sœurs, “promouvoir l’harmonie religieuse pour le bien de l’humanité” est l’inspiration que nous sommes appelés à suivre et qui donne également son titre à la Déclaration commune préparée pour cette occasion. Dans celle-ci, nous assumons de manière responsable les crises graves et parfois dramatiques qui menacent l’avenir de l’humanité, en particulier les guerres et les conflits, malheureusement alimentés aussi par les instrumentalisations religieuses, sans oublier la crise environnementale devenue un obstacle à la croissance et à la coexistence des peuples. Devant ce scénario, il est important de promouvoir et de renforcer les valeurs communes à toutes les traditions religieuses, en aidant la société à “vaincre la culture de la violence et de l’indifférence” (Déclaration conjointe d’Istiqlal) et à promouvoir la réconciliation et la paix.

Je vous remercie pour ce chemin commun que vous poursuivez. L’Indonésie est un grand pays, une mosaïque de cultures, d’ethnies et de traditions religieuses, une très riche diversité qui se reflète également dans la variété de l’écosystème et de l’environnement. Et s’il est vrai que vous abritez la plus grande mine d’or du monde, sachez que le trésor le plus précieux est la volonté, que les différences ne deviennent pas une cause de conflit mais s’harmonisent dans la concorde et le respect mutuel. L’harmonie, c’est ce que vous faites. Ne perdez pas ce don ! Ne vous appauvrissez jamais de cette richesse si grande ; au contraire, cultivez-la et transmettez-la, surtout aux plus jeunes. Que personne ne succombe au charme du fondamentalisme et de la violence, que tous soient au contraire fasciné par le rêve d’une société et d’une humanité libre, fraternelle et pacifique !

Merci ! Merci pour votre sourire aimable, qui brille toujours sur vos visages et est un signe de votre beauté et de votre ouverture intérieure. Puisse Dieu vous accorder ce don. Avec son aide et sa bénédiction, allez de l’avant, Bhinneka Tunggal Ika, unis dans la diversité. Merci !

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Salutations

Chers frères et sœurs,

Je vous félicite tous car ce « Tunnel de l’Amitié » se veut un lieu de dialogue et de rencontre.

Quand on pense à un tunnel, on imagine facilement un chemin sombre qui peut faire peur, surtout si l’on est seul. Ici, c’est différent, car tout est éclairé. Mais je voudrais vous dire que vous êtes la lumière qui l’éclaire, par votre amitié, l’harmonie que vous cultivez, le soutien que vous vous apportez mutuellement, et par votre marche ensemble qui vous conduit, au bout du chemin, à la pleine lumière.

Nous, croyants, qui appartenons à des traditions religieuses différentes, avons un rôle à jouer : aider chacun à traverser le tunnel les yeux tournés vers la lumière. Ainsi, au bout du chemin, nous pouvons reconnaître en ceux qui ont marché à nos côtés, un frère, une sœur, avec qui nous pouvons partager la vie et nous soutenir mutuellement.

Aux nombreux signes de menace, aux périodes sombres, opposons le signe de la fraternité qui, en accueillant l’autre et en respectant son identité, l’invite à un chemin commun, fait d’amitié, et menant vers la lumière.

Merci à tous ceux qui travaillent avec la conviction que nous pouvons vivre en harmonie et en paix, conscients de la nécessité d’un monde plus fraternel. Je souhaite que nos communautés soient de plus en plus ouvertes au dialogue interreligieux et qu’elles soient un symbole de la coexistence pacifique qui caractérise l’Indonésie.

J’élève ma prière vers Dieu, le Créateur de tous, afin qu’il bénisse tous ceux qui traverseront ce Tunnel dans un esprit d’amitié, d’harmonie et de fraternité. Merci !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Intention de prière du pape François pour septembre 2024

Rejoignez-nous dans la prière pour les intentions qui nous ont été confiées par le Pape François.
Pour septembre 2024, nous nous joignons au Saint-Père pour prier pour le cri de la Terre:

Prions pour que chacun d’entre nous écoute avec son cœur le cri de la Terre et les victimes des catastrophes environnementales et de la crise climatique, en s’engageant personnellement à prendre soin du monde qu’il habite.

Écoutez également la Video du Pape sur les intentions de septembre.

Prions pour le cri de la Terre.

Si nous prenions la température de la planète, elle nous dirait que la Terre a de la fièvre. Elle est malade, comme toute personne malade.

Mais sommes-nous à l’écoute de cette douleur ?

Entendons-nous la douleur des millions de victimes des catastrophes environnementales ?

Ce sont les pauvres qui souffrent le plus des conséquences de ces catastrophes, eux qui sont contraints de quitter leur foyer à cause des inondations, des vagues de chaleur ou des sécheresses.

Faire face aux crises environnementales provoquées par l’homme, telles que le changement climatique, la pollution ou la perte de biodiversité, exige des réponses non seulement écologiques, mais aussi sociales, économiques et politiques.

Nous devons nous engager dans la lutte contre la pauvreté et la protection de la nature en changeant nos habitudes personnelles et celles de notre communauté.

Prions pour que chacun d’entre nous écoute avec son cœur le cri de la Terre et les victimes des catastrophes environnementales et de la crise climatique, en s’engageant personnellement à prendre soin du monde qu’il habite.

 

Prière quotidienne

Vous pouvez accompagner l’intention de prière du Pape par cette prière d’offrande quotidienne:

Dieu, notre Père, je t’offre toute ma journée.

Je t’offre mes prières, pensées,
paroles, actions, joies
et souffrances en union avec
ton Fils Jésus-Christ
qui continue à s’offrir à toi
dans l’Eucharistie pour le salut du monde.

Que l’Esprit Saint
qui a guidé Jésus,
soit mon guide et ma force
aujourd’hui pour que je puisse témoigner de ton amour.

Avec Marie,
la mère du Seigneur et de l’Église,
je prie spécialement aux intentions
que le Saint-Père recommande
à la prière de tous les fidèles pour ce mois.

Pour en apprendre plus sur l’Apostolat de la Priere, visitez le site du Réseau Mondial de la Prière.

 

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Les quatre mousquetaires de Québec avec Alexandre Dumas

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis parle on discute du livre « Les quatre mousquetaires de Québec: la carrière politique de René Chaloult, Oscar Drouin, Ernest Grégoire et Philippe Hamel avec l’histoire et auteur Alexandre Dumas. Sont notamment abordés les thèmes de son la Doctrine sociale de l’Église, de l’histoire de la culture et de la politique québécoise dans les années 1930, du Programme de Restauration sociale, du duplessisme ainsi que des sources de la Révolution tranquille. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

L’Église, les jeunes et la mondialisation avec Charles Mercier

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient du livre « L’Église, les jeunes et la mondialisation: Une histoire des JMJ » avec l’historien et professeur à l’Université de Bordeaux Charles Mercier. Sont notamment abordés les thèmes de l’intention fondatrice de saint Jean-Paul II, les dynamiques organisationnels aux niveaux nationales, internationales et ecclésiales ainsi que l’interconnexion des Journée mondiales de la jeunesse avec le phénomène de la mondialisation.Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

La liberté religieuse en 2021

(Photo: courtoisie de Unsplash)

 

Il y a quelques jours seulement, l’Aide à l’Église en détresse (AED) lançait son rapport bisannuel sur la liberté religieuse. L’organisme qui soutient les chrétiens dans le besoin et les victimes de persécution ou d’oppression dans le monde a acquis à travers les années une expertise considérable qui lui permet de documenter la situation entourant ce droit fondamental dans une perspective internationale et de faire le point sur les persécutions subies par les chrétiens sur une base régulière. 

On comprend facilement qu’un organisme de bienfaisance lié par sa mission à l’œuvre de l’Église universelle cherche à soutenir les chrétiens victimisés et à documenter leur expérience pour faire valoir leurs droits. Or, l’intérêt particulier que porte l’AED à la question de la liberté religieuse justifie une réflexion sur le sens de cette dernière dans une perspective chrétienne.

 

La liberté religieuse, pour quoi faire? 

Le philosophe français Pierre Manent a consacré une bonne partie des dernières années à réfléchir à la notion des droits de l’homme et aux enjeux qu’elle soulève lorsque mise en relation avec l’enseignement de l’Église. Issue de la tradition philosophique libérale, qui au moment de son apparition s’est souvent opposée aux autorités ecclésiales, la notion de droits de l’homme n’a pas été immédiatement intégrée dans l’enseignement catholique, bien au contraire.

Pour Manent, l’opposition initiale de l’Église au principe des droits de l’homme s’explique par une conception différente et opposée, entre l’Église et les libéraux, du rapport entre la liberté et la vérité. Dans une perspective libérale, la liberté est le principe dominant, et la vérité lui est subordonnée. Dans une perspective proprement catholique, c’est plutôt le contraire : la liberté n’a pour sens que de permettre à l’homme de parvenir à la vérité. 

 

La condition d’une foi authentique 

Cela n’a pas empêché l’enseignement de l’Église catholique de connaître des développements qui l’ont conduit, avec la Déclaration sur la liberté religieuse issue du Concile Vatican II, à faire sienne l’idée de liberté de religion. Si elle s’y était auparavant opposée dans un contexte de Chrétienté, l’Église a maintenu à travers les âges le principe suivant lequel seul une adhésion pleinement libre aux vérités enseignées par l’Église est véritablement valide. 

Pour Manent, ce développement de la doctrine peut être décrit, dans une perspective de continuité, de la manière suivante : « les hommes sont appelés à parvenir librement à la vérité dont l’Église est le dépositaire et l’instrument » (Cours familier de philosophie politique, p. 166). C’est ainsi que la liberté religieuse est progressivement devenue un principe chéri par l’Église et que les chrétiens se sont engagés dans sa défense, pour eux-mêmes comme pour ceux d’autres religions dont les droits seraient également bafoués. 

 

Trois tendances préoccupantes 

Les travaux de l’AED ont en cette matière de quoi susciter inquiétudes et préoccupations. Pour les représentants de l’organisme, trois tendances inquiétantes pour la liberté religieuse sont à la hausse. Ainsi, la montée en puissance de certaines formes de nationalismes ethno-religieux — qui cherchent à faire coïncider les frontières politiques, le paysage ethnographique et le visage religieux d’une société au péril des consciences, si nécessaire — menace les droits de communautés minoritaires dans plusieurs pays, comme en Inde, par exemple. 

De même, l’AED est préoccupée par le développement d’outils permettant la surveillance et la privation de liberté individuelle à un degré extrêmement élevé, comme le mécanisme de crédit social en place en République populaire de Chine, ainsi que la pression soutenue dans les régimes de ce type — pensons à la Corée du Nord — contre la pratique religieuse. Enfin, la prolifération de formes extrémistes et violentes d’islamisme politique menacerait la liberté de religion de chrétiens et de non-chrétiens dans plusieurs régions du monde, notamment sur le continent africain, où certains États peinent à défendre la liberté religieuse contre des groupes armés non-étatiques. 

 

De l’indignation à l’espérance

Les travaux des experts de l’AED montrent que presque deux tiers des pays dans le monde, la liberté religieuse est attaquée dans une forme ou une autre. À la persécution à laquelle nous pensons le plus souvent s’ajoute ainsi des discriminations moins graves. Or, les représentants de l’AED ont également parlé d’un phénomène, prévalant en Occident : une forme d’enfermement de la religion dans la seule sphère privée qui, dans ses formes les plus pernicieuses, a été appelée par le Pape François une « persécution polie ». De même, on souligne une méconnaissance des réalités religieuses et un traitement parfois injuste des croyants dans le contexte de la pandémie mondiale de COVID-19  jusqu’ici, au Canada. 

En dépit de ces réalités peu réjouissantes, les chrétiens demeurent habités par la responsabilité d’être des témoins de l’espérance chrétienne. Un lien de solidarité mutuelle peut et doit unir ceux qui ont la chance de vivre dans des sociétés pacifiées par le droit, dans lesquelles les menaces contre la liberté de conscience et de religion sont aussi rares que subtiles, avec ceux qui subissent les pires formes de persécution. Ce lien dépasse les situations particulières de chaque individu et nous unit dans l’amitié avec le Seigneur par l’amour de notre prochain, un amour qui exige parfois une forme d’héroïsme spirituel. 

Les intentions du Pape pour avril 2021: les droits fondamentaux

Rejoignez-nous en prière avec les intentions que nous confie le Pape! Durant le mois d’avril, nous prions pour les droits fondamentaux: 

Prions pour ceux qui luttent au péril de leur vie pour les droits fondamentaux sous les dictatures, les régimes autoritaires mais aussi dans les démocraties en crise pour que leur sacrifice et leur travail donnent un fruit abondant.

 

Regardez la Vidéo du Pape ci-dessous:

« Pour défendre les droits humains fondamentaux, il faut du courage et de la détermination.
Je me réfère ici à la lutte active contre la pauvreté, l’inégalité, le manque de travail, de terre et de logement, de droits sociaux et du travail.
On s’aperçoit bien des fois que les droits humains fondamentaux ne sont pas les mêmes pour tout le monde.
Il y a des gens de première, de deuxième, de troisième classe et ceux qui sont écartés.
Non. Les droits fondamentaux doivent être les mêmes pour tous.
Dans certains pays, défendre la dignité des personnes peut conduire à l’incarcération, parfois sans jugement. Ou à la calomnie.
Tout être humain a le droit de vivre dans la dignité et de se développer pleinement, et ce droit fondamental ne peut être nié par aucun pays.
Prions pour ceux qui luttent au péril de leur vie pour les droits fondamentaux sous les dictatures, les régimes autoritaires mais aussi dans les démocraties en crise pour que leur sacrifice et leur travail donnent un fruit abondant. »

 

Prière quotidienne

Vous pouvez accompagner les intentions de prière du Pape par cette prière d’offrande quotidienne:

Père très bon, en ce jour nouveau,
me voici devant Toi.
Unis mon cœur au Cœur de ton fils Jésus
qui s’offre pour moi dans l’Eucharistie.
Que l’Esprit Saint fasse de moi son ami et apôtre par la prière,
disponible à sa mission.
En communion avec Marie, mère de l’Église et notre mère,
avec mes frères et sœurs du Réseau Mondial de Prière,
je t’offre ma journée, ses joies et ses peines,
pour la mission de l’Église
et l’intention donnée ce mois-ci par le Pape.

 

Pour en apprendre plus sur l’Apostolat de la Priere, visitez le site du Réseau Mondial de la Prière.

 

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Óscar Romero: archevêque et martyr

(Image: courtoisie de Wikimedia)

Nous célébrons cette semaine la fête de saint Óscar Romero, archevêque de San Salvador et martyr. Né le 15 août 1917 à Ciudad Barrios, fait martyr devant l’autel le 24 mars 1980, Romero est l’une des figures les plus fascinantes de l’Église au XXe siècle. 

Devenu le symbole de la lutte pour la justice sociale, son souvenir est chéri tout particulièrement dans les sociétés latino-américaines, où la mémoire de son combat pour la défense des plus marginalisés combinée à sa fidélité à l’enseignement de l’Église et à l’autorité romaine ont fait de lui une icône, lui qui est vénéré même en dehors de l’Église catholique, jusque dans la Communion anglicane. 

 

Canonisation : terme d’un long processus

La cause de canonisation d’Óscar Romero, commencée en 1993, aboutit il y a trois ans en 2018, lorsqu’il est déclaré saint de l’Église catholique par le Pape François. Le processus pour parvenir à cette canonisation a pris du temps, notamment en raison des implications de son engagement social et politique dans les débuts de la Guerre civile au Salvador. En effet, plusieurs se sont questionnés sur les motivations de sa mise en mort alors qu’il célébrait la messe: étaient-elles de nature essentiellement politiques ou plutôt de nature religieuse? 

En février 2015, la Congrégation pour la cause des saints approuve la reconnaissance du martyr d’Óscar Romero, réputé mort pour sa foi. Cette reconnaissance est suivie de sa béatification en 2015, à San Salvador puis de sa canonisation, à Rome. 

Un contexte difficile

La mort de saint Óscar Romero intervient dans un contexte d’importantes tensions sociales et politiques. En octobre 1989, survient un coup d’État militaire dirigé contre le président salvadorien en exercice, Carlos Humberto Romero, à la suite duquel est établie une junte militaire pour diriger le pays. Ce coup d’État sera suivi d’un important conflit civil qui devait maintenir la société salvadorienne dans la guerre pour une douzaine d’années.

Saint Óscar Romero, depuis quelques années archevêque de San Salvador, capitale et plus grande ville du pays, intervient publiquement et demande au président américain de l’époque, Jimmy Carter, de mettre un terme au soutien de son gouvernement au régime, critiquant en des termes sévères l’action de la junte militaire en place. 

Le martyr d’Óscar Romero

Le 23 février 1980, il prononce un sermon dans lequel il enjoint les membres des forces armées de cesser d’obéir aux ordres de leurs supérieurs et de mettre un terme aux violations des droits humains, aux attaques contre des civils, notamment. Le lendemain, à l’occasion d’une récollection organisée par des membres de l’Opus Dei, dont Romero était un partisan, le saint archevêque est fusillé devant l’autel, quelques instants après avoir terminé son homélie. À ces terribles événements se sont ajoutées des violences importantes à l’occasion de ses funérailles.

L’assassinat de saint Óscar Romero n’était pas qu’une exaction politique. Son martyr était motivé par le désir, chez ses contempteurs, de combattre une institution et une foi déterminées à défendre la dignité humaine contre ceux qui la négligent et l’attaquent, dans une démarche alimentée par le mépris et le désir d’obtenir, de concentrer et de conserver le pouvoir. 

Les débats autour de la théologie de la libération

Dans certains milieux, l’élévation de saint Óscar Romero a été moins bien comprise. Cela s’explique en partie par la dimension sociale et politique du ministère de Romero, que certains ont voulu associer à la théologie de la libération. Ce mouvement théologique, puis sociopolitique, met en relation l’Évangile et la lutte pour la justice sociale, c’est-à-dire contre la pauvreté, la misère, la faim et l’exploitation. 

Un courant parfois excessivement matérialiste de ce mouvement a suscité la condamnation par les autorités romaines de certains éléments de la théologie de la libération, notamment lorsqu’informés par une lecture marxiste des rapports de classes et une insistance sur les questions sociales et politiques occultant l’essentiel du message évangélique. 

 

Saint Óscar Romero, au contraire, fonde son action sur une fidélité à l’autorité pontificale, une insistance sur l’unité de l’Église et sur une libération plus profonde, spirituelle, qui dépassent les considérations purement sociales et politiques et engagent la personne dans son rapport au Christ. Romero est aussi connu pour sa spiritualité ignatienne et son attachement au charisme de l’Opus Dei, dont l’insistance sur la sanctification par le travail et la vie ordinaire a profondément marqué l’Église, notamment sous le pontificat de saint Jean-Paul II. 

Père de miséricorde

(Image: courtoisie de Wikimedia)

Avec la publication de la lettre apostolique Patris corde (cœur de père), le Pape François ouvrait le 8 décembre dernier l’année saint Joseph, afin de souligner le 150e anniversaire de sa désignation comme patron de l’Église universelle par le bienheureux Pape Pie IX. Le 19 mars 2021 commençait aussi l’année de la famille Amoris Laetitia, célébrant le cinquième anniversaire de la publication de cette importante exhortation apostolique sur l’amour dans la famille. Enfin, en ce mois de mars, le Saint Père nous invite à prier, selon ses intentions, pour le sacrement de réconciliation. À la rencontre de toutes ces circonstances se trouve une méditation sur le lien profond entre paternité et miséricorde.

 

Justice et miséricorde dans la famille

Depuis le début de son pontificat, le Pape François a beaucoup insisté sur la thématique de la miséricorde, allant jusqu’à y consacrer un jubilée extraordinaire, en 2016. La question de la famille occupe également une place importante dans son enseignement, comme ce fut le cas à l’époque de son vénéré prédécesseur, le saint Pape Jean-Paul II. La miséricorde et la famille ne sont pas des thèmes à prendre séparément. Au contraire, il existe entre eux des liens plus profonds, enracinés dans l’Évangile. 

Les Saintes Écritures et la Tradition de l’Église sont riches en figures paternelles, auxquelles il revient par excellence la fonction d’autorité et la vertu de justice. Après tout, ne parle-t-on pas de saint Joseph le juste pour honorer celui qui, dans le silence, le travail et l’humilité, veillera sur la sainte famille? 

Parallèlement, se trouve la figure de Dieu le Père, dont la loi éternelle est chantée dans les psaumes. Si certains voient une opposition entre le Dieu de l’Ancien Testament, un Dieu de loi et de justice, un Dieu jaloux, voire même vengeur, et le Dieu du Nouveau Testament, un Dieu d’amour, de miséricorde et de liberté, nous savons qu’il en est autrement. Nous ne connaissons en vérité qu’un seul Dieu, un Dieu fidèle en qui justice et miséricorde sont unis, exprimés conjointement dans le sacrifice de Son Fils unique pour la rémission de nos péchés.  

La réconciliation du fils prodigue

La miséricorde de Dieu est expérimentée de manière toute particulière par les chrétiens à travers l’expérience du sacrement de réconciliation. Institué par le Christ et administré en Église par les prêtres, il est l’occasion par excellence de rencontrer Dieu pour se confier à Lui, pour Lui offrir le repentir de notre cœur blessé par le péché. Faits pour Son amour, désireux de Le connaître et de vivre auprès de Lui, nous nous savons pourtant faibles :  »je ne réalise pas le bien que je voudrais, mais je fais le mal que je ne voudrais pas » (Romains 7: 19), nous dit l’Apôtre. Par la miséricorde de Dieu, nous sommes vraiment sauvés. 

Il est intéressant de souligner que ce sacrement est généralement expliqué, notamment dans l’expérience du catéchuménat, à partir de la parabole du fils prodigue, qui met en avant une autre figure du père. On la connaît bien : à son retour le fils prodigue, parti dilapider frivolement sa part d’héritage et revenu bredouille, à sa surprise est accueilli par le père dans une grande fête. Au départ mal comprise par le frère, un juste, cette fête est l’expression sensible du débordement de joie suscité dans le cœur du père par le retour au bercail de son fils perdu; elle marque sa renaissance :  »ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé » (Luc 15: 32). 

Le sacrement de réconciliation est pour nous l’occasion d’être ainsi accueilli par notre Père céleste, la possibilité d’une renaissance. Par excellence, Il illustre à la fois la justice de Dieu et Sa miséricorde. 

Paternité et miséricorde 

Père de tous les pères, notre Dieu nous invite, dans la haute œuvre de la famille, à développer la vertu de justice. Il donne aux pères du monde entier un exemple fameux, celui de saint Joseph que nous fêtons ces jours-ci. Notoirement silencieux, du moins dans l’Évangile, Joseph exerce son rôle de père adoptif dans l’humilité, la simplicité, et ─ la Tradition nous l’enseigne ─ la justice. Nous devons être pour nos enfants des pères à l’image de saint Joseph : tournés vers le Christ dans l’amitié avec Sa sainte épouse, notre bienheureuse Mère de miséricorde. 

Alors que le sens de la paternité est parfois obscurci, tournons également nos yeux vers le Père authentique, notre Créateur dans les cieux, de qui origine toute chose et de qui toute justice véritable tient sa source. À Son écoute et selon Son exemple, ayons ainsi la force d’être les témoins de Sa miséricorde, ainsi que de Son esprit d’unité et de réconciliation, dans l’édification de l’Église domestique. 

Pour une préparation spirituelle à la vie familiale

(Photo: courtoisie de Pixabay)

En ce 19 mars, nous célébrons la fête de saint Joseph ainsi que le début d’une année consacrée à la « famille Amoris Laetitia ». En tant que futurs parents, mon mari et moi avons de nombreux doutes et questionnements sur la famille, et les réflexions du pape dans Amoris Laetitia nous aident à y voir plus clair.  Si nous avons déjà abordé plusieurs thèmes liés à la famille et la foi récemment, discutons plus en profondeur de ce qu’implique une préparation à la vie familiale, notamment les valeurs essentielles qui sont propres à la vocation familiale. 

 

Se préparer à l’inconnu

Depuis presque 7 mois, un petit garçon grandit en moi. Il a vécu l’entièreté de sa vie sur terre dans mon corps, et pourtant, j’attends encore de le rencontrer et d’apprendre à le connaître. Ce mélange de proximité et de découverte incarne parfaitement la beauté et la grandeur du don de Dieu. Dieu donne ce qu’on ne peut se donner nous-mêmes, il a une capacité à la création qui nous dépasse complètement, et, en même temps, il nous accorde l’immense privilège de l’intimité. 

Le pape François écrit dans Amoris Laetitia que « toutes les caractéristiques somatiques de [l’enfant] sont inscrites dans son code génétique depuis son état d’embryon. Mais seul le Père qui l’a créé le connaît en plénitude. » (Amoris Laetitia, 170)

Malgré la panoplie de livres écrits sur la famille, la grossesse et les enfants, l’expérience de la conception et de l’éducation des enfants est chaque fois entièrement nouvelle pour un couple. Mon mari et moi apprendrons certes à connaître un peu mieux chaque jour notre petit garçon, et d’autres encore si Dieu le veut, mais pour aujourd’hui, et chaque jour qui viendra, nous devrons accepter une part d’inconnu et nous reposer sur la Providence dans le soin de notre famille. 

Aimer en toute quiétude

Dans l’Évangile selon saint Luc, on nous présente Marthe, affairée pour servir le Seigneur, et Marie, à genoux et à l’écoute du Seigneur. Lorsque Marthe demande ce que Jésus pense du fait que Marie ne l’aide pas, il répond:


Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. –
(Luc 10:41-42)

Ce passage en dit beaucoup sur nos manières de vivre l’amour parental. Parfois, nous pouvons avoir l’impression d’aimer, alors que nous tombons dans l’inquiétude et la distraction.

Déjà durant la grossesse, beaucoup d’inquiétudes peuvent survenir quant à la santé du bébé, la santé de la mère, la dynamique du couple et l’anticipation de l’arrivée du bébé au sein du mariage. Il faut un grand soin pour être à l’écoute du Seigneur et être dans la joie. Le pape fait cette prière aux femmes enceintes:


« À toute femme enceinte, je voudrais demander affectueusement : protège ta joie, que rien ne t’enlève la joie intérieure de la maternité. Cet enfant mérite ta joie. Ne permets pas que les peurs, les préoccupations, les commentaires d’autrui ou les problèmes éteignent cette joie d’être un instrument de Dieu pour apporter une nouvelle vie au monde. »
– (Amoris Laetitia, 171)

 

La résistance qu’il faut opposer à cette inquiétude, surtout durant une période de pandémie où le souci règne, dépend nécessairement de la grâce de Dieu. Pour les couples qui attendent leur premier enfant, il faut combattre tout particulièrement l’anticipation anxieuse du changement à la vie d’un couple marié qu’apporte un enfant. 

L’amour prend patience

Les catholiques ont la chance de pouvoir vivre une préparation au mariage au sein de l’Église. Avant de faire le grand saut, de recevoir les grâces du sacrement du mariage, les futurs époux sont préparés à la vie de couple, au don de soi, au Seigneur et à l’autre. Cet amour « prend patience » et « n’entretient pas de rancune », nous dit saint Paul (1 Co 13:4-5).

Toutefois, nombre d’entre nous constatent une fois mariés que les affirmations de l’hymne à l’amour sont difficiles à mettre en pratique. Nous priorisons souvent nos intérêts sur ceux de notre époux, nous devenons impatients pour les petites choses en oubliant notre espérance commune, et nous nous heurtons aux défis de communication qui entravent l’intimité conjugale. 

Le pape François explique ainsi l’attitude à privilégier:


« Peu importe que [l’autre] soit pour moi un fardeau, qu’il contrarie mes plans, qu’il me dérange par sa manière d’être ou par ses idées, qu’il ne soit pas tout ce que j’espérais. L’amour a toujours un sens de profonde compassion qui porte à accepter l’autre comme une partie de ce monde, même quand il agit autrement que je l’aurais désiré. »
(Amoris Laetitia, 92)

 

Considérant le grand risque d’imperfection lié à l’amour que nous portons à notre époux, nous pouvons douter de nos capacités à accueillir un enfant. Cela dit, s’aimer soi-même et aimer son époux avec une patience renouvelée prend toute une vie. C’est sur ce double effort, et non sur la réalisation parfaite de celui-ci (Dieu seul est saint!) que nous trouverons la solidité requise pour aimer l’enfant à son tour.

 

Suivre le Christ dans la vie familiale

Cette année de la famille est aussi le 5e anniversaire de la publication d’Amoris Laetitia. Cette exhortation apostolique du pape François explique dans un style décomplexé les diverses demandes et inspirations à suivre en ce qui concerne le mariage et la vie familiale dans l’Église catholique et, plus généralement,  la vie familiale en 2021. Nous pouvons nous y référer encore aujourd’hui afin de mieux comprendre par quels chemins le Christ nous invite à le suivre au sein de la vocation au mariage et à la famille. Le Seigneur nous offre un beau chemin de sanctification et, par sa grâce jumelée à nos efforts, chacune de nos familles peut participer à sa création en toute joie et en tout amour. 

 

L’année de la famille commence le 19 mars 2021 et se terminera le 26 juin 2022 avec la 10e rencontre mondiale des familles à Rome. Trouvez des informations supplémentaires sur les événements de l’année ‘Amoris Laetitia’ ici

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