Le Carême and Pâques : soyons transformés, cheminant ensemble

Quel est le lien entre la synodalité, le Carême et Pâques ? Comment vivre le chemin de Carême et de Pâques de manière synodale ?

Pensons à deux images clés : celle de « marcher ensemble » et celle de la « transformation ». 

La synodalité nous rappelle que le Carême et la Pâques ne sont pas un trajet à faire tout seul, mais un chemin que nous sommes appelés à parcourir ensemble. Tout d’abord, nous marchons ensemble avec Dieu. C’est le Christ qui nous précède et qui nous conduit. Le Carême et Pâques sont un temps où nous avançons avec Jésus, où nous le suivons de plus près, où nous réalisons à nouveau combien il est proche de nous. En même temps, l’expérience de marcher avec le Christ nous ouvre les uns aux autres. Être disciple, ce n’est pas seulement suivre Jésus, mais le faire avec d’autres, comme les premiers apôtres que Jésus a rassemblés autour de lui. Ils ont parcouru ensemble la Galilée et la Judée pendant trois ans en suivant Jésus. Ils ne marchaient pas tout seuls : ils faisaient partie d’une communauté en marche, qui s’appelle aujourd’hui « l’Église » !

Comme il est facile de considérer le Carême comme un chemin personnel dans lequel chacun de nous s’efforce de faire ses propres efforts. Mais le Carême n’est pas destiné à être vécu seul, tout comme Pâques n’est pas destiné à être célébré seul. Le Carême et Pâques sont le voyage de l’Église toute entière – c’est le chemin qui mène du désert à la terre promise, de la mort à la vie nouvelle, du péché au salut, de la Croix à la Résurrection. Cette année, profitons de ce temps pour vivre ce cheminement ensemble avec le Christ et avec d’autres. 

Cela nous amène à notre deuxième image-clé : la transformation. Notre expérience du Carême et de Pâques est censée nous transformer, tout comme le chemin de la synodalité. Les deux vont de pair. Comme nous le savons, le Carême est un temps de conversion : pour nous préparer à Pâques, pour ouvrir nos cœurs et nous laisser renouveler par Dieu. Jésus nous invite à nous concentrer sur Lui et sur les autres, en surmontant nos tentations de rester centrés sur nous-mêmes. La synodalité implique ce même type de conversion, d’ouverture à Dieu et aux autres. Notre pèlerinage du Carême et de Pâques est une chance de se laisser renouveler par le Christ chaque année. La synodalité est le chemin par lequel Dieu veut renouveler toute l’Église en ce moment de l’histoire. Le Christ nous transforme lorsque nous marchons ensemble, en tant que chrétiens et en tant qu’êtres humains. Car la synodalité n’est pas seulement une façon de marcher ensemble en tant que disciples mais aussi une façon de marcher ensemble avec le monde. Notre mission en tant qu’Église est de partager avec tous la joie de Pâques – du Christ qui est vraiment ressuscité et présent au milieu de nous. Marcher avec le monde est le chemin par lequel nous pouvons vivre la mission de l’Église au 21ème siècle. 

Alors que nous traversons les temps du Carême et de Pâques, cherchons des moyens de partager notre expérience avec d’autres. Ce n’est pas un chemin que nous parcourons seuls. Profitons de ce temps pour parler aux autres de la manière dont tu as grandi spirituellement pendant le Carême. Ose répandre la joie de Pâques plus largement cette année, en particulier avec ceux et celles qui sont dans la difficulté et le besoin. Pourquoi pas inviter quelqu’un qui est seul à célébrer le dimanche de Pâques avec toi et ta famille à se joindre à vous pour Pâques, ou tend la main à un membre de ta famille élargie avec qui tu as perdu le contact. Laisse-toi transformer par l’expérience de marcher ensemble avec d’autres dans la lumière du Christ ressuscité, qui nous appelle non seulement en tant qu’individus mais ensemble. Notre Seigneur crucifié et ressuscité vient à notre rencontre à travers les autres, tout comme il vient à la rencontre des autres à travers nous. Il est présent et vivant au milieu de nous alors que nous cheminons ensemble, les uns avec les autres.

Pour en savoir davantage sur le parcous sur la synodalité, regardez le dernier épisode de « Sur le chemin du Synode » sur Sel + Lumière plus.

 

Quel est le sens du Carême ?

Photo de Cristian Gutiérrez, LC sur Cathopic.

Nous voici de nouveau dans le temps de Carême. Quel est le sens du Carême ? 

Souvent, nous considérons le Carême comme un moment dur où nous devons serrer les dents et nous efforcer de nous améliorer. Nous voulons peut-être perdre du poids, alors nous renonçons au chocolat. Nous voulons améliorer notre santé, alors nous renonçons à l’alcool. Nous nous concentrons sur nos efforts humains et sur le degré d’autodiscipline que nous pouvons rassembler pour nous améliorer. Mais est-ce vraiment là le sens du carême ? 

En réalité, le Carême ne porte pas tant sur ce que nous pouvons faire pour Dieu, ou pour nous-mêmes, mais plutôt sur ce que Jésus fait pour nous et sur la manière dont nous pouvons nous mettre sur sa longueur d’onde. Le Carême, c’est le temps privilégié pour accompagner Jésus dans sa montée vers Jérusalem, lieu de notre salut, de la mort et la résurrection du Christ. Le Carême consiste à se mettre au diapason du sacrifice que Jésus fait de lui-même, un sacrifice qu’aucune de nos actions ne pourra jamais égaler ou atteindre. Le don de Jésus est totalement unique, une fois pour toutes. 

Chaque année, nous faisons l’expérience du Carême afin de nous ouvrir davantage pour recevoir le don de son sacrifice pour nous. L’accent n’est pas tant mis sur ce que nous pouvons ou ne pouvons pas faire, mais sur ce que Jésus a fait, fait et fera pour nous. La dureté du désert de Carême est adoucie par la miséricorde, la tendresse et la compassion de Dieu qui vient nous faire avancer avec lui. Le Carême est un chemin de conversion sur lequel Dieu nous prend par la main comme un Père pour marcher avec son Fils Jésus. 

Le Carême nous prépare à ce que nous célébrerons le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et le Dimanche de Pâques, lorsque nous verrons Jésus se livrer pour nous, donner sa vie et ressusciter le troisième jour. Il ne s’agit pas seulement d’un temps lourd à supporter, mais d’un moment propice, une saison favorable, pour grandir avec le Seigneur, pour nous laisser saisir par lui, pour trouver plus de force, de ferveur et d’enthousiasme à sa suite. Ce n’est pas seulement l’occasion de se laisser fortifier par Dieu face à nos tentations, nos mauvais penchants, mais encore plus l’opportunité de nous laisser transfigurer, façonner, modeler par le Christ, à son image. Pour devenir davantage fils et filles du Père dans l’Esprit Saint. 

En ce sens, les trois pratiques qui caractérisent le Carême – la prière, le jeûne et les actes de charité – sont des clés d’entrée dans cette dynamique de la grâce par laquelle Dieu nous transforme petit-à-petit. 

Jésus nous invite à l’accompagner dans ce pèlerinage de la mort à la vie nouvelle, et il est à l’œuvre tout au long du Carême pour nous conduire sur ce chemin qu’il a déjà emprunté avant nous. Comment Jésus t’appelle-t-il à te tourner vers lui pendant ce Carême ? Comment le Christ t’invite-t-il à être plus conscient de ce qu’il fait en toi et autour de toi ? Quels nouveaux chemins Jésus veut-il ouvrir pour toi pendant ce Carême, afin de vivre plus pleinement sa mort et sa résurrection à Pâques ? En même temps, souvenons-nous que nous ne sommes pas seuls sur ce chemin de Carême. Nous vivons ce temps ensemble, en Église, comme des compagnons de route à la suite du Christ. 

Jésus, envoie ton Esprit pour nous renouveler, nous fortifier, nous transformer pendant ces 40 jours. Marche avec nous, guide nos pas, prends-nous par la main, alors que nous marchons ensemble à ta suite.

François : L’Évangile de la proximité, de la tendresse et de la compassion

10eme anniversaire du ponctificat du pape François

Photo de Dhcatólico sur Cathopic

Si une image vaut mille mots, combien de mots valent dix ans de pontificat ! De fait, pour décrire le ministère du pape François, les images sont encore plus éloquentes que les paroles. C’est un pontificat incarné, dont l’enseignement passe surtout par des gestes et par des actes. Quelle est l’image qui vous vient à l’esprit quand vous pensez au pape François ?

Pour beaucoup d’entre nous, la première image que nous avons eue était le soir du 13 mars 2013, lorsque le premier pape du nouveau monde – « venant presque du bout du monde », est apparu pour la première fois sur le balcon de la Basilique Saint-Pierre au Vatican. Il était vêtu d’une simple soutane blanche et il nous a salué avec simplicité : « Chers frères et sœurs, bonsoir ! » Avant de nous donner sa première bénédiction en tant que pape, il nous a demandé de prier pour lui, de le bénir afin qu’il puisse nous bénir. 

Il se dit que les foules sont venues pour voir Jean-Paul II, qu’elles sont venues pour écouter Benoît XVI, et enfin qu’elles viennent pour toucher le pape François. C’est un pape accessible, qui se met à notre portée. Alors, comment nos cœurs ont-ils été touchés par le pape François ? Comment a-t-il touché votre vie, notre monde ?

La singularité du pape François passe par l’originalité, parfois surprenante, de son style. C’est un pape qui tend la main pour embrasser et qui se laisse embrasser. C’est un pape qui vit dans la résidence hôtelière du Vatican, et non dans le palais apostolique. C’est un pape qui lave les pieds des prisonniers et des personnes âgées le Jeudi Saint, plutôt que ceux des éminents cardinaux. Il est le premier pape à choisir le nom de Saint François d’Assise, un homme de paix, de simplicité évangélique, des pauvres. C’est un pape qui a « l’odeur de ses brebis », et qui encourage les autres à faire de même. 

À maintes reprises, le pape François a parlé du style de Dieu, qu’il résume en trois mots clés : proximité, tendresse et compassion.

Le style de Dieu est la proximité, une proximité spéciale, compatissante et tendre. Les trois mots qui définissent la vie d’un prêtre, et d’un chrétien aussi, car ils sont tirés précisément du style de Dieu : proximité, compassion et tendresse.  (Discours au Symposium “Pour une théologie fondamentale du sacerdoce”)

Le pape François nous montre par ses paroles et son exemple que le style de Dieu n’est pas la distance, l’indifférence ou la condamnation. Au contraire, notre Dieu est proche, tendre et compatissant. Ayant moi-même eu l’occasion de voir le pape François de près et de le rencontrer à plusieurs reprises, j’ai été touché par le fait que le pape François témoigne de ce style de Dieu non seulement par ses paroles et son enseignement, mais surtout par sa vie et sa façon d’être avec les gens.  

La proximité

Pour nous, en tant que Canadiens, le plus grand signe de la proximité du pape François demeure sa visite au Canada en juillet 2022. Même en fauteuil roulant, il est venu faire un pèlerinage de réconciliation et de guérison avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Le pape est venu soigner des blessures qui malheureusement sont si souvent ignorées et négligées. Il est venu rencontrer les survivants des pensionnats chez eux. Il nous a donné l’exemple en vivant la parabole du bon Samaritain : être proche les uns des autres, guérir les blessures et avancer tous ensemble sans laisser  personne de côté. Le pape François nous appelle à être proches des personnes qui se trouvent à la périphérie, non seulement en allant vers elles, mais aussi en les amenant au centre – de nos cœurs, de nos foyers, de notre société et de notre Église. (cf. Un temps pour changer : Viens, parlons, osons rêver) Souvenons-nous des trois défis qu’il nous a lancé à ce moment-là, comme une boussole pour la mission de l’Église au Canada dans notre temps : faire connaître Jésus, témoigner et cultiver la fraternité. (Homélie aux Vêpres à la Cathédrale Notre-Dame de Québec) À nous de relever ces défis au service du tournant missionnaire de l’Église chez nous ! 

La tendresse

Quelle force ont les nombreuses images du pape François embrassant les personnes handicapées, les pauvres, les malades, les personnes âgées et ceux qui sont si souvent rejetés ou oubliés. Nous pourrions nous rappeler comment le pape a été ému par des enfants aux Philippines, qui lui ont demandé pourquoi Dieu permet à tant de garçons et de filles de vivre dans la rue. Ou comment il s’est agenouillé pour embrasser les pieds des dirigeants politiques en guerre du Sud-Soudan dans un plaidoyer pour la paix. Et qui pourrait oublier sa caresse du bébé autochtone au moment de la conclusion de la messe au Sanctuaire national de Sainte-Anne-de-Beaupré ? Le pape François nous appelle à transformer le monde par la puissance de la tendresse :

La foi authentique dans le Fils de Dieu fait chair est inséparable du don de soi, de l’appartenance à la communauté, du service, de la réconciliation avec la chair des autres. Dans son incarnation, le Fils de Dieu nous a invités à la révolution de la tendresse. (Evangelii Gaudium, no. 88)

La compassion

Cependant, le trait divin que le pape François a le plus souligné est celui de la miséricorde, son amour compatissant qui nous sauve. Au milieu de son pontificat, il a déclaré un Jubilé de la miséricorde, appelant toute l’Église « à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir nous aussi signe efficace de l’agir du Père ». (Misericordiae Vultus, no. 3)  Se faisant proche des gens, François se laisse toucher par la compassion, qui est la source de la tendresse. Le pape lui-même a reçu sa vocation à l’âge de dix-sept ans, lors d’une rencontre personnelle avec la miséricorde de Dieu dans le sacrement de la confession, le jour de la fête de Saint Matthieu. Comme l’apôtre Matthieu, le jeune Bergoglio a fait l’expérience de la miséricorde de Dieu, qui l’avait choisi en le pardonnant, ce qui est le sens de sa devise : Miserando atque eligendo. Dans son livre intitulé Le Nom de Dieu est Miséricorde, le pape François témoigne de tout ce que Dieu fait pour entrer dans le cœur de l’homme, se servant même de la plus petite ouverture – cette fente dans la porte de notre cœur – que Dieu utilise pour nous pardonner et prendre pitié de nous. 

Dieu ne se fatigue jamais de nous pardonner, jamais ! […] Lui ne se fatigue pas de pardonner, mais nous, parfois, nous nous fatiguons de demander pardon. Ne nous fatiguons jamais, ne nous fatiguons jamais ! Lui est le Père plein d’amour qui pardonne toujours, qui a ce cœur de miséricorde pour nous tous. Et nous aussi apprenons à être miséricordieux avec tous. Invoquons l’intercession de la Vierge qui a eu entre ses bras la Miséricorde de Dieu fait homme. (Angélus, 17 mars 2013)

La joie

On peut ajouter un quatrième trait qui décrit non seulement le style de Dieu mais aussi celui de François : il s’agit de la joie ! Le magistère de François est plein de joie. 

Le programme de son pontificat a été exprimé dans « La joie de l’Évangile » – Evangelii Gaudium, dans lequel il nous appelle à être constamment renouvelés et transformés par la joie de la rencontre avec le Christ. Son document phare sur la famille s’intitule « La joie de l’amour » – Amoris Laetitia, dans lequel il appelle les familles à vivre la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour l’humanité. L’exhortation de François sur l’appel à la sainteté, « Soyez dans la joie et l’allégresse » – Gaudete et Exsultate – nous rappelle que la sainteté n’est pas réservée aux prêtres et aux religieuses, mais aussi à nos voisins d’à côté, et que vivre les Béatitudes nous rend plus vivants et plus humains. Même ses orientations pour les universités catholiques et les facultés de théologie s’intitule « La joie de la vérité » – Veritatis Gaudium, un véritable changement de paradigme dans notre façon de dialoguer avec la culture plutôt que de présumer que nous détenons la vérité, que nous la possédons pour l’imposer aux autres. Ici et maintenant, le pape François nous amène à découvrir la joie de marcher ensemble, en tant qu’Église et en tant que famille humaine, sur le chemin ardu mais prometteur de la synodalité :

Chers frères et sœurs, que ce Synode soit habité par l’Esprit ! Car nous avons besoin de l’Esprit, le souffle toujours nouveau de Dieu qui nous libère de toute fermeture, qui fait revivre ce qui est mort, qui brise les chaînes et répand la joie. (Discours pour le début du processus synodal)

Le pape François n’est certainement pas un super-héros de la proximité, de la tendresse, de la compassion et de la joie. Au contraire, en célébrant les dix ans de son pontificat, remercions Dieu pour son témoignage de pasteur qui vit le style de l’Évangile. Soyons touchés par les façons dont nous avons été témoins du style de Dieu incarné par notre pape François. Mais ne nous arrêtons pas là ! Recevons humblement la proximité, la tendresse, la compassion et la joie de Dieu dans nos propres vies, et soyons encouragés et poussés à vivre le style de Dieu dans nos relations quotidiennes avec les personnes qui nous entourent, en commençant par celles qui sont le plus dans le besoin. Que l’exemple du pape François nous inspire à nous laisser toucher par la miséricorde de Jésus, afin d’aller toucher la chair du Christ dans tous nos frères et sœurs.

Père de tendre miséricorde, répands dans nos cœurs l’Esprit de Ton amour, afin que nous puissions suivre Jésus en marchant avec nos frères et sœurs. Bénis notre pape François, et fais que son ministère porte une abondance de fruits dans la mission de Ton Église, pour la vie du monde que Tu aimes tant. Amen.

O Rex Gentium: Encore une reflection en prime

Viens, Roi de l’univers, pierre angulaire de l’Église!
À l’homme que tu as pétri de la terre viens apporter le salut.

 

Dieu se fait pauvre pour rencontrer notre pauvreté

« Jésus est le Roi de l’univers ». N’est-ce pas un peu présomptueux ? Après tout, Jésus n’est pas un monarque comme les autres. D’ailleurs, comment prétendre être un roi universel quand tout le monde n’est pas chrétien ?

Cette ancienne prière de l’Église, dans les derniers jours avant Noël, nous met devant la question : quel type de roi est Jésus et quelle est sa relation au monde entier ?

Regardons d’abord la manière par laquelle Jésus est entrer dans notre monde. Il n’est pas né dans un palais. Son trône était une humble mangeoire : là où mangent des animaux. Durant sa vie, il ne se promenait pas en calèche mais emprunter un âne quand il en avait besoin. Finalement, il n’a pas eu l’honneur des funérailles d’État, mais il a été exécuté comme un criminel aux mains d’un gouverneur romain. 

Paradoxalement, la royauté de Jésus se manifeste dans sa pauvreté. Et c’est exactement cela qui fait de lui le roi des nations. Si Jésus était pauvre – du début de sa vie jusqu’à la fin – c’était car il est venu embrasser notre pauvreté. Ce qui lie toutes les nations de la terre, c’est la pauvreté qui habite chaque cœur humain. Certes, il y a une grande diversité au niveau de notre pauvreté ou richesse matérielle. Mais ce que nous avons tous en commun, c’est la pauvreté intérieure dont nous faisons tous et toutes l’expérience, même inconsciemment. 

Chaque être humain a soif d’amour, de sens, d’espérance et de paix. Ce sont des choses que nous ne pouvons pas procurer pour nous-mêmes. Elles ne sont pas à vendre ; elles sont en rupture de stock au magasin. C’est en ce sens que nous sommes pauvres : nous avons besoin que quelqu’un d’autre vient nous combler, nous guérir et nous sauver.

Dieu est devenu pauvre précisément pour venir nous combler dans notre pauvreté. C’est ainsi que Jésus est le roi de toutes les nations. C’est le mystère dans lequel nous entrons pendant le temps de Noël. Cette période de l’année, c’est l’occasion pour chacun d’entre nous de reconnaitre notre besoin de Dieu, notre soif du Christ, et de nous ouvrir pour qu’il vienne nous combler. 

Jésus, Roi des nations, comble-nous de ta pauvreté royale. Ouvre tous les peuples de la terre pour faire rayonner en nous la lumière de ton royaume. Amen.

Ouvrir les portes et les fenêtres de l’Église : 60 ans depuis le début du Concile Vatican II

Le concile Vatican II à l'oeuvre (Wikimedia Commons).

Le concile Vatican II à l’oeuvre (Wikimedia Commons).

Le 11 octobre 2022 marque les 60 ans du début du concile Vatican II. Qu’est-ce que Vatican II et pourquoi est-il important aujourd’hui ? Vatican II a été le plus grand événement ecclésiastique du 20e siècle, réunissant tous les évêques de l’Église catholique – 2 625 ! – avec le pape et de nombreux invités spéciaux et observateurs, de 1962 à 1965. Toutes ces décennies plus tard, il y a encore tant de choses qui n’ont pas été mises en pratique. Dès le départ, saint Jean XXIII a convoqué le Concile pour ouvrir les portes et les fenêtres de l’Église, afin d’inaugurer un nouveau printemps pour renouveler l’Église et pour présenter la foi d’une manière qui résonne avec les hommes et les femmes de notre temps. Bien sûr, Vatican II a changé la langue de la messe, passant du latin aux langues que nous parlons aujourd’hui, mais il y a bien plus encore.

Vatican II a été un moment décisif de l’Esprit Saint qui a conduit à 16 documents révolutionnaires, dont les plus importants sont les 4 constitutions : Sacrosanctum Concilium sur la liturgie ; Dei Verbum sur la révélation divine ; Lumen Gentium sur l’Église ; et Gaudium et Spes sur la relation entre l’Église et le monde moderne. Le pape François nous invite à redécouvrir et à décortiquer ces quatre constitutions majeures à l’occasion des 60 ans du Concile. À travers ces documents, Vatican II a appelé tous les catholiques à voir l’Église sous un jour nouveau, comme le peuple de Dieu en pèlerinage à travers l’histoire (LG 9-17), en solidarité avec tous et chacun, et surtout avec ceux et celles qui souffrent (GS 1).

Le Concile nous appelle, en tant que chrétiens, à discerner les signes des temps (GS 4-10) – en d’autres termes, à être en contact avec ce que les gens vivent ici et maintenant – afin d’être du levain pour la venue du royaume de Dieu dans chaque chapitre de l’histoire (GS 40). Le Concile a enseigné que cela ne s’applique pas seulement aux prêtres et aux moniales, mais à nous tous (cf. Apostolicam Actuositatem) puisque l’appel à la sainteté est universel (LG 39-42), et non pas réservé à une petite élite. Chacun de nous est appelé à faire de sa vie quotidienne un moyen de transformer la société à la lumière du Christ, car c’est seulement en Jésus que nous voyons clairement le monde et la personne humaine (GS22). Vatican II nous a appelés à poursuivre notre mission de chrétiens non pas en opposition à nos frères et sœurs des autres religions et cultures (cf. Nostra Aetate) mais ensemble, comme une seule famille humaine qui avance dans l’amour de Dieu, le Père de tous. Saint Paul VI a dit que l’esprit du Concile est celui du bon Samaritain, avec un cœur ouvert et des bras tendus pour partager l’amour de Dieu par la façon dont nous nous aimons les uns les autres. À la fin du Concile, Paul VI a résumé le message du Concile ainsi : c’est « une invitation pressante et amicale à l’humanité d’aujourd’hui à redécouvrir Dieu dans l’amour fraternel […] telle est notre espérance pour l’humanité entière que nous avons appris ici à aimer davantage et à mieux servir » (Conclusion du Concile Vatican II, 7 décembre 1965).

Notre monde a besoin du type d’Église que Vatican II a imaginé il y a soixante ans. Que pouvons-nous faire, vous et moi, pour être cette Église-là aujourd’hui ?

Pour guérir les blessures du Canada : le Pape François et les peuples autochtones

Julian Paparella avec Lina, survivante des écoles résidentielles qui a 90 ans, le matin des excuses présentées par le pape François à Maskwacis, en Alberta, le 24 juillet 2022.

Julian Paparella avec Lina, survivante des écoles résidentielles qui a 90 ans, le matin des excuses présentées par le pape François à Maskwacis, en Alberta, le 24 juillet 2022.

Sur place à Maskwacis, en Alberta, pour assister à l’arrivée du pape François qui allait présenter ses excuses tant attendues aux peuples autochtones du Canada sur leurs propre terres, j’ai été profondément ému. Deux choses m’ont frappé simultanément. Premièrement, la souffrance, la douleur et le traumatisme intergénérationnel qui ont ravagé les communautés et les familles autochtones. Deuxièmement, l’humilité, le courage et la compassion du pape, qui a parcouru une telle distance pour démontrer sa proximité.

J’ai vu devant moi un berger et un pèlerin qui est venu de Rome jusqu’aux prairies de l’Alberta rurale pour aider à guérir les blessures les plus profondes du Canada. Ces blessures ont si souvent été tragiquement ignorées, cachées et rejetées. On était là, au milieu de l’Alberta rurale, par un lundi matin pluvieux, dans un endroit dont la plupart des Canadiens n’avaient jamais entendu parler, et le chef de file des 1,3 milliard de catholiques du monde était arrivé afin d’oeuvrer pour la vérité, à la justice, à la réconciliation et à la guérison dans notre pays. Le successeur de saint Pierre est venu jusqu’ici pour nous faire avancer sur le chemin que nous devons prendre ensemble. Ce fut une expérience qui a fait couler des larmes à beaucoup d’entre nous.

La route à double sens du bon Samaritain

En vivant tout cela directement, je n’ai pu m’empêcher de penser à la parabole du bon Samaritain de Jésus (Luc 10,25-37). Comme l’homme de la parabole de Jésus, le pape François a écouté le cri des autochtones, des abus et des blessés sur le bord de la route de la société canadienne. Il a refusé de faire comme les autres qui ont fait la sourde oreille et ont fermé les yeux. Il a insisté pour aller de l’avant avec nos frères et sœurs autochtones, en prenant au sérieux leur besoin de guérison et en agissant en conséquence.

Mais le pape François n’est pas le seul à avoir suivi les traces du bon Samaritain l’été dernier. De nombreux autochtones m’ont confié qu’ils ne voulaient pas que le pape présente des excuses comme une simple formalité politique ou une obligation légale. Ils voulaient plutôt des excuses venant du cœur, qui les toucheraient dans leur cœur. Ils disent que pour guérir, ils doivent pardonner. C’est une leçon d’humilité et une source d’inspiration pour nous tous. Nos frères et sœurs autochtones ont le désir de pardonner. Pour beaucoup d’entre eux, ils voulaient que le pape s’excuse afin de pouvoir pardonner à l’Église. Ainsi, les autochtones eux-mêmes sont comme le bon Samaritain, qui sort l’Église du caniveau pour qu’ensemble nous puissions avancer sur le chemin de la guérison.

Le chemin de la guérison pour nos frères et sœurs autochtones

J’étais bouleversé en écoutant les hommes et les femmes autochtones au cours de la visite du pape. Leurs histoires et leurs visages témoignent de décennies de souffrance, mais aussi d’un espoir indéfectible pour l’avenir. Comme l’a dit une femme le jour des excuses du pape à Maskwacis : « Je suis reconnaissante d’être ici aujourd’hui, parce que tant de membres de ma famille, d’amis et de camarades de classe n’ont pas pu voir le pape venir au Canada et entendre ses excuses ». Une autre femme a partagé que dans sa communauté isolée des Territoires du Nord-Ouest, rien que dans le mois précédant la visite du pape, quatre jeunes s’étaient suicidés. Il s’agissait de jeunes pères et mères de famille, laissant leurs enfants derrière eux.

Le traumatisme intergénérationnel causé par les pensionnats et les abus subis par les autochtones a des répercussions durables sur la vie quotidienne de leurs communautés, encore aujourd’hui. Un très grand nombre d’entre eux ont été arrachés à leur foyer. Cela signifie que leurs parents n’ont pas appris à être parents, et qu’ils ne l’ont pas été non plus. Le cercle de la vie familiale a été brisé. Pourtant, malgré cette obscurité, au milieu du fléau de la toxicomanie et du suicide, beaucoup d’entre eux ont pu persévérer, obtenir de l’aide, surmonter les ombres de leur vie et regarder vers la lumière. Ces survivants sont des héros canadiens, avec des noms, des visages, des amis et des familles. En tant que pays, nous leur devons le même respect, le même engagement et le même amour que le pape François est venu leur témoigner.

Avancer ensemble

En tant qu’habitants du Canada, nous avons encore tant à apprendre sur les premiers peuples qui ont accueilli sur leurs terres les générations de migrants qui ont suivi. Tant d’étapes doivent encore être franchies dans notre cheminement ensemble. L’été 2022 a été une route à double sens du bon Samaritain, mais la route ne s’arrête pas là. En tant que catholique et canadien, je suis plus convaincu que jamais que nous devons prendre au sérieux le chemin de la guérison et de la réconciliation si nous voulons que notre pays soit une société juste, humaine et fraternelle. Nous ne pouvons continuer à avancer sans entendre les cris des blessés. Le pape a tendu les bras et les autochtones lui ont répondu. Il est temps que nous fassions tous de même. Suivons les paroles de Jésus : « Va, et toi aussi, fais de même » (Luc 10,37).

 

Qui est le pape Jean-Paul Ier ? Le sourire de Dieu est bienheureux

On a dit que le pontificat de Jean-Paul Ier a été comme un météore qui illumine le ciel et disparaît rapidement. Son élection comme pape a été une source de joie après le lourd chagrin qui a accompagné la mort de Saint Paul VI moins d’un mois auparavant. Son pontificat, qui n’a duré que 33 jours, a été l’un des plus brefs, mais il a illuminé l’Église, non seulement pendant la courte période où il a été pape, mais aussi jusqu’à ce jour.

Jean Paul Ier a été pape du 26 août au 28 septembre 1978, l’année des trois papes. Depuis le dimanche 4 septembre 2022, l’Église l’appelle « bienheureux », non pas pour la durée de son service en tant que successeur de saint Pierre, mais pour la lumière que l’exemple de sa sainte humilité et de sa joie simple fait encore briller sur le visage de l’Église et de l’humanité.

Jean-Paul Ier est né Albino Luciani en 1912, deux ans avant le début de la première guerre mondiale, dans le petit village de Forno di Canale, niché dans les montagnes du nord de l’Italie. En italien, son prénom signifie « petit blanc » ou « petite aube » et son nom de famille fait référence à « lumière ». Il était la lumière d’une petite aube : une petite lumière blanche pour l’Église et le monde. Alors qu’il était prêtre dans son diocèse natal de Belluno, il a lancé une série de conférences intitulées « Catéchèses en miettes » (Catechetica in briciole). Cela révèle le feu ardent qui brûle dans son cœur pour communiquer la foi, ainsi que sa simplicité caractéristique et son sens de l’humour terre-à-terre.

Lorsqu’il a été nommé évêque en 1958, il a choisi la devise Humilitas, qui signifie tout simplement : « Humilité ». Il fut le premier pape à refuser d’être « couronné » de la tiare papale. Premier pape à porter un double nom, il s’est nommé en l’honneur de ses deux prédécesseurs immédiats : les saints Jean XXIII et Paul VI. L’humilité inspirante de Jean-Paul Ier n’était pas un dégoût de soi triste et renfrogné. Il s’agissait plutôt d’un sens aigu de sa propre petitesse aux yeux de Dieu, qui lui servait de pont de solidarité avec tous ses frères et sœurs de la famille humaine. Être petit ne signifie pas que Dieu nous aime moins, mais plutôt que nous sommes d’autant plus capables d’accueillir son étreinte aimante. Pour Jean-Paul Ier, Dieu est un Père qui nous aime comme ses petits, avec le cœur d’une mère. Il enseignait que : « Dieu déteste les défauts, parce que ce sont des défauts. En un certain sens, toutefois, il aime les défauts parce qu’ils Lui donnent l’occasion de montrer sa miséricorde et à nous de demeurer humbles, de comprendre et d’excuser les défauts de notre prochain » (Catéchèse à l’audience générale, 20 septembre 1978).

Jean-Paul Ier a laissé ce tendre amour du Père rayonner à travers lui vers les autres. Après son élection comme pape en 1978, il a dit aux fidèles du diocèse de Rome : « Je peux vous assurer que je vous aime, que je ne désire qu’entrer à votre service et mettre à la disposition de tous les pauvres pouvoirs que je possède, si petits soient-ils » (Homélie lors de sa prise de possession de la chaire de l’évêque de Rome, 23 septembre 1978). Il a parlé de mettre un grand amour dans les petites choses de la vie :

« L’amour dans les petites choses. C’est souvent le seul amour possible. Je n’ai jamais eu l’occasion de sauter dans une rivière pour sauver un homme qui se noyait ; on m’a très souvent demandé de prêter quelque chose, d’écrire des lettres, de donner des instructions simples et faciles. Je n’ai jamais rencontré de chien enragé ; j’ai plutôt rencontré des mouches et des moustiques irritants. Je n’ai jamais eu de persécuteurs qui m’ont battu, mais beaucoup de gens me dérangent en faisant du bruit dans la rue, en mettant le volume de la télévision trop haut ou malheureusement en faisant du bruit en buvant la soupe. Aider, être compréhensif, rester calme et souriant (autant que possible) dans de telles occasions, c’est aimer concrètement son prochain sans rhétorique » (Lettre à Sainte Thérèse de Lisieux dans son livre intitulé Illustrissimi).

Jean-Paul Ier – le pape de la lumière simple – offrira quatre enseignements au cours du mois qu’il passera comme pasteur de l’Église universelle. Il a basé ses enseignements sur les trois « lampes de sanctification » mises en évidence par son prédécesseur saint Jean XXIII : la foi, l’espérance et la charité. Il utilisait des exemples familiers à tous pour parler de la foi d’une manière qui résonnait avec la vie quotidienne. Catéchiste dans l’âme, Jean-Paul Ier invitait les enfants à monter sur sa chaise lors de ses interventions publiques, afin d’être proche des gens et de parler comme s’il conversait avec eux. En une occasion, il a demandé avec tendresse à un garçon : « Quand tu étais jeune, qui s’est occupé de toi quand tu étais malade ? Qui t’a donné de la soupe chaude ou des médicaments quand tu ne te sentais pas bien ? » Il a ensuite souligné combien de personnes âgées sont isolées et seules : « Après, tu grandis, et ta mère devient vieille ; tu deviens un beau monsieur, et ta mère sera au lit, malade. Eh bien, qui apportera à ta mère un peu de lait et un médicament ? » Et le garçon répondit : « Mes frères et moi ».

En Italie, Jean-Paul Ier est connu comme le « pape souriant » ou le « sourire de Dieu ». Au moment de son décès, le cardinal Ratzinger (aujourd’hui Benoît XVI) a déclaré que son « sourire a conquis l’attention et le regard du monde » :

« Ce sourire n’était pas un masque, derrière lequel une personne peut se cacher, ni un geste étudié pour obtenir quelque chose, mais l’expression, inconsciente et naturelle d’une âme transparente et lumineuse jusqu’au plus profond d’elle-même. Oui, il ne s’agit pas d’un don reçu de la nature, mais de quelque chose d’acquis de Jésus-Christ, vivant à un niveau toujours plus profond » (Homélie de la messe à la mémoire de Jean-Paul Ier célébrée dans la cathédrale de Munich, 6 octobre 1978).

Le sourire qui a illuminé le visage de Jean-Paul Ier est le signe que le partage de notre foi peut passer par les canaux les plus simples pour atteindre les autres. Ne sous-estimons pas l’impact que notre humble joie peut avoir sur ceux qui nous entourent. Jean-Paul Ier nous rappelle que la joie simple de l’évangélisation commence dans les petites choses, comme le fait de sourire aux personnes que nous croisons au cours de notre journée. Un simple sourire peut ouvrir la porte du cœur. Comme Jean Paul Ier, nos sourires ne sont pas des signes d’un vague optimisme. Ils révèlent plutôt sur nos visages ce qui se trouve au fond de nos cœurs : la chaleureuse lumière de l’amour tendre de Dieu qu’il nous appelle à partager avec le monde. La flamme de cette lampe qui brûle dans le cœur de Jean-Paul Ier est un météore dont l’éclat illumine encore la face de la terre. Certes, son pontificat n’a peut-être duré que le temps d’un sourire, mais son humble joie a le pouvoir de nous inspirer alors que nous partageons le tendre amour de Dieu avec le monde, aujourd’hui et pour les générations à venir.

Alors que nous célébrons Jean Paul Ier, réfléchissons aux paroles du cardinal Ratzinger de l’époque :

« Le temps s’est transformé. Par l’action du Seigneur, il est devenu l’histoire de Dieu, des hommes qui procèdent de cette histoire et qui nous accompagnent, nous consolent, nous guident, sont des symboles d’espérance et de foi. Le temps n’est plus le filet de la mort, mais la main tendue de la miséricorde de Dieu, qui nous soutient et nous cherche. Ses saints sont les colonnes de lumière qui nous montrent le chemin, le transformant certainement en voie de salut alors que nous traversons les ténèbres de la terre. Désormais, lui aussi [Jean-Paul Ier] appartiendra à cette lumière. Celui qui ne nous a été donné que pour 33 jours ; de lui, cependant, brille une lumière qui ne peut plus nous être enlevée. C’est pour cela que nous voulons remercier le Seigneur de tout cœur. Amen. » (Homélie de la messe à la mémoire de Jean-Paul Ier célébrée dans la cathédrale de Munich, le 6 octobre 1978).

Bienheureux Jean-Paul Ier, priez pour que nous soyons le sourire de Dieu au milieu des joies et des défis de notre monde aujourd’hui.

(Image : Jean-Paul Ier sur Wikimedia Commons)

Conflit russo-ukrainien: où est Dieu à travers la guerre?

(Image: courtoisie de Unsplash)

Les yeux du monde entier sont fixés sur l’Ukraine. Nos cœurs se tournent vers nos semblables qui souffrent d’une attaque brutale. De terribles tragédies comme celle-là soulèvent la question suivante: où est Dieu?

Bien que ce soit difficile à voir, Dieu n’est pas absent. Dieu est là. Dieu pleure. Dieu est du côté de ceux qui souffrent et il entend leur cri. Notre Dieu n’est pas indifférent, ou déconnecté. Il ne vit pas dans un palais lointain, ou un yacht luxueux. Dieu est au milieu de la souffrance, au cœur même des traumatismes et des tragédies du monde. 

Il ne fait aucun doute que Dieu accompagne les familles ukrainiennes qui sont contraintes de fuir et de se séparer. Dieu pleure sur les corps qui nous laissent insensibles. En même temps, Dieu donne du courage aux citoyens russes qui osent protester face à la cruauté, risquant leur liberté pour dire non à la guerre. Dieu œuvre pour faire avancer les négociations sur le chemin de la paix. Dieu inspire les journalistes et les caméramans qui mettent leur vie en danger pour transmettre la réalité vécue des gens. 

L’histoire nous montre que c’est souvent dans les ténèbres les plus écrasantes que Dieu fait briller la lumière la plus rayonnante. Pensons à la cellule obscure de saint Maximilien Kolbe à Auschwitz, qui se sacrifie pour sauver la vie de son codétenu. Au cœur de l’horreur, Dieu répond en faisant briller une lueur d’amour. 

Dieu ne se contente pas d’observer la souffrance du monde à la manière d’un spectateur. Dieu se fait proche. Il nous dit lui-même : « Ne crains pas, car je suis avec toi, n’aie pas peur, car je suis ton Dieu; je te fortifierai, je te secourrai » (Isaïe 41, 10). Sa fidélité n’est pas éteinte par les ténèbres du monde: « Quand tu passeras à travers les eaux, je serai avec toi; et à travers les fleuves, ils ne te submergeront pas; quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te consumera pas » (Isaïe 43, 2). Dieu ouvre un chemin là où il n’y en a pas. La vie que Dieu nous donne vainc la mort, elle-même. 

En effet, Dieu désire tellement être proche de nous qu’il s’est fait homme, a souffert comme nous et a partagé notre mortalité. C’est ce que le cardinal Michael Czerny avait à l’esprit et au cœur lorsqu’il s’est rendu en Ukraine au nom du pape François et de tous les chrétiens : « être proche de son peuple, de ses enfants qui souffrent, c’est la manière que Dieu a choisie pour entrer dans l’histoire du monde. Même au prix de finir sur la croix ». Le Créateur de l’univers est né, un nourrisson persécuté sous la coupe d’ un régime d’oppression impitoyable. La Sainte Famille a été contrainte de fuir sa patrie, menacée par le roi Hérode, assoiffé de sang. Le Christ a été mis à mort sous la bannière de l’Empire romain. Jésus a déclaré les persécutés « bienheureux » (Matthieu 5, 10-11). La victoire de la résurrection ouvre un chemin de vie même à travers les ravins de la mort. 

Ici et maintenant, Jésus ressuscité vient racheter les situations les plus désespérées. Jésus ne prend pas les armes. Son arme est l’amour. Le Christ ne massacre pas nos ennemis. Il change les cœurs. Le chemin du Christ passe par notre désir d’un lendemain meilleur et d’un monde plus solidaire, plus fraternel, plus humain. La paix du Christ nous conduit à la vraie liberté, bien plus grande que la simple absence de guerre et d’oppression. 

« Des fleuves de sang et de larmes coulent en Ukraine ». Ce ne sont pas que des larmes humaines: les larmes de Dieu se mêlent aux nôtres. Ce n’est pas seulement le sang des soldats et des civils, mais le sang du Christ qui vient racheter notre misère et notre souffrance les plus profondes. 

Jésus porte la croix des ukrainiens avec eux. Il nous appelle à faire de même. Serons-nous Simon de Cyrène pour les hommes, les femmes et les enfants d’Ukraine – par nos prières, notre solidarité, notre soutien financier et matériel? Dieu est avec eux, et il veut leur venir en aide à travers toi et moi. Osons être une « armée désarmée qui travaille à la reconstruction de cette humanité que les armes tentent de détruire ».

Jésus, par le sang de ta croix, guérit les blessures de ceux qui souffrent. Fais que Ta paix prenne racine dans les cœurs endurcis pour mettre fin à l’horreur de la guerre. Marie, Reine d’Ukraine, Reine de la Paix, priez pour nos frères et sœurs ukrainiens!  

Faire la troisième guerre mondiale ou avancer ensemble? 3 étapes vers l’unité

(Image: Courtoisie de Unsplash

L’actualité ces jours-ci rend le risque apparent d’une « troisième guerre mondiale » plus réel que jamais. Depuis plusieurs années, le pape François parle des nombreux conflits dans le monde comme d’une véritable « troisième guerre mondiale par morceau » (Fratelli Tutti, 25). 

Nous pouvons nous sentir effrayés, incertains, menacés. Que devons-nous faire ?

Mère Teresa avait l’habitude de dire : « La charité commence à la maison ». Malheureusement, il semble que nous pourrions dire la même chose des conflits, des divisions et des guerres. En effet, bon nombre des dictateurs les plus destructeurs sont marqués par un terrible traumatisme dans leur vie personnelle, semant les grains de la haine, de la vengeance et de la domination. Ce que nous faisons ici et maintenant, tous et chacun, sème des grains d’un genre ou d’un autre pour notre propre avenir et pour les générations futures. 

La pandémie de COVID a mis en évidence notre besoin de contact humain, de passer du temps avec nos proches, d’être ensemble au-delà des liens virtuels des médias sociaux. En même temps, elle a révélé des tensions, des lignes de fracture et des polarisations chez nous et à l’étranger. De nombreuses familles ont été divisées entre les « anti-vax » et les « pro-vax ». Chacun d’entre nous peut penser à des exemples réels de tensions et de divisions dans sa propre vie et dans le monde. 

Dans un climat aussi tendu, osons tourner la page vers l’unité. Alors que la pandémie touche à sa fin, que le printemps approche et que le carême est arrivé, voici trois voies dans lesquelles nous pouvons nous engager, chacun à notre manière: 

1) Prier pour l’unité. La prière a deux effets étonnants. Premièrement, elle oriente notre cœur vers ce pour quoi nous prions: le bien d’une personne, le bien d’une situation, les besoins du monde. Deuxièmement, elle élève la personne ou la chose pour laquelle nous prions jusqu’à Dieu, Le laissant agir puissamment pour accomplir des merveilles. Prions-nous pour l’unité de nos familles, de nos communautés et de notre monde? Disposons-nous nos cœurs à être unis les uns aux autres, et laissons-nous Dieu entrer dans nos tensions et nos divisions, afin de nous rassembler? 

2) Rêvez d’unité. Imaginez de quelle manière vous pouvez contribuer à semer des grains d’unité dans votre propre vie et dans le monde. Quelle est votre contribution? Y a-t-il un membre de votre famille, un ami ou un collègue que vous devez pardonner ou à qui vous devez demander pardon? Y a-t-il une rancune à guérir? Y a-t-il une situation que vous avez longtemps considérée comme désespérée et qui nécessite simplement un retournement du cœur, une nouvelle perspective et soutien de la grâce divine ?

3) Osez aller de l’avant, ensemble. Quelles que soient les disputes que nous avons eues les uns avec les autres ou la distance qui s’est installée, il est toujours possible d’avancer ensemble. Cela dépend de nous. Dieu fait toujours entrer de l’air frais, même là où nous avons fermé les portes. Il nous demande d’être humbles, miséricordieux et courageux. Même lorsque les gens ont des opinions radicalement différentes des nôtres, sommes-nous prêts à voir la situation dans son ensemble et à être unis en dépit de différences, pour le bien de tous? C’est à cela que nous invite le chemin de la synodalité de l’Église: avancer ensemble vers l’unité que Dieu nous propose à travers la diversité. Dans l’Église et dans le monde, considérons-nous les points de vue divergents comme les différents côtés d’une même médaille, qui peuvent s’enrichir mutuellement, ou comme des perspectives diamétralement opposées qui nous maintiennent à l’écart les uns des autres?

Aucune opinion, aucun point de vue, aucune conviction digne de ce nom ne nous oblige à ostraciser les autres, à édifier des murs et à laisser l’hostilité prendre le dessus. Selon le mot de saint Jean de la Croix : « Semez l’amour là où il n’y en a pas, et vous en trouverez ». Suivons son conseil, et semons le grain d’un monde plus uni. Aujourd’hui et demain en dépendent.

Viens Esprit Saint, insuffle l’amour de Dieu dans les ossements morts de nos divisions, de nos conflits et des tensions qui affligent nos familles, nos communautés et notre monde. Ravive notre humanité afin que nous puissions vivre dans l’unité, comme une seule et même famille. 

Quelle est la signification du sexe?

(Image: Courtoisie de Unsplash)

À bien des égards, on pourrait dire que notre société est « obsédée » par le sexe. Mais la question suivante est rarement posée : quel est le véritable rôle et le but du sexe dans nos vies?

Le sexe en dehors d’une relation amoureuse avec une autre personne n’a pas de sens. En dehors du contexte de l’amour, le sexe ne peut nous combler, quels que soient nos efforts. En effet, c’est l’amour qui comble nos cœurs. Le sexe est une expression de l’amour, pas son substitut.

Aujourd’hui, le sexe est souvent considéré comme le point de départ d’une relation, comme un rite de passage, comme une étincelle pour allumer une flamme ou comme la satisfaction d’une attente sociale. Mais rien de tout cela n’exprime ce qu’est réellement le sexe. 

Nous pouvons considérer le sexe comme le fondement d’une relation amoureuse. Mais même ici, nous n’avons pas encore trouvé sa véritable signification. En réalité, le sexe est le sceau d’une relation d’amour. Et pas n’importe quel type de sceau! Ce n’est pas un sceau temporaire pour montrer que « je tiens à toi » ce soir, cette semaine, ce mois ou même cette année. C’est un sceau qui dure pour toujours. C’est ainsi que notre cœur voit le sexe, même si notre esprit peut penser autrement. 

Le sexe n’est certainement pas la garantie qu’une relation durera effectivement pour toujours. Nous pouvons en prendre conscience douloureusement. Les relations amoureuses reposent sur des bases solides: s’engager envers l’autre, donner de soi et construire une vie ensemble, jour après jour et brique après brique.  Le sexe est une belle expression de l’amour qu’un couple partage au niveau plus profond, renforçant cet amour et le scellant à travers le corps. Mais le sexe ne peut pas renforcer un amour qui n’est pas déjà là. Sinon, le sexe est une contrefaçon superficielle: ce serait dire avec le corps ce que je ne peux pas dire par ma vie. 

C’est pourquoi l’« habitat naturel » du sexe est le mariage. Le mariage est le lieu où les bases ont été posées pour que le sexe vienne renforcer le lien qui s’est créé entre le couple. Voir le sexe comme la base d’une relation, c’est voir le mortier du diplômé comme une qualification à travailler. Nous pouvons porter le mortier autant que nous le voulons, mais sa signification est vide si nous n’avons pas développé les connaissances et les compétences qu’il est censé représenter et signifier. De même, le sexe est vide de sens s’il n’est pas le signe d’un amour profond qui est partagé et renforcé par l’union sexuelle de l’un avec l’autre. Comment nos corps peuvent-ils être unis si nos vies ne le sont pas? 

Dieu est la source d’un amour suffisamment fort pour être scellé par notre sexualité. Dieu vient habiter notre engagement et notre don de soi à l’autre. Il nous donne la sexualité comme un don pour exprimer cette fidélité aimante dans nos corps, apportant l’unité de vie dans le corps et l’âme. 

Demandons à Dieu d’apporter la guérison là où nous en avons besoin, de réchauffer et d’éclairer nos cœurs par le feu de son amour, et de laisser cet amour nous unir profondément les uns aux autres.

Secured By miniOrange