Résolution du Nouvel An n° 1 : tout recevoir de Dieu

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En ce début d’année, l’heure est aux nouvelles résolutions! Qu’y a-t-il sur votre liste cette fois-ci? Peut-être les classiques habituels, comme faire de l’exercice ou surveiller son alimentation. Ou quelque chose de stimulant comme écouter un balado intéressant ou lire un bon livre. Vous pouvez aussi faire appel à votre créativité en vous mettant à la musique ou à l’art.

La résolution qui nous échappe souvent est la plus essentielle: recevoir l’année comme un cadeau de Dieu. Chaque bonne chose dans la vie est un cadeau de Dieu. Mais le recevons-nous? Nous rendons-nous compte qu’il nous est donné? Reconnaissons-nous Celui qui nous donne tout?

Au milieu des défis et des problèmes auxquels nous sommes confrontés, surtout au cœur de cette pandémie qui continue à durer, il nous arrive souvent de ne pas voir le portrait d’ensemble. Tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes nous est donné. Le monde nous est donné. Nos vies nous sont données. Chaque jour nous est donné.

Celui qui nous donne tous ces cadeaux est un Dieu qui est bon. Les cadeaux sont bons parce que Celui qui les donne est bon.

Alors pourquoi ne pas prendre la résolution, chacun d’entre nous, de recevoir cette année comme un cadeau de Dieu? Il y aura des hauts et des bas, cela ne fait aucun doute! Mais Dieu nous sera fidèle. Il ne nous abandonnera jamais. Il est particulièrement proche de nous dans les moments où notre barque est battue par les vagues, où les jours sont nuageux. Il ne fait pas disparaître les vagues ou les ombres, mais Il nous donne tout ce dont nous avons besoin pour continuer à avancer, pour recevoir toujours plus profondément. Comment pouvons-nous considérer les membres de notre famille, nos amis, nos collègues, notre travail et toutes les petites choses de la vie comme un don de Dieu? Comment pouvons-nous devenir plus conscients des cadeaux invisibles que Dieu nous donne – la foi, l’espoir, l’amour, la générosité, la persévérance, l’énergie, nos rêves et nos désirs profonds? Comment pouvons-nous demander à Dieu de nous ouvrir de plus en plus à tout ce qu’il veut nous donner cette année?

Marie est notre modèle en matière de réception. Elle s’est laissée totalement combler par Dieu afin qu’à travers elle, Il puisse entrer dans notre monde. La vie de Marie n’a pas toujours été facile, simple ou sans douleur. Mais elle a continué à mettre sa confiance en Dieu, à croire en ses promesses et à s’ouvrir pour recevoir tous ses dons – surtout le don de Jésus, présent, proche de nous et vivant au milieu de nous.

Cette année, recevons ce que Dieu veut nous donner. Accueillons chaque jour comme son cadeau. Comme Marie, recevons le don de Dieu lui-même: Jésus qui est la lumière dans nos obscurités, qui est avec nous dans le barque même quand les vagues sont agitées, et qui comble notre cœur de paix, d’amour et de joie.

Marie, ouvre-nous à recevoir cette année comme un don de Dieu. Apprends-nous à recevoir Jésus de plus en plus, car il ne cesse de se donner à nous. 

Jésus, comble-nous comme tu as comblé Marie. Comble cette année. Nos vies sont d’humbles mangeoires, viens habiter en nous. 

Comme Marie et Joseph, laisse Jésus entrer dans ta vie à Noël

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Imaginez. Vous êtes un couple de fiancés, plein de projets pour votre avenir ensemble, et tout à coup Dieu fait une entrée spectaculaire et inattendue dans votre vie. C’est l’expérience de Marie et Joseph. C’est ce que nous célébrons à Noël. 

Laissons-nous Jésus entrer dans nos vies, comme Marie et Joseph l’ont fait? Peut-être que nous croyons en Jésus. Peut-être que nous connaissons Jésus. Peut-être que nous prions Jésus. Peut-être que nous le recevons dans l’eucharistie. Laissons-nous Jésus entrer dans notre famille, dans nos relations amicales, dans notre travail et dans notre vie quotidienne? Laissons-nous Jésus venir dans le monde à travers nous? Y a-t-il des domaines où nous essayons de le tenir à l’écart? Ou plutôt, avec une confiance pleine d’amour, laissons-nous Jésus « prendre le volant » en toute chose?

Alors, comment pouvons-nous laisser Jésus entrer?

1) Réalise qu’il vient pour toi. Nous avons parfois du mal à nous faire à cette idée. Peut-être parce que ça va bien au-delà de notre capacité à comprendre. Dieu vient pour nous sauver. Peu importe que nous soyons perdus, déchus, meurtris ou blessés : Dieu vient pour nous. Il vient à notre secours. Il ne nous laisse jamais seuls. La première étape pour être proche de Jésus est de réaliser qu’il vient pour être proche de toi. Il prend l’initiative. Demandons à Dieu la grâce de voir comment il est déjà présent dans nos vies, tout près de nous. 

2) Prends du temps devant la crèche. Le temps de Noël passe si vite. Entre les cadeaux, la cuisine, la décoration et les vœux, Jésus peut se perdre dans le décor. Comme il peut être puissant de simplement se tenir debout, s’asseoir ou s’agenouiller devant la crèche, devant l’humble mangeoire où Dieu vient habiter parmi nous. Laisse-toi toucher par Jésus, qui vient pour toi, et pour toute l’humanité. 

3) Laisse Dieu transformer ton cœur en une crèche pour Jésus. Laisser Dieu entrer dans notre vie ne nécessite pas un tour de magie. Nous n’avons pas besoin de convaincre Dieu. Jésus vient. Nous devons simplement le laisser entrer. Marie et Joseph ont frappé à tant de portes à la recherche d’un lieu pour la naissance de Jésus. Tant d’auberges étaient fermées, déjà occupées, tant d’aubergistes ignoraient qui se tenait sur le pas de leur porte. La nuit de Noël, lorsque Joseph et Marie viendront chercher un lieu pour la naissance de Jésus, ton cœur sera-t-il une auberge fermée, ou une crèche ouverte pour accueillir le Christ?

Demandons à Dieu de faire tomber les obstacles qui nous empêchent de l’accueillir dans tous les domaines de notre vie. Jésus veut venir habiter dans nos cœurs, et à travers nous venir plus puissamment dans notre monde. 

Jésus, ouvre mon cœur à toi. Viens aimer en moi. Viens dans ma famille. Viens parmi mes amis. Viens dans mon école ou mon lieu de travail. Jésus, viens dans chaque partie de ma vie. Viens dans notre monde. Viens nous sauver. Viens à notre secours. Jésus, ouvre-nous pour t’accueillir! Car tu viens à nous. Ouvre-nous à la joie et à l’émerveillement de Ta venue.

De l’Omicron à l’Oméga : trois moyens pour survivre à la Covid-19 comme chrétiens

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Le monde est secoué par le plus récent variant de la Covid-19. Les inquiétudes et les craintes ne manquent pas quant aux ravages que le variant Omicron pourrait causer dans notre vie et notre société. Nous en avons assez des confinements et des restrictions. Nous nous demandons: est-ce qu’on va en finir un jour? Nous pouvons nous laisser paralyser par la peur, l’inquiétude, la frustration et le désespoir.

En tant que chrétiens, nous formons un peuple d’espérance! C’est particulièrement vrai durant le temps de l’Avent. Nous nous préparons à célébrer la venue de Jésus, le véritable espoir de l’humanité. En même temps, nous sommes éveillés à sa présence parmi nous, ici et maintenant. Enfin, nous attendons sa venue à la fin des temps, pour accomplir toutes choses! Quelle plus grande source d’espérance que Jésus, qui vient pour nous sauver, pour racheter le monde entier?

Alors comment traverser la pandémie de Covid-19 en tant que chrétiens? Comment pouvons-nous partager avec les autres l’espérance que Dieu nous donne? Le variant Omicron pourrait signifier la fin de la Covid ou non, mais ce n’est pas la fin du monde. Aucune pandémie, aucun désastre, aucune tragédie n’aura le dernier mot. Parce que le dernier mot est une personne, Jésus. Après tout, le Christ n’est pas l’Omicron, il est l’Oméga! Alors comment pouvons-nous regarder au-delà de l’Omicron et fixer notre cœur sur Jésus, « l’Alpha et l’Oméga » (Apocalypse 22,13) – le début et la fin de l’histoire, de nos vies, et de toutes choses? Voici trois moyens qui peuvent nous aider à survivre à la Covid en tant que chrétiens, en passant de l’Omicron jusqu’à l’Oméga.

1) Être en relation avec Dieu: La pile de notre téléphone se décharge jusqu’à ce que nous le rebranchions. Qu’en est-il de notre relation avec Dieu? Les temps durs et les nouvelles difficiles sapent notre énergie spirituelle et émotionnelle. Que pouvons-nous faire pour la reconstituer, comment pouvons-nous nous brancher en Dieu? Nous devons nous laisser toucher par la Bonne Nouvelle que Dieu nous apporte, et pas seulement nous laisser inonder par un incessant cycle d’actualité. Y-a-t-il des moments dans notre journée où nous pouvons faire une pause et prendre conscience de la façon dont Dieu est avec nous, à l’œuvre dans nos vies? Lui offrons-nous notre journée? Lui confions-nous nos soucis et nos préoccupations? Lui parlons-nous des personnes et des réalités qui sont importantes pour nous? Nous laissons-nous inspirer? Prions-nous avec la Parole de Dieu dans l’Écriture? Faisons-nous tout ce que nous pouvons pour être liés à l’Église et aux sacrements, sources de vie et de bonté? Trouvons des moyens de voir les choses avec les yeux de Dieu, de le ressentir avec son cœur, et de Le laisser changer notre perspective pour le mieux.

2) Construire des ponts : La Covid n’est pas le seul virus qui frappe terriblement l’humanité. Mère Teresa disait que la solitude est la lèpre de l’Occident. C’est encore plus vrai au milieu de la pandémie: la tragédie des personnes qui meurent seules, la souffrance silencieuse des personnes isolées chez elles et la douleur des personnes qui se sentent seules, des étudiants universitaires aux personnes âgées, sont des réalités affligeantes.. Comment pouvons-nous nous-mêmes être un vaccin contre ce virus de la solitude ? Peut-être en décrochant plus souvent le téléphone, pour appeler des parents, des amis et des personnes dont nous savons qu’elles se sentent seules. Comment pouvons-nous construire des ponts où l’amour peut passer pour réchauffer nos cœurs et ceux des autres? Les barrières qui tiennent la Covid à distance ne doivent pas nous empêcher de nous soutenir mutuellement et d’être solidaires les uns avec les autres de toutes les manières possibles, en particulier avec ceux que nous aimons et ceux qui sont le plus dans le besoin.

3) Se protéger mutuellement, sans crainte: La peur est un sentiment normal, surtout dans les situations difficiles et incertaines. Mais nous ne pouvons pas voir la vie à travers le prisme de la peur. Vivre dans la peur ne résout jamais nos problèmes. La peur ne résoudra pas la Covid. Nous devons prendre des mesures efficaces pour nous protéger les uns les autres et nous protéger nous-mêmes. Cependant, être prudent ne signifie pas avoir peur. La juste prudence vise le bien commun. Vivre dans la peur nous aliène et nous isole progressivement les uns des autres. Faisons chacune et chacun le point sur nos sentiments et voyons où ils nous mènent. Demandons la grâce de dire non à la peur et oui à la poursuite du bien commun, par amour.

Que Jésus – l’Alpha et l’Oméga – dissipe les ombres de nos cœurs par la lumière de sa venue, afin que nos vies puissent rayonner d’espérance au milieu des peurs de notre temps. Jésus, fixe-nous sur Toi, notre Oméga.

Ne manquez pas cette nouvelle Pentecôte!

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Le 10 octobre dernier, le pape François a ouvert le Synode sur la synodalité, qui commence maintenant et qui culminera en 2023. Un « Synode sur la synodalité » peut paraître curieux, mais ce que ça veut dire concrètement, c’est que l’Église entière entame un chemin inédit pour se renouveler, à partir du niveau local. Pour avancer sur ce chemin, l’Église a besoin de vous ! 

C’est une nouvelle Pentecôte, pour cheminer ensemble afin de devenir l’Église que Dieu appelle à ce tournant crucial dans l’histoire de l’humanité.

Donc ça marche comment ?

À travers le monde entier, des personnes vont commencer à se rassembler dans les paroisses, les groupes, les mouvements catholiques et les diocèses, afin de faire entendre leur voix et de s’écouter mutuellement.

Une Église synodale, en annonçant l’Évangile, “marche ensemble”. De quelle manière ce “marcher ensemble” se réalise-t-il aujourd’hui dans votre Église locale ? Quels pas l’Esprit nous invite-t-il à faire pour grandir ?

Quels sont les joies, les défis, les points d’ombre et de lumière sur notre chemin commun, en tant que chrétiens dans le monde d’aujourd’hui ? De quelle manière l’Esprit saint nous appelle-t-il à avancer ensemble, comme pèlerins sur la même route, au service de l’humanité, comme Dieu le veut ? Le but est d’impliquer autant de personnes que possible dans ce processus mondial d’écoute mutuelle sincère. Par cette expérience, notre objectif est d’écouter ce que l’Esprit saint a à nous dire. 

Dieu ne parle pas à travers les ondes d’un mégaphone. Au contraire, il sème son grain dans nos cœurs, irrigués chaque fois que nous nous rassemblons en Église. Par notre cheminement commun, nous sommes capables de parcourir le monde et de porter du fruit dans la société, dans nos familles, dans nos milieux de travail et à travers l’humanité tout entière. 

Ne manquez pas cette occasion de faire entendre votre voix sur ce chemin que nous empruntons ensemble vers l’Église que Dieu veut pour aujourd’hui et demain. Chacun a son rôle à jouer. Sous ce rapport, l’Église est comme un casse-tête – chaque pièce est nécessaire, sans quoi il y a quelque chose qui manque.  

Renseignez-vous auprès de votre paroisse ou de votre diocèse pour savoir comment vous pouvez vous impliquer! Et s’il n’y a rien de prévu, pourquoi ne pas prendre l’initiative vous-mêmes, et former un groupe pour réfléchir et partager? Cette opportunité est trop importante pour la manquer! Qui sait ce que l’Esprit saint sera capable de faire en nous si nous lui laissons un peu de place dans nos cœurs et au sein de nos communautés! Le chemin vers une nouvelle Pentecôte pour l’Église et pour le monde commence par vous et moi. 

Viens, Esprit saint, inonde nos cœurs, rassemble-nous et renouvelle Ton Église pour la vie du monde. Amen.

Qu’est-ce que le synode sur la synodalité ?

(Image : courtoisie de Unsplash)

En octobre, l’Église tout entière entre en synode.

Le pape François l’ouvrira à Rome durant la fin de semaine du 9 au 10 octobre, et chaque diocèse du monde entier est appelé à célébrer l’ouverture du synode au niveau local le dimanche suivant, le 17 octobre. Le thème en est « Pour une Église synodale : communion, participation et mission ».

Il y a un synode qui commence en octobre ?

Oui ! Et ce synode sera différent de tous les autres ! De 2021 à 2023, ce sera un chemin de partage, de réflexion et d’écoute à tous les niveaux et dans toute l’Église !

Qu’est-ce qu’un synode exactement ?

Un synode est un rassemblement – traditionnellement d’évêques – qui aide l’Église à avancer dans une même direction. Le mot « synode » vient du grec syn-hodos, qui signifie « le même chemin » ou « la même voie ». Les synodes étaient courants dans les premiers siècles du christianisme, donnant aux évêques l’occasion de se rencontrer et de discuter de questions importantes pour la vie de l’Église. En 1965, le pape Paul VI a institué le Synode des évêques au niveau universel de l’Église. Il voulait un moyen de poursuivre l’échange fraternel et collégial qui avait été expérimenté lors du Concile Vatican II, où les évêques du monde entier s’étaient réunis entre 1962 et 1965. Depuis lors, des synodes sont organisés tous les deux ou trois ans, réunissant des évêques, des experts et divers délégués pour discuter de sujets tels que l’Eucharistie, la parole de Dieu, le Moyen-Orient, la nouvelle évangélisation, la famille, les jeunes et l’Amazonie. Dans chaque cas, les évêques votent sur un document final, puis le pape rédige son propre texte – appelé « exhortation apostolique » – afin d’ouvrir de nouvelles voies et d’éclairer d’un jour nouveau ce dont il a été question, pour que cela puisse rayonner dans toute l’Église.

Quelle est la particularité de ce synode sur la synodalité ?

Contrairement aux synodes précédents, celui-ci n’a pas pour but d’aborder une question particulière, mais de nous permettre de devenir ce que Dieu nous appelle à être en tant qu’Église, tous ensemble, dans la réalité du monde d’aujourd’hui ! Le Synode qui débutera en octobre 2021 est totalement inédit, pour au moins trois raisons.

  1. Il ne s’agit plus seulement d’un Synode des évêques d’un mois, mais d’un processus synodal de deux ans pour tout le peuple de Dieu, tous les baptisés ! Tous sont invités et personne ne doit être laissé de côté, ou exclu !
  2. C’est un synode qui vise à donner à toute l’Église une expérience vécue de la synodalité. Il ne s’agit pas seulement de remplir un questionnaire, mais de recueillir les fruits de ce que l’Esprit Saint nous dit ici et maintenant.
  3. Le but du synode n’est pas seulement de parler de la synodalité, mais de la mettre en pratique dès maintenant, dans chaque diocèse, paroisse et pays du monde entier. Cela nous appelle tous, à tous les niveaux de l’Église, à renouveler notre façon d’être et de travailler ensemble pour aller de l’avant.

Mais qu’est-ce que la synodalité ?

Fondamentalement, la synodalité consiste en un cheminement commun. Cela se fait par l’écoute mutuelle qui permet d’entendre ce que Dieu nous dit. C’est réaliser que le Saint-Esprit peut s’exprimer à travers n’importe qui pour nous aider à avancer ensemble sur notre chemin comme peuple de Dieu.

Il ne s’agit pas de prendre deux ans pour comprendre un nouveau mot à la mode qui va bientôt disparaître. La synodalité n’est pas une phase passagère ! Au contraire, « marcher ensemble » est au cœur de ce qu’est l’Église, comme peuple de Dieu en pèlerinage au milieu du monde. À l’époque de l’Église primitive, saint Jean Chrysostome disait que pour lui, « Église » et « synode » étaient synonymes, puisque l’Église consiste en ce cheminement commun. En ce sens, la synodalité est une manière de renouveler l’Église à partir de ses racines les plus profondes, afin d’être plus unis les uns aux autres et de mieux accomplir notre mission dans le monde. Concrètement, la synodalité est une façon d’être et de travailler selon une approche plus proche de la base et plus collaborative, en prenant le temps de discerner le chemin à suivre ensemble. Elle met en évidence le fait que nous avons tous quelque chose de précieux à apporter au Corps du Christ. De cette manière, une « Église synodale »  est une Église qui écoute : « C’est une écoute réciproque dans laquelle chacun a quelque chose à apprendre. Le peuple fidèle, le Collège épiscopal, l’Évêque de Rome, chacun à l’écoute des autres ; et tous à l’écoute de l’Esprit Saint, l’« Esprit de Vérité » (Jn 14, 17), pour savoir ce qu’il dit aux Églises (Ap 2, 7). » (Pape François, Commémoration du 50e anniversaire de l’institution du Synode des évêques, 17 octobre 2015).

Cela nous appellera naturellement à changer nos façons de faire, afin que nous devenions de plus en plus ce que nous sommes véritablement en tant qu’Église, et que nous cheminions ensemble au milieu de toute la famille humaine, guidés par l’Esprit Saint.

Alors pourquoi un synode sur la synodalité ?

L’idée d’un « synode sur la synodalité » peut ressembler à celle d’un film sur le cinéma ou un livre sur la littérature (ou encore un rêve dans un rêve pour ceux qui ont vu le film Origine). Mais ne vous inquiétez pas, il ne s’agit pas d’un tour de passe-passe compliqué. Il s’agit plutôt d’une invitation pour que l’ensemble de l’Église fasse entendre sa voix.

Nous ne pouvons avancer que si nous travaillons et marchons ensemble. Aucun chrétien ne doit être seul ! Chaque membre est nécessaire au Corps du Christ !

À travers ce synode, l’Église dit : la voix de TOUS compte parce que Dieu peut parler à travers N’IMPORTE QUI – pas seulement les évêques, les prêtres, les diacres, les frères ou les sœurs, mais NOUS TOUS ! Le pape François a déclaré que cette approche collaborative et inclusive de la synodalité est précisément « le chemin que Dieu attend de l’Église au troisième millénaire ». Il s’agit véritablement d’une révolution de l’Esprit-Saint vers l’Église que Dieu nous appelle à être pour demain, dès aujourd’hui !

Découvrez ce qui se passe dans votre diocèse et votre paroisse pour vivre le Synode au niveau local. Chaque diocèse est appelé à animer des rencontres synodales locales pour impliquer tous les fidèles dans ce cheminement entrepris par toute l’Église.

Bien sûr, « synodalité » peut avoir l’air d’un mot compliqué, mais il est encore plus difficile de la mettre en pratique. C’est tout l’enjeu du synode de deux ans que l’Église entame maintenant : permettre à l’Église d’avancer unie dans la mission que tous partagent. Cela commence par l’attention portée à ceux qui sont souvent oubliés, exclus ou pas écoutés – nous devons entendre ce que Dieu a à nous dire à travers ceux que nous tendons à ignorer. Le chemin vers une Église qui écoute commence avec vous et moi. Allons de l’avant ensemble !

Esprit Saint de Dieu, conduis l’Église sur son chemin de pèlerinage alors que nous T’écoutons parler à travers chacun. Fais brûler le feu de Ton amour dans nos cœurs pour que nous avancions ensemble comme Église, accompagnant toute l’humanité sur un chemin commun vers Toi.

Vérité et réconciliation : le chemin devant nous

(Crédit photo : Cathopic)

Est-ce que je suis le gardien de mon frère, est-ce que je suis le gardien de ma sœur?

Cette question éclaire le sens profond de la première journée nationale de la vérité et de la réconciliation. 

Elle est la réponse de Caïn lorsque Dieu lui demande : « Où est ton frère Abel ? »

Nous pourrions être tentés de considérer cette journée comme un simple congé férié ou une occasion de se tenir occupés à la maison. Nous pourrions ne pas voir le lien qui nous unit avec les innombrables élèves et survivants du système des pensionnats, leurs familles et leurs communautés. Nous pourrions nous demander : « Est-ce que je suis le gardien de mon frère, est-ce que je suis le gardien de ma sœur ? »

À travers le Canada aujourd’hui, nous avons l’occasion de comprendre la question de Dieu sous un jour nouveau : « Où est ton frère autochtone, où est ta sœur autochtone ? » Quelle est notre réponse ? 

Nous pourrions rester détachés, en nous disant que c’est la responsabilité d’un autre. Or, nous pouvons aussi nous laisser toucher et nous sentir personnellement concernés. Il est particulièrement crucial pour nous, catholiques et chrétiens, de le faire, puisque des figures d’autorités dans notre Église sont parmi les responsables de ces tragédies odieuses. Quelle est notre réponse personnelle face à ces réalités troublantes ? De quelle manière notre foi peut-elle contribuer à éclairer le chemin à parcourir ?

La chemin de l’indifférence, qu’il peut être tentant d’emprunter, ne fait que nous aveugler et refroidir nos cœurs. Devant cette crise nationale, Dieu nous invite à marcher dans une autre voie, en ouvrant nos yeux sur la souffrance des autres, et en nous faisant sortir de nous-mêmes vers la solidarité, la guérison et la réconciliation. Quelle route choisirons-nous d’emprunter ?

Le contraste entre ces deux voies est saisi de manière poignante dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10:25-37). On demande à Jésus : « Qui est mon prochain ? ». Par sa réponse, Jésus nous présente la figure d’un homme battu et ensanglanté, souffrant à cause des blessures qu’il a subies. Beaucoup passent à côté, détournent et font semblant de ne pas voir. Puis, quelqu’un ose s’arrêter, mettre l’indifférence de côté et se laisser toucher personnellement. Avec son cœur et ses mains, il entre dans une relation. Jésus nous dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

Nous pouvons entendre ces paroles de Jésus et y voir une référence à tous ceux qui souffrent. Pour l’instant, aujourd’hui, à ce moment de l’histoire de notre pays, nous devons entendre le cri de nos frères et sœurs autochtones. Nous devons ouvrir nos oreilles pour entendre la vérité, et nous devons travailler à la réconciliation avec nos cœurs et avec nos mains.

Le chemin de la vérité et de la réconciliation est long et ardu. Il n’y a pas de solution miracle, et nous ne verrons peut-être pas l’impact de nos efforts. L’argent et les ressources ne sont qu’une partie de l’équation. La véritable guérison exige bien plus. Chaque personne guérit à son propre rythme, et il n’existe pas de solution unique. À mesure que la vérité fait surface, nous devons faire notre part pour rencontrer les survivants, leurs familles et leurs communautés là où ils se trouvent afin d’avancer ensemble sur un chemin graduel de réconciliation. C’est ainsi que Jésus se comportait avec les personnes qu’il rencontrait, en particulier celles qui souffraient. Il leur a tendu la main, les a écoutés et a marché avec eux sur un chemin de guérison.

Pour faire notre part, nous devons choisir entre deux voies très différentes. Allons-nous détourner le regard, préférant ne pas voir ? Ou laisserons-nous nos cœurs et nos mains s’ouvrir pour entrer en relation avec nos frères et nos sœurs ? 

Que l’Esprit de notre Père et Créateur nous conduise vers la guérison des blessures et la réconciliation de Ses enfants. Nous sommes gardiens de nos frères, nous sommes gardiens de nos sœurs.

« N’aie pas peur » : Saint Joseph et le virus

Une réflexion pour la Fête de Saint Joseph lors de la crise du COVID-19

Lorsque nous sommes déboussolés par la crise du COVID-19, il y a un autre virus contagieux qui frappe à nos portes : la peur. Certes, il faut que nous soyons très vigilants. Nous nous soucions énormément de la santé de nos familles, de celle de nos amis et surtout de celle des personnes âgées parmi nous.  Nous pensons à tous ceux et celles qui sont isolés, infectés, mourants et morts, dans nos villes et dans le monde entier. 

Au milieu de ce temps de crise, l’Église  fête un homme qui avait beaucoup de raisons de craindre mais qui ne se laissait jamais dépasser par la peur. Le 19 mars, nous célébrons la fête de Saint Joseph, l’époux de Marie, le père adoptif de Jésus, descendant du roi David et charpentier de Nazareth. Il est le saint patron des ouvriers, le saint patron du Canada et le saint patron de l’Église universelle.

Quel est le secret de la vie de Joseph ? Il a mis toute sa confiance en Dieu. La confiance ne règle pas tous les problèmes de la vie. La confiance est souvent difficile à trouver et encore plus difficile à maintenir. Pourtant, mettre notre confiance en Dieu c’est la meilleure police d’assurance pour faire face à toutes les difficultés et les doutes que nous rencontrerons dans la vie. Nos vies peuvent être en panne, il peut y avoir un krach boursier… malgré tout, Dieu demeure fidèle. Nous pouvons mettre toute notre confiance en Lui, Il ne nous décevra jamais. Dieu ne résoudra  pas forcément tous les problèmes que nous avons, mais Il ne nous abandonnera jamais. Il nous conduit toujours vers le meilleur, même quand ça prend du temps. Il fait éclore les fleurs du printemps après le froid glacial de l’hiver. Il est capable de faire fleurir des belles choses dans nos vies même dans les moments les plus sombres. 

Saint Joseph savait tout ça. L’Évangile selon Saint Matthieu nous dit que lorsque Joseph a appris que Marie, sa fiancée, était enceinte.  Sachant qu’il n’était pas le père, Joseph était prêt à la répudier en secret. Joseph ne voulait pas dénoncer Marie publiquement, sinon elle serait lapidée par les autorités juives. Joseph voulait épargner  ce sort à Marie, malgré le fait qu’il voulait rompre leur relation. Un ange lui apparaît dans un songe, apportant le message de Dieu : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, c’est-à-dire ‘Dieu sauve,’ car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Matthieu 1,20-21). Dès que Joseph s’est réveillé, il a fait exactement ce que l’ange lui avait prescrit. Il a pris Marie chez lui. 

Malgré son incertitude et ses doutes, Joseph a eu le courage de laisser Dieu transformer ses projets et bouleverser sa vie. Joseph a mis toute sa confiance en Dieu ; il a mis sa confiance dans les projets de Dieu au-delà de ses propres projets. Joseph a mis en action les paroles du Livre des Proverbes : « De tout ton cœur, fais confiance au Seigneur, ne t’appuie pas sur ta propre intelligence » (Proverbes 3,5). 

C’est un défi pour nous tous, chaque jour et surtout dans les moments de crise, comme celui que nous traversons actuellement. Comment mettre toute notre confiance en Dieu, comme l’a fait Saint Joseph ? Comment écouter la voix de Dieu, qui dit à chacun de nous : « Je suis avec toi, Je suis tout près de toi, Je ne t’abandonnerai jamais, Je t’aime… »

La vie de Joseph n’était pas toujours facile. Il s’est marié à Marie, et il a pris soin d’elle ainsi que de Jésus même lorsqu’ils ont dû fuir en Egypte. Jésus a appris de Joseph son métier de charpentier. Le caractère et l’exemple de Joseph ont formé notre Sauveur. Comme Jésus, suivons l’exemple de Joseph, et luttons contre le virus de la peur en mettant notre confiance en Dieu de plus en plus chaque jour. 

Dans cet effort, nous pouvons demander à Saint Joseph de nous aider…

Saint Joseph,
Homme juste par ta foi,
Tu as été trouvé digne
De recevoir la garde des mystères du Salut.

Toi qui as su prendre soin de la Vierge Marie,
Et écarter d’elle tout danger,
Tu t’es fait protecteur du Christ-Seigneur
Dans la vulnérabilité de son enfance.

Vivante image de la tendresse de Dieu,
Modèle d’époux et de père,
Tu es le gardien vigilant de l’Église,
Le soutien et le consolateur des familles.

Nous te le demandons avec confiance :
Daigne implorer pour nous la miséricorde de Dieu
En ce temps d’épidémie que nous connaissons,
Afin que le Seigneur écarte de nous le mal.

Intercède pour ceux qui sont morts,
Réconforte les malades,
Protège et inspire ceux qui les soignent.
Accorde-nous de demeurer dans la confiance et la paix
Et fais que nos cœurs ne se ferment pas aux besoins de nos frères,
Mais demeurent ouverts à la détresse des hommes
Dans un amour de plus en plus sincère et fraternel.

Saint Joseph, prie pour nous,
Garde-nous,
Protège-nous.
Amen.

(Prière à Saint Joseph par Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, lors de la crise du COVID-19)

Ressuscité par la Miséricorde : La paix de Jésus ressuscité

Une réflexion sur la Divine Miséricorde par Julian Paparella

La saison pascale se poursuit pendant sept semaines, marquant les cinquante jours entre la résurrection de Jésus et la descente du Saint Esprit à la Pentecôte. La Pâque dure même plus longtemps que le Carême !

L’Évangile que nous avons entendue ce dimanche, dimanche de la Divine Miséricorde, est un récit qui couvre huit jours. Il commence le soir de la résurrection. Trois jours après avoir abandonné Jésus sur Son chemin vers la Croix, les apôtres se cachent, enfermés dans le Cénacle par crainte des Juifs. Jésus vient à leur rencontre et Ses premières paroles sont : « La paix soit avec vous ! ». Les apôtres se réjouissent lorsqu’Il leur montre les plaies sur Ses mains et sur Son côté ; la preuve que c’est vraiment Lui, Jésus, ressuscité et vivant. Une deuxième fois, Il leur dit : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Il souffle sur eux et Il leur fait don du Saint Esprit pour le pardon des péchés.

La rencontre continue huit jours plus tard lors de la scène bien connue de Thomas l’incrédule. Thomas était absent quand Jésus a rencontré les apôtres la première fois et ne croit pas le témoignage des autres disciples lorsqu’ils disent qu’ils ont vu le Seigneur. Le dimanche suivant, Thomas est présent et Jésus revient. Ses premières paroles sont encore : « La paix soit avec vous ! ». Jésus invite Thomas à toucher Ses plaies, et Thomas croit.

Notre connaissance de ce récit de l’Évangile peut nous rendre insensibles au fait qu’il est extraordinaire. D’une perspective humaine, l’approche de Jésus est complètement inconcevable. Imaginez si vous enseigniez et guidiez douze amis pendant trois ans, et qu’ensuite ils vous livrent et vous abandonnent au moment où vous êtes dans le plus grand besoin. Imaginez que personne ne vous défende lorsque vous êtes condamné à mort injustement. Comment réagissons-nous quand nos amis fuient alors que nous souffrons ?

Jésus aurait pu revenir aux apôtres outré, furieux et indigné. Cela aurait été une réaction normale. Il aurait pu leur dire : « Hypocrites ! Vous dites que vous voulez mourir pour moi mais vous me laissez mourir ! Qu’ai-je fait pour mériter votre trahison et votre abandon ?

Au contraire, les toutes premières paroles de Jésus, en voyant Ses apôtres pour la première fois depuis la nuit où il fut livré, sont miraculeuses: « La paix soit avec vous ! » La paix ! Jésus ne demande aucune explication. Jésus ne demande pas de rétribution. Jésus pardonne. Jésus donne la paix.

Jésus ayant ressuscité d’entre les morts, Son pardon ressuscite Ses disciples. Sa miséricorde leur redonne vie. Voilà le sens le plus profond de la souffrance, de la mort, et de la résurrection de Jésus. Il ne donne pas Sa vie à contrecœur. Il va à la Croix librement. Il ressuscite vainqueur. Il revient pour donner à Ses disciples le don de la paix. Jésus aurait pu revenir vers les apôtres pour les châtier : « Comment osez-vous abandonner le Fils de l’homme ? » ; « Qu’est-ce que j’ai fait pour vous faire fuir ? » ; « Moi, je n’aurais jamais pu vous abandonner ! » Mais à quoi servirait une telle réaction ? La plus grande leçon qui provoque la plus grande transformation c’est Son pardon, totalement insondable.

Qu’apprenons-nous de cette leçon pour notre propre vie ?

Premièrement, Jésus veut ce même pardon pour chacun de nous. Dieu est devenu homme afin de nous sauver. La mission de Jésus consistait à nous apporter le salut, à restaurer la paix que nos péchés avaient détruite. Dieu n’a aucun intérêt à nous maintenir dans nos péchés. Dieu ne gagne rien en nous piégeant dans nos péchés. La vie entière de Jésus consiste à racheter nos péchés. Il veut nous rendre Sa paix.

Deuxièmement, Jésus nous invite à pardonner aux autres comme Lui Il nous pardonne. Le pardon fait du bien à celui qui le reçoit. Le pardon améliore notre relation avec celui à qui nous pardonnons. Mais le pardon fait du bien également à celui qui pardonne. C’est bon pour nous. Pardonner nous donne la paix. Ça nous libère de la rancune, de la colère, et de la dureté du cœur. Pardonner révèle à l’autre qu’il est bon, même s’il a fait du mal. Pardonner révèle à l’autre qu’il peut être aimé, même s’il n’a pas aimé les autres.

Le pardon libère. Pardonner libère. C’est le don de Jésus à chacun de nous et il nous donne la paix. Jésus nous invite à nous donner le pardon les uns aux autres.

Crucifié non pas pour condamner mais pour sauver : le don de Vendredi saint

Une réflexion sur la Passion de notre Seigneur

Qu’est-ce que nous célébrons le Vendredi saint ? Pourquoi nous attardons-nous à la Passion du Christ chaque année au lieu de sauter directement dans la joie de la résurrection ? Ne savons-nous pas que Jésus est ressuscité ? Souffrons-nous d’ amnésie annuelle, en nous remémorant les mêmes évènements sans arrêt ?

Le Vendredi saint, nous nous rassemblerons en silence devant la Croix du Christ. Les prêtres et les diacres se prosterneront, face contre terre, solennels devant la souffrance de Jésus. Nous écouterons la lecture de la Passion selon Saint Jean. Nous nous agenouillerons silencieusement lorsque nous entendrons les dernières paroles de Jésus sur la Croix, « Tout est accompli ». Nous marquerons ce jour par un jeûne, nos cœurs contemplant la mort de Dieu aux mains des hommes pleins de haine. Nous serons sans voix devant la torture d’un homme innocent.

Quel est le sens de tout cela ?

Est-ce simplement pour aiguiser notre culpabilité ? Est-ce pour nous mettre mal à l’aise, en tant que membres d’une espèce qui a tué Dieu incarné quand Il est venu sur terre ? Est-ce pour engendrer la désespérance et la tristesse ?

Nous trouvons une clé pour répondre à ces questions dans la Lettre aux Hébreux, deuxième lecture du Vendredi saint, qui nous oriente vers la signification de ce que nous célébrons :

« En Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours » (Hébreux 4,14-16).

Sur la Croix, nous ne voyons pas un juge tyrannique. Nous ne voyons pas un censeur venu nous condamner. Nous ne voyons pas un Dieu qui est nerveux et amer. Nous voyons notre Sauveur. Nous voyons Jésus. Nous voyons un homme en train de souffrir volontairement pour notre salut. Nous voyons la miséricorde du Père donnée à chacun d’entre nous – pour chaque homme et femme de toute l’histoire humaine, pour vous et pour moi !

Voilà le mystère de la Croix. Voilà l’amour de Dieu. Voilà le don que nous célébrons le Vendredi saint. Nous ne sommes pas enthousiastes comme les foules du dimanche des Rameaux. Nous ne sommes pas fous de joie comme les disciples qui voient le tombeau vide le dimanche de Pâques. En silence et solennellement, nous recevons le don de Jésus offert à tous et chacun. Nous remercions Celui qui n’a rien retenu. Nous nous ouvrons à recevoir ce qu’Il est venu nous donner.

Le don de Jésus c’est pas la honte pour nos péchés. Il n’est pas venu nous accuser et nous laisser enchaînés dans notre culpabilité. Il est venu Se donner à nous. Rien d’autre ne pouvait nous sauver. Rien d’autre ne pouvait enlever ce qui nous sépare de Dieu. Rien d’autre ne pouvait libérer cette abondance de vie, maintenant et pour toujours. Il est venu nous rendre libres. Il est venu racheter nos péchés. Il est venu nous apporter un amour qui nous comble pleinement.

Voici l’amour de Dieu, qui S’est donné entièrement pour nous. Non pas afin de nous faire sentir coupables ou inconvenants, mais afin que nous puissions recevoir le don de Lui-même. De retour, Il ne veut pas notre désespérance, ni notre mélancolie, ni notre auto-condamnation. Il veut que nous Lui donnions nos péchés, afin de les surmonter, afin de les détruire, afin de les effacer, pour nous rendre libres, heureux, et en paix.

Jésus meurt sur la Croix, notre Sauveur miséricordieux. Jésus vient Se donner à nous, pour nous. Il ne cesse pas de Se donner jusqu’au « Tout est accompli ».

Aimer même nos ennemis : Le chemin de la Croix

Une réflexion pour le dimanche des Rameaux

Il y a deux lectures de l’Évangile pour ce dimanche, dimanche des Rameaux. D’abord, l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (Matthieu 21,1-11). Cette Évangile est proclamée lors de la bénédiction des rameaux, qui nous unit aux foules qui ont crié « Hosanna ! » et ont acclamé Jésus comme leur roi, « Celui qui vient au nom du Seigneur » ! La deuxième lecture de l’Évangile est celle de la Passion selon Saint Matthieu (26,14-27,66).

Il n’est pas difficile à voir le contraste saisissant entre l’entrée de Jésus à Jérusalem et Sa souffrance et Sa mort dans la même ville quelques jours plus tard. Les mêmes foules qui ont proclamé Jésus comme leur roi, le Messie, le « Fils de David », Le mettront à mort sous l’accusation d’être « Roi des Juifs ». Les mêmes voix qui ont crié « Hosanna » hurleront « Crucifiez-Le ! » et verront leurs paroles réalisées.

Nous, nous voyons le contraste perturbant comme des gens qui voient la situation dans son ensemble. Nous voyons tout l’événement comme il s’est passé dans son intégralité, comme il s’est déroulé dans les pages de l’Évangile. Mais qu’en est-il pour Jésus ?

A-t-Il pensé que tout serait facile lorsqu’Il est entré à Jérusalem ? S’est-Il trompé en pensant que l’admiration du dimanche des Rameaux aboutirait dans un règne glorieux, qu’Il serait élevé sur les épaules de Ses admirateurs ? Est-ce que Jésus a été dupé par la jubilation des foules qui L’ont accueilli ?

Jésus entre à Jérusalem sûr de Sa mort. Non pas seulement qu’Il mourra, mais qu’Il sera trahi, qu’Il sera rejeté, qu’Il souffrira terriblement, et qu’Il sera tué. En effet, Jésus annonce Sa souffrance et Sa mort encore et encore dans l’Évangile. Il dit à Ses disciples : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué… » (Mc 8,31 ; Lc 9,22 ; cf. Mt 17,22). Il les avertit sévèrement : « Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes » (Lc 9,44 ; cf. Mt 17,23).

Alors pourquoi est-ce que Jésus leur permet-il de L’accueillir de cette façon ? Il n’a pas cessé de critiquer l’hypocrisie des Pharisiens, alors pourquoi ne pas réprimander l’hypocrisie de la foule – qui L’applaudit aujourd’hui mais qui L’abandonnera demain ? D’un côté, ce que la foule proclame est véridique. Jésus est véritablement celui pour qui ils ont attendu : le Messie, le roi, le Fils de David ! Leurs cris de joie ne sont pas vains : « Hosanna ! Hosanna au plus haut des cieux ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Personne ne peut les prendre en défaut pour ne pas avoir dit la vérité !

En même temps, sous l’influence des grands prêtres, les anciens et les scribes, ils s’éloigneront de Lui, comme les disciples, L’abandonnant à l’agonie de la Croix. Pourquoi Jésus n’a-t-il pas protesté contre eux ? « Malheur à vous, hypocrites ! Ne savez-vous pas que Je viens pour mourir ? ». En fait, Jésus n’a pas protesté contre eux parce qu’Il sait qu’Il est venu mourir pour eux. Il n’a pas eu besoin de leur amour, là n’était pas la raison de Son silence, c’était plutôt Son amour pour eux.

Nous voyons dans ces deux lectures de l’Évangile l’exemple par excellence de l’enseignement de Jésus : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent » (Lc 6,27 ; cf. Mt 5,44). Souvent nous pouvons penser que nous n’avons pas beaucoup de véritables ennemis dans notre vie. Il peut être difficile de trouver des personnes que nous haïssons vraiment. Plus souvent, c’est plutôt la tiédeur de nos proches qui nous blesse le plus. C’est quand les personnes que nous aimons sont silencieuses que nous souffrons le plus. C’est quand nos proches s’éloignent de nous que nous nous sentons le plus abandonnés. Parfois cet abandon est définitif, pour toujours. Parfois c’est de façon simple, dans le quotidien. Cependant, nous pouvons être blessés quand même.

En voyant ce qui se passe ce dimanche des Rameaux et ce qui se passera dans les jours qui suivront, nous découvrons l’approche de Jésus dans ces situations. « Aimez vos ennemis » n’est pas seulement une leçon à appliquer à nos ennemis les plus jurés. C’est aussi une attitude d’amour envers les petits ennemis que nous pouvons trouver cachés dans nos amis les plus proches. Nous n’acceptons pas ces fautes ou incohérences de nos voisins, de nos amis, ou des membres de nos familles simplement par obligation, ni parce que nous avons besoin de leur amour, ni parce que nous voulons avoir un visage doux tout en ayant un cœur aigre. Au contraire, nous acceptons même leurs faiblesses à cause de notre amour pour eux. Nous acceptons leurs faiblesses comme Jésus a accepté celles de la foule qui L’a accueilli à Jérusalem. Nous acceptons leurs faiblesses comme Jésus accepte nos faiblesses.

Jésus monte à Jérusalem afin de mourir pour la foule qui L’accueille. Jésus monte à Jérusalem pour être trahi non seulement par Ses ennemis – les grands prêtres, les anciens et les scribes –, mais aussi par Ses proches, Ses admirateurs et Ses disciples. Il entre à Jérusalem et souffre à mort dans Son amour pour chacun d’entre eux. Il accepte leur amour à cause de ce même amour qu’Il a pour eux. Accueillons-nous l’amour des autres comme Il accueille notre amour pour Lui ? Sommes-nous capables de les aimer même quand leurs « Hosannas » sont trompeurs ? Est-ce que nous les aimons comme Jésus nous aime ?

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