Quel est le sens du Carême ?

Photo de Cristian Gutiérrez, LC sur Cathopic.

Nous voici de nouveau dans le temps de Carême. Quel est le sens du Carême ? 

Souvent, nous considérons le Carême comme un moment dur où nous devons serrer les dents et nous efforcer de nous améliorer. Nous voulons peut-être perdre du poids, alors nous renonçons au chocolat. Nous voulons améliorer notre santé, alors nous renonçons à l’alcool. Nous nous concentrons sur nos efforts humains et sur le degré d’autodiscipline que nous pouvons rassembler pour nous améliorer. Mais est-ce vraiment là le sens du carême ? 

En réalité, le Carême ne porte pas tant sur ce que nous pouvons faire pour Dieu, ou pour nous-mêmes, mais plutôt sur ce que Jésus fait pour nous et sur la manière dont nous pouvons nous mettre sur sa longueur d’onde. Le Carême, c’est le temps privilégié pour accompagner Jésus dans sa montée vers Jérusalem, lieu de notre salut, de la mort et la résurrection du Christ. Le Carême consiste à se mettre au diapason du sacrifice que Jésus fait de lui-même, un sacrifice qu’aucune de nos actions ne pourra jamais égaler ou atteindre. Le don de Jésus est totalement unique, une fois pour toutes. 

Chaque année, nous faisons l’expérience du Carême afin de nous ouvrir davantage pour recevoir le don de son sacrifice pour nous. L’accent n’est pas tant mis sur ce que nous pouvons ou ne pouvons pas faire, mais sur ce que Jésus a fait, fait et fera pour nous. La dureté du désert de Carême est adoucie par la miséricorde, la tendresse et la compassion de Dieu qui vient nous faire avancer avec lui. Le Carême est un chemin de conversion sur lequel Dieu nous prend par la main comme un Père pour marcher avec son Fils Jésus. 

Le Carême nous prépare à ce que nous célébrerons le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et le Dimanche de Pâques, lorsque nous verrons Jésus se livrer pour nous, donner sa vie et ressusciter le troisième jour. Il ne s’agit pas seulement d’un temps lourd à supporter, mais d’un moment propice, une saison favorable, pour grandir avec le Seigneur, pour nous laisser saisir par lui, pour trouver plus de force, de ferveur et d’enthousiasme à sa suite. Ce n’est pas seulement l’occasion de se laisser fortifier par Dieu face à nos tentations, nos mauvais penchants, mais encore plus l’opportunité de nous laisser transfigurer, façonner, modeler par le Christ, à son image. Pour devenir davantage fils et filles du Père dans l’Esprit Saint. 

En ce sens, les trois pratiques qui caractérisent le Carême – la prière, le jeûne et les actes de charité – sont des clés d’entrée dans cette dynamique de la grâce par laquelle Dieu nous transforme petit-à-petit. 

Jésus nous invite à l’accompagner dans ce pèlerinage de la mort à la vie nouvelle, et il est à l’œuvre tout au long du Carême pour nous conduire sur ce chemin qu’il a déjà emprunté avant nous. Comment Jésus t’appelle-t-il à te tourner vers lui pendant ce Carême ? Comment le Christ t’invite-t-il à être plus conscient de ce qu’il fait en toi et autour de toi ? Quels nouveaux chemins Jésus veut-il ouvrir pour toi pendant ce Carême, afin de vivre plus pleinement sa mort et sa résurrection à Pâques ? En même temps, souvenons-nous que nous ne sommes pas seuls sur ce chemin de Carême. Nous vivons ce temps ensemble, en Église, comme des compagnons de route à la suite du Christ. 

Jésus, envoie ton Esprit pour nous renouveler, nous fortifier, nous transformer pendant ces 40 jours. Marche avec nous, guide nos pas, prends-nous par la main, alors que nous marchons ensemble à ta suite.

Le Jeudi saint et l’institution de l’Eucharistie

(Image: courtoisie de Wikimedia)

 

Nous entrons cette semaine dans la plus haute, la plus digne période de l’année, celle où nous célébrons le mystère de la mort et de la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ, par qui nous est donné l’espérance du Salut et de la victoire finale. Cette période, qui pour plusieurs d’entre nous, notamment les étudiants, coïncide souvent avec de multiples occupations, est pourtant infiniment riche; toute notre vie s’y rapporte en un sens. 

Les grands moments de la Semaine sainte

Très souvent, nous associons la semaine sainte au Vendredi saint, jour de jeûne et de pénitence, jour des mystères douloureux. Il convient hautement de méditer sur les souffrances endurées par le Christ pour notre salut, et de le faire dans un esprit de dénuement, ce à quoi concourt l’Église par une liturgie particulière, qui mobilise nos sens pour nous faire participer au mystère. 

Évidemment, nous ne manquons pas aussi d’observer le dimanche de Pâques et la veillée pascale qui le précède; c’est après tout le point culminant de l’année liturgique, le moment central durant lequel nous commémorons l’évènement le plus important de toute l’histoire cosmique, c’est-à-dire la résurrection du fils unique de Dieu, par laquelle  »toutes choses sont devenues nouvelles » (II Co 5 : 17). Le dimanche, jour des mystères glorieux, est ainsi le point focal de la semaine de tout chrétien. 

La profondeur du Jeudi saint

Or, il peut nous arriver de négliger les autres sommets de la Semaine sainte. C’est aujourd’hui le Jeudi saint, jour de l’année où nous commémorons l’institution par Jésus de l’Eucharistie, sacrement qui unit la Terre et le Ciel dans une communion d’amour sans égale. Lorsque nous participons à la célébration eucharistique, nous sommes engagés dans un acte sacrificiel qui réconcilie Dieu avec sa création. Les fidèles  »offrent à Dieu la victime divine et s’offrent eux-mêmes avec elle » (LG, 11). 

On dit parfois que le sacrement de mariage est celui qui, sous le rapport du signe, est le plus semblable à l’Eucharistie en cela qu’il unit de manière définitive les époux, spirituellement et charnellement. L’union entre le Christ, Époux, et sa créature, épouse, par le sacrement de l’Eucharistie est incommensurablement plus grande et plus profonde. Jésus, qui par son Incarnation  »s’est dépouillé » (Ph 2 : 6), est fait nourriture pour l’homme; il nous est ainsi donné de s’alimenter, à la source, du pain céleste. 

Le mystère de l’Eucharistie

Le sacrement de l’Eucharistie, confié à l’Église et célébré par les prêtres et évêques, est la fortune suprême de l’assemblée universelle du peuple de Dieu. C’est pourquoi, dans la constitution dogmatique du Concile Vatican II sur l’Église Lumen gentium, les pères conciliaires ont parlé de l’Eucharistie comme  »source et sommet de toute la vie chrétienne » (LG, 11). À l’Eucharistie, tous les sacrements sont liés et ordonnés, elle contient, nous rappelle le catéchisme,  »tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, notre Pâque  » (PO, 5).

Il n’y a pas qu’au Jeudi saint que nous rappelons l’institution de l’Eucharistie. Nous y sommes exposés à l’occasion de chaque messe à laquelle il nous est donné d’assister. De même, dans sa sagesse le saint Pape Jean-Paul II l’introduisit, parmi les cinq nouveaux mystères lumineux médités le jeudi, à la prière du chapelet dans la lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, afin d’accentuer encore davantage le caractère christocentrique du rosaire. 

Or, le Jeudi saint est un moment par excellence pour méditer sur la richesse de ce mystère dont la portée est telle que souvent, dans son histoire, l’Église a dû en défendre la vérité et la dignité. En effet, le caractère surnaturel de la transsubstantiation et de la présence réelle de notre Seigneur dans le pain consacré a été remis en cause par certains dans le passé et continue de susciter la surprise et l’incrédulité. Après tout, n’est-il pas tout à fait improbable qu’un Dieu se donne ainsi à manger à ses créatures? Or c’est bien le Dieu que nous connaissons et que nous aimons, celui qui veut se donner à voir par nous. 

Jeudi saint: service et mémoire

D’ailleurs, la célébration du Jeudi saint en Église est également l’occasion d’une cérémonie singulière, c’est-à-dire le lavement des pieds. À la suite de Jésus, le prêtre lave les pieds de fidèles, rappelant ainsi par un geste concret l’abaissement du Seigneur qui se fait alors serviteur. La vérité de Jésus est ainsi révélée dans cet acte reconduit dans l’Église jusqu’à ce jour.

Alors que commence le Triduum pascal, il est bon d’entretenir la mémoire de l’action salvatrice du Christ et de se pencher sur ses différents aspects. Parmi les grands moments de la Semaine sainte, le Jeudi saint est l’occasion toute désignée pour se pencher sur le trésor de l’Eucharistie, ce à quoi peut contribuer, par exemple, la méditation des mystères lumineux du rosaire. 

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