La santé est un tout: réflexion sur la 29e Journée mondiale des malades

(Image par truthseeker08 de Pixabay)  Aujourd’hui 11 février, l’Église célèbre la fête de Notre-Dame de Lourdes ainsi que la 29eJournée mondiale du malade. Il est évident que les circonstances de pandémie ont donné une signification particulière au thème de cette année : Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères (Mt 23, 8). Comment donc mettre « La relation de confiance à la base du soin des malades »au centre des soins de santé ? Voilà une question à laquelle la prière peut apporter sagesse et discernement.

Une relation d’accueil

Dans son message pour l’édition 2021 de cette Journée, le pape François soulignait que « Pour qu’une thérapie soit bonne, l’aspect relationnel est décisif car il permet d’avoir une approche holistique de la personne malade » (no 4). Qu’est-ce que ce lien spécial qui unit un malade à son soignant ? Les circonstances nous en disent beaucoup sur celle-ci. D’abord, puisque personne ne désire être malade, personne ne désire a priori aller chez le médecin. Cela peut donc être difficile mais le soignant doit toujours pallier au malaise du patient par un excès d’accueil et de bonté proportionnel à la souffrance du malade. Faire la connaissance d’une personne lorsqu’on est en souffrance peut grandement affecter l’humeur de la rencontre !  Certes cela peut paraître ingrat, mais une fois la guérison obtenue, le patient trouvera certainement l’énergie pour remercier. Cette remarque préliminaire nous aide à comprendre que la relation soignant/soigné doit s’insérer dans une vision globale de la médecine qui, par un certain réalisme, témoigne tant des possibilités que des limites de la profession médicale.

La santé dans l’humilité

Accueillir l’autre par dévouement et avec patience n’est pas tout. Il faut aussi de la part du soignant une certaine dose d’humilité. Parfois affectés par le « complexe de Dieu » certains médecins ont une estime trop grande de leur propre capacité et, par le fait même, exacerbe les attentes des patients. Cette dynamique n’est pas saine, ni pour le soignant, ni pour le malade. Dans ce cas de figure, le soignant, loin de travailler pour le bien du malade, cherche, par l’entremise de celui-ci, à atteindre ses objectifs personnels de performance. On risque alors l’acharnement thérapeutique. Devant une telle logique, la confiance du malade peut être affectée, entraînant ainsi des conséquences néfastes dans sa volonté de suivre le traitement prescrit. Pour pallier à cette logique qui mine l’institution même de la médecine, le Pape invite à

« Établir un pacte entre ceux qui ont besoin de soin et ceux qui les soignent ; un pacte fondé sur la confiance et le respect réciproques, sur la sincérité, sur la disponibilité, afin de surmonter toute barrière défensive, de mettre au centre la dignité du malade, de protéger la professionnalité des agents de santé et d’entretenir un bon rapport avec les familles des patients. » (No 4).

Pour ce faire, l’univers médical doit retrouver une vision de la santé en accord avec une vision globale de la personne humaine.

La santé est un tout

Dans nos sociétés, nous associons trop souvent la notion de « santé » à sa dimension purement biologique. Or, bien qu’essentielle au déploiement de beaucoup de potentialité humaine, la santé biologique ou sa privation dans la maladie n’est pas seule garante d’une vie accomplie. Bien qu’il soit parfois difficile de le concevoir, la réalisation de nos plus profondes aspirations ne dépend pas de notre santé physique. Combien de saints (je pense à saint Ignace ou sainte Thérèse de Lisieux) ont découvert leur vocation au cours d’une maladie qui les avait cloués au lit ? Les maux que sont la souffrance et la mort ne doivent pas nous empêcher de voir que notre destinée ultime se trouve au-delà du biologique. Bien sûr les maladies et virus sont des maux à combattre. Ce combat ne doit toutefois pas se faire au détriment de ce qui donne sens à l’existence humaine. Tout à la santé physique nous fait oublier que la santé est un tout.

Marie, Santé des malades

Alors que cette année 2021 s’ouvre dans l’espoir de vaincre la pandémie qui nous affecte tous, le recours à Marie, Santé des malades, peut nous être grandement profitable. Tant dans l’accueil des malades que dans l’expérience fructueuse de la maladie, du développement et de la pratique d’une médecine véritablement humaine que dans la diffusion d’une vision globale de la santé personnelle et collective, Marie nous apprend à « méditer » (Lc 2, 19) dans nos cœurs le cours des événements afin d’y trouver les principes de notre action. Par l’intercession de Marie nous retrouverons cette « confiance » à l’intérieur de laquelle nous pourrons « fleurir comme enfants de l’unique Père, appelés à vivre une fraternité universelle » (No 1)

Vous trouverez ci-dessous la Messe de Notre-Dame de Lourdes, présidée par Mgr Christian Lépine, en provenance de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal:

Une réponse catholique au projet de loi C-7

Une réponse catholique au projet de loi C-7″ est une émission spéciale de Sel + Lumière en collaboration avec la Conférence des évêques du Canada -CECC- entièrement dédiée à l’analyse et au dialogue sur les implications néfastes du projet de loi fédéral C-7. Les évêques catholiques du Canada restent fermement opposés au projet de loi C-7, qui étend davantage au Canada l’euthanasie et le suicide assisté, que le gouvernement et les tribunaux ont renommés par euphémisme « aide médicale à mourir » (« AMM »). Tel qu’indiqué dans le mémoire envoyé aux députés siégeant au Comité : « La législation proposée dans le projet de loi C-7 reste profondément déficiente, injuste et moralement pernicieuse. Les évêques du Canada continuent d’appeler les catholiques et toutes les personnes de bonne volonté à faire entendre leur voix pour s’opposer à ce projet de loi. De même, chaque législatrice, chaque législateur canadien doit se rappeler qu’une loi qui permet d’enlever la vie à des personnes innocentes ne pourra jamais être moralement justifiée. Une telle loi portera toujours atteinte à la dignité intrinsèque de la personne humaine. ». Dans le cadre d’une entrevue de 30 minutes, VENDREDI 20 NOVEMBRE 19h30 Francis Denis s’entretient donc de cette question avec Mgr Noël Simard, évêque de Valleyfield et porte-parole de la Conférences des évêques catholiques du Canada pour les questions et enjeux de bioéthique.

Sont également disponibles aux liens suivants: le Projet de loi C-7 présenté à la Chambre des Communes du Canada ainsi que le Mémoire présenté au Comité permanent sur la Justice et les Droits de la personne par la Conférence des évêques catholiques du Canada au sujet du projet de loi C-7 : « Loi modifiant le Code criminel (Aide médicale à mourir) ».

Nunzio Sulprizio: modèle de patience et de gentillesse dans la souffrance

Laïc italien (a travaillé comme apprenti forgeron)
Jour de fête : 5 mai
13 avril 1817 – 5 mai 1836

Nunzio Sulprizio est né le 13 avril 1817, alors que lEurope connaissait une grande famine, mais cette épreuve na pas été laspect le plus difficile de son enfance. Quand son père mourut, il navait que trois ans et deux ans plus tard, sa mère mourut également. Au milieu de ces tragédies, Nunzio a été envoyé chez sa grand-mère, mais elle est également décédée alors quil navait que huit ans. Il a pu supporter une telle perte, en partie parce qu’il prenait le temps dassister à la messe, même encore petit garçon, apprenant à connaitre Dieu et à suivre lexemple de Jésus et des saints et des saintes.

La douleur de perdre parents et grand-mère à un si jeune âge aurait semblé suffisante pour quiconque, pourtant l’enfant continua d’éprouver des difficultés dans sa vie, ayant été envoyé chez un oncle qui était violent et cruel. Cet oncle na pas permis à Nunzio daller à lécole et la plutôt engagé comme apprenti forgeron. Malheureusement pour le garçon, la réalité était moins celle dun apprentissage que celle dune servitude. Son oncle était dur avec lui, le battant souvent ou ne le nourrissant pas adéquatement, et si l’oncle croyait que son neveu avait besoin dêtre réprimandé ou corrigé, il le traitait plus durement.

Un jour, en 1831, la situation devint trop pénible pour Sulprizio. Son oncle lenvoya chercher du matériel dans les collines. Il revint de ce travail épuisé ce soir-là, ayant une jambe enflée et une fièvre brûlante qui lobligea à se mettre au lit. Le lendemain matin, il saperçut quil ne pouvait plus se tenir debout. Bien que son oncle ait été indifférent à la situation, le travail avait visiblement été trop lourd pour Nunzio. Plus tard, son état fut diagnostiqué comme la gangrène dans une jambe.

Il devint très malade et, le 20 juin 1832, il entra à lhôpital des Incurables à Naples pour se faire soigner. Malheureusement, il y resta hospitalisé pour le reste de sa vie. Cétait une situation quil supportait avec beaucoup de patience en offrant sa douleur à Dieu. On lui attribue les paroles suivantes : « Jésus a tellement souffert pour nous et, par ses mérites, nous attendons la vie éternelle. Si nous souffrons un peu, nous goûterons à la joie du paradis. Jésus a beaucoup souffert pour moi. Pourquoi ne devrais-je pas souffrir pour lui ? Je mourrais pour convertir même un seul pécheur. » Cette foi et cette attitude lont amené à aider les autres autant qu’il le pouvait. Bien que souffrant lui-même, le jeune homme aidait les patients à lhôpital et faisait tout ce quil pouvait pour soulager leur misère.

Comme sa douleur persistait, les médecins décidèrent de lui amputer la jambe en 1835 et, même sil saméliorait parfois, sa situation devint sérieuse en mars 1836 ; sa fièvre et ses souffrances augmentaient. Nunzio est décédé deux mois plus tard, le 5 mai 1836, des suites de sa maladie prolongée et dun cancer des os. Il navait que 19 ans.

Durant sa souffrance, Nunzio a toujours été considéré comme un homme doux et pieux. En dépit de sa maladie, il a servi les autres et a été dévoué à sa foi. Des décennies plus tard, cette sainteté conduisit le pape Léon XIII à proposer Sulprizio comme un modèle pour les travailleurs. Lorsque le pape Paul VI le béatifia, le 1er décembre 1963, le Saint-Père le proposa également comme modèle pour les jeunes. Il est clair que par de petits moyens Nunzio a eu un effet puissant sur ceux qui lentouraient, sur lÉglise et sur le monde.

Redécouvrir Humanae Vitae 50 ans plus tard

CNS/Paul Haring

Mercredi dernier, l’Église célébrait le 50e anniversaire de la publication de l’encyclique Humanae vitae sur le mariage et la régulation des naissances. Ayant suscité depuis de vifs débats tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église, et ce, en quantité inversement proportionnelle à la longueur du texte lui-même, ce document du Bienheureux pape Paul VI peut être analysé de plusieurs manières. En effet, pour comprendre cette encyclique, trois lectures me semblent particulièrement appropriées: 1) une perspective soulignant les enseignements comme tel; 2) une autre tenant compte du contexte historique de sa parution à aujourd’hui; 3) la double relecture ecclésiale dont Humanae vitae fut l’objet de la part des successeurs du Bienheureux Saint-Père.

Un texte au service de la vision authentique de l’amour

Comme son nom l’indique, l’encyclique Humanae Vitae porte sur « le très grave devoir de transmettre la vie humaine »(no 1). Avec ses deux mille ans d’histoire, ce n’était pas la première fois que l’Église s’exprimait sur la sexualité humaine. Il suffit de lire la Bible pour s’en convaincre. Toutefois, l’accroissement rapide des connaissances scientifiques et l’évolution des techniques dans le domaine de la reproduction exigeaient à l’époque, une nouvelle évaluation à la lumière des principes moraux découlant de la Révélation confiés à l’Église. L’encyclique réitère donc d’abord les principes (no 7-11) de l’enseignement de l’Église sur l’expression de l’Amour que sont : 1. l’intégralité de la personne dans ses dimensions corporelle et spirituelle ; 2. l’aspect entier du don corporel (fidélité, exclusivité jusqu’à la mort) ; 3. l’ouverture à la vie ou « fécondité » (no 9). En tout cela, rien de surprenant puisque le texte est en complète continuité avec l’enseignement traditionnel de l’Église. Qui avait-il donc de si nouveau pour susciter un tel de débat ?

La grande nouveauté d’Humanae vitae est l’expression d’un nouveau principe moral qui, bien qu’implicitement contenu dans ceux énumérés jusqu’alors, permettait aux couples chrétiens d’orienter l’exercice de leur sexualité devant les nouveautés de l’époque en cette matière. Le pape Paul VI, de par son autorité de successeur de Pierre, a donc promulgué l’indissociabilité des fonctions unitives et procréatives de la sexualité humaine ; promulguant que « l’acte conjugal, enmême temps qu’il unit profondément les époux, les rend aptes à la génération de nouvelles vies, selon des lois inscrites dans l’être même de l’homme et de la femme. C’est en sauvegardant ces deux aspects essentiels, union et procréation que l’acte conjugal conserve intégralement le sens de mutuel et véritable amour et son ordination à la très haute vocation de l’homme à la paternité » (no 12). À première vue, ce principe semble difficile à contredire. Pourquoi donc cet enseignement a-t-il suscité une telle controverse ?

Un enseignement simple pour une époque compliquée

Pour bien comprendre la réception mouvementée dont ce texte fut l’objet, il est important de se mettre dans le contexte des années 1960. Sans faire une étude exhaustive des faits historiques, il est possible de dire que la révolution sexuelle qui avait lieu à cette époque avait popularisé une vision de la sexualité comme simple divertissement. Cette dissociation entre engagement et sexualité d’une part, et entre sexualité et reproduction d’autre part, soutenue par ce qui était encore à l’époque une contre-culture, gagnait en influence et considérait toute critique comme un affront à la liberté individuelle à l’auto-détermination. Devant cette nouvelle idéologie hédoniste, les critères moraux promulgués par l’Église pouvaient être perçus comme rétrogrades par un nombre grandissant de personnes. Dans ce contexte, il n’est donc pas étonnant que cette société en profonde mutation cherchât par tous les moyens à ne pas écouter la parole du Pape. Toutefois, cela n’explique pas totalement les raisons d’être d’une telle polémique. Comment donc expliquer la forte contestation à l’intérieur même de l’Église contre Humanae Vitae ?

Encore une fois, le contexte aide à comprendre ce qui s’est passé. Alors même que les sociétés occidentales subissaient d’importantes transformations, l’Église elle-même effectuait son « aggiornamento » avec le Concile Vatican II. Fruit de l’Esprit Saint, de la prière, des discussions et des réflexions de l’épiscopat mondial avec au centre le Saint-Père, le Concile avait exprimé sa volonté d’une grande réforme dans l’agir pastoral de l’Église et, ce, à tous les niveaux. Ainsi, pleinement incarnés dans le monde, les chrétiens du Québec, par exemple, ont pu voir dans les changements de Vatican II, une sorte de Nihil Obstat de l’Église face aux nouvelles orientations de la société. Bien que cela soit vrai en partie, il n’en demeure pas moins que l’horizon d’attentes de certains catholiques en occident en matière sexuelle (telles que la libéralisation de l’avortement, de la contraception, de la stérilisation, de la PMA, etc. (no 14)) impliquait une contradiction avec l’Enseignement du Christ et la Tradition de l’Église. Un clash était ainsi à prévoir et c’est ce qui est  arrivé. On a donc accusé le Bienheureux Paul VI de ne pas être fidèle à « l’Esprit du Concile »; d’où la défection ou, du moins, une contestation d’un grand nombre de catholiques en occident sur cette question particulière.  Cependant, notre compréhension ne pourrait s’arrêter sans prendre en compte deux évolutions importantes et qui se sont déroulées au cours de ces 50 années.

Cinquante ans de tumultes fructueux

Cette tension fondamentale, à la fois externe et interne à l’Église, allait devoir demander des autorités compétentes fermeté et tact. Sous ces deux aspects, il me semble que les papes ont été à la hauteur de cet impressionnant défi. Dans un premier temps, ce que plusieurs ont appelé la « crise » post conciliaire liée à l’interprétation de Vatican II fut définitivement une des priorités du saint pape Jean-Paul II et de Benoît XVI, tout spécialement en ce qui concerne l’enseignement sur la sexualité humaine. En effet, il est aujourd’hui admis que la « Théologie du corps » de saint Jean-Paul II fait partie des grands héritages du saint Polonais à l’Église tout entière. Relisant Humanae Vitae pour le bien de cet article, il me semblait que le langage de l’encyclique semble, de par son style très direct, être d’un autre temps ; ce qui pourrait être un obstacle pour la transmission de son contenu, lui, plus que jamais actuel. Ainsi, par son travail intellectuel, Jean-Paul II a réussi à manifester la beauté de l’enseignement du Bienheureux Paul VI tout en gardant les garde-fous indispensables contre « l’exploitation de l’homme par l’homme », ce qui abonde en nos sociétés.

Une deuxième étape, plus récente celle-là, manifeste quant à elle, le côté « prophétique » des enseignements d’Humanae Vitae. En effet, bien que ne dépendant pas d’une approche « conséquentialiste », les mises en garde qui s’y trouvent ne semblent pas avoir perdu de leur pertinence. Qui tenterait de nier aujourd’hui l’augmentation de « l’infidélité conjugale et l’abaissement général de la moralité » ou « l’arme dangereuse que l’on viendrait à mettre ainsi aux mains d’autorités publiques peu soucieuses des exigences morales » (no 17) ou en d’autres termes, de ce « colonialisme idéologique » que l’on voit s’imposer dans de nombreux pays en voie de développement depuis 50 ans ? Enfin, on note bien aujourd’hui les effets extrêmement néfastes sur l’environnement de ce refus de « reconnaître des limites infranchissables au pouvoir de l’homme sur son corps et sur ses fonctions » (no 17). Comme le dit le pape François :

« L’acceptation de son propre corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et pour accepter le monde tout entier comme don du Père et maison commune ; tandis qu’une logique de domination sur son propre corps devient une logique, parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations, est essentiel pour une vraie écologie humaine. » (no 155).

Redécouvrir Humanae Vitae 50 ans plus tard

À l’heure où nous fêtons les 50 ans de la publication d’Humanae Vitae, je vous invite à relire ce document important qui, tant par son contenu, son histoire ou la validité de ses enseignements, nous porte à contempler le charisme d’enseignement de l’Église qui, grâce à l’Esprit Saint (Can. 747 – § 1), nous offre les instruments pour vivre une vie pleinement libre. Comme le pape Paul VI le disait lui-même : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ». Loin des modes idéologiques, le témoignage de fermeté dans l’amour du Bienheureux pape Paul VI nous permet de connaître sans œillères, la vérité sur la sexualité humaine.

Déclaration de la CECC à l’occasion du 50e anniversaire de la lettre encyclique Humanæ Vitæ

photo:CNS

Vous trouverez ci-dessous le texte de la Déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Canada à l’occasion du 50e anniversaire de la lettre encyclique Humanæ Vitæ:

« JE SUIS VENU POUR QU’ILS AIENT LA VIE, LA VIE EN ABONDANCE. » (Jean 10,10)

Nous célébrons cette année le 50e anniversaire d’Humanæ Vitæ, l’encyclique du bienheureux pape Paul VI sur le don de la vie humaine. Bien que plusieurs personnes aient mal interprété le message de ce document, en le réduisant à un « non » à la contraception, nous réa irmons que le message d’Humanæ Vitæ est un « oui » retentissant à la vie en plénitude que promet Jésus Christ (Jean 10,10).

Créés pour l’amour

Humanæ Vitæ enseigne que nous sommes créés à l’image de Dieu, que nous sommes appelés à refléter l’amour de Dieu dans le monde, en aimant comme lui, d’une manière libre, totale, fidèle et féconde, avec notre corps. C’est là une immense responsabilité. L’amour que nous porte Jésus nous permet de mieux comprendre comment l’amour conjugal, dans ce que saint Jean-Paul II appelait le langage du corps, est appelé à être l’image de l’amour de Dieu : un amour pour toute la vie, exclusif et prêt à s’étendre au-delà du couple, jusqu’à donner la vie. Voilà pourquoi le Christ s’engage avec les époux dans le sacrement du mariage. Il sera toujours présent pour leur donner la force de son amour infini. Dans la prière, l’Eucharistie et le sacrement de la réconciliation, les époux trouveront jour après jour la grâce de grandir dans l’amour à travers les défis du quotidien.

Le mariage, image de l’amour du christ pour nous

Le mariage chrétien reflète l’amour de Jésus qui donne sa vie pour nous. Dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul écrit : « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église » (Ép 5,31-32). Par son incarnation, sa mort et sa résurrection, Jésus s’est uni à son Épouse, l’Église, et les deux sont devenus « une seule chair ». Dans l’Eucharistie, le don qu’il a fait de lui-même sur la croix devient présence réelle afin que nous puissions faire, dans nos corps, l’expérience du don qu’il a fait de lui-même. Le Christ est l’Époux et nous sommes son Épouse. Lorsque nous recevons la communion, nous accueillons ce don et nous y participons intimement. C’est seulement unis au Christ que nous sommes rendus capables de faire le don total de nous-mêmes auquel nous sommes appelés.

Tout mariage chrétien est donc appelé à être l’image de ce don du Christ à son peuple. Puisque la sexualité est incluse dans ce qui fait que nous sommes à l’image de Dieu, elle doit contribuer, elle aussi, à refléter l’amour de Dieu. En fait, chaque expression d’amour au cœur du mariage est censée être une image de l’amour de Dieu, y compris l’expression suprême du mariage – la relation sexuelle.

Dans Amoris Lætitia (no 68), le pape François fait l’éloge de l’enseignement d’Humanæ Vitæ sur le mariage et la famille, qui met en lumière « le lien intrinsèque entre l’amour conjugal et l’engendrement de la vie ». C’est dire que, dans le mariage, chaque relation sexuelle est appelée à traduire un amour libre (sans contraintes), total (le don entier de soi), fidèle (loyal à l’époux ou à l’épouse) et fécond (prêt à donner la vie et propice à l’enrichissement spirituel du couple). Toute autre attitude défigure la beauté du langage que Dieu a inscrit dans nos corps. A aiblir ou fausser ce langage modifie la manière dont chacun des conjoints fait l’expérience de l’amour; en pareil cas, la relation sexuelle n’incarne pas pleinement l’amour véritable. Même s’ils sont bien intentionnés, les actes sexuels qui ne traduisent pas un tel amour nuisent à notre quête d’amour. Il devient alors plus di icile de bâtir un amour vrai et durable (voir Humanæ Vitæ, nos 12, 14).

En deçà de l’image

L’enseignement de l’Église sur la sexualité nous rappelle que nous sommes tous et toutes faits pour l’amour, mais pas pour n’importe quelle conception de l’amour. Nous sommes faits pour un amour infini, exactement le même amour qui a mené Jésus à o rir librement sa vie sur la croix pour nous. Il n’y a que son amour infini pour combler les aspirations les plus profondes de nos cœurs. Aussi l’enseignement de l’Église ne cherche pas à réprimer nos désirs sexuels ou à s’assurer que chacun de nous soit frustré et connaisse une vie ennuyeuse. Bien au contraire. L’Église nous montre que le mariage est le lieu qui permet à la sexualité de s’exprimer et de s’actualiser pleinement.

Pour reprendre les mots du bienheureux Paul VI, « un acte d’amour mutuel qui porterait atteinte à la disponibilité à transmettre la vie, que le Créateur a attachée à cet acte selon des lois particulières, est en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec la volonté de l’Auteur de la vie. Par conséquent, utiliser ce don divin en détruisant, fût-ce partiellement, sa signification et sa finalité, c’est contredire à la nature de l’homme comme à celle de la femme et de leur rapport le plus intime, c’est donc contredire aussi au plan de Dieu et à sa volonté » (Humanæ Vitæ, no 13).

Fidélité et ouverture à la vie

Puisque l’amour conjugal est appelé à refléter la fécondité de l’amour de Dieu, lorsque les époux se donnent totalement l’un à l’autre, ils grandissent dans la communion, ils s’ouvrent à la bénédiction de la fertilité et leur amour reflète l’amour de Dieu pour nous. Ainsi voient-ils leur relation renforcée et approfondie dans une véritable communion – « commune union » – l’un avec l’autre. À l’opposé, la décision de modifier à dessein la relation sexuelle de manière à la rendre stérile (en recourant, par exemple, à des contraceptifs ou à la stérilisation) revient à falsifier le langage de la sexualité. De la sorte, nous imposons manifestement des limites au don de nous-mêmes, tout en nous donnant l’illusion d’un don complet.

De nombreux couples mariés adoptent des méthodes fondées sur la connaissance de leur fécondité, soit pour surmonter leur infertilité, soit pour une planification familiale responsable. Parce que ces méthodes ne changent en rien le langage des rapports sexuels, elles aident les couples à grandir dans l’amour l’un pour l’autre et pour Dieu. Fondées sur les connaissances scientifiques actuelles de la fertilité, elles sont appelées « méthodes naturelles de planification des naissances ». Elles permettent aux parents de planifier leur famille tout en respectant pleinement leur amour et leur dignité (voir Humanæ Vitæ, no 16). la joie de l’amour conjugal

En tant qu’évêques catholiques, nous avons la responsabilité d’enseigner la vérité sur Dieu et sur le projet qu’il a pour nous, dont la sexualité et le mariage font partie. Nous invitons tous les catholiques à relire, étudier et méditer l’encyclique importante qu’est Humanæ Vitæ, et à redécouvrir les vérités admirables qu’elle contient. La vérité de l’amour conjugal – telle que proposée dans Humanæ Vitæ et, par la suite, élaborée dans la théologie du corps de saint Jean-Paul II, et dans Amoris Lætitia du pape François – n’est pas toujours facile à vivre en pratique.

« [L]e bienheureux Paul VI, dans le sillage du Concile Vatican II, a approfondi la doctrine sur le mariage et sur la famille. En particulier, par l’Encyclique Humanæ Vitæ, il a mis en lumière le lien intrinsèque entre l’amour conjugal et l’engendrement de la vie : “L’amour conjugal exige donc des époux une conscience de leur mission de « paternité responsable », sur laquelle, à bon droit, on insiste tant aujourd’hui, et qui doit, elle aussi, être exactement comprise. […]. Un exercice responsable de la paternité implique donc que les conjoints reconnaissent pleinement leurs devoirs envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans une juste hiérarchie des valeurs”… » (Amoris Lætitia, no 68, citant Humanæ Vitæ, 10).

Les couples mariés ne peuvent vivre cette vérité que renferme Humanæ Vitæ qu’avec la grâce de Dieu, notre Père aimant, qui, avec son Fils Jésus, nous en donne la force par la puissance de l’Esprit Saint. Oui, le mariage est une noble vocation. Puissent tous les couples mariés, fidèles à la grâce du baptême et aux vœux de leur mariage, vivre et goûter la joie de l’amour conjugal tel qu’il est enseigné dans Humanæ Vitæ et être ainsi des signes de la présence aimante de Dieu dans le monde.

Église en sortie 23 mars 2018

Cette semaine à Église en sortie, on s’intéresse aux « Lettres biologiques » du Frère Marie-Victorin avec l’auteur et historien Yves Gingras. On vous présente un reportage sur le Forum jeunesse 2018 de l‘Assemblée des évêques catholiques du Québec. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis s’entretient avec Ellen Roderick, co-directrice de l’Office pour le mariage, la vie et la famille de l’archidiocèse de Montréal, sur les « lettres biologiques » dans le contexte de l’enseignement de l’Église sur la sexualité.

« La charte n’est pas un CREDO »: la liberté de conscience selon Mgr Christian Lépine

CNS photo/Dario Ayala, Reuters

Depuis quelques semaines déjà, un bras de fer s’est enclenché opposant le gouvernement du Canada et plusieurs groupes défendant la liberté de conscience. Au cœur de la tourmente, la modification des règles d’admissibilité aux subventions pour les emplois d’été au gouvernement fédéral. Ces changements excluent a priori toute organisation ne partageant pas une option en faveur de l’avortement. Bien que cette nouvelle règle ait été contestée par des groupes de toutes les confessions religieuses, l’épiscopat canadien fut sans contredit à l’avant-scène des discussions.

Encore tout récemment, l’évêque du Diocèse de London en Ontario, publiait un communiqué de presse cinglant dans lequel il affirmait que « nous devons nous lever contre cette position du gouvernement du Canada en affirmant que nous ne nous laisserons pas intimider (bullied) en ayant même l’apparence de collusion sur cet enjeu ». Pour l’évêque de London, il ne fait aucun doute qu’il s’agit « d’une regrettable violation de la liberté de conscience et de religion, de penser et de croire, d’opinion et d’expression, garantie par la Charte ».

Au Québec, dans une entrevue accordée à Sel et Lumière, Mgr Christian Lépine souligne que l’on peut voir la question de deux manières. En effet, il affirme que « l’angle des jeunes qui se verront refuser un travail l’été prochain ne doit certainement pas rester sous silence » sans oublier les différents destinataires des services rendus par ces jeunes durant l’été qui souffriront d’une manière non négligeable de leur absence.

De plus, l’archevêque souligne la tendance profonde de l’utilisation idéologique de la Charte canadienne des Droits et Libertés : « le but d’une charte n’est pas d’être un système de croyances parallèlement à d’autres systèmes de croyances. Son rôle est plutôt de délimiter un espace de liberté où les différentes croyances et de convictions peuvent s’exercer dans le dialogue et la sécurité ». Dans ce cas précis, on utilise la Charte comme un système venant s’opposer aux croyances des gens, qu’elles soient chrétiennes ou autres en leur imposant des valeurs qui leur sont contradictoires. « La Charte n’est pas un Credo » affirme Mgr Christian Lépine.

Afin de retrouver le véritable sens de ce qu’est une Charte, Mgr Lépine invite les dirigeants à un retour aux sources, « à la mère de toutes les chartes qu’est la Déclaration universelle des droits de l’homme ». À court terme, selon l’archevêque de Montréal, les institutions catholiques sont appelées à exercer leur droit fondamental à la liberté de conscience « en remplissant leur demande de subvention sans cocher l’alinéa en question et le gouvernement fera son cheminement ».

Notez que cette polémique s’inscrit dans un rétrécissement des libertés civiles imposé aux groupes pro-vie du Canada. En février 2014, Justin Trudeau avait affirmé son intention d’exclure tous les candidats pro-vie du Parti Libéral du Canada.

Église en sortie 2 février 2018

Cette semaine à Église en sortie, nous Francis Denis s’entretient avec Sophie Brouillet sur la maison d’éditions Médiaspaul. On vous présente un reportage sur la conference « Décoder l’amour » de l’archidiocèse de Montréal. Dans la troisième partie de l’émission, nous discutons avec Émile Robichaud sur son tout dernier livre: « Succursale ou institution: redonner sens à nos écoles?« 

Église en sortie 24 novembre 2017

Cette semaine à Église en sortie, on s’entretient avec le père Michel Proulx, o. praem. (Directeur-adjoint et Professeur en études bibliques Institut de Pastorale des Dominicains) sur son tout dernier livre « Témoigner de Dieu aujourd’hui« . On vous présente un reportage sur la Rencontre Mondiale des familles 2018 à Dublin en Irlande. Dans la troisième partie de l’émission, Francis Denis reçoit le père Jean-Marc Barreau sur son tout dernier livre « Soins palliatifs, Accompagner pour vivre!« .

La pastorale face à l’euthanasie

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Cette semaine se tenait à Cornwall, l’Assemblée plénière des évêques catholiques du Canada. Lors de cette rencontre annuelle, les évêques de partout au pays se sont réunis pour prier, réfléchir, discuter et prendre des décisions concernant les grandes orientations de la Conférence pour l’année à venir. Suivant un agenda bien rempli, les évêques ont donc pu aborder plusieurs thèmes relatifs à la réalité pastorale propre au Canada. Parmi les sujets abordés cette année, l’euthanasie a certainement retenu l’attention des participants.

La pastorale devant l’euthanasie

La question de l’euthanasie au Québec et au Canada est une problématique relativement nouvelle puisque les législations permettant une telle pratique sont apparues dans le courant de cette année. La CECC a donc fait appel au Cardinal Willem Eijk, archevêque d’Utrecht au Pays-Bas, afin qu’il puisse partager son expérience d’évêque dans un pays ayant une législation très permissive en matière d’euthanasie et de suicide assisté. Dans un deuxième temps, les évêques de partout au pays ont pu se concerter avant d’amorcer ce qui pourrait être le début d’un processus visant à définir certaines balises communes en cette matière. Les évêques catholiques d’Alberta ayant publié un document sur cette question peu de temps avant la plénière, celle-ci n’a attiré l’attention des médias québécois et canadiens qu’à la veille de la clôture de cette rencontre. Manifestant l’urgence d’aborder cette nouvelle réalité, cette polémique va certainement pousser les évêques à réfléchir avec plus d’intensité aux conséquences d’une telle législation sur la pastorale.

De la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté surgissent deux problématiques distinctes, celle de la célébration du sacrement de l’onction des malades d’une part, et, d’autre part, celle de la célébration des funérailles. C’est deux questions appellent à certaines clarifications.

Le sacrement de l’onction des malades, une porte de la miséricorde

Dans un premier temps, la célébration du sacrement des malades dans le contexte précédant une euthanasie demande un discernement approfondi. D’un côté, il y a la réalité objective. Dans le cas d’une personne faisant la demande de l’injection létale causant directement sa mort, il apparaît contradictoire qu’elle demande du même coup le sacrement des malades. En effet, comment célébrer authentiquement le signe efficace d’une foi qui est volontairement niée dans son élément le plus fondamental, c’est-à-dire le sens chrétien de la souffrance ? Le sacrement des malades (anciennement « extrême onction ») ayant pour but d’ouvrir à l’espérance de la vie éternelle et d’accepter le don gratuit de la miséricorde de Dieu dans la vie d’une personne, il apparaît contradictoire que cette personne en face la demande avant de commettre ce que l’Église enseigne comme étant un rejet du don le plus précieux de Dieu : la vie humaine elle-même. Que conclure de cette contradiction?

Du côté pastoral, il apparaît clair qu’un refus pur et simple de célébrer ce sacrement pourrait faire offense au cri de détresse qu’une telle demande représente. En effet, les pasteurs ne peuvent jamais « jeter l’éponge » puisque Dieu accueille toujours celui ou celle qui vient à Lui. C’est ainsi que nous devons comprendre l’appel du pape François ainsi que des évêques du Québec entendues ces derniers jours dans les médias. Bien que le contexte médical et humain de la société risque fort de se détériorer avec les lois 52 et C-14, puisque ces dernières désacralisent la vie et la dignité humaine de tous les citoyens, de son côté, l’Église ne changera pas la posture qui était et qui sera la sienne, celle d’accompagner toutes les personnes qui viennent à elle et qui lui demandent de l’aide. L’absence d’interdiction de célébrer les sacrements des malades aux personnes sur le point de se suicider ne devrait donc ni être comprise comme un encouragement, ni comme un consentement. Au contraire, elle devrait être interprétée comme une porte ouverte aux personnes en détresse sur le point de commettre l’irréparable. Une « porte de la miséricorde » par laquelle la grâce de Dieu pourrait être sentie par l’entremise de la présence aimante et pleine de tendresse d’un frère dans la foi.

Pour ce qui est des funérailles

La célébration des funérailles est une autre question. Il ne s’agit hélas plus d’accompagner la personne vers « sa mort naturelle » mais bien d’accompagner les personnes qui sont encore parmi nous afin qu’elles puissent prier pour le défunt et se sentir elles-mêmes réconfortées par la présence mystérieuse de Dieu.

Prier pour le défunt, contrairement à ce qu’on pourrait penser, n’est pas une évidence. Durant les funérailles, prier pour une personne signifie la remettre dans les mains de Dieu en Lui demandant de bien vouloir l’accueillir dans son Royaume. Cependant, un suicide peut causer du ressentiment et de la rancœur pour ceux qui restent et qui se sentent souvent trahis lorsqu’une personne aimée les quitte de cette manière. Avec la légalisation de l’euthanasie, sa banalisation et l’élargissement de cette pratique dont les premiers signes sont déjà perceptibles à l’horizon, ces blessures seront de plus en plus répandues. L’Église devra donc mettre sur pied une pastorale adéquate d’accueil et d’accompagnement des personnes, nous pourrions dire, « doublement » endeuillées. Les funérailles étant un lieu privilégié pour accompagner et manifester la sollicitude de l’Église, il m’apparaît important qu’elle respecte la volonté du défunt d’avoir des funérailles puisque, malgré l’aspect objectivement contradictoire de sa « dernière volonté » avec la foi catholique, elle peut être une belle occasion d’aider et d’évangéliser.

Ainsi, loin de causer scandale ou de présenter une image de l’Église comme cautionnant cette pratique inhumaine qu’est l’euthanasie, fermer unilatéralement la porte aux familles des défunts serait une erreur tant au niveau de la pastorale d’accompagnement si chère au pape François, qu’au niveau d’une perspective missionnaire.

Bien que les assemblées d’évêques, telles que l’AECQ ou la CECC n’ont pas pour mission de se substituer au jugement pastoral de chaque évêque dans son diocèse, la plénière de la CECC de cette année aura certainement permis aux évêques de partout au pays de réfléchir aux différents scénarios d’adaptation devant les défis de l’effritement de la protection juridique de la dignité humaine au Canada. Les évêques devront faire preuve d’une immense tendresse envers les personnes qui seront, à cause de la pratique de l’euthanasie, de plus en plus blessées et en détresse. En ce sens, garder un esprit et une réglementation fondamentalement ouverts aux personnes m’apparaît le plus à même de servir le salut des âmes.

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