Cette semaine dans le cadre de son balado « Parrêsia », Francis Denis discute du livre « Tu étais malade et je t’ai visité : Médecine, guérison et salut avec le médecin, théologien philosophe père dominicain Thomas De Gabory. Dans ce balado, sont notamment abordés les thèmes de la dignité humaine, des soins palliatifs, de la médecine et de la notion de salut chrétien.
Pape en Colombie: Homélie lors de la Messe au parc Simon Bolivar de Bogota
Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François telle que prononcée lors de la Messe au parc Simon Bolivar de Bogota:
L’Evangéliste rappelle que l’appel des premiers disciples eut lieu sur les rives du lac de Génésareth, là où les gens se rassemblaient pour écouter une voix capable de les orienter et de les éclairer ; c’est aussi le lieu où les pêcheurs finissent leurs fatigantes journées durant lesquelles ils cherchent la subsistance pour mener une vie sans pénuries, digne et heureuse. C’est la seule fois, dans tout l’Evangile de Luc, que Jésus prêche près de la mer dite de Galilée. Sur la mer ouverte, s’entremêlent l’espérance d’un travail fécond et la frustration due à l’inutilité des efforts vains. Selon une ancienne interprétation chrétienne, la mer représente aussi l’immensité où cohabitent tous les peuples. Enfin, par son agitation et son obscurité, elle évoque tout ce qui menace l’existence humaine et qui a le pouvoir de la détruire.
Pour définir les multitudes, nous utilisons des expressions comme celles-ci : une marée humaine, une mer de gens. Ce jour-là, Jésus a derrière lui la mer, et, devant lui, une multitude qui l’a suivi parce qu’elle connaît son émotion devant la souffrance humaine… et ses paroles justes, profondes, appropriées. Ils viennent tous l’écouter ; la Parole de Jésus a quelque chose de spécial qui ne laisse personne indifférent. Sa Parole a le pouvoir de convertir les cœurs, de changer les plans et les projets. Elle est une Parole confirmée par les actes, elle n’est pas une conclusion de bureau, d’accords froids et éloignés de la souffrance des gens ; c’est pourquoi elle est une parole qui sert autant à la sécurité du rivage qu’à la fragilité de la mer.
Cette chère ville, Bogota, et ce merveilleux pays, la Colombie, ressemblent beaucoup à ces décors humains présentés dans l’Evangile. Il y a ici des multitudes qui attendent une parole de vie qui illumine de sa clarté tous les efforts et qui montre le sens et la beauté de l’existence humaine. Ces multitudes d’hommes et de femmes, d’enfants et de personnes âgées, habitent une terre d’une inimaginable fécondité qui pourrait donner du fruit pour tous. Mais ici aussi, comme en d’autres lieux, il y a d’épaisses ténèbres qui menacent et détruisent la vie : les ténèbres de l’injustice et de l’inégalité sociale ; les ténèbres corruptrices des intérêts d’individus ou de groupes qui consomment de manière égoïste et démesurée ce qui est destiné au bien-être de tous ; les ténèbres de l’irrespect envers la vie humaine qui fauche quotidiennement l’existence de tant d’innocents dont le sang crie vers le ciel ; les ténèbres de la soif de vengeance et de la haine qui tache de sang humain les mains de ceux qui se rendent justice eux-mêmes ; les ténèbres de ceux qui deviennent insensibles face à la souffrance de tant de victimes. Jésus dissipe et détruit toutes ces ténèbres par son ordre dans la barque de Pierre: « Avance au large » (Lc 5, 4).
Nous pouvons nous perdre dans des discussions interminables, accumuler des tentatives manquées, et faire une liste d’efforts qui n’ont rien donné ; de même que Pierre, nous savons ce que signifie l’expérience de travailler sans aucun résultat. Cette nation en sait quelque chose, quand, sur une période de 6 ans, en ces temps-là, à ses débuts, elle a eu 16 présidents et a payé cher ses divisions (« la patrie stupide »). L’Eglise en Colombie aussi a l’expérience de travaux pastoraux vains et infructueux…, mais, comme Pierre, nous sommes aussi capables de nous en remettre au Maître dont la Parole suscite la fécondité même là où l’inhospitalité des ténèbres humaines rend infructueux beaucoup d’efforts et de fatigues. Pierre est l’homme qui accueille résolument l’invitation de Jésus, qui laisse tout et le suit, pour devenir un
nouveau pêcheur dont la mission consiste à porter à ses frères le Royaume de Dieu où la vie est pleine et heureuse.Mais la demande de jeter les filets n’est pas adressée seulement à Simon Pierre ; il lui a été demandé d’aller au large, comme ceux qui, dans votre patrie, ont vu en premier ce qui presse le plus ; ceux qui ont pris des initiatives de paix, de vie. Jeter les filets entraîne une responsabilité. A Bogota et en Colombie pérégrine une immense communauté qui est appelée à devenir un solide filet qui rassemble tout le monde dans l’unité, en travaillant à la défense et à la sauvegarde de la vie humaine, en particulier quand elle est plus fragile et vulnérable : dans le sein maternel, dans l’enfance, dans la vieillesse, dans les conditions de handicap et dans des situations de marginalisation sociale. Les multitudes qui vivent à Bogota et en Colombie peuvent aussi devenir de vraies communautés vivantes, justes et fraternelles si elles écoutent et accueillent la parole de Dieu. Dans ces multitudes évangélisées surgiront beaucoup d’hommes et de femmes devenus
disciples qui, d’un cœur vraiment libre, suivront Jésus ; des hommes et des femmes capables d’aimer la vie en toutes ses étapes, de la respecter et de la promouvoir.Nous devons nous appeler les uns les autres, nous faire signe, comme les pêcheurs, recommencer à nous considérer comme des frères, des compagnons de route, des membres de cette entreprise commune qu’est la patrie. Bogota et la Colombie sont, en même temps, rivage, lac, mer ouverte, ville où Jésus est passé et passe pour offrir sa présence et sa Parole féconde, pour nous tirer des ténèbres et nous porter à la lumière et à la vie. Appeler les autres, tous les autres, pour que personne ne dépende de l’arbitraire des tempêtes ; faire monter sur la barque toutes les familles, sanctuaires de la vie ; faire place au bien commun qui est au-dessus des intérêts mesquins ou particuliers, porter les plus fragiles en promouvant leurs droits.
Pierre fait l’expérience de sa petitesse, de l’immensité de la Parole et de l’action de Jésus ; Pierre connaît ses fragilités, ses hésitations…, comme nous connaissons les nôtres, comme les connaît l’histoire de violence et de division de votre peuple qui ne nous a pas toujours trouvés partageant la barque, la tempête, les malheurs. Mais comme Simon, Jésus nous invite à aller au large, il nous pousse au risque partagé, à laisser nos égoïsmes et à le suivre ; à nous défaire des peurs qui ne viennent pas de Dieu, qui nous immobilisent et qui retardent l’urgence d’être des constructeurs de la paix, des promoteurs de la vie.
Déclaration pastorale pour les catholiques du Canada sur le rapport « L’aide médicale à mourir : une approche centrée sur le patient »
Vous trouverez ci-dessous la Déclaration pastorale pour les catholiques du Canada sur le rapport « L’aide médicale à mourir : une approche centrée sur le patient » de la Conférence des évêques catholiques du Canada publiée le 26 février 2016:
Chers frères et sœurs,
Le 25 février dernier, le Comité mixte spécial du gouvernement du Canada sur « l’aide médicale à mourir » a publié son rapport intitulé L’aide médicale à mourir : une approche centrée sur le patient. Le rapport recommande notamment :
– Que le suicide assisté soit accessible aux personnes atteintes d’une maladie psychiatrique (Recommandation 3)
– Que les souffrances psychologiques soient au nombre des critères ouvrant droit au suicide assisté (Recommandation 4)
– Que d’ici environ trois ans le suicide assisté soit accessible aux adolescents et peut-être également aux enfants qui pourraient être considérés comme des « personnes mineures matures » (Recommandation 6)
– Que tous les professionnels de la santé soient tenus à tout le moins d’« aiguiller correctement » les patients qui demandent le suicide assisté (Recommandation 10)
– Que tous les établissements de santé subventionnés par l’État au Canada offrent le suicide assisté (Recommandation 11)Par ailleurs, le rapport n’indique pas comment les soins palliatifs et les soins à domicile peuvent offrir de véritables options aux personnes qui sont tentées par le suicide, et il ne demande pas de plan national pour prévenir les suicides. Au Canada, le taux de suicide est sept fois plus élevé chez les jeunes des Premières Nations que chez les jeunes non-Autochtones, alors que le taux de suicide chez les jeunes Inuit est parmi le plus élevé au monde, à 11 fois la moyenne nationale canadienne.
L’enseignement de l’Église catholique et la position des évêques catholiques du Canada sont clairs. Le suicide n’est pas un soin de santé. Tuer les personnes souffrant de maladies physiques ou mentales, qu’elles soient jeunes ou âgées, est contraire à la sollicitude et à l’amour pour nos frères et sœurs. La dignité de la personne humaine et l’épanouissement de la communauté humaine exigent : 1) la protection et le respect de chaque vie humaine de la conception à la mort naturelle; et 2) la liberté de conscience et de religion pour chaque personne et pour chaque établissement. Le bien-être social, la sécurité personnelle et le bien commun – accompagnés de la foi religieuse – signifient protéger la vie de ceux et celles qui souffrent et non de la menacer.
Les recommandations qui précèdent et l’idée maîtresse du rapport ne sont absolument pas « centrées sur le patient »; elles ne soutiennent et n’aident en aucun point les mourants et les personnes vulnérables. Pour rependre les mots du pape François, les recommandations du rapport suivent l’approche d’une société du « jetable ». Elles ne révèlent pas le visage de la miséricorde de Dieu.
Avec mes frères évêques, catholiques et orthodoxes, et avec les dirigeants des communautés religieuses protestantes évangéliques, juives et musulmanes, et plusieurs autres croyants et non-croyants, je vous exhorte de faire savoir à vos représentants élus pourquoi l’euthanasie, le suicide assisté et les recommandations susmentionnées sont complètement inacceptables.
Mgr Douglas Crosby, OMI
Évêque de Hamilton
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
Dieu en premier pour que l’homme soit mieux servi
Ils ont recueilli des dons de plus de 172 millions de dollars, accumulé au-dessus de 72 millions d’heures de bénévolat, réparti sur 1.9 millions de membres dans le monde entier. Ce qui a commencé sous l’impulsion d’un prêtre du Connecticut est devenu l’une des organisations la plus importante du monde.
Ces chiffres ont été révélés lors du dernier congrès annuel des Chevaliers de Colomb à Philadelphie dans le rapport annuel du premier dirigeant M. Carl Anderson. Les données sont impressionnantes. Mais elles nous apprennent quelque chose de plus grand du caractère des Chevaliers de Colomb fondés il y a 125 ans.
La dignité de l’être humain est d’abord et avant tout leur premier souci. « Quand nous regardons dans le visage de chaque personne, nous voyons donc la source de la vie, de la liberté et de la dignité humaine, et ainsi nous voyons un frère » affirme M. Anderson dans son rapport annuel.
C’était d’ailleurs le rêve du père Michael McGivney, prêtre et fondateur des Chevaliers de Colomb. À l’époque où le père McGivney devient pasteur d’une paroisse au Connecticut, plusieurs familles s’effondraient sous le poids de dettes et les effets de l’alcoolisme. Les communautés secrètes étaient aussi populaires chez les hommes. Celles-ci avaient la réputation de dissuader ces hommes de la pratique religieuse. Le père McGivney voulait plutôt attirer les hommes à nouveau vers l’église par une fraternité catholique. Elle deviendrait en même temps une source d’aide pour les familles pauvres et brisées. Ainsi les Chevaliers de Colomb sont nés du désir de protéger les plus vulnérables de la société.
Son charisme ne s’est pas perdu. Depuis sa fondation les Chevaliers de Colomb ont créé un programme d’assurance pour les familles catholiques; ils sont en partenariat avec Habitat pour l’humanité, Global Wheelchair Mission, les Olympiques Spéciaux et les Apôtres de Jésus en Ouganda; ils réalisent aussi des initiatives telles que Coats for Kids et le programme Ultrasons. Ce ne sont que des exemples. Leur implication dans l’Église et dans la société ne s’arrête pas là.
Leur initiative la plus récente est un programme d’aide aux réfugiés chrétiens. Depuis le mois d’août 2014, ils ont amassé 3 millions de dollars qui « procurent un logement et des soins médicaux. Mais nous pouvons et nous devons faire plus » explique M. Anderson. « Le temps est venu d’exposer la vérité à propos du sort des chrétiens ». Leur programme d’aide offre à tous la possibilité d’y contribuer en faisant un don par l’entremise de leur site web, www.christiansatrisk.org.
Mourir dans la dignité
Depuis plusieurs semaines, la commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité se déplace dans plusieurs villes du Québec pour écouter les avis des québécois sur ce sujet. Près de 300 mémoires ont été déposés et des milliers de personnes peuvent remplir le formulaire et donner leur opinion en ligne. La participation au débat est sans précédent.
Jeudi 30 septembre, une délégation des évêques du Québec a présenté et remis leur mémoire sur cette question. Ils ont dit clairement leur opinion s’opposant à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Dans ce document, les évêques expliquent que devant la souffrance des personnes malades et âgées la solution réside dans la pratique des soins palliatifs. Ces centres qui permettent aux personnes de vivre leurs derniers instants dans une atmosphère respectueuse de leurs volontés tout en recevant des soins contre la douleur. Le document de douze pages est dans son intégralité sur le site de l’AECQ.
Coincidence ? Ces derniers temps, plusieurs films abordent ce sujet dont celui d’une jeune réalisatrice canadienne Sophie Deraspe “Signes Vitaux”. Une jeune femme apprend brutalement la mort de sa grand-mère survenue dans un centre de soins palliatifs. Elle découvre alors cet établissement et s’attache à l’une des personnes âgées. Abandonnant ses études et sa vie sociale, elle s’investit de plus en plus en tant que bénévole dans ce lieu, y trouvant des raisons de vivre.
Cette fiction a des allures de documentaire et permet de mettre en présence des personnes très attachantes, avec des attitudes complexes à l’approche de la mort. Le fait d’approcher des personnes en fin de vie permet de s’interroger sur ce qui essentiel dans la vie et de se rappeler que l’on va mourir.
Le film est suivi d’un documentaire « symptômes figurants » sur la réalisation de ce film avec des interviews de sœurs hospitalières qui parlent de l’accompagnement en fin de vie. Garder la distance tout en étant proche par l’intermédiaire notamment du toucher qui exprime la présence intime sans captation.
Des scènes dans ce film peuvent heurter car cette jeune femme est en pleine recherche d’elle-même et de son corps ; son investissement est excessif. Cependant ce film permet de se poser des questions sur la vie, l’amour et la mort ainsi que sur les relations quotidiennes en famille.
L’autre film « La Donation », de Bernard Émond met en scène un médecin en fin de carrière qui avoue à sa consœur, effrayée par sa proximité avec les malades, qu’il est souvent impuissant devant la maladie mais qu’il reste proche de ses patients. Cette acceptation de ses limites lui donne une grande force. En même temps cette sollicitude produit des effets apaisants sur ses patients.
Ces films qui mettent en présence des personnages très humains peuvent aider à ne pas avoir peur de la mort, à accepter de voir la souffrance morale et physique de l’autre, et à passer du temps gratuitement auprès des siens pour leur montrer que leur vie a un sens.
Au moment de ce débat de société au Québec sur le mourir dans la dignité souhaitons que la voix des évêques et de toutes les personnes qui travaillent dans les unités de soins palliatifs soit entendue.