Depuis l’éclosion du COVID-19, les canadiens ont été demandés d’adopter un nouveau mode de vie pour réduire sa propagation. On reste à la maison. Pour les catholiques, cela implique aussi une nouvelle façon de vivre sa foi. Partout au Canada, les messes ont été annulées. Les églises, fermées. Elles ne sont même plus ouvertes pour la prière personnelle. Ça nous bouscule. Que faire? Comment recevoir les sacrements? Et si on avait besoin d’un prêtre? Dans cette entrevue avec Mgr Marc Pelchat, évêque auxiliaire de Québec, nous nous arrêtons sur ces questions troublantes en ce temps de crise.
Le désert fleurira
En canot, après avoir navigué une partie de la Rivière Rouge, les trois archevêques du Manitoba débarquent sur le quai Taché le 15 juillet 2018. Mgr Albert LeGatt, archevêque de Saint Boniface, Mgr Richard Gagnon, archevêque de Winnipeg, et Mgr Murray Chatlain, archevêque de Keewatin-Le Pas, arrivent vêtus de leur soutane noire et ceints d’une ceinture fléchée. Des hommes et des femmes en costume d’époque les accueillent sur le quai. Dans les escaliers, séparant le quai et l’avenue Taché, des centaines de membres de la communauté catholique de Saint Boniface et des environs, sont rassemblés. Au son du tambour, les évêques prennent part à une cérémonie traditionnelle autochtone de purification, signe d’une relation qui continue de grandir entre l’Église et les Premières Nations dans cette partie du pays.
La scène nous renvoie 200 ans plus tôt, lorsque le père Joseph-Norbert Provencher, le père Sévère-Joseph-Nicolas Dumoulin et un jeune séminariste débarquent, eux aussi, le 16 juillet 1818, au confluent des rivières Rouge et Assiniboine. Ces trois missionnaires sont accueillis par Alexander MacDonell, gouverneur de la colonie de la Rivière Rouge. Ils sont là pour établir la première mission catholique, qui deviendrait le berceau de l’Église dans le nord et l’ouest du Canada avec, au début, un territoire qui s’étendrait du nord-ouest de l’Ontario jusqu’aux rocheuses canadiennes.
La reconstitution historique qui a eu lieu 200 ans plus tard, un dimanche matin ensoleillé sur le bord de la rivière Rouge, était donc l’un des moments forts des célébrations qui ont marqué le bicentenaire de l’Église catholique dans le nord-ouest canadien. Du 13 au 15 juillet, l’archidiocèse a organisé, en plus de cette reconstitution, un service de prière oecuménique, une conférence sur l’héritage spirituelle des pionniers de la mission dans l’ouest, une Messe solennelle devant les ruines de l’ancienne cathédrale de Saint-Boniface, un festival familial multiculturel et un concert avec des artistes de renommée. Le pape François a même nommé le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec et primat du Canada, comme son représentant officiel au jubilé.
C’était l’occasion de se rappeler les deux siècles d’histoire partagée des diverses communautés qui font partie du tissu catholique du nord-ouest canadien aujourd’hui, une histoire évidemment marquée par des périodes de lumière mais aussi par des périodes de noirceur. Dans son homélie, lors de la Messe du dimanche, le cardinal Lacroix a souligné que les célébrations pointent vers « 200 ans de présence de disciples du Christ et de leurs réalisations ». En effet, les réalisations sont nombreuses. Après l’arrivée des missionnaires Provencher, Dumoulin et compagnons, d’autres prêtres et des religieuses débarquent à Saint-Boniface pour ouvrir des églises, des couvents et des pensionnats, des écoles et des hôpitaux. Ces religieux et religieuses ont permis à la foi catholique de s’enraciner à travers tout le territoire.
C’est à la même époque de cet essor missionnaire qu’on ouvre aussi les portes des écoles résidentielles. La réalité de ces écoles est encore fraîche et fait partie de l’histoire plus sombre du catholicisme dans le pays. Les évêques du nord-ouest canadien s’en rendent compte et reconnaissent que pour continuer à évangéliser dans la vérité, il faut non seulement se réconcilier avec ce passé, mais aussi « parfaire les relations communautaires dans l’harmonie, le respect et la justice », a indiqué le primat du Canada pendant la Messe à Saint-Boniface. « Il suffit de mesurer le chemin à parcourir pour que la réconciliation guérisse les blessures du passé et rassemble tous les croyants ». En tant qu’envoyé spécial du Saint Père, le cardinal Lacroix a de plus réaffirmé la proximité du Pape François « alors que se déroule le processus de guérison, de réconciliation et de recherche d’harmonie » au Canada.
Mgr LeGatt, l’hôte des célébrations à Saint-Boniface, rappelle que la réconciliation est nécessaire pour le salut du monde car, Dieu le Père, dans son amour, a voulu réconcilier toute l’humanité en Lui, à travers son Fils Jésus. L’histoire de l’humanité a toujours été pénétrée par des périodes de grandes divisions et de grandes douleurs. Elles ont été surmontées grâce au dialogue entrepris par des hommes et des femmes audacieux.
Le cardinal Lacroix a insisté sur l’« urgence » d’un nouvel élan missionnaire aujourd’hui. Il a énuméré les énormes défis encore à relever: le « déficit d’espérance chez un grand nombre de nos concitoyens et concitoyennes », le scandale des familles qui souffrent « parce qu’elles ne trouvent pas leur place au sein d’une communauté », les enfants qui ont « faim et soif de pain et d’affection », ceux et celles qui peinent « pour échapper un tant soit peu à la misère », ou les « victimes de ségrégation et d’ostracisme ». Pour y arriver, il a invité tous les fidèles à cette même audace des premiers missionnaires.
C’est avec ce coup d’envoi que se sont terminées les grandes célébrations du bicentenaire en juillet. Le désert fleurira, le renouveau spirituel dans le nord-ouest du Canada arrivera, grâce à ceux et celles qui, poussés par l’Esprit Saint, oseront sortir de leur zone de confort pour faire connaître l’amour du Christ Jésus. « Va, tu seras prophète pour mon peuple du Manitoba, de la Saskatchewan, d’Alberta, de la Colombie-Britannique, du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut ».
L’équipe Sel + Lumière était sur place pendant les célébrations. Tous les événements ont été diffusé EN DIRECT sur nos ondes et en ligne. Vous pouvez revoir l’horaire de rediffusion ici. Jetez aussi un coup d’oeil aux capsules vidéos qui retracent d’autres moments clés de la semaine.
À l’intérieur du Pré-Synode en compagnie de vos deux délégués canadiens
Émilie Callan est l’une des deux délégués de la Conférence des évêques catholiques du Canada à la rencontre Pré-Synodale. Elle nous parle de ses premiers jours à Rome en compagnie de 300 autres jeunes provenant de partout dans le monde.
« Les jeunes n’ont jamais gagné le prix Nobel pour avoir été prudents ! » Il n’est pas rare d’entendre de telles expressions de la part du pape François. Ce matin, alors que nous commencions notre première journée de rencontres, il nous a dit de prendre des risques même si cela implique de faire des erreurs. « L’Église est la première à souffrir lorsqu’un jeune refuse de prendre des risques » a-t-il ajouté. L’Église a besoin d’audace pour se renouveler .
Poursuivant son propos, il nous a également dit, à nous les participants, d’être courageux dans nos discussions durant la semaine. Le résultat de nos discussions en petits groupes aidera les évêques du monde entier à mieux se préparer pour le prochain Synode de 2018. En tant que représentante des francophones du Canada, je fais partie du « Groupe français no 2 ». Il y a quatre groupes de langue anglaise. Il y a aussi des groupes de langues italienne et espagnole. Au début de la semaine, nos travaux ont surtout porté sur la première partie du Document préparatoire c’est-à-dire sur les défis et les opportunités qui se présentent aux jeunes dans notre monde contemporain. Quoiqu’il s’agisse de la première partie, c’était la partie du travail que j’attendais avec le plus d’impatience. Toutefois, c’est un grand défi que de colliger les idées de tout le monde en respectant le temps alloué pour chacune des sections. Heureusement, afin d’assurer que chaque groupe ne déborde pas du cadre de la réflexion, chaque groupe est accompagné de deux modérateurs.
Comme le Saint-Père l’a affirmé, l’Église désire que les jeunes soient inclus dans le processus synodal. Cela a été clairement affirmé dès le moment de l’annonce de la tenue d’un Synode des évêques sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». C’est une occasion unique pour tous les jeunes. C’est la première fois qu’un tel Pré-Synode a lieu. Le Pape veut vraiment que nous en soyons les protagonistes et c’est pourquoi nous sommes au rendez-vous !
Les catholiques ne sont pas les seuls à être présents. Plusieurs participants provenant de d’autres traditions ou religions ont également été invités. Par exemple, un jeune français se présentant comme athée, nous a offert un témoignage. Pour moi, le fait d’entendre cette prise de parole lors de la rencontre manifeste que l’Église est vraiment sérieuse lorsqu’elle dit être « à l’écoute » des jeunes et vouloir se confronter aux vérités parfois difficiles de la vie des jeunes d’aujourd’hui.
Les réalités auxquelles nous faisons face au Canada, ou dans les autres pays occidentaux, sont forcément très différentes des difficultés que vivent les jeunes qui proviennent des pays en voie de développement. Malgré que la religion ne soit pas illégale ou complètement rejetée dans notre pays, certaines politiques gouvernementales manifestent une tendance en ce sens. Cela entraîne ainsi le risque de se voir ostracisés pour avoir osé tenir des positions contraires à l’idéologie ambiante ou, du moins, sur les questions importantes de notre société. Comment devons-nous aborder certaines questions comme le suicide assisté, l’avortement, la théorie du genre, l’homosexualité, etc. non seulement sur la place publique mais aussi dans nos conversations privées, dans nos rencontres avec nos amis et notre famille ? Nous ne devrions pas avoir peur d’entrer en dialogue sur la place publique. Plus important encore, plusieurs jeunes sont en quête de sens. C’est ce qui me permet de réaliser que l’Évangile est toujours pertinent dans notre monde. Mais pour cela ces jeunes ont besoin de clarté en ce qui a trait à ce que l’Église a à offrir. De quelle manière allons-nous nous y prendre maintenant et pouvons-nous améliorer notre façon de faire?
À la fin d’une de ses présentations cette semaine, le Saint-Père a conclu en disant que l’Église a besoin de jeunes prophètes pour notre monde. Cette semaine, nous prierons pour obtenir la grâce d’une grande docilité à l’Esprit Saint afin que nous puissions parler franchement, en toute clarté, charité et liberté.
J’aurai la chance de vous écrire au cours de cette semaine extraordinaire à Rome. Restez à l’écoute de Sel et Lumière et consultez notre blogue pour suivre les derniers développements du Pré-Synode 2018 sur « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » et n’oubliez pas de prier pour nous !
Mgr Christian Rodembourg, m.s.a.: Les premiers pas d’un nouvel évêque
Mgr Christian Rodembourg, évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe, s’est entretenu brièvement avec Emilie Callan lors de l’Assemblée plénière des évêques du Canada, qui s’est déroulée du 25 au 29 septembre 2017. Le pape François l’a nommé l’été dernier. Mgr Rodembourg est aussi prêtre missionnaire chez les Saints-Apôtres, une société de vie apostolique fondée à Montréal au milieu du 20e siècle. Dans cette entrevue, il s’arrête sur les joies et les peines d’un nouvel évêque. Découvrez ce jeune évêque, ordonné le 17 septembre dernier à la cathédrale de Saint-Hyacinthe, seulement quelques jours avant la rencontre annuelle de la conférence épiscopale.
Emilie Callan : Mgr Rodembourg, vous venez d’être ordonné évêque pour le diocèse de Saint-Hyacinthe… C’est la première fois que vous vous retrouvez à l’Assemblée Plénière des évêques. Comment la vivez-vous?
Mgr Christian Rodembourd, m.s.a. : Je dirais avec beaucoup de joie, d’abord, mais aussi beaucoup d’émotions, parce que c’est une découverte totale pour moi… à la fois comment ça fonctionne, la rencontre, bien sûr, de tous mes frères évêques, autant du Canada de l’ouest ou de l’est et du Québec…. Alors c’est un moment extraordinaire dans ma vie comme jeune évêque de quasiment 11 jours d’ordination… Donc, comme je l’ai dit à plusieurs, je plonge dedans, et je suis très heureux de ça. Ça me donne l’heure juste de où nous nous trouvons comme église ici et maintenant. C’est sur cette réalité-là que je m’en vais comme évêque de Saint-Hyacinthe, en communion avec tous mes frères évêques évidemment.
EC : Donc, ça fais 11 jours justement que vous êtes évêque, quel est votre plus grand défi?
Rodembourg : Je dirais, le premier défi, c’est certainement la rencontre du diocèse, la découverte, la rencontre des frères prêtres, diacres, leur épouse aussi qui les accompagnent, la rencontre des agents et agentes de pastorale, et tous les bénévoles impliqués… j’entendais qu’il y avait plusieurs mouvements intéressants, des associations, qui méritent certainement le plus rapidement possible la rencontre du nouvel évêque… Donc, moi, ça m’enthousiasme tout ça. Je veux remplir mon agenda de rencontres fraternelles et chaleureuses et essayer en même temps, déjà, de prendre le pouls des enjeux qu’il y aura à relever tous ensemble. Et je dirais que l’autre joie que j’ai ces jours-ci, c’est que dès la semaine prochaine, au Cap-de-la-Madeleine, nous avons en gros deux jours et demi de rencontres d’une trentaine de prêtres du diocèse pour, justement, faire connaissance de part et d’autre. Alors, je trouve ça un très bon début de service épiscopal.
EC : Quel est votre espoir? Ou votre espérance?
Rodembourg : Je dirais que depuis – ça fait 22 ans que je suis prêtre – c’est d’être d’abord disciple de la joie de l’Évangile, un disciple de Jésus qui est accueillant, qui accompagne, qui fait route avec les frères et les sœurs, et ensemble rechercher, ce que le Seigneur attend de nous aujourd’hui, cette fois-ci pour le diocèse de Saint-Hyacinthe. Je faisais exactement la même chose au niveau de mes paroisses avant, où j’étais curé, ou dans ma communauté, où j’étais en responsabilité les dix dernières années. Je disais souvent à mes jeunes frères, cherchons ensemble : que nous demande Jésus aujourd’hui? dans notre monde tel qu’il est, dans chaque pays, dans chaque continent – parce que j’ai eu la chance d’aller à travers plusieurs continent dans le monde…
EC : Vous avez mentionné que vous étiez curé de paroisse… Mais vous êtes aussi un prêtre avec la Congrégation des Missionnaires des Saints-Apôtres, une société de vie apostolique fondée à Montréal. Comment cette expérience peut vous servir maintenant comme évêque?
Rodembourg : Elle va sûrement me servir parce qu’à l’origine notre fondateur avait pour objectif de servir l’Église. Donc ça fait partie de notre charisme, d’être en disponibilité aux besoins de notre Église, là où il manque des prêtres, là où il manque des chrétiens… et notre vocation aussi, c’était justement de travailler à l’accompagnement des vocations, le discernement des vocations, et spécialement s’il y a des laïcs engagés en Église – c’est une originalité qui m’a beaucoup plu et qui est à la base de ma vocation il y a 28 ans quand je suis entré… alors je crois que c’est une expérience qui va effectivement m’aider dans ma nouvelle mission que le pape François me confie.
EC : Merci beaucoup. On a eu un goût seulement de qui vous êtes en tant qu’évêque maintenant. Ce sera un plaisir de vous « découvrir » davantage au fil des années…
Rodembourg : Avec joie! Vous êtes toujours les bienvenues et moi je vous félicite parce que vous rendez un service à l’Église, magnifique.
*Cette entrevue a été enregistrée le 28 septembre 2017 au Centre Nav Canada à Cornwall, en Ontario, pendant l’Assemblée plénière annuelle des évêques catholiques du Canada.
Canada 150 : Sous le regard de Marie
« À l’homme d’aujourd’hui souvent tiraillé entre l’angoisse et l’espérance, prostré par le sentiment de ses limites et assailli par des aspirations sans bornes, troublé dans son âme et déchiré dans son cœur, l’esprit obsédé par l’énigme de la mort, oppressé par la solitude alors qu’il tend vers la communion, en proie à la nausée et à l’ennui, la Vierge Marie, contemplée dans sa vie terrestre et dans la réalité qu’elle possède déjà dans la Cité de Dieu, offre une vision sereine et une parole rassurante : la victoire de l’espérance sur l’angoisse, de la communion sur la solitude, de la paix sur le trouble, de la joie et de la beauté sur le dégoût et la nausée, des perspectives éternelles sur les perspectives temporelles, de la vie sur la mort » (Bienheureux Paul VI, Exhortation apostolique Marialis Cultus, 57).
À l’occasion du 150e anniversaire du Canada, des évêques canadiens ont consacré chacun de leur diocèse au Cœur immaculé de la Vierge Marie, le 1er juillet. Ils consacreront, tous ensemble, le pays en entier lors de leur Assemblée Plénière en septembre prochain.
Mais le Canada a déjà été consacré à la Vierge à deux reprises. C’est arrivé pour la première fois en 1947 pendant le Congrès Marial à Ottawa. C’était d’ailleurs l’un des plus grands rassemblements religieux en Amérique du nord à l’époque. C’est arrivé une deuxième fois en 1954 lors de l’Année Mariale, ouverte le 8 décembre, soulignant le centenaire du dogme de l’Immaculée Conception.
C’est mystérieux, quand même, toute cette affaire de consécration ! Elle ne concerne pas que les évêques. En réalité, la consécration du pays à Marie est un cadeau pour toute l’Église canadienne, pour tous les fidèles, et une invitation qui nous est lancée d’y prendre part ! La Conférence des évêques catholiques du Canada a préparé une ressource précieuse pour comprendre en quoi consiste cette consécration au Cœur immaculé de Marie.
CONSACRÉS
Avant de parler de Marie ou d’une consécration à Marie, il faut comprendre ce que signifie « être consacrer ». Et cela veut dire, retourner à la base. En tant que baptisé, chacun de nous est consacré du point de vue de Dieu. C’est Lui qui nous consacre, qui nous adopte comme ses enfants et nous « confère sa sainteté de vie et d’amour » (CEC 1266). Nous sommes aussi consacrés en choisissant de participer à cette vie d’amour. « Un acte personnel de consécration est un moyen de mieux nous approprier notre appel chrétien et de continuer de demeurer dans la grâce de Dieu » (CECC, Consécration du Canada à la Bienheureuse Vierge Marie, Suggestions de catéchèse des adultes, p.2).
POURQUOI MARIE?
Elle est modèle de sainteté. Marie a une place essentielle dans la tradition chrétienne, et a joué un rôle décisif dans l’histoire du salut. Par son « oui » inconditionnel, elle a répondu librement à la volonté de Dieu, de porter en elle et de donner au monde Jésus, Seigneur et Sauveur de l’humanité. Par son « oui », elle a continué tout au long de sa vie de « marcher sur les traces du Christ ». Marie est devenue non seulement la Mère de Dieu, elle est aussi devenue la première disciple et la Mère de toute l’Église.
En 1954, lors de la dernière consécration du pays à la Vierge Marie, les évêques du Canada ont expliqué que « la vraie dévotion à Marie exalte ‘la bassesse d’une servante’ (Luc 1, 48), et propose l’idéal d’une humanité librement et filialement soumise à l’action divine. C’est pourquoi notre génération qui assiste à la révolte de l’homme contre Dieu, se tourne vers la sainte Vierge avec une si ardente inclination » (CECC, Consécration du Canada à la Bienheureuse Vierge Marie, Suggestions de catéchèse des adultes, p.3).
Alors, en tant que Mère de l’Église, elle intercède pour nous. Elle ne cesse de participer à l’action salvifique de Jésus dans le monde. C’est pourquoi nous pouvons lui présenter nos demandes personnelles ainsi que celles de notre pays.
DES GRÂCES POUR LE PAYS
Consacrer le Canada à la Vierge Marie est donc un engagement de la part de l’Église au Canada et de ses membres, remis à Dieu, afin de plus lui appartenir et d’être davantage ouvert à sa grâce.
Les évêques veulent particulièrement confier au Cœur immaculé de la Vierge, la protection du pays, des familles canadiennes et de la vie humaine. Ils souhaitent aussi la grâce de pouvoir répondre de manière juste aux changements sociaux et, pour que ce pays soit disposé à entendre, accueillir et répondre au message de l’Évangile.
PRIÈRE DE CONSÉCRATION DU CANADA AU CŒUR IMMACULÉ
Marie notre Mère, puisse la Croix de ton Fils, plantée en sol canadien et dans les cœurs des Canadiens et Canadiennes, être reconnue comme l’Arbre de vie, dont les fruits sont visibles et accessibles à chacune et à chacun dans le jardin de ce monde.
Nous plaçons notre pays, le Canada, dans le sanctuaire de ton Saint Cœur parce que nous savons que nous y trouverons Jésus, qui vit et règne avec le Père dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.
Amen.
La carte de prière personnelle pour la consécration au Cœur immaculé de la bienheureuse Vierge Marie peut être commandée auprès des Éditions de la CECC.
POUR APPROFONDIR
Consultez ce document en format PDF de la CECC pour plus d’informations et approfondir votre réflexion.
Le saint patron du Canada: un héritage caché
Le Canada célèbre ses 150 ans ! Mais qu’est-ce que nous célébrons au juste pour ce 150e anniversaire ? Quelles histoires devrions-nous raviver ? Le pape François nous dirait : « L’absence de mémoire historique est un sérieux défaut de notre société. Il s’agit de la mentalité immature du « c’est du passé ». Connaître et pouvoir prendre position face aux événements passés est l’unique possibilité de construire un avenir qui a un sens. On ne peut éduquer sans mémoire » (Amoris Laetitia, 193).
En tant qu’organisation catholique canadienne, nous nous rappelons le jour heureux où nous sommes devenus la première télévision catholique au Canada en 2002, née du souffle des Journées mondiales de la jeunesse, à Toronto avec la bénédiction du pape Jean Paul II. Nous nous tenions sur les épaules d’un géant, Gaetano Gagliano, canadien d’origine italienne et, père fondateur de l’une des plus grandes entreprises au Canada, St. Joseph Communications, qui porte le nom du saint patron de notre pays.
Mais qu’est-ce que tout cela a à voir avec le 150e du Canada ? Pour TV Sel + Lumière, voilà où se trouve la clé pour comprendre une partie de notre histoire. Au cœur de nos bureaux se dresse une chapelle consacrée à la mémoire de Gaetano et de son épouse Giuseppina. Et à l’intérieur de cette même chapelle, une statue de saint Joseph, cadeau de Gaetano… qui était un homme d’affaires dévoué, un mari et un père fidèle. Homme d’une grande vision, il s’est consacré à trouver un moyen de communiquer sa foi de manière efficace.
En se rappelant Gaetano, on se souvient de ce qui lui tenait le plus à cœur : la transmission de la foi catholique, la famille, l’aide aux personnes dans le besoin et, un regard tourné vers l’avenir avec espoir. Certes, plusieurs choses peuvent être attribuées aux principes de base de la vie de Gaetano, mais il semble qu’ils pourraient trouver leur racine dans sa profonde dévotion pour saint Joseph.
Saint Joseph, en tant que saint patron du Canada, est connu comme le gardien de Jésus, de Marie et de la Sainte Famille. Il est aussi connu comme un homme qui craignait Dieu, un homme passionné par son travail, un époux et père de toute tendresse. En 1984, quand le pape Jean Paul II a visité l’Oratoire St-Joseph, il s’est adressé aux membres du clergé. À la fin de son discours, il leur a dit: « Tous ici, dans cet Oratoire où tant de grâces ont été obtenues, nous demandons l’intercession de saint Joseph. Il a eu aux côtés de Jésus et de Marie un rôle humble de serviteur, vivant continuellement dans l’intimité avec le Fils de Dieu. Nous sommes avant tout des serviteurs du Fils de Dieu ».
Cet Oratoire, aujourd’hui le plus grand sanctuaire dédié au père terrestre de Jésus dans le monde, a été construit grâce à l’inspiration et aux prières de saint frère André Bessette. Sa dévotion de toute une vie au charpentier pourrait se résumer à ce qu’il a dit, un jour, concernant les miracles et les guérisons qui se manifestaient à cause de son intercession : « Je ne suis rien… qu’un simple instrument entre les mains de la Providence, un humble instrument au service de saint Joseph ».
La piété populaire entourant saint Joseph s’est accrue au fil des années et ce n’est pas surprenant de voir des hommes et des femmes, à l’image de Gaetano, lui confier leur travail et leur famille. Mais si nous retrouvons saint Joseph au sein de la piété catholique au Canada, cela remonte aux premiers missionnaires qui se sont établis en Nouvelle-France.
En 1624, le père Joseph Le Caron, un Récollet, est l’un des premiers à y mettre les pieds. Son premier réflexe est de confier la Nouvelle-France à la protection de saint Joseph. Dans une lettre adressée à son supérieur en France, il explique : « Nous avons fait une grande solennité où tous les habitants se sont trouvés… par un voeu que nous avons fait à saint Joseph, que nous avons choisi pour notre patron du pays et protecteur de cette église naissante ».
Cette fête a été soulignée le 19 mars 1624. À cette époque la dévotion à saint Joseph était encore à ses débuts. En confiant ce nouveau pays à saint Joseph, les missionnaires n’avaient qu’un seul espoir : faire connaître Jésus et rendre la foi catholique accessible à tous.
Nous nous appuyons sur les épaules de ses grands de notre histoire ! Ainsi, Sel + Lumière veut répondre à l’appel du Pape Jean Paul II de devenir des « servants du Fils de Dieu », d’être gardiens de notre foi catholique et, faire en sorte qu’elle soit partagée de manière efficace partout au Canada.
Prière à Saint Joseph, protecteur de l’Église
Brave Joseph, associé au projet de Dieu sur notre humanité, votre tendresse entoure la nouvelle Église naissante. Tout comme Marie et Jésus reconnaissent en vous la protection du Père, ainsi la communauté de foi se place sous votre garde.
Soutenez-nous par l’Esprit qui anime le foyer de Nazareth et conduisez nos pas sur la route vers le Royaume. Accompagnez-nous dans notre mission. Faites que nous soyons lumière du monde afin que, de l’humanité transfigurée dans le Christ, jaillisse la famille de Dieu.
Communiquez-nous la force de poursuivre l’option de Dieu en faveur des pauvres et des faibles. Guidez-nous dans nos actions pastorales afin que nos gestes s’ajustent à la Bonne Nouvelle.
Amen.
Source: L’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal
La clé de la mémoire
Il y a un mois, des milliers de jeunes étaient réunis à Cracovie pour les Journées mondiales de la jeunesse. J’y étais aussi en tant que journaliste. La semaine était un exercice de la mémoire… et un apprentissage du courage.
À mon arrivée à l’aéroport de Cracovie, les pèlerins commençaient déjà à inonder l’endroit. En attendant nos bagages sur le carrousel, deux jeunes filles étaient près de moi. C’était leurs premières JMJ…
Madrid. C’est là où j’ai vécu mes premières JMJ. Je faisais partie d’un groupe d’environ quarante personnes – nous étions tous universitaires – et notre pèlerinage vers Madrid comprenait des arrêts à Lourdes, Fatima, Avila et Compostelle. Ces lieux nous permettraient de s’apprivoiser, de prier ensemble et de nous préparer aux JMJ en présence du pape Benoit XVI et de milliers d’autres pèlerins comme nous. Le pèlerinage vers les JMJ est important, voire nécessaire, car il permet au coeur de s’ouvrir à la surprise de Dieu en chemin.
Pourtant, bien que je me sois préparée à ces Journées mondiales, les seuls souvenirs que je garde sont la chaleur, les nombreuses heures de marche, le manque de sommeil et la tempête épouvantable de la Vigile, alors que mes amis en sont repartis renouvelés. C’est comme si j’avais vécu les JMJ les yeux fermés!
…En parlant un peu plus longtemps avec ces jeunes filles, arrivées pour la première fois sur la terre de Jean-Paul II, elles m’ont demandé des conseils pour bien vivre les JMJ. (Ça m’a fait rire alors que j’en suis revenue un peu déçue la dernière fois.) Mais sachant tout de même que les JMJ étaient un temps de grâce pour l’Église, je leur ai dit de rester attentives à tout ce qui se passera autour d’elles. Dieu parle en toute chose, et il le fera par la bouche et les gestes du Pape, par les catéchèses, par les temps de prières, par chacune des conversations et rencontres qu’elles auront.
C’est lorsque je suis arrivée au Campus Misericordiae pour la Vigile avec le Pape, où je me suis « souvenu » de Dieu, de la joie qui nous pénètre quand on se laisse aimée par Lui, une joie qui peut être partagée avec tant d’autres. Plus de 1.5 millions de pèlerins étaient installés sur ce vaste terrain à plusieurs kilomètres de Cracovie. Ils ont fait le pèlerinage jusqu’au campus pour camper sous les étoiles, prier avec le Saint Père et faire la fête. Depuis cette veillée, je fais mémoire presque chaque jour de ces milliers de bougies allumées en même temps. La scène était frappante. C’était un signe de la communion de l’Église, de sa ferveur, de sa clarté au sein des ténèbres.
Dans le dernier discours qu’il a prononcé, aux bénévoles des JMJ, le Saint Père a dit : « Vous êtes l’espoir du futur ». Pour cela, poursuivait-il, « vous devez atteindre certaines conditions. La première est de préserver votre mémoire : de ton peuple, de ta famille, d’où tu viens, la mémoire de ton cheminement et ce que tu as reçu de ceux qui sont proches de toi ». La deuxième condition est « d’avoir courage – d’avoir du courage et de ne pas avoir peur ».
Pour faire mémoire, donc, j’ai appris une chose: il faut se parler. Il faut se parler et être attentif. Ça prend les autres pour nous rappeler ce que nous avons vécu et nous ramener à l’essentiel. Pendant l’une des catéchèses, un évêque s’est adressé aux jeunes en leur disant, qu’« il faut être mendiants les uns envers les autres… j’ai besoin de toi pour grandir ». Quand on se croit incapable de réussir une tâche, on a besoin qu’on nous dise: « Mais te souviens-tu de cette fois où tu l’as réussi? C’est toujours possible! ». Encore, si l’on croit ne pas pouvoir corriger une faiblesse en nous, quelqu’un doit répéter: « N’oublie pas que le Seigneur est plus grand que ta faiblesse! »
Ceux qui ont perdu espoir ou qui ne croient pas que l’Église est vivante alors, c’est le moment opportun de faire mémoire de ce qui s’est passé pendant les JMJ, de ce qu’on a vu et entendu. En effet, j’ai pris à cœur le seul conseil que j’ai laissé aux jeunes pèlerins en début de voyage. Y être comme journaliste était une grâce puisque cela m’a obligée d’être attentive à ce qui se vivait au jour le jour. « Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi, pour que vous aussi vous soyez en communion avec nous… Et nous écrivons cela, afin que notre joie soit complète » (1 Jean 1, 3-4).
Les saints et le combat de la prière
Les saints ont été les premiers à soutenir que la prière est un combat. Mais un combat contre qui ou contre quoi? Souvent contre eux-mêmes et tout ce qui détourne de Dieu. « Les grands priants de l’Ancienne Alliance avant le Christ, comme la Mère de Dieu et les saints avec Lui nous l’apprennent : la prière est un combat » (CÉC 2725). C’est pourquoi, la prière « suppose un effort constant … Le ‘combat spirituel’ de la vie nouvelle du chrétien est inséparable du combat de la prière » (ibid.).
Tout en sachant cela, on peut quand même se décourager rapidement. Il est facile d’oublier que la prière ne vient pas seulement de nos propres efforts mais surgit grâce à l’Esprit Saint, tel que Saint Paul nous l’explique dans l’une de ses lettres aux Romains : « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut » (Romains 8, 26). Les saints sont pour nous des modèles, non pas à cause de leur vie exemplaire mais en raison de leur persévérance lorsque les choses allaient mal. Ils peuvent nous encourager lorsque notre prière semble vide, lorsqu’on arrête de prier, lorsqu’on n’y trouve plus le réconfort et qu’elle n’est plus source de joie mais de tristesse. Les saints ont tous fait face à cela.
Voici, donc, quelques exemples d’hommes et de femmes qui ont connu des défis dans leur vie spirituelle. Certaines anecdotes vous surprendront peut-être, mais en y regardant de plus près, nous constatons que les obstacles à la prière exigent au fond une plus grande confiance en Dieu !
Saint Bernard de Clairvaux, cistercien
J’ai découvert que saint Bernard avait de la difficulté à prier grâce au site web Word on Fire (un ministère d’évangélisation par les médias créé par Mgr Robert Barron, évêque auxiliaire de Los Angeles). Saint Bernard savait ce que voulait dire être distrait pendant son temps de prière. On donne comme exemple l’histoire de sa rencontre, un jour, avec un fermier…
Alors qu’il voyageait à cheval, Bernard s’arrête près d’un fermier qui travaille la terre. Le fermier lève la tête et lui dit qu’il a de la chance de passer sa vie à prier. Mais saint Bernard fait la remarque que la prière peut s’avérer encore plus difficile que labourer la terre. « Je doute bien que ce soit vrai » lui répond le fermier, « vous avez un beau cheval et une selle splendide, que savez-vous de l’épreuve? ». Saint Bernard dit alors au fermier que s’il arrive à prier le Notre Père sans interruption, il lui donnera son cheval. Le fermier accepte le défi et se met à prier, « Notre Père, qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite… – tu me donnes la selle, aussi? ».
Je crois que Saint Bernard a bien illustré son objectif et est reparti avec et son cheval et sa selle. Les distractions et les combats dans la prière font partie de la vie spirituelle du chrétien. Les autres saints qui m’ont aidée à construire ce blogue, nous montrent de manière concrète à quoi ressemblait ce combat pour eux. J’espère qu’ils seront source d’encouragement pour vous aussi !
Sainte Thérèse d’Avila, carmélite
Sainte Thérèse d’Avila est devenue la première femme Docteur de l’Église, après avoir réformé l’Ordre des Carmélites, fondé des couvents un peu partout en Espagne, puis écrit quelques-uns des ouvrages spirituels les plus connus dans la littérature catholique. Mais avant d’en arriver là, la grande Thérèse a connu une vie intérieure houleuse.
Elle est rentrée au couvent à l’âge de 20 ans au grand déplaisir de son père. Au moment de son entrée, le couvent était alors un endroit prestigieux. Ainsi, lors de grandes réceptions tenues au couvent, Thérèse était au cœur de la fête. Par conséquent, sa vie spirituelle était tiède. Pendant ses temps de prière, elle était facilement distraite et voulait rarement prier. Elle attendait avec impatience la fin de son heure de prière. Elle raconte dans ses ouvrages qu’elle aurait pratiqué les plus dures pénitences au lieu de forcer l’oraison.
Elle menait en quelque sorte une double vie jusqu’au jour où elle tombe sur un texte de Saint Augustin. Elle se convertit (une deuxième fois, dit-elle) à l’âge de quarante ans et tombe amoureuse de Jésus. Sa vie change complètement. Nourrie par l’oraison, elle commence à exhorter le reste de ses consœurs de mener une vie digne de la vocation à laquelle elles ont été appelées.
Malgré son amour de Dieu, qui l’habite désormais, elle parle des défis qu’elle continue de rencontrer dans sa vie intérieure. Dans son livre Le Château intérieur, elle écrit : « Toutes les épreuves que nous devons endurer ne peuvent se comparer à la lutte intérieure … mais ne croyez pas qu’il s’agisse de ne pas penser à autre chose et que si vous êtes un peu distrait, tout est ‘perdu’… ces distractions sont comme des nuages qui passent dans le ciel et détournent notre regard un seul instant du Soleil de Justice ».
Saint Jean de la Croix, carme
Alors que sainte Thérèse change le visage de la vie religieuse en Espagne, saint Jean de la Croix se lie d’amitié avec elle. Elle sera éventuellement comme sa « mère spirituelle ». Attiré par son feu il devient carme déchaux et l’aidera à établir d’autres couvents carmélites. Il sera, lui aussi, nommé Docteur de l’Église.
Saint Jean a forgé l’expression la « nuit obscure de l’âme ». Il s’en est servi pour décrire l’expérience que nous vivons parfois lorsque nous sommes éprouvés dans la prière. Il nous dit que cette épreuve de la foi se manifeste à nous par la sécheresse, le sentiment d’abandon ou de l’absence de Dieu, alors qu’en vérité, il ne nous abandonne jamais. Au contraire, cette « nuit » est permise par Dieu pour que, petit à petit, nous arrivions à nous détacher de tout ce qui prend Sa place, dans notre prière mais aussi dans notre vie comme les plaisirs, les appétits, les loisirs, les pensées, les idées, etc. Ces choses peuvent être belles et bonnes mais ne devraient pas être des obstacles à la grâce; elles devraient plutôt nous aider à aller vers Dieu.
Sans jamais forcer notre liberté, Dieu nous invite simplement à collaborer au travail de la grâce en nous. Il est en train d’enlever les mauvaises herbes. Saint Jean nous montre qu’il ne faut pas craindre ces moments d’incertitude et de vide. C’est dans ces instants de « purification » que nous voyons notre grand besoin de Dieu et que nous pouvons nous abandonner plus à Sa miséricorde.
Mère Térésa de Calcutta, missionnaire de la charité
On la connaît très bien pour son immense œuvre auprès des pauvres. Mais Mère Térésa de Calcutta (bientôt sainte Mère Térésa) a fondé les Missionnaires de la charité alors qu’elle se sentait complètement abandonnée par Dieu. Sa prière, avant le début de sa mission en Inde, était remplie de la présence de Dieu. Elle voyait Jésus, lui parlait et entendait sa voix… Elle lui demandait de connaître un jour la souffrance du Christ en croix et de partager sa solitude. C’est cette prière qui lui a permis d’entendre Dieu l’appeler comme missionnaire auprès des plus démunis.
Mais, dès son arrivée à Calcutta, tout a changé. Dieu s’est tu. Elle n’avait plus de grandes visions et ne ressentait plus Son amour, Sa proximité. « J’appelle, je m’accroche, je désire, mais il n’y a personne pour me répondre ». Elle vécut comme cela pendant quarante ans. Pourtant, elle persévérait tout de même dans sa prière et dans son travail auprès des marginalisés. « Je ne fais que regarder Jésus souffrant et je répète : laisse-moi prendre part à ta douleur! Si cette douleur et cette souffrance … ne te donnent qu’une seule goutte de consolation, mon Jésus, fais de moi ce qu’il te plaira ». Quelle confiance ! On disait d’elle, qu’elle était une personne joyeuse et radieuse.
On ne pourrait parler de Mère Térésa sans reconnaître ce combat bien réel qu’elle a mené. Ce qui fait d’elle une sainte, ce n’est pas uniquement son travail auprès des pauvres mais aussi sa fidélité à sa vocation et à sa mission malgré sa « nuit obscure de l’âme ».
Nous comprendrons, à travers ces quelques exemples, que le combat de la prière est commun à tous les chrétiens – et même aux plus grands saints ! Mais, cette bataille intérieure n’est pas livrée pour rien ! C’est l’occasion pour Dieu de nous montrer ce que nous sommes, nous montrer les mauvaises herbes, les péchés ou les blessures qui ont encore de l’emprise sur nous. Finalement, c’est l’occasion de nous raccrocher à Lui en toute confiance, pour qu’Il nous redise Son amour et Sa miséricorde.
5 conseils pour prier chaque jour
Prier chaque jour parait peut être ambitieux. C’est une pratique réservée à ceux et celles qui ont du temps : les sœurs, les religieux, les prêtres… ou les grands-mamans. Pourtant l’Église nous dit que nous sommes tous appelés à la sainteté. Un jour nous le serons grand-maman! Ou grand-papa! La sainteté se construit dans l’amitié avec Dieu. C’est pourquoi les saints et les saintes sont les plus grands priants. Ils ont appris à connaitre Celui à qui ils veulent le plus ressembler un peu chaque jour. Dom Chautard, un moine trappiste, disait que pour sanctifier le monde, il faut d’abord se sanctifier soi-même. Selon lui, ce qui peut nous donner un coup de main est la prière personnelle. Je ne prétends pas tout savoir sur la prière – et encore très peu sur ce que cela veut dire être saint! – mais je voulais partager quelques astuces qui m’ont aidé dans mon cheminement. Ce blogue est le fruit de plusieurs conversations entre amis(es) ou avec des prêtres, puisque nous désirons tous nous rapprocher du Christ et nous avons tous, un jour ou l’autre, rencontré des défis dans la prière.
- Désirer prier
Cela semble une évidence. Pour d’abord prendre du temps pour prier il faut le vouloir. Il faut avoir le goût de s’arrêter dans la journée pour parler à Dieu et l’écouter. Cette tâche est simple et pourtant c’est la première à prendre le bord quand notre horaire est surchargé (moi, coupable!). Ce n’est pas pour rien que dans le Catéchisme de l’Église catholique, on nous dit que la prière est un « combat ». Et pour gagner ce combat, nous pouvons nous tourner vers l’Esprit Saint car il « vient au secours de notre faiblesse » (Romains 8, 26). Nous pouvons donc lui demander de nous donner le désir de prier avant même de commencer à prier.
- Connaitre Celui à qui et avec qui nous prions
« L’oraison mentale n’est, à mon avis, qu’un commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé » (Sainte Thérèse d’Avila). Prier ne devrait pas être laborieux. C’est du temps gratuit que l’on donne comme lorsqu’on apprend à connaitre un ami ou un amoureux. Si je ne prenais pas le temps d’appeler ou d’aller voir mes amis, je ne pourrais jamais prétendre les connaitre réellement. Je n’oserais même pas dire que nous sommes amis. C’est comme ça avec Dieu. Saint Augustin nous dit que le « Christ est le premier à nous chercher et c’est lui qui demande à boire. Jésus a soif, sa demande vient des profondeurs de Dieu qui désire. La prière, que nous le sachions ou non, est la rencontre de la soif de Dieu et de la nôtre. Dieu a soif que nous ayons soif de lui ».
- Choisir l’heure
C’est l’un des plus grands défis dans la prière. C’est facile de se dire, « Je vais prier quand j’ai le temps » mais toutes ces fois où je n’ai pas fixé d’heure dans ma journée pour prier, j’avais mille et une raisons pour ne pas m’arrêter un petit instant et prier. Certains choisissent de prier à la même heure chaque jour. C’est ce qui fonctionne le mieux dans mon style de vie. Me réveiller le matin pour prier m’aide à bien me préparer pour la journée. Mais c’est un énorme défi chaque jour lorsque sonne mon réveil. C’est ce que Saint Josemaria Escriva appelait la minute héroïque.
« Triomphe chaque jour de toi-même dès le premier instant, en te levant ponctuellement à l’heure fixe, sans [accorder] une seule minute à la paresse. Si, avec l’aide de Dieu, tu te [domines], tu auras pris beaucoup d’avance pour le reste de la journée. Il est si démoralisant de se sentir battu [au premier combat]! …La minute héroïque. — C’est l’heure précise de te lever. Sans hésitation : une pensée surnaturelle et… debout ! — La minute héroïque : tu as là une mortification qui renforce ta volonté et n’affaiblit pas ta nature. (Chemin, 191-206)
Mais pour la personne qui n’est pas matinale, prier le matin n’est peut-être pas pour vous! Demandez-vous s’il y a un moment dans la journée où vous êtes le mieux disposé à la prière. Le soir? À l’heure du midi? Si vous allez à la messe régulièrement, vous pourriez arriver un peu plus tôt ou rester un peu plus tard pour avoir ce temps seul à seul avec Dieu. Et si vous ne pouvez pas garder la même heure chaque jour, choisissez dès le début de votre journée à quel moment vous pourrez le faire. On m’a aussi souvent recommandé d’être consistante dans la durée choisie. Si c’est 10, 15, 30 minutes ou plus, soyez fidèle au temps et à la durée que vous vous êtes donné. Comme si vous fixiez un rendez-vous avec un ami! « Ayez la joie dans l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière » (Romains 12, 12).
- Choisir le lieu
Trouver un lieu pour prier est une tâche bien plus facile. Il n’y a pas qu’une église ou une chapelle qui soient propices à la prière. Il m’est déjà arrivé de prier dans l’autobus, en prenant l’avion, ou en plein milieu de la cafétéria de mon campus universitaire. Les églises et les chapelles ne se trouvent pas toujours au bout des doigts (même si j’aimerais qu’elles le soient!). Il faut faire avec ce que nous avons là où nous sommes. Que ce soit sur le canapé ou assied à son bureau dans sa chambre. Ça peut se faire en prenant un café. Je suis assez distraite donc je préfère me retrouver dans un lieu calme où je peux faire silence. Ce qui n’est pas évident quand on habite au centre-ville l’été et les fenêtres restent ouvertes… Mais il ne faut pas attendre les conditions parfaites. Elles ne le seront jamais car même s’il y avait un silence complet autour de nous, les distractions surgiraient de l’intérieur. Une amie me demandait un jour, « l’heure et le lieu que tu choisis pour prier, que disent-il sur ta relation avec Dieu? ».
- Trouver un « outil » de prière
Maintenant pour le comment de la prière. Comment s’y prendre? Par où commencer? Parfois je me sens un peu « inutile » quand je me mets à prier. Je dois me rappeler que la prière peut être simple et que je n’ai pas besoin d’être utile pour discuter avec Dieu. La seule condition requise à la prière est de se mettre à sa disposition dans l’humilité. Un Notre Père pourrait suffire pour lancer la conversation.
« [Jésus] leur répondit : Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui nous ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation » (Luc 11, 2-4).
De plus, l’Église nous offre mille moyens pour se rapprocher de Dieu. Il y a, par exemple, la Liturgie des heures, les Écritures Saintes et les Sacrements (recevoir l’Eucharistie à la Messe ou l’Adoration du Saint Sacrement), le Rosaire, la Lectio Divina (la lecture divine de la Parole), ou le livret du Prions en Église. Il faut faire attention de ne pas transformer notre temps de prière en une liste de tâches à accomplir et meubler tout son temps de prière. C’est une conversation dans laquelle il y a un temps pour parler, un temps pour écouter et un temps pour faire silence. Il se peut aussi qu’à certains moments, la prière soit déserte, où la Parole ne nous « parle » pas, il semble y avoir un vide entre nous et Dieu. Mais Saint Paul nous dit de persévérer. Notre disponibilité suffit.
« L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexplicables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connait les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles » (Romains 8, 26-27)