Depuis plusieurs semaines, la commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité se déplace dans plusieurs villes du Québec pour écouter les avis des québécois sur ce sujet. Près de 300 mémoires ont été déposés et des milliers de personnes peuvent remplir le formulaire et donner leur opinion en ligne. La participation au débat est sans précédent.
Jeudi 30 septembre, une délégation des évêques du Québec a présenté et remis leur mémoire sur cette question. Ils ont dit clairement leur opinion s’opposant à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Dans ce document, les évêques expliquent que devant la souffrance des personnes malades et âgées la solution réside dans la pratique des soins palliatifs. Ces centres qui permettent aux personnes de vivre leurs derniers instants dans une atmosphère respectueuse de leurs volontés tout en recevant des soins contre la douleur. Le document de douze pages est dans son intégralité sur le site de l’AECQ.
Coincidence ? Ces derniers temps, plusieurs films abordent ce sujet dont celui d’une jeune réalisatrice canadienne Sophie Deraspe “Signes Vitaux”. Une jeune femme apprend brutalement la mort de sa grand-mère survenue dans un centre de soins palliatifs. Elle découvre alors cet établissement et s’attache à l’une des personnes âgées. Abandonnant ses études et sa vie sociale, elle s’investit de plus en plus en tant que bénévole dans ce lieu, y trouvant des raisons de vivre.
Cette fiction a des allures de documentaire et permet de mettre en présence des personnes très attachantes, avec des attitudes complexes à l’approche de la mort. Le fait d’approcher des personnes en fin de vie permet de s’interroger sur ce qui essentiel dans la vie et de se rappeler que l’on va mourir.
Le film est suivi d’un documentaire « symptômes figurants » sur la réalisation de ce film avec des interviews de sœurs hospitalières qui parlent de l’accompagnement en fin de vie. Garder la distance tout en étant proche par l’intermédiaire notamment du toucher qui exprime la présence intime sans captation.
Des scènes dans ce film peuvent heurter car cette jeune femme est en pleine recherche d’elle-même et de son corps ; son investissement est excessif. Cependant ce film permet de se poser des questions sur la vie, l’amour et la mort ainsi que sur les relations quotidiennes en famille.
L’autre film « La Donation », de Bernard Émond met en scène un médecin en fin de carrière qui avoue à sa consœur, effrayée par sa proximité avec les malades, qu’il est souvent impuissant devant la maladie mais qu’il reste proche de ses patients. Cette acceptation de ses limites lui donne une grande force. En même temps cette sollicitude produit des effets apaisants sur ses patients.
Ces films qui mettent en présence des personnages très humains peuvent aider à ne pas avoir peur de la mort, à accepter de voir la souffrance morale et physique de l’autre, et à passer du temps gratuitement auprès des siens pour leur montrer que leur vie a un sens.
Au moment de ce débat de société au Québec sur le mourir dans la dignité souhaitons que la voix des évêques et de toutes les personnes qui travaillent dans les unités de soins palliatifs soit entendue.