Église en Sortie 12 avril 2021

Dans cet épisode d’Église en Sortie, on parle de l’évolution législative sur l’euthanasie et le suicide assisté au Canada avec le philosophe Louis-André Richard. On vous présente un reportage sur l’église Saint-Denis du diocèse de Saint-Hyacinthe. Et on discute des soins palliatifs en 2021 avec le théologien professeur Jean-Marc Barreau.

Église en Sortie 2 mars 2020

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit le théologien Martin Bellerose pour parler de l’Institut de pastorale des dominicains à Montréal. On vous présente un reportage sur le Musée des Ursulines de Québec. Dans la troisième partie de l’émission, on parle de l’euthanasie et des soins palliatifs avec l’évêque de Valleyfield et membre du Comité ad hoc conjoint sur les soins palliatifs de la CECC et avec Mgr Noël Simard de l’Académie pontificale pour la vie.

Église en Sortie 24 février 2020

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit Mgr Christian Lépine, archevêques de Montréal, pour parler de sa plus récente lettre pour la 28 e Journée du malade. On vous présente une chronique des actualités de la rue avec l’abbé Claude Paradis. Dans la troisième partie de l’émission, on parle de l’évolution des perspectives sur la mort à travers les siècles avec le philosophe et auteur de « La Cygogne de Minerve » Louis-André Richard.

Tous les saints sont « Pro-vie » !

CNS photo/Art Babych

Ce jeudi 10 mai 2018, des milliers de personnes se réuniront sur la Colline parlementaire, à Ottawa, pour manifester leur soutien à la cause de la promotion et de la défense de la dignité humaine et de la vie de la conception à la mort naturelle. Cette cause méconnue et mal comprise n’a que très rarement reçu un accueil médiatique proportionnel à l’importance de l’enjeu qui s’y joue. Ses défenseurs, eux, font toujours l’objet de nombreux préjugés et a priori. Bien que la cause Pro-vie ne soit pas l’exclusivité des chrétiens, ces derniers bénéficient cette année d’un encouragement de taille par la publication de l’exhortation apostolique «Gaudete et Exhultate » du pape François. En effet, poursuivant notre analyse de ce document, on voit comment l’appel universel à la sainteté est indissociable de la défense des plus vulnérables de nos sociétés.

Dans un premier temps, le pape nous invite à faire preuve d’audace et à ne pas nous laisser aller à cette tendance toute humaine à faire comme tout le monde : « Bien que les paroles de Jésus puissent nous sembler poétiques, elles vont toutefois vraiment à contrecourant de ce qui est habituel, de ce qui se fait dans la société » (no 65). Ainsi, loin d’être des moutons, les chrétiens d’aujourd’hui sont, au contraire, invités à faire preuve d’esprit critique vis-à-vis de leurs propres comportements et habitudes. En ce sens, dans le chapitre trois, le Pape nous offre un commentaire des béatitudes dans lequel il manifeste, à la fois, le contraste qui existe entre la logique du monde et celle de Dieu et à la fois la dimension libératrice de chacune des béatitudes. En cette journée de la Marche pour la vie, deux de celles-ci ont particulièrement retenu mon attention.

« Heureux les affligés, car ils seront consolés » (Mt 5, 4)

Pour le pape François, le monde actuel nous invite fortement à nous contenter du « divertissement, de la jouissance, du loisir, de la diversion, et il nous dit que c’est cela qui fait la bonne vie » (no 75). Or, lorsque nous nous y arrêtons quelques instants, on se rend bien compte qu’il y a quelque chose de malsain derrière cette soif insatiable d’amusement. Sans vouloir être doloriste, je pense que nous devons nous réveiller de notre torpeur et faire face à la dimension tragique de l’existence, en incorporant la souffrance et la tristesse à notre vision du monde. Cacher le mal n’est pas une solution mais, au contraire, le meilleur moyen de ne jamais en trouver !

Au contraire, comme le dit le Pape : « La personne qui voit les choses comme elles sont réellement se laisse transpercer par la douleur et pleure dans son cœur, elle est capable de toucher les profondeurs de la vie et d’être authentiquement heureuse (no 76)[4]. Être saint implique donc le courage de faire face aux problèmes qui nous entourent tout en gardant une « option préférentielle pour les pauvres » et au premier chef : les enfants à naître et les malades en phase terminale (no 101). Défendre la vie de la conception à la mort naturelle est donc une condition sine qua non de l’agir et de la sainteté chrétienne puisque, comme le dit le document d’Aparecida rédigé sous la présidence du Cardinal Bergolio actuellement pape au numéro 112, l’être humain   « est toujours sacré, depuis sa conception, dans toutes les étapes de son existence, jusqu’à sa mort naturelle et après la mort », et que sa vie doit être protégée « depuis la conception, à toutes les étapes, et jusqu’à la mort naturelle ».

« Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt, 5,10)

Rien ne manifeste plus l’efficacité d’un esprit contestataire qui dérange que les persécutions. En d’autres termes : « Pour vivre l’Évangile, on ne peut pas s’attendre à ce que tout autour de nous soit favorable, parce que souvent les ambitions du pouvoir et les intérêts mondains jouent contre nous » (no 91). Toutefois, il faut toujours faire preuve de discernement puisque Jésus ne proclame bienheureux que ceux qui sont persécutés « pour la justice ». Que la cause de la défense de la vie soit juste, cela ne fait aucun doute aux yeux de Dieu. Par contre, nous devons nous assurer que les moyens que nous utilisons servent la cause « en justice et en vérité » (Jn 4, 23-24) et non pas « en esprit de jalousie et de rivalité » (Phi, 1, 15). En ce sens, nous devons user de créativité et enlever tout obstacle inutile à la portée de notre discours comme ce préjugé tenace que contredit le pape :  « Un saint, nous dit-il,  « n’est pas quelqu’un de bizarre, de distant, qui se rend insupportable par sa vanité, sa négativité et ses rancœurs » (no93).

Il faut néanmoins être conscient que, sur les questions de la vie, notre monde a opéré un renversement de perspective. Ce que les sociétés occidentales modernes considèrent comme « un droit acquis »,  l’Église le considère comme « un crime abominable » (GS, no 51). En ce sens, les paroles du Pape sont claires.  Nous habitons dans une « société aliénée, prise dans un enchevêtrement politique, médiatique, économique, culturel et même religieux qui empêche un authentique développement humain et social, il devient difficile de vivre les béatitudes, et cela est même mal vu, suspecté, ridiculisé » (no 91). Nous devons donc accepter, chacun à notre manière et selon nos responsabilités, le prix à payer pour témoigner que la vie n’a pas de prix.

Alors que des milliers de personnes : évêques, religieux et religieuses, laïcs et personnes de bonne volonté se réunissent aujourd’hui dans la capitale canadienne pour promouvoir joyeusement leur appui à la promotion et à la défense de la vie, nous pouvons prendre cette occasion pour réfléchir à notre engagement personnel envers cette cause indissociable du chemin de sainteté chrétien. Méditant les béatitudes et les paroles du pape François, nous sommes tous appelés à faire un pas de plus dans la bonne direction, tout cela en gardant à l’esprit que « nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple […] avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle » (Mc 10, 29-30). Restez à l’écoute de Sel et Lumière pour une couverture exclusive de cet événement exceptionnel !

Église en sortie 2 juin 2017

Cette semaine à Église en sortie, nous recevons le Dr. Patrick Vinay à propos de son expérience de soignant-accompagnant en soins palliatifs et du sens profond de la mort aujourd’hui. L’abbé Claude Paradis nous offre sa dernière chronique des actualités de la rue de la saison. Et en troisième partie, Francis Denis s’entretient avec Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal sur l’enseignement de l’Église relativement à la mort et sur la nouvelle réalité qu’est l’euthanasie au Québec.

Une semaine à Notre-Dame du cap pour l’Assemblée des évêques catholiques du Québec

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Cette semaine, du 19 au 23 mars, l’Assemblée des évêques du Québec s’étaient réunis au Sanctuaire Notre-Dame du cap à Trois-Rivières pour leur rencontre semestrielle. Ces réunions ont pour but de favoriser la concertation entre les évêques de partout au Québec et ainsi, permettre une plus grande solidarité entre les différentes instances de l’Église sur les grands enjeux qui touchent les catholiques de la Belle province. Cette année, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre sur place à l’occasion de la célébration eucharistique du mercredi soir durant laquelle, chaque évêque a pu passer la porte de la miséricorde du Sanctuaire marial à tour de rôle.

Ce fut également pour moi l’occasion de rencontre Mgr Paul Lortie, évêque de Mont-Laurier et président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) avec lequel j’ai pu discuter des différentes discussions qui ont eu lieu au cours de cette semaine.

Préparation de la visite Ad liminacapture-decran-2016-09-23-a-09-15-14

Traditionnellement à tous les cinq ans, chaque conférence ou assemblée épiscopale  envoie une délégation à Rome pour une rencontre avec le Saint-Père afin de lui faire part de la réalité pastorale du territoire confié par le Siège apostolique ainsi pour favoriser les liens fraternels entre les évêques et le Pape. Pour Mgr Paul Lortie, « c’est avant tout une visite au tombeau des apôtres Pierre et Paul et donc une invitation à prier et nous laisser inspirer par ces deux
grandes colonnes de l’Église ». C’est donc au mois d’Avril et de Mai que les évêques se rendrons au Vatican pour rencontrer le successeur de Pierre ainsi que les différents dicastères et Conseil pontificaux. Les travaux de cette semaine ont donc servi de préparation à cette rencontre qu’ils auront avec le Pape afin de le mettre au diapason de la situation de la foi sur le territoire québécois.

Travailler à une culture de la vie

Un deuxième grand enjeu des réflexions de cette semaine de rencontre de l’AECQ fut des discussions sur les moyens de défendre plus efficacement la vie de la conception à la mort naturelle. Ils ont donc pu étudier plus en profondeur les lois 52 (Québec) et C-14 (Canada) permettant l’euthanasie en compagnie d’expert et ainsi développer des stratégies communicationnel et pastorale efficaces et pertinentes en continuité avec les initiatives déjà promu par l’AECQ. En effet, pour Mgr Lortie :

« On voit les effets négatifs de l’éclipse de Dieu dans la société. Les référents moraux sont aujourd’hui surtout centrés sur nous-mêmes, sur le « fais ce que tu veux ! Il n’y a pas de mal à te faire plaisir ». Or ce refus de référence à la transcendance revient à se priver d’une grande sagesse. Aujourd’hui on voit que ces lois causent un tort important à toute la société. […] On est rendu un des endroits au monde avec le plus haut tôt de suicide. On comprend donc que ce laxisme dans lequel nous baignons ne procure pas nécessairement un sens à la vie ».

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Une œuvre de miséricorde

L’année de la miséricorde promulguée par le pape François il y a presqu’un an de cela maintenant ne pouvait se conclure sans une action concertée des évêques du Québec en ce sens. L’AECQ a donc choisi de supporter l’œuvre « Mission chez nous » qui vient en aide au autochtone du Grand Nord québécois pour un montant de 15 000$. Ce don est une main tendue aux autochtones dans le but de manifester la solidarité des évêques avec ces peuples qui vivent de grandes difficultés familiales. D’un autre côté, souligne Mgr Lortie, « nous avons beaucoup à apprendre d’eux comme leur esprit de communauté ainsi que de leur sens du respect de la nature ». Ce geste espère donc encourager et promouvoir une culture du dialogue avec les peuples autochtones du Québec.

De cette semaine de prière, de réflexion et de discussion, fut certainement l’occasion pour les évêques du Québec de faire le point sur leur réalité pastorale respectives ainsi que de développer une meilleur vision d’ensemble des initiatives appropriées afin de faire aux nombreux défis que représente la nouvelle évangélisation au Québec. La semaine prochaine, les évêques du Québec seront également réunis à Cornwall pour l’Assemblée générale de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Vous pourrez suivre les plus récents développements sur nos ondes dans le cadre notre couverture spéciale de l’évènement. Un Rendez-vous à ne pas manquer!

Déclaration du Président de la CECC sur l’adoption récente du projet de loi C-14 qui légalise l’euthanasie et le suicide assisté

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L’adoption récente du projet de loi C-14, qui légalise l’euthanasie et le suicide assisté dans notre pays, est une décision historique déplorable qui atteste l’échec de notre gouvernement et, en effet, de notre société d’assurer une protection humaine authentique pour les personnes souffrantes et vulnérables parmi nous.

Nous vivons dans un pays où la grande majorité des mourants n’ont pas accès à des soins palliatifs ou des soins à domicile de qualité, où le taux de suicide dans plusieurs communautés autochtones atteint des niveaux alarmants, et où on suggère que la vie de personnes chroniquement malades, vulnérables ou handicapées ne mérite pas d’être vécue. Il est paradoxal et très malheureux que la loi de notre société consacre désormais l’homicide comme une manière acceptable de mettre fin à la souffrance. On ne peut qu’être stupéfait et profondément troublé de constater que notre pays est de moins en moins capable de reconnaître le caractère sacré de la vie humaine.

Nulle institution, nul individu, nulle idéologie, nulle législation n’ont le droit de menacer ou de miner le caractère sacré de la dignité de chaque personne et du don de la vie elle-même. Nous sommes appelés, en tant que société formée d’individus capables de compassion, à respecter et à protéger la vie humaine de la conception à la mort naturelle en honorant une vision de la personne humaine qui embrasse aussi bien son existence terrestre actuelle que la vie outre-tombe. Les catholiques, comme toutes les personnes de bonne volonté, ont le devoir moral et social de protéger les personnes vulnérables, de consoler celles qui souffrent et d’accompagner celles qui sont à l’article de la mort. Les évêques du Canada prient et espèrent qu’avec tous nos sœurs et frères catholiques et nos concitoyennes et concitoyens canadiens, chacune et chacun de nous et l’ensemble de notre société puissent vivre une profonde conversion du cœur et en viennent à reconnaître l’image de Dieu imprimée profondément en chaque vie humaine, quel que soit l’état de la personne, son niveau de confort, son degré de productivité ou sa contribution à la société.

La mise à mort intentionnelle d’une vie humaine – qu’il s’agisse d’une personne âgée, d’un enfant, d’un adulte vulnérable, d’un embryon ou d’une personne mourante – est un acte grave et moralement injustifiable. Notre société doit rejeter tout ce qui porte atteinte à la vie elle-même : le meurtre, le génocide, le suicide, l’avortement, l’euthanasie et l’aide médicale à mourir. La suppression délibérée de la vie humaine par une intervention directe n’a rien d’un geste humanitaire. Il faut plutôt chercher à réduire au minimum la douleur et la souffrance des personnes mourantes et de celles qui sont tentées de s’enlever la vie, et non à supprimer leur existence. Efforçons-nous d’aider les personnes malades et handicapées à trouver un sens à leur vie, même et surtout dans leur souffrance. Consolons ceux et celles qui vivent une maladie terminale ou une condition chronique par notre présence authentique, un amour humain et l’aide médicale. Comme société et en tant qu’individus, choisissons de cheminer avec eux dans leur souffrance et ne contribuons pas à mettre fin au don de la vie.

Faire de l’aide médicale au suicide un « droit » n’est ni un vrai soin ni un gage d’humanité. C’est fondamentalement une forme faussée de pitié, une déformation de la bonté envers nos frères et sœurs. La nouvelle loi laisse entendre qu’un être humain, une personne, cesse d’être une personne et perd sa dignité simplement en raison de la perte ou de la diminution de certaines capacités physiques et mentales. C’est faux. La vérité, c’est que notre propre humanité se détériore quand nous omettons de prendre soin des faibles et des mourants, et quand nous évitons délibérément de voir en eux, avec leurs maladies et leurs limites, des personnes dignes de vivre. La vraie compassion humaine consiste à partager la douleur de l’autre, à l’accompagner dans son cheminement – et non à s’en débarrasser. Le suicide assisté est une insulte à ce qu’il y a de plus noble et de plus précieux dans l’existence humaine, et constitue une injustice grave et une violation de la dignité de chaque personne humaine dont la tendance naturelle et intrinsèque est de préserver la vie. Il faut entourer nos personnes malades, mourantes, vulnérables et handicapées, d’amour et d’attention, de sollicitude et d’une compassion vraiment porteuse de vie. C’est pourquoi les soins palliatifs restent incontestablement le seul choix moral, efficace et indispensable, la seule option de vraie compassion, maintenant que notre pays s’est engagé sur ce chemin périlleux.

Saint Joseph, patron du Canada et patron de la bonne mort, priez pour nous.

Mgr Douglas Crosby, OMI
Évêque de Hamilton
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

Le 27 juin 2016

L’Euthanasie: une décision qui nous affectera tous!

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Du 8 au 15 mai prochains ce sera la semaine nationale pour la vie et la famille. Ce rendez-vous annuel est l’occasion de réfléchir et de discuter de la beauté de la vie humaine mais également de manifester son appui au respect de la dignité intrinsèque de celle-ci depuis la conception jusqu’à la mort naturelle. Pour l’occasion, le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Mgr Douglas Crosby, a publié une lettre dans laquelle il montre sa sollicitude devant les « innombrables défis auxquels sont confrontées nos familles ». Parmi ces défis, il y a évidemment le problème récurrent de l’avortement qui, selon la Constitution Gaudium et Spes du Concile Vatican II, « est un crime abominable » (no 3). Toutefois, à l’heure actuelle, la « culture de la mort » tant décriée par saint Jean-Paul II manifeste une nouvelle fois sa capacité à transformer négativement la société par l’introduction de la pratique de l’euthanasie. Il est important d’y réfléchir puisque, comme l’avortement, l’exécution par administration d’une substance létale a de grande chance, dans un proche avenir, de devenir pratique courante.

Comme le disait Mgr Crosby, « pour aggraver les choses, bien des gens dans notre société ont perdu leur chemin et ne savent plus vers qui se tourner. Nous n’avons qu’à penser au débat sur l’euthanasie et le suicide assisté qui secoue notre pays ». Nous nous sommes déjà interrogé sur les causes derrière l’engouement que suscitent les législations pro-euthanasie. Toutefois, comme le dit le pape François dans Amoris Laetitia, il est de mise de poursuivre notre réflexion sur les manières dont « l’euthanasie et/ou le suicide assisté constituent de graves menaces pour les familles dans le monde entier » (no48).

Dans un premier temps, l’euthanasie laisse croire qu’il existe une telle chose comme une vie qui ne vaut pas la peine d’être vécue. En effet, la dignité humaine et sa conséquence éthique qu’est l’interdiction de provoquer directement la mort d’une personne innocente ne dépend pas d’une qualité secondaire ou accessoire comme la couleur de la peau, l’âge, le sexe ou, dans le cas présent, le degré de souffrance. Au contraire, la dignité humaine est inhérente à la vie humaine elle-même. Ainsi, voter une loi comme le projet C-14 au fédéral ou 52 au Québec (maintenant loi 2)  ne revient pas uniquement à permettre l’injection d’une substance létale à une personne souffrante qui en fait la demande. NON ! Cette loi dévalorise la vie humaine de tous, vous et moi. En ce sens, lors du vote en faveur de cette loi, tous les députés ont votéCapture d’écran 2016-05-08 à 09.02.20 en faveur d’une relativisation de la dignité et de la valeur de la vie humaine. Nous sommes passés d’une société où la vie a une valeur absolue à une société où la valeur de la vie est relative. Or, comme disent les philosophes, entre le relatif et l’absolu, il y a l’infini. C’est pourquoi cette loi dévalorisante pour tous aura une infinité de conséquences désastreuses pour vous, moi, nos amis, nos enfants !

De cette première dévalorisation découlera une dégradation sociale considérable et à tous les niveaux. En effet, toutes les injustices, les crimes, la corruption, la pollution sont des conséquences d’un manque d’acceptation de la dignité humaine par ceux qui les commettent. Par exemple, une compagnie de produits chimiques sera d’autant plus soucieuse de la santé des habitants qui l’entourent qu’elle aura une haute estime de la valeur de leurs vies. Au contraire, une industrie dont les dirigeants ne reconnaîtraient pas la dignité humaine auront moins de scrupules à déverser des produits chimiques dangereux pouvant causer la mort. De même, quelqu’un ayant une haute perception de la dignité humaine n’ira jamais voler ou agresser une autre personne. Ainsi, puisque l’ordre social, la justice et la paix présupposent une protection et une éducation à la valeur absolue de la dignité humaine, une loi dévalorisante légitimant, même dans certains cas, la soit disant « aide médicale à mourir » aura de graves conséquences à ce niveau au point ou, si cela en vient à ce généraliser, notre société deviendra invivable.

Devant ce constat dramatique, nous ne devons pas désespérer puisque nous ne sommes pas seuls et nous ne devons pas avoir peur : «  ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps » (Mt 10, 28). Ainsi comme le dit Mgr Crosby : [Read more…]

L’euthanasie et la liberté de conscience: entrevue avec Dr. Caroline Girouard

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Le 19 avril dernier, des représentants de différentes religions ont tenu un point de presse au Parlement du Canada afin de faire connaître aux parlementaires leur « opposition à l’euthanasie et au suicide assisté, de même que leurs préoccupations concernant la législation proposée sur l’« aide médicale à mourir ». Parmi les intervenants, se trouvait Dre Caroline Girouard, MD, FRCPC, hématologue-oncologue à l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Je me suis entretenu avec elle.

Dans la pratique médicale depuis 20 ans maintenant, sa tâche principale est d’accompagner et de soigner des patients qui sont souvent porteurs de maladies métastatiques cancéreuses. Cette nouvelle loi qui sera bientôt votée au Parlement fédéral de même que la loi déjà votée au Québec la touchent particulièrement puisqu’une grande majorité de ses patients pourraient potentiellement être éligibles à l’euthanasie.  Par sa présence lors de la conférence de presse, elle désirait faire valoir la voix des plus vulnérables  qu’elle côtoie tous les jours ainsi que défendre la liberté de conscience des médecins afin qu’ils ne soient pas obligés d’appliquer cette loi et, donc, qu’ils puissent continuer de pratiquer avec la même intégrité et la même honnêteté, en soignant leurs patients du mieux qu’ils peuvent et dans les meilleures conditions possibles.

Quels sont les enjeux liés à l’objection de conscience que cette loi soulève concrètement pour vous ?

 Il est clair que lorsqu’on entre en médecine, notre préoccupation principale est de soigner le malade, de le traiter au meilleur de nos compétences. Dans le projet de loi fédéral, on propose de décriminaliser l’injection d’une substance létale dans le but de provoquer délibérément la mort du patient. C’est la définition de l’euthanasie. Au Québec, on joue sur les mots. On parle « d’aide médicale à mourir » et on nous dit que c’est un grand « soin ». Mais, en fait, l’euthanasie reste un homicide et le projet de loi fédéral dit clairement que ce qu’il propose c’est une exemption de la loi criminelle sur les homicides et donc une garantie de non-poursuites judiciaires. Mais cela ne réduirait en rien ma responsabilité professionnelle. Comme médecin, personnellement je ne peux pas tuer un de mes malades ni même l’envoyer se faire tuer. Dans la loi québécoise, on dit « nous protégeons votre liberté de conscience » mais dans les faits le médecin est obligé, par force de loi, de référer à un autre. Alors, si vous me demandez d’appeler mon collègue ou un administrateur pour lui demander de s’occuper d’une demande d’euthanasie que je ne considère pas moi-même comme indiquée, aussi bien dire que c’est moi qui le fais. Dans les deux cas, j’ai la même responsabilité morale et professionnelle. C’est là qu’est mise en jeu la liberté de conscience d’un médecin. Je crois qu’un médecin qui a cette profonde conviction de la valeur intrinsèque de la vie humaine, que ce soit par croyance religieuse, philosophique ou rationnelle, ne peut pas être obligé de tuer un de ses patients contre son gré ni même d’y participer indirectement.

Dans ce contexte, quelle est l’ouverture du gouvernement au respect de la liberté de conscience des IMG_0366médecins ?

Récemment un de mes confrères en soins palliatifs de l’hôpital Notre-Dame s’est fait menacer de sanctions disciplinaires par le ministre de la santé du Québec s’il faisait obstruction à la loi. Évidemment, il n’a pas élaboré sur ces « sanctions disciplinaires » mais le fait est qu’il a affirmé publiquement une telle chose (comme cela a été rapporté dans les journaux), et il est prévisible qu’il appliquerait le même type de sanction à tout autre médecin qui se retrouverait dans cette position.

Dans la présente formulation du projet de loi fédéral, qu’est-ce que vous aimeriez que l’on apporte comme modification sachant que l’interdiction pure et simple de l’euthanasie ne semble plus être possible. Quel serait le moins mauvais projet de loi possible selon vous ?

 Vous avez raison de le souligner, on parle littéralement de moindre mal ici. On comprend que nous sommes dans une situation où la légalisation est malheureusement inévitable. Alors, pour essayer de ménager les plus vulnérables et l’intégrité de la profession médicale, je crois que la première chose est de protéger la liberté de conscience. Si on considère l’ensemble des travailleurs de la santé, il y a une foule de personnes impliquées dans le système de santé qui ne croient pas à cette proposition de fin de vie par euthanasie. On ne peut pas forcer les gens à changer d’opinion par des lois coercitives. Faire ça, ça s’appelle du totalitarisme. Ça n’a pas sa place dans un pays démocratique.

 Donc, dans un premier temps, ce qu’on demande à la loi fédérale c’est une clause explicite qui garantit la liberté de conscience de tous les professionnels de la santé et de ne surtout pas laisser aux provinces le soin de règlementer. De fait, si c’était le cas, il y aurait une énorme variabilité législative selon les provinces. Chaque province a déjà annoncé ce qu’elle était pour faire. Par exemple, l’Ontario a déjà annoncé qu’elle obligerait ses docteurs objecteurs à référer à un collègue. De son côté, le Québec est plus ambigu: il affirme respecter la liberté des médecins mais dans les faits, on nous menace de représailles si on ne participe pas. Chaque province aurait donc sa propre loi qu’elle appliquerait à sa façon. C’est une situation invivable dans un pays comme le Canada où l’on veut uniformiser les soins et la pratique médicale. C’est pourquoi la liberté de conscience des travailleurs de la santé est un droit fondamental qui doit être protégé par le fédéral.

 La deuxième chose qui mérite d’être discutée c’est que dans la loi proposée, les critères d’admissibilité restent extrêmement laxistes à cause de la très grande marge de manœuvre qui est laissée aux médecins pour l’interpréter. La question de savoir qui pourrait être admissible à l’euthanasie est très sérieuse. Au départ, on a prôné que les personnes qui pourraient y avoir recours seraient l’exception, qu’elles seraient une minorité. On nous avait parlé quand tout cela a commencé d’un tout petit pourcentage, réservé aux personnes en phase terminale. Cela n’est absolument pas garanti,  et il appert que depuis la mi-décembre au Québec, on parle déjà de quelques dizaines de morts. Si on laisse les choses aller, la promotion du suicide et de l’euthanasie pourrait même faire en sorte que cela devienne bientôt la façon normale de mourir. C’est cela qu’on veut éviter dans un pays comme le nôtre.

Déclaration pastorale pour les catholiques du Canada sur le rapport « L’aide médicale à mourir : une approche centrée sur le patient »

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Vous trouverez ci-dessous la Déclaration pastorale pour les catholiques du Canada sur le rapport « L’aide médicale à mourir : une approche centrée sur le patient » de la Conférence des évêques catholiques du Canada publiée le 26 février 2016:

Chers frères et sœurs,

Le 25 février dernier, le Comité mixte spécial du gouvernement du Canada sur « l’aide médicale à mourir » a publié son rapport intitulé L’aide médicale à mourir : une approche centrée sur le patient. Le rapport recommande notamment :

– Que le suicide assisté soit accessible aux personnes atteintes d’une maladie psychiatrique (Recommandation 3)
– Que les souffrances psychologiques soient au nombre des critères ouvrant droit au suicide assisté (Recommandation 4)
– Que d’ici environ trois ans le suicide assisté soit accessible aux adolescents et peut-être également aux enfants qui pourraient être considérés comme des « personnes mineures matures »  (Recommandation 6)
– Que tous les professionnels de la santé soient tenus à tout le moins d’« aiguiller correctement » les patients qui demandent le suicide assisté (Recommandation 10)
– Que tous les établissements de santé subventionnés par l’État au Canada offrent le suicide assisté (Recommandation 11)

Par ailleurs, le rapport n’indique pas comment les soins palliatifs et les soins à domicile peuvent offrir de véritables options aux personnes qui sont tentées par le suicide, et il ne demande pas de plan national pour prévenir les suicides. Au Canada, le taux de suicide est sept fois plus élevé chez les jeunes des Premières Nations que chez les jeunes non-Autochtones, alors que le taux de suicide chez les jeunes Inuit est parmi le plus élevé au monde, à 11 fois la moyenne nationale canadienne.

L’enseignement de l’Église catholique et la position des évêques catholiques du Canada sont clairs. Le suicide n’est pas un soin de santé. Tuer les personnes souffrant de maladies physiques ou mentales, qu’elles soient jeunes ou âgées, est contraire à la sollicitude et à l’amour pour nos frères et sœurs. La dignité de la personne humaine et l’épanouissement de la communauté humaine exigent : 1) la protection et le respect de chaque vie humaine de la conception à la mort naturelle; et 2) la liberté de conscience et de religion pour chaque personne et pour chaque établissement. Le bien-être social, la sécurité personnelle et le bien commun – accompagnés de la foi religieuse – signifient protéger la vie de ceux et celles qui souffrent et non de la menacer.

Les recommandations qui précèdent et l’idée maîtresse du rapport ne sont absolument pas « centrées sur le patient »; elles ne soutiennent et n’aident en aucun point les mourants et les personnes vulnérables. Pour rependre les mots du pape François, les recommandations du rapport suivent l’approche d’une société du « jetable ». Elles ne révèlent pas le visage de la miséricorde de Dieu.

Avec mes frères évêques, catholiques et orthodoxes, et avec les dirigeants des communautés religieuses protestantes évangéliques, juives et musulmanes, et plusieurs autres croyants et non-croyants, je vous exhorte de faire savoir à vos représentants élus pourquoi l’euthanasie, le suicide assisté et les recommandations susmentionnées sont complètement inacceptables.

Mgr Douglas Crosby, OMI
Évêque de Hamilton
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

 

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