Tous les saints sont « Pro-vie » !

CNS photo/Art Babych

Ce jeudi 10 mai 2018, des milliers de personnes se réuniront sur la Colline parlementaire, à Ottawa, pour manifester leur soutien à la cause de la promotion et de la défense de la dignité humaine et de la vie de la conception à la mort naturelle. Cette cause méconnue et mal comprise n’a que très rarement reçu un accueil médiatique proportionnel à l’importance de l’enjeu qui s’y joue. Ses défenseurs, eux, font toujours l’objet de nombreux préjugés et a priori. Bien que la cause Pro-vie ne soit pas l’exclusivité des chrétiens, ces derniers bénéficient cette année d’un encouragement de taille par la publication de l’exhortation apostolique «Gaudete et Exhultate » du pape François. En effet, poursuivant notre analyse de ce document, on voit comment l’appel universel à la sainteté est indissociable de la défense des plus vulnérables de nos sociétés.

Dans un premier temps, le pape nous invite à faire preuve d’audace et à ne pas nous laisser aller à cette tendance toute humaine à faire comme tout le monde : « Bien que les paroles de Jésus puissent nous sembler poétiques, elles vont toutefois vraiment à contrecourant de ce qui est habituel, de ce qui se fait dans la société » (no 65). Ainsi, loin d’être des moutons, les chrétiens d’aujourd’hui sont, au contraire, invités à faire preuve d’esprit critique vis-à-vis de leurs propres comportements et habitudes. En ce sens, dans le chapitre trois, le Pape nous offre un commentaire des béatitudes dans lequel il manifeste, à la fois, le contraste qui existe entre la logique du monde et celle de Dieu et à la fois la dimension libératrice de chacune des béatitudes. En cette journée de la Marche pour la vie, deux de celles-ci ont particulièrement retenu mon attention.

« Heureux les affligés, car ils seront consolés » (Mt 5, 4)

Pour le pape François, le monde actuel nous invite fortement à nous contenter du « divertissement, de la jouissance, du loisir, de la diversion, et il nous dit que c’est cela qui fait la bonne vie » (no 75). Or, lorsque nous nous y arrêtons quelques instants, on se rend bien compte qu’il y a quelque chose de malsain derrière cette soif insatiable d’amusement. Sans vouloir être doloriste, je pense que nous devons nous réveiller de notre torpeur et faire face à la dimension tragique de l’existence, en incorporant la souffrance et la tristesse à notre vision du monde. Cacher le mal n’est pas une solution mais, au contraire, le meilleur moyen de ne jamais en trouver !

Au contraire, comme le dit le Pape : « La personne qui voit les choses comme elles sont réellement se laisse transpercer par la douleur et pleure dans son cœur, elle est capable de toucher les profondeurs de la vie et d’être authentiquement heureuse (no 76)[4]. Être saint implique donc le courage de faire face aux problèmes qui nous entourent tout en gardant une « option préférentielle pour les pauvres » et au premier chef : les enfants à naître et les malades en phase terminale (no 101). Défendre la vie de la conception à la mort naturelle est donc une condition sine qua non de l’agir et de la sainteté chrétienne puisque, comme le dit le document d’Aparecida rédigé sous la présidence du Cardinal Bergolio actuellement pape au numéro 112, l’être humain   « est toujours sacré, depuis sa conception, dans toutes les étapes de son existence, jusqu’à sa mort naturelle et après la mort », et que sa vie doit être protégée « depuis la conception, à toutes les étapes, et jusqu’à la mort naturelle ».

« Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt, 5,10)

Rien ne manifeste plus l’efficacité d’un esprit contestataire qui dérange que les persécutions. En d’autres termes : « Pour vivre l’Évangile, on ne peut pas s’attendre à ce que tout autour de nous soit favorable, parce que souvent les ambitions du pouvoir et les intérêts mondains jouent contre nous » (no 91). Toutefois, il faut toujours faire preuve de discernement puisque Jésus ne proclame bienheureux que ceux qui sont persécutés « pour la justice ». Que la cause de la défense de la vie soit juste, cela ne fait aucun doute aux yeux de Dieu. Par contre, nous devons nous assurer que les moyens que nous utilisons servent la cause « en justice et en vérité » (Jn 4, 23-24) et non pas « en esprit de jalousie et de rivalité » (Phi, 1, 15). En ce sens, nous devons user de créativité et enlever tout obstacle inutile à la portée de notre discours comme ce préjugé tenace que contredit le pape :  « Un saint, nous dit-il,  « n’est pas quelqu’un de bizarre, de distant, qui se rend insupportable par sa vanité, sa négativité et ses rancœurs » (no93).

Il faut néanmoins être conscient que, sur les questions de la vie, notre monde a opéré un renversement de perspective. Ce que les sociétés occidentales modernes considèrent comme « un droit acquis »,  l’Église le considère comme « un crime abominable » (GS, no 51). En ce sens, les paroles du Pape sont claires.  Nous habitons dans une « société aliénée, prise dans un enchevêtrement politique, médiatique, économique, culturel et même religieux qui empêche un authentique développement humain et social, il devient difficile de vivre les béatitudes, et cela est même mal vu, suspecté, ridiculisé » (no 91). Nous devons donc accepter, chacun à notre manière et selon nos responsabilités, le prix à payer pour témoigner que la vie n’a pas de prix.

Alors que des milliers de personnes : évêques, religieux et religieuses, laïcs et personnes de bonne volonté se réunissent aujourd’hui dans la capitale canadienne pour promouvoir joyeusement leur appui à la promotion et à la défense de la vie, nous pouvons prendre cette occasion pour réfléchir à notre engagement personnel envers cette cause indissociable du chemin de sainteté chrétien. Méditant les béatitudes et les paroles du pape François, nous sommes tous appelés à faire un pas de plus dans la bonne direction, tout cela en gardant à l’esprit que « nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple […] avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle » (Mc 10, 29-30). Restez à l’écoute de Sel et Lumière pour une couverture exclusive de cet événement exceptionnel !

Déclaration pastorale pour les catholiques du Canada sur le rapport « L’aide médicale à mourir : une approche centrée sur le patient »

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Vous trouverez ci-dessous la Déclaration pastorale pour les catholiques du Canada sur le rapport « L’aide médicale à mourir : une approche centrée sur le patient » de la Conférence des évêques catholiques du Canada publiée le 26 février 2016:

Chers frères et sœurs,

Le 25 février dernier, le Comité mixte spécial du gouvernement du Canada sur « l’aide médicale à mourir » a publié son rapport intitulé L’aide médicale à mourir : une approche centrée sur le patient. Le rapport recommande notamment :

– Que le suicide assisté soit accessible aux personnes atteintes d’une maladie psychiatrique (Recommandation 3)
– Que les souffrances psychologiques soient au nombre des critères ouvrant droit au suicide assisté (Recommandation 4)
– Que d’ici environ trois ans le suicide assisté soit accessible aux adolescents et peut-être également aux enfants qui pourraient être considérés comme des « personnes mineures matures »  (Recommandation 6)
– Que tous les professionnels de la santé soient tenus à tout le moins d’« aiguiller correctement » les patients qui demandent le suicide assisté (Recommandation 10)
– Que tous les établissements de santé subventionnés par l’État au Canada offrent le suicide assisté (Recommandation 11)

Par ailleurs, le rapport n’indique pas comment les soins palliatifs et les soins à domicile peuvent offrir de véritables options aux personnes qui sont tentées par le suicide, et il ne demande pas de plan national pour prévenir les suicides. Au Canada, le taux de suicide est sept fois plus élevé chez les jeunes des Premières Nations que chez les jeunes non-Autochtones, alors que le taux de suicide chez les jeunes Inuit est parmi le plus élevé au monde, à 11 fois la moyenne nationale canadienne.

L’enseignement de l’Église catholique et la position des évêques catholiques du Canada sont clairs. Le suicide n’est pas un soin de santé. Tuer les personnes souffrant de maladies physiques ou mentales, qu’elles soient jeunes ou âgées, est contraire à la sollicitude et à l’amour pour nos frères et sœurs. La dignité de la personne humaine et l’épanouissement de la communauté humaine exigent : 1) la protection et le respect de chaque vie humaine de la conception à la mort naturelle; et 2) la liberté de conscience et de religion pour chaque personne et pour chaque établissement. Le bien-être social, la sécurité personnelle et le bien commun – accompagnés de la foi religieuse – signifient protéger la vie de ceux et celles qui souffrent et non de la menacer.

Les recommandations qui précèdent et l’idée maîtresse du rapport ne sont absolument pas « centrées sur le patient »; elles ne soutiennent et n’aident en aucun point les mourants et les personnes vulnérables. Pour rependre les mots du pape François, les recommandations du rapport suivent l’approche d’une société du « jetable ». Elles ne révèlent pas le visage de la miséricorde de Dieu.

Avec mes frères évêques, catholiques et orthodoxes, et avec les dirigeants des communautés religieuses protestantes évangéliques, juives et musulmanes, et plusieurs autres croyants et non-croyants, je vous exhorte de faire savoir à vos représentants élus pourquoi l’euthanasie, le suicide assisté et les recommandations susmentionnées sont complètement inacceptables.

Mgr Douglas Crosby, OMI
Évêque de Hamilton
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

 

Lettre pastorale de ✠ Mgr Terrence Prendergast, s.j. pour l’Année de la Miséricorde 2015-2016

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En Jésus nous contemplons le mystère de la miséricorde du Père
Lettre pastorale pour l’Année de la Miséricorde 2015-2016

Chers frères et sœurs dans le Christ,

« Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père ». C’est par ces mots que débute la lettre du pape François dans laquelle il nous invite à participer pleinement dans le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde. Cette Année sainte s’ouvrira en la solennité de l’Immaculée Conception le 8 décembre prochain et se terminera le 20 novembre 2016, en la solennité du Christ, Roi de l’Univers.

« La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché » nous dit le Saint-Père dans la bulle Misericordiae Vultus (Le Visage de la Miséricorde) par laquelle il a institué l’Année de la Miséricorde.

Durant cette Année sainte, le Pape nous demande deux choses : célébrer et expérimenter la miséricorde de Dieu dans le sacrement de Réconciliation par une confession personnelle bien préparée et s’engager à accomplir des œuvres de miséricorde.

Comment ces deux éléments sont-ils inter-reliés ? Il est important de faire l’expérience de l’amour miséricordieux de Dieu dans le sacrement de Réconciliation qui apporte guérison, paix et joie. En faisant nous-mêmes l’expérience de la tendresse du pardon de Dieu, nous serons amenés à vouloir partager ce cadeau avec les autres, avec ceux et celles qui connaissent des difficultés matérielles ou spirituelles.

J’invite tous les catholiques à célébrer le sacrement de Réconciliation – à aller se confesser – au moins une fois durant cette Année de la Miséricorde. Comme le pape François nous le rappelle souvent, parfois, nous nous lassons de lui demander pardon, mais Dieu ne se lasse jamais de pardonner.

Remplis de gratitude pour le pardon que Dieu nous accorde, soyons miséricordieux à notre tour envers ceux et celles qui sont dans le besoin. J’invite donc tous les catholiques de l’archidiocèse d’Ottawa qui le peuvent, à accomplir au cours de ce Jubilé extraordinaire, au moins une œuvre de miséricorde corporelle et une œuvre de miséricorde spirituelle.

Les œuvres de miséricorde corporelles sont bien connues : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Le Christ nous appelle à le reconnaître dans toute personne qui est dans le besoin : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Matthieu 25, 40).

Les œuvres de miséricorde spirituelles sont peut-être un peu moins connues mais elles demeurent très importantes car elles permettent d’insuffler une vitalité nouvelle dans nos communautés de foi : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes que nous trouvons ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts. Accomplir les trois premières requiert autorité ou compétence et beaucoup de tact; les quatre autres sont autant de façons de témoigner chaque jour de notre vie de disciples de Jésus.

Le pape François accorde à chaque diocèse le privilège d’ouvrir une Porte de la Miséricorde dans sa cathédrale. Traditionnellement, ces Portes saintes sont signes du désir profond de conversion et de volonté de solliciter la miséricorde de Dieu qui nous habitent. Il y a sept Portes saintes en permanence dans le monde, dont une à la basilique Notre-Dame à Québec. Ces portes, habituellement scellées de l’intérieur, sont ouvertes durant les Années jubilaires afin de permettre aux pèlerins qui se rendent à une ou l’autre d’entre elles dans une démarche spirituelle, de passer par cette Porte et d’obtenir ainsi les indulgences jubilaires.

Le 8 décembre, le pape François inaugurera l’Année de la Miséricorde en ouvrant la Porte sainte à la basilique Saint-Pierre. Le dimanche suivant, le 13 décembre, des églises ouvriront des Portes de la Miséricorde à travers le monde.

Dans l’archidiocèse d’Ottawa, nous bénirons notre Porte de la Miséricorde à la cathédrale Notre-Dame le 8 décembre lors de la Célébration eucharistique de 19h30 et nous procéderons à son ouverture au début de la messe de 9h le dimanche 13 décembre.

Les pèlerins sont invités à venir passer par la Porte de la Miséricorde au moins une fois durant cette Année de la Miséricorde, en pensant non seulement au pardon que Dieu nous offre à chacun, chacune, d’entre nous mais aussi à ce que nous pouvons faire pour semer le bien autour de nous.

Après être passés par la Porte de la Miséricorde, les pèlerins sont invités à compléter leur pèlerinage en célébrant le sacrement de Réconciliation et en recevant la sainte Eucharistie, en faisant profession de foi par la récitation du Credo et en priant pour les intentions du Pape. Ils pourront faire cela afin d’obtenir des indulgences pour eux-mêmes ou pour une personne défunte. Il est possible de se renseigner davantage sur la richesse spirituelle des indulgences en s’informant auprès des paroisses ou en consultant le site web de l’archidiocèse (catholiqueottawa.ca).

J’espère que de nombreux catholiques, y compris ceux et celles qui se sont éloignées de l’Église, se rendront à la cathédrale en pèlerinage et passeront par la Porte de la Miséricorde, soit seul ou avec d’autres paroissiens, paroissiennes, ou encore avec des membres des diverses associations ou groupes paroissiaux (Groupes de prières, Cursillo, Chevaliers de Colomb, Filles d’Isabelle, etc.).

Que notre pensée se tourne vers Marie. Demandons-lui de faire en sorte que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu et que, forts de ce pardon reçu, nous puissions, à notre tour, transmettre la miséricorde de Dieu aux autres en faisant le bien tout autour de nous en cette Année de la Miséricorde.

L’archevêque d’Ottawa,

✠ Terrence Prendergast, S.J.

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