Un évêque canadien avec le Pape au Pérou

Du 18 au 21 janvier 2018, le pape François sera en voyage apostolique au Pérou. Lors de son passage dans ce pays, le successeur de Pierre visitera l’Église et la société péruvienne toute entière. Pour l’occasion, le pape François a expressément demandé à la Conférence des évêques du Canada d’envoyer un représentant. C’est Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, qui a été désigné puisque Mgr Lionel Gendron, actuel président de la CECC, ne pouvait s’y rendre étant en Israël au même moment. J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Mgr Lépine avant son départ pour le Pérou prévu pour le mercredi le 17 janvier prochain.

Selon l’archevêque de Montréal, le Pape désire s’inscrire dans la continuité avec saint Jean-Paul II pour qui « il était important de garder une vision unitaire de l’Amérique ». En effet, bien qu’étant divisée en trois hémisphères distincts, l’Amérique doit prendre conscience des éléments communs du continent américain. Constructeur de pont de paix, s’il en est un, le pape François sait que l’avenir et la paix internationale passe par le fait de souligner ce qu’il y a de commun entre les peuples. L’Église canadienne doit donc se sentir spécialement concernée par ce voyage du pape au Chili et au Pérou, d’où la demande papale d’envoyer sur place un représentant des évêques canadiens. Cela permettra, à la fois, de témoigner de la solidarité canadienne envers les enjeux que vivent nos frères et sœurs du sud, et à la fois de s’inspirer de la vitalité et des innovations sociales et ecclésiales de ce pays latino-américain.

Mgr Christian Lépine fera donc partie de ce marathon de prière, de dialogue et de rencontres que sont les voyages apostoliques du pape François. Tout comme ses frères évêques péruviens, il affirme être spécialement touché par les grandes priorités que s’est données le Pape lors de ce voyage. Promouvoir la paix, la justice et laisser le Christ faire surgir en nous l’espérance sont des défis pour le monde entier. Ainsi, cette visite au Pérou peut nous inspirer nous aussi.

La sollicitude du Pape envers les autochtones et les questions environnementales de la région de l’Amazonie sont pour le pape les éléments clefs de ce voyage apostolique. Selon radio-Vatican,  « Plusieurs attendent une homélie importante du pape François sur la question amazonienne. Elle offrira des orientations fortes aux travaux préparatoires au Synode sur l’Amazonie ».

Enfin, lorsqu’on lui demande ce qu’il pourra éventuellement retirer d’une telle expérience, Mgr Lépine souligne que cela lui permettra certainement de se rapprocher de toutes les communautés latino de son archidiocèse : « Mon expérience en Italie m’a beaucoup aidé à me rapprocher des communautés italiennes de mon diocèse. Je suis certain que la même chose va se produire avec les diocésains latino-américains. Je dois donc dès maintenant intensifier mon apprentissage de l’espagnol! »

Dès son retour, Mgr Lépine sera en studio pour nous faire le récit de son voyage. D’ici là, restez à l’antenne de Sel et Lumière pour suivre le voyage du Pape au Chili et au Pérou dans le cadre de notre programmation spéciale et exclusive.

Moines de Tibhirine : une première reconnaissance pour le martyre de « l’offrande de la vie » ?

Depuis la sortie du film « Des hommes et des dieux », le monde entier connaît l’histoire des sept moines trappistes assassinés en Algérie le 21 mai 1996. Dès le départ, le sensus fidei du Peuple de Dieu avait discerné la sainteté de vie nécessaire à un tel don de soi. Toutefois l’Église, dans sa grande sagesse, opte pour une procédure plus stricte soit celle d’un procès en bon et due forme qui peut prendre de nombreuses années. L’année dernière, alors qu’on fêtait le 20e anniversaire de cet événement tragique, plusieurs se sont posés la question de l’éventuelle béatification/canonisation des moines. Ce n’est que la semaine dernière que les rumeurs se sont accentuées après que le postulateur de la cause, le frère Thomas Georgeon, ait confié à « Mondo e missione » que le décret de béatification pourrait être signé au mois de janvier. Connaissant l’obéissance des moines, on peut être certain qu’une telle information n’aurait pu être transmise sans l’autorisation préalable de la Congrégation pour la cause des saints.

Pour en savoir davantage, j’ai rencontré Dom André Barbeau. Actuellement père Abbé du monastère de Val Notre-Dame, Dom Barbeau fut durant plusieurs années père Abbé du monastère d’Aiguebelle, maison fondatrice d’un autre monastère, celui de Tibhirine. Nommé là-bas quelques jours après la mort des 7 moines, c’est à lui qu’avait été confiée la grande responsabilité des moines de Tibhirine en Algérie. Lors des commémorations  du 20e anniversaire de la mort des frères, il était sur place en Algérie avec le postulateur de la cause. Voici l’essentiel de mon entretien avec lui lors de ma visite à Val Notre-Dame.

Quel fut votre rôle dans ce procès de béatification ?

Dom Barbeau : De mon côté, j’ai eu comme premier travail de réunir les archives. Lors de chaque voyage à Tibhirine, je ramenais une valise remplie de documents concernant la communauté.  Si bien que j’ai réussi à réunir l’ensemble de ce qui se trouvait là-bas. Les frères écrivaient beaucoup. Ils recevaient beaucoup de lettres et entretenaient une grande correspondance. J’ai donc numérisé et publié tous les textes: les chapîtres et les homélies de Christian, le journal et les homélies de Christophe. À mesure que je les lisais et les transcrivais, j’étais frappé par la qualité, la profondeur et la pertinence théologique de la théologie des religions de Christian De Chergé.

Où en est le procès à l’heure actuelle ?

Dom André Barbeau : D’abord, il ne s’agit pas uniquement du procès des 7 frères trappistes mais des 19 martyrs d’Algérie. Comme il y avait dans le groupe un évêque, le libellé de la cause officielle est « Mgr Claverie et ses compagnons ».

À l’heure actuelle, tout est dans les mains de la Congrégation pour la Cause des saints. Au mois d’août dernier, le postulateur de la cause, qui est un moine trappiste français, a remis la depositio (document final) au Vatican. L’étude des écrits des frères a été fait par deux censeurs dont le théologien Gilles Routhier ainsi qu’un professeur de l’Université de Marseille où fut également ouverte une Chaire Tibhirine. Par contre, le cas de la reconnaissance de mes sept frères de Tibhirine posait un problème particulier.

Prenons par exemple, saint Maximilien Kolbe. Il n’est pas un martyr mais un saint puisqu’il n’a pas perdu sa vie par haine de la foi. Il a donné sa vie par amour pour une autre personne. Au procès de béatification cela n’a pas été un problème mais au procès de canonisation, il ne fut pas reconnu comme martyr.

« C’est par amour pour le peuple qu’ils sont restés et qu’ils ont été tués. »

On ne peut donc pas les définir comme martyrs puisqu’ils ne sont pas morts par haine de la foi : ce qui était encore jusqu’à l’année dernière la définition stricte du martyre. C’est par amour pour le peuple qu’ils sont restés et qu’ils ont été tués. Ce n’est pas par haine de la foi. Dom Barbeau a rencontré plusieurs membres de la famille qui étaient un peu scandalisés par le fait qu’ils ne soient pas reconnus comme martyrs.

L’innovation récente du pape François pour ouvrir une quatrième « voie » de reconnaissance du martyre par « l’offrande libre et volontaire de la vie et l’acceptation héroïque propter caritatem d’une mort certaine et à court terme… »  peut-elle, selon vous, aider la cause des moines de Tibhirine ?

Dom André Barbeau : La quatrième voie que le Pape a ouverte est une magnifique nouveauté qui va permettre la sainteté de tous ceux qui sont restés au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Iran, etc.). Qui sont restés par amour pour leur peuple et l’église locale!

Comme je vous l’ai dit, le dossier est déjà sur la table de la Congrégation depuis un bon moment. Aucune modification ne peut y être apportée. Par contre, ce nouveau critère pour la reconnaissance des martyrs fait en sorte que celle-ci peut jeter un regard nouveau sur le dossier et, peut-être, faciliter leur reconnaissance comme martyrs.

Cela peut également permettre une reconnaissance plus rapide. En effet, reconnaître le martyre « en haine de la foi » peut poser des problèmes diplomatiques et de relations avec l’Algérie ou d’autres pays. Par exemple, il y a déjà la cause des martyrs de Chine : 33 moines qui furent promenés à travers toute la Chine attachés à des fils de fer. Tout est documenté mais à cause de relations politiques et diplomatiques difficiles entre la Chine et le Vatican, tout est retardé.

Pour l’Algérie, cela n’est pas simple non plus mais, -et je crois qu’il a de cela derrière la décision du Pape-, cette nouvelle façon de faire permet de reconnaître leur dévouement et leur don de soi sans stigmatiser le peuple algérien et leur gouvernement. Ils ont choisi de rester au nom de l’Amour de Dieu et du peuple. Et, au nom de cette espérance, ils ont fait le sacrifice ultime. Cette nouvelle perspective empêche l’interlocuteur de se sentir menacé. Ainsi, on vient de contourner la partie problématique qui pouvait faire retarder le processus de béatification/canonisation. C’est très habile et très jésuite! Normalement le postulateur s’attend à ce que le décret de reconnaissance du martyre soit signé d’ici avril prochain 2018. 

Dans les prochaines semaines, nous poursuivrons cet entretien avec Dom André Barbeau. On y apprendra des choses fascinantes sur l’histoire de la Communauté de Tibhirine après la tragédie de 1996.

Échos du Vatican

Retour dans cette émission sur les célébrations, les rencontres, et les discours du Saint-Père ces derniers jours au Vatican

Vidéo : la sainte famille de Nazareth

Quelques jours après Noël, alors que nous célébrions le 1er janvier la solennité de Marie mère de Dieu, nous nous préparons désormais à fêter l’Épiphanie le 7 janvier, puis le baptême du Seigneur le 8 janvier. Profitons de cette période pour redécouvrir la Sainte famille de Nazareth, modèle de sainteté pour tous.

Homélie du Pape en la solennité de Marie mère de Dieu

CNS/Paul Haring

Voici l’homélie prononcée par le pape François en la basilique Sant-Pierre ce lundi 1er janvier 2018, solennité de Sainte Marie mère de Dieu, et journée mondiale de la paix.

L’année s’ouvre au nom de la Mère de Dieu. Mère de Dieu est le titre le plus important de la Vierge. Mais une question pourrait surgir : pourquoi disons-nous Mère de Dieu et non Mère de Jésus ? Certains, dans le passé, ont demandé de se limiter à cela, mais l’Eglise a affirmé : Marie est Mère de Dieu. Nous devons être reconnaissants parce que dans ces paroles est contenue une splendide vérité sur Dieu et sur nous. C’est-à-dire que, depuis que le Seigneur s’est incarné en Marie, dès lors et pour toujours, il porte notre humanité attachée à lui. Il n’y a plus Dieu sans homme : la chair que Jésus a prise de sa Mère est sienne aussi maintenant et le sera pour toujours. Dire Mère de Dieu nous rappelle ceci : Dieu est proche de l’humanité comme un enfant de sa mère qui le porte en son sein. Le mot mère (mater), renvoie aussi au mot matière. Dans sa Mère, le Dieu du ciel, le Dieu infini s’est fait petit, s’est fait matière, pour être non seulement avec nous, mais aussi comme nous.

Voilà le miracle, voilà la nouveauté : l’homme n’est plus seul ; plus jamais orphelin, il est pour toujours fils. L’année s’ouvre avec cette nouveauté. Et nous la proclamons ainsi, en disant : Mère de Dieu ! C’est la joie de savoir que notre solitude est vaincue. C’est la beauté de nous savoir fils aimés, de savoir que notre enfance ne pourra jamais nous être enlevée. C’est nous regarder dans le Dieu fragile et enfant entre les bras de sa Mère et voir que l’humanité est chère et sacrée au Seigneur. C’est pourquoi, servir la vie humaine c’est servir Dieu ; et toute vie, depuis celle qui est dans le sein de la mère jusqu’à celle qui est âgée, souffrante et malade, à celle qui est gênante et même répugnante, doit être accueillie, aimée et aidée.

Laissons-nous maintenant guider par l’Evangile d’aujourd’hui. De la Mère de Dieu il est dit une seule phrase : « Elle gardait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur » (Lc 2, 19). Elle gardait. Simplement elle gardait. Marie ne parle pas : l’Evangile ne rapporte pas même une seule de ses paroles dans tout le récit de Noël. Même en cela la Mère est unie à son Fils. Jésus est un bébé, c’est-à-dire « sans parole ». Lui, le Verbe, la Parole de Dieu qui « à bien des reprises et de bien des manières, dans le passé, a parlé » (He 1, 1), maintenant, à la « plénitude des temps » (Ga 4, 4), il est muet. Le Dieu devant qui on se tait est un bébé qui ne parle pas. Sa majesté est sans paroles, son mystère d’amour se révèle dans la petitesse. Cette petitesse silencieuse est le langage de sa royauté.

La Mère s’associe à son Fils et elle garde dans le silence. Et le silence nous dit que nous aussi, si nous voulons nous garder, nous avons besoin de silence. Nous avons besoin de demeurer en silence en regardant la crèche. Parce que devant la crèche, nous nous redécouvrons aimés, nous savourons le sens authentique de la vie. Et en regardant en silence, nous laissons Jésus parler à notre coeur : que sa petitesse démonte notre orgueil, que sa pauvreté dérange notre faste, que sa tendresse remue notre coeur insensible. Ménager chaque jour un moment de silence avec Dieu, c’est garder notre âme ; c’est garder notre liberté des banalités corrosive de la consommation et des étourdissements de la publicité, du déferlement de paroles vides et des vagues irrésistibles des bavardages et du bruit.

Marie, poursuit l’Evangile, gardait toutes ces choses et les méditait. Qu’étaient ces choses ?C’étaient des joies et des souffrances : d’une part la naissance de Jésus, l’amour de Joseph, la visite des bergers, cette nuit de lumière. Mais de l’autre : un avenir incertain, l’absence de maison, « car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 7) ; la désolation du refus ; la déception d’avoir dû faire naitre Jésus dans une étable . Espérance et angoisse, lumière et ténèbre : toutes ces choses peuplaient le coeur de Marie. Et elle, qu’a-t-elle fait ? Elle les a méditées, c’est-àdire elle les a passées en revue avec Dieu dans son coeur. Elle n’a rien gardé pour elle, elle n’a rien renfermé dans la solitude ou noyé dans l’amertume, elle a tout porté à Dieu. C’est ainsi qu’elle a gardé. En confiant on garde : non en laissant la vie en proie à la peur, au découragement ou à la superstition, non en se fermant ou en cherchant à oublier, mais en faisant de tout un dialogue avec Dieu. Et Dieu qui nous a à coeur, vient habiter nos vies.

Voilà les secrets de la Mère de Dieu : garder dans le silence et porter à Dieu. Cela se passait, conclut l’Evangile, dans son coeur. Le coeur invite à regarder au centre de la personne, des affections, de la vie. Nous aussi, chrétiens en chemin, au commencement de l’année nous ressentons le besoin de repartir du centre, de laisser derrière nous les fardeaux du passé et de recommencer à partir de ce qui compte. Voici aujourd’hui devant nous le point de départ : la Mère de Dieu. Parce que Marie est comme Dieu nous veut, comme il veut son Eglise : Mère tendre, humble, pauvre de choses et riche d’amour, libre du péché, unie à Jésus, qui garde Dieu dans le coeur et le prochain dans la vie. Pour repartir, regardons vers la Mère. Dans son coeur bat le coeur de l’Eglise. Pour avancer, nous dit la fête d’aujourd’hui, il faut revenir en arrière : recommencer depuis la crèche, de la Mère qui tient Dieu dans ses bras.

La dévotion à Marie n’est pas une bonne manière spirituelle, elle est une exigence de la vie chrétienne. En regardant vers la Mère nous sommes encouragés à laisser tant de boulets inutiles et à retrouver ce qui compte. Le don de la Mère, le don de toute mère et de toute femme est très précieux pour l’Eglise, qui est mère et femme. Et alors que souvent l’homme fait des abstractions, affirme et impose des idées, la femme, la mère, sait garder, unir dans le coeur, vivifier. Parce que la foi ne se réduit pas seulement à une idée ou à une doctrine, nous avons besoin, tous, d’un coeur de mère, qui sache garder la tendresse de Dieu et écouter les palpitations de l’homme. Que la Mère, signature d’auteur de Dieu sur l’humanité, garde cette année et porte la paix de son Fils dans les coeurs, dans nos coeurs, et dans le monde. Et je vous invite à lui adresser aujourd’hui, en tant que ses enfants, simplement, la salutation des chrétiens d’Éphèse, en présence de leurs évêques : ‘‘Sainte Mère de Dieu’’. Disons, trois fois, du fond du coeur, tous ensemble, en la regardant [se tournant vers la statue placée près de l’autel] : ‘‘Sainte Mère de Dieu’’.

Échos du Vatican

Retour dans cette émission sur le 21ème voyage apostolique du pape François en Birmanie et au Bangladesh.

Message du pape François pour la 55e journée de prière pour les vocations

CNS photo/Tyler Orsburn

Vous trouverez ci-dessous le message du pape François pour la 55e journée de prière pour les vocations:

Écouter, discerner, vivre l’appel du Seigneur

Chers frères et sœurs,
En octobre prochain, se déroulera la XVème Assemblée Générale ordinaire du Synode des évêques, qui sera consacrée aux jeunes, en particulier au rapport entre jeunes, foi et vocation. A cette occasion, nous aurons la possibilité d’approfondir comment, au centre de notre vie, il y a l’appel à la joie que Dieu nous adresse et comment cela est «le projet de Dieu pour les hommes et les femmes de tout temps» (SYNODE DES ÉVÊQUES, XVEME ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE, Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, Introduction).

Il s’agit d’une bonne nouvelle qui nous est annoncée avec force par la 55ème Journée mondiale de Prière pour les Vocations : nous ne sommes pas plongés dans le hasard, ni entraînés par une série d’évènements désordonnés, mais, au contraire, notre vie et notre présence dans le monde sont fruits d’une vocation divine !

Même dans nos temps inquiets, le Mystère de l’Incarnation nous rappelle que Dieu vient toujours à notre rencontre et il est Dieu-avec-nous, qui passe le long des routes parfois poussiéreuses de notre vie et, accueillant notre poignante nostalgie d’amour et de bonheur, nous appelle à la joie. Dans la diversité et dans la spécificité de chaque vocation, personnelle et ecclésiale, il s’agit d’écouter, de discerner et de vivre cette Parole qui nous appelle d’en-haut et qui, tandis qu’elle nous permet de faire fructifier nos talents, nous rend aussi instruments de salut dans le monde et nous oriente vers la plénitude du bonheur.

Ces trois aspects – écoute, discernement et vie – servent aussi de cadre au début de la mission de Jésus, qui, après les jours de prière et de lutte dans le désert, visite sa synagogue de Nazareth, et là, se met à l’écoute de la Parole, discerne le contenu de la mission que le Père lui a confiée et annonce qu’il est venu pour la réaliser “aujourd’hui” (cf. Lc 4, 16-21).

Écouter

L’appel du Seigneur – il faut le dire tout de suite – n’a pas l’évidence de l’une des nombreuses choses que nous pouvons sentir, voir ou toucher dans notre expérience quotidienne. Dieu vient de manière silencieuse et discrète, sans s’imposer à notre liberté. Aussi, on peut comprendre que sa voix reste étouffée par les nombreuses préoccupations et sollicitations qui occupent notre esprit et notre cœur.

Il convient alors de se préparer à une écoute profonde de sa Parole et de la vie, à prêter aussi attention aux détails de notre quotidien, à apprendre à lire les évènements avec les yeux de la foi, et à se maintenir ouverts aux surprises de l’Esprit.

Nous ne pourrons pas découvrir l’appel spécial et personnel que Dieu a pensé pour nous, si nous restons fermés sur nous-mêmes, dans nos habitudes et dans l’apathie de celui qui passe sa propre vie dans le cercle restreint de son moi, perdant l’opportunité de rêver en grand et de devenir protagoniste de cette histoire unique et originale que Dieu veut écrire avec nous.

Jésus aussi a été appelé et envoyé ; pour cela, il a eu besoin de se recueillir dans le silence, il a écouté et lu la Parole dans la Synagogue et, avec la lumière et la force de l’Esprit Saint, il en a dévoilé la pleine signification, référée à sa personne-même et à l’histoire du peuple d’Israël.

Cette attitude devient aujourd’hui toujours plus difficile, plongés comme nous le sommes dans une société bruyante, dans la frénésie de l’abondance de stimulations et d’informations qui remplissent nos journées. Au vacarme extérieur, qui parfois domine nos villes et nos quartiers, correspond souvent une dispersion et une confusion intérieure, qui ne nous permettent pas de nous arrêter, de savourer le goût de la contemplation, de réfléchir avec sérénité sur les évènements de notre vie et d’opérer, confiants dans le dessein bienveillant de Dieu pour nous, un discernement fécond.

Mais, comme nous le savons, le Royaume de Dieu vient sans faire de bruit et sans attirer l’attention (cf. Lc 17, 21), et il est possible d’en accueillir les germes seulement lorsque, comme le prophète Elie, nous savons entrer dans les profondeurs de notre esprit, le laissant s’ouvrir à l’imperceptible souffle de la brise divine (cf. 1 R 19, 11-13).

Discerner

En lisant, dans la synagogue de Nazareth, le passage du prophète Isaïe, Jésus discerne le contenu de la mission pour laquelle il a été envoyé et il le présente à ceux qui attendaient le Messie : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » (Lc 4, 18-19).

De la même manière, chacun de nous peut découvrir sa propre vocation seulement à travers le discernement spirituel, un «processus grâce auquel la personne arrive à effectuer, en dialoguant avec le Seigneur et en écoutant la voix de l’Esprit, les choix fondamentaux, à partir du choix de son état de vie (Synode des Évêques, XVème Assemblée Générale Ordinaire, Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, II, 2).

Nous découvrons en particulier, que la vocation chrétienne a toujours une dimension prophétique. Comme nous témoigne l’Ecriture, les prophètes sont envoyés au peuple dans des situations de grande précarité matérielle et de crise spirituelle et morale, pour adresser au nom de Dieu des paroles de conversion, d’espérance et de consolation. Comme un vent qui soulève la poussière, le prophète dérange la fausse tranquillité de la conscience qui a oublié la Parole du Seigneur, discerne les évènements à la lumière de la promesse de Dieu et aide le peuple à apercevoir des signes d’aurore dans les ténèbres de l’histoire.

Aujourd’hui aussi, nous avons grand besoin du discernement et de la prophétie ; de dépasser les tentations de l’idéologie et du fatalisme et de découvrir, dans la relation avec le Seigneur, les lieux, les instruments et les situations à travers lesquels il nous appelle. Chaque chrétien devrait pouvoir développer la capacité à “lire à l’intérieur” de sa vie et à saisir où et à quoi le Seigneur l’appelle pour continuer sa mission.

Vivre

Enfin, Jésus annonce la nouveauté de l’heure présente, qui enthousiasmera beaucoup et durcira d’autres : les temps sont accomplis et c’est Lui le Messie annoncé par Isaïe, oint pour libérer les prisonniers, rendre la vue aux aveugles et proclamer l’amour miséricordieux de Dieu à toute créature. Vraiment « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre » (Lc 4, 20), affirme Jésus.

La joie de l’Evangile, qui nous ouvre à la rencontre avec Dieu et avec les frères, ne peut attendre nos lenteurs et nos paresses ; elle ne nous touche pas si nous restons accoudés à la fenêtre, avec l’excuse de toujours attendre un temps propice ; elle ne s’accomplit pas non plus pour nous si nous n’assumons pas aujourd’hui-même le risque d’un choix. La vocation est aujourd’hui ! La mission chrétienne est pour le présent ! Et chacun de nous est appelé – à la vie laïque dans le mariage, à la vie sacerdotale dans le ministère ordonné, ou à la vie de consécration spéciale – pour devenir témoin du Seigneur, ici et maintenant.

Cet “aujourd’hui” proclamé par Jésus, en effet, nous assure que Dieu continue à “descendre” pour sauver notre humanité et nous rendre participants de sa mission. Le Seigneur appelle encore à vivre avec lui et à marcher derrière lui dans une relation de proximité particulière, à son service direct. Et s’il nous fait comprendre qu’il nous appelle à nous consacrer totalement à son Royaume, nous ne devons pas avoir peur ! C’est beau – et c’est une grande grâce – d’être entièrement et pour toujours consacrés à Dieu et au service des frères.

Le Seigneur continue aujourd’hui à appeler à le suivre. Nous ne devons pas attendre d’être parfaits pour répondre notre généreux “me voici”, ni nous effrayer de nos limites et de nos péchés, mais accueillir avec un cœur ouvert la voix du Seigneur. L’écouter, discerner notre mission personnelle dans l’Église et dans le monde, et enfin la vivre dans l’aujourd’hui que Dieu nous donne.

Que Marie la très Sainte, la jeune fille de périphérie, qui a écouté, accueilli et vécu la Parole de Dieu faite chair, nous garde et nous accompagne toujours sur notre chemin.

Du Vatican, 3 décembre 2017 Premier Dimanche de l’Avent

[01850-FR.01] [Texte original: Italien]

FRANÇOIS

Discours du Pape lors de la rencontre interreligieuse pour la paix au Bangladesh

Ci-dessous le discours du pape François lors de la rencontre œcuménique et interreligieuse pour la paix, ce vendredi 1er décembre, dans le jardin de l’archevêché de Dacca

Illustres Hôtes, Chers amis,

Notre rencontre qui rassemble les représentants des diverses communautés religieuses de ce pays représente un moment très significatif de ma visite au Bangladesh. Nous sommes réunis pour approfondir notre amitié et pour exprimer notre désir commun du don d’une paix authentique et durable. Ma reconnaissance va au Cardinal D’Rozario pour ses aimables paroles de bienvenue et à ceux qui m’ont accueilli chaleureusement au nom des communautés musulmanes, hindoues et bouddhistes, et aussi des autorités civiles. Je suis reconnaissant à l’Évêque anglican de Dhaka pour sa présence, aux diverses communautés chrétiennes et à ceux qui ont contribué à rendre possible cette réunion.

Les paroles que nous avons écoutées, mais aussi les chants et les danses qui ont animé notre assemblée, nous ont parlé de manière éloquente du désir d’harmonie, de fraternité et de paix incarnés dans les enseignements des religions du monde. Puisse notre rencontre de cet après-midi être un signe clair des efforts des leaders et des adeptes des religions présentes dans ce pays pour vivre ensemble dans le respect réciproque et la bonne volonté. Au Bangladesh, où le droit à la liberté religieuse est un principe fondamental, que cet engagement soit un appel respectueux mais ferme à qui cherchera à fomenter des divisions, de la haine et de la violence au nom de la religion. C’est un signe particulièrement réconfortant de notre temps que les croyants et les personnes de bonne volonté se sentent toujours plus appelés à coopérer à la formation d’une culture de la rencontre, du dialogue et de la collaboration au service de la famille humaine. Cela requiert plus qu’une simple tolérance. Cela nous stimule à tendre la main à l’autre dans une attitude de confiance réciproque et de compréhension, pour construire une unité qui intègre la diversité non comme une menace, mais comme une source potentielle d’enrichissement et de croissance. Cela nous incite à nous exercer à l’ouverture du cœur, de manière à voir les autres comme un chemin, non pas comme un obstacle.

Permettez-moi d’explorer brièvement quelques caractéristiques essentielles de cette “ouverture du cœur” qui est la condition pour une culture de la rencontre. En premier lieu, celle-ci est une porte. Ce n’est pas une théorie abstraite, mais une expérience vécue. Cela nous permet d’entreprendre un dialogue de vie, non pas un simple échange d’idées. Cela demande de la bonne volonté et de l’accueil, mais ne doit pas être confondu avec l’indifférence ou la réticence à exprimer nos convictions les plus profondes. S’engager fructueusement avec l’autre signifie partager nos identités religieuses et culturelles distinctes, mais toujours avec humilité, honnêteté et respect. L’ouverture du cœur est aussi semblable à une échelle qui rejoint l’Absolu. En rappelant cette dimension transcendante de notre activité, nous nous rendons compte de la nécessité de purifier nos cœurs, de manière à pouvoir voir toutes choses dans leur perspective la plus vraie. À chaque pas, notre vue deviendra plus claire et nous recevrons la force de persévérer dans l’engagement à comprendre et à valoriser les autres et leur point de vue. De cette façon, nous trouverons la sagesse et la force nécessaires pour tendre à tous la main de l’amitié. L’ouverture du cœur est aussi un chemin qui conduit à la recherche de la bonté, de la justice et de la solidarité.

Cela incite à rechercher le bien de nos proches. Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, Saint Paul les a exhortés ainsi : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais combats le mal par le bien» (Rm 12,21). C’est un sentiment que tous nous pouvons imiter. La sollicitude religieuse pour le bien de notre prochain, qui provient d’un cœur ouvert, coule comme un vaste fleuve, en irriguant les terres arides et désertes de la haine, de la corruption, de la pauvreté et de la violence qui dégrade tellement les vies humaines, divise les familles et défigure le don de la création. Les diverses communautés religieuses du Bangladesh ont embrassé cette route d’une manière particulière dans l’engagement à prendre soin de la terre, notre maison commune, et dans la réponse aux catastrophes naturelles qui ont affligé la nation au cours de ces dernières années. Je pense aussi à la manifestation commune de douleur, de prière et de solidarité qui a accompagné le tragique écroulement du Rana Plaza, qui demeure imprimé dans l’esprit de tous. Dans ces diverses expressions, nous voyons combien le chemin de la bonté conduit à la coopération au service des autres.

Un esprit d’ouverture, d’acceptation et de coopération entre les croyants ne contribue pas simplement à une culture d’harmonie et de paix ; celui-ci est son cœur battant. Comme notre monde a besoin de ce cœur qui bat avec force, pour contrer le virus de la corruption politique, les idéologies religieuses destructrices, la tentation de fermer les yeux face aux besoins des pauvres, des réfugiés, des minorités persécutées et des plus vulnérables ! Cette ouverture est nécessaire pour accueillir les personnes de notre monde, spécialement les jeunes, qui parfois se sentent seuls et déconcertés dans la recherche du sens de la vie !

Chers amis, je vous remercie pour vos efforts à promouvoir la culture de la rencontre, et je prie pour qu’avec la démonstration de l’engagement commun des adeptes des religions à discerner le bien et à le mettre en pratique, nous aidions tous les croyants à grandir dans la sagesse et dans la sainteté, et à coopérer pour construire un monde toujours plus humain, uni et pacifique. J’ouvre mon cœur à vous tous et je vous remercie encore une fois de votre accueil. Souvenons-nous les uns des autres dans nos prières.

Discours du Pape aux évêques du Bangladesh

Ci-dessous le discours du pape François lors de sa rencontre avec les seize évêques du Bangladesh, ce vendredi 1er décembre, dans la maison pour les prêtres agés de la capitale, à Dacca.

Éminence, Chers frères dans l’Épiscopat,

Comme il est bon pour nous d’être ensemble ! Je remercie le Cardinal Patrick [D’Rozario] pour ses paroles d’introduction par lesquelles il a présenté les diverses activités spirituelles et pastorales de l’Église au Bangladesh. J’ai particulièrement apprécié sa référence au clairvoyant Plan Pastoral de 1985 qui a mis en lumière les principes évangéliques et les priorités qui ont guidé la vie et la mission de la communauté ecclésiale dans cette jeune nation. Mon expérience personnelle d’Aparecida, qui a lancé la mission continentale en Amérique du Sud, m’a convaincu de la fécondité de tels plans qui impliquent le peuple de Dieu tout entier dans un processus continuel de discernement et d’action. La réalité de la communion a été au cœur du Plan Pastoral et continue d’inspirer le zèle missionnaire qui caractérise l’Église au Bangladesh.

Votre conduite épiscopale elle-même a traditionnellement été marquée par l’esprit de collégialité et de soutien mutuel. Cet esprit d’affection collégiale est partagé par vos prêtres et, à travers eux, s’est propagé aux paroisses, aux communautés et aux formes multiples d’apostolat de vos Églises locales. Il trouve son expression dans le sérieux avec lequel, dans vos diocèses, vous vous dévouez aux visites pastorales et montrez un intérêt concret pour le bien de vos gens. Je vous demande de persévérer dans ce ministère de présence, qui seul peut nouer des liens de communion en vous unissant à vos prêtres, qui sont vos frères, fils et collaborateurs dans la vigne du Seigneur, et aux religieux et religieuses qui apportent une contribution si fondamentale à la vie catholique dans ce pays. En même temps, je vous demanderai de montrer une proximité même plus grande envers les fidèles laïcs.

Il faut promouvoir leur participation effective à la vie de vos Églises particulières, également à travers les structures canoniques qui prévoient que leurs voix soient entendues et leurs expériences prises en considération. Reconnaissez et valorisez les charismes des laïcs, hommes et femmes, et encouragez-les à mettre leurs dons au service de l’Église et de la société dans son ensemble. Je pense ici aux nombreux catéchistes zélés de ce pays dont l’apostolat est essentiel à la croissance de la foi et à la formation chrétienne des nouvelles générations. Ils sont de vrais missionnaires et des guides de prière, surtout dans les endroits les plus reculés. Soyez attentif à leurs besoins spirituels et à leur constante éducation dans la foi. Durant ces mois de préparation à la prochaine assemblée du Synode des Évêques, nous sommes tous invités à réfléchir sur la façon de rendre mieux participants nos jeunes de la joie, de la vérité et de la beauté de notre foi. Le Bangladesh a été béni par des vocations au sacerdoce et à la vie religieuse. Il est important de s’assurer que les candidats soient bien préparés à communiquer les richesses de la foi aux autres, en particulier à leurs contemporains.

Dans un esprit de communion qui unit les générations, aidez-les à prendre en main, avec joie et enthousiasme, le travail que d’autres ont commencé, sachant qu’eux-mêmes, un jour, seront appelés à le transmettre à leur tour. Une remarquable activité sociale de l’Église au Bangladesh vise l’assistance des familles et, spécifiquement, l’engagement pour la promotion des femmes. Le peuple de cette nation est connu pour son amour de la famille, pour son sens de l’hospitalité, pour le respect qu’il montre envers les parents et les grands-parents, et pour le soin envers les personnes âgées, les malades et ceux qui sont le plus sans défense. Ces valeurs sont confirmées et élevées par l’Évangile de Jésus Christ. Une expression spéciale de gratitude doit être rendue à tous ceux qui travaillent silencieusement pour soutenir les familles chrétiennes dans leur mission de rendre tous les jours témoignage à l’amour du Seigneur qui réconcilie et de faire connaître son pouvoir de rédemption. Comme Ecclesia in Asia l’a recommandé: «La famille n’est pas seulement l’objet du souci pastoral de l’Église; elle est aussi pour l’Église l’un des agents d’évangélisation les plus efficaces» (n. 46).

Un objectif significatif mentionné dans le Plan Pastoral – qui s’est vraiment révélé prophétique – est l’option pour les pauvres. La communauté catholique au Bangladesh peut être fière de son histoire de service des pauvres, surtout dans les endroits les plus reculés et dans les communautés tribales. Elle poursuit tous les jours ce service à travers ses apostolats éducatifs, ses hôpitaux, cliniques et centres de soins, et la variété de ses œuvres caritatives. Et pourtant, surtout à la lumière de la crise actuelle des réfugiés, nous voyons combien sont encore plus grands les besoins auxquels il faut faire face ! L’inspiration de vos œuvres d’assistance aux personnes dans le besoin doit toujours être la charité pastorale qui est prompte à reconnaître les blessures humaines et à répondre, avec générosité, à chacun personnellement. En travaillant à créer une “culture de la miséricorde” (cf. Misericordia et Misera, n. 20), vos Églises locales montrent leur option pour les pauvres, elles renforcent leur proclamation de l’infinie miséricorde du Père et contribuent largement au développement intégral de leur patrie. Un moment important de ma visite pastorale au Bangladesh sera la réunion interreligieuse et œcuménique qui aura lieu immédiatement après notre rencontre. Votre nation est une nation où la diversité ethnique reflète la diversité des traditions religieuses.

L’engagement de l’Église à promouvoir la compréhension interreligieuse par des séminaires et des programmes didactiques, comme aussi à travers des contacts et des invitations personnelles, contribue à répandre de la bonne volonté et de l’harmonie. Prodiguez-vous sans cesse à construire des ponts et à promouvoir le dialogue, car ces efforts non seulement facilitent la communication entre les divers groupes religieux, mais aussi parce qu’ils réveillent les énergies spirituelles nécessaires à l’œuvre de construction de la nation dans l’unité, dans la justice et dans la paix. Quand les chefs religieux se prononcent publiquement, d’une seule voix, contre la violence vêtue de religiosité et cherchent à remplacer la culture du conflit par la culture de la rencontre, ils puisent aux racines spirituelles les plus profondes de leurs diverses traditions. Ils rendent aussi un inestimable service pour l’avenir de leur pays et de notre monde en enseignant aux jeunes la voie de la justice : « il faut accompagner et faire mûrir des générations qui répondent à la logique incendiaire du mal par la patiente recherche du bien» (Discours aux participants de la Conférence internationale pour la paix, Al-Azhar, Le Caire, 28 avril 2017).

Chers confrères Évêques, je rends grâce au Seigneur pour ces moments de conversation et de partage fraternel. Je suis aussi content que ce Voyage apostolique qui m’a conduit au Bangladesh m’ait permis de témoigner de la vitalité et de la ferveur missionnaire de l’Église dans cette nation. En présentant au Seigneur les joies et les difficultés de vos communautés locales, demandons ensemble une effusion renouvelée de l’Esprit Saint pour qu’il nous accorde « la force pour annoncer la nouveauté de l’Évangile avec audace – parresia – à voix haute, en tout temps et en tout lieu, même à contre-courant» (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 259).

Puissent les prêtres, les religieux, les personnes consacrées ainsi que les fidèles laïcs confiés à votre soin pastoral, trouver une force toujours renouvelée dans leurs efforts pour être «des évangélisateurs qui annoncent la Bonne Nouvelle non seulement avec des paroles, mais surtout avec leur vie transfigurée par la présence de Dieu » (ibid.). À vous tous, avec grande affection, je vous donne ma Bénédiction apostolique. Je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi.

Homélie du Pape lors de la messe d’ordination au Bangladesh

Ci-dessous l’homélie prononcée par le pape François ce vendredi 1er décembre lors de la messe d’ordination de 16 nouveaux prêtres, dans le parc Suhrawardy Udyan, à Dacca, devant environ cent mille fidèles.

Frères très chers,

Nos fils ont été appelés à l’ordre du sacerdoce. Réfléchissons attentivement à quel ministère ils seront élevés dans l’Église. Comme vous le savez bien, mes frères, le Seigneur Jésus est le seul grand-prêtre du Nouveau Testament; mais en lui tout le peuple saint de Dieu a également été constitué peuple sacerdotal. Néanmoins, parmi tous ses disciples, le Seigneur Jésus a voulu en choisir certains en particulier, pour que, en exerçant publiquement dans l’Église en son nom la charge sacerdotale en faveur de tous les hommes, ils continuent sa mission personnelle de maître, prêtre et pasteur.

En effet, de même qu’il avait été envoyé par le Père pour cela, ainsi il envoya à son tour dans le monde d’abord les Apôtres, puis les évêques, leurs successeurs, auxquels enfin ont été donnés comme collaborateurs les prêtres qui, unis à eux dans le ministère sacerdotal, sont appelés au service du peuple de Dieu. Après une mûre réflexion, nous allons maintenant élever à l’ordre des prêtres nos frères, afin qu’au service du Christ maître, prêtre et pasteur, ils coopèrent en vue d’édifier le corps du Christ, qui est l’Église, en peuple de Dieu et temple saint de l’Esprit. Ils seront en effet configurés au Christ grand-prêtre éternel, c’est-à-dire qu’ils seront consacrés comme véritables prêtres du Nouveau Testament, et à ce titre, qui les unit dans le sacerdoce à leur évêque, ils seront prédicateurs de l’Évangile, pasteurs du peuple de Dieu, et présideront les actes du culte, en particulier dans la célébration du sacrifice du Seigneur.

Quant à vous, très chers fils, qui allez être promus à l’ordre du presbytérat, considérez qu’en exerçant le ministère de la doctrine sacrée, vous participerez à la mission du Christ, unique maître. Dispensez à tous la Parole de Dieu, que vous avez vous-mêmes reçue avec joie. Lisez et méditez assidûment la parole du Seigneur pour croire ce que vous avez lu, enseigner ce que vous avez appris dans la foi, vivre ce que vous avez enseigné. Que votre doctrine soit donc une nourriture pour le peuple de Dieu, une joie et un soutien pour les fidèles du Christ, le parfum de votre vie, pour que par la parole et l’exemple vous édifiez la maison de Dieu, qui est l’Église. Vous continuerez l’œuvre sanctificatrice du Christ. Par votre ministère, le sacrifice spirituel des fidèles est rendu parfait, parce que uni au sacrifice du Christ, qui à travers vos mains, au nom de toute l’Église, est offert sans effusion de sang sur l’autel au cours de la célébration des saints mystères. Reconnaissez donc ce que vous faites, imitez ce que vous célébrez, afin que, en participant au mystère de la mort et de la résurrection du Seigneur, vous portiez la mort du Christ dans vos membres et que vous marchiez avec lui dans une vie renouvelée.

Par le Baptême, vous ajouterez de nouveaux fidèles au peuple de Dieu; par le sacrement de la Pénitence, vous remettrez les péchés au nom du Christ et de l’Église; avec l’Huile sainte, vous soulagerez les malades ; en célébrant les rites sacrés et en élevant aux différentes heures du jour la prière de louange et de supplication, vous deviendrez la voix du peuple de Dieu et de l’humanité tout entière. Conscients d’avoir été choisis parmi les hommes et constitués en leur faveur pour vous occuper des choses de Dieu, exercez dans la joie et la charité sincère l’œuvre sacerdotale du Christ, dans l’unique intention de plaire à Dieu et non à vous-mêmes. Enfin, en participant à la mission du Christ, tête et pasteur, en communion filiale avec votre évêque, engagez-vous à unir les fidèles dans une unique famille, pour les conduire à Dieu le Père par le Christ dans l’Esprit Saint. Ayez toujours devant les yeux l’exemple du Bon Pasteur, qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir, et pour chercher et sauver ce qui était perdu.

 

 

 

 

 

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