L’univers symbolique avec Jonathan Pageau

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la vie au coeur du monde symbolique avec l’artiste-sculpteur et youtuber Jonathan Pageau. Sont notamment abordés les thèmes de l’art, de la théologie, de la beauté, de la modernité. de la ritualité ainsi des enjeux liés à l’expansion du monde virtuel. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Vous pouvez également consulter la chaîne YouTube  de Jonathan Pageau en français à l’adresse suivante: Jonathan Pageau en français

L’acédie, de la mélancolie à la joie avec Alexandra Puppinck Bortoli

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient du livre « Le mal à l’âme: l’acide, de la mélancolie à la joie » avec son auteure Alexandra Puppinck Bortoli. Sont notamment abordés les thèmes de l’acédie, de la dépression, de la vie spirituelle, de la tradition de l’Église ainsi que des différentes solutions pour faire face à ce mal de l’âme. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Théologie de la synodalité avec Gilles Routhier

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient du thème de la synodalité avec le prêtre et théologien Gilles Routhier. Sont notamment abordés les thèmes de la histoire de l’Église, de l’ecclésiologie, des défis de l’Église en 2021 ainsi que des différentes étapes du processus synodale de trois ans et des intentions du pape François en convoquant cette assemblée. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

L’histoire de l’Église au Québec avec Lucia Ferretti

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient du livre « Brève de l’Église catholique au Québec » avec l’historienne et auteure Lucia Ferretti . Sont notamment abordés les thèmes de la Nouvelle-France, de la Conquête, des Patriotes, de l’épiscopat de Mgr Ignace Bourget ainsi que de la Révolution tranquille. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Synode 2023: communion, participation et mission avec Julian Paparella


Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient du processus synodale culminant avec la XVIe Assemblée générale dy Synode des évêques à Rome en 2023. Sont notamment abordés les thèmes de la Synodalité, de spiritualité, des étapes locales, continentales et universelles, de la complémentarité des ministères et des intuitions du pape François pour l’Église au XXIe siècle. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

La vie bénédictine en 2021 avec Dom André Laberge +

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la spiritualité bénédictine avec le père Abbé de l’Abbaye bénédictine de Saint-Benoît-du-Lac Dom André Laberge +. Sont notamment abordés les thèmes l’histoire de l’Ordre, la vie de saint Benoît, le travail, la prière et la centralisé de la prière liturgique dans la vie monastique. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

La vie du Cardinal Paul-Émile Léger avec Denise Robillard

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la vie du S.E. Cardinal Paul-Émile Léger avec l’historienne Denise Robillard et auteure de « Paul-Émile Léger: Évolution de sa pensée (1950-1967). Sont notamment abordés les thèmes du catholicisme au XXe siècle, la polémique de Mgr Charbonneau, du Concile Vatican II et de l’histoire du Québec durant la Révolution tranquille. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

Laïcité : une question mal posée

(Image : courtoisie de Pixabay)

Les élections fédérales canadiennes sont, dans l’ensemble, l’exercice démocratique par excellence du pays, permettant aux citoyens de participer activement au processus politique sur certaines des questions les plus importantes auxquelles nos sociétés sont confrontées. Depuis plusieurs décennies, le débat des chefs, qui se tient en anglais et en français, est l’un des moments clés de chaque campagne électorale. 

Bien que ces débats aient rarement un impact décisif sur le sort des partis, ils permettent aux citoyens, pour le meilleur et pour le pire, d’apprendre à connaître les chefs et de les voir mettre de l’avant la perspective des partis qu’ils dirigent. Il n’est pas rare de trouver des éléments de divergence entre les débats dans chacune des deux langues officielles, éléments qui donnent parfois lieu à des discussions ultérieures sur les raisons de cette différence. 

La question de la laïcité, un éternel retour

En 2021, la question qui semble avoir attiré le plus d’attention est la réception au Canada anglais de la loi québécoise sur la laïcité de l’État, ou loi 21. Shachi Kurl, modératrice du débat anglophone et présidente de la firme Angus Reid, est devenue le centre d’attention des médias suite à une question posée au chef du Bloc Québécois Yves-François Blanchet sur le sujet, dans laquelle elle a notamment déclaré assez directement que le projet de loi 21 était de soi « discriminatoire »

La question s’est alors posée de savoir s’il était approprié de la qualifier ainsi, exposant des conceptions différentes, et parfois opposées, du vivre-ensemble dans les sociétés québécoise et canadienne-anglaise. Or, il est intéressant de noter que dans ces débats, la question plus profonde de la place de la religion dans la vie publique au Québec et au Canada – et ce que les régimes divergents de gestion de la diversité du Canada anglais et du Québec ont en commun à cet égard – n’a jamais vraiment été posée, alors qu’elle est plus directement liée à l’objet de la loi. 

La sécularisation du vivre-ensemble? 

L’un des principaux objectifs de la loi québécoise sur la laïcité de l’État est de proposer une conception du vivre ensemble dans un contexte de diversité culturelle et religieuse qui soit représentative du « génie québécois ». En ce sens, sa vision se distingue du multiculturalisme, plus généralement admis au Canada anglais, et même inscrit dans la Constitution canadienne. 

Quelle est cette conception ? On pourrait dire qu’elle découle d’une vision républicaine de la société, caractéristique de la culture française moderne, dont le Québec tire nombre de ses modes de représentation. Elle vise à construire une société qui, sans effacer les particularités individuelles et la liberté de conscience, cherche à produire un ethos commun, un socle partagé de principes d’où découle une pratique sociale caractérisée par une certaine unité. 

À l’influence du régime républicain à la française, qui a longtemps joui d’un certain prestige dans les milieux intellectuels d’avant-garde au Québec, s’ajoute sans doute le souvenir d’une société québécoise caractérisée par des piliers d’unité culturelle, principalement la langue française et la religion catholique. Le second terme de ce binôme s’est progressivement effacé de la vie publique depuis la modernisation active de la société québécoise dans les années 1960, jusqu’à ce que la religion devienne un repoussoir dans les représentations populaires. 

Or, la société se diversifiant sur le plan ethnique et religieux dans un contexte de mondialisation – marqué par une augmentation des flux migratoires et une diminution concomitante des naissances – cette unité de longue date, caractéristique de la société québécoise, tend à s’estomper. Si les Québécois restent préoccupés par leur être collectif, ils ont récemment appris à le voir en termes de négation de la religion dans la vie publique, faute d’un principe unificateur positif et cohérent. 

À l’évidence d’une diversité religieuse croissante s’oppose un réflexe, caractéristique d’une société qui se veut proprement moderne : celui de lutter contre le retour de la religion. Ce retour, au Québec, se manifeste notamment par la pratique de l’islam dans les communautés migrantes, notamment en provenance du Moyen-Orient. 

L’idéal multiculturel de la diversité

L’expérience du Canada anglais et son rapport à la diversification religieuse sont, à cet égard, fondamentalement différents. Historiquement articulé autour d’un noyau dur de colons anglais, acquis au protestantisme et largement constitué de loyalistes ayant quitté la République américaine naissante, le Canada anglais s’est rapidement diversifié et articulé autour d’une tout autre conception de la gestion de la diversité culturelle et religieuse, une conception que l’on pourrait dire à la fois libérale, individualiste et multiculturelle. 

Cette conception est libérale parce qu’elle valorise avant tout la liberté de choix, ou licence, notamment en ce qui concerne la question religieuse. Elle est individualiste, car elle suppose que les pratiques religieuses, et même culturelles, ne relèvent pas de l’État et, en ce sens, n’ont pas de rapport direct avec le bien commun, si tant est que la question du bien commun se pose. 

Enfin, elle est multiculturaliste parce qu’elle favorise le développement d’une forme de mosaïque culturelle, où règne la différence et où la construction active d’un monde de représentation commun et partagé se limite, pour l’essentiel, à l’adhésion à un ensemble de principes juridiques visant à protéger les libertés individuelles. 

Des idéaux en confrontation…

D’un point de vue légal, juridique et constitutionnel, le multiculturalisme, ainsi décrit, règne et constitue le principe suprême de la gestion de la diversité religieuse et culturelle au Canada. La loi québécoise sur la laïcité de l’État est, en un certain sens, un acte de contestation de ce régime multiculturel, un acte qui s’inscrit dans les débats post-référendaires sur l’avenir de la société québécoise dans l’État canadien. Soulignons cependant que pour nombre de sympathisants de la laïcité républicaine, la loi 21 dans son état actuel ne représente qu’une simple accommodation dans le cadre des dispositions constitutionnelles canadiennes, plutôt qu’un véritable acte législatif de contestation. 

De manière générale cependant, de nombreux penseurs québécois de la laïcité comprennent leur projet de cette manière et, surtout, c’est ainsi qu’il est compris par ses opposants, qui le voient, précisément et de manière caractéristique, comme un régime discriminatoire. En ce sens, on pourrait dire que ces deux régimes de gestion de la diversité culturelle sont chacun représentatifs de différences importantes qui subsistent entre la société québécoise et la société canadienne dans son ensemble et en un sens, c’est vrai. 

Qui se ressemblent plus qu’il n’y paraît

Or, ces débats cachent, à mon avis, une proximité qui se dissimule à la vue de tous. Ce dont il est réellement question, lorsqu’on parle d’une loi sur la laïcité de l’État – et à cet égard l’expérience historique de la République en France est éloquente – c’est de la place de la religion dans la société. 

Quelle que soit l’intention des promoteurs de ce régime au Québec, la laïcité à la française a fondamentalement pour objectif d’exclure la représentation religieuse de l’action collective, et même pour certains de l’espace public. On pourrait affirmer que le multiculturalisme caractéristique du régime canadien vise aussi l’effacement du religieux, mais par un effet de banalisation. 

Ce que la laïcité rejette par une action prohibitive, dont la loi québécoise est ici un exemple assez modéré, est toléré dans un régime multiculturel, mais dans un contexte de relativisation. En encourageant l’expression de la différence individuelle et collective, qu’elle soit religieuse, ethnique ou communautaire, le multiculturalisme canadien envoie un message : aucun de ces discours n’est véritablement significatif pour la communauté politique, aucun de ces discours ne concerne la collectivité. Au contraire, la société multiculturelle se fonde sur le droit à la différence et à la représentation, mais certainement pas sur l’adhésion à des principes communs substantiels – par-delà la contingence de la langue et des identités culturelles ou nationales. 

Des limites qui se répondent 

On pourrait dire qu’en termes d’effets sur la liberté de religion, de conscience et de croyance, le multiculturalisme canadien est préférable, d’un point de vue catholique, à la laïcité québécoise. Les évêques du Québec ont d’ailleurs exprimé certaines réserves à l’égard de ce projet, qui, comme c’est souvent le cas, n’ont pas été entendues. C’est qu’en filigrane de ces deux visions de la gestion de la diversité se trouve l’idée qu’en fait, les évêques n’ont rien à voir avec la poursuite d’un bien commun substantiel, s’il en est. 

Il est clair aussi, et la doctrine sociale de l’Église l’indique de façon indiscutable, qu’une conception de la vie collective fondée uniquement sur la protection des libertés individuelles de chacun en toutes circonstances n’est pas viable. Elle n’est pas viable du point de vue politique, parce que la fin de la vie commune ne peut être réduite de cette manière, au point de perdre de vue l’horizon du bien commun. 

Or, elle n’est pas plus viable d’un point de vue spirituel. En effet, le bien commun ne se réduit pas à la protection contre la violence et l’injustice, ou à l’administration des ressources et à l’allocation des moyens de subsistance. Au contraire, le bien commun est aussi spirituel, et les acteurs de la vie publique doivent être capables de poursuivre le bien commun spirituel dans les contextes donnés et les situations particulières. 

Promouvoir la doctrine sociale dans son unité 

La conception républicaine de la laïcité comprend le caractère commun du phénomène religieux, même si elle vise, d’une manière, à l’effacer. La conception multiculturelle comprend l’importance de la liberté religieuse, mais en banalise le sens par son relativisme. Toutes deux sont en contradiction avec la doctrine sociale de l’Église, sous un certain rapport. Cela ne veut pas dire, cependant, que leurs effets immédiats soient également dommageables. 

Une fois de plus, les catholiques n’ont pas de choix facile. Les séparations de la politique moderne laissent les électeurs catholiques divisés intérieurement par des choix qui déchirent l’unité de la doctrine sociale de l’Église, elle qui comprend à la fois le caractère spirituel du bien commun et l’importance de la liberté de conscience pour le développement d’une foi authentique. Ces difficultés ne diminuent pas l’importance de l’exercice civique, bien au contraire. Elles illustrent l’importance du vote de chacun et la liberté politique fondamentale des catholiques.

 

Le monde réenchanté

(Image : courtoisie de Wikimedia)

La semaine dernière, j’ai passé en revue The Religion of the Apostles : Orthodox Christianity in the First Century, le récent ouvrage du père Stephen De Young, prêtre de l’archidiocèse orthodoxe antiochien d’Amérique du Nord. Cette semaine, j’aimerais partager quelques réflexions sur l’impact que ce livre et d’autres efforts connexes ont eu sur ma vie.

J’ai découvert l’ouvrage et son auteur par le biais d’un balado que le père De Young co-anime, intitulé The Lord of Spirits. Dans ce qui est aussi une émission de radio en direct, les animateurs prennent les appels d’auditeurs et discutent généralement des réalités du « monde invisible ». Si vous vous intéressez aux saints, aux anges, aux démons, aux dieux, aux géants et aux discussions approfondies sur le livre d’Hénoch, cette émission est faite pour vous.

Ce balado met en évidence l’érudition extraordinaire du père Stephen De Young, dont la connaissance de la littérature et des langues bibliques et para-bibliques est, pour le moins, inhabituelle. Avec son co-animateur, le père Andrew Stephen Damick – bien connu comme animateur du balado Amon Sûl, qui aborde le Légendaire de Tolkien à la lumière de la foi chrétienne orthodoxe – le père De Young présente au public une riche compréhension cosmologique de la foi chrétienne, qui, selon lui, a été préservée dans l’Église orthodoxe.

Bien qu’il existe certaines différences importantes entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe, il demeure pertinent pour les catholiques de prêter attention à ce que cette dernière tradition a à offrir. Les divisions les plus profondes entre le catholicisme et l’orthodoxie tournent généralement autour de l’ecclésiologie plutôt que de compréhensions différentes des fondements de la foi chrétienne. Aussi, l’espoir d’un futur rapprochement semble s’enraciner dans la proximité relative – du moins perçue – de la foi telle qu’elle s’exprime dans ces deux institutions distinctes, dont la désunion est déterminée en particulier par une compréhension différente de l’autorité de l’évêque de Rome sur le corps mystique du Christ.

Je crois aussi que dans une société comme celle dans laquelle nous vivons, de bons arguments sur l’authenticité de la foi chrétienne en général ne sont jamais de trop.

Par-dessus tout, je voudrais partager l’expérience que j’ai vécue en exposant mon esprit au travail de ces deux prêtres. Venant, comme beaucoup d’entre nous, d’un milieu matérialiste aride et vivant, comme nous tous, dans une société individualiste et libérale, j’ai été séduit par la remarquable complexité, richesse et profondeur de ce que peut être une compréhension authentiquement chrétienne du cosmos, dans toute sa hiérarchie magnifiquement ornementée d’êtres et de réalités matérielles, hybrides et spirituelles. En ce sens, les travaux des Pères De Young et Damick ont approfondi ma compréhension de certains des aspects plus mythiques des Saintes Écritures, sans réduire leur signification à des fins poétiques ou allégoriques.

Dans son infinie sagesse, la tradition latine et occidentale du christianisme a, depuis ses débuts, cherché à comprendre la foi et à développer des moyens, notamment à travers la philosophie, d’améliorer et d’affiner nos façons de contempler et de parler de Dieu. Dans le meilleur des cas, c’est la pratique de certains de nos plus grands mystiques, comme saint Thomas d’Aquin et bien d’autres.

Pourtant, dans notre contexte moderne, et souvent malgré les avertissements de l’Église, nous avons été tentés de séparer cette pratique de la vision cosmique qu’elle espérait refléter, et nous nous sommes, dans certains cas, isolés devant Dieu et privés de la Création dans sa totalité. Ceci, en soi, n’est pas l’enseignement de l’Église catholique romaine, bien que nous puissions être tentés d’agir comme si c’était le cas.

En tant que chrétiens, nous ne sommes pas appelés à acquiescer aveuglément au matérialisme pâle et superficiel souvent caractéristique de notre époque, nous contentant de confesser notre amitié avec Jésus au milieu des ruines apparentes de son Royaume. Oui, nous sommes appelés à un esprit d’espérance et à une attitude joyeuse, mais pour y parvenir vraiment et pour donner un sens à la foi que nous confessons dans toute la mesure de ses implications, nous devons être témoins de la profonde « bizarrerie » de notre foi pour le monde dans lequel nous avons été appelés à vivre.

Ce sentiment de bizarrerie, que l’on peut ressentir lorsque nous discutons sans retenue des anges, des démons, des géants et des dieux, aurait été étranger aux premiers témoins du Christ, insiste le père Stephen De Young. En fait, d’un point de vue historique, c’est la normalité matérialiste d’aujourd’hui qui est profondément inhabituelle.

Je ne prétends pas avoir absorbé tout ce que les pères De Young et Damick ont à dire dans leurs livres et balados respectifs, malheureusement seulement disponibles en anglais. Je laisse la théologie de tout cela à d’autres recherches, discussions et études approfondies. Mais dans la mesure où ils nous aident à dépasser le « moi isolé » – un concept développé par Charles Taylor, le célèbre philosophe catholique canadien, notamment pour parler de l’appauvrissement de notre perspective sur les réalités spirituelles – je pense que leur travail est précieux et vaut la peine d’être écouté et lu.

J’aimerais voir plus de catholiques essayer de faire de même. Je pense que nous avons tout ce qu’il faut dans notre Tradition pour le faire d’une manière qui soit fidèle, belle, bonne et vraie.

Père Olivier Maire: témoin crédible de la vérité du ciel

(Image: Courtoisie KTO TV) Lundi dernier 9 août 2021, était retrouvé mort le père Olivier Maire s.m.m. dans son couvent de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Ce prêtre régulier de l’Ordre des missionnaires Montfortains a été assassiné par un homme reconnu comme fortement perturbé et dont les antécédents (il s’était avoué responsable de l’incendie criminel de la cathédrale de Nantes) lassaient présager le pire. Sans entrer dans le débat sur les éventuelles fautes ou erreurs de jugement des autorités civiles impliquées, il est opportun de réfléchir sur la figure et les motivations du père Olivier Maire s.m.m. qui en font désormais un exemple pour nous tous.

Fidèle fils de saint Louis-Marie Grignon de Montfort (1673-1716)

Depuis la mort du père Olivier Maire, les témoignages élogieux ne manquent pas. Tous s’accordent pour dire combien cet homme âgé de 60 ans était un fidèle fils du fondateur de son ordre et comment sa vie entière trouvait en lui son inspiration. De fait, l’une des caractéristiques du missionnaire breton n’était-elle pas cette audace qui, souvent sans égards aux formalités humaines, marque ceux qui prennent l’Évangile au sérieux. Comme l’affirmait le saint missionnaire breton dans son Traité de la Vraie dévotion à la Sainte Vierge :

Enfin, nous savons que ce seront de vrais disciples de Jésus-Christ, qui marchant sur les traces de sa pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseignant la voie étroite de Dieu dans la pure vérité, selon le saint Évangile, et non selon les maximes du monde, sans se mettre en peine ni faire acception de personne, sans épargner, écouter ni craindre aucun mortel, quelque puissant qu’il soit. (no59).

Les circonstances entourant son assassinat qui font toujours l’objet d’une enquête approfondie, nous permettent déjà de voir sa grande fidélité au Dévot de Marie. En effet, le père Maire s.m.m. avait, dans une décision éclairée, accepté d’accueillir celui qui allait devenir son assassin. Conscient du risque que représentait l’accueil d’une personne aussi instable, il avait tout même consenti à en prendre soin. Alors que certains seront tentés d’y voir de la « naïveté », nous chrétiens, pouvons aller plus loin en y voyant le don d’une vie qui ne fait « acception de personne […] ni ne craint aucun mortel ». Devant ces incompréhensions, nous devons toujours garder en tête ce verset du Nouveau-Testament: « Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes » (1 Cor, 23). Par son exemple, nous sommes donc appelés à regarder en face cette vérité de plus en plus dure à comprendre : il existe des biens dont la valeur implique le risque de l’ultime sacrifice.

Aller au-delà de nous-mêmes

Offrir librement sa vie pour Dieu au service des autres est évidemment un non-sens pour notre monde actuel (cela a peut-être été toujours le cas…). En effet, la société de consommation nous assaille d’invitations à satisfaire sans retenue le moindre de nos caprices. Prétendant, souvent jusqu’à l’absurde, assouvir l’ensemble de nos désirs, notre monde cultive en nous l’illusion d’une vie sans limite et sans égards à ce qui nous est extérieur. La culture hédoniste depuis 70 ans ne nous laisse-t-elle pas aujourd’hui devant un vide existentiel au goût amer et face à des problèmes écologiques sans précédent ? Dans ce contexte, l’exemple du père Maire nous est, plus que jamais, utile.

Par le don de lui-même jusqu’à la « folie de la croix » ne nous invite-t-il pas à reconnaître que tout ne se résume pas au bien-être physique ? Ne nous dit-il pas que le Bien principal, Celui pour lequel nous sommes fait ne peut souffrir aucun commerce ? Par le risque de l’accueil inconditionnel, Olivier Maire ne nous laisse-t-il pas en héritage la certitude que le bonheur se trouve au-delà de cette vie ? Balayant du revers de la main les fausses philosophies hédonistes et consuméristes, son sacrifice est donc une preuve tangible que le véritable bonheur se trouve dans le don total de soi. Telle est la clef de l’éternité. En ce sens, par le don de sa vie, ce religieux rend crédible au monde entier les promesses de la vie éternelle en Jésus-Christ.

La mort n’aura pas le dernier mot

Alors que la fin de la pandémie est désormais perceptible à vue d’œil, nous allons bientôt entrer dans une période d’intenses examens rétrospectifs des attitudes et solutions mises de l’avant durant cette crise. Il sera bien entendu facile de juger à posteriori de ce qu’il aurait fallu faire ou éviter. Toutefois, il est désormais évident que les réactions personnelles et sociales auraient pu bénéficier d’une relation plus saine avec la mort. En ce sens, l’héroïcité de la vie du père Oliver Maire s.m.m. peut être considérée comme le signe de Dieu nous invitant à reconnaître, d’un côté, notre propre finitude et, de l’autre, que sa Présence indéfectible nous rend « plus fort que la mort ». À l’exemple du saint pape Jean-Paul II, celui-là même qui s’était laissé inspirer par saint Louis-Marie Grignon de Montfort dans le choix de sa devise Totus Tuus, laissons-nous convaincre et transformer par cette exhortation à la confiance absolue en la vie éternelle. En communion avec le père Olivier Maire et saint Jean-Paul ll, revêtons-nous de cette grâce du courage et proclamons à toute l’humanité « N’ayez pas peur ».

Vous pouvez visionner la Veillée de prière pour le Père Olivier Maire telle que transmise par KTO TV

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