Prier avec le pape François Réflexion – Avril 2024

Mes frères et sœurs : En ce mois d’avril, le pape François nous invite à prier pour le rôle des femmes; prions pour que la dignité et la richesse des femmes soient reconnues dans toutes les cultures et que cessent les discriminations dont elles sont victimes dans différentes parties du monde.

Au cœur de l’intention de prière de ce mois se trouve la vérité chrétienne selon laquelle Dieu a créé l’homme et la femme à son image, qu’ils sont égaux en dignité en raison de leur ressemblance avec Dieu. La complémentarité entre l’homme et la femme dans le mariage signifie que personne ne doit dominer l’autre. 

Malheureusement, la dignité et la valeur que Dieu a conférées à une femme peuvent être bafouées de bien des manières. Cela peut être aussi banal que d’attendre que seules les femmes fassent les tâches ménagères ou que les hommes soient les seuls à avoir voix au chapitre dans les affaires importantes. 

Il existe des violations bien plus flagrantes de la dignité d’une femme. Par exemple, il y a des endroits dans le monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire une voiture, ce que nous prenons pour acquise. 

Pire encore, dans d’autres parties du monde, les femmes n’ont pas le droit de voter, leur voix étant étouffée. Il y a aussi celles qui n’ont même pas le droit d’avoir accès à l’éducation, simplement parce qu’elles sont des femmes. D’autres sont contraintes de se marier, et la liste est encore longue.

Ces exemples peuvent nous sembler lointains, mais ces violations de la dignité des femmes existent bel et bien. Défendre les femmes de cette manière, c’est reconnaître et respecter la dignité que Dieu leur a donnée. 

Cela nous incite à sortir de notre zone de confort, à ne pas nous contenter de compatir au sort des autres, mais à nous tenir aux côtés de ceux qui sont seuls et à être la voix de ceux qui n’en ont pas. Que Dieu vous bénisse aujourd’hui.

Regardez ici, les vidéos précédentes de Prier avec le pape François.

Les intentions du Pape pour les femmes victimes de violence

(Photo: courtoisie de Pixabay)

La tradition de transmettre au monde entier les intentions du pape existe depuis plus de 150 ans, mais depuis deux ans, une nouvelle initiative a été mise en place pour les promouvoir et les faire circuler: le Réseau Mondial de Prière du Pape. Par l’entremise d’une immersion dans le monde de l’internet et du vidéo, le Pape peut maintenant partager ses intentions sur des sujets qui nous concernent de près. Durant le mois de février, les intentions sont centrées sur les femmes victimes de violence. Le pape nous invite à prier ainsi: 

Prions pour les  femmes victimes de violence, afin qu’elles soient protégées par la société et que leurs souffrances soient prises en compte et écoutées. 

L’objectif de ces intentions est de nous faire reconnaître la présence et le soutien de Dieu en toutes circonstances ainsi que la force de la prière pour renforcer notre foi, notre capacité à faire le bien ainsi que notre unité en tant qu’Église du Christ.

Les femmes victimes de violence: qui sont-elles?

Le plus souvent, les femmes victimes de violence le sont aux mains des membres de leurs familles. L’ONU rapporte qu’environ 137 femmes par jour sont tuées par un membre de leur famille dans le monde. En 2017, 87 000 femmes ont été tuées intentionnellement, dont plus de la moitié par un conjoint ou un membre de leur famille. Ces femmes qui subissent de la violence sont donc prises au piège dans leur propre cercle intime. Ce ne sont pas des actes de violence au hasard ou liés au crime organisé ; ces mêmes gens censés vivre l’amour et la confiance avec ces femmes les trahissent et leur enlèvent la vie. 

Au Québec, on rapporte que 78% des cas de violence conjugale sont subis par des femmes. La violence que peuvent subir les hommes est généralement d’une nature tout à fait différente. Les femmes souffrent le plus en termes non seulement de violence conjugale, mais aussi de violence sexuelle, les deux formes de violence qui affectent l’intimité, la confiance, le sens de soi et de sa propre sécurité le plus profondément. 

L’ONU rapporte que 35% des femmes dans le monde ont déjà subi de la violence sexuelle. Au Canada, la proportion de femmes victimes de violence en général n’est qu’un peu plus élevée que celle d’hommes victimes de violence. Toutefois, quand on observe le taux de violence sexuelle, 29% de ce type de violence est subie par les femmes, contre 6% pour les hommes. Il faut ajouter que ces chiffres ne représentent que les cas déclarés c’est-à-dire, les femmes qui ont affronté le système de justice. Bien des femmes restent dans l’ombre par peur de représailles, de jugement ou tout simplement de voir leur cause abandonnée par faute de preuves matérielles. 

Justice et prière: des alliées insoupçonnées

Les systèmes de justice sont certes imparfaits. Il faut une force surnaturelle, qui touche le cœur des gens au plus profond d’eux-mêmes pour espérer changer les choses. Voilà où Dieu s’invite. La prière n’est pas un système alternatif dépourvu de tout impact sur nos sociétés. La prière est un outil puissant, car il nous permet d’actualiser le lien entre ciel et terre, entre Dieu et nous. Chaque fois que nous prions, nous nous tournons vers Dieu, nous lui faisons confiance pour soutenir l’œuvre du bien en ce monde. 

Le fait que le pape présente ces intentions à l’Église universelle n’est pas anodin non plus. Elles nous demandent de reconnaître que nous sommes pécheurs. Il y en parmi nous qui ont été victimes de violence, et d’autres qui ont été violents envers leur épouse. Le Pape nous invite ainsi à nous regarder nous-mêmes, à prier pour notre Église, pour tous ceux qui ont lancé des pierres à Marie Madeleine sans se demander si eux-mêmes n’avaient pas quelque chose à se reprocher d’abord. 

Le Christ a défendu une femme mal vue par la société et l’a sauvée in extremis de la violence qui allait s’abattre sur elle. Même si elle avait effectivement péché, il a préféré la pardonner et l’aimer, n’est-ce pas magnifique? Il savait qu’aucune femme, si pécheresse soit-elle, mérite ainsi la souffrance et le mal. Il nous enseigne aussi que le jugement n’est pas de notre ressort, mais du Sien. Nous sommes l’Église du Christ, et nous devons, comme lui, faire attention aux filles et femmes qui nous entourent, et, surtout, prendre soin de transmettre ce respect à nos fils.

Être dans le monde avec Dieu

Il est facile d’oublier que chaque relation, chaque interaction de nos vies est empreinte de la présence de Dieu. Bien sûr, nous sommes appelés à chercher le salut et à espérer entrer dans le Royaume des Cieux, mais nous sommes aussi dans le monde. Le mal existe, et personne en cette vie n’est épargné par sa présence, qui prend des formes parfois terribles. Prier Dieu pour le bien de toute l’humanité, mais tout particulièrement pour toutes celles qui souffrent de la main de ceux-là même qui devraient les chérir, voilà ce à quoi nous invite le pape François en ce mois de février. Ainsi, comme Dieu est avec nous dans cette prière, il sera aussi avec elles et avec ceux qui ont le pouvoir de changer les choses. 

Vous pouvez visionner le vidéo des intentions de prières du pape François du mois de février réalisé par le Réseau Mondial de Prière du Pape (Apostolat de la prière)
https://thepopevideo.org/?lang=fr

Chemin de Croix du Vendredi Saint avec le pape François : Méditations

(CNS photo/Paul Haring)

Vendredi Saint
La Passion du Seigneur

 

Chemin de Croix
Présidé par le pape François

 

Colisée de Rome, 19 avril 2019 

 

Médiations par Sœur Eugenia Bonetti
« Avec le Christ et avec les femmes sur le chemin de la croix »

40 jours sont maintenant passés depuis que, avec l’imposition des cendres, nous avons débuté le parcours du carême. Nous avons revécu aujourd’hui les dernières heures de la vie terrestre du Seigneur Jésus, jusqu’au moment où, suspendu sur la croix, il a crié son : « consummatum est », « tout est accompli ». Rassemblés en ce lieu, dans lequel des milliers de personnes ont subi dans le passé le martyre pour être restées fidèles au Christ, nous voulons maintenant parcourir ce « chemin douloureux » unis à tous les pauvres, aux exclus de la société et aux nouveaux crucifiés de l’histoire d’aujourd’hui, victimes de nos fermetures, des pouvoirs et des législations, de l’aveuglement et de l’égoïsme, mais surtout de notre cœur endurci par l’indifférence. Cette dernière, une maladie dont nous aussi, chrétiens, nous souffrons. Puisse la Croix du Christ, instrument de mort mais aussi de vie nouvelle, qui tient unis dans une étreinte terre et ciel, Nord et Sud, Est et Ouest, illuminer les consciences des citoyens, de l’Église, des législateurs et de tous ceux qui se réclament disciples du Christ, afin que la Bonne Nouvelle de la rédemption parvienne à tous.

 

Première station
Jésus est condamné à mort 

« Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7, 21) 

Réflexion : 

Seigneur, qui, plus que Marie ta Mère, a su être ton disciple ? Elle a accepté la volonté du Père même dans le moment le plus sombre de sa vie et, avec le cœur meurtri, elle est restée à tes côtés. Celle qui t’a engendré, porté dans son sein, accueilli dans les bras, nourri avec amour et accompagné durant ta vie terrestre, ne pouvait pas ne pas parcourir le même chemin du Calvaire et partager avec Toi le moment le plus dramatique et le plus douloureux de ton existence ainsi que de la sienne. 

Prière : 

Seigneur, combien de mamans encore aujourd’hui vivent l’expérience de ta Mère et pleurent pour le sort de leurs filles et de leurs fils ? Combien, après les avoir engendrés et leur avoir donné la vie, les voient souffrir et mourir de maladies, de manque de nourriture, d’eau, de soins médicaux et d’opportunités de vie et d’avenir ? Nous te prions pour ceux qui assument des rôles de responsabilité, afin qu’ils écoutent le cri des pauvres qui monte vers toi de toutes les parties du globe. Cri de toutes ces jeunes vies, qui, de diverses manières, sont condamnées à mort par l’indifférence engendrée par des politiques exclusives et égoïstes. Qu’à aucun de tes enfants ne manquent le travail et le nécessaire pour une vie honnête et digne. 

Prions ensemble en disant…
“ Seigneur, aide-nous à faire ta volonté ” :
Dans les moments de difficulté et d’abattement,
Dans les moments de souffrance physique et morale,
Dans les moments d’obscurité et de solitude. 

 

Deuxième station
Jésus prend la croix

 « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive »(Lc 9, 23) 

Réflexion : 

Seigneur Jésus, il est facile de porter le crucifix au cou ou de l’accrocher comme ornement sur les murs de nos belles cathédrales ou de nos maisons, mais il n’est pas aussi facile de rencontrer et de reconnaître les nouveaux crucifiés d’aujourd’hui : les sans domicile fixe, les jeunes sans espérance, sans travail et sans perspective, les immigrants contraints à vivre dans les baraques aux confins de nos sociétés, après avoir affronté des souffrances inouïes. Malheureusement ces campements, sans sécurité, sont brûlés et rasés, ainsi que les rêves et les espérances de milliers de femmes et d’hommes marginalisés, exploités, oubliés. Combien d’enfants subissent la discrimination à cause de leur provenance, de la couleur de leur peau ou de leur classe sociale ! Combien de mamans endurent l’humiliation de voir leurs enfants ridiculisés et exclus des opportunités de ceux qui ont le même âge et leurs compagnons d’école. 

Prière : 

Nous te rendons grâce, Seigneur, parce que tu nous donné l’exemple par ta vie de la façon dont se manifeste l’amour vrai et désintéressé pour le prochain, particulièrement pour les ennemis ou simplement pour celui qui n’est pas comme nous. Seigneur Jésus, combien de fois, nous aussi, comme tes disciples, nous nous sommes déclarés ouvertement tes adeptes durant le temps où tu faisais des guérisons et des prodiges, quand tu nourrissais la foule et pardonnais les péchés. Mais cela n’a pas été aussi facile de te comprendre quand tu parlais de service et de pardon, de renoncement et de souffrance. Aide-nous à savoir mettre toujours notre vie au service des autres. 

Prions ensemble en disant…
“ Seigneur, aide-nous à espérer ” :
Quand nous nous sentons abandonnés et seuls,
Quand il est difficile de suivre tes pas,
Quand le service des autres devient difficile. 

 

Troisième station
Jésus tombe pour la première fois 

« En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé » (Is 53,4).

Réflexion : 

Seigneur Jésus, sur la route escarpée qui conduit au Calvaire, tu as voulu expérimenter la fragilité et la faiblesse humaine. Que serait l’Église aujourd’hui sans la présence et la générosité de tant de volontaires, les nouveaux samaritains du troisième millénaire ? Dans une nuit glaciale de janvier, sur une route, à la périphérie de Rome, trois Africaines, un peu plus grandes que des enfants, blotties à même le sol, réchauffaient leurs jeunes corps à moitié nus autour d’un brasier. Quelques jeunes adolescents, pour s’amuser, passant en voiture, ont jeté des matériaux inflammables sur le feu, les brûlant gravement. Au même moment, l’une des nombreuses unités routières de volontaires est passée par là et est venue à leur secours en les transportant à l’hôpital, pour ensuite les accueillir dans une maison de famille. Combien de temps a-t-il été et sera-t-il nécessaire pour que ces filles guérissent non seulement des brûlures de leurs membres, mais aussi de la douleur et de l’humiliation de se retrouver avec un corps mutilé et défiguré pour toujours ? 

Prière : 

Seigneur, nous te rendons grâce pour la présence de tant de nouveaux samaritains du troisième millénaire qui, encore aujourd’hui, vivent l’expérience de la rue, se penchant avec amour et compassion sur les nombreuses blessures physiques et morales de celui qui, chaque nuit, vit la peur et la terreur de l’obscurité, de la solitude et de l’indifférence. Seigneur, malheureusement, tant de fois aujourd’hui, nous ne savons plus percevoir celui qui est dans le besoin, voir celui qui est blessé et humilié. Souvent, nous revendiquons nos droits et nos intérêts, mais nous oublions ceux des pauvres et ceux des derniers de la file. Seigneur, fais- nous la grâce de ne pas rester insensibles à leurs pleurs, à leurs souffrances, à leur cri de douleur pour que, à travers eux, nous puissions te rencontrer.  

Prions ensemble en disant…
“Seigneur, aide-nous à aimer ” :
Quand il est difficile d’être des samaritains,
Quand nous avons du mal à pardonner,
Quand nous ne voulons pas voir les souffrances des autres. 

 

Quatrième station
Jésus rencontre Marie Sa Mère 

« Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre » (cf. Lc 2, 35) 

Réflexion : 

Marie, le vieux Syméon t’avait prédit, quand tu as présenté le petit Jésus au temple pour le rite de la purification, qu’une épée transpercerait ton cœur. Maintenant, c’est le moment de renouveler ton fiat, ton adhésion à la volonté du Père même si accompagner un fils au supplice, traité comme un malfaiteur, provoque une douleur insupportable. Seigneur, prends pitié des nombreuses, trop nombreuses mamans qui ont laissé partir leurs jeunes filles vers l’Europe dans l’espérance d’aider leurs familles vivant dans la pauvreté extrême, alors qu’elles ont trouvé humiliations, mépris et parfois aussi la mort. Comme la jeune Tina[1], tuée d’une manière barbare sur la route à seulement 20 ans, laissant une fillette de quelques mois. 

Prière : 

Marie, en ce moment, tu vis le même drame de nombreuses mères qui souffrent pour leurs enfants qui sont partis vers d’autres pays dans l’espérance de trouver des opportunités pour un avenir meilleur pour eux et leurs familles, mais qui, malheureusement, sont confrontés à l’humiliation, au mépris, à la violence, à l’indifférence, à la solitude et même à la mort. Donne-leur force et courage. 

Prions ensemble en disant…
“Seigneur, fais que nous sachions donner toujours soutien et réconfort, et être présents pour offrir un appui ” :
Pour consoler les mamans qui pleurent le sort de leurs enfants,
Pour celui qui, dans la vie, a perdu toute espérance,
Pour celui qui, chaque jour, subit violence et mépris. 

 

Cinquième station
Le Cyrénéen aide Jésus à porter la croix 

« Portez les fardeaux les uns des autres : ainsi vous accomplirez la loi du Christ » (Ga 6, 2) 

Réflexion : 

Seigneur Jésus, sur le chemin du Calvaire, tu as ressenti le poids et la fatigue de porter cette rugueuse croix de bois. En vain, tu as espéré le geste d’aide de la part d’un ami, de l’un de tes disciples, de l’une des nombreuses personnes dont tu as soulagé les souffrances. Malheureusement, seulement un inconnu, Simon de Cyrène, par obligation, t’a donné un coup de main. Où sont-ils aujourd’hui les nouveaux cyrénéens du troisième millénaire ? Où les trouvons-nous ? Je voudrais rappeler l’expérience d’un groupe de religieuses de différentes nationalités, provenances et appartenances avec lesquelles, depuis plus de dix-sept années, chaque samedi, nous visitons à Rome un centre pour femmes immigrées dépourvues de papiers, des femmes, souvent jeunes, dans l’attente de connaître leur destin, un équilibre instable entre expulsion et possibilité de rester. Que de souffrances nous rencontrons, mais aussi que de joies chez ces femmes se trouvant devant des religieuses provenant de leurs pays, qui parlent leurs langues, qui essuient leurs larmes, qui partagent des moments de prière et de fête, qui rendent moins durs les longs mois vécus entre barres de fer et asphaltes en béton ! 

Prière : 

Pour tous les cyrénéens de notre histoire. Afin que ne diminue jamais en eux le désir de t’accueillir sous l’apparence des derniers de la terre, conscients qu’en accueillant les derniers de notre société, nous t’accueillons. Que ces samaritains soit porte-paroles des sans-voix. 

Prions ensemble en disant…
“Seigneur, aide-nous à porter notre croix ” :
Quand nous sommes fatigués et découragés,
Quand nous ressentons le poids de nos faiblesses,
Quand tu nous demandes de partager les souffrances des autres. 

 

Sixième station
Véronique essuie le visage de Jésus 

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40) 

Réflexion : 

Pensons aux enfants, dans plusieurs parties du monde, qui ne peuvent pas aller à l’école et qui sont, au contraire, exploités dans les mines, les plantations, la pêche, vendus et achetés par les trafiquants de chair humaine, pour les transplantations d’organes, mais aussi utilisés et exploités sur nos routes par plusieurs, chrétiens y compris, qui ont perdu le sens du caractère sacré des autres et d’eux-mêmes. Comme une mineure au petit corps gracieux, rencontrée une nuit à Rome, que des hommes à bord de voitures luxueuses, exploitaient à tour de rôle. Et pourtant, elle pouvait avoir l’âge de leurs filles… Quel déséquilibre peut créer cette violence dans la vie de nombreuses jeunes filles qui expérimentent seulement l’abus, l’arrogance et l’indifférence de celui qui, nuit et jour, les cherche, les utilisent, les exploitent pour ensuite les jeter de nouveau sur la route en proie au prochain marchand de vies ! 

Prière : 

Seigneur Jésus, rends limpides nos yeux pour que nous sachions découvrir ton visage dans nos frères et sœurs, en particulier dans tous ces enfants qui, dans plusieurs parties du monde, vivent dans l’indigence et dans le délabrement. Enfants privés de la possibilité du droit à une enfance heureuse, à une éducation scolaire, à l’innocence. Créatures utilisées comme des marchandises de peu de valeur, vendues et achetées à volonté. Seigneur, nous te prions d’avoir pitié et compassion de ce monde malade et de nous aider à redécouvrir la beauté de notre dignité et de celle des autres comme êtres humains, créés à Ton image et ressemblance. 

Prions ensemble en disant…
“Seigneur, aide-nous à voir ” :
Le visage des enfants innocents qui demandent de l’aide,
Les injustices sociales,
La dignité que chaque personne porte en soi et qui est piétinée. 

 

Septième station
Jésus tombe pour la deuxième fois 

« Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas, mais il s’abandonnait à Celui qui juge avec justice » (1P 2, 23) 

Réflexion : 

Combien de vengeances dans notre temps ! La société actuelle a perdu la grande valeur du pardon, don par excellence, soin pour les blessures, fondement de la paix et de la coexistence humaine. Dans une société où le pardon est vécu comme une faiblesse, Toi, Seigneur, tu nous demandes de ne pas nous arrêter à l’apparence. Et tu ne le fais pas avec les paroles, mais plutôt par l’exemple. A celui qui te harcèle, tu réponds : « Pourquoi me persécutes-tu ? », sachant bien que la justice vraie ne peut jamais se baser sur la haine et sur la vengeance. Rends-nous capables de demander et de donner le pardon. 

Prière : 

« Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Seigneur, Toi aussi, tu as ressenti le poids de la condamnation, du refus, de l’abandon, de la souffrance infligée par des personnes qui t’avaient rencontré, accueilli et suivi. Dans la certitude que le Père ne t’avait pas abandonné, tu as trouvé la force d’accepter sa volonté en pardonnant, en aimant et en offrant espérance à celui qui, comme Toi aujourd’hui, marche sur la même route de l’insulte, du mépris, de la dérision, de l’abandon, de la trahison et de la solitude. 

Prions ensemble en disant…
“Seigneur, aide-nous à réconforter ” :
Celui qui se sent offensé et insulté,
Celui se sent trahi et humilié,
Celui qui se sent jugé et condamné. 

 

Huitième station
Jésus rencontre les femmes 

« Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! » (Lc 23, 28). 

Réflexion : 

La situation sociale, économique et politique des migrants et des victimes de la traite d’êtres humains nous interpelle et nous secoue. Nous devons avoir le courage, comme l’affirme avec force le Pape François, de dénoncer la traite d’êtres humains comme un crime contre l’humanité. Nous tous, surtout les chrétiens, nous devons grandir dans la conscience que nous sommes tous responsables du problème et que nous pouvons et devons tous faire partie de la solution. À tous, mais surtout à nous les femmes, il faut le défi du courage. Le courage de savoir voir et d’agir, individuellement et collectivement. Ce n’est qu’en unissant nos pauvretés qu’elles pourront devenir une grande richesse, capable de changer la mentalité et de soulager les souffrances de l’humanité. Le pauvre, l’étranger, celui qui est différent ne doit pas être vu comme un ennemi à repousser ou à combattre mais, plutôt, comme un frère ou une sœur à accueillir et à aider. Ils ne sont pas un problème, mais au contraire une précieuse ressource pour nos villes fermées où le bien-être et la consommation n’allègent pas la lassitude et la fatigue croissantes. 

Prière : 

Seigneur, apprends-nous à avoir ton regard. Ce regard d’accueil et de miséricorde avec lequel tu vois nos limites et nos peurs. Aide-nous à regarder ainsi les divergences d’idées, d’habitudes, de vues. Aide-nous à reconnaître que nous faisons partie de la même humanité et à promouvoir des chemins audacieux et nouveaux d’accueil de la différence, pour faire ensemble communauté, famille, paroisse et société civile. 

Prions ensemble en disant…
“Aide-nous à partager la souffrance des autres” :
De celui qui souffre à cause de la mort de personnes chères.
De celui qui peine plus à demander de l’aide et du réconfort.
De celui qui a subi des abus et des violences. 

 

Neuvième station
Jésus tombe la troisième fois 

« Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche » (Is 53, 7). 

Réflexion : 

Seigneur, pour la troisième fois tu es tombé, épuisé et humilié, sous le poids de ta croix. Exactement comme beaucoup de jeunes filles, contraintes sur les routes par des groupes de trafiquants d’esclaves, qui ne résistent pas à la fatigue et à l’humiliation de voir leur propre corps jeune manipulé, abusé, détruit, avec leurs rêves. Ces jeunes femmes se sentent comme fragmentées : d’une part recherchées et utilisées, d’autre part repoussées et condamnées par une société qui refuse de voir ce type d’exploitation, causé par l’affirmation de la culture du jetable. Au cours de l’une des nombreuses nuits passées dans les rues de Rome, je cherchais une jeune récemment arrivée en Italie. Ne la voyant pas dans son groupe, je l’appelais avec insistance par son nom : ‘‘Mercy’’. Dans l’obscurité, je l’ai aperçue accroupie et endormie au bord de la route. À mon appel, elle s’est réveillée et m’a dit qu’elle n’en pouvait plus. ‘‘Je suis épuisée’’, répétait-elle… J’ai pensé à sa mère : si elle savait ce qui est arrivé à sa fille, elle pleurerait toutes ses larmes. 

Prière : 

Seigneur, que de fois nous as-tu adressé cette question gênante : ‘‘Où est ton frère ? Où est ta sœur ? ». Que de fois, nous as-tu rappelé que leur cri poignant était parvenu jusqu’à Toi ? Aide-nous à partager la souffrance et l’humiliation de tant de personnes traitées comme un rebut. C’est trop facile de condamner des êtres humains et des situations embarrassantes qui humilient notre fausse pudeur, mais il n’est pas si facile d’assumer nos responsabilités en tant qu’individus, gouvernements et aussi en tant que communautés chrétiennes. 

Prions ensemble en disant…
“Seigneur donne-nous force et courage pour dénoncer” :
Face à l’exploitation et à l’humiliation vécues par tant de jeunes,
Face à l’indifférence et au silence de beaucoup de chrétiens,
Face à des lois injustes et dénuées d’humanité et de solidarité. 

 

Dixième station
Jésus est dépouillé de ses vêtements 

« Revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience » (Col 3, 12). 

Réflexion :

Argent, bien-être, pouvoir. Ce sont les idoles de tous temps, également et surtout du nôtre, qui se vante d’énormes progrès dans la reconnaissance des droits de la personne. Tout peut s’acquérir, y compris le corps des mineurs, privés de leur dignité et de leur avenir. Nous avons oublié la centralité de l’être humain, sa dignité, sa beauté, sa force. Tandis que dans le monde s’élèvent des murs et des barrières, nous voulons rappeler et remercier ceux qui, dans divers rôles, ces derniers mois, ont risqué leur propre vie, surtout en Mer Méditerranée, pour sauver celle de nombreuses familles à la recherche de sécurité et d’opportunités : des êtres humains fuyant la pauvreté, les dictatures, la corruption, l’esclavage. 

Prière :

Aide-nous, Seigneur, à redécouvrir la beauté et la richesse que chaque personne et chaque peuple possèdent comme un don unique et irremplaçable provenant de Toi, à mettre au service de la société tout entière et non pour poursuivre des intérêts personnels. Nous te prions, Jésus, afin que ton exemple et ton enseignement de miséricorde et de pardon, d’humilité et de patience nous rendent un peu plus humains et, donc, plus chrétiens. 

Prions ensemble en disant…
“Seigneur, donne-nous un cœur débordant de miséricorde” :
Face à l’avidité du plaisir, du pouvoir et de l’argent,
Face aux injustices infligées aux pauvres et aux plus faibles,
Face au mirage d’intérêts personnels. 

 

Onzième station
Jésus est cloué sur la croix 

« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). 

Réflexion : 

Notre société proclame l’égalité en droits et en dignité de tous les êtres humains. Mais elle pratique et tolère l’inégalité. Elle en accepte même les formes les plus extrêmes. Des hommes, des femmes et des enfants sont achetés et vendus comme des esclaves par de nouveaux marchands d’êtres humains. Les victimes de la traite sont ensuite exploitées par d’autres individus, et finalement, jetées, comme des marchandises sans valeur. Que de personnes s’enrichissent en dévorant la chair et le sang des pauvres ! 

Prière : 

Seigneur, que de personnes sont aujourd’hui encore clouées sur une croix, victimes d’une exploitation inhumaine, privées de dignité, de liberté, d’avenir. Leur appel au secours nous interpelle comme hommes et femmes, comme gouvernements, comme société et comme Église. Comment est-il possible que nous continuions à te crucifier, en nous rendant complices de la traite d’êtres humains ? Donne-nous des yeux pour voir et un cœur pour sentir les souffrances de tant de personnes qui aujourd’hui encore sont clouées sur la croix par nos styles de vie et de consommation. 

Prions ensemble en disant…
“Seigneur, prends pitié” :
Des nouveaux crucifiés d’aujourd’hui répandus sur toute la terre,
Des puissants et des législateurs de notre société,
De celui qui ne sait pas pardonner et ne sait pas aimer. 

 

Douzième station
Jésus meurt sur la croix 

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34). 

Réflexion : 

Même toi, Seigneur, tu as senti sur la croix, le poids de la moquerie, de la dérision, des insultes, des violences, de l’abandon, de l’indifférence. Seule Marie, ta mère, et quelques autres femmes sont restées là, témoins de ta souffrance et de ta mort. Leur exemple nous inspire à nous engager à ne pas laisser seuls ceux qui sont en agonie aujourd’hui sur trop de calvaires répandus dans le monde, parmi lesquels figurent les camps d’hébergement semblables à des camps de concentration dans les pays de transit, les navires auxquels est refusé un port sûr, les longues négociations bureaucratiques concernant la destination finale, les centres de permanence, les points d’accès, les camps des travailleurs saisonniers. 

Prière : 

Seigneur, nous te prions : aide-nous à nous faire les prochains des nouveaux crucifiés et désespérés de notre temps. Apprends-nous à essuyer leurs larmes, à les réconforter comme ont su le faire Marie et les autres femmes au pied de ta croix. 

Prions ensemble en disant…
“Seigneur, aide-nous à donner notre vie” :
À ceux qui ont subi des injustices, la haine et la vengeance,
À ceux qui ont été injustement calomniés et condamnés,
À ceux qui se sentent seuls, abandonnés et humiliés. 

 

Treizième station
Jésus est descendu de la croix 

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 24). 

Réflexion : 

Qui se rappelle, en cette époque de nouvelles rapidement consumées, ces vingt- six nigérianes, englouties par les vagues, dont les funérailles ont été célébrées à Salerne. Leur calvaire a été dur et long. D’abord la traversée dans le désert du Sahara, entassées dans des bus de fortune. Ensuite, le séjour forcé dans les horribles centres d’hébergement en Libye. Enfin le saut en mer, où elles ont trouvé la mort aux portes de la ‘‘terre promise’’. Deux d’entre elles portaient dans leur sein le don d’une nouvelle vie, des enfants qui ne verront jamais le jour. Mais leur mort, comme celle de Jésus descendu de la croix n’a pas été vaine. Nous confions toutes ces vies à la miséricorde de notre Père et Père de tous, mais surtout Père des pauvres, des désespérés et des humiliés. 

Prière : 

Seigneur, en ce moment, nous entendons retentir encore une fois le cri que le Pape François a lancé à Lampedusa, destination de son premier voyage apostolique : « Qui a pleuré » ? Et maintenant, après d’innombrables naufrages, nous continuons de crier : « Qui a pleuré ? ». Qui a pleuré ?, nous demandons-nous face à ces vingt-six cercueils alignés et sur lesquels reposait une rose blanche ? Seules cinq parmi elles ont été identifiées. Avec ou sans nom, toutes, cependant sont nos filles et nos sœurs. Elles méritent toutes respect et mémoire. Elles nous demandent toutes de nous sentir responsables : institutions, autorités et nous aussi, dans notre silence et notre indifférence. 

Prions ensemble en disant…
“Seigneur, aide-nous à partager les pleurs” :
Face aux souffrances des autres,
Face à tous les cercueils sans nom,
Face aux pleurs de tant de mères

 

Quatorzième station
Jésus est mis au tombeau 

« Tout est accompli » (Jn 19, 30). 

Réflexion : 

Le désert et les mers sont devenus les nouveaux cimetières d’aujourd’hui. Face à ces morts, il n’y a pas de réponses. Il y a cependant des responsabilités. Des frères qui laissent d’autres frères mourir. Des hommes, des femmes, des enfants que nous n’avons pas pu ou voulu sauver. Tandis que les gouvernements discutent, enfermés dans les palais du pouvoir, le Sahara se remplit de cadavres de personnes qui n’ont pas résisté à la fatigue, à la faim, à la soif. Que de souffrance coûtent les nouveaux exodes ! Que de cruauté s’abat sur celui qui fuit : les voyages du désespoir, les extorsions et les tortures, la mer transformée en tombe d’eau. 

Prière : 

Seigneur, fais-nous comprendre que nous sommes tous enfants du même Père. Puisse la mort de ton Fils Jésus faire prendre conscience aux Chefs des nations et aux responsables des législations de leur rôle dans la défense de chaque personne créée à ton image et à ta ressemblance. 

CONCLUSION :

Nous voudrions nous rappeler l’histoire de la petite Favour, âgée de 9 mois, partie du Nigéria avec ses jeunes parents à la recherche d’un avenir meilleur en Europe. Durant le long et dangereux voyage en Méditerranée, sa maman et son papa sont décédés ainsi qu’une centaine de personnes qui avaient mis leur confiance en des trafiquants sans scrupules pour pouvoir parvenir à la “terre promise”. Seule Favour a survécu ; comme Moïse, elle a été, elle aussi, sauvée des eaux. Que sa vie devienne une lumière d’espérance sur le chemin vers une humanité plus fraternelle ! 

Prière : 

Au terme de ta Via Crucis, nous te prions, Seigneur, de nous apprendre à veiller, avec ta mère et les femmes qui t’ont accompagné au Calvaire, dans l’attente de ta résurrection. Qu’elle soit une lumière d’espérance, de joie, de vie nouvelle, de fraternité, d’accueil et de communion entre les peuples, les religions et les lois, afin que tous les fils et les filles de l’homme soient vraiment reconnus dans leur dignité de fils et filles de Dieu et ne soient plus jamais traités comme des esclaves.
Amen! 

Allocution du pape François lors de sa visite au centre de détention pour femmes de Santiago, Chili

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François lors de la visite au Centre de détention pour femmes de Santiago, Chili:

Chers sœurs et frères,
Merci pour l’occasion que vous m’offrez de pouvoir vous rendre visite; il est important pour moi de partager ce temps avec vous et de pouvoir être plus proche de beaucoup de nos frères qui aujourd’hui sont privés de liberté. Merci, Sœur Nelly, de vos paroles et surtout de témoigner que la vie triomphe toujours de la mort. Merci Janeth de vouloir partager, avec nous tous, tes douleurs et cette courageuse demande de pardon. Que de choses devons-nous apprendre de ton attitude de courage et d’humilité ! Je te cite : « Nous demandons pardon à tous ceux que nous avons blessés par nos délits ». Merci de nous rappeler cette attitude sans laquelle nous nous déshumanisons, nous perdons conscience du fait que nous nous trompons et que chaque jour nous sommes invités à prendre un nouveau départ.

À l’instant même me vient aussi à l’esprit la phrase de Jésus: «Celui […] qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter une pierre » (Jn 8, 7). Il nous invite à abandonner la logique simpliste de diviser la réalité entre bons et mauvais, pour entrer dans cette autre dynamique à même d’assumer la fragilité, les limites et y compris le péché, pour nous aider à aller de l’avant.

Quand j’entrais, deux mères m’attendaient avec leurs enfants et des fleurs. Ce sont elles qui m’ont souhaité la bienvenue, qu’on peut bien exprimer en trois mots : mères, enfants et fleurs.

Mère: beaucoup d’entre vous sont des mères et savent ce que signifie donner la vie. Vous avez su ‘‘porter’’ dans votre sein une vie et engendrer. La maternité n’est jamais ni ne sera jamais un problème, c’est un don, l’un des présents les plus merveilleux que vous puissiez faire. Aujourd’hui, vous vous trouvez devant un défi très semblable: il s’agit aussi de donner la vie. Aujourd’hui, on vous demande d’engendrer l’avenir. De le faire grandir, de l’aider à se développer. Non seulement pour vous, mais aussi pour vos enfants et pour la société tout entière. Vous, les femmes, vous avez une capacité incroyable de pouvoir vous adapter aux situations et d’aller de l’avant. Je voudrais en ce jour faire appel à cette capacité de faire naître l’avenir qui vit en chacune d’entre vous. Cette capacité qui vous permet de lutter contre les nombreux déterminismes ‘‘chosifiants’’ qui finissent par tuer l’espérance.

Être privé de liberté, comme tu le disais si bien Janet, n’est pas synonyme de perdre les rêves et l’espérance. Être privé de liberté, ce n’est pas la même chose que d’être privé de dignité. D’où la nécessité de lutter contre tout type de carcan, d’étiquette selon lesquels on ne peut pas changer, ou que cela ne vaut pas la peine, ou que tout revient au même. Chères sœurs, non! Tout ne revient pas au même. Chaque effort qui se fait pour lutter en vue d’un lendemain meilleur – même si bien des fois il semble tomber dans un sac troué – portera toujours des fruits et sera récompensé.

Le deuxième mot, c’est enfants: ils sont force, ils sont espérance, ils sont encouragement. Ils sont le souvenir vivant du fait que la vie se construit vers l’avenir et non vers le passé. Aujourd’hui tu es privée de liberté, mais cela ne signifie pas que cette situation marque la fin. D’aucune manière! Il faut toujours regarder l’horizon, vers l’avenir, vers la réinsertion dans la vie courante de la société. C’est pourquoi, je loue et invite à intensifier tous les efforts possibles pour que les projets comme l’Espace Mandela et la Fondation Femme, lève-toi puissent gagner en importance et se renforcer.

Le nom de la Fondation semble me rappeler cette scène de l’Évangile où beaucoup se moquaient de Jésus parce qu’il a dit que la fille du chef de la synagogue n’était pas morte, mais qu’elle dormait. Face aux moqueries, l’attitude de Jésus est pragmatique: en entrant là où elle était, il la prit par la main et lui dit: «Jeune fille, je te le dis, lève-toi» (Mc 5, 21). Ce genre d’initiatives constitue un signe vivant de ce Jésus qui entre dans la vie de chacun d’entre nous, qui va au-delà de toute moquerie, qui ne considère aucune bataille comme perdue, au point de nous prendre par la main et de nous inviter à nous lever. Qu’il est bon qu’il y ait des chrétiens et des personnes de bonne volonté qui suivent les traces de Jésus et qui sont déterminés à entrer et à être signe cette main tendue qui relève!

Nous savons tous que souvent, malheureusement, la peine de prison se réduit surtout à une punition, sans offrir des moyens adéquats afin de créer des processus. Et c’est mauvais. En revanche, ces espaces qui promeuvent des programmes de formation au travail et un accompagnement pour recoudre les liens sont un signe d’espérance et d’avenir. Aidons à ce qu’ils grandissent. Il ne faut pas réduire la sécurité publique à des mesures de contrôle accentué, mais et surtout, il faut l’édifier sur des mesures de prévention, sur le travail, sur l’éducation et en faisant grandir la communauté.

Et enfin, fleurs: je crois que c’est ainsi que la vie fleurit, que la vie parvient à nous offrir sa plus grande beauté ; quand nous arrivons à travailler de concert les uns avec les autres de sorte que la vie gagne, qu’elle dispose toujours davantage de possibilités. Avec ce sentiment, je voudrais bénir et saluer tous les agents pastoraux, volontaires, professionnels et, de manière spéciale, les fonctionnaires de la Gendarmerie ainsi que leurs familles. Je prie pour vous. Vous avez une tâche délicate et complexe, et pour cela j’invite les Autorités à ce qu’ils puissent vous offrir également les conditions nécessaires pour accomplir votre travail dans la dignité. Dignité qui engendre dignité.

À Marie, qui est Mère et dont nous sommes les enfants, dont vous êtes les filles, nous demandons d’intercéder pour vous, pour chacun de ses enfants, pour les personnes que vous portez dans vos cœurs, et de vous couvrir de son manteau. Et s’il vous plaît, je vous demande de ne pas oublier de prier pour moi.

Et ces fleurs que vous m’avez offertes, je les porterai à la Vierge au nom de vous toutes. De nouveau, merci!

[00054-FR.01] [Texte original: Espagnol]

Une poupée pour changer le monde?

Barbie

Toutes les vidéos dans cet article sont en anglais. 

Le plaisir de jouer avec des poupées n’est pas donné à toutes les filles. Mais pour certaines d’entre nous le bonheur d’avoir connu la compagnie d’une ou de plusieurs poupées restera à jamais gravé dans notre mémoire. Ce qui me ramène à mon enfance, c’est l’histoire d’une maman en Australie qui confectionne des poupées uniques à partir d’autres poupées usagées, un projet qu’elle a appelé Tree Change Dolls. Ce qui était au départ un « accident » est devenu un projet qui s’inscrit maintenant dans une nouvelle tendance pour dénoncer les standards de beauté élevés et l’hypersexualisation des femmes.

Depuis février dernier, Tree Change Dolls fait fureur sur les réseaux sociaux grâce à une vidéo dont l’australienne et créatrice du projet, Sonia Singh, est la star et où elle nous présente ses poupées Tree Change. Encore petite fille, Singh aimait beaucoup jouer avec des poupées. Maintenant adulte, c’est un plaisir qu’elle a retrouvé par surprise et qu’elle avoue ne pas avoir tout de suite dévoilé à d’autres. Alors qu’elle était en arrêt de travail, Singh a commencé à recréer des poupées usagées, qui ont d’habitude été des poupées Bratz. Elle les prenait donc sous son aile. Elle enlevait leur maquillage et leur donnait un nouveau visage tandis que sa mère leur confectionnait des vêtements. Encouragée par son mari, Singh a commencé à partager ses créations sur sa page Facebook. Comme elle le dit dans la vidéo, elle ne s’attendait pas à la réaction positive qu’elle a reçue. En effet, son histoire circulait rapidement sur internet. Elle est vite devenue une vedette pour des mamans partout dans le monde. Aujourd’hui Tree Change Dolls n’est plus seulement une marque de poupées. Tree Change représente un style nouveau de concevoir une poupée.

La tendance n’est pas nouvelle. La Barbie Lammily a vu le jour l’automne dernier après une campagne de « crowdfunding » au printemps précédent. C’est une poupée qui a les proportions de la femme moyenne aujourd’hui.  On a même l’option de lui donner des taches de rousseurs, de l’acné, des cicatrices et de la cellulite. (Regardez cette vidéo où des enfants du primaire aux États-Unis réagissent à la Barbie Lammily). Son créateur, Nikolay Lamm, comme Singh, ne s’attendait pas à une réaction aussi positive des gens. Son seul but était de proposer à la société une nouvelle définition de la beauté. C’est une définition qu’il puisait dans la réalité des femmes dans sa famille et de ses amies. Sur le site web de sa campagne, Lamm, explique que la réalité est « cool » puisque c’est tout ce que nous avons.

On ne se satisfait pas assez souvent dans le « tout ce que nous avons ». Dans une nouvelle publicité de Dove, fidèle à sa campagne « Real Beauty » qui a été lancée en 2004, on voit des femmes qui doivent passer soit par une porte qui détient l’enseigne « Belle » (Beautiful) soit par la porte « Moyenne » (Average). Quelle porte, croyez-vous, a été la plus utilisée? La majorité des femmes s’identifiaient à la porte « Moyenne », environ 96%. Ça veut dire qu’environ 96% des femmes croient en quelconques standards de beauté qu’elles ne détiendraient pas. Le fait d’être belle serait réservé à une élite. Mais  cette campagne nous montre aussi que dans les faits nous ne voyons pas la « moyenne » comme quelque chose qui a le mérite d’être beau.

Dans toute cette histoire de poupées ce sont les mères qui seront les vraies héroïnes. C’est ce qui m’a sauté le plus aux yeux lorsqu’une maman tire sa fille vers la porte Belle alors qu’elle allait prendre la porte Average. La confiance d’une autre femme en sa propre beauté – et je dirais plutôt en sa propre dignité – a beaucoup de pouvoir. Ce pouvoir est encore plus grand quand nos mères, qui sont nos premiers modèles, nous donnent l’exemple de ce que veut dire être une femme. Et chaque femme représente une forme unique de beauté par sa seule dignité. Et cette dignité vient d’abord de la notion que nous sommes aimées et voulues par Dieu : «Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait; et voici : cela était très bon » (Genèse 1, 31). Les poupées Tree Change ou Lammily nous apprennent au moins une chose sur la beauté féminine… elle est donnée à chacune avant même l’invention du maquillage.

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