Prier avec le pape Réflexion – Juillet 2025

Mes frères et sœurs : En ce mois de juillet, le Saint-Père nous invite à prier pour que nous apprenions à être toujours plus en mesure de discerner, pour choisir des chemins de vie et rejeter tout ce qui nous éloigne du Christ et de l’Évangile.

Discerner, c’est savoir qu’il faut prendre une décision. C’est reconnaître que le Seigneur nous a donné la liberté de choisir, même si nous pouvons faire le mauvais choix. Il est préférable d’apprendre à choisir plutôt que de se faire dire ce qu’il faut faire, afin d’apprendre à assumer la responsabilité de nos choix et de nos actes.

Dans le livre du Deutéronome, Moïse dit aux Hébreux : Je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie! Choisissez la voie de Dieu et non la voie de l’égocentrisme et de la mort.

Comment apprendre à choisir sagement, selon la sagesse de Dieu ? Tout d’abord, nous pouvons chercher à comprendre et à nous appuyer sur les enseignements de l’Église qui se sont développés au fil des siècles. La vie des saints peut également être instructive.

Prenons la vie de saint Ignace de Loyola, le fondateur des Jésuites : Pendant sa convalescence à la suite d’une grave fracture de la jambe subie au combat, il commence à remarquer que certaines de ses pensées et imaginations l’éloignent de Dieu, tandis que d’autres le rapprochent de Dieu et lui procurent une joie et une paix durables.

Nous pouvons commencer à accorder, dans la prière, une plus grande attention à nos pensées et à nos expériences quotidiennes en nous rappelant trois points précis : Merci ; Je suis désolé ; et S’il vous plaît. De quoi suis-je reconnaissant ou désolé aujourd’hui ? Pour quoi dois-je demander l’aide de la grâce de Dieu ?

Cela peut nous aider à mieux régler notre antenne spirituelle, afin que nous sachions mieux ce qui nous mène sur un chemin de vie abondante, et ce qui nous mène sur un chemin qui va à l’encontre de l’Évangile. Que Dieu vous bénisse aujourd’hui.

Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 25 juin 2025

Frères de Limbourg, « La guérison de la femme qui saigne », extrait des Très Riches Heures (bréviaire) du duc de Berry. Wikimédia Commons.

Lors de son audience générale en ce 25 juin 2025, le pape Léon XIV a poursuivi sa catéchèse sur l’espérance qui est lethème du Jubilé 2025  . Il a encouragé les fidèles à garder la foi au cœur des épreuves et à ne jamais céder à la peur. Rappelant le message du Christ, « Ne crains pas, crois seulement », il a invité à une confiance profonde en Dieu. Le Saint-Père a aussi prié pour ceux qui souffrent, en particulier dans les pays en guerre. Son exhortation nous rappelle que l’espérance chrétienne est une force vivante dans notre quotidien.

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 18h00 HE, 15h00 HP.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui encore, nous méditons sur les guérisons de Jésus comme signe d’espérance. En Lui, il y a une force que nous aussi nous pouvons expérimenter lorsque nous entrons en relation avec Sa Personne.

Une maladie très répandue à notre époque est le mal de vivre : la réalité nous semble trop complexe, lourde, difficile à affronter. Et alors nous nous éteignons, nous nous endormons, avec l’illusion qu’au réveil, les choses seront différentes. Mais la réalité doit être affrontée et, avec Jésus, nous pouvons bien le faire. Parfois, nous nous sentons bloqués par le jugement de ceux qui prétendent mettre des étiquettes sur les autres.

Il me semble que ces situations se retrouvent dans un passage de l’Évangile de Marc, où deux histoires s’entremêlent : celle d’une fillette de douze ans, malade dans son lit et à l’article de la mort ; et celle d’une femme, qui saigne depuis douze ans et cherche Jésus pour être guérie (cf. Mc 5, 21-43).

Entre ces deux figures féminines, l’Evangéliste place le personnage du père de la jeune fille : il ne reste pas à la maison pour se plaindre de la maladie de sa fille, mais il sort et demande de l’aide. Bien qu’il soit le chef de la synagogue, il n’exige rien en raison de sa position sociale. Lorsqu’il faut attendre, il ne perd pas patience et attend. Et quand on vient lui dire que sa fille est morte et qu’il est inutile de déranger le Maître, il continue à avoir foi et à espérer.

La conversation de ce père avec Jésus est interrompue par la femme hémorroïsse, qui réussit à s’approcher de Jésus et à toucher son manteau (v. 27). Cette femme, avec beaucoup de courage, a pris la décision qui a changé sa vie : tout le monde lui disait de rester à distance, de ne pas se faire voir. Ils l’avaient condamnée à rester cachée et isolée. Parfois, nous aussi, nous sommes victimes du jugement des autres, qui prétendent nous revêtir d’un habit qui n’est pas le nôtre. Et alors, nous sommes malades et nous ne réussissons pas à en sortir.

Cette femme prend le chemin du salut quand germe en elle la foi que Jésus peut la guérir : elle trouve alors la force de sortir et d’aller à sa recherche. Elle veut arriver au moins à toucher son vêtement.

Il y avait une grande foule autour de Jésus, tant de gens le touchaient, mais rien ne leur arrivait. Au contraire, lorsque cette femme touche Jésus, elle est guérie. Où se trouve la différence ? Commentant ce point du texte, Saint Augustin dit – au nom de Jésus – : « Les foules se pressent autour de moi, mais la foi me touche » (Sermon 243, 2, 2). C’est ainsi : chaque fois que nous faisons un acte de foi adressé à Jésus, un contact s’établit avec Lui et immédiatement jaillit de Lui Sa grâce. Parfois, nous ne nous en rendons pas compte, mais d’une manière secrète et réelle, la grâce nous atteint et, de l’intérieur, transforme lentement la vie.

Peut-être qu’aujourd’hui encore, beaucoup de gens s’approchent de Jésus de manière superficielle, sans vraiment croire en sa puissance. Nous piétinons la superficie de nos églises, mais le cœur est peut-être ailleurs ! Cette femme, silencieuse et anonyme, surmonte ses peurs en touchant le cœur de Jésus avec ses mains considérées comme impures à cause de sa maladie. Et immédiatement, elle se sent guérie. Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix » (Mc 5,34).

Pendant ce temps, on apporte au père la nouvelle de la mort de sa fille. Jésus lui dit : « Ne crains pas, crois seulement. » (v. 36). Il se rend ensuite dans sa maison et, voyant que tout le monde pleure et crie, il dit : « L’enfant n’est pas morte, elle dort » (v. 39). Il entre alors dans la chambre où était couchée la jeune fille, la prend par la main et lui dit : «Talità kum», « Jeune fille, lève-toi ». La jeune fille se lève et se met à marcher (cf. v. 41-42). Ce geste de Jésus nous montre qu’il ne guérit pas seulement de toute maladie, mais qu’il réveille aussi de la mort. Pour Dieu, qui est Vie éternelle, la mort du corps est comme un sommeil. La vraie mort est celle de l’âme : c’est d’elle que nous devons avoir peur !

Un dernier détail : Jésus, après avoir resuscité l’enfant, dit aux parents de lui donner à manger (cf. v. 43). Voilà un autre signe très concret de la proximité de Jésus avec notre humanité. Mais nous pouvons aussi le comprendre dans un sens plus profond et nous demander : lorsque nos enfants sont en crise et ont besoin d’une nourriture spirituelle, savons-nous la leur donner ? Et comment pouvons-nous le faire si nous ne nous nourrissons pas nous-mêmes de l’Évangile ?

Chers frères et sœurs, dans la vie, il y a des moments de déception et de découragement, et il y a mème l’expérience de la mort. Apprenons de cette femme, de ce père : allons à Jésus : Lui il peut nous guérir, il peut nous faire renaître. Jésus est notre espérance !

 

APPEL

Dimanche dernier, un attentat terroriste lâche a été perpétré contre la communauté grecque orthodoxe dans l’église Mar Elias à Damas. Nous confions les victimes à la miséricorde de Dieu et élevons nos prières pour les blessés et leurs familles. Aux chrétiens du Moyen-Orient, je dis : je suis proche de vous ! Toute l’Église est proche de vous !

Cet événement tragique rappelle la profonde fragilité qui continue de marquer la Syrie après des années de conflits et d’instabilité. Il est donc essentiel que la communauté internationale ne détourne pas son regard de ce pays, mais continue de lui offrir son soutien par des gestes de solidarité et par un engagement renouvelé en faveur de la paix et de la réconciliation.

Nous continuons à suivre avec attention et espérance l’évolution de la situation en Iran, en Israël et en Palestine. Les paroles du prophète Isaïe résonnent plus que jamais avec urgence : « Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre » (Is 2, 4). Que l’on écoute cette voix qui vient du Très-Haut ! Que l’on guérisse les lacérations provoquées par les actions sanglantes des derniers jours. Que l’on rejette toute logique de tyrannie et de vengeance et que l’on choisisse avec détermination la voie du dialogue, de la diplomatie et de la paix.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Méditation du pape Léon XIV lors du Jubilé des évêques

Photo crédit : Vatican Media

En ce Jubilé des évêques dans le cadre du Jubilé 2025, le pape Léon XIV nous invite à une profonde conversion du cœur. Dans sa méditation, il rappelle que le pasteur doit d’abord être une brebis à l’écoute du Christ. En franchissant la Porte Sainte, les évêques renouvellent leur foi dans une espérance qui ne déçoit jamais. Le Saint‑Père les exhorte à être des témoins d’unité, de service humble et de charité. Ainsi, leur ministère devient signe vivant de la présence du Ressuscité au cœur du peuple de Dieu.

JUBILÉ DES ÉVÊQUES

MÉDITATION DU PAPE LÉON XIV 

Basilique Saint-Pierre, autel de la Chaire
Mercredi 25 juin 2025

Chers confrères, bonjour et bienvenue !

J’apprécie et j’admire votre dévouement à venir en pèlerinage à Rome, bien conscient des exigences pressantes du ministère. Mais chacun de vous, comme moi, avant d’être pasteur, est une brebis du troupeau du Seigneur ! Et par conséquent, nous aussi, et même en premier lieu, nous sommes invités à franchir la Porte Sainte, symbole du Christ Sauveur. Pour guider l’Église confiée à nos soins, nous devons nous laisser profondément renouveler par Lui, le Bon Pasteur, afin de nous conformer pleinement à son cœur et à son mystère d’amour.

« Spes non confundit », « l’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5). Combien de fois le Pape François a-t-il répété ces paroles de saint Paul ! Elles sont devenues sa devise, au point qu’il les a choisies comme incipit de la bulle d’indiction de cette Année jubilaire.

En tant qu’évêques, nous sommes les premiers héritiers de cette mission prophétique, et nous devons la préserver et la transmettre au Peuple de Dieu, par la parole et par le témoignage. Parfois, annoncer que l’espérance ne déçoit pas signifie aller à contre-courant, voire à l’encontre de l’évidence de situations douloureuses qui semblent sans issue. Mais c’est précisément dans ces moments-là que peut mieux se manifester le fait que notre foi et notre espérance ne viennent pas de nous, mais de Dieu. Et alors, si nous sommes vraiment proches, solidaires de ceux qui souffrent, l’Esprit Saint peut même raviver dans les cœurs la flamme presque éteinte (cf. Bulle Spes non confundit, n. 3).

Très chers frères, le pasteur est témoin de l’espérance par l’exemple d’une vie fermement ancrée en Dieu et entièrement donnée au service de l’Église. Cela se produit dans la mesure où il s’identifie au Christ dans sa vie personnelle et dans son ministère apostolique : l’Esprit du Seigneur façonne sa pensée, ses sentiments, ses comportements. Arrêtons-nous ensemble sur quelques traits qui caractérisent ce témoignage.

Tout d’abord, l’évêque est le principe visible d’unité dans l’Église particulière qui lui est confiée. Il a pour tâche de veiller à ce qu’elle s’édifie dans la communion entre tous ses membres et avec l’Église universelle, en valorisant la contribution des divers dons et ministères pour la croissance commune et la diffusion de l’Évangile. Dans ce service, comme dans toute sa mission, l’évêque peut compter sur la grâce divine spéciale qui lui a été conférée lors de l’Ordination épiscopale : elle le soutient en tant que maître de la foi, sanctificateur et guide spirituel. Elle anime son dévouement pour le Royaume de Dieu, pour le salut éternel des personnes, pour transformer l’histoire par la force de l’Évangile.

Le deuxième aspect que je voudrais examiner, toujours à partir du Christ comme forme de vie du Pasteur, je le définirais ainsi : l’évêque comme homme de vie théologale. Ce qui équivaut à dire : homme pleinement docile à l’action de l’Esprit Saint, qui suscite en lui la foi, l’espérance et la charité et les nourrit, comme la flamme du feu, dans les différentes situations existentielles.

L’évêque est un homme de foi. Et ici me vient à l’esprit cette magnifique page de la Lettre aux Hébreux (cf. chap. 11), où l’auteur, en commençant par Abel, dresse une longue liste de “témoins” de la foi. Je pense en particulier à Moïse qui, appelé par Dieu pour conduire le peuple vers la terre promise, « il tint ferme – dit le texte – comme s’il voyait Celui qui est invisible » (He 11, 27). Quelle belle image de l’homme de foi : celui qui, par la grâce de Dieu, voit au-delà, voit le but, et reste ferme dans l’épreuve. Pensons aux moments où Moïse intercède pour le peuple devant Dieu. Voilà : l’évêque dans son Église est l’intercesseur, car l’Esprit maintient vivante dans son cœur la flamme de la foi.

Dans cette même perspective, l’évêque est un homme d’espérance, car « la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas » (He 11,1). Surtout lorsque le chemin du peuple devient plus difficile, le pasteur, par vertu théologale, aide à ne pas désespérer : non pas par des paroles, mais par sa proximité. Lorsque les familles portent des fardeaux excessifs et que les institutions publiques ne les soutiennent pas suffisamment ; lorsque les jeunes sont déçus et écœurés par des messages illusoires ; lorsque les personnes âgées et les personnes gravement handicapées se sentent abandonnées, l’évêque est proche et n’offre pas de recettes, mais l’expérience de communautés qui cherchent à vivre l’Évangile dans la simplicité et dans le partage.

Ainsi, sa foi et son espérance se fondent en lui comme homme de charité pastorale. Toute la vie de l’évêque, tout son ministère, si diversifié et multiforme, trouve son unité dans ce que saint Augustin appelle amoris officium. C’est là que s’exprime et transparaît au plus haut point son existence théologale. Dans la prédication, dans les visites aux communautés, dans l’écoute des prêtres et des diacres, dans les choix administratifs, tout est animé et motivé par la charité de Jésus-Christ Pasteur. Par sa grâce, puisée quotidiennement dans l’Eucharistie et dans la prière, l’évêque donne l’exemple de l’amour fraternel envers son coadjuteur ou son auxiliaire, envers l’évêque émérite et les évêques des diocèses voisins, envers ses plus proches collaborateurs comme envers les prêtres en difficulté ou malades. Son cœur est ouvert et accueillant, tout comme sa maison.

Chers frères, tel est le noyau théologique de la vie du Pasteur. Autour de lui, et toujours animées par le même Esprit, je voudrais placer d’autres vertus indispensables : la prudence pastorale, la pauvreté, la continence parfaite dans le célibat et les vertus humaines.

La prudence pastorale est la sagesse pratique qui guide l’évêque dans ses choix, dans son gouvernement, dans ses relations avec les fidèles et leurs associations. Un signe clair de prudence est l’exercice du dialogue comme style et méthode dans les relations et aussi dans la présidence des organismes de participation, c’est-à-dire dans la gestion de la synodalité dans l’Église particulière. Sur cet aspect, le Pape François nous a fait faire un grand pas en avant en insistant, avec une sagesse pédagogique, sur la synodalité comme dimension de la vie de l’Église. La prudence pastorale permet également à l’évêque de guider la communauté diocésaine en valorisant ses traditions et en promouvant de nouvelles voies et de nouvelles initiatives.

Pour témoigner du Seigneur Jésus, le Pasteur vit la pauvreté évangélique. Il a un style simple, sobre et généreux, digne et en même temps adapté aux conditions de la plupart de son peuple. Les pauvres doivent trouver en lui un père et un frère, ne pas se sentir mal à l’aise en le rencontrant ou en entrant dans sa maison. Il est personnellement détaché des richesses et ne cède pas à des favoritismes fondés sur celles-ci ou sur d’autres formes de pouvoir. L’évêque ne doit pas oublier que, comme Jésus, il a été oint du Saint-Esprit et envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres (cf. Lc 4, 18).

Outre la pauvreté effective, l’évêque vit également cette forme de pauvreté qu’est le célibat et la virginité pour le Royaume des cieux (cf. Mt 19, 12). Il ne s’agit pas seulement d’être célibataire, mais de pratiquer la chasteté du cœur et de la conduite et de vivre ainsi la suite du Christ et d’offrir à tous la véritable image de l’Église, sainte et chaste dans ses membres comme dans son Chef. Il devra être ferme et décidé dans la manière d’affronter les situations qui peuvent donner scandale et tous les cas d’abus, en particulier à l’égard des mineurs, en se conformant aux dispositions actuelles.

Enfin, le Pasteur est appelé à cultiver les vertus humaines que les Pères conciliaires ont voulu mentionner dans le décret Presbyterorum Ordinis (n° 3) et qui, à plus forte raison, sont d’une grande aide pour l’évêque dans son ministère et dans ses relations. Nous pouvons mentionner la loyauté, la sincérité, la magnanimité, l’ouverture d’esprit et de cœur, la capacité de se réjouir avec ceux qui se réjouissent et de souffrir avec ceux qui souffrent ; ainsi que la maîtrise de soi, la délicatesse, la patience, la discrétion, une grande disposition à l’écoute et au dialogue, la disponibilité au service. Ces vertus, dont chacun de nous est plus ou moins doté par nature, nous pouvons et devons les cultiver à l’image de Jésus-Christ, avec la grâce du Saint-Esprit.

Très chers amis, que l’intercession de la Vierge Marie et des saints Pierre et Paul vous obtienne, à vous et à vos communautés, les grâces dont vous avez le plus besoin. En particulier, qu’ils vous aident à être des hommes de communion, à promouvoir toujours l’unité dans le presbyterium diocésain, et que chaque prêtre, sans exception, puisse faire l’expérience de la paternité, de la fraternité et de l’amitié de l’évêque. Cet esprit de communion encourage les prêtres dans leur engagement pastoral et fait grandir l’unité de l’Église particulière.

Je vous remercie de me garder dans vos prières ! Et je prie moi aussi pour vous et vous bénis de tout cœur.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 18 juin 2025

« La guérison du paralytique ». Anthonis van Dyck. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi le cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il a réfléchi à la guérison du paralytique par Jésus dans Jean 5. Il a déclaré que « Jésus… ramène cet homme à son désir le plus vrai et le plus profond » et « l’aide à découvrir que sa vie est aussi entre ses mains ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 18h00 HE, 15h00 HP.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous continuons à contempler Jésus qui guérit. De manière particulière, aujourd’hui, je voudrais vous inviter à réfléchir aux situations dans lesquelles nous nous sentons “bloqués” et dans l’impasse. Parfois, il nous semble qu’il est inutile de continuer à espérer ; nous nous résignons et ne voulons plus lutter. Cette situation est décrite dans les Évangiles par l’image de la paralysie. C’est pourquoi je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur la guérison d’un paralytique, racontée dans le cinquième chapitre de l’Évangile de Saint Jean (5,1-9).

Jésus se rend à Jérusalem pour une fête juive. Il ne se rend pas directement au Temple, mais s’arrête à une porte où probablement on lavait les moutons qui étaient ensuite offerts en sacrifice. Près de cette porte, il y avait aussi beaucoup de malades qui, à la différence des brebis, étaient exclus du Temple car considérés comme impurs ! C’est alors Jésus lui-même qui les rejoint dans leur douleur. Ces personnes espéraient un prodige capable de changer leur destin ; en effet, à côté de la porte se trouvait une piscine dont les eaux étaient considérées comme thaumaturgiques, c’est-à-dire capables de guérir : à certains moments, l’eau s’agitait et, selon la croyance de l’époque, celui qui y plongeait en premier était guéri.

Une sorte de “guerre des pauvres” était ainsi créée : nous pouvons imaginer la triste scène de ces malades se traînant péniblement pour entrer dans la piscine. Cette piscine s’appelait Betzatha, ce qui signifie “maison de la miséricorde” : elle pourrait être une image de l’Église, où les malades et les pauvres se rassemblent et où le Seigneur vient pour guérir et donner l’espérance.

Jésus s’adresse spécifiquement à un homme paralysé depuis trente-huit ans. Il est maintenant résigné, parce qu’il ne parvient jamais à s’immerger dans la piscine, lorsque l’eau devient agitée (cf. v. 7). En effet, ce qui nous paralyse, bien souvent, c’est précisément la déception. Nous nous sentons découragés et risquons de tomber dans l’apathie.

Jésus fait à ce paralytique une demande qui peut sembler superflue : « Veux-tu être guéri ? » (v. 6). C’est au contraire une demande nécessaire, car lorsqu’on est bloqué depuis tant d’années, même la volonté de guérir peut faire défaut. Parfois, nous préférons rester dans l’état de malade, obligeant les autres à s’occuper de nous. C’est parfois aussi une excuse pour ne pas décider quoi faire de notre vie. Jésus renvoie en revanche cet homme à son désir le plus vrai et le plus profond.

Cet homme répond en effet de manière plus articulée à la question de Jésus, révélant sa conception de la vie. Il dit tout d’abord qu’il n’a personne pour le plonger dans la piscine : la faute n’est donc pas la sienne, mais celle des autres qui ne prennent pas soin de lui. Cette attitude devient un prétexte pour éviter d’assumer ses propres responsabilités. Mais est-ce bien vrai qu’il n’avait personne pour l’aider ? Voici la réponse éclairante de saint Augustin : « Oui, pour être guéri, il avait absolument besoin d’un homme, mais d’un homme qui fut aussi Dieu. […] L’homme qu’il fallait est donc venu, pourquoi retarder encore la guérison ? » [1]

Le paralytique ajoute ensuite que lorsqu’il essaie de plonger dans la piscine, il y a toujours quelqu’un qui arrive avant lui. Cet homme exprime une vision fataliste de la vie. Nous pensons que les choses nous arrivent parce que nous n’avons pas de chance, parce que le destin est contre nous. Cet homme est découragé. Il se sent vaincu dans le combat de la vie.

Jésus en revanche l’aide à découvrir que sa vie est aussi entre ses mains. Il l’invite à se lever, à sortir de sa situation chronique et à prendre son brancard (cf. v. 8). Ce brancard n’est pas à laisser ou à jeter : il représente sa maladie passée, il est son histoire. Jusqu’à présent, le passé l’a bloqué, il l’a obligé à rester couché comme un mort. Maintenant, c’est lui qui peut prendre ce brancard et le porter où il veut : il peut décider ce qu’il veut faire de son histoire ! Il s’agit de marcher, en s’assumant la responsabilité de choisir la route à suivre. Et cela grâce à Jésus !

Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur le don de comprendre où notre vie est bloquée. Essayons d’exprimer notre désir de guérison. Et prions pour tous ceux qui se sentent paralysés, qui ne voient pas d’issue. Demandons à retourner habiter dans le cœur du Christ, qui est la véritable maison de la miséricorde !

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[1] Homélie 17,7

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APPEL

Chers frères et sœurs,

le cœur de l’Église est transpercé par les cris qui s’élèvent des lieux de guerre, en particulier de l’Ukraine, d’Iran, d’Israël, de Gaza. Nous ne devons pas nous habituer à la guerre ! Au contraire, nous devons rejeter comme une tentation la fascination pour les armes puissantes et sophistiquées. En réalité, parce que dans la guerre d’aujourd’hui « on utilise des armes scientifiques de toutes sortes, son atrocité menace de conduire les combattants à une barbarie bien supérieure à celle des temps passés » (Conc. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, 79). C’est pourquoi, au nom de la dignité humaine et du droit international, je répète aux responsables ce que disait le pape François : la guerre est toujours une défaite ! Et avec Pie XII : « Rien n’est perdu avec la paix. Tout peut l’être avec la guerre ».

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 11 juin 2025

« La guérison de l’aveugle Bartimée » Atelier Fernando Gallego. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi le cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il s’est penché sur la rencontre de Jésus avec Bartimée dans l’Évangile de Marc, chapitre 10. Il a invité les auditeurs à « porter devant le Cœur du Christ vos parties les plus douloureuses et les plus fragiles, ces endroits de votre vie où vous vous sentez coincés et bloqués. Demandons avec confiance au Seigneur d’écouter notre cri et de nous guérir !

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV jeudi soir à 19h00 HE, 16h00 HP.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Avec cette catéchèse, je voudrais porter notre regard sur un autre aspect essentiel de la vie de Jésus, à savoir ses guérisons. Pour cela je vous invite à présenter au Cœur du Christ vos douleurs et vos fragilités, ces aspects de votre vie où vous vous sentez bloqués et immobilisés. Demandons avec confiance au Seigneur d’entendre notre cri et de nous guérir !

Le personnage qui nous accompagne dans cette réflexion nous aide à comprendre qu’il ne faut jamais abandonner l’espérance, même lorsque nous nous sentons perdus. Il s’agit de Bartimée, un aveugle et mendiant que Jésus rencontra à Jéricho (cf. Mc 10, 40-52). Le lieu est significatif : Jésus se rend à Jérusalem, mais il commence son voyage, pour ainsi dire, depuis les “enfers” de Jéricho, ville située en-dessous du niveau de la mer. Jésus, en effet par sa mort, est allé chercher cet Adam qui est tombé et qui représente chacun de nous.

Bartimée signifie “fils de Timée ” : il décrit cet homme à travers une relation, malgré cela celui-ci est dramatiquement seul. Ce nom pourrait toutefois aussi signifier “fils de l’honneur” ou “de l’admiration”, exactement le contraire de la situation dans laquelle il se trouve [1] . Et comme le nom est aussi important dans la culture hébraïque, cela signifie que Bartimée ne parvient pas à vivre ce qu’il est appelé à être.

A la différence ensuite du grand mouvement de la foule marchant à la suite de Jésus, Bartimée est immobile. L’évangéliste dit qu’il est assis au bord de la route, il a donc besoin de quelqu’un qui le remette debout et l’aide à reprendre le chemin.

Que pouvons-nous faire lorsque nous nous trouvons dans une situation qui semble sans issue ? Bartimée nous enseigne à faire appel aux ressources que nous portons en nous et qui font partie de nous. Il est mendiant, il sait demander, il sait même crier ! Si tu désires vraiment quelque chose, fais tout pour l’obtenir, même si les autres te réprimandent, t’humilient et te disent de laisser tomber. Si tu le désires vraiment, continue à crier !

Le cri de Bartimée, rapporté dans l’Évangile de Marc – « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » (v. 47) – est devenu une prière très connue dans la tradition orientale, que nous pouvons également utiliser : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur ».

Bartimée est aveugle, mais paradoxalement, il voit mieux que les autres et reconnaît qui est Jésus ! Devant son cri, Jésus s’arrête et le fait appeler (cf. v. 49), car il n’y a aucun cri que Dieu n’entende, même lorsque nous ne sommes pas conscients de nous adresser à lui (cf. Ex 2, 23). Il semble étrange que, devant un aveugle, Jésus ne se rende pas immédiatement auprès de lui ; mais, si nous y réfléchissons bien, c’est la manière pour réactiver la vie de Bartimée : il le pousse à se relever, fait foi en sa capacité de marcher. Cet homme peut se remettre debout, il peut ressusciter de sa situation de mort. Mais pour cela, il doit accomplir un geste très significatif : il doit jeter son manteau (cf. v. 50) !

Pour un mendiant, le manteau est tout : c’est la sécurité, c’est la maison, c’est la défense qui le protège. Même la loi protégeait le manteau du mendiant et imposait de le lui rendre le soir, s’il avait été pris en gage (cf. Ex 22, 25). Et pourtant, bien souvent, ce qui nous bloque, ce sont précisément nos apparentes sécurités, ce que nous avons mis sur nous pour nous défendre et qui, au contraire, nous empêche de marcher. Pour aller vers Jésus et se laisser guérir, Bartimée doit s’exposer à Lui dans toute sa vulnérabilité. C’est le passage fondamental de tout cheminement vers la guérison.

La question que Jésus lui pose semble également étrange : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (v. 51). Mais, en réalité, il n’est pas évident que nous voulions guérir de nos maladies, parfois nous préférons rester immobiles pour ne pas assumer nos responsabilités. La réponse de Bartimée est profonde : il utilise le verbe anablepein, qui peut signifier « voir à nouveau », mais que nous pourrions également traduire par « lever le regard ». En effet, Bartimée ne veut pas seulement recouvrer la vue, il veut aussi retrouver sa dignité ! Pour lever le regard, il faut relever la tête. Parfois, les gens sont bloqués parce que la vie les a humiliés et ils ne souhaitent que retrouver leur propre valeur.

Ce qui sauve Bartimée, et chacun de nous, c’est la foi. Jésus nous guérit pour que nous puissions devenir libres. Il n’invite pas Bartimée à le suivre, mais lui dit d’aller, de se remettre en chemin (cf. v. 52). Marc conclut cependant le récit en rapportant que Bartimée se mit à suivre Jésus : il a librement choisi de suivre celui qui est le Chemin !

Chers frères et sœurs, portons avec confiance devant Jésus nos maladies, ainsi que celles de nos proches, portons aussi la souffrance de ceux qui se sentent perdus et ne trouvent pas d’issue. Crions aussi pour eux, et soyons certains que le Seigneur nous écoutera et se penchera sur nous.

[1] C’est également l’interprétation donnée par Augustin dans L’accord entre les Évangiles, 2, 65, 125 : PL 34, 1138.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Homélie du pape Léon XIV pour le dimanche de la Pentecôte 2025

Photo Crédit : Vatican Media

Le dimanche 8 juin 2025, le pape Léon XIV a célébré la messe du jubilé des mouvements, associations et communautés nouvelles et a évoqué la manière dont l’Esprit Saint aide les apôtres à surmonter « leur peur, brise leurs chaînes intérieures, guérit leurs blessures, les oint de force et leur donne le courage d’aller vers tous et d’annoncer les œuvres puissantes de Dieu ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV jeudi soir à 19h00 HE, 16h00 HP.

Frères et sœurs,

« Le jour où […] le Seigneur Jésus-Christ, glorifié par son ascension au ciel après sa résurrection, a envoyé le Saint-Esprit, nous apparaît comme un jour heureux » (St Augustin, Discours 271, 1). Et aujourd’hui encore, ce qui s’est passé au Cénacle revit : le don de l’Esprit Saint descend sur nous comme un vent impétueux qui nous secoue, comme un bruit qui nous réveille, comme un feu qui nous éclaire (cf. Ac 2, 1-11).

Comme nous l’avons entendu dans la première Lecture, l’Esprit accomplit quelque chose d’extraordinaire dans la vie des Apôtres. Après la mort de Jésus, ils s’étaient enfermés dans la peur et la tristesse, mais maintenant ils reçoivent enfin un regard nouveau et une intelligence du cœur qui les aident à interpréter les événements qui se sont produits et à faire l’expérience intime de la présence du Ressuscité : l’Esprit Saint vainc leur peur, brise leurs chaînes intérieures, apaise leurs blessures, les oint de force et leur donne le courage d’aller à la rencontre de chacun pour annoncer les œuvres de Dieu.

Le passage des Actes des Apôtres nous dit qu’à Jérusalem, à ce moment-là, il y avait une multitude de personnes de diverses origines, et pourtant « chacun d’eux les entendait dans son propre dialecte » (v. 6). C’est alors qu’à la Pentecôte, les portes du Cénacle s’ouvrent parce que l’Esprit ouvre les frontières. Comme l’affirme Benoît XVI : « L’Esprit Saint leur donne de comprendre. En surmontant la rupture initiale de Babel – la confusion des cœurs, qui nous élève les uns contre les autres – l’Esprit ouvre les frontières. […] L’Église doit toujours redevenir ce qu’elle est déjà:  elle doit ouvrir les frontières entre les peuples et abattre les barrières entre les classes et les races. En son sein, il ne peut y avoir de personnes oubliées ou méprisées. Dans l’Eglise, il n’y a que des frères et des sœurs de Jésus Christ libres » (Homélie de Pentecôte, 15 mai 2005).

Voici une image éloquente de la Pentecôte sur laquelle j’aimerais m’arrêter avec vous pour méditer.

L’Esprit ouvre les frontières avant tout en nous. C’est le Don qui ouvre notre vie à l’amour. Et cette présence du Seigneur dissout nos duretés, nos fermetures, nos égoïsmes, les peurs qui nous bloquent, les narcissismes qui nous font tourner uniquement autour de nous-mêmes. Le Saint-Esprit vient défier en nous le risque d’une vie qui s’atrophie, aspirée par l’individualisme. Il est triste de constater que dans un monde où les occasions de socialiser se multiplient, nous risquons paradoxalement d’être davantage seuls, toujours connectés mais incapables de “créer des réseaux”, toujours immergés dans la foule mais restant des voyageurs désorientés et solitaires.

Au contraire, l’Esprit de Dieu nous fait découvrir une nouvelle façon de voir et de vivre la vie : il nous ouvre à la rencontre avec nous-mêmes au-delà des masques que nous portons ; il nous conduit à la rencontre avec le Seigneur en nous éduquant à faire l’expérience de sa joie ; il nous convainc – selon les paroles mêmes de Jésus que nous venons de proclamer – que ce n’est qu’en restant dans l’amour que nous recevons aussi la force d’observer sa Parole et donc d’en être transformés. Il ouvre les frontières en nous, afin que notre vie devienne un espace accueillant.

L’Esprit ouvre également les frontières dans nos relations. En effet, Jésus dit que ce Don c’est l’amour entre Lui et le Père qui vient habiter en nous. Et lorsque l’amour de Dieu habite en nous, nous devenons capables de nous ouvrir à nos frères, de vaincre nos rigidités, de surmonter la peur de ceux qui sont différents, d’éduquer les passions qui s’agitent en nous. Mais l’Esprit transforme aussi les dangers les plus cachés qui polluent nos relations, comme les malentendus, les préjugés, les instrumentalisations. Je pense aussi – avec beaucoup de douleur – lorsqu’une relation est infestée par la volonté de dominer l’autre, une attitude qui débouche souvent sur la violence, comme le montrent malheureusement les nombreux cas récents de féminicide.

Le Saint-Esprit, quant à lui, fait mûrir en nous les fruits qui nous aident à vivre des relations authentiques et bonnes : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5, 22-23). De cette manière, l’Esprit élargit les frontières de nos relations avec les autres et nous ouvre à la joie de la fraternité. Et cela est également un critère décisif pour l’Église : nous ne sommes vraiment l’Église du Ressuscité et les disciples de la Pentecôte que s’il n’y a ni frontières ni divisions entre nous, si, dans l’Église, nous savons dialoguer et nous accueillir mutuellement en intégrant nos différences ; si, en tant qu’Église, nous devenons un espace accueillant et hospitalier pour tous.

Enfin, l’Esprit ouvre également les frontières entre les peuples. À la Pentecôte, les Apôtres parlent la langue de ceux qu’ils rencontrent et le chaos de Babel est enfin apaisé par l’harmonie produite par l’Esprit. Lorsque le Souffle divin unit nos cœurs et nous fait voir dans l’autre le visage d’un frère, les différences ne deviennent plus une occasion de division et de conflit, mais un patrimoine commun dont nous pouvons tous tirer parti et qui nous met tous en chemin, ensemble, dans la fraternité.

L’Esprit brise les frontières et abat les murs de l’indifférence et de la haine, car “il nous enseigne tout” et “nous rappelle les paroles de Jésus” (cf. Jn 14,26) ; et, par conséquent, il enseigne, rappelle et grave avant tout dans nos cœurs le commandement de l’amour, que le Seigneur a placé au centre et au sommet de tout. Et là où il y a l’amour, il n’y a pas de place pour les préjugés, pour les distances de sécurité qui nous éloignent de notre prochain, pour la logique d’exclusion que nous voyons malheureusement émerger aussi dans les nationalismes politiques.

C’est précisément en célébrant la Pentecôte que le Pape François a fait remarquer qu’« aujourd’hui dans le monde, il y a beaucoup de discorde, beaucoup de divisions. Nous sommes tous reliés et pourtant nous nous trouvons déconnectés les uns des autres, anesthésiés par l’indifférence et opprimés par la solitude » (Homélie, 28 mai 2023). Les guerres qui agitent notre planète sont un signe tragique de tout cela. Invoquons l’Esprit d’amour et de paix, afin qu’il ouvre les frontières, abatte les murs, dissolve la haine et nous aide à vivre comme des enfants du seul Père qui est aux cieux.

Frères et sœurs, c’est la Pentecôte qui renouvelle l’Église et le monde ! Que le vent puissant de l’Esprit vienne sur nous et en nous, ouvre les frontières de notre cœur, nous donne la grâce de la rencontre avec Dieu, élargisse les horizons de l’amour et soutienne nos efforts pour construire un monde où règne la paix.

Que Marie Très Sainte, Femme de la Pentecôte, Vierge visitée par l’Esprit, Mère pleine de grâce, nous accompagne et intercède pour nous.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 4 juin 2025

« La parabole de la vigne ». Collection Met. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi le cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il a réfléchi à la parabole du vigneron de Matthieu 20. Il a déclaré que « Dieu veut donner à tous son Royaume, c’est-à-dire une vie pleine, éternelle et heureuse. Et c’est ce que Jésus fait avec nous : il n’établit pas de classement, il se donne tout entier à ceux qui lui ouvrent leur cœur ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV jeudi soir à 19h00 HE, 16h00 HP.

Chers frères et sœurs, bonjour !

J’aimerais m’arrêter à nouveau sur une parabole de Jésus. Il s’agit à nouveau d’un récit qui nourrit notre espérance. Parfois, nous avons l’impression de ne pas parvenir à trouver de sens à notre vie : nous nous sentons inutiles, inadaptés, comme les ouvriers qui attendent sur la place du marché que quelqu’un les fasse travailler. Mais il arrive aussi que le temps passe, que la vie s’écoule et que nous ne nous sentions pas reconnus ni appréciés. Peut-être ne sommes-nous pas arrivés à temps, d’autres se sont présentés avant nous, ou des soucis nous ont retenus ailleurs.

La métaphore de la place du marché est également très adaptée à notre époque, car le marché est le lieu des affaires, où malheureusement s’achète et se vend autant l’affection que la dignité, en essayant d’en tirer profit. Et quand on ne se sent pas valorisé, reconnu, on risque même de se vendre au premier venu. Le Seigneur, au contraire, nous rappelle que notre vie a une valeur et qu’il désire nous aider à la découvrir.

Toujours dans la parabole que nous commentons aujourd’hui, il y a des ouvriers qui attendent que quelqu’un les prenne pour une journée. Nous sommes au chapitre 20 de l’Évangile de Matthieu et là aussi nous trouvons un personnage au comportement inhabituel, qui étonne et interroge. Il s’agit du propriétaire d’une vigne, qui se déplace en personne pour aller chercher ses ouvriers. Il veut évidemment établir avec eux une relation personnelle.

Comme je le disait, c’est une parabole qui donne de l’espérance, parce qu’elle nous dit que ce patron sort plusieurs fois pour aller à la recherche de qui cherche à donner un sens à sa vie. Le patron sort dès l’aube et revient ensuite toutes les trois heures pour chercher des ouvriers à envoyer dans sa vigne. Selon ce schéma, après être sorti à trois heures de l’après-midi, il n’y aurait plus de raison de sortir à nouveau, car la journée de travail se terminerait à six heures.

Au lieu de cela, ce patron infatigable, qui veut à tout prix valoriser la vie de chacun d’entre nous, sort pourtant à cinq heures. Les ouvriers restés sur la place du marché avaient sans doute perdu tout espoir. Cette journée s’était déroulée en vain. Et pourtant, quelqu’un a cru encore en eux. Quel sens cela a-t-il de prendre des ouvriers uniquement pour la dernière heure de la journée de travail ? Quel sens cela a-t-il d’aller travailler pour une heure seulement ? Pourtant, même lorsqu’il nous semble de ne pouvoir faire que peu de chose dans la vie, cela en vaut toujours la peine. Il y a toujours la possibilité de trouver un sens, parce que Dieu aime notre vie.

Et l’originalité de ce patron se manifeste aussi à la fin de la journée, au moment de la paie. Avec les premiers ouvriers, ceux qui vont à la vigne dès l’aube, le maître s’était mis d’accord sur une somme d’argent, qui était le coût typique d’une journée de travail. Aux autres, il dit qu’il leur donnera ce qui est juste. Et c’est précisément ici que la parabole vient nous interpeller : qu’est-ce qui est juste ? Pour le propriétaire de la vigne, c’est-à-dire pour Dieu, il est juste que chacun ait le nécessaire pour vivre. Il a appelé les travailleurs personnellement, il connaît leur dignité et il veut les payer en fonction de celle-ci. Et il leur donne à tous de l’argent.

Le récit dit que les ouvriers de la première heure sont déçus : ils ne voient pas la beauté du geste du patron, qui n’a pas été injuste, mais simplement généreux, il n’a pas seulement considéré le mérite, mais aussi le besoin. Dieu veut donner à tous son Royaume, c’est-à-dire une vie pleine, éternelle et heureuse. Et c’est ainsi que Jésus fait avec nous : il ne fait pas de classement, à qui lui ouvre son cœur il Se donne tout entier.

À la lumière de cette parabole, le chrétien d’aujourd’hui pourrait être tenté de penser : « Pourquoi commencer à travailler immédiatement ? Si la rémunération est la même, pourquoi travailler plus ? A ces doutes Saint Augustin répondait ainsi : « Pourquoi donc tardes-tu à suivre celui qui t’appelle, alors que tu es sûr de la rémunération mais incertain du jour ? Prends garde de ne pas te priver toi-même, à force de repousser, ce qu’il te donnera selon sa promesse » [1].

Je voudrais dire, surtout aux jeunes, de ne pas attendre, mais de répondre avec enthousiasme au Seigneur qui nous appelle à travailler dans sa vigne. Ne pas tarder, retrousse les manches, car le Seigneur est généreux et tu ne seras pas déçu ! En travaillant dans sa vigne, tu trouveras une réponse à cette interrogation profonde que tu portes en toi : quel est le sens de ma vie ?

Chers frères et sœurs, ne nous décourageons pas ! Même dans les moments sombres de la vie, quand le temps passe sans nous donner les réponses que nous cherchons, demandons au Seigneur de sortir à nouveau et de nous rejoindre là où nous l’attendons. Le Seigneur est généreux et il viendra aussitôt !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Homélie du pape Léon XIV pour le Jubilé des Familles, des Enfants, des Grands-Parents

Photo Crédit : Vatican Media.

Dans son homélie, dimanche du Jubilé des familles, des enfants, des grands-parents et des personnes âgées, le pape Léon XIV nous invite à redécouvrir la beauté de la famille comme lieu de tendresse, de transmission et de foi. Dans son homélie, il rappelle que chaque génération a un rôle unique à jouer pour bâtir une société plus fraternelle, enracinée dans l’amour de Dieu.

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Jubilé Des Familles, Des Enfants, Des Grands-Parents

Et Des Personnes Âgées

HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

Place Saint-Pierre
VIIe dimanche de Pâques – Dimanche 1er juin 2025

 

Lire le texte intégral de l’homélie du Saint-Père ci-dessous. :

L’Évangile qui vient d’être proclamé nous montre Jésus qui, lors de la dernière Cène, prie pour nous (cf. Jn 17, 20) : le Verbe de Dieu fait homme, désormais proche de la fin de sa vie terrestre, pense à nous, ses frères, se faisant bénédiction, supplication et louange au Père, avec la force de l’Esprit Saint. Et nous aussi, alors que nous entrons, remplis d’émerveillement et de confiance, dans la prière de Jésus, nous sommes impliqués par son amour dans un grand projet qui concerne toute l’humanité.

Le Christ demande en effet que nous soyons tous « un » (v. 21). Il s’agit là du plus grand bien que l’on puisse désirer, car cette union universelle réalise entre les créatures la communion éternelle d’amour dans laquelle s’identifie Dieu lui-même, comme le Père qui donne la vie, le Fils qui la reçoit et l’Esprit qui la partage.

Le Seigneur ne veut pas que nous nous unissions pour former une masse indistincte, comme un bloc anonyme, mais il souhaite que nous soyons un : « Comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi » (v. 21). L’unité pour laquelle Jésus prie est donc une communion fondée sur l’amour même dont Dieu aime, d’où viennent la vie et le salut. En tant que telle, elle est avant tout un don que Jésus vient apporter. C’est en effet, du fond de son cœur d’homme que le Fils de Dieu s’adresse au Père en disant : « moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (v. 23).

Écoutons avec admiration ces paroles : Jésus nous révèle que Dieu nous aime comme Il s’aime Lui-même. Le Père ne nous aime pas moins qu’Il n’aime son Fils unique, c’est-à-dire infiniment. Dieu n’aime pas moins, parce qu’Il aime d’abord, Il aime le premier ! Le Christ Lui-même en témoigne lorsqu’Il dit au Père : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (v. 24). Et il en est ainsi : dans sa miséricorde, Dieu veut depuis toujours rassembler tous les hommes auprès de lui, et c’est sa vie, donnée pour nous dans le Christ, qui nous rend un, qui nous unit entre nous.

Écouter aujourd’hui cet Évangile, pendant le Jubilé des familles et des enfants, des grands-parents et des personnes âgées, nous comble de joie.

Très chers amis, nous avons reçu la vie avant même de la vouloir. Comme l’enseignait le pape François, « tous les hommes sont des enfants, mais aucun de nous n’a choisi de naître » (Angelus, 1er janvier 2025). Mais ce n’est pas tout. Dès notre naissance, nous avons eu besoin des autres pour vivre, seuls nous n’y serions pas y arriver : c’est quelqu’un d’autre qui nous a sauvés, en prenant soin de nous, de notre corps comme de notre esprit. Nous vivons donc tous grâce à une relation, c’est-à-dire à un lien libre et libérateur d’humanité et de soin mutuel.

Il est vrai que parfois cette humanité est trahie. Par exemple, chaque fois que l’on invoque la liberté non pour donner la vie, mais pour la retirer, non pour secourir, mais pour offenser. Cependant, même face au mal qui s’oppose et tue, Jésus continue de prier le Père pour nous, et sa prière agit comme un baume sur nos blessures, devenant pour tous une annonce de pardon et de réconciliation. Cette prière du Seigneur donne pleinement un sens aux moments lumineux de notre amour les uns pour les autres, en tant que parents, grands-parents, fils et filles. Et c’est cela que nous voulons annoncer au monde : nous sommes ici pour être “un” comme le Seigneur veut que nous soyons “un”, dans nos familles et là où nous vivons, travaillons et étudions : différents, mais un, nombreux, mais un, toujours, en toutes circonstances et à tous les âges de la vie.

Mes très chers amis, si nous nous aimons ainsi, sur le fondement du Christ, qui est « l’alpha et l’oméga », « le commencement et la fin » (cf. Ap 22, 13), nous serons un signe de paix pour tous, dans la société et dans le monde. Et n’oublions pas : c’est dans les familles que se construit l’avenir des peuples.

Au cours des dernières décennies, nous avons reçu un signe qui nous remplit de joie et qui nous fait réfléchir : je veux parler du fait que des couples mariés ont été proclamés bienheureux et saints, non pas séparément, mais ensemble, en tant que couples mariés. Je pense à Louis et Zélie Martin, les parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ; et j’aime rappeler les bienheureux Luigi et Maria Beltrame Quattrocchi, dont la vie familiale s’est déroulée à Rome au siècle dernier. Et n’oublions pas la famille polonaise Ulma : parents et enfants unis dans l’amour et dans me martyre. Je disais que c’est un signe qui fait réfléchir. Oui : en désignant comme témoins exemplaires des époux, l’Église nous dit que le monde d’aujourd’hui a besoin de l’alliance conjugale pour connaître et accueillir l’amour de Dieu et surmonter, par sa force qui unifie et réconcilie, les forces qui désagrègent les relations et les sociétés.

C’est pourquoi, le cœur plein de reconnaissance et d’espérance, je vous dis, à vous les époux : le mariage n’est pas un idéal, mais la norme du véritable amour entre l’homme et la femme : un amour total, fidèle, fécond (cf. Saint Paul VI, Lettre encyclique Humanae vitae, 9). Tout en vous transformant en une seule chair, cet amour vous rend capables, à l’image de Dieu, de donner la vie.

C’est pourquoi je vous encourage à être, pour vos enfants, des exemples de cohérence, en vous comportant comme vous voulez qu’ils se comportent, en les éduquant à la liberté par l’obéissance, en recherchant toujours en eux le bien et les moyens de le faire grandir. Et vous, enfants, soyez reconnaissants envers vos parents : dire “merci” pour le don de la vie et pour tout ce qui nous est donné chaque jour avec elle, c’est la première manière d’honorer son père et sa mère (cf. Ex 20, 12). Enfin, à vous, chers grands-parents et personnes âgées, je recommande de veiller sur ceux que vous aimez, avec sagesse et compassion, avec l’humilité et la patience que les années enseignent.

Dans la famille, la foi se transmet avec la vie, de génération en génération : elle est partagée comme la nourriture sur la table et les affections du cœur. Cela en fait un lieu privilégié pour rencontrer Jésus, qui nous aime et veut notre bien, toujours.

Et j’aimerais ajouter une dernière chose. La prière du Fils de Dieu, qui nous donne l’espérance tout au long du chemin, nous rappelle aussi qu’un jour nous serons tous unum (cf. saint Augustin, Sermo super Ps. 127) : une seule chose dans l’unique Sauveur, étreints par l’amour éternel de Dieu. Non seulement nous, mais aussi nos pères et nos mères, nos grands-mères et nos grands-pères, nos frères, nos sœurs et nos enfants qui nous ont déjà précédés dans la lumière de sa Pâque éternelle, et que nous sentons présents ici, avec nous, en ce moment de fête.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 28 mai 2025

Guillaume Bodinier, « Le bon samaritain ». Wikimedia Commons.

Le Pape Léon XIV a poursuivi le cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », commencé par le Pape François dans le cadre du Jubilé 2025. Il a réfléchi à la parabole du bon Samaritain, qu’il a qualifiée de « chemin pour transformer cette question « que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? » (Luc 10:25), pour passer de « qui m’aime ? » à « qui m’a aimé ? » …. La première question est celle que nous posons lorsque nous nous asseyons dans un coin et que nous attendons, la seconde est celle qui nous pousse à nous engager sur le chemin. »

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV jeudi soir à 19h00 HE, 16h00 HP.

Chers frères et sœurs, bonjour !Nous continuons à méditer quelques paraboles de l’Évangile qui sont une occasion de changer de perspective et de nous ouvrir à l’espérance. Le manque d’espérance est parfois dû au fait que nous nous fixons sur une certaine manière rigide et close de voir les choses, et les paraboles nous aident à les regarder d’un autre point de vue.

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une personne expérimentée, savante, docteur de la Loi, qui a cependant besoin de changer de perspective, parce qu’elle est centrée sur elle-même et ne perçoit pas les autres (cf. Lc 10, 25-37). En effet, il interroge Jésus sur la manière dont on “hérite” de la vie éternelle, en utilisant une expression qui la comprend comme un droit sans équivoque. Mais derrière cette question se cache peut-être précisément un besoin d’attention : le seul mot sur lequel il interroge Jésus est le terme “prochain”, qui signifie littéralement celui qui est proche.

C’est pourquoi Jésus raconte une parabole qui est un chemin pour transformer cette question, pour passer de la question qui m’aime ? à celle de qui a aimé ? La première question est une question immature, la seconde est la question de l’adulte qui a compris le sens de sa vie. La première question est celle que nous posons lorsque nous attendons dans un coin, la seconde est celle qui nous pousse à l’engagement.

La parabole que Jésus raconte a en effet pour cadre une route, et c’est une route difficile et malaisée, comme la vie. Il s’agit de la route parcourue par un homme qui descend de Jérusalem, la ville sur la montagne, à Jéricho, la ville au-dessous du niveau de la mer. C’est une image qui préfigure déjà ce qui pourrait arriver : il arrive en effet que cet homme soit attaqué, battu, volé et laissé à moitié mort. C’est l’expérience qui se produit lorsque les situations, les personnes, parfois même celles en qui nous avions confiance, nous prennent tout et nous laissent au plein milieu de la route.

Mais la vie est faite de rencontres, et dans ces rencontres, nous nous révélons tels que nous sommes. Nous nous trouvons face à l’autre, face à sa fragilité et à sa faiblesse, et nous pouvons décider de ce que nous allons faire : nous occuper de lui ou faire comme si de rien n’était. Un prêtre et un lévite suivent le même chemin. Ce sont des personnes qui servent dans le Temple de Jérusalem, qui habitent dans l’espace sacré. Pourtant, la pratique du culte ne conduit pas automatiquement à la compassion. En effet, avant d’être une question religieuse, la compassion est une question d’humanité ! Avant d’être croyants, nous sommes appelés à être humains.

Nous pouvons imaginer qu’après un long séjour à Jérusalem, ce prêtre et ce lévite sont pressés de rentrer chez eux. C’est justement cette hâte, si présente dans nos vies, qui nous empêche souvent d’éprouver de la compassion. Celui qui pense que son propre voyage est prioritaire n’est pas prêts à s’arrêter pour un autre.

Mais voici quelqu’un qui est capable de s’arrêter : c’est un Samaritain, qui appartient donc à un peuple méprisé (cf. 2 Rois 17). Dans son cas, le texte ne précise pas la direction, mais dit seulement qu’il était en voyage. La religiosité n’a rien à voir ici. Ce Samaritain s’arrête simplement parce qu’il est un homme devant un autre homme qui a besoin d’aide.

La compassion s’exprime par des gestes concrets. L’évangéliste Luc s’attarde sur les actions du Samaritain, que nous appelons “bon”, mais qui, dans le texte, est simplement une personne : le Samaritain se fait proche, parce que si l’on veut aider quelqu’un, on ne peut pas penser à se tenir à distance, il faut s’impliquer, se salir, peut-être se contaminer ; il panse ses blessures après les avoir nettoyées avec de l’huile et du vin ; il le charge sur sa monture, c’est-à-dire qu’il le prend en charge, parce qu’on aide vraiment si l’on est prêt à sentir le poids de la douleur de l’autre ; il l’emmène à l’hôtel où il dépense de l’argent, “deux deniers”, plus ou moins deux jours de travail ; et il s’engage à revenir et éventuellement à payer à nouveau, parce que l’autre n’est pas un colis à livrer, mais quelqu’un dont il faut prendre soin.

Chers frères et sœurs, quand serons-nous capables, nous aussi, d’interrompre notre voyage et d’avoir de la compassion ? Quand nous comprendrons que cet homme blessé sur la route représente chacun d’entre nous. Et alors, le souvenir de toutes les fois où Jésus s’est arrêté pour prendre soin de nous nous rendra d’autant plus capables de compassion.

Prions donc afin de pouvoir grandir en humanité, de telle sorte que nos relations soient plus vraies et plus riches de compassion. Demandons au Cœur du Christ la grâce de partager toujours plus ses propres sentiments.

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APPEL

Ces jours-ci, je pense souvent au peuple ukrainien frappé par de nouvelles attaques graves contre les civils et les infrastructures. J’assure ma proximité et mes prières toutes les victimes, en particulier les enfants et les familles.

Je renouvelle avec force mon appel à arrêter la guerre et à soutenir toute initiative en faveur du dialogue et de la paix. Je demande à tous de s’unir dans la prière pour la paix en Ukraine et partout où l’on souffre de la guerre.

De la bande de Gaza, s’élèvent toujours plus intenses vers le ciel les cris des mères, des pères qui serrent les corps sans vie de leurs enfants et qui sont continuellement obligés de se déplacer à la recherche d’un peu de nourriture et d’un abri plus sûr contre les bombardements.

Aux responsables, je renouvelle mon appel : cessez le feu ; libérez tous les otages et respectez intégralement le droit humanitaire. Marie Reine de la Paix, priez pour nous.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Survol sur le document Rerum Novarum

Statue du pape Léon XIII, au-dessus de l’entrée de son tombeau dans la basilique Saint-Jean-de-Latran. Photo © Sel + Lumière Média, 2025.

Le pape Léon XIII est sur le point de redevenir un nom familier, maintenant que son dernier successeur a pris son nom. Une recherche rapide sur Google Trends révèle que le terme de recherche « Léon XIII » a atteint le sommet de sa popularité le 8 mai, jour de l’élection du pape Léon XIV. Dans son discours au collège des cardinaux, quelques jours après son élection, notre nouveau pape a expliqué qu’il avait choisi le nom de Léon « principalement parce que le pape Léon XIII, dans son encyclique historique Rerum Novarum, a abordé la question sociale [la réponse de l’Église aux questions sociales, politiques et économiques] dans le contexte de la première grande révolution industrielle ».

Le pic de consultation de l’encyclique sur Google Trends ? Le 8 mai également. Ce jour-là, la popularité de Rerum Novarum et du pape qui l’a rédigée a dépassé toutes les données relatives à l’un ou l’autre terme depuis 2004, date des premières statistiques disponibles.

Dans mon article précédent, j’ai mentionné quelques papes notables nommés Léon à travers l’histoire, j’ai souligné que les papes choisissent leur nom pour signaler un thème important de leur pontificat et j’ai mis en évidence le fait que Rerum Novarum est la raison principale du choix du nom du pape Léon XIV. Dans cet article, je reviendrai sur l’encyclique révolutionnaire de Léon XIII. 

 

Sur les nouveaux sujets

Léon XIII a rédigé et publié ce document en 1891, inaugurant ainsi la tradition durable de l’enseignement social pontifical. À la lumière des conditions précaires et souvent abjectes des mines, des usines urbaines, des chemins de fer et d’autres innovations industrielles, il a appelé à des conditions de travail justes et saines, à des salaires équitables (n° 43-47) et au droit des travailleurs de s’organiser en syndicats et de défendre leurs besoins (n° 48-57). Pour ce faire, il a ancré son appel dans l’affirmation chrétienne de la dignité humaine et du bien commun, tout en défendant le droit à la propriété privée et l’intégrité de la famille (n° 9, 12-14).

Si nous considérons aujourd’hui comme acquis le droit à des conditions de travail équitables et à la syndicalisation, l’approbation magistérielle de Léon XIII constituait, à la fin du XIXe siècle, une prise de position étonnamment audacieuse en faveur des gens du peuple. De même, nous pourrions ne pas voir d’opposition entre les conditions de travail et les syndicats, d’une part, et la propriété privée et les droits de la famille, d’autre part, aujourd’hui. Cependant, le contexte politique de l’époque de Léon XIII était marqué par une polarisation intense entre les deux, en tant que réponses alternatives aux défis tumultueux de son temps, en particulier le fossé grandissant entre les riches et les pauvres (#1).Rerum Novarum est un blâme sévère contre les extrêmes du capitalisme débridé qui laisse les employeurs et les entreprises déshumaniser leurs travailleurs, et du socialisme autoritaire qui cherche à alléger le sort du travailleur par un contrôle étatique total du travail, de la propriété, de la production et de la vie de famille (#4, 5, etc.).

La réponse de Léon XIII est que le capital (employeurs, propriété) et le travail (travailleurs, syndicats) ont tous deux des droits et des devoirs, puisque tous les membres d’une société ont des droits et des devoirs les uns envers les autres. Tous sont appelés à « vivre ensemble dans la concorde et à aller de l’avant dans la prospérité et avec de bons résultats » (n°58). Il a exprimé l’espérance que « si les préceptes chrétiens prévalent », par opposition aux préceptes capitalistes ou socialistes, alors

Les classes respectives ne seront pas seulement unies par les liens de l’amitié, mais aussi par ceux de l’amour fraternel. Car elles comprendront et sentiront que tous les hommes sont enfants d’un même Père commun, qui est Dieu ; que tous ont pareillement la même fin, qui est Dieu lui-même, qui seul peut rendre les hommes ou les anges absolument et parfaitement heureux ; […] que les bénédictions de la nature et les dons de la grâce appartiennent en commun à toute la race humaine (#25).

En fin de compte, il a appelé à une réglementation gouvernementale accrue de l’industrie afin de protéger les droits et le bien-être des travailleurs, en particulier des pauvres (n° 35-37), tout en préservant le droit à la propriété privée (n° 38).

Les papes suivants ont considéré Rerum Novarum comme l’origine et la base de l’enseignement social catholique. Par exemple, ils ont publié leurs propres encycliques en revenant sur l’œuvre de Léon XIII et en réfléchissant à ses contributions pour leur propre époque : le 40e anniversaire de Rerum Novarum a été célébré par le Quadragesimo Anno de Pie XI en 1931 ; le Mater et Magistra de Saint Jean XXIII a été célébré par l’encyclique de l’Église Catholique. Jean XXIII a célébré le 60e anniversaire de Mater et Magistra en 1961 ; Octogesima Adveniens de Paul VI en 1971 (une « lettre apostolique » et un « appel à l’action ») a marqué le 80e anniversaire ; et Rerum Novarum de Jean-Paul II en 1981 et Centesimus Annus en 1991 ont célébré respectivement le 90e et le 100e anniversaire de Laborem Exercens.

Laborem Exercens se distingue par sa réflexion sur l’exigence que l’emploi, les conditions de travail, les salaires et l’investissement personnel d’un travailleur dans ses tâches soient au service de la dignité humaine universelle, plutôt que des moyens d’élever certains et d’abaisser d’autres. Suivant l’exemple du pape Léon XIII, Jean-Paul II a cherché avec force une troisième voie entre le capitalisme débridé et le socialisme autoritaire à la fin d’une guerre froide qui opposait les deux (voir n° 7, 11). L’exemple le plus tangible qui me vient à l’esprit est son soutien au mouvement syndical Solidarnosc (ou « Solidarité ») dans sa Pologne natale, qui a conduit à la restauration d’un gouvernement démocratique à l’est de l’Europe.

Dans six ans, nous célébrons le 140e anniversaire du Rerum Novarum. C’est une période extrêmement courte pour une Église qui « pense en siècles », mais incroyablement longue compte tenu du rythme effréné des changements technologiques, industriels, politiques et socio-économiques de notre époque. En choisissant son nom, le pape Léon XIV a déjà indiqué qu’il souhaitait réfléchir aux leçons de Rerum Novarum pour les questions déterminantes de notre époque, et que cette réflexion serait une tâche importante de son pontificat. 

Au cours de ses premières semaines sur la chaire de Saint-Pierre, il s’est déjà montré un pape très réfléchi et engagé, à l’écoute des préoccupations et des espoirs du monde. Nous attendons avec impatience ce leadership réfléchi, engagé et réceptif, alors qu’il développe la tradition durable de l’enseignement social catholique pour les grands défis et le potentiel du 21e siècle.

 

 

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