Homélie du pape Léon XIV lors de la messe et de l’installation sur la cathèdre romaine

Photo Credit : Vatican Media

Le dimanche 25 mai 2025, le pape Léon XIV a été officiellement installé sur la cathèdre du diocèse de Rome lors d’une messe dans la basilique Saint-Jean-de-Latran. Dans son homélie, il déclare que « la communion se construit d’abord “à genoux”, par la prière et l’engagement constant dans la conversion ».

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Messe et installation sur la cathèdre romaine

HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

Basilique Saint-Jean-de-Latran
25 mai 2025

 

Lire le texte intégral de l’homélie du Saint-Père ci-dessous. :

Je salue cordialement les Cardinaux présents, en particulier le Cardinal Vicaire, les évêques auxiliaires et tous les évêques, les très chers prêtres – curés, vicaires et tous ceux qui, à divers titres, collaborent à la pastorale dans nos communautés – ; ainsi que les diacres, les religieux, les religieuses, les Autorités et vous tous, très chers fidèles.

L’Église de Rome est l’héritière d’une grande histoire, enracinée dans le témoignage de Pierre, de Paul et d’innombrables martyrs, et elle a une mission unique, bien indiquée par ce qui est écrit sur la façade de cette Cathédrale : être Mater omnium Ecclesiarum, Mère de toutes les Églises.

Le Pape François nous a souvent invités à réfléchir sur la dimension maternelle de l’Église (cf. Exhort. ap.Evangelii gaudium, nn. 46-49 ,  139-141Catéchèse, 13 janvier 2016) et sur ses caractéristiques propres : la tendresse, la disponibilité au sacrifice et cette capacité d’écoute qui permet non seulement de venir en aide, mais souvent aussi d’anticiper les besoins et les attentes, avant même qu’ils ne soient exprimés. Ce sont là des traits que nous souhaitons voir grandir partout dans le peuple de Dieu, ici aussi, dans notre grande famille diocésaine : chez les fidèles, chez les pasteurs, chez moi le premier. Les lectures que nous avons écoutées peuvent nous aider à y réfléchir.

Dans les Actes des Apôtres (cf. 15, 1-2.22-29), en particulier, il est raconté comment la communauté des origines a affronté le défi de l’ouverture au monde païen dans l’annonce de l’Évangile. Cela n’a pas été un processus facile : cela a demandé beaucoup de patience et d’écoute mutuelle ; cela s’est produit tout d’abord au sein de la communauté d’Antioche, où les frères, en dialoguant – même en discutant – sont parvenus à définir ensemble la question. Mais ensuite, Paul et Barnabé sont montés à Jérusalem. Ils n’ont pas décidé de leur propre chef : ils ont cherché la communion avec l’Église mère et s’y sont rendus avec humilité.

Pierre et les Apôtres les ont écoutés. Ainsi s’est engagé le dialogue qui a finalement conduit à la bonne décision : reconnaissant et considérant la difficulté des néophytes, il a été convenu de ne pas leur imposer de charges excessives, mais de se limiter à leur demander l’essentiel (cf. Ac 15, 28-29). Ainsi, ce qui pouvait sembler un problème est devenu pour tous une occasion de réfléchir et de grandir.

Le texte biblique, cependant, nous en dit davantage, allant au-delà de la riche et intéressante dynamique humaine de l’événement.

C’est ce que révèlent les paroles que les frères de Jérusalem adressent par lettre à ceux d’Antioche, leur communiquant les décisions prises. Ils écrivent : « L’Esprit Saint et nous-mêmes » (Ac 15, 28). Ils soulignent, en effet, que dans toute cette histoire, l’écoute la plus importante, celle qui a rendu tout le reste possible, a été celle de la voix de Dieu. Ils nous rappellent ainsi que la communion se construit avant tout “à genoux”, dans la prière et dans un engagement continu de conversion. Ce n’est que dans cette tension, en effet, que chacun peut entendre en lui la voix de l’Esprit qui crie : « Abba ! Père ! » (Ga 4, 6) et, par conséquent, écouter et comprendre les autres comme des frères.

L’Évangile nous réaffirme également ce message (cf. Jn 14, 23-29), en nous disant que nous ne sommes pas seuls dans les choix de vie. L’Esprit nous soutient et nous montre le chemin à suivre, en nous “enseignant” et en nous “rappelant” tout ce que Jésus nous a dit (cf. Jn 14, 26).

Tout d’abord, l’Esprit nous enseigne les paroles du Seigneur en les imprimant profondément en nous, selon l’image biblique de la loi écrite non plus sur des tables de pierre, mais dans nos cœurs (cf. Jr 31, 33) ; un don qui nous aide à grandir jusqu’à devenir “lettre du Christ” (cf. 2 Co 3, 3) les uns pour les autres. Et il en est ainsi : nous sommes d’autant plus capables d’annoncer l’Évangile que nous nous laissons conquérir et transformer, en permettant à la puissance de l’Esprit de nous purifier au plus profond de nous-mêmes, de rendre nos paroles simples, nos désirs honnêtes et limpides, nos actions généreuses.

Et c’est là qu’intervient l’autre verbe : “rappeler”, c’est-à-dire ramener l’attention du cœur vers ce que nous avons vécu et appris, afin d’en pénétrer plus profondément le sens et d’en savourer la beauté.

Je pense à cet égard au chemin exigeant que le diocèse de Rome parcourt depuis quelques années, articulé à différents niveaux d’écoute : vers le monde environnant, pour en accueillir les défis, et au sein des communautés, pour en comprendre les besoins et promouvoir des sages et prophétiques initiatives d’évangélisation et de charité. C’est un chemin difficile, encore en cours, qui cherche à embrasser une réalité très riche, mais aussi très complexe. Il est toutefois digne de l’histoire de cette Église qui a si souvent démontré sa capacité à voir “grand”, en s’investissant sans réserve dans des projets courageux et s’impliquant même face à des scénarios nouveaux et exigeants.

En témoigne le travail considérable accompli ces jours-ci par l’ensemble du diocèse en vue du Jubilé, dans l’accueil et l’accompagnement des pèlerins et à travers d’innombrables autres initiatives. Grâce à ces nombreux efforts, la ville apparaît à ceux qui y arrivent, parfois de très loin, comme une grande maison ouverte et accueillante, et surtout comme un foyer de foi.

Pour ma part, j’exprime le désir et l’engagement d’entrer dans ce chantier si vaste en me mettant, autant que possible, à l’écoute de tous, pour apprendre, comprendre et décider ensemble : “chrétien avec vous et pour vous évêque ”, comme le disait saint Augustin (cf. Discours 340, 1). Je vous demande de m’aider à le faire dans un effort commun de prière et de charité, en rappelant les paroles de saint Léon le Grand : « Tout le bien que nous accomplissons dans l’exercice de notre ministère est l’œuvre du Christ ; et non pas la nôtre, car nous ne pouvons rien sans lui, mais nous nous glorifions en lui, de qui vient toute l’efficacité de notre action » (Serm. 5, de natali ipsius, 4).

À ces paroles je voudrais joindre, en concluant, celles du Bienheureux Jean-Paul Ier, qui le 23 septembre 1978, avec le visage radieux et serein qui lui avait déjà valu l’appellation de “Pape du sourire”, saluait ainsi sa nouvelle famille diocésaine : « Devenant Patriarche à Venise, Saint Pie X s’était exclamé à St-Marc : “Qu’en serait-il de moi, Vénitiens, si je ne vous aimais pas ?”. Aux Romains, je dirai quelque chose de semblable ; je puis vous assurer que je vous aime, que je désire seulement entrer à votre service et mettre à votre disposition, toutes mes pauvres forces, le peu que j’ai et le peu que je suis » (Homélie à l’occasion de la Prise de Possession de la Cathedra Romana, 23 septembre 1978).

Je vous exprime également toute mon affection, avec le désir de partager avec vous, sur notre chemin commun, les joies et les peines, les difficultés et les espoirs. Je vous offre moi aussi “le peu que j’ai et que je suis”, et je le confie à l’intercession des saints Pierre et Paul et de tant d’autres frères et sœurs dont la sainteté a illuminé l’histoire de cette Église et les rues de cette ville. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Quel est le sens d’un nom ? Les plus grands papes de l’histoire qui s’appellent Léo

Saint Léon le Grand. Herrera Mozo. Wikimedia Commons

Le pape Léon XIV ! La réalité pleine d’espérance d’un nouveau Souverain Pontife commence à s’installer. Plus je le vois, plus je l’entends parler (même dans sa langue maternelle, l’anglais !),  et plus je lis son nom, plus cette nouvelle ère de la vie de l’Église me semble familière.

Qu’est-ce qu’un nom ? Lorsqu’un nouveau pape choisit un nom qui a déjà été utilisé, c’est généralement pour mettre en avant certains de ses prédécesseurs ou d’autres personnages historiques, afin de rappeler l’importance de leur héritage dans le présent.

Par exemple, en 2005, Benoît XVI a choisi son nom pour honorer à la fois saint Benoît de Nursie, le père du monachisme occidental. Le pape Benoît XV, qui s’est opposé à la popularité en appelant à la paix pendant la Première Guerre mondiale. Dans un nouveau siècle marqué par un sécularisme plus dominant en Occident et un choc croissant des civilisations mondialisées, Le pape Benoît XVI s’est attaché à la formation d’une Église européenne plus petite et plus fidèle qui proclame librement la paix du Christ.

Lorsque le pape François a choisi son nom, il a indiqué que son pontificat sera marqué par un appel à une relation renouvelée avec notre maison commune et toutes les créatures qui y vivent, ainsi qu’à une fraternité renouvelée entre les nations, les peuples et les personnes. Il a nommé ses deux encycliques sociales phares, Laudato Si’ et Fratelli Tutti, d’après des prières poétiques du grand mystique d’Assise.

En ce qui concerne le pape Léon XIV, il a explicitement mentionné le dernier prédécesseur à porter ce nom, Léon XIII (1878-1903). Voici quelques exemples antérieurs qui méritent d’être soulignés avant :

Léon III (795-816) est peut-être le plus connu pour ses relations diplomatiques avec le Souverain franc Charlemagne. Ce dialogue s’est avéré mutuellement bénéfique, en particulier lorsque Léon a couronné Charlemagne comme premier empereur romain d’Occident en trois siècles, le jour de Noël, en l’an 800 de notre ère. Il a été canonisé par le pape Clément XI en 1673.

Léon IX (1049-1054) fut un Pape réformateur qui renouvela l’exigence du célibat des clercs et éradiqua la simonie (vente de services ecclésiastiques), et d’autres formes de corruption. Cependant, son pontificat a été marqué par un affaiblissement des relations avec l’Église d’Orient, ce qui a conduit au Grand Schisme d’Occident au cours de la dernière année de son règne. Il a été canonisé 28 ans plus tard, en 1082 par le pape Grégoire VII.

Le Pape le plus important de cette « liste de Léons » est sans aucun doute saint Léon 1er (440-461), père latin et docteur de l’Église. Il fut le premier Pape à recevoir officiellement le titre de « Grand », suivi par saint Grégoire et saint Nicolas. La contribution la plus durable de saint Léon le Grand a été la doctrine de Jésus le Fils de Dieu : il a écrit de manière convaincante sur l’union dans la distinction des natures divine et humaine du Christ. Cette doctrine, appelée plus tard « union hypostatique », a été affirmée lors du concile de Chalcédoine en 451 et continue d’être la norme de la foi catholique jusqu’à aujourd’hui. La reconnaissance de sa sainteté est antérieure au processus officiel de canonisation, mais il est nommé docteur de l’unité de l’Église par le pape Benoît XIV en 1754.

Le pontificat extraordinairement long de 25 ans du pape Léon XIII a immédiatement suivi le pontificat encore plus long de 32 ans du bienheureux Pie IX. Au cours de son règne, il a promulgué des règles pour une musique plus simple et plus traditionnelle dans la liturgie, a entamé des relations plus constructives avec la nouvelle République italienne et a même composé la célèbre prière de Saint-Michel ! Il est peut-être mieux connu comme le père de l’enseignement social catholique moderne, qui commence officiellement avec son encyclique Rerum Novarum de 1891. Le 15 mai dernier était le 134e anniversaire de sa promulgation !

Cela nous amène au choix du nom du pape Léon XIV : Dans son discours au Collège des cardinaux lors de son élection, notre nouveau Pape a expliqué qu’il l’avait choisi

Principalement parce que le Pape Léon XIII, avec l’encyclique historique Rerum novarum, a abordé la question sociale dans le contexte de la première grande révolution industrielle ; et aujourd’hui l’Église offre à tous son héritage de doctrine sociale pour répondre à une autre révolution industrielle et aux développements de l’intelligence artificielle, qui posent de nouveaux défis pour la défense de la dignité humaine, de la justice et du travail.

Je reviendrai sur Rerum Novarum dans un autre article de blog. Surveillez notre blogue, et visitez https://slmedia.org/fr/pape, pour notre dernière couverture de cette quatorzième papauté léonine.

Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 21 mai 2025

Vincent Van Gogh, « Semeur au coucher du soleil ». Wikimedia Commons.

Lors de sa première audience générale du mercredi, le Pape Léon XIV a poursuivi le cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », commencé par le Pape François dans le cadre du Jubilé 2025. Il a réfléchi sur la parabole du Semeur, en disant que « Dieu jette la semence de sa Parole sur toutes sortes de terrains, c’est-à-dire dans toutes nos situations : parfois nous sommes plus superficiels et distraits, parfois nous nous laissons emporter par l’enthousiasme, parfois nous sommes accablés par les soucis de la vie, mais il y a aussi des moments où nous sommes disposés et accueillants ».


Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV jeudi soir à 19h00 HE, 16h00 HP.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je suis heureux de vous accueillir pour ma première audience générale. Je reprends aujourd’hui le cycle des catéchèses jubilaires, sur le thème « Jésus-Christ Notre Espérance », ouvert par le Pape François.

Aujourd’hui, nous continuons à méditer sur les paraboles de Jésus, qui nous aident à redécouvrir l’espérance, parce qu’elles nous montrent comment Dieu agit dans l’histoire. Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter sur une parabole un peu particulière, parce qu’elle est une sorte d’introduction à toutes les paraboles. Je me réfère à celle du semeur (cf. Mt 13, 1-17). D’une certaine manière, nous pouvons reconnaître dans ce récit la manière de communiquer de Jésus, qui a tant à nous enseigner pour l’annonce de l’Évangile aujourd’hui.

Chaque parabole raconte une histoire tirée de la vie quotidienne, mais elle veut nous dire quelque chose de plus, nous renvoyer à un sens plus profond. La parabole nous interroge, nous invite à ne pas nous arrêter aux apparences. Devant l’histoire qui m’est racontée ou l’image qui m’est donnée, je peux me demander : où suis-je dans cette histoire ? Que dit cette image à ma vie ? Le terme parabole vient en effet du verbe grec paraballein, qui signifie jeter devant. La parabole jette devant moi une parole qui me provoque et me pousse à m’interroger.

La parabole du semeur parle précisément de la dynamique de la parole de Dieu et des effets qu’elle produit. En effet, chaque parole de l’Évangile est comme une graine qui est semée dans le sol de notre vie. Jésus utilise plusieurs fois l’image de la semence, avec des significations diverses. Au chapitre 13 de l’Évangile de Matthieu, la parabole du semeur introduit une série d’autres petites paraboles, dont certaines parlent précisément de ce qui se passe dans la terre : le blé et l’ivraie, la graine de moutarde, le trésor caché dans le champ. Quelle est donc cette terre ? C’est notre cœur, mais c’est aussi le monde, la communauté, l’Église. La parole de Dieu, en effet, féconde et provoque toutes les réalités.

Au début, nous voyons Jésus sortir de la maison et une grande foule se rassembler autour de lui (cf. Mt 13,1). Sa parole fascine et fait réfléchir. Parmi les gens, il y a évidemment beaucoup de situations différentes. La parole de Jésus s’adresse à tous, mais elle agit en chacun d’une manière diverse. Ce contexte nous permet de mieux comprendre le sens de la parabole.

Un semeur plutôt original sort pour semer, mais il ne se soucie pas de l’endroit où la graine tombe. Il sème les graines même là où elles ont peu de chances de porter du fruit : sur le chemin, parmi les pierres, parmi les ronces. Cette attitude étonne l’auditeur et l’amène à se demander : comment est-ce possible ?

Nous avons l’habitude de calculer les choses – et c’est parfois nécessaire – mais cela ne s’applique pas à l’amour ! La manière dont ce semeur « gaspilleur » sème la graine est une image de la manière dont Dieu nous aime. En effet, il est vrai que le destin de la semence dépend aussi de la manière dont le sol l’accueille et de la situation dans laquelle elle se trouve, mais cette parabole de Jésus nous dit avant tout que Dieu sème la semence de sa parole sur toutes sortes de sols, c’est-à-dire dans n’importe laquelle de nos situations : parfois nous sommes plus superficiels et distraits, parfois nous nous laissons emporter par l’enthousiasme, parfois nous sommes accablés par les soucis de la vie, mais il y a aussi des moments où nous nous montrons disponibles et accueillants. Dieu est confiant et espère que tôt ou tard la graine fleurira. Il nous aime ainsi : il n’attend pas que nous soyons la meilleure terre, il nous donne toujours généreusement sa parole. Peut-être qu’en voyant qu’il nous fait confiance, le désir d’être une meilleure terre naîtra en nous. C’est cela l’espérance, fondée sur le roc de la générosité et de la miséricorde de Dieu.

En racontant comment la graine porte du fruit, Jésus parle aussi de sa vie. Jésus est la Parole, il est la Semence. Et la semence, pour porter du fruit, doit mourir. Ainsi, cette parabole nous dit que Dieu est prêt à « gaspiller » pour nous et que Jésus est prêt à mourir pour transformer nos vies.

Je pense à ce magnifique tableau de Van Gogh : « Le semeur au soleil couchant ». Cette image du semeur sous un soleil de plomb me parle aussi du labeur du paysan. Et je suis frappé par le fait que, derrière le semeur, Van Gogh a représenté le grain déjà mûr. Il me semble que c’est une image d’espérance : d’une manière ou d’une autre, la semence a porté ses fruits. Nous ne savons pas exactement comment, mais c’est ainsi. Au centre de la scène, cependant, il n’y a pas le semeur, qui se tient sur le côté, mais tout le tableau est dominé par l’image du soleil, peut-être pour nous rappeler que c’est Dieu qui fait bouger l’histoire, même s’il semble parfois absent ou distant. C’est le soleil qui réchauffe les mottes de terre et qui fait mûrir la semence.

Chers frères et sœurs, dans quelle condition de la vie la parole de Dieu nous rejoint-elle aujourd’hui ? Demandons au Seigneur la grâce d’accueillir toujours cette semence qu’est sa parole. Et si nous nous rendons compte que nous ne sommes pas une terre féconde, ne nous décourageons pas, mais demandons-lui de nous retravailler encore pour faire de nous une terre meilleure.

APPEL
pour la population de la bande de Gaza

La situation dans la bande de Gaza est de plus en plus préoccupante et douloureuse. Je renouvelle mon appel du fond du cœur à permettre l’entrée d’une aide humanitaire décente et à mettre fin aux hostilités, dont le prix déchirant est payé par les enfants, les personnes âgées, les personnes malades.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Discours du pape Léon XIV aux membres du corps diplomatique

Le pape Léon XIV salue un membre du corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège. Photo avec l’aimable autorisation de Vatican Media.

Le mercredi 16 mai 2025, le pape Léon XIV s’est adressé aux membres du corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège. Son discours réaffirme l’engagement du Saint-Siège à poursuivre la paix, la justice et la vérité dans son activité diplomatique, en disant que « dans [cette] activité diplomatique, le Saint-Siège est inspiré par une pastorale qui le conduit non pas à rechercher des privilèges, mais à renforcer sa mission évangélique au service de l’humanité ».

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DISCOURS DU PAPE LÉON XIV
AUX MEMBRES DU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Salle Clémentine
Vendredi 16 mai 2025

 

Lire le texte intégral du discours du Saint-Père aux membres du corps diplomatique ci-dessous. :

Éminence,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Que la paix soit avec vous !

Je remercie S.E. M. George Poulides, Ambassadeur de la République de Chypre et Doyen du Corps diplomatique, pour les paroles cordiales qu’il m’a adressées en votre nom à tous, et pour le travail inlassable qu’il poursuit avec la vigueur, la passion et l’amabilité qui le caractérisent. Ces qualités lui ont valu l’estime de tous mes prédécesseurs qu’il a rencontrés au cours de ces années de mission auprès du Saint-Siège, et en particulier du regretté Pape François.

Je voudrais également vous exprimer ma gratitude pour les nombreux messages de vœux qui ont suivi mon élection, ainsi que pour les messages de condoléances au décès du Pape François provenant aussi de pays avec lesquels le Saint-Siège n’entretient pas de relations diplomatiques. Il s’agit là d’une marque d’estime significative qui encourage à approfondir les relations mutuelles.

Dans notre dialogue, je voudrais que le sentiment d’appartenance à une famille prenne toujours le pas. En effet, la communauté diplomatique représente toute la famille des peuples, partageant les joies et les peines de la vie ainsi que les valeurs humaines et spirituelles qui l’animent. La diplomatie pontificale est, en effet, une expression de la catholicité même de l’Église et, dans son action diplomatique, le Saint-Siège est animé par une urgence pastorale qui le pousse non pas à rechercher des privilèges, mais à intensifier sa mission évangélique au service de l’humanité. Il combat toute indifférence et rappelle sans cesse les consciences, comme l’a fait inlassablement mon vénérable prédécesseur, toujours attentif au cri des pauvres, des nécessiteux et des marginalisés, mais aussi aux défis qui marquent notre temps, depuis la sauvegarde de la création jusqu’à l’intelligence artificielle.

En plus d’être le signe concret de l’attention que vos pays accordent au Siège Apostolique, votre présence aujourd’hui est pour moi un don qui permet de renouveler l’aspiration de l’Église – et la mienne personnelle – à rejoindre et à étreindre tous les peuples et toutes les personnes de cette terre, désireux et en quête de vérité, de justice et de paix ! D’une certaine manière, mon expérience de vie, qui s’est déroulée entre l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et l’Europe, est représentative de cette aspiration à dépasser les frontières pour rencontrer des personnes et des cultures différentes.

Grâce au travail constant et patient de la Secrétairerie d’État, j’entends consolider la connaissance et le dialogue avec vous et vos pays, dont j’ai déjà eu la grâce d’en visiter un bon nombre au cours de ma vie, en particulier lorsque j’étais prieur général des Augustins. Je suis convaincu que la Divine Providence m’accordera d’autres occasions de rencontres avec les réalités dont vous êtes issus, me permettant ainsi de saisir les opportunités qui se présenteront pour confirmer la foi de tant de frères et sœurs dispersés à travers le monde, et pour construire de nouveaux ponts avec toutes les personnes de bonne volonté.

Dans notre dialogue, je voudrais que nous gardions à l’esprit trois mots clés qui constituent les piliers de l’action missionnaire de l’Église et du travail diplomatique du Saint-Siège.

Le premier mot est paix. Trop souvent, nous considérons ce mot comme “négatif”, c’est-à-dire comme la simple absence de guerre et de conflit, car l’opposition fait partie de la nature humaine et nous accompagne toujours, nous poussant trop souvent à vivre dans un “état de conflit” permanent : à la maison, au travail, dans la société. La paix semble alors n’être qu’une simple trêve, une pause entre deux conflits, car, malgré tous nos efforts, les tensions sont toujours présentes, un peu comme des braises qui couvent sous la cendre, prêtes à se rallumer à tout moment.

Dans la perspective chrétienne – comme dans d’autres expériences religieuses – la paix est avant tout un don le premier don du Christ : « Je vous donne ma paix » (Jn 14, 27). Elle est cependant un don actif, engageant, qui concerne et implique chacun de nous, indépendamment de notre origine culturelle et de notre appartenance religieuse, et qui exige avant tout un travail sur soi-même. La paix se construit dans le cœur et à partir du cœur, en déracinant l’orgueil et les revendications, et en mesurant son langage, car on peut blesser et tuer aussi par des mots, pas seulement par des armes.

Dans cette optique, je considère que la contribution que les religions et le dialogue interreligieux peuvent apporter pour favoriser des contextes de paix est fondamentale. Cela exige naturellement le plein respect de la liberté religieuse dans chaque pays, car l’expérience religieuse est une dimension fondamentale de la personne humaine, sans laquelle il est difficile, voire impossible, d’accomplir cette purification du cœur nécessaire pour construire des relations de paix.

À partir de ce travail, auquel nous sommes tous appelés, il est possible d’éradiquer les prémices de tout conflit et de toute volonté destructrice de conquête. Cela exige également une sincère volonté de dialogue, animée par le désir de se rencontrer plutôt que de s’affronter. Dans cette perspective, il est nécessaire de redonner un souffle à la diplomatie multilatérale et aux institutions internationales qui ont été voulues et conçues avant tout pour remédier aux conflits pouvant surgir au sein de la Communauté internationale. Bien sûr, il faut encore la volonté de cesser de produire des instruments de destruction et de mort, car, comme le rappelait le  pape François dans son dernier Message Urbi et Orbi, « aucune paix n’est possible sans véritable désarmement [et] le besoin de chaque peuple de pourvoir à sa propre défense ne peut se transformer en une course générale au réarmement » [1].

Le deuxième mot est justice. Poursuivre la paix exige de pratiquer la justice. Comme je l’ai déjà évoqué, j’ai choisi mon nom en pensant avant tout à Léon XIII, le Pape de la première grande encyclique sociale, Rerum novarum. Dans le changement d’époque que nous vivons, le Saint-Siège ne peut s’empêcher de faire entendre sa voix face aux nombreux déséquilibres et injustices qui conduisent, entre autres, à des conditions de travail indignes et à des sociétés de plus en plus fragmentées et conflictuelles. Il faut également s’efforcer de remédier aux inégalités mondiales, qui voient l’opulence et la misère creuser des fossés profonds entre les continents, entre les pays et même au sein d’une même société.

Il incombe à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales de s’efforcer à construire des sociétés civiles harmonieuses et pacifiées. Cela peut être accompli avant tout en misant sur la famille fondée sur l’union stable entre un homme et une femme, « une société très petite sans doute, mais réelle et antérieure à toute société civile » [2]. En outre, personne ne peut se dispenser de promouvoir des contextes où la dignité de chaque personne soit protégée, en particulier celle des plus fragiles et des plus vulnérables, du nouveau-né à la personne âgée, du malade au chômeur, que celui-ci soit citoyen ou immigrant.

Mon histoire est celle d’un citoyen, descendant d’immigrés, lui-même émigré. Au cours de la vie, chacun d’entre nous peut se retrouver en bonne santé ou malade, avec ou sans emploi, dans sa patrie ou en terre étrangère : cependant sa dignité reste toujours la même, celle d’une créature voulue et aimée de Dieu.

Le troisième mot est vérité. On ne peut construire des relations véritablement pacifiques, même au sein de la Communauté internationale, sans vérité. Là où les mots revêtent des connotations ambiguës et ambivalentes ou le monde virtuel, avec sa perception altérée de la réalité, prend le dessus sans contrôle, il est difficile de construire des rapports authentiques, puisque les prémisses objectives et réelles de la communication font défaut.

Pour sa part, l’Église ne peut jamais se soustraire à son devoir de dire la vérité sur l’homme et sur le monde, en recourant si nécessaire à un langage franc qui peut au début susciter une certaine incompréhension. Mais la vérité n’est jamais séparée de la charité qui, à la racine, a toujours le souci de la vie et du bien de tout homme et de toute femme. D’ailleurs, dans la perspective chrétienne, la vérité n’est pas l’affirmation de principes abstraits et désincarnés, mais la rencontre avec la personne même du Christ qui vit dans la communauté des croyants. Ainsi, la vérité ne nous éloigne pas, mais au contraire elle nous permet d’affronter avec plus de vigueur les défis de notre temps comme les migrations, l’utilisation éthique de l’intelligence artificielle et la sauvegarde de notre Terre bien-aimée. Ce sont des défis qui exigent l’engagement et la collaboration de tous, car personne ne peut penser les relever seul.

Chers Ambassadeurs,

mon ministère commence au cœur d’une année jubilaire, dédiée d’une façon particulière à l’espérance. C’est un temps de conversion et de renouveau, mais surtout l’occasion de laisser derrière nous les conflits et d’emprunter un nouveau chemin, animés par l’espérance de pouvoir construire, en travaillant ensemble, chacun selon ses sensibilités et ses responsabilités, un monde dans lequel chacun pourra réaliser son humanité dans la vérité, dans la justice et dans la paix. Je souhaite que cela puisse se réaliser dans tous les contextes, à commencer par les plus éprouvés, comme celui de l’Ukraine et de la Terre Sainte.

Je vous remercie pour tout le travail que vous accomplissez afin de construire des ponts entre vos pays et le Saint-Siège, et de tout cœur je vous bénis, ainsi que vos familles et vos peuples. Merci !

[Bénédiction]

Et merci pour tout le travail que vous accomplissez !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Discours du pape Léon XIV aus participants au Jubilé des Églises orientale

Photo de Sel + Lumière Média

Le 14 mai 2025, le pape Léon XIV a accueilli les participants au Jubilé des Églises orientales à Rome. Dans un discours empreint de fraternité, il a salué la richesse spirituelle des traditions orientales et souligné leur rôle essentiel dans l’Église universelle, en appelant à préserver cet héritage, notamment pour les communautés en diaspora.

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DISCOURS DU PAPE LÉON XIV
AUX PARTICIPANTS AU JUBILÉ DES ÉGLISES ORIENTALES 

Salle Paul VI
Mercredi 14 mai 2025

Lire le texte intégral du discours du Saint-Père aux participants au Jubilé des Églises Orientales ci-dessous. :

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, que la paix soit avec vous !

Béatitudes, Éminence, Excellences,
chers prêtres, consacrés et consacrées,
frères et sœurs,

Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ! Je vous salue avec les paroles que, dans de nombreuses régions, l’Orient chrétien ne se lasse pas de répéter en ce temps pascal, professant ainsi le noyau central de la foi et de l’espérance. Et il est beau de vous voir ici, précisément à l’occasion du Jubilé de l’espérance dont la résurrection de Jésus est le fondement indestructible. Bienvenue à Rome ! Je suis heureux de vous rencontrer et de consacrer aux fidèles orientaux l’une des premières audiences de mon pontificat.

Vous êtes précieux. En vous regardant, je pense à la diversité de vos origines, à l’histoire glorieuse et aux dures souffrances que beaucoup de vos communautés ont endurées ou endurent encore. Et je voudrais répéter ce que le Pape François a dit à propos des Églises orientales : « Ce sont des Églises qu’il faut aimer : elles préservent des traditions spirituelles et sapientielles uniques, et ont beaucoup à nous dire sur la vie chrétienne, la synodalité, la liturgie ; pensons aux Pères anciens, aux conciles, au monachisme : ce sont des trésors inestimables pour l’Église » (Discours aux participants à l’Assemblée de la ROACO, 27 juin 2024).

Je voudrais également citer le Pape Léon XIII qui fut le premier à consacrer un document spécifique à la dignité de vos Églises, en raison du fait que “l’œuvre de la rédemption humaine a commencé en Orient” (cf. Lett. apOrientalium dignitas, 30 novembre 1894). Oui, vous avez « un rôle unique et privilégié, dans la mesure où il constitue le cadre originel de l’Église naissante » (S. Jean-Paul II, Lett. ap. Orientale lumen, n. 5). Il est significatif que certaines de vos liturgies – que vous célébrez solennellement ces jours-ci à Rome selon les différentes traditions – utilisent encore la langue du Seigneur Jésus. Mais le Pape Léon XIII lança un appel émouvant afin que « la légitime diversité de la liturgie et de la discipline orientales […] redonne […] une grande dignité et une grande valeur à l’Église » (Lett. ap. Orientalium dignitas). Sa préoccupation d’alors est très actuelle, car aujourd’hui, beaucoup de nos frères et sœurs orientaux, dont plusieurs d’entre vous, contraints de fuir leur terre d’origine à cause de la guerre et des persécutions, de l’instabilité et de la pauvreté, risquent, en arrivant en Occident, de perdre, outre leur patrie, leur identité religieuse. C’est ainsi qu’au fil des générations, le patrimoine inestimable des Églises Orientales se perd.

Il y a plus d’un siècle, Léon XIII remarquait que « la conservation des rites orientaux est plus importante qu’on ne le croit » et, à cette fin, il prescrivait même que « tout missionnaire latin, du clergé séculier ou régulier, qui, par ses conseils ou son aide, attirait un Oriental vers le rite latin » serait « destitué et exclu de sa charge » (ibid.). Nous accueillons l’appel à préserver et à promouvoir l’Orient chrétien, en particulier dans la diaspora, où il y est nécessaire de sensibiliser les Latins ; en plus de la création, lorsque cela est possible et opportun, de circonscriptions orientales. En ce sens, je demande au Dicastère pour les Églises Orientales, que je remercie pour son travail, de m’aider à définir des principes, des normes, des lignes directrices grâce auxquels les Pasteurs latins pourront concrètement soutenir les catholiques orientaux de la diaspora afin de préserver leurs traditions vivantes et d’enrichir par leur spécificité le contexte dans lequel ils vivent.

L’Église a besoin de vous. Quelle contribution importante peut nous apporter aujourd’hui l’Orient chrétien ! Combien nous avons besoin de retrouver le sens du mystère, si vivant dans vos liturgies qui impliquent la personne humaine dans sa totalité, chantent la beauté du salut et suscitent l’émerveillement devant la grandeur divine qui embrasse la petitesse humaine ! Et combien il est important de redécouvrir, même dans l’Occident chrétien, le sens de la primauté de Dieu, la valeur de la mystagogie, de l’intercession incessante, de la pénitence, du jeûne, des larmes pour ses propres péchés et pour ceux de toute l’humanité (penthos), si typiques des spiritualités orientales ! Il est donc fondamental de préserver vos traditions sans les édulcorer ne serait-ce que par commodité, afin qu’elles ne soient pas corrompues par un esprit consumériste et utilitariste.

Vos spiritualités, anciennes et toujours nouvelles, sont un remède. Le sens dramatique de la misère humaine s’y confond avec l’émerveillement devant la miséricorde divine, de sorte que nos bassesses ne provoquent pas le désespoir mais invitent à accueillir la grâce d’être des créatures guéries, divinisées et élevées aux hauteurs célestes. Nous devons louer et remercier sans cesse le Seigneur pour cela. Avec vous, nous pouvons prier avec les paroles de saint Éphrem le Syrien et dire à Jésus : « Gloire à toi qui as fait de ta croix un pont sur la mort. […] Gloire à toi qui t’es revêtu du corps de l’homme mortel et l’as transformé en source de vie pour tous les mortels » (Discours sur le Seigneur, 9). C’est un don à demander que de voir la certitude de Pâques dans chaque épreuve de la vie et de ne pas perdre courage en se rappelant, comme l’écrivait un autre Père oriental, que « le plus grand péché est de ne pas croire aux énergies de la Résurrection » (Saint Isaac De Ninive, Sermons ascétiques, I, 5).

Qui donc, plus que vous, pourrait chanter des paroles d’espérance dans l’abîme de la violence ? Qui plus que vous, qui connaissez de près les horreurs de la guerre, au point que le Pape François a qualifié vos Églises de « martyres » (Discours à la ROACO, cit.) ? C’est vrai : de la Terre Sainte à l’Ukraine, du Liban à la Syrie, du Moyen-Orient au Tigré et au Caucase, quelle violence ! Et sur toute cette horreur, sur les massacres de tant de jeunes vies qui devraient provoquer l’indignation car ce sont des personnes qui meurent au nom de la conquête militaire, se détache un appel : non pas tant celui du Pape, mais celui du Christ, qui répète : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20, 19.21.26). Et il précise : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). La paix du Christ n’est pas le silence de mort après le conflit, elle n’est pas le résultat de l’oppression, mais un don qui concerne les personnes et réactive leur vie. Prions pour cette paix qui est réconciliation, pardon, courage de tourner la page et de recommencer.

Je mettrai tout en œuvre pour que cette paix se répande. Le Saint-Siège est disponible pour que les ennemis se rencontrent et se regardent dans les yeux, pour que les peuples retrouvent l’espérance et la dignité qui leur reviennent, la dignité de la paix. Les peuples veulent la paix et, la main sur le cœur, je dis aux responsables des peuples : rencontrons-nous, dialoguons, négocions ! La guerre n’est jamais inévitable, les armes peuvent et doivent se taire, car elles ne résolvent pas les problèmes, elles les aggravent ; ce sont ceux qui sèment la paix qui passeront à la postérité, pas ceux qui font des victimes ; les autres ne sont pas d’abord des ennemis, mais des êtres humains : pas des méchants à haïr, mais des personnes avec qui parler. Fuyons les visions manichéennes typiques des récits violents qui divisent le monde entre bons et méchants.

L’Église ne se lassera pas de répéter : que les armes se taisent. Et je voudrais remercier Dieu pour tous ceux qui, dans le silence, dans la prière, dans le don de soi, tissent des liens de paix, ainsi que les chrétiens – orientaux et latins – qui, surtout au Moyen-Orient, persévèrent et résistent sur leurs terres, plus forts que la tentation d’abandonner ces terres. Il faut donner aux chrétiens la possibilité, et pas seulement en paroles, de rester sur leurs terres avec tous les droits nécessaires à une existence sûre. Je vous en prie, engagez-vous pour cela !

Et merci, merci à vous, chers frères et sœurs d’Orient, où est né Jésus, Soleil de justice, d’être “lumières du monde” (cf. Mt 5, 14). Continuez à briller par la foi, l’espérance et la charité, et par rien d’autre. Que vos Églises soient un exemple, et que les Pasteurs promeuvent avec droiture la communion, surtout dans les Synodes des Évêques, afin qu’ils soient des lieux de collégialité et d’authentique coresponsabilité. Veillez à la transparence dans la gestion des biens, témoignez d’un dévouement humble et total au saint peuple de Dieu, sans attachement aux honneurs, aux pouvoirs du monde et à votre propre image. Saint Siméon le Nouveau Théologien en donnait un bel exemple : « De même que quelqu’un qui jette de la poussière sur la flamme d’un fourneau allumé l’éteint, de même les soucis de cette vie et tout attachement à des choses mesquines et sans valeur détruisent la chaleur du cœur enflammé au commencement » (Chapitres pratiques et théologiques, 63). La splendeur de l’Orient chrétien demande aujourd’hui plus que jamais d’être libérée de toute dépendance mondaine et de toute tendance contraire à la communion, afin d’être fidèle à l’obéissance et au témoignage évangéliques.

Je vous en remercie et je vous bénis de tout cœur, en vous demandant de prier pour l’Église et d’élever vos puissantes prières d’intercession pour mon ministère. Merci !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Discours du pape Léon XIV aux représentants des médias

Le pape Léon XIV s’adressant le lundi 12 mai aux représentants des médias : « Désarmons la communication de tout préjugé, rancœur, fanatisme et haine ; purifions-la de toute agression. Nous n’avons pas besoin d’une communication tonitruante et musclée, mais plutôt d’une communication capable d’écouter, de recueillir la voix des faibles qui n’ont pas de voix. Désarmons les mots et contribuons à désarmer la Terre. »

Consultez tous nos articles et la couverture du conclave, l’interrègne papal et l’eléction du pape Léon XIV sur notre page : https://slmedia.org/fr/papaute

Lire le texte intégral du discours du Saint-Père aux représentants des médias ci-dessous. :

Bonjour, et merci pour cet accueil formidable ! On dit que les applaudissements au début n’ont  pas beaucoup d’importance… Si vous êtes encore réveillés à la fin et que vous avez encore envie  d’applaudir… Merci beaucoup !

Frères et sœurs ! 

Je vous souhaite la bienvenue, représentants des médias du monde entier. Je vous remercie pour  le travail que vous avez accompli et que vous accomplissez en ce moment, qui est essentiellement un  temps de grâce pour l’Église. 

Dans le « Discours sur la montagne », Jésus a proclamé : « Heureux les artisans de paix » (Mt 5, 9). Il s’agit d’une béatitude qui nous interpelle tous et qui vous concerne particulièrement, appelant  chacun à s’engager à promouvoir une communication différente, qui ne recherche pas le consensus à  tout prix, qui ne se revêt pas de mots agressifs, qui n’épouse pas le modèle de la compétition, qui ne  sépare jamais la recherche de la vérité de l’amour avec lequel nous devons humblement la rechercher.  La paix commence par chacun de nous : par la manière dont nous regardons les autres, dont nous les  écoutons, dont nous parlons d’eux ; et, en ce sens, la manière dont nous communiquons est d’une  importance fondamentale : nous devons dire « non » à la guerre des mots et des images, nous devons  rejeter le paradigme de la guerre. 

Permettez-moi donc de réaffirmer aujourd’hui la solidarité de l’Église avec les journalistes  emprisonnés pour avoir recherché à rapporter la vérité, et par ces paroles, de demander la libération de ces journalistes emprisonnés. L’Église reconnaît dans ces témoins – je pense à ceux qui racontent  la guerre au prix de leur vie – le courage de ceux qui défendent la dignité, la justice et le droit des  peuples à être informés, car seuls des peuples informés peuvent faire des choix libres. La souffrance  de ces journalistes emprisonnés interpelle la conscience des nations et de la communauté  internationale, nous appelant tous à préserver le bien précieux que sont la liberté d’expression et la  liberté de la presse. 

Merci, chers amis, pour votre service à la vérité. Vous avez été à Rome ces dernières semaines  pour raconter l’Église, sa diversité et, en même temps, son unité. Vous avez accompagné les rites de  la Semaine Sainte ; vous avez ensuite raconté la douleur causée par la mort du pape François, survenue  cependant dans la lumière de Pâques. Cette même foi pascale nous a introduits dans l’esprit du  Conclave, qui vous a vu particulièrement engagés pendant ces journées fatigantes ; et, même en cette  occasion, vous avez su raconter la beauté de l’amour du Christ qui nous unit tous et fait de nous un  seul peuple, guidé par le Bon Pasteur. 

Nous vivons des temps difficiles à traverser et à raconter, qui représentent un défi pour nous  tous et que nous ne devons pas fuir. Au contraire, ils exigent de chacun, dans nos différents rôles et  services, de ne jamais céder à la médiocrité. L’Église doit relever le défi de son temps et, de la même  manière, il ne peut y avoir de communication et de journalisme hors du temps et de l’histoire. Comme  nous le rappelle saint Augustin, qui disait : « Vivons bien, et les temps seront bons. Nous sommes les  temps » (Discours 311). 

Merci donc pour ce que vous avez fait pour sortir des stéréotypes et des lieux communs à travers  lesquels nous lisons souvent la vie chrétienne et la vie même de l’Église. Merci d’avoir su saisir  l’essentiel de ce que nous sommes et de l’avoir transmis par tous les moyens au monde entier. 

Aujourd’hui, l’un des défis les plus importants est de promouvoir une communication capable  de nous faire sortir de la « tour de Babel » dans laquelle nous nous trouvons parfois, de la confusion  des langages sans amour, souvent idéologiques ou partisans. C’est pourquoi votre service, avec les  mots que vous utilisez et le style que vous adoptez, est important. En effet, la communication n’est  pas seulement la transmission d’informations, mais aussi la création d’une culture, d’environnements  humains et numériques qui deviennent des espaces de dialogue et de confrontation. Et si l’on  considère l’évolution technologique, cette mission devient encore plus nécessaire. Je pense en  particulier à l’intelligence artificielle, avec son immense potentiel, qui exige toutefois responsabilité  et discernement pour orienter les outils vers le bien de tous, afin qu’ils puissent produire des bénéfices  pour l’humanité. Et cette responsabilité concerne tout le monde, proportionnellement à l’âge et aux  rôles sociaux. 

Chers amis, nous apprendrons avec le temps à mieux nous connaître. Nous avons vécu – nous  pouvons le dire ensemble – des jours vraiment particuliers. Nous les avons partagés avec tous les  moyens de communication : la télévision, la radio, le web, les réseaux sociaux. Je souhaite vivement 

que chacun de nous puisse dire qu’ils nous ont révélé un peu du mystère de notre humanité et qu’ils  nous ont laissé un désir d’amour et de paix. C’est pourquoi je vous répète aujourd’hui l’invitation  lancée par le pape François dans son dernier message pour la prochaine Journée mondiale des  communications sociales : désarmons la communication de tout préjugé, rancœur, fanatisme et haine ;  purifions-la de toute agressivité. Nous n’avons pas besoin d’une communication bruyante, musclée,  mais plutôt d’une communication capable d’écouter, de recueillir la voix des faibles qui n’ont pas de  voix. Désarmons les mots et nous contribuerons à désarmer la Terre. Une communication désarmée  et désarmante nous permet de partager un regard différent sur le monde et d’agir en cohérence avec  notre dignité humaine. 

Vous êtes en première ligne pour raconter les conflits et les espoirs de paix, les situations  d’injustice et de pauvreté, ainsi que le travail silencieux de tant de personnes pour un monde meilleur.  C’est pourquoi je vous demande de choisir avec conscience et courage la voie d’une communication  de paix. 

Merci. Que Dieu vous bénisse ! Et au revoir.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Regina Caeli du pape Léon XIV – dimanche 11 mai 2025

Photo est le droit de Sel + Lumière Media

Le 11 mai 2025, le pape Léon XIV a récité son premier Regina Caeli en tant que souverain pontife. En cette Journée mondiale de prière pour les vocations, il a encouragé les jeunes à répondre à l’appel du Christ et a salué les pèlerins venus célébrer le Jubilé des fanfares et des spectacles populaires. 

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Lire le texte intégral de la prière Regina Caeli du Saint-Père ci-dessous. :

PAPE LÉON XIV

REGINA CAELI

Loggia des bénédictions de la basilique Saint-Pierre
Dimanche 11 mai 2025

Chers frères et sœurs, bon dimanche !

Je tiens pour un don de Dieu que le premier dimanche de mon service comme Évêque de Rome soit celui du Bon Pasteur, le quatrième du temps pascal. On proclame toujours en ce dimanche, lors de la messe, l’Évangile de Jean au chapitre dix, où Jésus se révèle comme le vrai Pasteur qui connaît et aime ses brebis et donne sa vie pour elles.

Ce dimanche, depuis soixante-deux ans, est célébré la Journée mondiale de prière pour les vocations. De plus, Rome accueille aujourd’hui le Jubilé des fanfares et des spectacles populaires. Je salue avec affection tous ces pèlerins et je les remercie car, par leur musique et leurs représentations, ils égayent la fête, la fête du Christ Bon Pasteur : oui, c’est Lui qui guide l’Église par son Saint-Esprit.

Jésus, dans l’Évangile, dit qu’il connaît ses brebis, et qu’elles écoutent sa voix et le suivent (cf. Jn 10, 27). Comme l’enseigne en effet le Pape saint Grégoire le Grand, les personnes « répondent à l’amour de celui qui les aime » (Homélie 14, 3-6).

Aujourd’hui, frères et sœurs, j’ai donc la joie de prier avec vous et avec tout le peuple de Dieu pour les vocations, en particulier sacerdotales et religieuses. L’Église en a tant besoin! Et il est important que les jeunes, hommes et femmes, trouvent dans nos communautés accueilécouteencouragement dans leur cheminement vocationnel, et qu’ils puissent compter sur des modèles crédibles de don généreux de soi à Dieu et aux frères.

Faisons nôtre l’invitation que le Pape François nous a laissée dans son Message pour cette Journée : l’invitation à accueillir et à accompagner les jeunes. Et demandons au Père céleste d’être les uns pour les autres, chacun selon son état, des pasteurs « selon son cœur » (cf. Jr 3, 15), capables de nous aider mutuellement à marcher dans l’amour et dans la vérité. Et je dis aux jeunes : n’ayez pas peur ! Acceptez l’invitation de l’Église et du Christ Seigneur !

Que la Vierge Marie, dont toute la vie a été une réponse à l’appel du Seigneur, nous accompagne toujours dans la suite de Jésus.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Première bénédiction URBI et ORBI du Saint-Père Léon XIV

Crédit Photo : Vatican Media

Le 8 mai 2025, depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, le pape Léon XIV a prononcé sa première bénédiction « Urbi et Orbi ». Dans ce message empreint de paix et d’humilité, il a appelé à l’unité, au dialogue et à la solidarité, en s’inspirant de l’héritage de saint Augustin et en rendant hommage à son prédécesseur, le pape François. Il a également adressé une salutation particulière à son ancien diocèse de Chiclayo, au Pérou.

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Lire le texte intégral de la bénédiction du Saint-Père ci-dessous. :

PREMIÈRE BÉNÉDICTION URBI ET ORBI
DU SAINT-PÈRE LÉON XIV

Loggia des bénédictions de la basilique Saint-Pierre
Jeudi 8 mai 2025

Que la paix soit avec vous tous !

Très chers frères et sœurs, telle est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. Moi aussi, je voudrais que ce salut de paix entre dans votre cœur, atteigne vos familles, toutes les personnes, où qu’elles se trouvent, tous les peuples, toute la terre. Que la paix soit avec vous !

C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous inconditionnellement.

Nous avons encore dans nos oreilles cette voix faible mais toujours courageuse du Pape François qui bénissait Rome ! Le Pape qui bénissait Rome donnait sa bénédiction au monde, au monde entier, en ce matin de Pâques. Permettez-moi de reprendre cette même bénédiction : Dieu nous aime, Dieu vous aime tous, et le mal ne prévaudra pas ! Nous sommes tous entre les mains de Dieu. Alors, sans crainte, unis main dans la main avec Dieu et entre nous, allons de l’avant. Nous sommes disciples du Christ. Le Christ nous précède. Le monde a besoin de sa lumière. L’humanité a besoin de Lui comme pont pour être rejoint par Dieu et par son amour. Aidez-nous vous aussi, puis aidez-vous les uns les autres à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, en nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix. Merci au Pape François !

Je tiens également à remercier tous mes frères Cardinaux qui m’ont choisi pour être le Successeur de Pierre et marcher avec vous, en tant qu’Église unie, toujours à la recherche de la paix, de la justice, toujours en essayant de travailler comme des hommes et des femmes fidèles à Jésus-Christ, sans crainte, pour proclamer l’Évangile, pour être missionnaires.

Je suis un fils de saint Augustin, augustinien, qui a dit : « Avec vous, je suis chrétien, et pour vous, je suis évêque ». En ce sens, nous pouvons tous marcher ensemble vers la patrie que Dieu nous a préparée.

À l’Église de Rome, un salut particulier! [applaudissements] Nous devons chercher ensemble comment être une Église missionnaire, une Église qui construit les ponts, le dialogue, toujours prête à accueillir comme cette place avec les bras ouverts. Tous, tous ceux qui ont besoin de notre charité, de notre présence, de dialogue et d’amour.

Et si vous me permettez un mot, je salue tout le monde, en particulier mon cher diocèse de Chiclayo, au Pérou, où un peuple fidèle a accompagné son évêque, a partagé sa foi et a donné beaucoup, beaucoup pour continuer à être une Église fidèle à Jésus-Christ.

À vous tous, frères et sœurs de Rome, d’Italie, du monde entier, nous voulons être une Église synodale, une Église qui marche, une Église qui recherche toujours la paix, qui recherche toujours la charité, qui cherche toujours à être proche, en particulier de ceux qui souffrent.

Aujourd’hui, c’est le jour de la Supplique à Notre-Dame de Pompéi. Notre Mère Marie veut toujours marcher avec nous, être proche de nous, nous aider par son intercession et son amour.

Je voudrais donc prier avec vous. Prions ensemble pour cette nouvelle mission, pour toute l’Église, pour la paix dans le monde et demandons cette grâce spéciale à Marie, notre Mère.

Ave Maria…

 

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Homélie du pape Léon XIV – Messe avec les cardinaux électeurs

Crédit Photo : Vatican Media

 

Le 9 mai 2025, le pape Léon XIV a célébré une messe pro Ecclesia avec les cardinaux électeurs dans la chapelle Sixtine. Dans son homélie, il a invité les fidèles à reconnaître les merveilles accomplies par le Seigneur et à s’engager dans l’annonce de l’Évangile. S’appuyant sur la profession de foi de Pierre, il a souligné l’importance de la mission apostolique confiée à l’Église. Le pape a également évoqué les défis du monde contemporain, appelant à une Église rayonnante par la sainteté de ses membres.

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Lisez le texte intégral de l’homélie du pape Léon XIV ci-dessous :

HOMÉLIE DU PAPE LÉON XIV

Chapelle Sixtine
Vendredi 9 mai 2025

Je commencerai par quelques mots en anglais, puis je poursuivrai en italien.

Mais je voudrais répéter les paroles du psaume responsorial : « Je chanterai un cantique nouveau au Seigneur, car il a fait des merveilles  ».

Et en effet, pas seulement pour moi, mais pour nous tous. Mes frères cardinaux, alors que nous célébrons ce matin, je vous invite à reconnaître les merveilles que le Seigneur a accomplies, les bénédictions que le Seigneur continue de répandre sur nous tous à travers le ministère de Pierre.

Vous m’avez appelé à porter cette croix et à être béni par cette mission, et je sais que je peux compter sur chacun d’entre vous pour marcher à mes côtés, alors que nous continuons à être une Église, une communauté d’amis de Jésus, des croyants qui annoncent la Bonne Nouvelle, qui annoncent l’Évangile.

« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Par ces paroles, Pierre, interrogé avec les autres disciples par le Maître sur la foi qu’il a en Lui, exprime en synthèse le patrimoine que l’Église, à travers la succession apostolique, garde, approfondit et transmet depuis deux mille ans.

Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c’est-à-dire l’unique Sauveur et le révélateur du visage du Père.

En Lui, Dieu, pour se faire proche et accessible aux hommes, s’est révélé à nous dans les yeux confiants d’un enfant, dans l’esprit éveillé d’un adolescent, dans les traits mûrs d’un homme (cf. Conc. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 22), jusqu’à apparaître aux siens, après sa résurrection, dans son corps glorieux. Il nous a ainsi montré un modèle d’humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d’une destinée éternelle qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités.

Dans sa réponse, Pierre saisit ces deux aspects : le don de Dieu et le chemin à parcourir pour se laisser transformer, dimensions indissociables du salut, confiées à l’Église afin qu’elle les annonce pour le bien du genre humain. Confiés à nous, choisis par Lui avant même que nous ayons été formés dans le sein de notre mère (cf. Jr 1, 5), régénérés dans l’eau du Baptême et, au-delà de nos limites et sans aucun mérite de notre part, conduits ici et envoyés d’ici, afin que l’Évangile soit annoncé à toute créature (cf. Mc 16, 15).

En particulier, Dieu, en m’appelant par votre vote à succéder au Premier des Apôtres, me confie ce trésor afin que, avec son aide, j’en sois le fidèle administrateur (cf. 1 Co 4, 2) au profit de tout le Corps mystique de l’Église, de sorte qu’elle soit toujours plus la ville placée sur la montagne (cf. Ap 21, 10), l’arche du salut qui navigue sur les flots de l’histoire, phare qui éclaire les nuits du monde. Et cela, non pas tant grâce à la magnificence de ses structures ou à la grandeur de ses constructions – comme les édifices dans lesquels nous nous trouvons –, mais à travers la sainteté de ses membres, de ce « peuple que Dieu s’est acquis pour proclamer les œuvres admirables de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2, 9).

Cependant, en amont de la conversation où Pierre fait sa profession de foi, il y a aussi une autre question : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13). Ce n’est pas une question anodine, elle touche en effet à un aspect important de notre ministère : la réalité dans laquelle nous vivons, avec ses limites et ses potentialités, ses questions et ses convictions.

« Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ?» (Mt 16, 13). En pensant à la scène sur laquelle nous réfléchissons, nous pourrions trouver deux réponses possibles à cette question qui dessinent deux attitudes différentes.

Il y a tout d’abord la réponse du monde. Matthieu souligne que la conversation entre Jésus et ses disciples sur son identité se déroule dans la belle ville de Césarée de Philippe, riche en palais luxueux, nichée dans un cadre naturel enchanteur, au pied de l’Hermon, mais aussi siège de cercles de pouvoir cruels et théâtre de trahisons et d’infidélités. Cette image nous parle d’un monde qui considère Jésus comme une personne totalement insignifiante, tout au plus un personnage curieux, qui peut susciter l’émerveillement par sa manière inhabituelle de parler et d’agir. Ainsi, lorsque sa présence deviendra gênante en raison de son exigence d’honnêteté et de moralité, ce « monde » n’hésitera pas à le rejeter et à l’éliminer.

Il y a ensuite une autre réponse possible à la question de Jésus : celle du peuple. Pour lui, le Nazaréen n’est pas un « charlatan » : c’est un homme droit, courageux, qui parle bien et dit des choses justes, comme d’autres grands prophètes de l’histoire d’Israël. C’est pourquoi il le suit, du moins tant qu’il peut le faire sans trop de risques ni d’inconvénients. Mais ce n’est qu’un homme, et donc, au moment du danger, lors de la Passion, il l’abandonne et s’en va, déçu.

Ce qui frappe dans ces deux attitudes, c’est leur actualité. Elles incarnent en effet des idées que l’on pourrait facilement retrouver – peut-être exprimées dans un langage différent, mais identiques dans leur substance – dans la bouche de nombreux hommes et femmes de notre temps.

Aujourd’hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.

Il s’agit d’environnements où il n’est pas facile de témoigner et d’annoncer l’Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés, persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et pourtant, c’est précisément pour cette raison que la mission est urgente en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre considérablement.

Aujourd’hui encore, il existe des contextes où Jésus, bien qu’apprécié en tant qu’homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de super-homme, et cela non seulement chez les non-croyants, mais aussi chez nombre de baptisés qui finissent ainsi par vivre, à ce niveau, dans un athéisme de fait.

Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l’a enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Christ Sauveur. C’est pourquoi, pour nous aussi, il est essentiel de répéter : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16).

Il est essentiel de le faire avant tout dans notre relation personnelle avec Lui, dans l’engagement d’un chemin quotidien de conversion. Mais aussi, en tant qu’Église, en vivant ensemble notre appartenance au Seigneur et en apportant à tous la Bonne Nouvelle (cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1).

Je le dis tout d’abord pour moi-même, en tant que Successeur de Pierre, alors que je commence cette mission d’Évêque de l’Église qui est à Rome, appelée à présider dans la charité l’Église universelle, selon la célèbre expression de S. Ignace d’Antioche (cf. Lettre aux Romains, Prologue). Conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son sacrifice imminent, il écrivait aux chrétiens qui s’y trouvaient : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps » (Lettre aux Romains, IV, 1). Il faisait référence au fait d’être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c’est ce qui arriva –, mais ses paroles renvoient de manière plus générale à un engagement inconditionnel pour quiconque exerce un ministère d’autorité dans l’Église : disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer.

Que Dieu m’accorde cette grâce, aujourd’hui et toujours, avec l’aide de la très tendre intercession de Marie, Mère de l’Église.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Habemus Papam! Bienvenue le pape Léon XIV!

Crédit Photo : Vatican Media

Habemus Papam !
Nous avons un Pape !

Nous accueillons avec joie notre nouveau Saint-Père, le pape Léon XIV, 267e Pontife et successeur de saint Pierre, évêque de Rome et serviteur des serviteurs de Dieu.

Voici sa biographie, publiée en Anglais par la Libreria Editrice Vaticana :

Le pape Léon XIV est né Robert Francis Prevost le 14 septembre 1955 à Chicago en IL, É.U.  En 1977, il entre au noviciat de l’Ordre de Saint Augustin (O.S.A.) dans la province de Notre-Dame du Bon Conseil, à Saint Louis. Le 29 août 1981, il prononça ses vœux solennels. Il étudie à la Catholic Theological Union de Chicago, où il obtient un diplôme en théologie.

À l’âge de 27 ans, il a été envoyé par l’Ordre à Rome pour étudier le droit canon à l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin (Angelicum). Il reçoit l’ordination sacerdotale le 19 juin 1982. Il obtient sa licence en 1984, puis est envoyé oeuvrer dans la mission de Chulucanas, à Piura, au Pérou (1985-1986).

En 1987, il obtient un doctorat avec la thèse : « Le rôle du prieur local dans l’Ordre de Saint Augustin ». La même année, il est élu directeur des vocations et directeur des missions de la province augustinienne Notre-Dame du Bon Conseil d’Olympia Fields, Illinois, aux États-Unis d’Amérique.

En 1988, il a été envoyé dans la mission de Trujillo en tant que directeur du projet commun de formation des aspirants augustiniens dans les vicariats de Chulucanas, Iquitos et Apurímac. Il y a exercé les fonctions de prieur de communauté (1988-1992), de directeur de la formation (1988-1998) et d’enseignant des profès (1992-1998). À l’archidiocèse de Trujillo, il a été vicaire judiciaire (1989-1998) et professeur de droit canonique, patristique et moral au grand séminaire San Carlos y San Marcelo.

En 1999, il est élu préfet provincial de la province Notre-Dame du Bon Conseil de Chicago. Après deux ans et demi, le chapitre général ordinaire l’a élu Prieur général, ministère qui lui a de nouveau été confié lors du chapitre général ordinaire de 2007. 

En octobre 2013, il retourne dans sa province, Chicago, pour y exercer les fonctions d’enseignant des profès, et de vicaire provincial ; des rôles qu’il occupa depuis le 3 novembre 2014, lorsque le pape François le nomme administrateur apostolique du diocèse de Chiclayo, au Pérou, l’élevant à la dignité d’évêque et lui attribuant le diocèse titulaire de Sufar.

Le 7 novembre, il a pris possession canonique du diocèse en présence du nonce apostolique James Patrick Green ; il a été ordonné évêque le 12 décembre, en la fête de Notre-Dame de Guadalupe, en la Cathédrale de son diocèse. Il a été évêque de Chiclayo à partir du 26 novembre 2015. En mars 2018, il est devenu deuxième vice-président de la Conférence épiscopale péruvienne. Le pape François l’a nommé membre de la Congrégation pour le clergé en 2019, et membre de la Congrégation pour les évêques en 2020.

Le 15 avril 2020, le Pape le nomme administrateur apostolique du diocèse de Callao.

Le 30 janvier 2023, le pape François nomme Mgr Prevost préfet du Dicastère pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine. Il a été créé cardinal lors du Consistoire du 30 septembre 2023.

Nous félicitons chaleureusement le pape Léon, et prions pour que son ministère de pasteur, à la tête de l’Église, soit rempli de courage, de sagesse et de l’espérance de l’Évangile.

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