Les évêques catholiques du Canada accueillent le dévoilement de la programmation de la visite papale au Canada

Voici la déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) annonçant un peu plus de détails sur la prochaine visite du pape François au Canada, qui aura lieu du 24 au 29 juillet 2022 à Edmonton, Québec et Iqaluit.

 

Les évêques catholiques accueillent favorablement l’annonce des dates
et des villes retenues pour la visite papale au Canada

Le 23 juin 2022 – Les évêques catholiques du Canada accueillent favorablement l’annonce faite aujourd’hui par le Saint-Siège, qui présente plus en détail l’itinéraire de la visite historique du pape François au Canada, du 24 au 29 juillet 2022. Il s’agira de la quatrième visite papale au Canada et de la première depuis le voyage de saint Jean-Paul II en 2002.

Le pèlerinage du Saint-Père sera axé sur la guérison et la réconciliation avec les peuples autochtones, tout en offrant au pasteur des 1,2 milliard de catholiques dans le monde l’occasion de rencontrer les fidèles au Canada. En raison de son âge avancé et de ses limitations, on s’attend à ce que la participation du pape François aux événements publics soit limitée à environ une heure.

Le coordonnateur général de la visite papale au Canada, Mgr Richard Smith, a commenté la publication de la programmation : « Nous savons que le Saint-Père a été profondément touché par sa rencontre avec les peuples autochtones à Rome plus tôt cette année, et qu’il espère poursuivre l’important dialogue qui a eu lieu. Nous prions pour que ce pèlerinage soit une nouvelle étape significative dans le long processus de guérison, de réconciliation et d’espoir. »

La visite, qui a pour thème « Marcher ensemble », comprendra plusieurs événements publics et privés, l’accent étant mis sur la participation des Autochtones tout au long de la visite. Les billets (gratuits) pour participer aux événements publics seront disponibles dans les prochains jours. Un portail pour s’inscrire comme bénévole est déjà accessible sur visitepapale.ca ou papalvisit.ca, pour ceux et celles qui souhaitent partager leur temps et leurs talents dans le cadre de cette visite historique.

L’équipe qui organise la visite papale travaillera en étroite collaboration avec les partenaires autochtones ainsi qu’avec les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux afin de dialoguer et de coordonner les importants défis logistiques associés à une visite de cette envergure. Le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Mgr Raymond Poisson, a commenté ces efforts : « Tant de gens travaillent avec diligence pour organiser ce programme très rempli pour le Saint-Père et les participants. Nous prions pour la santé du pape François et aussi pour que sa visite pastorale au Canada apporte réconciliation et espoir à tous ceux et celles qui accompagneront notre pasteur dans ce voyage historique. »

Les personnes intéressées à en savoir plus sur la visite papale au Canada peuvent trouver les dernières informations aux adresses suivantes : www.visitepapale.ca (français) et www.papalvisit.ca (anglais).

Voici les grandes lignes du programme annoncé par le Vatican :

24 juillet 2022
Le Saint-Père arrivera à Edmonton, en Alberta, le 24 juillet. Après une brève cérémonie à l’aéroport, le pontife de 85 ans prendra le reste de la journée pour se reposer.

25 juillet 2022
Le 25 juillet, le pape François visitera Maskwacis, où se trouve l’ancien pensionnat Ermineskin, l’un des plus grands sites de pensionnat au Canada. Le Saint-Père se joindra à des anciens pensionnaires autochtones de tout le pays dans le cadre d’une activité qui leur sera consacrée. L’Alberta compte le plus grand nombre d’anciens pensionnats au Canada.

Plus tard dans la journée, le pontife se rendra à l’église Sacred Heart Church of the First Peoples, une église autochtone nationale située au centre-ville d’Edmonton. Après plusieurs années de restauration à la suite d’un incendie dévastateur, la paroisse rouvrira ses portes après avoir utilisé une école voisine ces dernières années pour offrir l’hébergement, des soins spirituels et des programmes de soutien à une communauté autochtone urbaine diversifiée. Il s’agit d’un événement sur invitation seulement.

26 juillet 2022
Le 26 juillet est la fête de sainte Anne, grand-mère de Jésus, un jour de recueillement particulier pour les catholiques autochtones et souvent l’occasion de pèlerinages dans diverses régions du pays. Lors d’un événement ouvert au grand public, le Saint-Père célébrera une messe en plein air au Commonwealth Stadium d’Edmonton. Ce site peut accueillir jusqu’à 65 000 personnes pour ce rassemblement qui intégrera des traditions autochtones.

En début de soirée, le Saint-Père se rendra au lac Sainte-Anne, site d’un pèlerinage annuel qui accueille chaque année des dizaines de milliers de participants autochtones venus de tout le Canada et des États-Unis. Des activités seront proposées tout au long de la journée, jusqu’à la participation du Saint-Père à un temps de prière.

27 juillet 2022
Le Saint-Père quittera Edmonton pour se rendre à Québec. À son arrivée, le Pontife visitera la Citadelle, où il prendra part à des rencontres privées. Le pape François, à la fois chef spirituel et chef d’État, prononcera également une allocution publique. Les 27 et 28 juillet, le grand public pourra se rassembler sur les plaines d’Abraham. Ce site deviendra pour l’occasion un carrefour axé sur la rencontre, qui mettra notamment à l’honneur des manifestations culturelles autochtones. Des écrans géants permettront aussi de regarder en direct les événements auxquels participera le Pape. Le programme détaillé des activités sur les Plaines est en cours d’élaboration avec des partenaires autochtones et locaux.

28 juillet 2022
Le pape François se rendra à Sainte-Anne-de-Beaupré, où il célébrera la messe sur l’un des sites de pèlerinage les plus anciens et les plus populaires d’Amérique du Nord, qui attire chaque année plus d’un million de visiteurs (y compris des pèlerinages autochtones annuels). Les organisateurs prévoient qu’entre 10 000 et 15 000 personnes pourront assister à la messe et qu’il y aura de l’espace pour les invités à l’intérieur et à l’extérieur de la basilique.

Plus tard dans la journée, le Saint-Père rencontrera des évêques, des prêtres, des séminaristes, des hommes et femmes consacrés, de même que même que des collaborateurs et collaboratrices laïques à la mission de l’Église, comme il le fait lors de la plupart des visites papales. Le Pape disposera du reste de la soirée pour se reposer tandis qu’un souper axé sur l’amitié et le dialogue en cours réunira des leaders autochtones de l’Est du Canada et des représentants des évêques catholiques du Canada.

29 juillet 2022
Après une rencontre privée avec des membres de sa propre congrégation religieuse (la Compagnie de Jésus), le pape François rencontrera des leaders autochtones de l’Est du pays, avant de quitter pour Iqaluit, où il passera l’après-midi. Celui-ci sera dédié à une rencontre privée avec des survivants et survivantes des pensionnats et à un événement communautaire public organisé par la communauté inuit.

Le Saint-Père quittera Iqaluit pour Rome en début de soirée.

 

À propos de la Conférence des évêques catholiques du Canada

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) est l’assemblée nationale des évêques du Canada. Elle a été fondée en 1943 et a été officiellement reconnue par le Saint-Siège en 1948.

Pour toute demande de la part des médias sur la visite papale au Canada :

communications@visitepapale.ca (en français)

media@papalvisit.ca (en anglais)

Les évêques catholiques accueillent favorablement l’annonce des dates et des villes retenues pour la visite papale au Canada

Le pape François effectuera une visite pastorale au Canada du 24 au 29 juillet 2022.
Vous trouverez ci-dessous le texte intégral de la réponse de la CECC concernant l’annonce de cette visite :

 

Les évêques catholiques accueillent favorablement l’annonce des dates
et des villes retenues pour la visite papale au Canada

13 mai 2022 – Plus tôt aujourd’hui, le Vatican a officiellement annoncé que le pape François se rendra au Canada du 24 au 29 juillet 2022. Cette visite historique, axée sur la guérison et la réconciliation autochtones, sera le quatrième voyage papal au Canada et le premier depuis la visite de saint Jean-Paul II en 2002.

Mgr Raymond Poisson, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), a salué la confirmation officielle de la visite au nom des évêques catholiques du Canada : « Nous sommes immensément reconnaissants envers le Saint-Père qu’il ait accepté notre invitation à poursuivre le chemin de la guérison et de la réconciliation avec les peuples autochtones de ce pays. À la fin du mois de juillet, le pape François aura l’occasion de rendre visite aux peuples autochtones ici, dans leur patrie, comme il l’a promis lorsqu’il les a rencontrés récemment à Rome. Nous prions pour la santé du Saint-Père alors que nous entreprenons la planification intensive de cette visite historique. »

Le 1er avril 2022, le pape François s’est excusé pour le rôle joué par l’Église catholique dans le système des pensionnats autochtones du Canada. Le Saint-Père a exprimé sa « tristesse et sa honte » pour les abus et le manque de respect à l’égard des identités, de la culture et des valeurs spirituelles autochtones dans le système des pensionnats autochtones.

Les excuses du Saint-Père s’appuyaient sur les propos recueillis lors des rencontres privées tenues entre le 28 mars et le 1er avril avec 32 aînés autochtones, gardiens du savoir, survivants et survivantes des pensionnats autochtones et des jeunes représentant l’Assemblée des Premières Nations (APN), le Conseil national métis (CNM) et l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK).

Compte tenu de l’étendue du Canada, du peu de temps disponible pour la visite et vu l’état de santé du Pontife âgé de 85 ans, le Vatican a annoncé que le pape François ne fera que trois arrêts lors de sa visite canadienne, soit : Edmonton, Québec et Iqaluit. Ces lieux permettent de limiter les déplacements du Saint-Père tout en lui offrant l’occasion de faire des rencontres individuelles et publiques, tenant ainsi compte de la participation de toutes les régions du pays.

Edmonton  compte le deuxième plus grand nombre d’Autochtones vivant dans les centres urbains au Canada. De plus, 25 pensionnats autochtones étaient situés en Alberta, soit le plus grand nombre parmi les provinces et les territoires du Canada.

Iqaluit, avec une population de 8 000 personnes, regroupe le plus grand nombre d’Inuits au Canada (environ 3 900). Le pape François a été personnellement invité par les délégués Inuits à visiter le Nord lors de leur rencontre en mars.

La ville de Québec s’avère une destination accessible pour les personnes qui souhaitent voyager afin de voir le pape François, en particulier les peuples autochtones de l’Est du pays. La région abrite également la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, l’un des lieux de pèlerinage les plus anciens et les plus populaires en Amérique du Nord, attirant chaque année des peuples autochtones et d’autres personnes de partout au Canada et du monde entier.

Bien que les dates et les lieux aient été annoncés par le Vatican, les sites précis et le programme officiel seront convenus en étroite collaboration avec les partenaires autochtones aux niveaux local et national. Vu l’importance donnée à la guérison et à la réconciliation chez les Autochtones, le Saint-Père devrait pouvoir visiter le site d’un ancien pensionnat et d’autres endroits d’une importance particulière.

En règle générale, six à huit semaines avant une visite papale, un programme complet et un itinéraire précis sont publiés par le Vatican. À ce moment-là, le public aura l’occasion d’en apprendre davantage sur la façon dont il pourra participer aux nombreux événements et aux activités prévus lors de la visite papale, ainsi que sur les possibilités de bénévolat et d’autres détails pertinents.

La CECC a nommé Mgr Richard Smith comme coordonnateur général de la visite papale afin de guider cette immense initiative au nom des évêques du Canada. En tant qu’archevêque d’Edmonton, Mgr Smith a également accompagné des délégués autochtones au Vatican plus tôt cette année et il entretient des relations de longue date avec les dirigeants autochtones.

Mgr Smith a émis le commentaire suivant sur sa nomination : « Je suis honoré de servir en tant que coordonnateur général pour cette visite historique du pape François. J’ai hâte de travailler avec les peuples autochtones de partout au pays, ainsi qu’avec des partenaires locaux, provinciaux et fédéraux, alors que nous nous préparons à accueillir le Saint-Père et à continuer de marcher ensemble sur cet important chemin de guérison et de réconciliation. »

Les personnes qui souhaitent en savoir davantage  sur la visite papale au Canada peuvent trouver les dernières nouvelles au : www.visitepapale.cawww.papalvisit.ca.

 

À propos de la Conférence des évêques catholiques du Canada

La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) est l’assemblée nationale des évêques du Canada. Elle a été fondée en 1943 et a été officiellement reconnue par le Saint-Siège en 1948.

Pour toute demande de la part des médias sur la visite papale au Canada :

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Le pape François effectuera une visite pastorale au Canada

Le pape François effectuera une visite pastorale au Canada du 24 au 30 juillet 2022. La visite du pape sera l’occasion pour lui d’écouter et de dialoguer avec les peuples autochtones, d’exprimer sa proximité sincère et d’aborder l’impact des pensionnats au Canada. La visite du pape sera également l’occasion pour le pasteur des 1,2 milliard de catholiques dans le monde d’entrer en contact avec la communauté catholique du Canada.

Accueillant l’invitation des Autorités civiles et ecclésiales ainsi que des communautés autochtones, le Saint-Père François accomplira un Voyage apostolique au Canada du 24 au 30 juillet prochain, visitant les villes d’Edmonton, Québec et Iqaluit.

Le programme et les détails du voyage seront rendus publics dans les prochaines semaines.


www.visitepapale.ca

Justin Trudeau invite le Pape à s’excuser

 

Le Premier Ministre Canadien, Justin Trudeau, et sa femme Sophie ont été reçus par le pape François ce lundi au Vatican. Pour cette première rencontre les deux hommes se sont entretenus pendant une trentaine de minutes. Les échanges ont été « cordiaux », mais les questions délicates n’ont pas été éludées.

Justin Trudeau avait à cœur d’aborder avec le Pape l’épineuse question de la responsabilité de l’Église catholique dans les pensionnats autochtones du Canada dans les années 1800-1900. Pendant près d’un siècle, plus de 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits ont subi des politiques d’assimilation dans ces maisons résidentielles tenus par des communautés religieuses, au nom du gouvernement canadien. Nombre d’entre eux ont par ailleurs été victimes de mauvais traitements ou d’abus sexuels.

Face à ce qui représente « un des plus sombres chapitres de l’histoire canadienne », le premier ministre, en 2015, avait lui-même présenté ses excuses aux autochtones au nom du gouvernement canadien. Il s’était en outre engagé à donner suite aux « appels à l’action » de la Commission de vérité et réconciliation du Canada qui, entre autre, demande au Pape des excuses publiques. Pour répondre à cette recommandation, Justin Trudeau a donc invité le Saint-Père à venir au pays, et l’a exhorté à présenter ses excuses, au nom de l’Église catholique, aux survivants, à leurs familles et aux communautés touchées par les mauvais traitements dans les pensionnats dirigés par l’Église catholique.

« Je lui ai parlé du désir profond des canadiens d’avancer vers une véritable réconciliation avec les peuples autochtones, et j’ai souligné comment il pouvait y contribuer en présentant des excuses », a précisé le premier ministre à l’issue de sa rencontre avec le souverain pontife.  « Il m’a rappelé que toute sa vie a été consacrée à aider les personnes marginalisées à travers la planète, à se battre pour elles. Et il m’a dit qu’il compte travailler très bientôt avec moi et avec les évêques canadiens pour tracer le chemin que nous allons prendre afin d’y arriver », a poursuivi le chef d’État.

Lors de cette entrevue, les deux hommes ont par ailleurs évoqué les questions éthiques, et notamment l’euthanasie, désormais légale au Canada depuis l’adoption, en juin 2016, de la loi sur «l’aide médicale à mourir», qui du reste avait rencontré la ferme opposition des évêques du pays.

« Ça a été un moment très touchant pour moi de pouvoir avoir une conversation réfléchie sur bien des enjeux avec la personne qui est à la tête de ma propre Église » a commenté Justin Trudeau en sortant de cette audience.

La dernière visite d’un Pape au Canada remonte à 2002. C’était à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse de Toronto, avec Jean-Paul II.

Homélie du Pape à la messe de Noël

« La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tt 2, 11). Les paroles de l’apôtre Paul révèlent le mystère de cette nuit sainte : la grâce de Dieu s’est manifestée, son cadeau gratuit ; dans l’Enfant qui nous est donné l’amour de Dieu pour nous se fait concret.

C’est une nuit de gloire, cette gloire proclamée par les anges à Bethléem et aussi par nous aujourd’hui dans le monde entier. C’est une nuit de joie, parce que depuis aujourd’hui et pour toujours Dieu, l’Eternel, l’Infini, est Dieu-avec-nous : il n’est pas lointain, nous ne devons pas le chercher dans les orbites célestes ou dans quelque idée mystique ; il est proche, il s’est fait homme et ne se détachera jamais de notre humanité, qu’il a faite sienne. C’est une nuit de lumière : cette lumière, prophétisée par Isaïe (cf. 9, 1), qui illuminerait celui qui marche sur une terre ténébreuse, elle est apparue et elle a enveloppé les bergers de Bethléem (cf. Lc 2, 9).

Les bergers découvrent simplement qu’« un enfant nous est né » (Is 9, 5) et ils comprennent que toute cette gloire, toute cette joie, toute cette lumière se concentrent en un seul point, dans ce signe que l’ange leur a indiqué : « Vous trouverez une nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12). C’est le signe de toujours pour trouver Jésus. Non seulement alors, mais aussi aujourd’hui. Si nous voulons fêter le vrai Noël, contemplons ce signe : la simplicité fragile d’un petit nouveau-né, la douceur de son être couché, la tendre affection des langes qui l’enveloppent. Là est Dieu.

Avec ce signe, l’Evangile nous dévoile un paradoxe : il parle de l’Empereur, du Gouverneur, des grands de ce temps, mais Dieu ne se fait pas présent là ; il n’apparaît pas dans la salle noble d’un palais royal, mais dans la pauvreté d’une étable ; non dans les fastes de l’apparence, mais dans la simplicité de la vie ; non dans le pouvoir, mais dans une petitesse qui surprend. Et pour le rencontrer il faut aller là, où il se tient : il faut s’incliner, s’abaisser, se faire petits. L’Enfant qui naît nous interpelle : il nous appelle à laisser les illusions de l’éphémère pour aller à l’essentiel, à renoncer à nos prétentions insatiables, à abandonner l’insatisfaction pérenne et la tristesse pour quelque chose qui toujours nous manquera. Cela nous fera du bien de laisser ces choses pour retrouver dans la simplicité de Dieu-enfant la paix, la joie, le sens de la vie.

Laissons-nous interpeller par l’Enfant dans la mangeoire, mais laissons-nous interpeller aussi par des enfants qui, aujourd’hui, ne sont pas couchés dans un berceau et caressés par la tendresse d’une mère et d’un père, mais qui gisent dans les sordides “mangeoires de la dignité” : dans le refuge souterrain pour échapper aux bombardements, sur les trottoirs d’une grande ville, au fond d’une embarcation surchargée de migrants. Laissons-nous interpeller par les enfants qu’on ne laisse pas naître, par ceux qui pleurent parce que personne ne rassasie leur faim, par ceux qui ne tiennent pas dans leurs mains des jouets, mais des armes.

Le mystère de Noël, qui est lumière et joie, interpelle et bouleverse, parce qu’il est en même temps un mystère d’espérance et de tristesse. Il porte avec lui une saveur de tristesse, en tant que l’amour n’est pas accueilli, la vie est rejetée. C’est ce qui arrive à Joseph et Marie, qui trouvèrent les portes fermées et déposèrent l’enfant dans une mangeoire, « car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (v. 7). Jésus est né dans le refus de certains et dans l’indifférence de la plupart. Aujourd’hui aussi il peut y avoir la même indifférence, quand Noël devient une fête où les protagonistes sont nous, au lieu de Lui ; quand les lumières du commerce jettent dans l’ombre la lumière de Dieu ; quand nous nous donnons du mal pour les cadeaux et restons insensibles à celui qui est exclus.

Mais Noël a surtout une saveur d’espérance parce que, malgré nos ténèbres, la lumière de Dieu resplendit. Sa lumière gracieuse ne fait pas peur ; Dieu, épris de nous, nous attire par sa tendresse, naissant pauvre et fragile au milieu de nous, comme un de nous. Il naît à Bethléem, qui signifie “maison du pain”. Il semble ainsi vouloir nous dire qu’il naît comme pain pour nous ; il vient à la vie pour nous donner sa vie ; il vient dans notre monde pour nous porter son amour. Il ne vient pas pour dévorer et pour commander, mais pour nourrir et servir. Ainsi, il y a un fil direct qui relie la crèche et la croix, où Jésus sera pain rompu : c’est le fil direct de l’amour qui se donne et nous sauve, qui donne lumière à notre vie, paix à nos cœurs.

Ils l’ont compris, en cette nuit, les bergers, qui étaient parmi les exclus d’alors. Mais personne n’est exclus aux yeux de Dieu et ce furent vraiment eux les invités de Noël. Celui qui était sûr de lui, autosuffisant, était chez lui au milieu de ses affaires ; les bergers au contraire « allèrent, sans hésitation » (cf. Lc 2, 16). Nous aussi, laissons-nous interpeller et convoquer cette nuit par Jésus, allons à Lui avec confiance, à partir de ce en quoi nous nous sentons exclus, à partir de nos limites. Laissons-nous toucher par la tendresse qui sauve ; approchons-nous de Dieu qui se fait proche, arrêtons-nous pour regarder la crèche, imaginons la naissance de Jésus : la lumière et la paix, la plus grande pauvreté et le refus. Entrons dans le vrai Noël avec les bergers, portons à Jésus ce que nous sommes, nos exclusions, nos blessures non guéries. Ainsi, en Jésus, nous goûterons le véritable esprit de Noël : la beauté d’être aimés de Dieu. Avec Marie et Joseph, restons devant la crèche, devant Jésus qui naît comme pain pour ma vie. Contemplant son amour humble et infini, disons-lui : merci, parce que tu as fait tout cela pour moi.

Message du Pape François pour la 50e Journée Mondiale des Communications Sociales

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Communication et miséricorde : une rencontre féconde

Solennité de l’Ascension

Chers frères et sœurs,

L’Année Sainte de la Miséricorde nous invite à réfléchir sur le rapport entre communication et miséricorde. En effet l’Église, unie au Christ, incarnation vivante de Dieu Miséricordieux, est appelée à vivre la miséricorde comme un trait distinctif de tout son être et de tout son agir. Ce que nous disons et la manière dont nous le disons, chaque parole et chaque geste, devrait pouvoir exprimer la compassion, la tendresse et le pardon de Dieu pour tous. L’amour, par nature, est communication, il conduit à s’ouvrir et non pas à s’isoler. Et si notre cœur et nos gestes sont animés par la charité, par l’amour divin, notre communication sera porteuse de la force de Dieu.

En tant qu’enfants de Dieu, nous sommes appelés à communiquer avec tous, sans exclusion. En particulier, c’est le propre du langage et des actions de l’Église que de transmettre la miséricorde, en sorte de toucher les cœurs des personnes et de les soutenir sur le chemin vers la plénitude de la vie que Jésus Christ, envoyé par le Père, est venu apporter à tous. Il s’agit d’accueillir en nous et de répandre autour de nous la chaleur de l’Église Mère, pour que Jésus soit connu et aimé ; cette chaleur qui donne consistance aux paroles de la foi et qui allume dans la prédication et dans le témoignage l’ « étincelle » qui les rend vivantes.

La communication a le pouvoir de créer des ponts, de favoriser la rencontre et l’inclusion, enrichissant ainsi la société. Comme il est beau de voir des personnes engagées à choisir avec soin des paroles et des gestes pour dépasser les incompréhensions, guérir la mémoire blessée et construire la paix et l’harmonie. Les paroles peuvent jeter des ponts entre les personnes, les familles, les groupes sociaux, les peuples ; que ce soit dans le domaine physique ou dans le domaine numérique. Que les paroles et les actions soient donc telles qu’elles nous aident à sortir des cercles vicieux des condamnations et des vengeances, qui continuent à piéger les individus et les nations, et qui conduisent à s’exprimer avec des messages de haine. La parole du chrétien, au contraire, se propose de faire grandir la communion et, même quand il faut condamner le mal avec fermeté, elle cherche à ne jamais briser la relation et la communication.

Je voudrais donc inviter toutes les personnes de bonne volonté à redécouvrir le pouvoir de la miséricorde de guérir les relations déchirées, et de ramener la paix et l’harmonie entre les familles et dans les communautés. Nous savons tous de quelle manière les vieilles blessures et les ressentiments peuvent piéger les personnes et les empêcher de communiquer et de se réconcilier. Et ceci vaut aussi pour les relations entre les peuples. Dans tous ces cas, la miséricorde est capable de créer une nouvelle manière de parler et de dialoguer, comme l’a ainsi très bien exprimé Shakespeare : « La miséricorde n’est pas une obligation. Elle descend du ciel comme la fraîcheur de la pluie sur la terre. Elle est une double bénédiction : elle bénit celui qui la donne et celui qui la reçoit » (Le Marchand de Venise, Acte 4, Scène 1).

Il est souhaitable que le langage de la politique et de la diplomatie se laisse aussi inspirer par la miséricorde, qui ne donne jamais rien pour perdu. Je fais appel surtout à tous ceux qui ont des responsabilités institutionnelles, politiques et dans la formation de l’opinion publique, pour qu’ils soient toujours vigilants sur la manière de s’exprimer envers celui qui pense ou agit autrement, et aussi envers celui qui peut s’être trompé. Il est facile de céder à la tentation d’exploiter de semblables situations et d’alimenter ainsi les flammes de la défiance, de la peur, de la haine. Il faut au contraire du courage pour orienter les personnes dans des processus de réconciliation ; et c’est justement cette audace positive et créative qui offre de vraies solutions à de vieux conflits, et l’occasion de réaliser une paix durable. « Bienheureux les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront miséricorde […] Bienheureux les artisans de paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 7.9).

Comme je voudrais que notre manière de communiquer, et aussi notre service de pasteurs dans l’Église, n’exprime jamais l’orgueil fier du triomphe sur un ennemi, ni n’humilie ceux que la mentalité du monde considère comme perdants et à rejeter ! La miséricorde peut aider à tempérer les adversités de la vie et à offrir de la chaleur à tous ceux qui ont seulement connu la froideur du jugement. Que le style de notre communication soit en mesure de dépasser la logique qui sépare nettement les pécheurs des justes. Nous pouvons et devons juger des situations de péché – violence, corruption, exploitation, etc. – mais nous ne pouvons pas juger les personnes, parce que seul Dieu peut lire en profondeur dans leur cœur. C’est notre devoir d’avertir celui qui se trompe, en dénonçant la méchanceté et l’injustice de certains comportements, afin de libérer les victimes et de soulager celui qui est tombé. L’Évangile de Jean nous rappelle que « La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). Cette vérité est, en définitive, le Christ lui-même, dont la douce miséricorde est la mesure de notre manière d’annoncer la vérité et de condamner l’injustice. C’est notre principal devoir d’affirmer la vérité avec amour (Cf. Ep 4, 15). Seules les paroles prononcées avec amour et accompagnées de douceur et de miséricorde touchent les cœurs des pécheurs que nous sommes. Des paroles et des gestes durs ou moralisants risquent d’aliéner plus tard ceux que nous voudrions conduire à la conversion et à la liberté, en renforçant leur sens du refus et de la défense.

Certains pensent qu’une vision de la société enracinée dans la miséricorde serait de façon injustifiée idéaliste ou excessivement indulgente. Mais essayons de repenser à nos premières expériences de relations au sein de la famille. Nos parents nous ont aimés et appréciés pour ce que nous sommes, plus que pour nos capacités et nos succès. Les parents veulent naturellement le meilleur pour leurs enfants, mais leur amour n’est jamais conditionné par le fait d’atteindre des objectifs. La maison paternelle est le lieu où tu es toujours accueilli (Cf. Lc 15, 11-32). Je voudrais vous encourager tous à penser la société humaine non comme un espace où des étrangers rivalisent et cherchent à dominer, mais plutôt comme une maison ou une famille, où la porte est toujours ouverte et où l’on cherche à s’accueillir réciproquement.

C’est pourquoi il est fondamental d’écouter. Communiquer signifie partager, et le partage exige l’écoute, l’accueil. Écouter est beaucoup plus qu’entendre. Entendre concerne le domaine de l’information ; écouter, en revanche, renvoie à celui de la communication, et exige la proximité. L’écoute nous permet d’avoir l’attitude juste, en sortant de la condition tranquille de spectateurs, d’auditeurs, de consommateurs. Écouter signifie aussi être capable de partager des questions et des doutes, de faire un chemin côte à côte, de s’affranchir de toute présomption de toute-puissance et de mettre humblement ses capacités et ses dons au service du bien commun.

Écouter n’est jamais facile. Parfois il est plus confortable de faire le sourd. Écouter signifie prêter attention, avoir le désir de comprendre, de valoriser, respecter, garder la parole de l’autre. Dans l’écoute une sorte de martyre se consume, un sacrifice de soi-même dans lequel le geste sacré accompli par Moïse devant le buisson ardent se renouvelle : retirer ses sandales sur la « terre sainte » de la rencontre avec l’autre qui me parle (Cf. Ex 3, 5). Savoir écouter est une grâce immense, c’est un don qu’il faut invoquer pour ensuite s’exercer à le pratiquer.

Les e-mail, sms, réseaux sociaux, chat peuvent, eux aussi, être des formes de communication pleinement humaines. Ce n’est pas la technologie qui décide si la communication est authentique ou non, mais le cœur de l’homme et sa capacité de bien user des moyens mis à sa disposition. Les réseaux sociaux sont capables de favoriser les relations et de promouvoir le bien de la société, mais ils peuvent aussi conduire plus tard à des polarisations et des divisions entre les personnes et les groupes. Le domaine numérique est une place, un lieu de rencontre, où l’on peut caresser ou blesser, avoir une discussion profitable ou faire un  lynchage moral. Je prie pour que l’Année jubilaire vécue dans la miséricorde « nous rende plus ouverts au dialogue pour mieux nous connaître et nous comprendre. Qu’elle chasse toute forme de fermeture et de mépris. Qu’elle repousse toute forme de violence et de discrimination » (Misericordiae vultus, n. 23). Une véritable citoyenneté se construit aussi en réseau. L’accès aux réseaux numériques comporte une responsabilité pour l’autre, que nous ne voyons pas mais qui est réel, il a sa dignité qui doit être respectée. Le réseau peut être bien utilisé pour faire grandir une société saine et ouverte au partage.

La communication, ses lieux et ses instruments, ont comporté un élargissement des horizons pour beaucoup de personnes. C’est un don de Dieu, et c’est aussi une grande responsabilité. J’aime définir ce pouvoir de la communication comme « proximité ». La rencontre entre la communication et la miséricorde est féconde dans la mesure où elle génère une proximité qui prend soin, réconforte, guérit, accompagne et fait la fête. Dans un monde divisé, fragmenté, polarisé, communiquer avec miséricorde signifie contribuer à la bonne, libre et solide proximité entre les enfants de Dieu et les frères en humanité.

FRANÇOIS

Du Vatican, le 24 janvier 2016

(CNS photo/Paul Haring)

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