Audience générale du pape François – mercredi 27 mars 2024

Triptyque avec la Passion du Christ, Metropolitan Museum of Art. Wikimedia Commons.

Lors de l’audience générale du mercredi de la semaine sainte, le pape François s’est penché sur la vertu de patience. Il a déclaré que la souffrance et la mort du Christ « nous indiquent que [sa] patience ne consiste pas en une résistance stoïque à la souffrance, mais qu’elle est le fruit d’un amour plus grand. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Aujourd’hui, l’audience était prévue sur la place, mais en raison de la pluie, elle a été transférée à l’intérieur. C’est vrai que vous serez un peu tassés, mais au moins, vous ne serez pas mouillés. Merci pour votre patience. Dimanche dernier, nous avons écouté le récit de la Passion du Seigneur. Aux souffrances qu’il endure, Jésus répond par une vertu qui, bien qu’elle ne soit pas comptée parmi les vertus traditionnelles, est très importante: la vertu de la patience. La patience, hein! Il s’agit de supporter ce que l’on endure: ce n’est pas un hasard si la patience a la même racine que la passion. Et c’est précisément dans la Passion qu’apparaît la patience du Christ, qui accepte avec douceur et mansuétude d’être arrêté, giflé et injustement condamné; devant Pilate, il ne récrimine pas; il supporte les insultes, les crachats et les flagellations des soldats; il supporte le poids de la croix; il pardonne à ceux qui le clouent au bois et, sur la croix, il ne répond pas aux provocations, mais offre la miséricorde. Voilà la patience de Jésus. Tout cela nous dit  que la patience de Jésus ne consiste pas en une résistance stoïque à la souffrance, mais qu’elle est le fruit d’un amour plus grand.

L’apôtre Paul, dans l’«Hymne à la charité» (cf. 1 Co 13, 4-7), associe étroitement l’amour et la patience. En effet, pour décrire la première qualité de la charité, il utilise un mot qui se traduit par «magnanime» ou «patient». La charité est magnanime, elle est patiente. Elle exprime un concept surprenant, qui revient souvent dans la Bible: Dieu, face à notre infidélité, se montre «lent à la colère» (cf. Ex 34, 6; cf. Nm 14, 18): au lieu d’exprimer son dégoût pour le mal et le péché de l’homme, il se révèle plus grand, prêt à recommencer chaque fois avec une patience infinie. C’est pour Paul, le premier trait de l’amour de Dieu qui, face au péché, propose le pardon. Mais pas seulement: c’est le premier trait de tout grand amour, qui sait répondre au mal par le bien, qui ne s’enferme pas dans la colère et le découragement, mais qui persévère et qui repart. La patience qui recommence. Ainsi, à la racine de la patience se trouve l’amour, comme le dit saint Augustin: «L’on est d’autant plus fort pour supporter tout mal qu’en lui est plus grand l’amour de Dieu» (De patientia, XVII).

On pourrait donc dire qu’il n’y a pas de meilleur témoignage de l’amour de Jésus Christ que de rencontrer un chrétien patient. Mais pensons aussi à tous ces pères et mères de famille, ouvriers, médecins et infirmières, malades, qui chaque jour, dans l’ombre, gratifient le monde d’une sainte patience! Comme le dit l’Ecriture, «la patience vaut mieux que la force d’un héros» (Pr 16, 32). Mais soyons honnêtes: nous manquons souvent de patience. Dans la vie quotidienne, nous sommes tous impatients. Nous en avons besoin comme d’une «vitamine essentielle» pour vivre, mais il est instinctif pour nous de nous impatienter — s’impatienter est instinctif — et de répondre au mal par le mal: il est difficile de rester calmes, de contrôler nos instincts, de retenir les mauvaises réactions, de désamorcer les querelles et les conflits dans la famille, au travail, dans la communauté chrétienne. La réponse fuse immédiatement; nous ne sommes pas capables de rester patients.

Rappelons toutefois que la patience n’est pas seulement une nécessité, c’est un appel: si le Christ est patient, le chrétien est appelé à être patient. Cela nous appelle à aller à contre-courant de la mentalité aujourd’hui répandue, où dominent la précipitation et le «tout et tout de suite»; où, au lieu d’attendre que les situations mûrissent, on presse les personnes en espérant qu’elles changent instantanément. N’oublions pas que la précipitation et l’impatience sont les ennemies de la vie spirituelle: pourquoi?  Dieu est amour, et celui qui aime ne se lasse  pas, ne s’irrite pas, ne donne pas d’ultimatum,  Dieu est patient, Dieu sait attendre. Pensons à l’histoire du Père miséricordieux, qui attend son fils parti de la maison: il souffre avec patience, impatient uniquement de l’embrasser dès qu’il le voit revenir (cf. Lc 15, 21); ou bien pensons à la parabole du blé et de l’ivraie, avec le Seigneur qui ne s’empresse pas pour éradiquer le mal avant l’heure, pour que rien ne soit perdu (cf. Mt 13, 29-30). La patience nous fait tout sauver.

Mais, frères et sœurs, comment faire croître la patience? Puisqu’elle est, comme l’enseigne saint Paul, un fruit de l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 22), il faut la demander précisément à l’Esprit du Christ. Il nous donne la douce force de la patience — la patience est une douce force —, car «c’est le propre de la vertu chrétienne non seulement de faire le bien, mais aussi de savoir supporter le mal» (Saint Augustin, Discours, 46, 13). Spécialement en ces jours, cela nous fera du bien de contempler le Crucifié pour assimiler sa patience. Un bon exercice consiste également à lui présenter les personnes les plus ennuyeuses, en lui demandant la grâce de pratiquer à leur égard cette œuvre de miséricorde si connue et si omise: supporter patiemment les personnes incommodantes. Et cela n’est pas facile. Pensons — je le répète à présent — si nous faisons cela: supporter patiemment les personnes incommodantes. Cela commence par demander de les regarder avec compassion, avec le regard de Dieu, en sachant distinguer leurs visages de leurs erreurs. Nous avons l’habitude de cataloguer les personnes selon les erreurs qu’elles commettent. Non, cela n’est pas bien. Cherchons les personnes selon leur visage, leur cœur, et non leurs erreurs.

Enfin, pour cultiver la patience, vertu qui donne du souffle à la vie, il est bon d’élargir son regard. Par exemple, en ne limitant pas le champ du monde à nos propres difficultés, comme nous y invite l’Imitation du Christ. Et qui dit: «Il faut donc que tu te souviennes des plus grandes souffrances des autres, pour apprendre à supporter les tiennes, qui sont petites», en se rappelant qu’«il n’y a pas de chose, si petite soit-elle, pourvu qu’elle soit supportée pour l’amour de Dieu, qui passe sans récompense auprès de Dieu» (III, 19). Et encore, lorsque nous nous sentons en proie à l’épreuve, comme l’enseigne Job, il est bon de s’ouvrir avec espérance à la nouveauté de Dieu, dans la ferme confiance qu’Il ne laissera pas nos attentes être déçues. Patience, et savoir supporter les maux.

Et ici, aujourd’hui, à cette audience, il y a deux personnes, deux pères. Ce sont les premiers: un israélien et un arabe. Tous deux ont perdu leurs filles dans cette guerre et tous deux sont amis; ils ne regardent pas l’inimitié de la guerre, mais ils regardent l’amitié de deux hommes qui s’aiment, et qui  sont passés par la même crucifixion. Pensons à ce témoignage si beau de ces deux personnes qui ont souffert à travers leurs filles de la guerre en Terre Sainte. Chers frères, merci pour votre témoignage.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28): discours du Saint-Père

Le samedi 2 décembre 2023, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, a prononcé le discours du pape François lors de la conférence COP28 à Dubaï (Émirats Arabes Unis). Le Saint-Père a affirmé que « c’est à cette génération d’écouter le cri des peuples, des jeunes et des enfants, et de jeter les bases d’un nouveau multilatéralisme. Pourquoi ne pas commencer précisément à partir de notre maison commune ? Le changement climatique signale la nécessité d’un changement politique. Sortons de l’étroitesse de l’intérêt personnel et du nationalisme ; ce sont des approches qui appartiennent au passé. Unissons-nous autour d’une vision alternative : cela contribuera à une conversion écologique. »

Voici le texte intégral:

Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Illustres Chefs d’État et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs,

Je ne peux malheureusement pas être présent parmi vous comme je l’aurais voulu, mais je suis avec vous parce que l’heure est grave. Je suis avec vous parce que, aujourd’hui plus que jamais, l’avenir de tous dépend du présent que nous choisissons. Je suis avec vous parce que la dévastation de la création est une offense à Dieu, un péché non seulement personnel mais aussi structurel qui se répercute sur l’être humain, en particulier sur les plus faibles, un grave danger qui pèse sur chacun et risque de déclencher un conflit entre les générations. Je suis avec vous parce que le changement climatique est « un problème social global qui est intimement lié à la dignité de la vie humaine » (Exhort. ap. Laudate Deum, n. 3). Je suis avec vous pour poser la question à laquelle nous sommes appelés à répondre à présent : œuvrons-nous pour une culture de la vie ou bien de la mort ? Je vous le demande de manière pressante : choisissons la vie, choisissons l’avenir ! Écoutons le gémissement de la terre, prêtons attention au cri des pauvres, tendons l’oreille aux espérances des jeunes et aux rêves des enfants ! Nous avons une grande responsabilité : faire en sorte que leur avenir ne soit pas refusé.

Il est avéré que les changements climatiques en cours résultent du réchauffement de la planète, causé principalement par l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, provoquée elle-même par l’activité humaine qui est devenue insoutenable pour l’écosystème au cours des dernières décennies. La volonté de produire et de posséder s’est transformée en obsession et a conduit à une avidité sans limite qui a fait de l’environnement l’objet d’une exploitation effrénée. Le climat devenu fou sonne comme une alarme pour stopper ce délire de toute-puissance. Reconnaissons de nouveau avec humilité et courage notre limite comme unique voie pour vivre en plénitude.

Qu’est-ce qui fait obstacle à ce chemin ? Les divisions qui existent entre nous. Mais un monde entièrement connecté, comme celui d’aujourd’hui, ne peut pas être déconnecté de ceux qui le gouvernent, avec des négociations internationales qui « ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position des pays qui mettent leurs intérêts nationaux au-dessus du bien commun général » (Lett. enc. Laudato sì’, n. 169). Nous assistons à des positions rigides, voire inflexibles, qui tendent à protéger des revenus de particuliers et ceux de leurs entreprises, en se justifiant parfois sur la base de ce que d’autres ont fait dans le passé, avec des renvois périodiques de responsabilité. Mais le devoir auquel nous sommes appelés aujourd’hui ne concerne pas le passé, mais l’avenir ; un avenir qui, qu’on le veuille ou non, sera à tous ou ne sera pas.

Les tentatives de faire retomber la responsabilité sur les nombreux pauvres et sur le nombre de naissances sont particulièrement frappantes. Ce sont des tabous auxquels il faut absolument mettre fin. Ce n’est pas la faute des pauvres puisque près de la moitié du monde la plus pauvre n’est responsable que de 10 % à peine des émissions polluantes, alors que l’écart entre les quelques riches et les nombreux démunis n’a jamais été aussi abyssal. Ces derniers sont en fait les victimes de ce qui se passe : pensons aux populations autochtones, à la déforestation, au drame de la faim, à l’insécurité en eau et alimentaire, aux flux migratoires induits. Les naissances ne sont pas un problème, mais une ressource : elles ne sont pas contre la vie, mais pour la vie, alors que certains modèles idéologiques et utilitaristes, imposés avec des gants de velours aux familles et aux populations, représentent de véritables colonisations. Il ne faut pas pénaliser le développement de nombre pays, déjà chargés de lourdes dettes économiques, mais considérer l’impact de quelques nations, responsables d’une dette écologique inquiétante envers tant d’autres (cf. ibid., nn. 51-52). Il conviendrait de trouver les moyens appropriés pour supprimer les dettes financières qui pèsent sur divers peuples, à la lumière également de la dette écologique qui leur est due.

Mesdames et Messieurs, je me permets de m’adresser à vous, au nom de la maison commune que nous habitons, comme à des frères et sœurs, pour nous poser la question suivante : quelle est la porte de sortie ? Celle que vous emprunter ces jours-ci : la voie qui consiste à être ensemble, le multilatéralisme. En effet, « le monde devient tellement multipolaire, et en même temps tellement complexe, qu’un cadre différent pour une coopération efficace est nécessaire. Il ne suffit pas de penser aux rapports de force […]. Il s’agit d’établir des règles globales et efficaces » (Laudate Deum, n. 42). Il est préoccupant, en ce sens, que le réchauffement de la planète s’accompagne d’un refroidissement général du multilatéralisme, d’une défiance croissante à l’égard de la Communauté internationale, d’une perte de la « conscience commune d’être […] une famille de nations » (S. Jean-Paul II, Discours à la 50ème Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, New York, 5 octobre 1995, 14). Il est essentiel de rétablir la confiance, fondement du multilatéralisme.

Cela vaut tant pour la protection de la création que pour la paix : ce sont les questions les plus urgentes et elles sont liées. Combien d’énergie l’humanité gaspille-t-elle dans les si nombreuses guerres en cours, comme en Israël et en Palestine, en Ukraine et en beaucoup d’autres régions du monde : des conflits qui ne résoudront pas les problèmes mais les accroîtront ! Combien de ressources sont-elles gaspillées en armements, qui détruisent des vies et ruinent la maison commune ! Je renouvelle une proposition : « Avec les ressources financières consacrées aux armes ainsi qu’à d’autres dépenses militaires, créons un Fonds mondial, en vue d’éradiquer une bonne fois pour toutes la faim » (Lett. enc. Fratelli tutti, n. 262 ; cf. saint Paul VI, Lett. Enc. Populorum Progressio, n. 51) et mettre en œuvre des activités qui favorisent le développement durable des pays les plus pauvres, en luttant contre le changement climatique.

Il appartient à cette génération de prêter l’oreille aux peuples, aux jeunes et aux enfants pour jeter les bases d’un nouveau multilatéralisme. Pourquoi ne pas commencer par la maison commune ? Les changements climatiques mettent en évidence la nécessité d’un changement politique. Sortons des ornières des particularismes et des nationalismes, ce sont des modèles du passé. Adoptons une vision alternative et commune : elle permettra une conversion écologique, car « il n’y a pas de changement durable sans changement culturel » (Laudate Deum, n. 70). J’assure en cela l’engagement et le soutien de l’Église catholique, active en particulier dans l’éducation et la sensibilisation à la participation commune, ainsi que dans la promotion des styles de vie, car la responsabilité est celle de tous, et celle de chacun est fondamentale.

Sœurs et frères, un changement de rythme qui ne soit pas une modification partielle de cap, mais une nouvelle façon de procéder ensemble, est essentiel. Si sur le chemin de la lutte contre le changement climatique, ouvert à Rio de Janeiro en 1992, l’Accord de Paris a marqué « un nouveau départ » (ibid., n. 47), il faut maintenant relancer la marche. Il est nécessaire de donner un signe d’espoir concret. Que cette COP soit un tournant : qu’elle manifeste une volonté politique claire et tangible, conduisant à une accélération décisive de la transition écologique, à travers des formes qui aient trois caractéristiques : qu’elles soient « efficaces, contraignantes et facilement contrôlables » (ibid., n. 59). Qu’elles soient mises en œuvre dans quatre domaines : l’efficacité énergétique, les sources renouvelables, l’élimination des combustibles fossiles et l’éducation à des modes de vie moins dépendants de ces derniers.

S’il vous plaît : allons de l’avant, ne revenons pas en arrière. Il est bien connu que divers accords et engagements pris « n’ont été que peu mis en œuvre parce qu’aucun mécanisme adéquat de contrôle, de révision périodique et de sanction en cas de manquement, n’avait été établi » (Laudato si’, n. 167). Il s’agit ici de ne plus reporter mais de mettre en œuvre, et de ne pas seulement souhaiter, le bien de vos enfants, de vos citoyens, de vos pays, de notre monde. Soyez les artisans d’une politique qui donne des réponses concrètes et cohérentes, en démontrant la noblesse du rôle que vous jouez, la dignité du service que vous accomplissez. Car c’est à cela que sert le pouvoir, à servir. Il ne sert à rien de préserver aujourd’hui une autorité dont on se souviendra demain que pour son incapacité à intervenir quand cela était urgent et nécessaire (cf. ibid., n. 57). L’histoire vous en sera reconnaissante. De même que les sociétés dans lesquelles vous vivez, au sein desquelles règne une division néfaste entre “supporters” : entre les catastrophistes et les indifférents, entre les écologistes radicaux et les négationnistes du climat… Il ne sert à rien d’entrer dans des factions ; dans ce cas, comme pour la cause de la paix, cela ne mène à aucune solution. C’est la bonne politique qui est la solution : si le sommet donne un exemple concret de cohésion, la base en profitera, là où de très nombreuses personnes, en particulier des jeunes, s’impliquent déjà dans la promotion du soin de la maison commune.

Que 2024 marque un tournant. J’aimerais qu’un événement survenu en 1224, soit de bon augure. Cette année-là, François d’Assise composa le Cantique des créatures. Il le fit après une nuit passée dans la douleur physique, devenu complètement aveugle. Après cette nuit de lutte, porté dans son âme par une expérience spirituelle, il voulut louer le Très-Haut pour ces créatures qu’il ne pouvait plus voir, mais qu’il sentait être ses frères et sœurs, parce que provenant d’un même Père et partagées avec les autres hommes et femmes. Un sentiment inspiré de fraternité le conduisit à transformer la douleur en louange et la peine en engagement. Peu après, il ajouta un verset dans lequel il louait Dieu pour ceux qui pardonnent, et il le fit pour régler – avec succès ! – une querelle scandaleuse entre l’Autorité du lieu et l’évêque. Moi aussi je porte le nom de François, avec un ton vibrant d’une prière, je voudrais vous dire : laissons de côté les divisions et unissons nos forces ! Et, avec l’aide de Dieu, sortons de la nuit des guerres et des dévastations environnementales pour transformer l’avenir commun en une aube de lumière. Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

Message de Sa Sainteté le pape François pour la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création

Jeunes randonneurs traversant un pont en bois. iStock photo.

Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création
Message de Sa Sainteté
Vendredi 1er septembre 2023

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs!

“Que la justice et la paix jaillissent” est cette année le thème du Temps œcuménique de de la Création, inspiré des paroles du prophète Amos : « Que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais » (5, 24).

Cette image expressive d’Amos nous dit ce que Dieu désire. Dieu veut que règne la justice, essentielle à notre vie d’enfants à l’image de Dieu, comme l’est l’eau à notre survie physique. Cette justice doit émerger là où elle est nécessaire, et non pas se cacher en profondeur ou disparaître comme l’eau qui s’évapore, avant qu’elle n’ait pu nous soutenir. Dieu veut que chacun cherche à être juste en toute situation, qu’il s’efforce toujours de vivre selon ses lois et de permette ainsi à la vie de s’épanouir pleinement. Lorsque nous cherchons d’abord le royaume de Dieu (cf. Mt 6, 33), en maintenant une juste relation avec Dieu, l’humanité et la nature, alors la justice et la paix peuvent jaillir, comme un courant inépuisable d’eau pure, nourrissant l’humanité et toutes les créatures.

Par une belle journée d’été de juillet 2022, j’ai médité sur ces questions lors de mon pèlerinage sur les rives du lac Sainte-Anne, dans la province d’Alberta, au Canada. Ce lac a été et est toujours un lieu de pèlerinage pour de nombreuses générations d’autochtones. Comme je l’ai dit à cette occasion, accompagné par le son des tambours : « Combien de cœurs sont arrivés ici, anxieux et essoufflés, appesantis par les fardeaux de la vie, et ont trouvé près de ces eaux la consolation et la force pour aller de l’avant ! Ici aussi, immergé dans la création, se fait entendre un autre battement, le battement maternel de la terre. Et comme le battement des bébés, depuis le sein maternel, est en harmonie avec celui des mères, ainsi pour grandir en tant qu’êtres humains, nous avons besoin d’ajuster les rythmes de la vie avec ceux de la création qui donne la vie ». [1]

En ce Temps de la Création, attardons-nous sur ces battements de cœur : les nôtres, ceux de nos mères et de nos grands-mères, les battements de cœur de la création et du cœur de Dieu. Aujourd’hui, ils ne sont pas en harmonie, ils ne battent pas ensemble dans la justice et la paix. Trop de gens sont empêchés de s’abreuver à ce fleuve puissant. Écoutons donc l’appel à être aux côtés des victimes de l’injustice environnementale et climatique, et à mettre fin à cette guerre insensée à la création.

Nous voyons les effets de cette guerre en beaucoup de fleuves qui s’assèchent. « Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands », a déclaré Benoît XVI. [2] Le consumérisme rapace, alimentée par des cœurs égoïstes, bouleverse le cycle d’eau de la planète. L’utilisation effrénée des combustibles fossiles et l’abattage des forêts entraînent une hausse des températures et de graves sécheresses. Des pénuries d’eau effrayantes touchent de plus en plus nos habitations, des petites communautés rurales aux grandes métropoles. En outre, les industries prédatrices épuisent et polluent nos sources d’eau potable par des pratiques extrêmes telles que la fracturation hydraulique pour l’extraction du pétrole et du gaz, les projets de méga-extraction incontrôlée et l’élevage intensif d’animaux. « Sœur eau », comme l’appelle saint François, est pillée et transformée en « marchandise sujette aux lois du marché » (Enc. Laudato si’, n. 30).

Le Groupe Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) affirme qu’une action urgente pour le climat nous permettrait de ne pas manquer l’occasion de créer un monde plus durable et plus juste. Nous pouvons, nous devons, empêcher les pires conséquences de se produire. « Il y a tant de choses que l’on peut faire ! » (ibid., n. 180), si, comme autant de ruisseaux et de torrents, nous finissons par nous réunir en un puissant fleuve pour irriguer la vie de notre merveilleuse planète et de notre famille humaine pour les générations à venir. Joignons nos mains et accomplissons des pas courageux pour que la justice et la paix coulent sur toute la Terre.

Comment pouvons-nous contribuer au puissant fleuve de la justice et de la paix en ce Temps de la Création ? Que pouvons-nous faire, en particulier en tant qu’Églises chrétiennes, pour restaurer notre maison commune afin qu’elle grouille à nouveau de vie ? Nous devons décider de transformer nos cœurs, nos modes de vie et les politiques publiques qui régissent nos sociétés.

Tout d’abord, contribuons à ce puissant fleuve en transformant nos cœurs. C’est essentiel pour que toute autre transformation puisse commencer. C’est la “conversion écologique” que saint Jean-Paul II nous a exhortés à entreprendre : le renouvellement de notre relation avec la création, de sorte que nous ne la considérions plus comme un objet à exploiter, mais que nous la chérissions comme un don sacré du Créateur. Rendons-nous compte donc qu’une approche d’ensemble exige que nous pratiquions le respect écologique selon quatre directions : envers Dieu, envers nos semblables d’aujourd’hui et de demain, envers l’ensemble de la nature et envers nous-mêmes.

En ce qui concerne la première de ces dimensions, Benoît XVI a identifié un besoin urgent de comprendre que la Création et la Rédemption sont inséparables : « Le Rédempteur est le Créateur et si nous n’annonçons pas Dieu dans cette grandeur totale qui est la sienne – de Créateur et de Rédempteur – nous dévalorisons également la Rédemption ». [3] La création fait référence au mystérieux et magnifique acte de Dieu qui consiste à créer cette majestueuse et belle planète et cet univers à partir de rien, ainsi qu’au résultat de cet acte, toujours en cours, que nous expérimentons comme un don inépuisable. Au cours de la liturgie et de la prière personnelle dans la « grande cathédrale de la création », [4] nous nous souvenons du Grand Artiste qui crée tant de beauté et nous réfléchissons au mystère du choix amoureux de créer le cosmos.

Deuxièmement, nous contribuons à l’écoulement de ce puissant fleuve en transformant nos modes de vie. Partant de l’admiration reconnaissante du Créateur et de la création, repentons-nous de nos “péchés écologiques”, comme le dit mon frère, le Patriarche Œcuménique Bartholomée. Ces péchés blessent le monde naturel, et aussi nos frères et sœurs. Avec l’aide de la grâce de Dieu, adoptons des modes de vie avec moins de gaspillage et moins de consommation inutile, en particulier là où les processus de production ne sont pas durables et toxiques. Cherchons à être attentifs le plus possible à nos habitudes et à nos choix économiques, afin que tous s’en portent mieux : nos semblables, où qu’ils soient, et aussi les enfants de nos enfants. Collaborons à la création continue de Dieu par des choix positifs : en faisant un usage le plus modéré possible des ressources, en pratiquant une sobriété joyeuse, en éliminant et en recyclant les déchets, et en utilisant les produits et services, de plus en plus disponibles, qui sont écologiquement et socialement responsables.

Enfin, pour que le fleuve puissant continue de couler, nous devons transformer les politiques publiques qui régissent nos sociétés et qui façonnent la vie des jeunes d’aujourd’hui et de demain. Des politiques économiques qui favorisent l’enrichissement scandaleux de quelques-uns et la dégradation des conditions de vie du plus grand nombre signifient la fin de la paix et de la justice. Il est évident que les Nations les plus riches ont accumulé une “dette écologique” ( Laudato si’, n. 51). [5] Les dirigeants mondiaux participant au sommet COP28, prévu à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre de cette année, doivent écouter la science et entamer une transition rapide et équitable pour mettre fin à l’ère des combustibles fossiles. Selon les engagements de l’Accord de Paris visant à réduire le risque de réchauffement global, il est absurde de permettre la poursuite de l’exploration et de l’expansion des infrastructures liées aux combustibles fossiles. Élevons la voix pour mettre fin à cette injustice faite aux pauvres et à nos enfants, qui subiront les pires impacts du changement climatique. J’en appelle à toutes les personnes de bonne volonté pour qu’elles agissent en fonction de ces orientations concernant la société et la nature.

Une autre perspective parallèle est spécifique à l’engagement de l’Église catholique pour la synodalité. Cette année, la clôture du Temps de la Création, le 4 octobre, fête de saint François, coïncidera avec l’ouverture du Synode sur la Synodalité. Comme les fleuves alimentés par mille petits ruisseaux et de plus grands torrents, le processus synodal qui a commencé en octobre 2021 invite toutes les composantes, au niveau personnel et communautaire, à converger en un fleuve majestueux de réflexion et de renouveau. L’ensemble du peuple de Dieu est engagé dans un passionnant chemin de dialogue et de conversion synodale.

De même, comme un bassin fluvial avec ses nombreux affluents, grands et petits, l’Église est une communion d’innombrables Églises locales, de communautés religieuses et d’associations qui se nourrissent de la même eau. Chaque source apporte sa contribution unique et irremplaçable, jusqu’à ce que toutes confluent dans le vaste océan de l’amour miséricordieux de Dieu. De même qu’un fleuve est une source de vie pour l’environnement qui l’entoure, de même notre Église synodale doit être une source de vie pour la maison commune et tous ceux qui y vivent. Et de même qu’un fleuve donne vie à toutes sortes d’espèces animales et végétales, de même une Église synodale doit donner vie en semant justice et paix dans tous les lieux qu’elle atteint.

En juillet 2022 au Canada, j’ai évoqué la mer de Galilée où Jésus a guéri et consolé beaucoup de personnes, et où il a proclamé “une révolution de l’amour”. J’ai appris que le Lac Sainte-Anne est aussi un lieu de guérison, de consolation et d’amour, un lieu qui nous rappelle que « la fraternité est véritable si elle unit ceux qui sont éloignés, que le message d’unité que le Ciel envoie sur la terre ne craint pas les différences et nous invite à la communion, à la communion des différences, pour repartir ensemble, parce que tous – tous ! – nous sommes des pèlerins en marche » . [6]

En ce Temps de la Création, en tant que disciples du Christ dans notre marche synodale commune, vivons, travaillons et prions pour que notre maison commune regorge à nouveau de vie. Que l’Esprit Saint continue de planer sur les eaux et qu’il nous guide pour « renouveler la face de la terre » (c. Ps 104, 30).

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 13 mai 2023.


[1]  Homélie près du Lac Ste. Anne, Canada, 26 juillet 2022.

[2] Homélie de la Messe inaugurale du Pontificat, 24 avril 2005.

[3] Rencontre avec le clergé du diocèse de Bressanone, 6 août 2008.

[4]  Message pour la Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création, 21 juillet 2022.

[5] « Il y a, en effet, une vraie “ dette écologique ”, particulièrement entre le Nord et le Sud, liée à des déséquilibres commerciaux, avec des conséquences dans le domaine écologique, et liée aussi à l’utilisation disproportionnée des ressources naturelles, historiquement pratiquée par certains pays » ( Laudato si’, n. 51).

[6]  Homélie près du Lac Ste. Anne, Canada, 26 juillet 2022.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les bénévoles au « Passeio marítimo de Algés » : Discours du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Dimanche, le 6 août 2023
Lors du sixième et dernier jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François s’adresse aux bénévoles au « Passeio marítimo de Algés ».

Voici le texte intégral :

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Rencontre avec les bénévoles
Passeio marítimo de Algés, Lisbonne
Dimanche, le 6 août 2023

Chers amis, bonjour ! Et merci !

Merci au Patriarche de Lisbonne pour ses paroles, à Mgr Aguiar et à vous tous pour avoir travaillé si dur et si bien : vous avez rendu possibles ces journées inoubliables ! Vous avez peiné pendant des mois, de manière cachée, sans bruit et loin des projecteurs, pour que nous puissions tous nous trouver ici à chanter ensemble : « Jésus vit et ne nous laisse pas seuls : nous ne cesserons plus d’aimer ». En plus, vous avez été un exemple parce que vous avez fait équipe en travaillant ensemble ! Mais votre travail a été plus qu’un travail, il a été un service, merci !

C’est le même service qu’a rendu la Vierge Marie, qui « se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39) pour aller rendre service à sa cousine Élisabeth, sentant l’urgence de partager la joie dans le service. Partager la joie et le service, la joie dans le service. Pensons à Zachée, qui monta sur un arbre pour voir Jésus et descendit en hâte. Quelque chose l’avait touché, il voulait rencontrer Jésus et l’accueillir dans sa maison (cf. Lc 19, 6) ; pensons aux femmes et aux disciples, qui, à Pâques, courent de la tombe au cénacle pour annoncer que le Christ est ressuscité (cf. Jn 20, 1-18). Celui qui aime ne reste pas les bras croisés, celui qui aime sert, celui qui aime court pour servir, il court pour se mettre au service des autres.

Et vous avez couru, vous avez beaucoup couru, au cours de ces mois !Je n’ai pu voir que le dernier moment, en ces jours-ci, vous observer tandis que vous répondiez à mille besoins, parfois avec le visage marqué par la fatigue, d’autres fois un peu submergés par les urgences du moment, mais toujours j’ai remarqué une chose : que vous aviez les yeux lumineux, lumineux de la joie du service, merci !

Vous avez rendu possible cette rencontre mondiale de la jeunesse, vous avez fait de grandes choses dans les plus petits gestes, comme la bouteille d’eau offerte à un inconnu, et cela crée l’amitié. Vous avez beaucoup couru, mais pas de la course frénétique et sans but qui est parfois celle de notre monde, non, vous avez couru d’une autre manière : vous avez mené une course qui conduit à la rencontre des autres pour les servir au nom de Jésus. Vous êtes venus à Lisbonne pour servir et non pour être servis, merci, merci beaucoup !

Et maintenant je voudrais être votre amplificateur, pour que ce que les témoignages nous ont dit fasse écho. Les témoignages de Chiara, Francisco et Filipe : tous les trois nous ont parlé d’une rencontre spéciale avec Jésus. Ils nous ont rappelé que la plus belle rencontre, le moteur de toutes les autres, celle qui fait marcher vraiment, qui fait avancer la vie, est avec Jésus. C’est la rencontre la plus importante de notre vie. Renouveler chaque jour la rencontre personnelle avec Jésus est le cœur de la vie chrétienne.

Et il faut la renouveler chaque jour pour la garder fraîche, non seulement dans la tête mais aussi dans le cœur. Nous avons fait l’expérience qu’un petit « oui » à Jésus peut changer la vie. Mais également les « oui » dits aux autres font du bien, lorsqu’ils sont destinés au service. Vous, au moment de la fatigue, vous avez pris courage et vous êtes allés de l’avant en disant « oui » pour servir les autres. Je vous en remercie.

Et toi, Francisco, tu as dit que tu as trouvé ici quelque chose dont tu avais besoin et que tu ne cherchais même pas. En marchant, en travaillant et en priant avec les autres, tu as compris que tu ne pouvais pas te laisser emprisonner par le désordre, par les « lits défaits » du passé, ni vivre le cœur tourmenté par des sentiments d’inachèvement, mais qu’avec l’aide de Jésus et des frères, l’occasion t’a été offerte de mettre en ordre « la pièce de la vie ». Cela est bien : ces Journées sont utiles, elles aident beaucoup à mettre de l’ordre dans sa vie. Mais pourquoi ? Grâce à ces Journées ? Non, grâce à Jésus, qui est ici parmi nous et qui se montre à nous. Pour mettre de l’ordre dans notre vie, nous n’avons pas besoin de choses, nous n’avons pas besoin de distractions, nous n’avons pas besoin d’argent. Il faut dilater le cœur. Et si vous élargissez votre cœur, vous mettrez de l’ordre dans votre vie. N’ayez pas peur : dilatez votre cœur !

Et enfin, toi, Filipe, parmi les nombreuses belles choses que tu as partagées, tu en as dit une que je veux souligner : tu as dit que tu as vécu ici une double rencontre, une rencontre avec Jésus et une rencontre avec les autres. La rencontre avec Jésus et la rencontre avec les autres. C’est très important : la rencontre avec Jésus est un moment personnel, unique, que l’on peut décrire et raconter seulement jusqu’à un certain point, mais elle arrive toujours grâce à un chemin fait avec les autres, fait grâce à l’intercession des autres. Rencontrer Jésus et le rencontrer dans le service aux autres.

Mes amis, à la fin j’aimerais vous laisser une image. Comme beaucoup d’entre vous le savent, au nord de Lisbonne, il y a une localité, Nazaré, où l’on peut admirer des vagues atteignant jusqu’à trente mètres de haut et qui sont une attraction mondiale, surtout pour les surfeurs qui les montent. Ces jours-ci, vous aussi, vous avez fait face à une véritable vague : non pas d’eau, mais de jeunes, de jeunes comme vous, qui se sont déversés dans cette ville. Mais, avec l’aide de Dieu, avec beaucoup de générosité et en vous soutenant mutuellement, vous avez surfé sur cette grande vague. Vous avez surfé sur cette grande vague : vous êtes vraiment courageux ! Merci, obrigado ! Je veux vous dire : continuez ainsi, continuez à surfer sur les vagues de l’amour, les vagues de la charité, soyez des surfeurs de l’amour ! Et tel est le devoir que je vous confie en ce moment : que le service que vous avez rendu en ces Journées Mondiales de la Jeunesse soit la première des nombreuses vagues de bien ; chaque fois vous serez portés plus haut, plus proches de Dieu, et cela vous permettra de voir votre route dans une meilleure perspective.

Merci encore, à tous. Bonne route ! Et, n’oubliez pas, continuez à prier pour moi ! Merci !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Homélie du pape François lors de la messe de clôture au « Parque Tejo » | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Dimanche, le 6 août 2023
Sixième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne et la Fête de la Transfiguration, le pape François a présenté l’homélie lors de la messe de clôture des JMJ au « Parque Tejo ».

Voici le texte intégral de l’homélie :

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Messe de clôture pour les Journées Mondiales de la Jeunesse
Parque Tejo, Lisbonne
Dimanche, le 6 août 2023

« Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! » (Mt 17, 4). Ces paroles, que l’apôtre Pierre a adressées à Jésus sur la montagne de la Transfiguration, nous voulons aussi les faire nôtres après ces journées intenses. Tout ce que nous sommes en train de vivre avec Jésus est beau, ce que nous avons fait ensemble. Et la manière dont nous avons prié est belle, avec une grande joie dans le cœur. Nous pouvons alors nous demander : qu’est-ce que nous remporterons avec nous en retournant à vie quotidienne?

Je voudrais répondre à cette question par trois verbes, en suivant l’Évangile que nous avons entendu. Qu’est-ce que nous remporterons ? : briller, écouter, ne pas craindre. Qu’est-ce que nous remporterons avec nous ? Je réponds par ces trois mots : briller, écouter, ne pas craindre.

Le premier : Briller. Jésus est transfiguré. L’Évangile dit : « Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 2). Il venait d’annoncer sa passion et sa mort sur la croix, brisant ainsi l’image d’un Messie puissant et mondain, décevant les attentes des disciples. Maintenant, pour les aider à accepter le projet d’amour de Dieu sur chacun de nous, Jésus prend trois d’entre eux, Pierre, Jacques et Jean, Il les conduit sur la montagne et est transfiguré. Ce « bain de lumière » les prépare à la nuit de la passion.

Mes amis, chers jeunes, nous avons aujourd’hui encore besoin d’un peu de lumières, d’un éclair de lumière qui soit espérance pour affronter tant d’obscurités qui nous assaillent dans la vie, tant de défaites quotidiennes, pour y faire face avec la lumière de la résurrection de Jésus. Il est la lumière qui ne se couche jamais, Il est la lumière qui brille même dans la nuit. « Notre Dieu a fait briller nos yeux », dit le prêter Esdras (Esd 9, 8). Notre Dieu illumine. Il illumine notre regard, Il illumine notre cœur, Il illumine notre esprit, Il illumine notre désir de faire quelque chose dans la vie. Toujours avec la lumière du Seigneur.

Mais je voudrais vous dire que nous ne devenons pas lumineux lorsque nous sommes sous les projecteurs, non, c’est une erreur. Nous ne devenons pas lumineux lorsque nous affichons une image parfaite, bien ordonnée, bien finie, non. Et non plus lorsque nous nous sentons forts et victorieux. Forts et victorieux mais pas lumineux. Nous brillons quand, en accueillant Jésus, nous apprenons à aimer comme Lui. Aimer comme Jésus : cela nous rend lumineux, cela nous conduit à accomplir des œuvres d’amour. Ne te trompe pas, mon ami, tu deviendras lumière le jour où tu feras des œuvres d’amour. Mais lorsque, au lieu de faire des œuvres d’amour envers les autres, tu te regardes toi-même, comme un égoïste, là, la lumière s’éteint.

Le deuxième verbe est écouter. Sur la montagne, une nuée lumineuse recouvre les disciples. Et le Père parle de cette nuée elle. Et que dit-il ? « Écoutez-le », « Celui-ci est mon Fils bien aimé » (Mt 17, 5). Tout est là : tout ce qu’il y a à faire dans la vie réside dans ce mot : écoutez-le. Écouter Jésus. Tout le secret est là. Écoute ce que Jésus te dit. « Je ne sais pas ce qu’il me dit ». Prends l’Évangile et lis ce que Jésus dit, ce qu’il dit à ton cœur. Car Il a pour nous des paroles de vie éternelle, Il nous révèle que Dieu est Père, qu’Il est amour. Il nous montre le chemin de l’amour. Écoute Jésus. Car, même si c’est avec de la bonne volonté, nous nous engageons sur des chemins qui semblent être des chemins d’amour mais qui, en fin de compte, sont des égoïsmes déguisés en amour. Faites attention aux égoïsme déguisés en amour ! Écoute-le, car Il te dira quel est le chemin de l’amour. Écoute-le.

Briller est le premier mot, soyez lumineux ; écouter, pour ne pas s’égarer ; et enfin, le troisième mot : ne pas avoir peur. N’ayez pas peur. Un mot qui revient si souvent dans la Bible, dans les Évangiles : « N’ayez pas peur ». Ce sont les dernières paroles que Jésus adresse aux disciples au moment de la Transfiguration : « N’ayez pas peur » (Mt 17, 7).

À vous, jeunes, qui avez vécu cette joie, – j’allais dire cette gloire et, de fait, notre rencontre est une sorte de gloire – à vous qui nourrissez de grands rêves mais souvent obscurcis par la crainte de ne pas les voir réalisés; à vous qui pensez parfois ne pas y arriver – un peu de pessimisme nous assaille parfois – ; à vous, jeunes, qui, en ces temps, êtes tentés de vous décourager, de vous juger peut-être inadaptés ou de cacher la douleur en la masquant d’un sourire ; à vous, jeunes, qui voulez changer le monde – et c’est bien de vouloir changer le monde – et qui voulez lutter pour la justice et la paix ; à vous, jeunes, qui y mettez votre engagement et votre imagination, bien que cela vous semble ne pas suffire; à vous, jeunes, dont l’Église et le monde ont besoin comme la terre a besoin de pluie ; à vous, jeunes, qui êtes le présent et l’avenir ; oui, précisément à vous, jeunes, Jésus dit aujourd’hui : « N’ayez pas peur ».

Dans un bref moment de silence, que chacun répète à lui-même dans son cœur ces paroles : « N’ayez pas peur ».

Chers jeunes, je voudrais regarder chacun de vous dans les yeux et vous dire : sois sans crainte, n’aie pas peur ! Mais je vous dis en plus une chose très belle : ce n’est plus moi, c’est Jésus lui-même qui vous regarde maintenant. Il vous regarde, Lui qui vous connaît. Il connaît le cœur de chacun d’entre vous, il connaît la vie de chacun d’entre vous, il connaît les joies, il connaît les peines, les succès et les échecs, il connaît votre cœur. Et aujourd’hui, il vous dit, ici, à Lisbonne, en ces Journées Mondiales de la Jeunesse : « N’ayez pas peur, n’ayez pas peur, courage, n’ayez pas peur ! ».

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Veillée avec les jeunes au « Parque Tejo » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Samedi, le 5 août 2023
Lors du cinqième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François a prononcé son allocution lors du veillée au « Parque Tejo ».

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Veillée avec les jeunes
Parque Tejo, Lisbonne
Samedi, le 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonsoir !

Vous voir me donne beaucoup de joie ! Merci d’avoir voyagé, d’avoir marché et merci d’être là ! Je pense aussi que la Vierge Marie a dû voyager pour voir Élisabeth: « Elle se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39). On peut se demander : pourquoi Marie se lève-t-elle et se rend-elle en hâte chez sa cousine? Certes, elle vient d’apprendre que la cousine est enceinte, mais elle l’est également : pourquoi donc y aller si personne ne le lui a demandé? Marie accomplit un geste qui ne lui est pas demandé et qu’elle ne doit en rien. Marie y va parce qu’elle aime, et que « celui qui aime court, vole, il est dans la joie » (L’Imitation de Jésus-Christ, III, 5). Voilà ce que fait l’amour.

La joie de Marie est double : elle vient de recevoir l’annonce de l’ange qu’elle va accueillir le Rédempteur, et aussi la nouvelle que sa cousine est enceinte. Alors, c’est intéressant : au lieu de penser à elle-même, elle pense à l’autre. Pourquoi ? Parce que la joie est missionnaire, la joie n’est pas pour un seul, elle est pour apporter quelque chose. Je vous demande : vous, qui êtes ici, qui êtes venus pour vous rencontrer, pour trouver le message du Christ, pour trouver un beau sens à votre vie, allez-vous garder cela pour vous ou allez-vous le porter aux autres ? Qu’en pensez-vous ? Je n’entends pas… C’est pour le porter aux autres, parce que la joie est missionnaire ! Répétons-le tous ensemble : la joie est missionnaire ! C’est pourquoi je porte cette joie aux autres.

Mais cette joie que nous avons, d’autres nous ont préparés à la recevoir. Regardons maintenant en arrière, tout ce que nous avons reçu : tout cela a préparé notre cœur à la joie. Tous, si nous regardons en arrière, nous avons des personnes qui ont été un rayon de lumière dans notre vie : parents, grands-parents, amis, prêtres, religieux, catéchistes, animateurs, professeurs… Ils sont comme les racines de notre joie. Faisons maintenant un moment de silence et que chacun pense à ceux qui nous ont donné quelque chose dans la vie, qui sont comme les racines de notre joie.

[Moment de silence]

Vous avez trouvé ? Vous avez trouvé des visages, des histoires? La joie qui est venue à travers ces racines, et celle que nous, nous devons donner parce que nous avons des racines de joie. Et, de la même manière, nous pouvons être des racines de joie pour les autres. Il ne s’agit pas d’apporter une joie passagère, la joie du moment ; il s’agit d’apporter une joie qui crée des racines. Et je me demande : comment pouvons-nous devenir des racines de joie?

La joie ne se trouve pas dans une bibliothèque, fermée – même s’il est nécessaire d’étudier ! – mais elle se trouve ailleurs. Elle n’est pas gardée sous clé. La joie, il faut la rechercher, il faut la découvrir. Il faut la découvrir dans le dialogue avec les autres, où nous devons donner ces racines de joie que nous avons reçues. Et cela, parfois, fatigue. Je vous pose une question : vous arrive-t-il d’être fatigués ? Pensez à ce qui se passe quand on est fatigué : on n’a plus envie de rien, comme on dit en espagnol, on jette l’éponge parce qu’on n’a pas envie de continuer, et alors on abandonne, on s’arrête de marcher et on tombe. Croyez-vous qu’une personne qui tombe dans la vie, qui a un échec, qui commet même des erreurs graves, fortes, croyez-que sa vie soit finie ? Non ! Que faut-il faire? Se lever ! Et il y a quelque chose de très beau que je voudrais vous laisser aujourd’hui en souvenir. Les chasseurs alpins, qui aiment escalader les montagnes, ont une très belle chanson qui dit : « Dans l’art de l’escalade – sur la montagne – ce qui compte, ce n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas rester tombé ». C’est très beau !

Celui qui reste tombé est déjà « parti à la retraite », il s’est fermé, il s’est fermé à l’espérance, il s’est fermé aux désirs, et il reste à terre. Et quand nous voyons quelqu’un, un ami qui est tombé, que devons-nous faire ? Le relever. Avez-vous remarqué que lorsque quelqu’un doit soulager ou aider une personne à se relever, le geste qu’elle fait ? Il la regarde de haut. Le seul moment, le seul moment où il est permis de regarder une personne de haut, c’est pour l’aider à se relever. Combien de fois, combien de fois voyons-nous des gens qui nous regardent comme ça, par-dessus l’épaule, de haut ! C’est triste. La seule façon, la seule situation dans laquelle il est permis de regarder une personne de haut est… dites-le vous…, fort : pour l’aider à se relever.

Cela c’est un peu la marche, la constance dans la marche. Et dans la vie, pour réaliser des choses, il faut s’entraîner à marcher. Parfois on n’a pas envie de marcher, on n’a pas envie de se donner de la peine, on triche aux examens parce qu’on n’a pas envie d’étudier et on n’obtient pas le résultat. Je ne sais pas si certains d’entre vous aiment le football… Moi, j’aime. Derrière un but, qu’est-ce qu’il y a ? Beaucoup d’entraînement. Derrière un résultat, qu’est-ce qu’il y a ? Beaucoup d’entraînement. Et, dans la vie, on ne peut pas toujours faire ce que l’on veut, mais ce qui nous conduit à accomplir la vocation que nous avons en nous – chacun a sa propre vocation. Marcher. Et si je tombe, je me relève ou quelqu’un m’aide à me relever ; ne pas rester à terre ; et m’entraîner, m’entraîner à marcher. Et tout cela est possible, non pas parce que nous suivons un cours sur la manière de marcher – il n’y a pas de cours qui nous apprenne à marcher dans la vie – : cela s’apprend. Cela s’apprend des parents, cela s’apprend des grands-parents, cela s’apprend des amis, en s’aidant mutuellement. Dans la vie, on apprend, et c’est un entraînement à la marche.

Je vous laisse avec ces idées. Marcher et, si l’on tombe, se relever ; marcher avec un objectif ; s’entraînez chaque jour de la vie. Dans la vie, rien n’est gratuit, tout se paie. Une seule chose est gratuite : l’amour de Jésus ! Alors, avec cette gratuité que nous avons – l’amour de Jésus – et avec la volonté de marcher, marchons dans l’espérance, regardons nos racines et avançons, sans peur. N’ayez pas peur. Je vous remercie ! Au revoir !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Récitation du Saint Rosaire avec les jeunes à la chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima : Allocution du Saint-Père

Samedi, le 5 août 2023
Le quatrième jour de sa visite apostolique au Portugal, le Pape François a récité le Saint Rosaire avec des jeunes à la chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, et a prononcé une allocution.

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Récitation du Saint Rosaire avec les jeunes
Chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame, Fatima
Samedi, le 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Merci, Monseigneur Ornelas, pour vos paroles et merci à vous tous pour votre présence et votre prière. Nous avons récité le Rosaire, une prière très belle et vitale, vitale parce qu’elle nous met en contact avec la vie de Jésus et de Marie. Et nous avons médité les mystères joyeux qui nous rappellent que l’Église ne peut être que la maison de la joie. La petite chapelle dans laquelle nous nous trouvons est une belle image de l’Église : accueillante, sans portes. L’Église n’a pas de portes, pour que tout le monde puisse entrer. Et ici nous pouvons aussi insister sur le fait que tout le monde peut entrer, parce que c’est la maison de la Mère, et une mère a toujours le cœur ouvert à tous ses enfants, tous, tous, tous, tous, sans aucune exclusion.

Nous sommes ici, sous le regard maternel de Marie, nous somme ici comme Église, Église mère.

Le pèlerinage est précisément une caractéristique mariale, parce que la première à avoir fait un pèlerinage après l’annonce de Jésus a été Marie. Dès qu’elle a appris que sa cousine était enceinte – elle était très âgée, la cousine – elle est partie à la hâte. C’est une traduction un peu libre, l’Évangile dit « elle est partie en hâte », nous dirions qu’elle est « partie en vitesse » avec cette envie d’aider, d’être présente.

Les titres de Marie sont nombreux, mais en y réfléchissant, il y en a un que l’on pourrait dire : la Vierge « qui part en vitesse », chaque fois qu’il y a un problème ; chaque fois que nous l’invoquons, elle n’hésite pas, elle vient, elle est attentionnée. Vierge attentionnée, ça vous plait comme ça ? Disons-le tous ensemble : la Vierge attentionnée ! Elle se dépêche pour être près de nous, elle se dépêche parce qu’elle est Mère. En portugais on dit « apressada », me dit Mgr Ornelas. Vierge « apressada ». C’est ainsi qu’elle accompagne la vie de Jésus. Elle ne se cache pas après la résurrection, elle accompagne les disciples dans l’attente de l’Esprit Saint. Elle accompagne l’Église qui commence à grandir après la Pentecôte. Vierge attentionnée et Vierge qui accompagne. Elle accompagne toujours. Elle n’est jamais protagoniste. Le geste d’accueil de Marie Mère est double : d’abord elle accueille et ensuite elle montre Jésus. Dans sa vie, Marie ne fait rien d’autre que montrer Jésus. « Faites tout ce qu’il vous dira ». Suivez Jésus.

Ce sont les deux gestes de Marie, pensons-y : elle nous accueille tous et nous montre Jésus. Et elle le fait avec attention, « apressada ». La Vierge attentionnée qui nous accueille tous et nous montre Jésus. Et chaque fois que nous venons ici, souvenons-nous de cela. Marie s’est rendue présente ici de manière spéciale, afin que l’incrédulité de beaucoup de cœurs s’ouvre à Jésus. Par sa présence, elle nous montre Jésus, toujours elle nous montre Jésus. Et aujourd’hui, elle est ici parmi nous, elle est toujours parmi nous, mais aujourd’hui, nous la sentons beaucoup plus proche. Marie attentionnée.

Mes amis, Jésus nous aime au point de s’identifier à nous et Il nous demande de collaborer avec Lui. Et Marie nous montre ce que Jésus nous demande : marcher dans la vie en collaborant avec Lui. Je voudrais aujourd’hui que nous regardions l’image de Marie et que chacun se dise : que me dit Marie en tant que Mère ? que me montre-t-elle ? Elle nous montre Jésus. Parfois elle nous montre aussi une petite chose qui ne fonctionne pas bien dans notre cœur, mais elle nous montre toujours. « Mère, que me montres-tu? » Prenons un petit moment de silence et que chacun, dans son cœur, dise : « Mère, qu’est-ce que tu me montres ? Qu’y a-t-il dans ma vie qui te préoccupe? Qu’y a-t-il dans ma vie qui t’affecte? Qu’y a-t-il dans ma vie qui t’intéresse? Montre-le ». Et c’est là qu’elle montre notre cœur à Jésus pour qu’Il vienne. Et de même qu’elle nous montre Jésus, elle montre à Jésus le cœur de chacun.

Chers frères, nous ressentons aujourd’hui la présence de Marie Mère, la Mère qui dit toujours : « Faites ce que Jésus vous dit » ; elle nous montre Jésus. Mais aussi la Mère qui dit à Jésus : « Fais ce qu’il te demande ». C’est Marie. C’est notre Mère, la Vierge attentionnée qui est proche de nous. Qu’elle nous bénisse tous ! Amen.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Chemin de Croix avec les jeunes au « Parque Eduardo VII » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Vendredi, le 4 août 2023
Le quatrième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François a prononcé une allocution lors du chemin de Croix au « Parque Eduardo VII ».

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Chemin de Croix avec les jeunes
Parque Eduardo VII, Lisbonne
Vendredi, le 4 août 2023

Aujourd’hui, vous allez marcher avec Jésus. Jésus est le Chemin et nous marcherons avec Lui, parce que Lui a marché. Lorsqu’Il était parmi nous, Jésus a marché, Il a marché en guérissant les malades, en prenant soin des pauvres, en rendant la justice… Il a marché en prêchant, en enseignant. Jésus marche, mais le chemin le plus gravé dans nos cœurs est le chemin du Calvaire, le chemin de la Croix. Et aujourd’hui, vous, nous, moi aussi, nous renouvellerons par la prière le chemin de la Croix. Nous regarderons Jésus passer et nous marcherons avec Lui.

Le chemin de Jésus, c’est Dieu qui sort de lui-même, Il sort de Lui-même pour marcher parmi nous. Ce que nous entendons si souvent à la messe : « Et le Verbe s’est fait chair et a marché parmi nous ». Vous vous souvenez ? Le Verbe s’est fait homme et a marché parmi nous. Et cela, Il le fait par amour. Il le fait par amour. Et la croix qui accompagne toutes les Journées Mondiales de la Jeunesse est l’icône, la figure de cette marche. La Croix est le signe le plus grand du plus grand amour, l’amour avec lequel Jésus veut étreindre notre vie. La nôtre ? Oui, la tienne, la tienne, la tienne, celle de chacun de nous. Jésus marche pour moi. Nous devons tous le dire. Jésus entreprend ce chemin pour moi, pour donner sa vie pour moi. Et personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie pour ses amis, celui qui donne sa vie pour les autres. N’oubliez pas ceci : personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie, c’est ce que Jésus a enseigné. C’est pourquoi, lorsque nous regardons la Croix, qui est si douloureuse, si dure, nous voyons la beauté de l’amour qui donne sa vie pour chacun de nous.

Une personne très croyante a dit une phrase qui m’a beaucoup frappé. Elle a dit : « Seigneur, par ton ineffable agonie, je peux croire en l’amour. Seigneur, par ton ineffable agonie, je peux croire en l’amour ».

Et Jésus marche, mais Il attend quelque chose, Il attend notre compagnie, Il attend que nous regardions… je ne sais pas, Il attend d’ouvrir les fenêtres de mon âme, de ton âme, de l’âme de chacun de nous. Qu’elles sont laides les âmes fermées, qui sèment à l’intérieur et sourient à l’intérieur ! Elles n’ont pas de sens. Jésus marche et attend avec son amour, attend avec sa tendresse, pour nous consoler, pour sécher nos larmes.

Maintenant je vous pose une question, mais ne répondez pas à haute voix : chacun répond en lui-même. Est-ce que je pleure parfois ? Y a-t-il des choses dans la vie qui me font pleurer ? Nous avons tous pleuré dans la vie, et nous pleurons encore. Et Jésus est là avec nous, Il pleure avec nous, parce qu’Il nous accompagne dans l’obscurité qui provoque nos pleurs.

Maintenant je ferai un peu silence, et que chacun dise à Jésus ce qui le fait pleurer dans la vie ; chacun de nous le lui dit à présent, en silence.

[moment de silence].

Jésus, avec sa tendresse, essuie nos larmes cachées. Jésus veut combler de sa proximité notre solitude. Que les moments de solitude sont tristes ! Et Lui il est là, Il veut combler cette solitude. Jésus veut combler nos peurs, tes peurs, mes peurs. Ces sombres peurs, Il veut les remplir de sa consolation ; et Il attend de nous pousser à prendre le risque d’aimer. Parce que, vous le savez, vous le savez mieux que moi: aimer est risqué. Il faut prendre le risque d’aimer. C’est un risque, mais il vaut la peine d’être pris, et Il nous accompagne en cela. Toujours Il nous accompagne. Toujours Il marche. Toujours, durant la vie, Il est avec nous.

Je ne veux pas dire beaucoup plus de choses. Aujourd’hui, nous ferons le chemin avec Lui, le chemin de sa souffrance, le chemin de nos soucis, le chemin de nos solitudes.

Maintenant, un moment de silence, et que chacun pense à sa souffrance, à son souci, à ses misères. N’ayez pas peur, pensez-y, et pensez aussi au désir de l’âme de retrouver le sourire.

[moment de silence].

Et Jésus marche jusqu’à la Croix, Il meurt sur la Croix, pour que notre âme puisse sourire. Amen.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les représentants de quelques Centres d’aide et de charité au « Centro Paroquial de Serafina » : Discours du Saint-Père

Vendredi, le 4 août 2023
En ce troisième jour de sa visite apostolique au Portugal, le pape François s’adresse aux représentants de quelques centres d’aide et de charité au « Centro Paroquial de Serafina ».

Voici le texte intégral :

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Rencontre avec les représentants de quelques centres d’aide et de charité
Centro Paroquial de Serafina, Lisbonne
Vendredi, le 4 août 2023

Chers frères et sœurs, bonjour ! 

Je remercie le Curé pour ses paroles et je vous salue tous, en particulier les amis du Centro Paroquial da Serafina, de la Casa Famiglia Ajuda de Berço et de l’Association Acreditar. Il est bon d’être ici ensemble alors que, dans le contexte des Journées Mondiales de la Jeunesse, nous voyons la Vierge Marie se lever et partir aider sa parente âgée Élisabeth (cf. Lc 1, 39). La charité, en effet, est l’origine et le but du cheminement chrétien, et votre présence, réalité concrète d’ « amour en action », nous aide à ne pas oublier le cap, le sens de ce que nous faisons. Je vous remercie pour vos témoignages dont je voudrais souligner trois aspects : faire le bien ensemble, agir concrètement et être proches des plus fragiles

Premièrement : faire le bien ensemble.  « Ensemble », est le mot clé que j’ai entendu répéter plusieurs fois dans vos discours. Vivre, aider et aimer ensemble : jeunes et adultes, en bonne santé et malades, ensemble. João nous a dit une chose très importante : nous ne devons pas nous laisser  « définir » par la maladie, mais en faire une partie vivante de la contribution que nous apportons à l’ensemble, à la communauté. C’est vrai : nous ne devons pas nous laisser  « définir » par la maladie ou par les problèmes, parce que nous ne sommes ni une maladie ni un problème : nous sommes, chacun, un don, un don unique avec ses limites, un don précieux et sacré pour Dieu, pour la communauté chrétienne et pour la communauté humaine. Alors, tels que nous sommes, enrichissons l’ensemble et laissons-nous enrichir par l’ensemble ! 

Deuxièmement : agir concrètement. Cela aussi est important. Comme nous l’a rappelé l’abbé Francisco, en citant saint Jean XXIII, l’Église « n’est pas un musée d’archéologie. Elle est l’ancienne fontaine du village qui donne de l’eau aux générations d’aujourd’hui, comme elle l’a donnée à celles d’autrefois » (Homélie de la liturgie en rite byzantin-slave en l’honneur de saint Jean Chrysostome, 13 novembre 1960). La fontaine sert à désaltérer les voyageurs qui arrivent, avec le poids et la fatigue de leur route, tels qu’ils sont ! Du concret, donc, une attention au  « ici et maintenant », comme vous le faites déjà, avec le souci du détail et le sens pratique, de belles vertus typiques du peuple portugais. Quand on ne perd pas son temps à se plaindre de la réalité, mais qu’on se préoccupe de répondre aux besoins concrets, avec joie et confiance en la Providence, il se passe des choses merveilleuses. Votre histoire en témoigne : de la rencontre avec le regard d’une personne âgée dans la rue, naît un centre de charité  « polyvalent » comme celui dans lequel nous nous trouvons ; d’un défi moral et social, la  « campagne pour la vie », naît une association qui aide les mamans et les familles en attente, les enfants et les jeunes en difficulté, afin que, comme nous l’a dit Sandra, ils trouvent un projet de vie fiable ; de l’expérience de la maladie naît une communauté de soutien à ceux qui mènent la lutte contre le cancer, en particulier les enfants, afin que, comme nous l’a dit João, « l’évolution du soin et la meilleure qualité de vie deviennent une réalité pour eux ». Merci pour ce que vous faites ! Continuez avec douceur et gentillesse à vous laisser interpeller par la réalité, avec ses pauvretés anciennes et nouvelles, et à y répondre de manière concrète, avec créativité et courage. 

Le troisième aspect : être proche des plus fragiles. Nous sommes tous fragiles et nécessiteux, mais le regard de compassion de l’Évangile nous pousse à voir les besoins des plus nécessiteux ; et à servir les pauvres, les bien-aimés de Dieu qui s’est fait pauvre pour nous (cf. 2 Co 8, 9) : les exclus, les marginalisés, les laissés-pour-compte, les petits, les personnes sans-défense. Ils sont le trésor de l’Église, ils sont les préférés de Dieu ! Et, parmi eux, souvenons-nous de ne pas faire de différence. Pour un chrétien, en effet, il n’y a pas de préférences entre ceux qui, dans le besoin, frappent à la porte : compatriotes ou étrangers, appartenant à un groupe ou à un autre, jeunes ou vieux, sympathiques ou antipathiques… 

Et, en parlant de charité, je voudrais maintenant vous raconter une histoire, surtout à vous, les enfants, qui ne la connaissez peut-être pas. C’est l’histoire, qui s’est réellement passée, d’un jeune homme portugais qui a vécu il y a très longtemps. Il s’appelait Jean Ciudad et vivait à Montemor-o-Novo. Il rêvait d’une vie pleine d’aventures et, tout jeune, il partit de la maison en quête du bonheur. Il le trouva après de nombreuses années et de nombreuses aventures, lorsqu’il rencontra Jésus. Et il fut tellement heureux de cette découverte qu’il décida même de changer de nom et de s’appeler désormais non plus Jean Ciudad, mais Jean de Dieu. Et il fit une chose audacieuse : il alla dans la ville et se mit à mendier dans les rues, en disant aux gens : « Faites du bien à vous-mêmes, mes frères ». Vous comprenez ? Il demandait la charité, mais il disait à ceux qui la lui donnaient qu’en l’aidant, ils s’aidaient d’abord eux-mêmes ! Il expliquait donc que les gestes d’amour sont un d’abord un don pour celui qui les pose, avant même que pour celui qui les reçoit ; parce que tout ce que l’on amasse pour soi sera perdu, tandis que ce que l’on donne par amour ne sera jamais perdu, mais sera notre trésor dans le ciel. 

C’est pourquoi il disait : « Faites du bien à vous-mêmes, mes frères ». Mais l’amour ne rend pas heureux seulement au ciel, il le fait déjà sur terre, parce qu’il élargit le cœur et permet d’embrasser le sens de la vie. Si nous voulons vraiment être heureux, apprenons à tout transformer en amour, en offrant aux autres notre travail et notre temps, en disant des paroles bonnes et en accomplissant de bonnes actions, et avec un sourire, avec une accolade, avec une écoute, avec un regard. Chers jeunes, frères et sœurs, vivons ainsi ! Nous pouvons tous le faire et nous en avons tous besoin, ici et partout dans le monde. 

Savez-vous ce qui est arrivé à Jean ? Ils ne l’ont pas compris ! Ils l’ont pris pour un fou et l’ont enfermé dans un asile. Mais il ne s’est pas découragé, parce que l’amour n’abandonne pas, parce que celui qui suit Jésus ne perd pas la paix et ne pleure pas sur lui-même. Et c’est là précisément, dans l’asile, en portant la croix, que s’est manifestée l’inspiration de Dieu. Jean se rendit compte à quel point les malades avaient besoin d’aide et lorsqu’on le laissa enfin sortir, après quelques mois, il commença à s’occuper d’eux avec d’autres compagnons, en fondant un ordre religieux : les Frères Hospitaliers. Cependant, certains commencèrent à les appeler autrement, selon les termes mêmes de ce jeune homme qui disait à tout le monde : « Faites du bien mes frères » ! À Rome nous les appelons ainsi : les  « Fatebenefratelli ». Quel beau nom, quelle importante leçon ! Aider les autres est un cadeau pour soi-même et fait du bien à tout le monde. Oui, aimer est un don pour tous ! Souvenons-nous :  « o amor é um presente para todos ! ». Répétons-le ensemble : o amor é um presente para todos ! 

Aimons-nous ainsi ! Continuez à faire de votre vie un cadeau d’amour et de joie. Je vous remercie et je vous recommande, à vous tous, mais surtout aux enfants : allez de l’avant et priez pour moi. Obrigado ! 


Paroles improvisées

Il y a beaucoup de choses que je voudrais vous dire maintenant, mais il se trouve que mes « réflecteurs » ne fonctionne pas et je ne peux pas bien lire. Je vous le donne donc, pour que vous le rendiez public par la suite. On ne peut pas se forcer la vue et lire mal.

Je veux juste m’arrêter sur quelque chose qui n’est pas écrit, mais qui est dans l’esprit de la rencontre : le concret. L’amour abstrait n’existe pas. L’amour platonique est dans les nuages, il n’est pas une réalité. L’amour concret, celui qui se salit les mains. Chacun de nous peut se demander : l’amour que je ressens pour tous ceux qui sont ici, l’amour que je ressens pour les autres, est-il concret ou abstrait ? Quand je donne la main à une personne dans le besoin, à un malade, à un marginal, après avoir donné la main, est-ce que je fais tout de suite comme ceci [il se frotter ma main sur son vêtement] pour ne pas être infecté ? La pauvreté me dégoûte-t-elle, la pauvreté des autres ? Est-ce que je cherche toujours une vie « distillée », qui existe dans mon imagination mais qui n’existe pas dans la réalité ? Combien de vies distillées, inutiles, qui passent sans laisser d’empreinte, parce que ces vies n’ont pas de poids !

Or nous avons ici une réalité qui laisse une empreinte, une réalité depuis tant années, tant d’années, qui laisse une empreinte, source d’inspiration pour les autres. Les Journées Mondiale de la Jeunesse ne pourraient pas exister sans tenir compte de cette réalité. Car c’est aussi cela la jeunesse, dans le sens où vous générez sans cesse une nouvelle vie. Par votre conduite, par votre engagement, par le fait que vous vous salissez les mains pour toucher la réalité de la misère des autres, vous générez de l’inspiration, vous générez de la vie. Je vous en remercie ! Je vous remercie de tout mon cœur. Continuez et ne vous découragez pas ! Et si vous vous découragez, prenez un verre d’eau et en avant !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation du Bureau de presse du Saint-Siège et Libreria Editrice Vaticana.

Cérémonie de bienvenue au « Parque Eduardo VII » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Jeudi, le 3 août 2023
Le troisième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François présente son allocution à la cérémonie de bienvenue au « Parque Eduardo VII » à Lisbonne.

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Cérémonie de bienvenue
Parque Eduardo VII, Lisbonne
Jeudi, le 3 août 2023

Chers jeunes, bonsoir ! 

Bienvenue et merci d’être là, je suis heureux de vous voir ! Et aussi d’entendre le beau vacarme que vous faites et d’être contaminé par votre joie. Il est bon d’être ensemble à Lisbonne : vous avez été appelés par moi, par le Patriarche que je remercie pour ses paroles, par vos évêques, vos prêtres, vos catéchistes et vos animateurs. Remercions-les et applaudissons-les ! Mais c’est surtout Jésus qui vous a appelés : remercions-le ! 

Chers amis, vous n’êtes pas ici par hasard. Le Seigneur vous a appelés, non seulement ces jours-ci, mais depuis le début de votre vie. Oui, il vous a appelés par votre nom. Appelés par votre nom : essayez d’imaginer ces trois mots écrits en grosses lettres ; ensuite pensez qu’ils sont écrits en vous, dans vos cœurs, comme pour former le titre de votre vie, le sens de ce que vous êtes : tu es appelé par ton nom, tu es appelé par ton nom, je suis appelé par mon nom. Au début de la trame de la vie, avant les talents que nous avons, avant les ombres et les blessures que nous portons en nous, nous sommes appelés. Appelés parce que aimés. Aux yeux de Dieu, nous sommes des enfants précieux, qu’Il appelle chaque jour pour les étreindre et les encourager ; pour faire de chacun de nous un chef-d’œuvre unique et original, dont nous ne pouvons qu’entrevoir la beauté. 

Au cours de ces Journées Mondiales de la Jeunesse, aidons-nous mutuellement à reconnaître cette réalité essentielle : que ces journées soient des échos vibrants de l’appel à l’amour de Dieu, parce que nous sommes précieux à ses yeux, en dépit de ce que nos yeux voient parfois, obscurcis par la négativité et éblouis par beaucoup de distractions. Que ce soient des journées où ton nom, à travers les frères et les sœurs de nombreuses langues et nations qui le prononcent avec amitié, résonne comme une nouvelle unique dans l’histoire, parce que la palpitation de Dieu pour toi est unique. Puissions-nous durant ces journées fixer en nos cœurs le fait que nous sommes aimés tels que nous sommes. C’est cela le point de départ des JMJ, mais surtout de la vie. 

Appelés par votre nom : ce n’est pas une manière de dire, c’est la Parole de Dieu (cf. Is 43, 1 ; 2 Tm 1, 9). Cher ami, si Dieu t’appelle par ton nom, cela signifie que pour Lui tu n’es pas un numéro, mais un visage. Je voudrais te faire remarquer une chose : beaucoup aujourd’hui connaissent ton nom, mais ne t’appellent pas par ton nom. Ton nom est connu, il apparaît sur les réseaux sociaux, il est traité par des algorithmes qui lui associent des goûts et des préférences. Mais tout cela ne met pas en jeu ton unicité, seulement ton utilité pour les études de marché. Combien de loups se cachent derrière des sourires de fausse bonté, qui disent savoir qui tu es mais ne t’aiment pas, insinuent qu’ils croient en toi et te promettent que tu deviendras quelqu’un, pour ensuite te laisser seul quand tu ne les intéresses plus. Ce sont les illusions du virtuel, et nous devons veiller à ne pas nous laisser tromper, car beaucoup de réalités qui nous attirent et nous promettent le bonheur se révèlent ensuite pour ce qu’elles sont : des choses vaines et superflues, des succédanés qui nous laissent vides à l’intérieur. Jésus non : Il a confiance en vous, pour Lui tu comptes. 

C’est pourquoi nous, son Église, sommes la communauté des appelés : non pas des meilleurs – non, absolument pas – mais des convoqués, de ceux qui accueillent, avec d’autres, le don d’être appelés. Nous sommes la communauté des frères et sœurs de Jésus, fils et filles du même Père. Dans les lettres que vous m’avez adressées – elles sont magnifiques, merci ! – vous dites : « Cela me fait peur de savoir qu’il y a des gens qui ne m’acceptent pas et qui ne pensent pas qu’il y a une place pour moi. […] Je me demande même s’il y a une place pour moi ». Et encore : « Je sens que dans ma paroisse, il n’y a pas de place pour l’erreur ».

Chers amis, je voudrais être clair avec vous qui êtes allergiques aux mensonges et aux paroles creuses : il y a de la place pour tout le monde dans l’Église, pour tout le monde ! Personne n’est inutile, personne n’est superflu, il y a de la place pour tout le monde. Tel que nous sommes, tout le monde. Et Jésus le dit clairement quand il envoie les apôtres inviter au banquet de cet homme qui l’avait préparé, il dit : « Allez chercher tout le monde, jeunes et vieux, bien portants et malades, justes et pécheurs : tous, tous, tous ». Dans l’Église, il y a de la place pour tous. « Père, mais je suis un misérable…, je suis une misérable, y a-t-il de la place pour moi? » Il y a de la place pour tout le monde ! Tous ensemble, chacun dans sa langue, répétez avec moi : « Tous, tous, tous ! ». [ils répètent] On n’entend pas, encore ! « Tous, tous, tous ! » Et c’est cela l’Église, la Mère de tous. Il y a de la place pour tous. Le Seigneur ne montre pas du doigt, mais il ouvre ses bras. Cela nous fait penser : le Seigneur ne sait pas faire ceci [montrer du doigt], mais il sait faire cela [étreindre], il nous étreint tous.

Jésus nous le montre sur la croix, en ouvrant si grand les bras au point d’être crucifié et de mourir pour nous. Jésus ne ferme jamais la porte, jamais, mais il t’invite à entrer : « entre et vois ». Jésus te reçoit, Jésus accueille. En ces jours, que chacun d’entre nous transmette le message d’amour de Jésus : « Dieu t’aime, Dieu t’appelle ». Comme c’est beau ! Dieu m’aime, Dieu m’appelle, il veut que je sois près de Lui.

Vous ce soir, vous m’avez posé aussi des questions, beaucoup de questions. Ne vous lassez jamais de poser des questions ! c’est bien, c’est même souvent mieux que de donner des réponses, parce que celui qui pose des questions reste « inquiet », et l’inquiétude est le meilleur remède contre l’habitude, contre cette normalité plate qui anesthésie l’âme. Chacun de nous porte en lui ses propres inquiétudes. Portons ces inquiétudes et portons-les dans le dialogue entre nous, portons-les quand nous prions devant Dieu. Ces questions qui deviennent des réponses avec la vie, nous n’avons qu’à les attendre. Il y a une chose très intéressante : Dieu aime par surprise, ce n’est pas programmé. L’amour de Dieu est surprise. Il surprend toujours, il nous tient toujours éveillés et nous surprend.

Chers garçons et filles, je vous invite à penser à cette chose si belle : Dieu nous aime, Dieu nous aime tels que nous sommes, et non pas tels que nous voudrions être ou tels que la société voudrait que nous soyons : tels que nous sommes. Il nous aime avec les défauts que nous avons, avec les limites que nous avons et avec le désir que nous avons d’avancer dans la vie. C’est ainsi que Dieu nous appelle. Ayez confiance parce que Dieu est Père, et il est un Père qui nous aime, un Père qui nous veut du bien. Ce n’est pas très facile, et c’est pourquoi nous avons une grande aide avec la Mère du Seigneur, qui est aussi notre Mère. Elle est notre Mère. Je voulais seulement vous dire cela. N’ayez pas peur, ayez du courage, allez de l’avant, en sachant que nous sommes protégés par l’amour de Dieu. Dieu nous aime. Disons-le ensemble, tous : « Dieu nous aime ». Plus fort, que je n’entends pas! [ils répètent] On n’entend pas ici… [ils répètent] Merci!

Texte reproduit avec l’aimable autorisation du Bureau de presse du Saint-Siège et Libreria Editrice Vaticana.

Secured By miniOrange