Homélie du pape François pour le Dimanche des rameaux 2018

Homélie du pape François 2018

Jésus entre à Jérusalem. La liturgie nous a invités à intervenir et à participer à la joie ainsi qu’à la fête du peuple qui est capable de crier et de louer son Seigneur ; une joie qui se ternit et laisse un goût amer et douloureux lorsqu’on a fini d’écouter le récit de la Passion. Dans cette célébration semblent s’entrecroiser des histoires de joie et de souffrance, d’erreurs et de succès qui font partie de notre vie quotidienne de disciples, car elles parviennent à mettre à nu des sentiments et des contradictions que nous aussi nous éprouvons souvent aujourd’hui, hommes et femmes de ce temps : capables de beaucoup aimer… mais aussi de haïr – et beaucoup – ; capables de courageux sacrifices, mais aussi capables de savoir ‘‘se laver les mains’’ au moment opportun ; capables de fidélité mais aussi de grands abandons et de grandes trahisons.Et on voit clairement dans tout le récit évangélique que la joie suscitée par Jésus est, pour certains, un motif de gêne et d’agacement.

Entouré de ses gens, Jésus entre dans la ville, parmi les chants et les cris bruyants. Nous pouvons imaginer que c’est la voix du fils pardonné, celle du lépreux guéri ou le bêlement de la brebis égarée qui, tous ensemble, résonnent fortement lors de cette entrée. C’est le chant du publicain et de l’homme impur ; c’est le cri de celui qui vivait en marge de la ville. C’est le cri des hommes et des femmes qui l’ont suivi parce qu’ils ont fait l’expérience de sa compassion face à leur douleur et à leur misère… C’est le chant et la joie spontanés de tant de personnes marginalisées qui, touchées par Jésus, peuvent crier : “Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !”. Comment ne pas acclamer celui qui leur avait redonné la dignité et l’espérance ? C’est la joie de tant de pécheurs pardonnés qui ont retrouvé confiance et espérance. Et ils crient. Ils se réjouissent. C’est la joie ! Cette joie de l’hosanna se révèle gênante et devient absurde et scandaleuse pour ceux qui se considèrent justes et ‘‘fidèles’’ à la loi et aux préceptes rituels.[1] Joie insupportable pour ceux qui sont restés insensibles à la douleur, à la souffrance et à la misère. Et beaucoup d’entre ceux-ci pensent : ‘‘Regarde, quel peuple mal éduqué !’’. Joie intolérable pour ceux qui ont perdu la mémoire et oublié les nombreuses faveurs reçues. Pour celui qui cherche à se justifier lui-même et à s’installer, comme il est difficile de comprendre la joie et la fête de la miséricorde de Dieu ! Pour ceux qui ne mettent leur confiance qu’en leurs propres forces et qui se sentent supérieurs aux autres[2], comme il est difficile de pouvoir partager cette joie !

Et c’est ainsi que naît le cri de celui dont la voix ne tremble pas pour hurler : ‘‘Crucifie-le !’’ Il ne s’agit pas d’un cri spontané, mais c’est le cri artificiel, construit, fait du mépris, de la calomnie, de faux témoignages suscités. C’est le cri qui naît dans le passage du fait au compte-rendu, qui naît dans le compte-rendu. C’est la voix de celui qui manipule la réalité, crée une version à son avantage et ne se pose aucun problème pour ‘‘coincer” les autres afin de s’en sortir. C’est un [faux] compte- rendu ! C’est le cri de celui qui n’a pas de scrupules à chercher les moyens de se renforcer et à faire taire les voix dissonantes. C’est le cri qui naît de la réalité ‘‘truquée’’ et présentée de telle sorte qu’elle finit par défigurer le visage de Jésus et le transformer en ‘‘malfaiteur’’. C’est la voix de celui qui veut défendre sa propre position en discréditant spécialement celui qui ne peut pas se défendre. C’est le cri, fabriqué par les ‘‘intrigues’’ de l’autosuffisance, de l’orgueil et de l’arrogance, qui proclame sans problèmes : ‘‘Crucifie-le, crucifie-le !’’.

Et on finit ainsi par faire taire la fête du peuple, on détruit l’espérance, on tue les rêves, on supprime la joie ; on finit ainsi par blinder le cœur, on refroidit la charité. C’est le cri du ‘‘sauve-toi toi-même’’ qui veut endormir la solidarité, éteindre les idéaux, rendre le regard insensible… le cri qui veut effacer la compassion, ce ‘‘pâtir avec’’, la compassion, qui est la faiblesse de Dieu.

Face à toutes ces voix qui hurlent, le meilleur antidote, c’est de regarder la croix du Christ et de nous laisser interpeller par son dernier cri. Le Christ est mort en criant son amour pour chacun d’entre nous : pour les jeunes et pour les personnes âgées, pour les saints et les pécheurs, son amour pour ceux de son temps et pour ceux de notre temps. Nous avons été sauvés sur sa croix pour que personne n’éteigne la joie de l’Évangile ; pour que personne, dans la situation où il se trouve, ne reste éloigné du regard miséricordieux du Père. Regarder la croix signifie se laisser interpeller dans nos priorités, nos choix et nos actions. Cela signifie laisser notre sensibilité être interpelée par celui qui passe ou vit un moment difficile. Chers frères et sœurs, que voit notre cœur ? Jésus continue-t-il d’être un motif de joie et de louange dans notre cœur ou bien avons-nous honte de ses priorités pour les pécheurs, les derniers, ceux qui sont oubliés ?

Et vous, chers jeunes, la joie que Jésus suscite en vous est un motif de gêne et également d’agacement pour certains, parce qu’il est difficile de manipuler un jeune joyeux. Qu’il est difficile de manipuler un jeune joyeux !
Mais il y a aujourd’hui la possibilité d’un troisième cri : « Quelques pharisiens qui se trouvaient dans la foule dirent à Jésus : “Maître, réprimande tes disciples”. Mais il prit la parole en disant : “Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront” » (Lc 19, 39-40). Faire taire les jeunes est une tentation qui a toujours existé. Les mêmes pharisiens s’en prennent à Jésus et lui demandent de les calmer et de les faire taire.

Il y a de nombreuses manières de rendre les jeunes silencieux et invisibles. De nombreuses manières de les anesthésier et de les endormir pour qu’ils ne fassent pas de bruit, pour qu’ils ne s’interrogent pas et ne se remettent pas en question. ‘‘Vous, taisez-vous !’’ Il y a de nombreuses manières de les faire tenir tranquilles pour qu’ils ne s’impliquent pas et que leurs rêves perdent de la hauteur et deviennent des rêvasseries au ras du sol, mesquines, tristes.

En ce Dimanche des Rameaux, célébrant la Journée Mondiale de la Jeunesse, il nous est bon d’entendre la réponse de Jésus aux pharisiens d’hier et de tous les temps, également à ceux d’aujourd’hui : « Si eux se taisent, les pierres crieront » (Lc 19, 40).

Chers jeunes, c’est à vous de prendre la décision de crier, c’est à vous de vous décider pour l’Hosanna du dimanche, pour ne pas tomber dans le “crucifie-le !” du vendredi… et cela dépend de vous de ne pas rester silencieux. Si les autres se taisent, si nous, les aînés et les responsables – bien des fois corrompus – restons silencieux, si le monde se tait et perd la joie, je vous le demande : vous, est-ce que vous crierez ?
S’il vous plaît, décidez-vous avant que les pierres ne crient !

image: CNS

Les attentes du pape François pour le Québec

CNS photo/Gregory A. Shemitz

Le 19 janvier dernier, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec publiait un message aux communautés chrétiennes. Faisant suite à leur visite ad limina du printemps dernier, ce document intitulé « Lève-toi, va, approche-toi, écoute » résume les faits saillants de l’expérience romaine, présente les différentes invitations du Saint-Père, exprime l’accueil fait à celles-ci et propose quelques grandes orientations.

Un pèlerinage auprès du successeur de Pierre

Durant ces trois semaines de retraite, de pèlerinage et de rencontres dans les différents dicastères de la Curie romaine, c’est les trois rencontres avec le Pape qui semblent avoir particulièrement marqué les évêques. Non seulement « l’esprit du pape François, son écoute, sa volonté de dialoguer » sont soulignés mais aussi l’attitude de l’Institution vaticane entière qui présente, selon les évêques, une nouvelle ouverture à la « situation sociale et ecclésiale au Québec » : « le pape François nous a partagé sa préoccupation particulière pour le Québec » peut-on retrouver dans le document.

Cette attention spéciale du pape n’était pas la seule raison permettant aux évêques de se sentir à la maison. La Curie romaine semblait avoir évolué jusqu’à y une certaine ressemblance avec l’Église au Québec. On la présente comme étant « en changement » « dans ses boîtes », désinstallée par les nombreuses réorganisations voulues par le Pape » (p.2). Ce type d’instabilité, les évêques du Québec en subissent constamment les contrecoups, étant eux-mêmes « une Église sans doute plus pauvre, parfois fatiguée mais jamais découragée » (p.4), d’où le sentiment d’une commune espérance.

Le programme du Pape pour le Québec

Plus de 10 ans s’étant écoulés depuis la dernière visite de l’AECQ à Rome, il est clair que plusieurs dossiers devaient être abordés. Sans entrer dans tous les détails, les évêques soulignent l’importance d’entrer toujours plus profondément dans une perspective missionnaire. Pour ce faire, deux conseils semblent émerger des conversations avec le Saint-Père. D’abord, comprendre que la mission de l’Église passe par une meilleure compréhension du monde et de ses enjeux actuels. Les évêques interprètent cette interpellation comme soulignant l’importance d’une « investissement spécial dans les communications » (p.2) ainsi que de « s’engager socialement » (p.2).

Ensuite, loin de sous-estimer le rôle des évêques, le Pape leur a dressé le portrait d’un leadership épiscopal au service du salut des âmes. « Nous sommes appelés », peut-on lire sous la plume des évêques,  « à être des hommes de prière, d’écoute, familiers de la Parole de Dieu et attentifs aux signes de l’Esprit… » (p.4).

Des changements à venir

Sans entrer dans les particularités de chaque diocèse, ce document nous prépare à un accueil concret des volontés de transformation missionnaire telle que voulue par le pape François. À travers un « nouveau partage des responsabilités en Église », un « meilleur réseautage » et un « partage des ressources », un développement de « réflexes synodaux », nous percevons la profonde unité des évêques du Québec qui voient de plus en plus leur mission commune d’évangélisation de la Belle Province.

À la lecture de ce document, on perçoit d’abord l’atmosphère intensément priante et chaleureuse vécue durant cette visite ad limina 2017. Que ce soit par l’accueil réciproque, les réformes de part et d’autre ou la profonde unité de vision entre l’épiscopat québécois et l’épiscopat, si j’ose dire, « romain », tout porte à croire à une intensification des collaborations.  Une chose est certaine, l’Église du Québec est appelée à devenir chef de file de cette nouvelle évangélisation en faisant preuve decette créativité qui a fait la réputation du Québec de par le monde.

Le Noël des prêtres

Ce court documentaire présente la vie de prêtres durant la période de Noël. Le temps des fêtes est, pour la majorité des chrétiens, un temps fort de leur vie spirituelle, un temps non seulement de réjouissances en famille mais également de vacances et de repos. Pour les prêtres, le temps de Noël représente un temps d’intense préparation spirituelle et organisationnelle. Messe de minuit, célébration du pardon, souper des pauvres, fêtes des bénévoles, présences auprès des malades : la vie de prêtres durant le temps de Noël est loin d’être une période tranquille. Cela est encore moins le cas pour ceux qui ont parallèlement une carrière de chanteur populaire !

Au cours de cette production originale de Sel et Lumière, Francis Denis nous fait rencontrer deux prêtres et un évêque dans leur vie quotidienne durant le temps de Noël. Quotidien quelque peu transformé depuis qu’ils chantent avec Mario Pelchat et qu’ils l’accompagnent dans une série de spectacles partout au Québec.

Sur la route du diocèse de Baie-Comeau (1ère partie)

À première vue, l’Église du Québec souffre d’une grande pauvreté. Parallèlement, la société québécoise vit difficilement les conséquences de la désertification spirituelle et du vacuum religieux.

Toutefois, si on y regarde de plus près, on perçoit une panoplie de raisons d’espérer. Comme l’ont affirmé les évêques du Québec au pape François (Rapport ad limina 2017, AECQ) : « C’est sur le terrain, auprès des gens que nous voyons émerger cette nouvelle Église, fragile mais combien enracinée dans la foi, l’espérance et l’amour ».

Au cours de cette émission, Francis Denis nous invite Sur la route du diocèse de Baie-Comeau, à la rencontre des différents visages de cette Église qui, de par sa pauvreté même, fait resplendir sur le monde le « visage miséricordieux du Père » (Misericordiae Vultus, no 17). Production originale de S+L, Sur la route des diocèses est diffusée les derniers vendredis du mois à 19h30 et en rediffusion les lundis suivants à 20h30.

Sur la Route du diocèse de Gaspé

À première vue, l’Église du Québec souffre d’une grande pauvreté. Parallèlement, la société québécoise vit difficilement les conséquences de la désertification spirituelle et du vacuum religieux.

Toutefois, si on y regarde de plus près, on perçoit une panoplie de raisons d’espérer. Comme l’ont affirmé les évêques du Québec au pape François (Rapport ad limina 2017, AECQ) : « C’est sur le terrain, auprès des gens que nous voyons émerger cette nouvelle Église, fragile mais combien enracinée dans la foi, l’espérance et l’amour ».

Au cours de cette émission, Francis Denis nous invite Sur la route du diocèse de Gaspé, à la rencontre des différents visages de cette Église qui, de par sa pauvreté même, fait resplendir sur le monde le « visage miséricordieux du Père » (Misericordiae Vultus, no 17). Production originale de S+L, Sur la route des diocèses est diffusée les derniers vendredis du mois à 19h30 et en rediffusion les lundis suivants à 20h30.

Vidéo du pape François aux jeunes du Canada

Vous trouverez ci-dessous l’article de Radio Vatican sur le vidéo-message du pape François aux jeunes canadiens:

(RV) L’Église catholique prépare le prochain synode des évêques sur les jeunes qui aura lieu dans un an, en octobre 2018, au Vatican. C’est le cas notamment au Canada où, dimanche 22 octobre 2017, la chaine de télévision Sel et Lumière a programmé une émission spéciale pour aider les évêques canadiens à se préparer à cet événement. Le Pape François est intervenu dans un vidéo-message.

« Je vous demande de ne pas laisser [le monde] être abîmé par ceux qui pensent seulement à en profiter et à le détruire sans scrupules. Je vous invite à inonder les lieux dans lesquels vous vivez avec la joie et l’enthousiasme typiques de votre âge, à irriguer le monde et l’histoire avec la joie qui vient de l’Évangile, d’avoir rencontré une Personne : Jésus, qui vous a fasciné et vous a attiré à ses côtés ». C’est ainsi que le Pape François s’est adressé aux jeunes Canadiens.

Il a répété un de ses thèmes favoris quand il s’adresse aux plus jeunes : « ne vous laissez pas voler votre jeunesse ». Il les a mis en garde contre ceux qui veulent les transformer en bâtisseurs de murs et source de division. Au contraire, les jeunes sont des « tisseurs de relations marquées par la confiance, le partage, l’ouverture jusqu’aux confins du monde ». Ils doivent construire des ponts.

Le Pape espère que les jeunes ont entendu l’appel de Dieu et que, grâce « à l’accompagnement de guides experts », ils sauront entreprendre un chemin de discernement pour découvrir le projet que Dieu a pour chacun d’eux.

François a souligné le besoin que l’Église a d’avoir des « jeunes courageux, qui n’ont pas peur devant les difficultés, qui affrontent les épreuves, qui tiennent les yeux et le cœur bien ouverts sur la réalité, pour que personne ne vienne refoulé, ne soit victime d’injustice, de violence, ou soit privé de la dignité de la personne humaine ». Le Pape se veut ainsi confiant dans la jeunesse d’aujourd’hui, dans le fait qu’elle ne restera pas sourde aux cris d’aide des nombreux autres jeunes qui cherchent la liberté, du travail, des études et la possibilité de donner un sens à leur vie.

« Laissez-vous atteindre par le Christ. Laissez-le vous parler, vous embrasser, vous consoler, guérir vos blessures, dissoudre vos doutes et vos peurs et vous serez prêts pour l’aventure fascinante de la vie, don précieux et impayable que Dieu dépose chaque jour dans vos mains », a encore exhorté le Pape.

 

Sur la route du diocèse de Rimouski

À première vue, l’Église du Québec souffre d’une grande pauvreté. Parallèlement, la société québécoise vit difficilement les conséquences de la désertification spirituelle et du vacuum religieux. Toutefois, si on y regarde de plus près, on perçoit une panoplie de raisons d’espérer. Comme l’ont affirmé les évêques du Québec au pape François (Rapport ad limina 2017, AECQ) : « C’est sur le terrain, auprès des gens que nous voyons émerger cette nouvelle Église, fragile mais combien enracinée dans la foi, l’espérance et l’amour ».

Au cours de cette émission, Francis Denis nous invite Sur la route du diocèse de Rimouski, à la rencontre des différents visages de cette Église qui, de par sa pauvreté même, fait resplendir sur le monde le « visage miséricordieux du Père » (Misericordiae Vultus, no 17). Production originale de S+L, Sur la route des diocèses est diffusée les derniers vendredis du mois à 19h30 et en rediffusion les lundis suivants à 20h30.

Église en sortie 5 mai 2017

Cette semaine à Église en sortie nous recevons Marie-Astrid Dubant, directrice d’ALPHA-Québec qui s’entretient avec Francis Denis sur la mission d’évangélisation au Québec et de la plus récente série de films Alpha. On vous présente également un reportage sur le lancement de la « nouvelle série de films Alpha » qui a eu lieu à l’église anglicane St. Jax de Montréal suivi de quelques extraits de cette série incontournable pour la nouvelle évangélisation au Québec et au Canada francophone.

Homélie du père supérieur George Smith c.s.b. lors de sa visite au studio de S+L à Toronto

Messe au studio de Télévision S+L
Jeudi de la troisième semaine du carême 

« Tout royaume divisé contre lui-même devient désert, ses maisons s’écroulent les unes sur les autres. » Luc 11,17

L’une des réalités de la vie dans cette première partie du XXIe siècle est la prévalence de la polarisation. Ce manque d’unité existe à de nombreux niveaux : en politique bien sûr de la manière peut-être la plus dramatique. Cette division existe aussi en terme de disparité sociale entre les pays développés et les pays en voie de développement. On note aussi des grandes fractures entre les grandes religions : entre chrétiens et musulmans certainement mais également au sein d’une même religion comme c’est le cas dans le christianisme. Nous connaissons que trop bien les divisions qui existent parmi nous. Même dans notre propre Église, on distingue cette attitude qui ressemble à ces Israélites de vision étroite qui ont rejeté les prophètes de Yahvé, comme Jérémie les décrit dans notre première lecture.

À la lumière de ces divisions, les enseignements de Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui prend un sens de mauvais augure. Pour combattre ces divisions, nous devons regarder vers les personnes et organisations qui font la promotion de l’unité et qui nous donnent de l’espoir.

Dans mon esprit, l’un des plus importants charismes de Sel et Lumière est celui de ministère au service de l’unité. Il s’agit, bien sûr, d’un apostolat de nouvelle évangélisation. Nous ne devons pas perdre de vue ce dynamisme initial même s’il émanait davantage des pontificats de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI. Rallumer la flamme de la foi qui a été atténuée au sein du Peuple de Dieu et l’apporter à ceux qui n’en ont pas fait encore l’expérience reste toujours un élément central de la mission de Sel et Lumière. Voilà le cœur de la nouvelle évangélisation ! D’un point de vue plus fondamental, il s’agit d’un apostolat d’éducation et d’évangélisation. C’est pourquoi S+L mérite et reçoit toute la reconnaissance et l’admiration des pères Basiliens. Étant nous-mêmes au service de l’éducation et de l’évangélisation, les pères Basiliens dont je fais partie, sont émerveillés devant la myriades d’initiatives et de possibilités que permet l’utilisation des médias comme la télévision et les réseaux sociaux lorsqu’ils sont utilisés au profit de nos instruments d’éducation et d’évangélisation plus traditionnels. Votre créativité qui se manifeste dans vos émissions et documentaires est pour nous une source de joie intense.

Comme je le mentionnais plus tôt, le contexte de l’évangile d’aujourd’hui nous amène à contempler votre charisme d’unité de votre ministère. C’est cette dimension qui m’a porté à avoir une appréciation encore plus profonde de la télévision S+L. Cette unité trouve sa force à de nombreuses sources : d’abord, c’est une conséquence des racines spirituelles qui sont au cœur de votre ministère. Nous connaissons tous la passion du père Tom pour les Écritures Saintes et nous voyons à quel point elle fut transmise à tous les niveaux de son entreprise apostolique. Une autre source de cette unité qui vous habite est la tradition vivante du Concile Vatican II qui imprègne virtuellement toutes vos émissions. Vous avez tellement donné pour stimuler ce désir d’une ecclésiologie toute conciliaire et, ce, spécialement chez les jeunes ! Une autre source d’unité,  qui est présente au sein de S+L depuis le commencement,  c’est la vie de saints et saintes, aujourd’hui vivants ou décédés, habités que nous sommes de cette conviction extraordinaire que nous pouvons tous être saints. Que, par la Grâce, cette sainteté est à notre portée, même si nous luttons quotidiennement avec nos faiblesses et nos péchés. Malgré tout cela, Dieu nous appelle à la sainteté et c’est cette même conviction qui nous permet de vivre saintement et, ainsi, d’être témoins de la foi de ceux qui nous ont précédés. La dernière source de l’unité est, selon moi, la force unificatrice du pape François. Évidemment, il s’agit de la première mission du ministère pétrinien. Toutefois, nous sentons que cet esprit est particulièrement perceptible dans la programmation de S+L. Programmation qui, soit dit en passant, est appréciée du pape François lui-même ! En effet, nous chérissons tous cette photo du pape François fixant l’écran d’ordinateur souriant et, ce, entouré de l’équipe de S+L. Ce sourire du pape François révèle une joie authentique et bellement partagée.

Nous ne devrions pas oublier l’importante contribution qu’apporte l’aspect plurilingue de la programmation qui favorise l’unité dont nous venons de parler.

L’Écriture Sainte, les enseignements du Concile Vatican II, la vie de saints hommes et femmes, le pape François, la pluralité de langues, voilà les grands socles qui apportent de l’unité non seulement à notre Église canadienne mais également à l’Église universelle. Je le répète, je ne connais aucun autre apostolat qui apporte davantage d’unité que la Télévision Sel et Lumière.

Pour tout cela, nous, les pères Basiliens, nous remercions Dieu de tout cœur.

Père George T. Smith, c.s.b.
Supérieur général
Congrégation de Saint-Basile
23 mars 2017

Homélie du pape François lors de la célébration des Vêpres de la Fête de la Conversion de saint Paul

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François tel que prononcé lors de la cérémonie des Vêpres pour la Fête de la conversion de Saint-Paul en la basilique papale de Saint-Paul-Hors-les-Murs. Vous pouvez également consultez au lien suivant le livret de la célébration.

La rencontre avec Jésus sur la route vers Damas transforme radicalement la vie de saint Paul. À partir de ce moment, pour lui la signification de l’existence ne réside plus dans la confiance en ses propres forces pour observer scrupuleusement la Loi, mais dans l’adhésion de toute sa personne à l’amour gratuit et immérité de Dieu, à Jésus Christ crucifié et ressuscité. Ainsi, il connaît l’irruption d’une nouvelle vie, la vie selon l’Esprit, dans laquelle, par la puissance du Seigneur ressuscité, il fait l’expérience du pardon, de la familiarité et du réconfort. Et Paul ne peut garder pour lui-même cette nouveauté : il est poussé par la grâce à proclamer la joyeuse nouvelle de l’amour et de la réconciliation que Dieu offre pleinement dans le Christ à l’humanité.

Pour l’Apôtre des nations la réconciliation de l’homme avec Dieu, dont il est devenu ambassadeur (cf. 2 Cor 5, 20), est un don qui vient du Christ. Cela apparaît avec clarté dans le texte de la Deuxième Lettre aux Corinthiens, dont est extrait cette année le thème de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens: ‘‘L’amour du Christ nous pousse à la réconciliation’’ (cf. 2 Cor 5, 14- 20). ‘‘L’amour du Christ’’: il ne s’agit pas de notre amour pour le Christ, mais de l’amour que le Christ a pour nous. De même, la réconciliation vers laquelle nous sommes poussés n’est pas simplement notre initiative: c’est en premier lieu la réconciliation que Dieu nous offre dans le Christ. Avant d’être un effort humain de croyants qui cherchent à surmonter leurs divisions, c’est un don gratuit de Dieu. Comme effet de ce don, la personne, pardonnée et aimée, est appelée à son tour à proclamer l’évangile de la réconciliation en paroles et en actes, à vivre et à témoigner d’une existence réconciliée.

Dans cette perspective, nous pouvons nous demander aujourd’hui: comment proclamer cet évangile de réconciliation après des siècles de divisions? C’est Paul lui-même qui nous aide à trouver la voie. Il souligne que la réconciliation dans le Christ ne peut se réaliser sans sacrifice. Jésus a donné sa vie, en mourant pour tous. De même, les ambassadeurs de la réconciliation sont appelés, en son nom, à donner leur vie, à ne plus vivre pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux (cf. 2 Cor 5, 14-15). Comme Jésus l’enseigne, ce n’est que lorsque nous perdons la vie par amour pour lui que nous la gagnons vraiment (cf. Lc 9, 24). C’est la révolution que Paul a vécue, mais c’est la révolution chrétienne de toujours: ne plus vivre pour nous-mêmes, pour nos intérêts et retours d’image, mais à l’image du Christ, pour lui et selon lui, avec son amour et dans son amour.

Pour l’Église, pour chaque confession chrétienne, c’est une invitation à ne pas se fonder sur les programmes, sur les calculs et les avantages, à ne pas se fier aux opportunités et aux modes du moment, mais à chercher la vie en regardant toujours la croix du Seigneur: voilà notre programme de vie. C’est également une invitation à sortir de tout isolement, à surmonter la tentation de l’autoréférentialité, qui empêche de saisir ce que l’Esprit Saint réalise hors des milieux de chacun. Une réconciliation authentique parmi les chrétiens pourra se réaliser lorsque nous saurons reconnaître les dons les uns des autres et que nous serons capables, avec humilité et docilité, d’apprendre les uns des autres, sans attendre que ce soient les autres qui apprennent d’abord de nous.

Si nous vivons cette mort à nous-mêmes pour Jésus, notre vieux style de vie est relégué dans le passé et, comme cela est arrivé à saint Paul, nous entrons dans une nouvelle forme d’existence et de communion. Avec Paul, nous pourrons dire: «Le monde ancien s’en est allé» (2 Cor 5, 17). Jeter un regard en arrière aide et est d’autant plus nécessaire pour purifier la mémoire, mais être rivé au passé, en s’attardant à rappeler les torts subis et faits et en jugeant avec des paramètres uniquement humains, peut paralyser et empêcher de vivre le présent. La Parole de Dieu nous encourage à tirer force de la mémoire, à nous rappeler le bien reçu du Seigneur; mais elle nous demande aussi de laisser derrière nous le passé pour suivre Jésus dans l’aujourd’hui et pour vivre une vie nouvelle en lui. Permettons à Celui qui fait toute chose nouvelle (cf. Ap 21, 5) de nous orienter vers un avenir nouveau, ouvert à l’espérance que ne déçoit pas, un avenir dans lequel les divisions pourront être surmontées et les croyants, renouvelés dans l’amour, seront unis pleinement et de manière visible.

Tandis que nous cheminons sur la voie de l’unité, cette année, nous nous souvenons spécialement du cinquième centenaire de la Réforme protestante. Le fait qu’aujourd’hui catholiques et luthériens puissent se rappeler ensemble un événement qui a divisé les chrétiens, et qu’ils le fassent avec espérance, en mettant l’accent sur Jésus et sur son œuvre de réconciliation, est une étape remarquable, atteinte grâce à Dieu et à la prière, à travers cinquante ans de connaissance réciproque et de dialogue œcuménique.

En invoquant de Dieu le don de la réconciliation avec lui et entre nous, j’adresse mes salutations cordiales et fraternelles à Son Éminence le Métropolite Gennadios, représentant du Patriarche œcuménique, à Sa Grâce David Moxon, représentant personnel à Rome de l’Archevêque de Canterbury, et à tous les représentants des diverses Églises et Communautés ecclésiales ici réunis. Il m’est particulièrement agréable de saluer les membres de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales, auxquels je souhaite un fructueux travail pour la session plénière qui se tient ces jours-ci. Je salue également les étudiants de l’Ecumenical Institute of Bossey, en visite à Rome pour approfondir leur connaissance de l’Église catholique, ainsi que les jeunes orthodoxes et les orthodoxes orientaux qui étudient à Rome grâce aux bourses d’étude du Comité de Collaboration Culturelle avec les Églises orthodoxes, qui œuvre auprès du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. J’exprime mon estime et ma gratitude aux Supérieurs et à tous les Collaborateurs de ce Dicastère.

Chers frères et sœurs, notre prière pour l’unité des chrétiens est une participation à la prière que Jésus a adressée à son Père avant la passion pour «que tous soient un» (Jn 17, 21). Ne nous laissons jamais de demander à Dieu ce don. Dans l’attente patiente et confiante que le Père accordera à tous les croyants le bien de la pleine communion visible, allons de l’avant sur notre chemin de réconciliation et de dialogue, encouragés par le témoignage héroïque de nombreux frères et sœurs, unis hier et aujourd’hui dans la souffrance pour le nom de Jésus. Profitons de chaque moment que la Providence nous offre pour prier ensemble, pour évangéliser ensemble, pour aimer et servir ensemble, surtout qui est plus pauvre et plus délaissé.
[00138-FR.01] [Texte original: Italien]

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