Déclaration de la CECC sur la question de l’aide au suicide

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Déclaration émise par l’Assemblée plénière 2015 de la Conférence des évêques catholiques du Canada 

Hier, nous nous sommes retrouvés à l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal pour célébrer l’Année de la vie consacrée. L’Oratoire est un lieu de prière spéciale, inspiré par le montréalais saint Frère André Bessette qui offrait espoir et guérison aux personnes dans le besoin. L’Oratoire rend hommage à Joseph, époux de Marie, mère de Jésus. Nous vénérons saint Joseph comme patron du Canada, et aussi comme patron de la bonne mort parce que Jésus et Marie étaient à ses côtés et l’ont réconforté dans les derniers moments de sa vie. Là, dans ce sanctuaire, où plusieurs ont trouvé réconfort et guérison, nous avons rendu grâce pour les milliers d’hommes et de femmes de partout au pays qui ont donné leur vie pour leurs frères et leurs sœurs par la prière, les soins de santé, l’éducation, et par d’autres formes de service et de solidarité avec les pauvres et les marginalisés.

Touchés par leur générosité exemplaire, et la façon dont ils ont protégé et promu la dignité humaine dans les nombreux secteurs de notre société, nous affirmons la longue tradition de notre pays de prendre soin des malades et des vulnérables. Nous ne pouvons pas nous retenir d’exprimer notre indignation devant la décision de la Cour suprême du Canada de créer un nouveau « droit constitutionnel » au Canada, le prétendu « droit » au suicide. Nous ne pouvons taire notre profonde consternation et déception, ni notre plein désaccord avec la décision de la Cour. Le jugement légaliserait un geste qui, depuis les temps immémoriaux, a été jugé immoral : celui d’enlever une vie innocente. De plus, il met à risque la vie des personnes vulnérables, déprimées, celles souffrant de maladie physique ou mentale, et celles ayant un handicap.

Devant la terrible souffrance que peut engendrer la maladie ou la dépression, la vraie réponse humaine devrait être de soigner, et non de tuer. Dans la même veine, la réponse à l’angoisse et à la peur qu’éprouvent les gens à la fin de la vie c’est de les accompagner, de leur offrir des soins palliatifs, et non de causer leur mort intentionnellement. Les besoins en soins palliatifs devraient préoccuper au plus haut point notre pays et ses institutions. Voilà où nos élus devraient diriger leurs énergies et leurs efforts. Voilà pourquoi nous plaidons pour que des soins de longue durée, des soins à domicile et des soins palliatifs de grande qualité soient accessibles à tous les Canadiens et Canadiennes.

Au milieu d’une campagne électorale fédérale, le silence des candidats face à la question du suicide assisté nous étonne. C’est une question si fondamentale pour notre société et son avenir. Avons-nous perdu la capacité de débattre des questions profondes de la vie qui nous touchent tous? Nos politiciens ont-ils peur d’un mot mal placé, d’un message mal interprété ou de la fluctuation d’un sondage public? Nous exhortons les citoyens de notre pays de soulever ces questions de vie et de mort avec les candidats, de provoquer un vrai débat digne de notre grand pays.

Le délai d’un an prévu par la Cour suprême est beaucoup trop court pour que ce changement fondamental dans nos lois entre en vigueur. Nous exhortons le gouvernement qui sera élu le 19 octobre à invoquer la clause nonobstant et de prolonger ce délai à cinq ans. Si jamais une décision juridique devait justifier le recours à cette clause de notre constitution, c’est celle-ci. Nous devons nous donner le temps de réfléchir avant d’agir, de considérer sérieusement les conséquences de nos gestes avant de traiter de cette question cruciale et morale.

Par ailleurs, nous devons à tout prix défendre et protéger le droit de la conscience des hommes et des femmes engagés dans les professions aidantes. Exiger d’un médecin qu’il tue un patient est toujours inacceptable. C’est un affront à la conscience et à la vocation des travailleurs de la santé que de leur demander de collaborer à la mise à mort intentionnelle d’un patient, même en le référant à un collègue. Le respect que l’on doit à nos médecins à cet égard doit s’étendre à toute personne engagée dans les soins de santé et qui travaille dans les établissements de notre société.

À titre d’évêques catholiques, notre discours est animé par la raison, le dialogue éthique, nos convictions religieuses et notre respect profond de la dignité de la personne humaine. Notre position est inspirée par des milliers d’années de réflexions et par nos actions en tant que chrétiens à la suite de Jésus, qui a manifesté ce que veut dire aimer, servir et accompagner les autres. Sa réponse à la souffrance d’autrui a été de souffrir avec l’autre, non pas de le tuer. Lui-même a accueilli la souffrance dans sa vie comme un chemin de don, de générosité, de miséricorde. Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour reconnaître en sa vie et en ses gestes un exemple insigne d’humanité. Les valeurs de Jésus de Nazareth sont à la base de notre position en ce qui concerne la question du suicide assisté. Le Canada n’a rien à craindre en faisant siennes ces valeurs profondément humaines et vivifiantes.

C’est dans cet esprit de collaboration pour bâtir une société plus compatissante, plus respectueuse de la dignité de la vie humaine, plus juste et plus généreuse que nous lançons ce cri du cœur. À l’exemple de l’humble témoignage du saint Frère André, nous invitons tous les Canadiens et Canadiennes à bâtir une société qui respecte la dignité de chaque personne. Puisse notre appel être écouté avec respect, attention et ouverture.

Les évêques catholiques du Canada
Le 18 septembre 2015

Les chrétiens du Moyen-Orient selon Sami Aoun

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Voici l’intégrale de l’entrevue que j’ai réalisée vendredi dernier avec Sami Aoun, professeur titulaire de politique appliquée à l’Université de Sherbrooke, directeur de l’Observatoire sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord et cofondateur de l’Observatoire sur la radicalisation et la violence extrême et qui a gentiment accepté de répondre à quelques unes de mes questions lors de la conférence de presse à Montréal de Mor Ignatius Aphrem II, Patriarche orthodoxe d’Antioche en lien avec la crise syrienne. La question des chrétiens et des minorités au Moyen-Orient est au cœur de ses intérêts. Il a publié de nombreux ouvrages sur le sujet tels que : Après le choc; Moyen-Orient : incertitudes, violences et espoirs et l’Islam entre tradition et modernité.

Question 1 : Pouvez-vous nous décrire la situation actuelle des chrétiens au Moyen-Orient?

 Elle est tragique en ce sens que toutes les populations souffrent. Il y a des guerres au Proche-Orient qui font s’effondrer la mosaïque, c’est-à-dire le pluralisme interculturel et interreligieux. Par contre, c’est surtout les minorités qui payent un prix plus élevé. Plus que les majorités même s’il est vrai que c’est une grande souffrance pour tout le monde. C’est que les minorités risquent d’être éradiquées, déracinées tandis que les autres pourraient avoir les moyens de survivre après les tragédies. Les minorités, on le remarque bien, parfois elles sont harcelées provoquant leur déplacement ou leur déracinement. Ou encore elles sont exécutées. De plus, elles perdent leurs points de repère et leur mémoire collective quand on détruit leurs couvents ou leurs églises. En ce sens, c’est certainement tragique pour tout le monde mais les minorités, surtout les minorités chrétiennes en pâtissent plus.

Question 2 : Comment décririez-vous le rôle qu’un chef religieux tel que le patriarche orthodoxe peut jouer sur le terrain ?

Certes, les autorités ou instances patriarcales ou religieuses en général sont coincées entre le marteau et l’enclume. D’un côté, ils ne peuvent faire l’éloge du despotisme et fermer les yeux sur les horreurs des régimes qui ont manqué à leurs devoirs de s’engager à la démocratisation et à la libéralisation de leur pays et d’assurer un état de droit pour tout le monde, surtout le droit à la différence et à la liberté de conscience. Mais de l’autre côté, ils se trouvent devant un monstre : la barbarie du fanatisme et la barbarie des groupesblog_1441924618 radicaux. En ce sens, ils ont la grande responsabilité de dire la vérité et de témoigner pour la cause de leur peuple et pour la cause, surtout, de toute la société et pas seulement des chrétiens.

Malheureusement, quand vous vivez dans des sociétés en proie aux conflits, et qui sont à feu et à sang, ces instances religieuses perdent parfois leur autonomie et adoptent un discours teinté de tolérance et de compréhension. Et elles perdent peu à peu de l’importance ou pèsent peu dans les décisions politiques. Elles peuvent représenter une référence morale mais n’ont plus vraiment de poids dans les décisions politiques. [Read more…]

La famille chrétienne : idéal ou réalité ?

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Samedi le 29 août dernier, avait lieu à la cathédrale Marie-Reine-du-monde de Montréal, la conférence intitulée « À la découverte de l’amour véritable ». Organisée conjointement par l’Association pour la béatification de l’Impératrice Zita d’Autriche et l’Archidiocèse de Montréal, cette journée de réflexion et de prière aura certainement permis à tous les participants non seulement d’approfondir leurs connaissances sur le dessein de Dieu sur la famille mais également de sentir un réconfort dans un monde qui lui est malheureusement de plus en plus hostile.

Durant l’avant-midi, des témoignages et enseignements se sont succédés. D’abord le témoignage de Brigitte Bédard, journaliste au magazine Le Verbe, qui présentait le pouvoir de la grâce dans son chemin vocationnel, suivi de celui de Cosmin et Jacynthe Dina centré sur le rôle du sacrement de mariage et sur la solidité que revêt le mariage lorsqu’il se vit dans la foi, l’espérance et la charité. Concluant la première moitié de cette journée mémorable, Mgr Lépine a voulu souligner que le véritable visage de l’amour s’est manifesté en Jésus-Christ sur la croix. Incitant les participants à méditer fréquemment le chemin de croix, l’archevêque de Montréal a lancé un vif appel aux consciences afin qu’elles répondent positivement à leur vocation à la sainteté et qu’elles voient que la « famille est le lieu où l’on apprend que le don de soi est un chemin de bonheur».

Après un pareil avant-midi chargé d’émotions, tous étaient unanimes dans leur désir d’implorer le pardon du Père de toute miséricorde et de Lui rendre grâce pour ce don immense qu’est la famille. Une fois abreuvés à cette « Source et Sommet de toute la vie chrétienne», les participants ont pu entamer l’après-midi en compagnie d’intervenants dont la qualité n’avait d’égale que la profondeur du sujet abordé. [Read more…]

CECC- Une Église en quête de justice : le pape François interpelle l’Église au Canada

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Présentation d’un nouveau document de la CECC sur la justice sociale:

La Commission épiscopale pour la justice et la paix de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a publié une nouvelle ressource intitulée Une Église en quête de justice : le pape François interpelle l’Église au Canada. Depuis son élection comme évêque de Rome, le Saint-Père « confère à l’enseignement social catholique une précision et une urgence qui en font l’un des points forts de son pontificat jusqu’ici », écrit la Commission dans son texte publié aujourd’hui. Traitant largement de sujets liés à la dignité humaine et aux normes du travail, à la guerre et à la paix, ainsi qu’à l’exclusion et à l’isolement, ce document souligne l’intérêt et l’appel du pape François à lutter pour la justice, et offre des questions de réflexions adaptées au contexte canadien.

Une Église en dialogue – L’Église catholique et le dialogue interreligieux

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Comment faire entendre sa voix à Ottawa ?

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Le 19 octobre prochain, tous les Canadiens seront invités à s’exprimer par leur vote aux élections fédérales. Cette élection aura cependant la particularité d’être exceptionnellement longue. Bien qu’une campagne de 71 jours pose de nombreux défis logistiques et économiques aux partis politiques, un avantage nous saute désormais aux yeux : nous aurons tout le temps nécessaire pour faire un choix éclairé et faire preuve de discernement. En ce sens, la Conférence des évêques catholiques du Canada a publié cette semaine un document fort intéressant intitulé  Faire entendre sa voix pour guider les catholiques canadiens à faire un choix cohérent avec leur foi en Jésus-Christ. En d’autres termes, être en relation avec le Christ signifie, entre autres, être au service du Bien commun défini comme suit :

« L’ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux groupements de s’épanouir plus complètement et plus facilement ».

Ce document important des évêques canadiens nous donne donc les outils nécessaires pour bien s’informer, réfléchir et dialoguer en cette campagne fédérale.

Bien s’informer

Dans un premier temps, la Conférence des évêques catholiques du Canada nous invite à bien nous informer et, ce, à plusieurs niveaux. En effet, il est important que les catholiques s’informent sur les implications de leur foi en matière sociale. Ainsi, le petit document énonce les principes essentiels qui doivent être respectés. Ces principes sont au nombre de 5 :

1) Respecter la vie et la dignité de la personne de la conception à la mort naturelle;

2) Bâtir une société plus juste;

3) Respecter la personne et la famille;

4) Faire du Canada un chef de file pour la justice et la paix dans le monde;

5) Proposer un pays sain dans un environnement sain.

En ce sens, les évêques du Canada nous invitent non seulement à bien nous informer sur les conséquences politiques de notre propre foi mais nous donnent également des principes clairs pour guider notre discernement et notre esprit critique lorsque nous lisons les journaux ou regardons les nouvelles télévisées. [Read more…]

Rencontre avec un témoin de Vatican II

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Comme nous le savons, cette année sera l’occasion de fêter le cinquantième anniversaire de la clôture du Concile Vatican II. Pour l’occasion et afin d’en apprendre un peu plus sur cet événement exceptionnel, je me suis rendu à Ottawa afin d’y rencontrer un de ses rares témoins. Mgr Jacques Landriault, aujourd’hui âgé de 93 ans, n’a rien perdu de sa ferveur et de la joie à proclamer haut et fort l’Évangile du Christ. Mgr Landriault était à peine ordonné évêque auxiliaire du diocèse d’Alexandria-Cornwall lorsqu’il fut appelé à représenter les évêques canadiens au Concile Vatican II. Énorme tâche qu’il avoue n’avoir pu accepter que grâce à la même Force de l’Esprit qui lui avait permis de dire « oui » à son ordination comme « successeur d’apôtre » comme il le dit.

Mgr Landriault a donc pu participer activement aux 2e, 3e et 4e sessions du Concile. Durant ces trois années romaines, il s’est dédié totalement à connaître et à s’imprégner le plus possible de l’atmosphère de renouveau qui soufflait sur l’Église. En ce sens, ce père conciliaire n’hésite pas à utiliser l’image d’un « printemps » de l’Église, d’une période où, d’un commun accord, on désirait ardemment s’abreuver à cette source intarissable qu’est l’Évangile. Ce souci d’authenticité, c’est ce qui a animé Mgr Landriault durant toute sa vie de pasteur. Pour lui, le Concile fut véritablement :

« Une intervention visible (et même sentie !) de l’Esprit Saint pour donner à l’Église un élan nouveau […], l’air frais dont l’Église avait tellement besoin, le souffle de l’Esprit, pour nous donner une vie nouvelle. »

Ce qui reste gravé dans sa mémoire est sans aucun doute la rencontre des évêques en assemblée générale. Au tout début, les 2 800 évêques ne se connaissaient pas entre eux. À la fin du Concile, de nombreuses amitiés étaient nées non pas seulement au sein de l’épiscopat d’un même pays mais aussi entre évêques de différentes nationalités. Selon lui, le Concile a ainsi réussi à faire tomber les murs qui existaient entre les évêques de nations différentes et ainsi ouvrir des perspectives nouvelles. En ce sens, on peut dire que leunnamed Concile a précédé de quelques décennies la globalisation actuelle!

À la question sur le moment qui l’a le plus marqué durant ces années, Mgr Landriault détourne mes yeux de Rome pour me ramener au Canada. Pour lui, le Concile s’est vécu d’abord et avant tout dans ses propres diocèses : à Hearst d’abord et à Timmins ensuite où il fut évêque pendant 19 ans. Pour lui, le Concile devait être vécu par l’ensemble des baptisés. C’est ainsi qu’il a envoyé aux études 15 prêtres pour qu’ils approfondissent les 16 documents conciliaires. Il souhaitait que les membres du peuple de Dieu qui lui avait été confiés soient nourris directement de Vatican II et non, comme il le dit ouvertement, de certaines idées qu’on véhiculait aisément dans les médias de l’époque. Il s’est donc dévoué à donner des outils de formation très poussés, en mesure de donner la nourriture intellectuelle et spirituelle nécessaire pour répondre correctement à l’appel universel à la sainteté. [Read more…]

Le dialogue: un enrichissement mutuel

blog_1438954927 (Image: Courtoisie Catholic News Service)

Depuis maintenant plusieurs décennies, notre monde subit des changements inédits. En effet, à la grande mobilité que nous offrent les moyens modernes de transport tel que l’avion, viennent s’ajouter les technologies de communication qui nous permettent d’être en contact avec n’importe qui, n’importe où sur la planète. À ces deux modifications majeures s’ajoute la prise de conscience toujours plus accrue de notre commune humanité ainsi que de la nécessité de la coexistence. À l’instar des deux précédents millénaires, il n’est plus possible pour quiconque de se réfugier dans un milieu social et culturel homogène. Cette situation qui avait l’avantage d’être, à certains points de vue, plus « confortable », avait le fâcheux désavantage de nous priver du regard de l’autre qui est très souvent, facteur de progrès. De cette nouvelle réalité de la coexistence et des différents défis qui se présentent à nous Canadiens, la Conférence des évêques catholiques du Canada a pris l’initiative de publier un document intitulé « Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société ». Enfin, ce document me semble être un instrument incontournable pour relever ce que le Cardinal Tauran a appelé les trois défis du dialogue islamo chrétien: le défi de l’identité, le défi de l’altérité et le défi de la sincérité.

Le défi de l’altérité : nos différences sont sources d’enrichissement

Ce court document de huit pages présente les grandes lignes du nécessaire « pas en avant » en matière de connaissance religieuse des catholiques sur la foi de nos frères et sœurs musulmans. Citant un texte rédigé par des savants de l’Islam affirmant que « l’avenir du monde dépend de la paix entre musulmans et chrétiens », la CECC propose d’abord des informations générales sur cette « religion du livre ». Retraçant les grandes lignes de l’histoire religieuse musulmane qui est centrée sur la personnalité de son fondateur Muhammad qui « en méditant dans une caverne sur le mont Hira, reçut ce qu’il crut être des révélations divines »[4], le document donne de l’information sur ses concepts religieux fondamentaux et ce qu’il est convenu d’appeler les « cinq piliers de l’Islam »[5]. Cette partie informative ne serait pas complète sans ces importantes indications sur les subdivisions majeures de l’Islam que sont le Sunnisme, le Chiisme et le Soufisme.

Le défi de l’identité : savoir et accepter ce que nous sommes

Après ce regard sur le contenu de la foi islamique, le document explore les similitudes qu’elle peut avoir avec la foi catholique comme par exemple, la croyance en un seul Dieu, créateur et miséricordieux. Prendre conscience des éléments communs entre nous peut être l’occasion d’une redécouverte de sa propre foi, du bien fondée de cette dernière et des fruits que cette vérité a pu produire de beau dans d’autres contextes. Par exemple, s’interroger sur la façon dont les musulmans comprennent et vivent la miséricorde de Dieu pourrait éclairer notre propre expérience. [Read more…]

« Laudato Si » ou la refondation de l’écologie

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Poursuivons notre réflexion estivale sur l’environnement en explorant le deuxième chapitre de l’encyclique du pape François sur l’écologie Laudato Si. Comme nous l’avons vu la semaine dernière, l’intention du Pape est d’offrir à toute l’humanité la contribution de la riche tradition chrétienne à la lutte pour la protection de l’environnement.

Dans ce deuxième chapitre, le pape François cherche à faire reconnaître l’importance du dialogue pour la résolution de la présente crise. En effet, il écrit : « Si nous cherchons vraiment à construire une écologie qui nous permette de restaurer tout ce que nous avons détruit, alors aucune branche des sciences et aucune forme de sagesse ne peut être laissée de côté, la sagesse religieuse non plus, avec son langage propre. » (no63). Ainsi le pape François invite gouvernants et citoyens du monde à reconnaître que la foi chrétienne est une alliée de poids sur la route du respect de l’environnement. Cette invitation prend encore plus d’importance lorsque l’on considère l’atmosphère souvent fermée à la spiritualité des grandes conférences et débats actuels sur l’environnement. Au contraire, cette méfiance devrait se transformer en confiance, en ouverture vis-à-vis de ceux qui ont « la merveilleuse certitude de savoir que la vie de toute personne ne se perd pas dans un chaos désespérant, dans un monde gouverné par le pur hasard ou par des cycles qui se répètent de manière absurde! » (no65).

Après avoir souligné l’apport de la pensée chrétienne aux débats sur l’écologie, le pape amorce une profonde réflexion sur la Création selon une perspective unique et surprenante. En effet, il présente la place de l’homme dans l’univers selon une perspective relationnelle. De fait, selon le Pape, « les récits de la création […] suggèrent que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre » (no66). Ainsi, de la relation fondamentale avec Dieu découle l’harmonie entre les hommes et avec, par le fait même, avec la création. Cette véritable « déclinaison » relationnelle se porterait à merveille si un incident historique n’était pas venu « détruire par le fait d’avoir prétendu prendre la place de Dieu » (no 66). De ce péché originel, découle cette prétention qu’ont les hommes à vouloir se dominer les uns et les autres et, par conséquent, dominer la terre. En ce sens, l’accusation souvent lancée contre les chrétiens selon laquelle le commandement originel de « dominer et de soumettre la terre » (Gn1, 28) serait une des sources de l’exploitation irresponsable des ressources naturelles ne tient pas compte du jugement de l’Église stipulant qu’il « ne s’agit pas d’une interprétation correcte de la Bible » (no67). Prendre en compte la révélation chrétienne dans cette lutte en faveur de l’environnement consistera donc à prendre au sérieux cette invitation à une triple réconciliation : avec Dieu, l’homme et la création.

Pour ce faire, nous devons prendre conscience d’un élément fondamental soit que : « Tout est lié » (no 92). En effet, «  la négligence dans la charge de cultiver et de garder une relation adéquate avec le voisin, envers lequel j’ai le devoir d’attention et de protection, détruit ma relation intérieure avec moi-même, avec les autres, avec Dieu et avec la terre » (no 70). Ainsi, rétablir notre relation avec la création passera par le rétablissement simultané de ces trois relations fondamentales. C’est en ce sens que l’on a qualifié l’encyclique « d’écologie intégrale ». En échangeant notre microscope pour un télescope, nous pourrons avoir une vision d’ensemble et, ainsi, cesser de prétendre sauver la planète sans considérer ce qui est défaillant en l’homme même.

Voilà le genre de réflexion auquel nous convie le pape François dans son encyclique « Laudato Si ». La semaine prochaine nous poursuivrons notre réflexion par une analyse du chapitre trois de l’encyclique.

Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société

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LETTRE D’INTRODUCTION
par Mgr Paul-André Durocher
Archevêque de Gatineau et
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
sur la brochure Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société
publiée par la Commission épiscopale pour l’unité chrétienne,
les relations religieuses avec les juifs et le dialogue interreligieux

Chers frères et sœurs dans le Christ,

La Commission épiscopale pour l’unité chrétienne, les relations religieuses avec les juifs et le dialogue interreligieux de notre Conférence a publié une ressource intitulée Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société. La brochure vise à aider les catholiques du Canada à mieux comprendre leurs voisins musulmans. Notre pays est riche d’une magnifique mosaïque de cultures et de religions, et les évêques catholiques du Canada désirent y favoriser la compréhension et le dialogue entre les diverses populations.

Le christianisme et l’Islam sont les deux groupes religieux les plus nombreux du monde. Pour notre propre bien et pour le bien de toute l’humanité, nous devons apprendre à vivre en harmonie les uns avec les autres, et le Canada peut certainement jouer un rôle important comme modèle de cette relation harmonieuse. Dans ce but, il est essentiel de nous connaître les uns les autres. C’est dans cet espoir que la Conférence des évêques catholiques du Canada présente sa nouvelle ressource. Sa portée est limitée; elle n’approfondit pas nos différences théologiques, et elle ne commente pas non plus la situation géopolitique actuelle. Toutefois, elle constitue une étape importante que nous pouvons tous franchir pour répondre à l’invitation de saint Paul : « Recherchons donc ce qui contribue à la paix, et ce qui construit les relations mutuelles. » (Romains 14, 19)

La première partie présente les origines de l’Islam, ses principaux courants actuels ainsi que ses ressemblances et ses différences par rapport au christianisme. La deuxième partie donne un aperçu de l’historique et de l’état actuel du dialogue interreligieux entre catholiques et musulmans, au niveau international et national, et se termine par quelques suggestions sur ce que chacun peut faire pour contribuer à ce dialogue.

Comme le pape François l’a magnifiquement proclamé dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, nous sommes appelés par notre baptême à être les bâtisseurs d’une société juste et paisible :

« En annonçant Jésus Christ, qui est la paix en personne (cf. Ep 2, 14), la nouvelle évangélisation engage tout baptisé à être instrument de pacification et témoin crédible d’une vie réconciliée. C’est le moment de savoir comment, dans une culture qui privilégie le dialogue comme forme de rencontre, projeter la recherche de consensus et d’accords, mais sans la séparer de la préoccupation d’une société juste, capable de mémoire, et sans exclusions. [no 239]

+ Paul-André Durocher
Archevêque de Gatineau et
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

Vous pouvez vous procurer le document sur la page web de la CECC au lien suivant: https://esubmitit.sjpg.com/cccb/index.aspx?component=ProductDetails&id=184-892

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