« Laudato Si » ou la refondation de l’écologie

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Poursuivons notre réflexion estivale sur l’environnement en explorant le deuxième chapitre de l’encyclique du pape François sur l’écologie Laudato Si. Comme nous l’avons vu la semaine dernière, l’intention du Pape est d’offrir à toute l’humanité la contribution de la riche tradition chrétienne à la lutte pour la protection de l’environnement.

Dans ce deuxième chapitre, le pape François cherche à faire reconnaître l’importance du dialogue pour la résolution de la présente crise. En effet, il écrit : « Si nous cherchons vraiment à construire une écologie qui nous permette de restaurer tout ce que nous avons détruit, alors aucune branche des sciences et aucune forme de sagesse ne peut être laissée de côté, la sagesse religieuse non plus, avec son langage propre. » (no63). Ainsi le pape François invite gouvernants et citoyens du monde à reconnaître que la foi chrétienne est une alliée de poids sur la route du respect de l’environnement. Cette invitation prend encore plus d’importance lorsque l’on considère l’atmosphère souvent fermée à la spiritualité des grandes conférences et débats actuels sur l’environnement. Au contraire, cette méfiance devrait se transformer en confiance, en ouverture vis-à-vis de ceux qui ont « la merveilleuse certitude de savoir que la vie de toute personne ne se perd pas dans un chaos désespérant, dans un monde gouverné par le pur hasard ou par des cycles qui se répètent de manière absurde! » (no65).

Après avoir souligné l’apport de la pensée chrétienne aux débats sur l’écologie, le pape amorce une profonde réflexion sur la Création selon une perspective unique et surprenante. En effet, il présente la place de l’homme dans l’univers selon une perspective relationnelle. De fait, selon le Pape, « les récits de la création […] suggèrent que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre » (no66). Ainsi, de la relation fondamentale avec Dieu découle l’harmonie entre les hommes et avec, par le fait même, avec la création. Cette véritable « déclinaison » relationnelle se porterait à merveille si un incident historique n’était pas venu « détruire par le fait d’avoir prétendu prendre la place de Dieu » (no 66). De ce péché originel, découle cette prétention qu’ont les hommes à vouloir se dominer les uns et les autres et, par conséquent, dominer la terre. En ce sens, l’accusation souvent lancée contre les chrétiens selon laquelle le commandement originel de « dominer et de soumettre la terre » (Gn1, 28) serait une des sources de l’exploitation irresponsable des ressources naturelles ne tient pas compte du jugement de l’Église stipulant qu’il « ne s’agit pas d’une interprétation correcte de la Bible » (no67). Prendre en compte la révélation chrétienne dans cette lutte en faveur de l’environnement consistera donc à prendre au sérieux cette invitation à une triple réconciliation : avec Dieu, l’homme et la création.

Pour ce faire, nous devons prendre conscience d’un élément fondamental soit que : « Tout est lié » (no 92). En effet, «  la négligence dans la charge de cultiver et de garder une relation adéquate avec le voisin, envers lequel j’ai le devoir d’attention et de protection, détruit ma relation intérieure avec moi-même, avec les autres, avec Dieu et avec la terre » (no 70). Ainsi, rétablir notre relation avec la création passera par le rétablissement simultané de ces trois relations fondamentales. C’est en ce sens que l’on a qualifié l’encyclique « d’écologie intégrale ». En échangeant notre microscope pour un télescope, nous pourrons avoir une vision d’ensemble et, ainsi, cesser de prétendre sauver la planète sans considérer ce qui est défaillant en l’homme même.

Voilà le genre de réflexion auquel nous convie le pape François dans son encyclique « Laudato Si ». La semaine prochaine nous poursuivrons notre réflexion par une analyse du chapitre trois de l’encyclique.

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