Le pape François, un jésuite profondément ignatien

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Par le père Schineller, s.j.                                                                               Photo : CNS/Paul Haring

Un premier Pape jésuite ! Maintenant que nous nous sommes remis de la surprise et de l’onde de choc que cette nouvelle a suscitées, qu’est-ce que cela signifie ? De quelle façon pouvons-nous dire que le pape François est, à la fois, profondément ignatien et jésuite ? Je vois un lien entre François et Saint Ignace, un lien que François lui-même a reconnu publiquement. On trouve son affirmation originale dans la phrase latine, difficilement traduisible, et que le Pape a utilisée à plusieurs reprises : « Non coerceri maximo, contineri tamen a minimo, divinum est » ce qui signifie « Être contenu par le plus petit, c’est cela qui est divin ».

Cette maxime fut composée en 1640 dans le but de décrire le mieux possible le génie de Saint Ignace, sa capacité à garder ensemble le petit et le grand, le global et le local dans une tension qui, à première vue, les opposent. Saint Ignace, dans sa vision globale et son désir de mettre le feu au monde, a pu passer les seize dernières années de sa vie à travailler dans sa chambre de Rome à écrire la constitution des Jésuites. En ce sens, le spécialiste de la pensée ignatienne Hugo Rahner a écrit à propos de cette maxime « qu’aucune description d’Ignace n’a jamais égalé ces mots ».

Le fait que le pape François cite cette maxime manifeste, je crois, la manière dont il perçoit lui-même sa relation avec l’esprit et le cœur de Saint Ignace. Le pape essaie de garder à l’esprit, à la fois, une vision d’ensemble et des rêves grandioses avec une attention particulière pour les pauvres et ceux qui sont dans les périphéries en étant au service des plus vulnérables et ceux qui sont dans le besoin. Ainsi, dans un essai de 1981 intitulé « Leadership, les petits détails d’une vision globale », Bergoglio écrit que, dans cette même maxime « « Non coerceri maximo, contineri tamen a minimo, divinum est », on trouve un heureux équilibre dans l’attitude à avoir devant les petites et les grandes choses ». Il explique que Saint Ignace était en mesure de combiner la sévérité et la douceur, la rigueur et la gentillesse. Il a toujours été prêt à faire des exceptions. La clef de ce discernement était, dans un premier temps, de savoir juger ce qui est grand et ce qui est petit pour ensuite corriger le grand et le brillant pour qu’il n’oublie pas le petit. C’est de cette façon qu’il est possible de garder à l’esprit le tout, la vision globale.

Dans son livre « Esprit ouvert, cœurs fidèles », écrit alors qu’il était encore Archevêque, Bergoglio parle ainsi contre l’aphasie : «  Occasionnellement, cette attitude se révèle en ceux qui élaborent de magnifiques plans sans se soucier des moyens concrets pour les réaliser. De la même manière, on voit cela chez ceux qui deviennent tellement accaparés par les petits détails de chaque moment qu’ils ne peuvent plus voir au-delà de ces derniers et contempler le grand plan de Dieu. Nous faisons bien de rappeler l’épigraphe attribuée à Saint Ignace : « ne pas être accaparé par ce qui est le plus grand alors que nous devons être attentif à ce qui est le plus petit, voilà ce qui est divin ». [Read more…]

Nous constaterons que nous ne sommes « plus qu’un ».

blog_1452869798(Photo: Courtoisie Catholic News Service)

Du 18 au 25 janvier 2016 aura lieu la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Pour l’occasion, toutes sortes d’activités de ressourcement et de prière œcuménique seront organisées partout dans le monde. Le thème de cette année, « Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur » (cf. 1 Pierre 2, 9) est selon moi très pertinent puisqu’il est facile de faire le lien avec, à la fois, l’année de la miséricorde décrétée par le pape François mais aussi avec la dimension missionnaire de la foi chrétienne. Pour bien vous préparer à cette semaine importante, je vous conseille de consulter ce que nous propose le document du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens fait conjointement avec 
la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises. Avant de s’y attarder plus longuement je voulais vous partager une expérience que j’ai vécu.

Il y a quelques semaines déjà, je suis allé à Québec par l’entremise de l’agence Amigo Express. Pour ceux qui ont déjà utilisé ce service, vous savez que la plupart du temps le voyage commence par la question : « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Après avoir répondu être journaliste catholique à Sel + Lumière, le conducteur et la passagère ont tous les deux répliqué qu’ils étaient chrétiens eux-aussi, spécifiant qu’ils étaient de dénomination protestante. Nous étions donc trois personnes réunies complètement « par hasard » mais le simple fait de nous savoir chrétiens nous a permis d’échanger sur notre foi et toutes sortes de sujets de société. Je me suis alors rendu compte à quel point les circonstances du monde actuel sont favorables à l’œcuménisme et à l’unité des chrétiens. Notre société n’étant plus chrétienne, le dialogue peut se faire de manière beaucoup plus libre puisque nous n’avons plus vraiment d’intérêt humain à protéger. Selon moi, cela montre que nous avons comme personne et institution atteint une qualité de liberté qui s’approche de plus en plus de la véritable liberté évangélique nécessaire à l’acceptation de la plénitude de la Révélation. C’est ainsi qu’à la fin du voyage, au lieu de leur dire « au revoir » je leur ai dit « Dieu vous bénisse ». Mes interlocuteurs étaient très surpris de m’entendre parler un langage chrétien aussi ouvertement, surtout venant d’un catholique ! Toutefois, ils étaient heureux de la chose et m’ont souhaité la même bénédiction.

Comme je le disais au début, le thème de la semaine de cette année « Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur » (cf. 1 Pierre 2, 9) est fort adéquat puisqu’il manifeste le lien entre l’unité des chrétiens et la transformation missionnaire de l’Église. En effet, ce thème met l’emphase sur « l’appel » de tous les chrétiens. Cette dimension « vocationnelle » de l’unité des chrétiens manifeste bien que cette même unité est d’abord et avant tout un profond désir de Dieu. Cela nous aide donc à prendre conscience des racines humaines des divisions mais également de la priorité de la Grâce dans la construction de cette unité. Nous ne parviendrons à l’unité que si tous ensemble nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu d’une manière plus authentique. En ce sens, l’Église catholique ne parviendra à répondre adéquatement aux motions de Dieu que si elle oriente davantage sa pratique pastorale vers la mission. Par le fait même, elle aura mis l’accent sur le dialogue, la prière et l’action commune de tous les chrétiens.

La deuxième partie du thème de cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens souligne que notre appel consiste d’abord à « proclamer les hauts faits du Seigneur ». D’abord, cela signifie que nous devons prendre conscience que notre appel n’est pas de nous proclamer nous-mêmes comme personnes ou communauté mais d’attirer l’attention vers Dieu, vers Jésus. Loin des attitudes « autoréférentielles » (no 94-95) tant décriées par le pape François. Deuxièmement, cette décentralisation de nous-mêmes ne doit pas devenir culpabilisation ou honte de nous-mêmes mais bien manifestation des beautés que Dieu a faites pour nous et en nous. Nous avons tous raison de nous réjouir lorsque nous sommes heureux mais ce bonheur ne peut être authentique qu’en relation avec Celui qui nous donne l’existence et nous appelle à une communion avec Lui. Enfin, de ce témoignage des merveilles de la vie éternelle présentes dans notre vie et reçues par notre baptême, les chrétiens pourront être l’étincelle qui « mettra le feu » au monde. Un feu qui réchauffe et qui donne de l’énergie ! À Cela, de par leur baptême, tous les chrétiens peuvent y participer et, peut-être qu’un jour, alors que nous serons en chemin sans s’en rendre compte, nous nous constaterons que nous ne sommes « plus qu’un » (Jean 17, 11).

Les oeuvres de miséricorde

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Depuis bientôt deux semaines les différents diocèses du monde entier ont procédé à l’ouverture de leur Porte de la miséricorde soulignant ainsi officiellement au niveau des églises locales l’ouverture du Jubilé extraordinaire de la miséricorde. Parmi les chrétiens, cette initiative du pape François suscite beaucoup l’espoir de voir ressurgir dans l’Église une force missionnaire comme on n’en a pas vue depuis longtemps. En ce sens, dans la bulle d’indiction Misericordiae Vultus décrétant l’Année sainte, le pape François a mentionné qu’il désirait que « le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles » (no 15). Qu’est-ce donc que ces « œuvres de la miséricorde » ?

Les œuvres de miséricorde corporelles sont au nombre de 7 :

1.Donner à manger à ceux qui ont faim

2.Donner à boire à ceux qui ont soif

3.Vêtir ceux qui sont nus

4.Loger les pèlerins

5.Visiter les malades

6.Visiter les prisonniers

7.Ensevelir les morts

Pour le Pape, il est important d’amorcer, en cette année jubilaire, une réflexion sur la « façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Évangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine ». Pour nous qui sommes nés dans une société moderne, dans un pays qui a des institutions qui prennent en charge la majorité de ces œuvres, il est parfois tentant de nous dire que cela n’est plus de notre responsabilité. Or, après réflexion, on se rend compte que l’État suffit de moins en moins à la tâche. Il est donc impératif que tous les citoyens en fassent un peu plus pour soulager les personnes dans le besoin. Les chrétiens peuvent, à plus forte raison, faire leur part. Et cette année de la miséricorde peut être l’occasion, pour nous, de reconsidérer les implications concrètes de notre foi en nous engageant personnellement dans une œuvre caritative ou, tout simplement, en étant davantage présent auprès d’une personne de notre entourage qui est dans le besoin.

Les œuvres de miséricorde spirituelles sont un peu moins connues dans notre société et, parfois, même, chez les chrétiens eux-mêmes. Elles sont également au nombre de 7 :

1.Conseiller ceux qui doutent;

2.Enseigner ceux qui sont ignorants;

3.Réprimander les pécheurs;

4.Consoler les affligés;

5.Pardonner les offenses;

6.Supporter patiemment les personnes importunes;

7.Prier Dieu pour les vivants et
 pour les morts.

La réflexion demandée par le pape François est clairement une invitation à approfondir notre connaissance et notre mise en pratique de ces œuvres spirituelles. En effet, contrairement aux œuvres de miséricorde corporelles dont la responsabilité incombe à toute la société, la miséricorde spirituelle incombe plus particulièrement aux chrétiens puisqu’ils ont reçu la grâce de la foi. Nous devrons donc prendre plusieurs initiatives en ce sens. Une chose est certaine, nous devons de plus en plus contempler la complémentarité des œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles et voir comment les unes perfectionnent les autres et vice-versa.

L’année de la miséricorde a débuté d’une manière forte par des gestes symboliques et des rassemblements spectaculaires. Cependant, si nous voulons que la miséricorde ait des racines profondes en nos cœurs, nous devons suivre l’invitation du pape François à redécouvrir ces deux façons complémentaires d’œuvrer à la vigne du Seigneur afin que Son Visage d’Amour infini soit reconnu par tous.

(Image: Les œuvres de miséricorde,Frans Franck (1581-1642))

Les attentats de Paris selon Rémi Brague

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Cette semaine j’ai eu la chance de rencontrer monsieur Rémi Brague, de passage à Montréal où il donnait une conférence sur les fondements de la loi à la Faculté de Science religieuse de l’Université McGill. Professeur, historien de la philosophie, spécialiste de la philosophie médiévale arabe, juive et grecque, il est aujourd’hui professeur émérite de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne ainsi qu’à la Ludwig-Maximilian Universität de Munich. Il est également membre de l’Institut. En 2012, il recevait le prestigieux prix Ratzinger pour sa contribution à la théologie qu’il reçut des mains de Benoît XVI lui-même. Je vous présente ici l’intégrale de l’entrevue que j’ai réalisée avec lui sur les attentats de Paris et que vous pouvez visionner en partie ici. Vous reconnaîtrez sans doute le ton ironique de plusieurs des expressions utilisées.

Pouvez-vous nous donner vos réactions face aux attentats de Paris?

En gros je suis contre! Je trouve que c’est franchement mal élevé d’avoir fait cela. J’espère que ça ne se reproduira pas mais d’un autre côté, j’ai bien peur de ne pas avoir été surpris. Ça devait arriver et je suppose que ça va continuer! Les causes étant profondes et lointaines, il faudrait les traiter de manière moins anecdotique disons que simplement par des frappes aériennes ou par des opérations de police. Même si les deux sont sans doute utiles à court terme.

Vous venez d’affirmer que ces attentats étaient prévisibles… Qu’est-ce qui a pu mener à cela?

C’est vraiment une question qu’il faudrait traiter à différentes échelles. Il y a des causes assez proches qui sont, par exemple, le désarroi des jeunes de banlieue (comme on dit). Il y a les causes les plus lointaines qui remontent à 622 très exactement, c’est-à-dire aux origines de l’Islam et à la manière dont Mahomet n’a pas hésité à se débarrasser de ses adversaires par des procédés qui ressemblent étrangement à ceux qui sont mis en œuvre maintenant même si les moyens techniques ont, bien entendu, changé. En effet, il n’a pas hésité à envoyer des assassins le débarrasser de ses adversaires. Des gens qui s’étaient moqués de lui en particulier et qui avaient mis en doute sa mission prophétique. Le gros problème que je vois avec l’Islam en tant que tel c’est qu’il permet de légitimer ce qui de notre point de vue sont des crimes à savoir voler, violer et tuer. Il réussit à justifier ça par le « bel exemple ». C’est une expression qui est dans le Coran, c’est-à-dire « le bel exemple du prophète ». Je crois que c’est la seule religion qui fasse cela soit arriver à relier directement le crime à la « sainteté » puisque ces crimes sont supposés avoir été commandités en dernière analyse par ce qu’il y a de plus saint dans le monde à savoir Dieu Lui-même.

Pour les autres religions (qui ne sont pas non plus innocentes dont le christianisme), c’est plus difficile. On est obligé de se livrer à de multiples contorsions. Par exemple, on ne peut pas déduire les croisades ou l’Inquisition à partir du Sermon sur la montagne ou alors il faut vraiment faire preuve d’une perversité intellectuelle assez exceptionnelle. Alors entre les deux, l’Islam dont se réclament ces « charmants espiègles » qui le connaissent aussi bien que leurs adversaires et en particulier aussi bien que les musulmans que nous appelons « modérés » et la situation de délaissement, d’abandon, d’oubli presque de la situation dans laquelle se trouve nos banlieues, il y a toute une série de causes intermédiaires. La situation au Moyen-Orient étant l’une de celles-ci mais n’étant certainement pas la seule. Donc, il faudrait une médication à court, moyen et long terme, ce dernier étant la réflexion des musulmans eux-mêmes sur ce qu’implique leur Islam.

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Considérez-vous qu’en général l’Occident répond bien à la situation?

Négativement déjà, je dois quand même constater que la manière dont les autorités politiques, intellectuelles et même parfois, hélas, spirituelles de l’Occident répondent est, pour dire les choses gentiment « inadéquate » et pour le dire méchamment « ridicule ». Évoquer la « laïcité » comme un mantras, évoquer les « valeurs de la République » (dont personne ne sait exactement ce qu’elles sont !), sont des choses qui ne peuvent que susciter, chez un musulman un peu conscient de sa religion, que le mépris… un mépris de fer. En effet, que sont les lois de la République quand on les compare à ce que Dieu a dicté, à ce que Dieu a littéralement dicté à son prophète. Aucune décision émanant d’une instance humaine ne fait le poids contre la parole de Dieu. Donc parler de « laïcité », ce dont d’ailleurs personne ne sait très bien ce que ça veut dire… Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de traduire le mot « laïcité » dans une autre langue que le français (pas le français de ce côté de l’Atlantique mais le français hexagonale si je puis dire) ? Ça ne veut rien dire!

Le problème que nous pose notre ennemi si je puis dire, puisque nous sommes en guerre nous a-t-on expliqué, c’est le problème qui est posé par la célèbre épigraphe que Carl Schmitt avait choisie pour définir l’essence du politique en citant un vers du poète Theodor Däubler: « L’ennemi c’est notre propre question mais qui a pris une figure concrète » (« unsere eigene Frage als Gestalt » dit-il en allemand). Le problème qui est posé est que nous sommes d’une certaine manière notre propre ennemi par la façon dont notre culture (depuis déjà quelque temps, peut-être même quelques siècles en tout cas depuis quelques dizaines d’années puisqu’il semble que cela s’est accéléré depuis disons 30-40ans) scie, avec beaucoup de talent, la branche sur laquelle elle est assise. Je renvoie, si vous voulez, l’Occident à ses propres problèmes. J’ai eu d’ailleurs l’occasion de poser la question à la fin d’un entretien qui vient d’être publié dans Le Point de lundi dernier avec le romancier marocain et très talentueux Tahar Ben Jelloun dans lequel je dis à l’Occident :

« Vous avez peur d’être submergés par des vagues d’immigrés mais vous ne faites pas d’enfants donc de quoi vous plaignez-vous ? ». « Vous regardez avec un regard mélangé de haine et d’envie ces gens qui n’hésitent pas à se faire sauter pour leur religion et vous passez votre temps à cracher sur vos propres traditions religieuses alors de quoi vous plaignez-vous ? Balayez un petit peu devant votre porte au lieu de démoniser votre ennemi. Essayez de voir s’il n’y aurait peut-être pas des raisons de vous mépriser ? ».

Pour finir sur une note plus positive, à travers tout cela qu’elle est votre espérance ?

Je crois que vous avez tout à fait raison de parler d’espérance puisque c’est une vertu théologale qu’il ne faut pas confondre avec l’espoir et encore moins avec, comme le disait Bernanos, ce que « les imbéciles heureux appellent l’optimisme » (Les grands cimetières sous la lune, 1938). Ce que l’on peut peut-être attendre serait une prise de conscience de l’Occident, une manière de se «dessaouler» si je puis dire face, d’une part, aux problèmes internes qu’il connaît (je viens d’en nommer au moins deux) et puis, d’autre part, face à ce qu’est l’Islam, ce qu’est sa prétention, son message, son appel. C’est d’ailleurs un des sens de la lettre « D » qui commence le mot « DAECH ». Ce n’est pas simplement « Daoula » qui signifie « État » mais c’est aussi « Dawa » qui signifie « mission ».

Qu’est-ce que l’Islam propose vraiment ? Comment il se comprend vraiment lui-même ? Là où il est bien conscient de lui-même, là où il n’est pas simplement comme une vague culture ou de vagues mœurs ou de vagues habitudes d’une part. D’autre part, qu’est-ce que c’est vraiment que l’Occident ? Est-ce que c’est seulement le « fastfood » ? Est-ce que c’est seulement la musique rock ? Est-ce que c’est seulement la libéralisation des mœurs et tout ce que cela entraîne ? Est-ce que ce n’est que cela ? Ou est-ce que l’Occident n’aurait pas des sources plus profondes auxquelles il ne serait peut-être pas impossible de retourner et d’y puiser.

Nostra Aetate 50 ans plus tard

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Photo: Courtoisie Catholic News Service

Le 28 octobre dernier marquait le cinquantième anniversaire de la déclaration Nostra Aetate du Concile Vatican II concernant les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes. Pour l’occasion, l’Organisme pour le dialogue judéo-chrétien de Montréal avait organisé une conférence pour faire le bilan de ces 50 ans de rapprochement. Se sont donc réunies plusieurs personnalités des différentes communautés chrétiennes et juives. Cette conférence fut également l’occasion pour tous les participants de comprendre l’importance de la Déclaration Nostra Aetate à travers cette rétrospective des relations judéo-chrétiennes durant les 50 dernières années.

Cette semaine d’activités a débuté le mardi 27 octobre à la bibliothèque publique juive de Montréal avec deux conférences la première de Jean Duhaime, professeur émérite d’interprétation biblique de l’Université de Montréal et la deuxième d’Armand Abécassis, professeur de philosophie de l’Université Michel-de-Montaigne de Bordeaux en France. Mgr Luigi Capture d’écran 2015-11-06 à 15.25.02Bonnazzi, présent à cette soirée, a affirmé l’importance de la déclaration Nostra Aetate en soulignant tout le chemin parcouru depuis sa publication. En effet, pour le Nonce apostolique au Canada, Nostra Aetate est « un point de non retour » en ce qu’elle a mis les bases d’une réconciliation qui allait se déployer par la suite. Surmonter le poids de l’histoire n’est jamais une mince tâche mais la bonne volonté des communautés chrétiennes et juives ont réellement porté beaucoup de fruits. Parmi ces derniers figure la redécouverte de l’immense patrimoine commun  manifesté dans l’étude conjointe des Saintes Écritures.

Pour Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, le rapprochement entre juifs et chrétiens est un exemple pour le monde entier. En effet, le dialogue judéo-chrétien montre bien comment la paix n’est pas un simple vœu pieux mais une réalité qu’il est possible d’atteindre et à laquelle il vaut la peine de travailler. En ce sens, on peut noter à titre d’exemple, les nombreux gestes de réconciliation et les visites des différents papes en Terre Sainte. De plus, pour Mgr Lépine, un autre signe de cette paix rendue possible grâce à Nostra Aetate se trouve dans le fait qu’il est aujourd’hui manifeste que « le propre de la religion n’est pas d’être porteur de guerre et de conflit, le propre de la religion est de relier « . Ainsi, par ce dialogue judéo-chrétien, on manifeste, à la fois, que les religions et leurs institutions ont un rôle irremplaçable dans la société mais également que leur présence et leur rayonnement doivent être encouragés.

Un fait saillant de cette soirée fut ma rencontre avec l’une des organisatrices de la conférence, Myriam Azogui-Halbwax, qui m’a parlé de son expérience personnelle. Originaire de France, Mme Azogui-Halbwax baigne dans le dialogue judéo-chrétien depuis sa tendre enfance. Issue d’une famille juive, elle a toujours vécu dans un milieu séculier où la majorité de son entourage était catholique. Ce qu’elle retient de cette expérience c’est l’importance du respect du droit à la différence qui, pour elle, est la valeur principale du judaïsme. Souligner le 50e anniversaire de la déclaration Nostra Aetate était incontournable. On a souvent une vision institutionnelle du dialogue où les grandes déclarations et rencontres prennent la première place. On oublie souvent que des millions de personnes vivent ce dialogue au jour le jour. Cette expérience personnelle du dialogue et l’importance qu’a dû avoir ce pas de géant de Vatican II pour des millions de personnes est certainement pour moi la grande découverte de cette soirée mémorable. Espérons que les 50 ans prochaines années soient tout aussi porteuses de ces valeurs de paix et de fraternité.

Jeanne Le Ber ou la pure soif de Dieu

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Mercredi le 28 octobre dernier, à la chapelle Bonsecours de la Basilique Notre-Dame de Montréal s’est ouvert le procès diocésain de canonisation de Jeanne Le Ber. Une liturgie de la Parole fut alors l’occasion pour tous les participants d’en apprendre davantage sur cette femme qui, malgré sa vie d’humilité et de réclusion a su rayonner et inspirer de nombreuses personnes tout au long de l’histoire du Québec et du Canada.

Née en 1662, soit quelques années seulement après la fondation de Ville-Marie, Jeanne Le Ber a grandi dans une famille et une société catholiques très ferventes. Avec la vénérable Jeanne Mance et Maisonneuve comme marraine et parrain, Jeanne Le Ber a pu recevoir nous n’en doutons pas une excellente éducation religieuse dès sa plus tendre enfance. Tout cela, sans compter son séjour à Québec où elle a pu recevoir son éducation chez les Ursulines.

Dès l’âge de 15 ans, Jeanne allait ressentir en elle l’attrait de la prière, à un point tel, qu’elle n’envisageait rien d’autre pour elle qu’une vie d’oraison perpétuelle où sa relation à Jésus-Christ allait prendre le dessus sur tout. Comme le disait Mgr Lépine dans l’homélie prononcée dans la chapelle située à l’endroit même où se trouvait la maison où Jeanne a vu le jour : « Jeanne Le Ber avait reçu un appel à la pure prière. Même à l’époque des fondateurs de Montréal, il était difficile d’accueillir un tel appel à la réclusion pour se dédier totalement à la prière ».

Ce discernement, Jeanne le réalisa en plusieurs étapes. D’abord, elle prononça des vœux temporaires de cinq ans qu’elle vécut dans une section de la maison paternelle que l’on avait aménagée pour elle. Bien accompagnée par un directeur spirituel, elle resta en tout 15 ans à cet endroit. Jusqu’au jour où les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame lui aménagèrent dans leur couvent un petit appartement adjacent à une chapelle où elle put suivre un régime de vie d’une grande rigueur toute entière imprégnée de la prière et de la contemplation. Plusieurs heures d’adoration, chapelet, lecture spirituelle, oraison mentale, voilà ce qu’était le cœur de sa vie. Elle mourut en 1714 à l’âge de 52 ans, après 34 ans de vie de prière intense.

Sa constance et la priorité qu’elle a donnée à Dieu peuvent nous inspirer encore aujourd’hui puisque ces vertus nous rappellent l’essentiel de nos vies. C’est dans le contraste entre sa vie et les valeurs véhiculées par notre société actuelle qui peut rendre cette femme encore plus fascinante. En effet, sa prière incessante, qui peut nous paraître inutile ou une perte de temps, était pour elle la seule chose vraiment nécessaire. Le bonheur et le rayonnement de Jeanne Le Ber nous montrent que le cœur humain n’est pas appelé, en définitive, à se contenter des choses qui passent. Au contraire, malgré notre acharnement à essayer de nous satisfaire de ce qui est provisoire et passager, nous n’y arrivons pas. À l’heure où nous constatons le prix climatique de cette « culture du déchet » tant décriée par le pape François, nous devrions saisir l’occasion que suscite l’ouverture de ce procès diocésain pour nous rapprocher de ce qui est vraiment essentiel c’est-à-dire la vie éternelle que l’on trouve lorsque l’on s’approche de Jésus-Christ.

Dans les prochaines semaines et les prochains mois, beaucoup de fidèles, de religieux et de religieuses prieront pour le bon déroulement des étapes entourant le procès diocésain de canonisation de Jeanne Le Ber. Il nous est maintenant permis d’espérer que les mois et années à venir, et qui seront composés de longues heures d’études et de recherches théologiques et historiques, aboutiront le plus tôt possible à un rapport concluant qui pourra être présenté à Rome en vue des futures étapes que sont, comme l’affirmait le chanoine François Sarazin, chancelier de l’archidiocèse de Montréal, « la vénérabilité, la béatification et enfin, la canonisation ».

Le message, c’est le Synode !

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Photo: Courtoisie Catholic News Service

En 1964 le Professeur Marshall McLuhan affirmait « Le medium, c’est le message ». Par cette formule qui allait le rendre célèbre, ce professeur de l’université de Toronto signifiait que les instruments de communication ont une grande influence sur la transmission d’un message. Pour McLuhan, les moyens de communications sont loin d’être neutres. Par exemple, l’attention que nous avons envers un livre imprimé est beaucoup plus grande que celle que l’on accorde à un blogue. Dans le même sens, un reportage à la télévision nous semble, de prime abord, beaucoup plus crédible que celui d’une vidéo sur YouTube. Ainsi, cette influence qu’a le média sur le contenu du message transmis est une donnée importante que nous ne pouvons négliger.

Comment donc communiquer l’enseignement de l’Église dans notre monde ? Si, comme le dit McLuhan « le medium, c’est le message », quel niveau de langage sera le plus approprié pour évangéliser aujourd’hui ? La réponse du Pape est la suivante : la « parresia » ou « la liberté et le courage (parresia) du Saint Esprit » et l’institution qui lui correspond le mieux : le Synode des évêques. Dès le premier synode sur la famille, le Pape a demandé aux évêques de s’exprimer librement, sans peur ni gêne d’où les nombreux contrechocs qui ont nourri certains médias aguerris à faire une polémique du moindre désaccord. Toutefois, cette communication franche et ouverte possède plusieurs avantages pour la Nouvelle Évangélisation. J’en veux pour preuve l’attention sans précédent que tous manifestent pour ce procédé. La réalité et l’importance de la famille pour les personnes et la société ne sont-ils pas au centre de nombreux échanges actuellement et qui n’aurait jamais eu lieu sans cette nouvelle approche communicationnelle ? Ainsi, une Église «toute synodale » serait donc plus efficace pour transmettre son message.

La synodalité, ou mode de fonctionnement avec parresia, présente un visage plus humain de l’Église. Ce qui la rapproche grandement des gens, qui lui font ainsi davantage confiance. Beaucoup de personnes sentent que l’Église et les hommes et les femmes qui la composent sont des êtres humains normaux qui partagent les mêmes expériences. Par exemple, dans le cas de la famille, l’expérience du Cardinal Shönborn face au divorce de ses parents a touché beaucoup de gens qui voient ainsi que l’Église comprend leur réalité. Les enseignements ne sont donc plus vus comme des normes imposées de l’extérieur mais comme des propositions, bien que l’assentiment soit toujours nécessaire. Comme le disait le bienheureux Paul VI : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (no 41).

Loin de voir le Synode comme « un parlement » nous voyons que ce dialogue franc prendra de plus en plus de place dans le mode de fonctionnement de l’Église. Comme le dit le Pape, nous ne sommes « qu’à la moitié du chemin ». Cette plus grande attention à la dimension synodale de l’Église semble déjà susciter l’attention de nombreux acteurs qui sentent l’Église plus ouverte au dialogue. En ce sens, les enseignements et préoccupations de l’Église pourront trouver davantage d’interlocuteurs. Ce qui aidera grandement à la transmission du message de l’Église. [Read more…]

Le Synode 2015, de l’opposition à la complémentarité

blog_1444310595Photo: Courtoisie Catholic News Service

Vous l’avez certainement remarqué, la programmation de S+L des dernières semaines est enrichie par nombre d’événements entourant le pape François et l’Église universelle. Nous sommes très fiers de participer à cette mondialisation de l’intérêt des catholiques de notre église particulière via nos diverses plateformes médiatiques. En effet, que ce soit à la télévision, sur Facebook ou Twitter, notre mission est de transmettre toutes les informations nécessaires pour vous faire participer à la prière et à la réflexion de toute l’Église.

Cette semaine, c’était le début de notre couverture spéciale du Synode ordinaire des évêques sur la famille. Pour l’occasion, nos journalistes Charles Le Bourgeois, Sébastian Gomes et Gabriel Chow ont l’extraordinaire possibilité d’assister au déroulement de cet événement de l’intérieur du grand hall synodal. Vous pouvez visionner tous les vidéos qu’ils ont produits jusqu’à maintenant sur notre chaîne Youtube ou à la télévision tous les soirs à 19h15. De plus, vous remarquerez que notre PDG, le père Thomas Rosica, est également sur place comme assistant porte-parole de langue anglaise de la Salle de Presse du Vatican.

Cette première semaine est aussi chargée que les différentes attentes entourant ce synode. Lundi matin, les évêques se sont retrouvés autour de Pierre pour discuter des différentes approches pastorales entourant la famille d’aujourd’hui. C’est donc après un mot de bienvenue du Cardinal André Vingt-Trois, une allocution du Cardinal Erdö et une intervention du pape François que les travaux ont commencé. Cette rencontre fraternelle, où les points de vue s’entrechoquent parfois, manifeste déjà certaines tendances qui existent dans l’Église tout particulièrement, en théologie.

En effet, l’année dernière, Mgr Durocher avait mentionné lors de la conférence de presse qu’il existait une distinction théologique, entre l’approche inductive et déductive. L’induction signifie faire découler les principes à suivre en se basant sur notre expérience et les cas concrets qui nous entourent alors que la déduction prend comme point de départ le principe général pour atteindre le particulier. Sans chercher à catégoriser toutes les interventions selon ces critères éclairants, mais insuffisants, Mgr Durocher a réaffirmé dans la conférence de presse de ce mardi, que les deux approches étaient toutes deux « complémentaires et nécessaires » . Contrairement à ce que la logique des médias propage, il ne faut donc pas limiter notre analyse au piège de la politique partisane, c’est-à-dire en voyant une contradiction lorsqu’il y a différence complémentaire. Cet élément de méthode, important pour les journalistes, l’est également pour les pères synodaux.

Le déroulement du Synode se déploie selon deux modes de rencontre. Dans un premier temps, les pères synodaux sont invités à livrer une intervention de 3 minutes devant impérativement porter sur un des trois documents de travail que sont les discours d’ouverture et de clôture du pape François lors du Synode 2014 et l’Instrumentum Laboris du Synode 2015 publié il y a quelques mois déjà. De cette façon, chacun des évêques présente à l’Assemblée générale sa contribution en développant un point auquel il pense pouvoir apporter quelque chose. Le déroulement se poursuit ensuite en petits groupes linguistiques, « circoli minores », permettant ainsi plus d’échanges entre évêques ainsi qu’une plus grande effectivité puisque les intervenants peuvent s’exprimer dans leur langue.

À partir de ma lecture de tous les documents officiels et de l’écoute des trois conférences de presse qui ont eu lieu jusqu’à maintenant, il m’apparaît évident que la première unanimité se trouve dans la commune bonne volonté des pères synodaux à apporter un éclairage nouveau aux grands défis des familles d’aujourd’hui. Cette bonne volonté s’est manifestée à plusieurs reprises. Par exemple, Mgr Chaput, archevêque de Philadelphie, a clairement manifesté que la tentative de description de la famille présente dans l’Instrumentum Laboris décrivait surtout «la réalité en occident ». Ce qui pourrait limiter la prise de parole des évêques venant de pays où certains problèmes propres à l’occident ne sont pas un défi important. En ce sens, Mgr Raphaël Balla Guilavogui, évêque de N’Zéréroré en Guinée, a accueilli très favorablement la mise au point du Pape mardi qui, s’adressant à l’Assemblée Générale, a demandé à ce que le Synode « ne soit pas focalisé sur la question de l’accès à l’Eucharistie des divorcés et remariés civilement ».

Le synode 2015 sera certainement l’occasion pour les évêques des quatre coins de la planète d’apprendre davantage sur les différentes réalités de la famille aujourd’hui. Que ce soit par la prière, les amitiés qui se créeront ou par les échanges vifs sur des sujets d’actualité, cette expérience synodale sera certainement l’occasion pour les évêques non seulement d’ouvrir leur cœur à la pluralité des réalités ecclésiales mais également de se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint qui seul peut guider les orientations pastorales vers la réalité des personnes de notre temps. De notre côté à Sel et Lumière, nous serons fidèles au poste pour vous apporter la meilleure couverture possible de cet événement incontournable pour l’Église et notre monde.

Le pape François ou la diplomatie de l’authenticité

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Disons-le d’entrée de jeu, le dernier voyage du pape François à Cuba et aux États-Unis en aura surpris plus d’un; que ce soit par l’énergie dont ce presque octogénaire a fait preuve ou par le nombre de discours prononcés. Cette visite apostolique peut aisément être considérée comme historique et, ce, à plusieurs points niveaux. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est le côté diplomatique.

Nous le savons, les relations entre Cuba et les États-Unis était inexistantes, voire hostiles, il n’y a pas si longtemps. En effet, depuis la crise des missiles cubains, les États-Unis ont, sans aucun doute, suivi une politique de main de fer vis-à-vis de cette île des Caraïbes en lui imposant un embargo, figeant ainsi son économie. Certains diront que les Cubains l’ont bien cherché et que leur idéologie communiste est la cause de tous leurs malheurs. La réalité n’est pas si simple et le pape François le sait bien. Comment donc trouver une solution? Comment faire en sorte que les habitants de Cuba puissent retrouver leurs libertés ? En d’autres termes, comment permettre l’ouverture des frontières de Cuba et reprendre les
échanges économiques, culturels, etc. avec la première puissance mondiale qui leur est voisine ?Capture d’écran 2015-09-30 à 15.07.26

Comme il est écrit dans le programme du pontificat du pape François qu’est l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, « la réalité est plus importante que l’idée » (no 231). Pour le pape François, l’objectif premier de la politique et de la diplomatie est le bien être des personnes. Ce souci pour les personnes, spécialement les plus pauvres, est ce qui lui permet d’être le pont entre les nations qui sont hostiles l’une envers l’autre. En effet, qu’est-ce qui a permis au pape François d’accomplir l’exploit diplomatique de rencontrer, à deux jours d’intervalle, Fidel Castro et Barack Obama ? Qu’est-ce qui a permis au Vicaire du Christ de rencontrer le dirigeant d’un pays dont l’idéologie est condamnée par l’Église et, tout de suite après, rencontrer le président et le congrès d’un pays bien souvent au service de l’argent plutôt que de ses citoyens ?

La raison est la suivante : son authenticité. Les gens savent que lorsqu’ils sont en présence du pape François ils sont devant une personne qui regardera d’abord et avant tout leur humanité et non les idées qu’ils défendent. Ils savent que la seule idée que le Pape a « derrière la tête » est de construire la paix. Ce qui crée ce sentiment de confiance c’est qu’ils ont compris que cette homme venu de l’Argentine prêche ce qu’il vit et vit ce qu’il prêche ; qu’il n’est pas le pantin d’une quelconque force obscure mais qu’il est totalement libre dans ses actions et de ses paroles. Dépasser ce mur extrêmement étanche que sont les idéologies est la principale mission de la diplomatie du Saint-Siège qui est l’une des rares qui soient aujourd’hui en mesure de créer ce climat propice aux bonnes relations diplomatiques essentielles à la paix mondiale.

Loin de moi l’idée de mettre de côté les discours si importants et si riches du voyage du pape François à Cuba et aux États-Unis. De fait, l’analyse de ces derniers prendra certainement plusieurs mois, voir des années. Cependant, il m’apparaissait incontournable de souligner cette qualité qui permet au pape François d’être écouté par tous, même par ceux qui, d’un point de vue superficiel, peuvent sembler très loin de l’Église.

Une déclaration officielle de la CECC sur l’euthanasie à l’issue de la plénière 2015

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Cette semaine, les évêques de partout au Canada se sont rencontrés à Cornwall pour l’Assemblée plénière annuelle de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Lors de cette rencontre fraternelle, les évêques ont pu non seulement échanger entre eux sur leur expérience de pasteurs de leurs églises particulières mais également prendre des décisions sur les orientations de la CECC pour la prochaine année.

Une première annonce importante de l’assemblée fut la nomination de Mgr Douglas Crosby, évêque du diocèse d’Hamilton en Ontario, au poste de président. Il succèdera, dès vendredi, à Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau, qui termine ainsi un mandat de deux ans.

La première journée a débuté par un message du Saint-Père François remerciant les évêques canadiens pour leur travail, le soutien de leurs prières et leurs efforts dans leur engagement envers laCO4TndyUcAE3YUt mission au Canada. Ensuite, les évêques ont écouté une spécialiste de la médecine gériatrique, la docteure Catherine Ferrier, invitée pour parler de la question de l’euthanasie. C’est un cri du cœur qui fut lancé ce jour-là! Pour la docteure Ferrier l’adoption de la loi 52 légalisant l’euthanasie au Québec est une grave atteinte à la dignité humaine. Manifestant les conséquences qu’une telle pratique aura sur la relation de confiance entre le médecin et son patient, on comprend que c’est toute la conception que nous avons des soins de santé qui changera. Rappelant que le système de santé devrait plutôt miser à améliorer les soins palliatifs, Dr Ferrier a montré que ce changement radical que la loi 52 produit, porte déjà atteinte à la liberté de conscience des médecins. En effet, selon la conférencière, « l’obligation de référer un patient désirant l’euthanasie à un autre médecin acceptant de le faire est déjà une forme de coopération et de complicité» à cet acte considéré par beaucoup de médecins comme abominable.

Quelle action pourrait-on mettre de l’avant maintenant que la loi a été adoptée au Québec et que la Cour Suprême a décriminalisé cette pratique ? Pour Dr. Ferrier, la question se pose à plusieurs niveaux. Dans un premier temps, sans aucun doute, la loi doit être combattue par tous les citoyens à l’occasion de la consultation publique mise en place par le Gouvernement actuel. Du côté des médecins, la question se pose à savoir s’il est moralement acceptable de travailler à encadrer le plus possible cette loi intrinsèquement mauvaise pour la rendre la moins efficace possible (faisant ainsi appel au no 73 de l’encyclique Evangelium Vitae de saint Jean-Paul II). Cela pourrait faire en sorte de réduire le plus possible le nombre d’euthanasies. Enfin, il est clair que les médecins devront s’organiser le plus vite possible afin de pouvoir garder et pratiquer entièrement leur droit fondamental à l’objection de conscience. Ce dernier étant déjà mis en péril, comme nous l’avons vu, par l’obligation des médecins à référer un patient désirant l’euthanasie à un autre prêt à le faire.

Demain vendredi le 17 septembre, les évêques s’exprimeront en conférence de presse à l’issue de l’Assemblée plénière 2015. Nous pouvons donc nous attendre à une déclaration officielle de la Conférence des évêques du Canada sur cette question. Syntonisez S+L demain à 13h00 pour écouter en direct cette conférence de presse historique.

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