Depuis bientôt deux semaines les différents diocèses du monde entier ont procédé à l’ouverture de leur Porte de la miséricorde soulignant ainsi officiellement au niveau des églises locales l’ouverture du Jubilé extraordinaire de la miséricorde. Parmi les chrétiens, cette initiative du pape François suscite beaucoup l’espoir de voir ressurgir dans l’Église une force missionnaire comme on n’en a pas vue depuis longtemps. En ce sens, dans la bulle d’indiction Misericordiae Vultus décrétant l’Année sainte, le pape François a mentionné qu’il désirait que « le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles » (no 15). Qu’est-ce donc que ces « œuvres de la miséricorde » ?
Les œuvres de miséricorde corporelles sont au nombre de 7 :
1.Donner à manger à ceux qui ont faim
2.Donner à boire à ceux qui ont soif
3.Vêtir ceux qui sont nus
4.Loger les pèlerins
5.Visiter les malades
6.Visiter les prisonniers
7.Ensevelir les morts
Pour le Pape, il est important d’amorcer, en cette année jubilaire, une réflexion sur la « façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Évangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine ». Pour nous qui sommes nés dans une société moderne, dans un pays qui a des institutions qui prennent en charge la majorité de ces œuvres, il est parfois tentant de nous dire que cela n’est plus de notre responsabilité. Or, après réflexion, on se rend compte que l’État suffit de moins en moins à la tâche. Il est donc impératif que tous les citoyens en fassent un peu plus pour soulager les personnes dans le besoin. Les chrétiens peuvent, à plus forte raison, faire leur part. Et cette année de la miséricorde peut être l’occasion, pour nous, de reconsidérer les implications concrètes de notre foi en nous engageant personnellement dans une œuvre caritative ou, tout simplement, en étant davantage présent auprès d’une personne de notre entourage qui est dans le besoin.
Les œuvres de miséricorde spirituelles sont un peu moins connues dans notre société et, parfois, même, chez les chrétiens eux-mêmes. Elles sont également au nombre de 7 :
1.Conseiller ceux qui doutent;
2.Enseigner ceux qui sont ignorants;
3.Réprimander les pécheurs;
4.Consoler les affligés;
5.Pardonner les offenses;
6.Supporter patiemment les personnes importunes;
7.Prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
La réflexion demandée par le pape François est clairement une invitation à approfondir notre connaissance et notre mise en pratique de ces œuvres spirituelles. En effet, contrairement aux œuvres de miséricorde corporelles dont la responsabilité incombe à toute la société, la miséricorde spirituelle incombe plus particulièrement aux chrétiens puisqu’ils ont reçu la grâce de la foi. Nous devrons donc prendre plusieurs initiatives en ce sens. Une chose est certaine, nous devons de plus en plus contempler la complémentarité des œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles et voir comment les unes perfectionnent les autres et vice-versa.
L’année de la miséricorde a débuté d’une manière forte par des gestes symboliques et des rassemblements spectaculaires. Cependant, si nous voulons que la miséricorde ait des racines profondes en nos cœurs, nous devons suivre l’invitation du pape François à redécouvrir ces deux façons complémentaires d’œuvrer à la vigne du Seigneur afin que Son Visage d’Amour infini soit reconnu par tous.
(Image: Les œuvres de miséricorde,Frans Franck (1581-1642))